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JUDAISME & LIBERTÉ
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Editorial
“Rien n’échappe à Dieu mais la liberté est laissée à l’homme” Pirkeï.Avoth. III.19
Un été meurtrier
Antoine
Jean
Veil
Kahn
Pierre
Kauffmann
Elie
Szapiro
Lucien
Finel
Jean-Pierre
Directeur de la publication : Claude-Gérard MARCUS
e-mail : [email protected]
Adresse postale : B.P. 48 - 75462 PARIS - Cedex 10
ISSN 2263 -049X
Pierre-Bloch
N° 109
AOÛT SEPTEMBRE OCTOBRE 2013
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www.judaismeetliberte.fr
HOMMAGES
DES HOMMES REMARQUABLES
in de vacances, arrivée de l’automne,
retour en classe, en un mot c’est la
rentrée : un moment de l’année souvent en demi-teinte.
Pour Judaïsme et Liberté et, au-delà, pour la
communauté juive de France, septembre 2013
est une rentrée plus qu’attristée.
Ce fut d’abord la disparition d’ Antoine Veil,
haut fonctionnaire, homme politique, chef
d’entreprise, dont nous étions proches. Nous
lui avons rendu hommage dans la précédente
livraison de JL mais nous voulons redire à sa
femme, Simone, combien nous partageons sa
peine.
Ce fut ensuite le décès de Lucien Finel, un
F
départ qui affecte tout particulièrement J.L.
dont il était cofondateur et fut Secrétaire
général jusqu’à son dernier jour.
Grand Résistant, attaché au IVème arrondissement de Paris dont il fut le maire, longtemps
Président de l’Union Libérale Israélite de
France ( il dut faire face à l’attentat du 3 octobre 1981 qui fit 4 morts à la synagogue de la
rue Copernic, dans le XVI ème )
Claude-Gérard Marcus, Michel Hannoun,
Bernard Cahen, Président des Avocats Juifs
de France et le Rabbin Michael Williams, an
cien rabbin de Copernic, évoquent sa mémoire dans ce numéro de Judaïsme et
Liberté.
HOMMAGE A LUCIEN FINEL
UN HOMME D’EXCEPTION
Lucien FINEL était un ami. De ces amis avec lesquels la conversation
reprend toujours là où elle s’est arrêtée, même à plusieurs semaines d’intervalle.
De ces amis dont la lucidité est la meilleure preuve de fraternité.
Elégant, distingué, ouvert aux autres, voilà quelques qualificatifs qui me
paraissaient caractériser cet homme discret et affable.
Il affirmait ses convictions sans hausser le ton avec l’autorité de ceux qui
n’ont pas besoin de beaucoup parler pour se faire comprendre, tant il était
clair d’emblée.
Son engagement dans la vie, son regard attentif et bienveillant rapprochait
naturellement de lui.
Respecté parce qu’éminemment respectable, il ne laissait rien paraître
spontanément du titi parisien devenu adolescent pendant la guerre.
Je ne peux traverser la gare de Grenoble chaque semaine depuis des années sans penser à lui.
J’imagine cet enfant, débarqué là, qui ne sait qui il va voir, qui va venir le chercher, encore moins où il va
aller.
Loin de ses parents, enfant devenu adulte en quelques jours, l’enfant qui n’était pas encore Lucien attend
quelqu’un dont il sait seulement qu’il a un journal dans sa poche.
Cela doit forger le caractère et l’âme d’être plongé dans cette « terra incognita », où la vie n’est pas banale
et la mort, elle, est banalisée.
Dans toutes les époques, il y a des hommes et des femmes d’exception. Lucien en était comme d’ailleurs
ceux que l’ont accompagné et sauvé dans cette période.
Son histoire est finalement un formidable message d’espoir qui inscrit la vie, même en lettres noires,
comme enjeu de l’humanité.
C’est avec respect bien sûr mais surtout avec affection, que je voulais te dire au revoir Lucien.
Michel Hannoun
Vice-Président de J&L
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Disparition aussi du Dr Elie Szapiro, l’une des per-
sonnalités culturelles les plus importantes du
Judaïsme français.
Spécialiste en livres anciens mondialement
reconnu, expert incontournable en matière d’ art
juif, galeriste réputé, amoureux de la Bretagne, le
décès d’ Elie Szapiro laisse un grand vide.
Et puis, le 18 août, Jean Kahn nous quitte à son
tour.
Grande figure du Judaïsme mondial, adversaire
acharné du racisme et de toute discrimination, il
présida tour à tour le Consistoire Israélite de
France, le Congrès Juif Européen, le Conseil
Représentatif des Institutions Juives de France, la
Commission Nationale Consultative des Droits de
l’Homme, etc..
Chacun à sa manière, Antoine Veil, Lucien Finel,
Elie Szapiro, Jean Kahn, furent et resteront des
exemples pour nous tous.
Aux familles, aux proches de ces amis qui nous
ont quittés cet été, l’Association Nationale
Judaïsme et Liberté présente ses très sincères
condoléances
ADIEU LUCIEN
e numéro 108 de Judaïsme et Liberté paru en juin
dernier comportait un éditorial que Lucien Finel et
moi avions rédigé et signé de concert. Cette double
signature était la règle que nous nous étions donnée il y a
de nombreuses années et que nous nous efforçâmes de
respecter au fil du temps.
L
Cette co-signature sera l’ultime: le 24 mai, Lucien s’est
éteint, victime de ce que l’on qualifie pudiquement de
longue maladie; une affection longue et douloureuse qui le
contraignit à de nombreuses hospitalisations, lui donnant
cependant une occasion supplémentaire de montrer sa
résistance et se détermination devant l’adversité. Le combat était inégal mais notre ami le mena avec un courage et
une dignité sans faille.
En contact permanent , directement ou par téléphone. nous
veillions à la marche de JL, de même que nous mettions au
point la ligne éditoriale du bulletin et la rédaction de notre
éditorial.
Lucien Finel était né à Varsovie en 1928.
Arrivée en France en 1934, sa famille s’installa dans le
IVème arrondissement de la Capitale, lieu qui fut longtemps connu pour être le Pletzl parisien. C’est là qu’il se
prit d’amour pour sa nouvelle patrie. Un amour qui ne se
démentit jamais, même pendant les heures noires de la
Deuxième Guerre Mondiale, quand les Juifs avaient mille
raisons légitimes de douter.
Rejoignant la Résistance à l’âge où d’autres sont encore
collégiens, entré dans un maquis FTP-MOI
( Francstireurs et Partisans, Main d’ Œuvre Immigrée ) , il combattit
le nazisme les armes à la main. Membre des Jeunesses
Communistes à la fin de la guerre, il fut journaliste à “ Ce
Soir “ , un quotidien communiste de l’époque mais dès
1950 il rompit avec les Staliniens.
D’autres que moi ont souhaité prendre la plume dans ce
numéro de Judaïsme et Liberté pour parler du Lucien Finel
qu’ils ont connu, fréquenté et apprécié. Pour ma part, je
veux saluer plus particulièrement l’ami qui contribua activement à la création et à la pérennisation de J.L. malgré les
difficultés de tous ordres, financières notamment. En l’occurrence sa générosité a été très grande.
Face aux prétentions du Président Mitterrand et du Parti
Socialiste qui imaginaient une communauté juive entièrement acquise à leurs idées, Lucien et moi pensions qu’il
était nécessaire, voire indispensable, de montrer que ces
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gens-là ne pouvaient ni s’arroger ce monopole, ni confisquer la parole du Judaïsme français. Nous en avions assez
de leurs manœuvres subventionnées. C’est pourquoi nous
avions fondé Judaïsme et Liberté en 1984
Nous fûmes d’abord rejoints par de nombreux élus de Paris
et de province puis par une cohorte d’adhérents et de sympathisants venus de tous horizons Ceux-là, qui ne détenaient aucun mandat électif, voulaient montrer avec nous
que s’ils respectaient le droit de chacun, à commencer par
les Juifs, d’être socialiste, ils refusaient de laisser rependre
l’idée que le Judaïsme était unanimement de gauche.
Apportant à notre association son dynamisme, son esprit
d’analyse et sa connaissance approfondie du monde juif,
Lucien en devint le Secrétaire général dès 1984. Il le resta
jusqu’à son dernier souffle. A ce titre et aussi comme
ancien président de l’ Union Libérale Israélite de France, il
participa de très près, bien que souffrant, à l’élaboration de
nos numéros 107 et 108 consacrés au franco-judaïsme, un
concept qui lui tenait très à cœur.
Fortement impliqué dans la vie du Judaïsme de France, il
l’était tout autant au service de notre pays et de Paris en
particulier, toutes appartenances confessionnelles confondues.
Pour l’avoir côtoyé pendant de nombreuses années au
Conseil de Paris ; pour l’avoir vu œuvrer dans le IVème dont il fut conseiller dès 1971, puis maire entre 1997 et
2001, je peux témoigner de son dévouement à la population tout entière de cet arrondissement où, jeune homme, il
avait appris à aimer sa nouvelle patrie. Aussi je fus très
heureux quand le Président Chirac, qui l’appréciait beaucoup, lui remit la cravate de Commandeur de la Légion
d’Honneur
Lucien Finel n’est plus. Sa disparition m’attriste grandement car j’éprouvais pour lui une forte amitié et beaucoup
d’admiration. Je sais qu’elle peine aussi les membres de
Judaïsme et Liberté.
C’est pourquoi, en mon nom personnel et au nom de chacun, j’adresse à son épouse qui a soutenu son action avec
tant de courage, à son fils et à sa famille de très sincères
condoléances et l’expression de notre réelle affection.
Claude-Gérard MARCUS
Président de Judaïsme & Liberté
Membre honoraire du Parlement
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DISCOURS PRONONCÉ LORS DES OBSÈQUES PAR BERNARD CAHEN
Un combattant pour la liberté
ucien, dans ses dernières volontés, a souhaité, au
nom de notre amitié, que j’évoque aujourd’hui ce
personnage élégant, touchant, amoureux de sa
famille, ami de tous ceux qui sont là.
Comme beaucoup de Juifs, il a quitté la Pologne vers 1934
pour rejoindre la France, pays à l’époque symbole des libertés.
Cette image ne devait jamais disparaître à ses yeux quoique
son père fut arrêté par la Police française le 14 mai 1941 et
déporté à Auschwitz.
L
Où fut-il arrêté? A la Mairie du 4e arrondissement dont il
devait devenir le Maire quelques années plus tard. Ironie de
l’histoire !
Lui-même expliquait lors de la Bat Mitzva de Noémie en
novembre 2011, que si ce prénom biblique lui avait été
choisi, c’est parce que le 16 juillet 1942, leur famille se trouvait en tête de la liste des Juifs à arrêter dans le quartier. “ Une
femme catholique , héroïque, que nous connaissions très peu,
nous a alors hébergés chez elle de longs mois. Cette femme s’appelait Noémie Marchal. Elle nous a sauvé la vie. Je m’étais juré
que lorsque nous aurions une petite fille, nous l’appellerions
Noémie “.
Vous trouvez déjà là, un trait fort du caractère de Lucien: sa
fidélité.
Il profitait aussi de son séjour chez eux pour apprendre
l’usage de la radio, qui devait tant lui servir dans la
Résistance.
En effet, il devait rejoindre les FTP-MOI, ces résistants
communistes d’origine étrangère, qui frappèrent durement
les Allemands et montraient un courage physique considérable.
Il resta imprégné de leur esprit à tel point qu’il lui arrivait
souvent de reprendre le chant des Partisans de Vilno.
Il était dans le maquis du Grésivaudan où il restait jusqu’à la
Libération, malgré l’arrestation de son père. Il montrait ainsi
son attachement à la France dont il ne devait jamais oublier
l’accueil.
C’est aussi à partir de ce moment là que beaucoup le prénommèrent « Lulu ».
De son séjour, il devait rester proche du parti communiste.
C’est ainsi qu’il devenait journaliste à « Ce Soir », ce quotidien communiste qui bénéficia d’une certaine réussite après
la guerre . C’est là qu’il devait couvrir le festival de Cannes.
On n’ose imaginer le malheur qu’il y fit et ce, d’autant qu’à
l’époque, ses amis s’appelaient Lucien Morisse et Eddie
Barclay. Mais Myrrha, rassure toi, il n’était pas encore ton
mari !
Quand on connaît Lucien, on sait qu’il ne pouvait rester
longtemps proche des staliniens. Il les quitta donc pour
entrer dans une affaire de textiles et se marier en 1953. Il
devait alors travailler dans l’affaire de son beau père.
Par la suite, il fut à la tête d’une affaire de trousseau pendant
10 ans ; puis las de cette stabilité, il décida de créer sa propre
affaire de vente par correspondance. Il fut l’un des premiers
à faire cette vente par correspondance. On retrouve là
encore son esprit combatif.
Il devait arrêter cette affaire vers les années 1974/1975 pour
s’engager dans le combat politique.
Lucien, comme le dit son fils Bruno, c’est une sorte de
Radical socialiste.
Il quitte le Parti communiste, devient ami avec Charles
Hernu, pour finalement terminer comme élu du rassemblement des Indépendants.
Il avait été élu en 1971 au Conseil municipal et devenait
Maire du 4ème arrondissement à la suite de celui qui fut mon
ami, Pierre Charles Krieg, le principal organisateur du défilé
de mai 1968.
Pourquoi avoir choisi les Républicains indépendants alors
que Lucien, lorsque je lui parlais à l’époque, montrait une
préférence pour De Gaulle par rapport à Giscard?
Probablement parce que, comme il est avant tout un ami,
son amitié pour Jacques Dominati l’avait fait choisir cette
appartenance.
Mais en réalité, il n’a jamais caché son Gaullisme, même s’il
ne fut jamais inscrit dans un parti gaulliste.
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Un combattant pour la liberté (Suite)
C’est dans ces conditions, comme beaucoup d’entre vous le
savent, qu’il devenait Maire Adjoint de Paris, chargé de l’Eau
et de l’International par Jacques Chirac. Il restait Maire
jusqu’en 2001; il abandonnait son siège à la Gauche avec
lequel, et c’est peut être là où l’on retrouve son radical socialisme, il avait toujours entretenu des rapports d’amitié, en
particulier avec Christophe Girard et Bertrand Delanoë.
Mais Bruno a certainement raison de considérer qu’il fut un
radical socialiste car il était avnt tout républicain, nationaliste et laïc.
C’est dans ces conditions que Jacques Chirac, récompensant les énormes mérites de Lucien finel et ses engagements
dans la vie publique, devait, un premier temps lui remettre la
médaille d’Officier de la la Légion d’Honneur à l’ Hôtel de
Ville, puis celle de Commandeur à l’Elysée.
Comme vous le savez, rares sont les Juifs qui ont été décorés de cette médaille de commandeur réservée à une certaine
élite du pays. Si quelqu’un la méritait bien, c’est Lucien!
Un seul combat ne lui suffisait pas. Il a toujours été aussi un
combattant du judaïsme .
C’est ainsi qu’il est devenu Président de l’ULIF et qu’il était
là lors de l’attentat de la Rue Copernic, où, une fois de plus,
ses qualités d’organisateur et son sens politique firent merveille.
Peut-on considérer qu’il était réellement un Juif libéral ? En
réalité, je pense qu’il était fidèle au judaïsme tout en doutant
de l’existence de Dieu.
Le judaïsme libéral lui paraissait celui qui était le plus
proche de son doute permanent.
Il a été cofondateur avec CG Marcus de «Judaïsme &
Liberté».
Il fut aussi membre du Comité Directeur du CRIF.
Notre ami s’est donc battu toute sa vie pour la France, le
judaïsme et les libertés.
Puis vint le combat contre la maladie. Celui-là, il aurait préféré ne pas le mener.
Depuis un an, il luttait avec un courage énorme. Son optimisme y faisait merveille. Récemment encore, il me disait
espérer faire bientôt un bon repas avec mon épouse et moi.
Lors de la dernière rencontre, il y a environ 1 semaine, il
était parfaitement lucide, parlant de la politique économique
de la france, de l’élection de roger Cukierman à la présidence
du CRIF, et Roger, je peux te dire que là où il est, il est certainement heureux de ton élection.
Lucien montrait encore à quelques jours de la fin, qu’il était
passionné par son pays.
Homme de combat, homme de fidélité, homme d’amitié.
Je n’ai pas parlé jusque là de sa famille. Il avait fait don de sa
personne à la République, il avait fait aussi don de sa personne à sa famille.
Quelle fut notre émotion lorsque nous l’avons entendu en
novembre 2011 à la Bat Mitzva de Noémie. Beaucoup d’entre vous se rappellent son discours. J’avais personellement
les larmes aux yeux.
Bernard CAHEN
HOMMAGE DU RABBIN WILLIAMS
’ai rencontré Lucien Finel il y a plus de 35 ans, peu
de temps après avoir commencé ma carrière à la
synagogue de la rue Copernic. Il est devenu président d l’ULIF en 1978. Très rapidement, pour parler personnellement, j’ai commencé à trouver en lui un homme
de qualité extraordinaire, de droiture, de patience, d’une
grande gentillesse : qualités indispensables chez un
Président de synagogue, mais hélas pas toujours présentes. (chez tout le monde) Dans ma situation particulière, jeune étranger pas habitué aux normes de la communauté juive française, Lucien Finel était pour moi un
guide et un roc.
J
Il avait connu toute la souffrance de l’occupation nazie,
son père déporté, assassiné, et lui-même, jeune résistant. Il incarnait des qualités de courage et de ténacité
trouvées chez beaucoup de survivants de cette période
atroce. Mais même pour le fonctionnement quotidien
d’une communauté juive, avec ses problèmes moins dramatiques mais épineux quand même – la conciliation
d’intérêts et de points de vue souvent farouchement
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opposés – il s’est montré un homme de compromis et de
paix exceptionnel.
Il avait le don d’écouter les autres, avec son petit sourire
complice, sans pour autant abandonner ses propres opinions, apportant au sein d’une communauté religieuse
les qualités qui avaient fait de lui un homme politique de
valeur, très estimé par ses collègues, ses électeurs et le
personnel qu’il dirigeait en tant que Maire du 4ème arrondissement.
Comme boutade, mais avec un fond d’admiration, les
gens disaient de lui que c’était « un Juif chez les
Corses », dans le domaine politique, et j’ajoutais un
« polack du Pletzel chez les libéraux du 16ème ».
J’avais vraiment des sentiments presque filiaux à son
égard. Il ne m’a jamais décu, ni lorsqu’il a du faire face à
des évènements dramatiques comme l’attentat de la rue
Copernic le 3 octobre 1980 et dans la suite de ces évènements compliqués et pénibles, ni dans sa gestion quotidienne de la communauté, avec ses détails, parfois fastidieux mais importants aux yeux des fidèles.
Pour tout résumer, comme je l’ai dit au cimetière, la paracha – la section de la Torah - de la semaine de son
décès résume parfaitement en un seul mot en hébreu les
nombreuses qualités de Lucien : Moïse, comme tout Chef
de Communauté, est très injustement critiqué et harcelé
par tout le monde, le peuple dans son ensemble et même
sa propre famille (rien n’a changé depuis 3 000 ans) et
puis, trop modeste lui-même pour répondre à ces critiques, c’est Dieu qui doit prendre sa défense disant,
selon la tradition juive, que Moïse n’était pas, bien sûr,
parfait, il avait des défauts comme tout homme, mais il
avait une qualité qui rachetait largement ses faiblesses et
qui expliquait sa renommée : il était Ne’eman, un mot lié
en hébreu au mot maintenant d’usage universel : Amen.
Ne’emani veut dire fiable, celui à qui on peut toujours
faire appel, celui sur qui on peut toujours compter, celui
qui est présent dans la vie des autres, surtout dans des
moments de danger et de détresse.
Cela a été un grand privilège pour moi de connaître cet
homme qui a tant fait pour apaiser les esprits, faire la paix
et donner un exemple à la fois dans le monde religieux et
civil.
Comme on dit dans notre tradition : puisse son souvenir
être une source de bénédictions pour nous tous.
Rabbin WILLIAMS
Ami fidèle de Judaïsme
et Liberté, Jean-Pierre
Pierre-Bloch (nous l’appelions JPPB) vient de
nous quitter. Tout comme Lucien Finel, disparu au début de l’été, il fut
l’un des membres fondateurs de notre associa-
LE DECES DE
“ PIERROT” KAUFFMANN
L’été meurtrier a continué à
frapper. Dans la nuit du 13 au
14 septembre, c’est à dire la
nuit de Yom Kippour, Pierre
Kauffmann s’est éteint à 93
ans.
Né à Strasbourg, grand et
brave Resistant pendant la
guerre, il a joué un rôle important mais discret dans le
judaïsme français.
Au lendemain de la guerre, ce meneur d’hommes, s’occupa aussi d’une maison d’enfants rescapés, à Jouy en
Josas, puis il participa très activement à l’accueil des
réfugiés d’Afrique du Nord. Il s’ investit aussi dans l’accueil des « refuzniks » d’Union Soviétique, ce qui ne
l’empêcha pas de s’occuper d’actions « discrètes »
pour mettre sur pied l’Alya des Juifs d’Ethiopie.
Après l’attentat contre la Synagogue Copernic de l’
ULIF, il créa le Service de protection de la Communauté
Juive (S.P.C.J.).
Le communiqué diffusé par le SPCJ situe clairement
Pierrre Kauffmann : « Rendons un hommage à l’homme
exceptionnel, au destin hors norme. Témoignons de
notre profond respect et prenons l’engagement de toujours servir notre cause tel qu’il nous l’a enseigné : avec
force, courage et fierté». A son épouse et à ses enfants,
Judaïsme et Liberté adresse de très vives condoléances
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tion. en 1984.
JPPB aimait à rappeler qu’il avait été secrétaire de
Johnny Hallyday autour de 1960. Ceci ne fut qu’une
étape de jeunesse. En fait, il avait la politique chevillée
au corps.
Né en 1939, il avait été élevé dans le sérail politique.
Son père, Jean Pierre-Bloch , grand résistant, président-fondateur de la Ligue internationale contre le
racisme et l’antisémitisme (Licra) fut député de l’Aisne.
Lui, le fils, il avait rejoint le mouvement centriste, les giscardiens, dans les années 1970.
Elu dans 18ème arrondissement de Paris en 1978,
JPPB en resta le député jusqu’en 1981, battu par Lionel
Jospin quand François Mitterrand accéda à la présidence de la République entraînant avec lui ce que l’on a
appelé la vague rose.
Deux ans après, il fit son entrée à l’Hôtel de Ville de
Paris, comme conseiller du 18ème. Il y travaillera dix-huit
ans, d’abord en tant qu’ adjoint de Jacques Chirac, puis
de Jean Tiberi.
Journaliste, il avait été directeur du quotidien FranceSoir.
Pour Judaïsme et Liberté Jean-Pierre Pierre-Bloch est et
restera l’homme qui a défendu avec acharnement la
cause des Juifs d’Union Soviétique et celui qui sans
relâche s’est opposé au Front National. Sa disparition
nous prive non seulement d’un ami, mais aussi d’un
militant.
A la famille de JPPB, à ses proches, Judaïsme et Liberté
présente ses très sincères condoléances.
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Médecin, expert en art Juif, passionné de livres anciens
et amoureux de la Bretagne, Elie Szapiro nous a quittés
Le 1er juin disparaissait
après un long et courageux combat contre la
maladie, Elie Szapiro, per
sonnalité tout à fait
exceptionnelle de la vie
culturelle juive.
Né en 1939 à Cahors, fils
d’un ingénieur originaire
de Lituanie, Elie Szapiro
a eu une carrière exceptionnelle. Médecin qui exerca en cabinet et à l’hôpital avant
de travailler en laboratoire pharmaceutique, Elie Szapiro,
très instruit du judaïsme, était passionné des livres anciens
et de la peinture. Il y a une trentaine d’années il fonda avec
son épouse Francine, critique littéraire et collaboratrice de
l’Arche, la première Galerie Saphir, Boulevard St Germain.
Après l’ouverture du Musée d’Art et d’Histoire du Judaisme,
il transféra cette galerie, devenue Galerie Saphir -Marais,
rue du Temple, à côté du M.A.H.J., tandis que sa femme
ouvrait l’Espace Art-Mode Saphir-Monceau, avenue de
Villiers, dans le 17ème arr. , et que fonctionnait la grande galerie Saphir de Dinard.
Au cours des années , il approfondit ses connaissances et
devint le principal expert en Judaica en ventes publiques,
tout en étant charge de conférence en art juif à l’INALCO.
Il réalisa de nombreuses et passionnantes expositions à la
Galerie Saphir Marais, consacrées à des peintres juifs
contemporains.
Francine lui avait fait connaître Dinard et il devint amoureux
de la Bretagne, à qui il consacra plusieurs ouvrages en
dehors de ses livres de poêmes. Il devint et resta conseiller municipal de Dinard pendant 12 ans, chargé de l’action
culturelle.
Je n’oublie pas qu’à l’époque où existait l’ancien Musée
d’art Juif de Paris, rue des Saules, il nous apporta une aide
précieuse et amicale.
Je redis à sa femme et à son fils Manuel, devenu haut fonctionnaire européen à Bruxelles, toute notre sincère amitié
dans cette épreuve.
CGM
NATHALIE KOSCIUSKO MORIZET EN ISRAËL
Quel était l’objectif de ce déplacement ?
Je m’y suis rendue avec deux questions précises en tête. La première était de comparer l’écosystème des start-ups israéliennes
avec celui existant à Paris afin d’en tirer des enseignements pour
développer le nôtre. La seconde consistait à trouver des «pépites»
que l’on pourrait transposer d’une manière ou d’une autre pour
transformer le quotidien des parisiens.
Qu’est ce qui vous a le plus frappé sur place ?
D.R.
Ce qui frappe tout d’abord dans ce pays, c’est l’innovation. Durant
trois jours, je suis allée de start-ups en centres de recherche et de
rencontres en surprises. Ce voyage a été pour moi comme un
retour à mon portefeuille de Secrétaire d’État à l’Economie numérique, tant l’écosystème économique israélien est pétillant, énergique et avant-gardiste.
Vous étiez en Israël du 30 juillet au 1er aout dernier. Pourquoi
avez-vous souhaité vous y rendre ?
Dans le cadre de l’élaboration de mon programme pour l’alternance, j’ai voulu initier un certain nombre de voyages d’étude avec
pour objectif de m’inspirer de ce que de grandes villes comme
Washington ou Londres ont été capables de réaliser pour innover
et se transformer.
Avec la plus grande concentration d’ingénieurs au mètre carré du
monde, Israël était sans aucun doute un des pays qu’il fallait visiter pour s’apercevoir des richesses que pouvaient faire émerger
les nouvelles technologies, lorsqu’elles étaient mises au service de
la politique de la ville.
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Pétillant comme Parko, une application révolutionnaire de stationnement dont j’ai pu rencontrer les jeunes créateurs, ou de Waze,
le GPS social dont le rachat pour un milliard de dollars avant l’été
a fait la une des blogs high tech. Energique à l’image de Silentium,
une start-up qui a développé un système capable de supprimer le
bruit. Et avangardiste comme SkyTran, un transport en commun
individualisé que l’on réserve via son smartphone.
Israël est également un pays de recherche où les scientifiques de
l’Université technologique du Technion, dans laquelle j’ai passé
quatre heures, tentent par exemple de comprendre l’importance
des espaces verts pour l’épanouissement des citadins. Avec
Jérémie Berrebi, le co-investisseur de Kima Venture avec Xavier
Niel ou encore Saul Singer, le co-auteur de «Israël, la nation startup» j’ai pu comprendre une partie des clefs du succès technolo-
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gique de ce pays en m’interrogeant sur les sources et les motivations de cette innovation débordante.
C’est très innovant de la part d’une femme politique d’aller en
Israël et de ne s’intéresser qu’aux nouvelles technologies… Mais
les nouvelles technologies sont désormais le quotidien des
Français comme des Israéliens et il est du devoir du politique de
savoir capter les tendances pour faciliter la vie de ses concitoyens.
J’ai voulu rencontrer Dan Meridor, ancien Vice-premier ministre de
l’Etat désormais en retrait de la vie politique mais dont la longue
expérience a été source d’un riche échange sur la situation politique, tant intérieure qu’étrangère d’Israël. Ma visite du programme
«Strive» qui aide à l’insertion de jeunes sans qualification a été à
l’origine d’interrogations fortes sur le vivre ensemble, où comment
une ville peut favoriser la réussite des « uns » et aider les «autres».
Ces habitants laissés pour compte qu’un Maire a le devoir d’accompagner pour leur permettre de s’investir à nouveau dans la vie
de la cité.
vante que la vie nocturne y est envoûtante. Ma rencontre avec les
professionnels qui font la nuit telavivienne a été de ce point de vue
très intéressante car elle m’a permis de comprendre à de nombreux égards pourquoi Paris s’endormait peu à peu quand d’autres
villes, malgré un contexte géopolitique anxiogène, pouvaient vivre
sans s’arrêter, danser et s’amuser.
Si vous deviez retenir une idée de votre déplacement, quelle
serait-elle ?
Vu d’Israël, l’innovation parisienne semble être le fruit d’un long et
fastidieux combat contre l’immobilisme des esprits et des usages.
Paris et ses start-ups ont besoin d’air, de confiance et d’accompagnement. Il faut oser, se remettre en question et ne pas avoir peur
de faillir pour avancer; c’est bien là la morale de mon voyage.
Nous savons que vous êtes également allée à Yad Vashem…
Après Natanya où vous avez rencontré la communauté française, à Haïfa et à Jérusalem, vous êtes retournée à Tel-Aviv?
Israël est un pays de paradoxes qui trouve en Tel-Aviv son acmé.
C’est une ville impressionnante dont la vie diurne est aussi inno-
D.R.
Oui car je m’y étais rendue à deux reprises lors de déplacements
officiels - qui accordent toujours trop peu de temps à ce type de
séquence dans un agenda ministériel – et il était important pour
moi de m’évader quelques heures loin du tumulte de la vie israélienne pour y retourner. J’y ai été chaleureusement accueillie par
Berthe Badehi, fondatrice de l’association des enfants cachés
Alumim qui doit son salut à une famille qui l’a hébergée et cachée
durant trois ans pendant la seconde guerre mondiale. Après qu’elle
m’a raconté sa bouleversante histoire et que j’ai visité le musée,
c’est dans le jardin dédié aux Justes parmi les Nations que j’ai
voulu me recueillir face à ces noms de Français qui symbolisent, à
jamais, le refus de l’aveuglement, de l’indifférence, du racisme et
de l’antisémitisme.
FRANÇOIS HOLLANDE OU LE RENONCEMENT
A
Stephen LEQUET
Président de Judaïsme & Liberté Paris
Président du Comité scientifique
de l’Association Avec le Président Chirac
Maître de Conférences en Droit
à SciencesPo (IEP de Paris)
mesure que le quinquennat de François Hollande s’égrène, l’inconsistance du Chef de l’Etat et l’échec de sa politique deviennent particulièrement préoccupants pour l’avenir de notre pays.
Les dernières palinodies présidentielles sur le dossier syrien ne sont, malheureusement, qu’un épisode supplémentaire à ajouter à l’effacement de la
France sur la scène internationale depuis un peu plus d’un an. Après avoir
joué les matamores et les va-t-en-guerre, le Président Hollande a dû avaler
d’abord la manœuvre de retardement américain de saisie du Congrès des
Etats-Unis, dont Obama avait omis de l’informer, ensuite assister passivement au ballet russo-américain relatif à l’accord sur le contrôle de l’arsenal
chimique de Damas. Tout au long de la crise, la France est apparue dans
une position de suivisme à l’égard d’un allié américain, qui l’a ostensiblement tenu pour quantité négligeable dans ses décisions. En outre, notre
pays a été incapable d’obtenir un véritable soutien, autre que de façade, de
nos partenaires de l’Union européenne. Enfin, la Russie n’a même pas pris
la peine de faire semblant de prendre en considération les positions françaises. Il n’y a vraiment que François Hollande pour feindre de croire que
« la pression de la France a convaincu la Russie de prendre une initiative »
(interview télévisée du 15 septembre 2013).
Cette inconsistance, on la retrouve sur tous les grands dossiers internationaux et stratégiques: politique européenne complètement erratique visant
d’abord à fédérer les pays du Sud de l’Union contre l’Allemagne, avant de
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s’aligner sur les positions allemandes sans en partager les
succès réels ; politique d’interventionnisme militaire au
Mali, alors que l’on prévoie une réduction drastique de l’effort de défense et du format de nos forces armées…
Sur le plan financier, économique et social, la situation est
tout aussi consternante. Tout le système de pensée et d’action de François Hollande, dans ce domaine, semble se
limiter au matraquage fiscal et aux emplois aidés, c’est-àdire subventionnés. Que ces subventions publiques proviennent de ressources qui ont été prélevées sur des activités privées ou des particuliers, empêchant sans doute la
création d’autres emplois, que ces emplois aidés ne permettent pas une vraie insertion pérenne sur la marché du
travail, que les 84 nouvelles dispositions fiscales dues à
l’inventivité socialiste détruisent le ressort de l’initiative,
voilà qui échappe visiblement à nos gouvernants !
Pourtant, les résultats, si l’on peut dire, sont là : des déficits
publics qui atteindront encore 4,1% du PIB cette année,
selon l’aveu de Pierre Moscovici lui-même ; un chômage
qui est toujours en hausse, plus d’un an après la promesse
faite par François Hollande le 9 septembre 2012, d’inverser
cette courbe dans l’année. Or, comme dit l’adage : « l’erreur
est humaine, persévérer est diabolique ».
Quant à la sécurité intérieure, les propres tableaux de bord
du Ministre Manuel Valls révèlent une augmentation de la
violence presque partout, des patrouilles de police moins
nombreuses et un taux d’élucidation en nette diminution.
Gageons que la loi Taubira sur la « contrainte (sic) pénale »
produira son lot d’effets délétères, contribuant au sentiment
d’impunité des auteurs de crimes et de délits, favorisant les
tendances déjà bien laxistes de trop de magistrats, suscitant une recrudescence de la récidive qu’elle est censée
combattre.
Puissent nos amis de l’UMP, dans ces tristes circonstances, comprendre qu’ils ont donc mieux à faire que se
déchirer sur le Front national ou sur un prétendu droit d’inventaire.
Comme le disait le général de Gaulle, « le destin d’une
Nation se gagne chaque jour contre les causes internes et
externes de destruction ». Dans un système « hollandiste »
qui a fait du renoncement une politique, c’est en effet à l’opposition républicaine de mener ce juste combat. Judaïsme
et Liberté, comme toujours depuis 1984, sera naturellement
à ses côtés.
L’ARMÉE: AIMÉE DES FRANÇAIS
MAL AIMÉE DE FRANÇOIS
U
ne fois de plus,
nos forces armées ont été
prêtes dès le début, à
répondre à son appel,
si la France décidait
d’intervenir en Syrie.
Oui, la France compte
encore parmi les quelques pays du monde
qui sont capables
d’intervenir au delà de
leur voisinage immédiat, pour des opérations militaires significatives.
On l’a vu en Libye en 2011, au Mali en 2013, dans
des opérations plus ponctuelles réalisées pour protéger nos ressortissants et dans des opérations décidées par les Nations-Unies ou l’Alliance Atlantique
comme en Afghanistan.
Elle possède toujours les attributs d’une «grande
puissance», comme sa place de membre permanent
du Conseil de Sécurité ou sa capacité de frappe
nucléaire. Toute la question est donc de savoir si la
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France peut continuer à la fois à maintenir une dissuasion indépendante et avoir l’ambition stratégique
d’intervenir dans le monde, en ayant un impact militaire significatif et une influence réelle, reposant sur
une base industrielle, à la pointe du progrès, tout en
conservant le leadership pour porter le projet
d’Europe de la Défense.
C’était tout l’objectif du Livre Blanc de la Défense,
présenté au Chef de l’Etat, François Hollande, le 24
mai dernier; il devait concilier deux impératifs à priori
incompatibles: le maintien des ambitions de la France
qui sont grandes et la contrainte budgétaire qui est
immense.
QUANT AUX MILITAIRES,
LEUR MORAL EST EN BERNE
Depuis le Livre Blanc de 2008 qui s’est fracassé sur
la crise économique en 2010, leurs moyens se sont
sensiblement dégradés.
Le Nouveau Livre Blanc donne en apparence le
signal que la France ne baisse pas la garde en
matière de Défense, afin de rassurer ses alliés, surtout américains, qui s’inquiètent d’un décrochage de
la première puissance militaire d’Europe. Il entend
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maintenir entre autres, le budget de la Défense à
31,4 milliards d’Euros en valeur, - soit une baisse
réelle de 2 à 3 milliards par an - et prévoit de nouvelles suppressions d’effectifs : 24 000 en plus des
54 000 déjà engagés.
Ainsi, fragilisées par les restrictions successives des
budgets de la Défense et les restructurations continues, les capacités d’intervention de l’armée seraient
réduites de moitié d’ici 2018.
Dans un monde en perpétuelle évolution, voire ébullition, on ne saurait répondre aux menaces, nombreuses et diversifiées qui nous entourent (prolifération nucléaire, terrorisme en tout genre, attaques
cybernétiques, piraterie, conflits régionaux et religieux, etc.) qui elles n’ont pas diminuées, par des
considérations budgétaires et financières.
Nous nous devons de disposer de forces armées et
d’un outil industriel et militaire adapté, exigeant et
performant, qui optimise les moyens combinés du
spatial au terrestre.
Car c’est le cumul d’un décrochage stratégique et
d’un décrochage économique qui est le plus à craindre!
De plus, alors que près des deux tiers des Français
estiment que le budget de la Défense ne doit pas
baisser au regard de la situation internationale, au
moment où 91 % rendent un vibrant et légitime hommage à leur armée en lui faisant confiance, le gouvernement s’apprête à la démanteler, ou, en tout cas, à
en réduire considérablement le potentiel et la voilure!
Ce que le France a réalisé au Sahel et au Mali, il y a
peu de chances qu’elle puisse le faire dans 5 ans.
Certes, il est normal que la Défense participe à l’effort de redressement des comptes de la Nation et à la
cure d’austérité pour ramener le déficit budgétaire
sous la barre des 3 % du P.I.B. Certes, les militaires
sont habitués à être la variable d’ajustement, à
accepter tous les sacrifices, eux qui ne peuvent pas
faire grêve; et cela quelle que soit la couleur du gouvernement. Mais aujourd’hui la logique financière
semble l’emporter sur toute autre considération.
C’est absurde stratégiquement: les menaces ne
diminuent pas, les Etat-Unis se retirent d’Europe,
seule région à désarmer, quand, toutes les autres Russie, Brésil, Chine - augmentent leur potentiel de
Défense. Les zones à risque, à proximité immédiate
du continent européen perdurent et la prolifération
nucléaire, balistique et chimiques, d’Etats comme
l’Iran, la Corée du Nord et la Syrie, suscite les plus
grandes inquiétudes.
C’est une erreur économique et sociale, tant seraient
touchés l’emploi et le savoir-faire technologique.
C’est injuste “politiquement”, car plus que tout autre
secteur de l’Etat, l’armée a su se réformer pour devenir l’un des services publics les plus efficaces et un
modèle de formation professionnelle et d’intégration.
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Oui, ce Livre Blanc manque de vision, d’ambition et
d’imagination. Des solutions pourraient être envisagées, comme obtenir par exemple de l’Union
Européenne, comme cela a été proposé par certains,
que Paris, mais aussi Londres qui assurent l’essentiel de la défense de l’Europe, puissent, en contrepartie de leurs efforts, défalquer une partie du poids de
leurs dépenses militaires, dans le décompte des
fameux 3% de déficit budgétaire à ne pas dépasser.
Ce serait de bonne guerre.
En tout état de cause, il conviendrait a minima d’envisager un recadrage budgétaire en faveur de la
Défense, en cas de reprise de la croissance.
Partout dans le monde, dans le Golfe, dans l’Océan
Indien, en Inde, en Afrique équatoriale, dans le
Pacifique Sud, avec ses alliés et amis de l’OTAN, la
France est encore attendue comme puissance.
Quand des Etats investissent des dizaines de millions d’euros dans nos équipements militaires, ils
achètent aussi du partenariat de sécurité. C’est là ,
tout le paradoxe de la France. Mais cela incite aussi
à avoir un regard modérément optimiste sur son
rayonnement stratégique.
Lors de l’examen de la Loi de Programmation miilitaire de l’automne, il sera du devoir et de l’honneur de
la réprésentaion nationale d’en tenir compte.
Jean-Jacques CURIEL
Sécrétaire Général de J&L
et Président de la Commission
Défense et Forces Armées
du Parti Radical
.
JEAN-JACQUES CURIEL,
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
DE JUDAÏSME & LIBERTÉ
A la suite de la disparition du regretté Lucien FINEL, le président
de Judaïsme et Liberté a nommé Secrétaire Général JeanJacques CURIEL qui était jusqu’à présent Secrétaire Général
Adjoint.
Jeune élu du 20ème, puis du 19ème arrondissement, successivement
Conseiller délégué, puis adjoint au Maire de ces deux arrondissements, J.J. Curiel fut, par la suite Secrétaire administratif du
Groupe PARIS-LIBERTE à l’Hôtel de Ville de Paris.
Membre du Bureau et conseiller auprès de la présidence du Parti
Radical, il présida pendant de longues années la Commission
des Droits de l’Homme de ce parti, ce qui lui valut successivement d’être nommé Chevalier de l’Ordre National du Mérite puis
Chevalier de la Légion d‘honneur.
Il est actuellement Président de la Commission Défense et
Forces armées du Parti Radical et conseiller national de l’U.D I.
Il a aussi acquis une bonne expertise des problèmes militaires en
étant Secrétaire Général Adjoint de l’Association Française pour
la Communauté Atlantique (AFCA).
Né à Alexandrie, Jean Jacques CURIEL maîtrise parfaitement la
langue arabe, ce qui lui permet de suivre attentivement l’évolution
du monde arabe, comme en témoignent ses articles dans
« Judaïsme & Liberté » et dans « France Alliance Atlantique. »
Militant très actif pour l’amitié entre la France et Israël, Il a aussi
une forte connaissance des institutions juives de France.
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La reconstruction de l’UMP est en marche
A l’unanimité, nous avons confirmé notre volonté de rassembler tous les Français dans un projet qui vise à
enrayer le déclin de la France et la désastreuse politique
socialiste, ainsi que notre opposition totale à tous les
extrémismes.
L’UMP a vocation à gouverner. Elle ne peut en aucun cas
se réduire à nouer des alliances politiciennes dignes de
la IVème République avec un PS qui conduit notre pays
vers l’abîme et un FN qui est, depuis sa création sous
l’œil bienveillant de François Mitterrand, le meilleur allié
de la gauche. Faut-il rappeler qu’aucune victoire électorale du PS n’est possible sans le soutien des extrêmes:
Front de gauche comme Front national? C’est en restant
fidèles à nos valeurs et à nos convictions, qui rassemblent toutes les familles de la droite et du centre droit, que
nous regagnerons le cœur des Français.
La reconstruction de l’UMP est en marche et j’ai la
conviction que rien ne l’arrêtera. Cette affirmation n’est
pas un vœu pieux, mais une certitude ancrée dans la réalité qui émerge du terrain. Malgré un douloureux retour
dans l’opposition, nous avons gagné toutes les élections
partielles depuis un an. Grâce à votre générosité extraordinaire – et contre toutes les prévisions alarmistes dont
se délectaient certains commentateurs - nous avons pu
trouver les 11 millions d’euros nécessaires pour éviter la
faillite de notre parti et préserver le pluralisme dans notre
pays. A plus de 94%, vous avez décidé que je poursuive
ma mission de président de l’UMP jusqu’à son terme.
Enfin, partout en France, je rencontre une nouvelle génération UMP qui se lève pour préparer l’alternance.
Nous disposons désormais des bases solides pour repartir de l’avant et l’emporter aux élections municipales. La
gauche étouffe les Français, qui sont exaspérés par l’explosion des impôts, de l’insécurité, du chômage et du
communautarisme. Seule une UMP qui assume une ligne
de droite décomplexée, qui propose des solutions
concrètes pour répondre à toutes les souffrances, peut
redonner à nos concitoyens ce souffle de liberté auquel
ils aspirent.
J’ai besoin de la mobilisation de chacun et chacune d’entre vous pour partir à la reconquête des villages et des
villes de France. Dès le premier tour des élections municipales, nous devons voter et faire voter pour les candidats de l’UMP. Nous gagnerons parce que nous sommes
les seuls à incarner un projet, une espérance et une alternative crédibles face à la gauche !
D.R.
Ce mardi 17 septembre 2013, nous avons réuni un
comité politique de l’UMP, en présence de tous les responsables de notre famille, afin de réaffirmer très clairement notre ligne commune.
JUDAÏSME ET LIBERTÉ DÉSAPPROUVE L’ÉVICTION
DES RELIGIEUX DU COMITÉ CONSULTATIF NATIONAL D’ÉTHIQUE
Le Bureau exécutif de l’Association Nationale JUDAISME ET LIBERTE, constatant les manoeuvres
utilisées par le pouvoir pour devenir majoritaire au Comité Consultatif National d’Ethique, est particulièrement choqué par la décision d’évincer les religieux qui siégeaient en tant que représentants
des différentes religions de notre pays, en évoquant leur remplacement par des membres
«laïques».
JUDAISME ET LIBERTE qui est une organisation laïque, est attachée à une conception « pacifiée »
de la laicité et rejette la «laïcité de combat» qui apparaît dans cette décision et rappelle que les religieux sont des citoyens français et que leur participation au Comité Consultatif National d’Ethique
est particulièrement logique.
A un moment de crise ou le Président de la République devrait favoriser le rassemblement des
Français, il continue à prendre des décisions qui élargissent les fossés au lieu de les combler.
POUR LE BUREAU EXÉCUTIF,
PRÉSIDENT DE JUDAISME ET LIBERTE
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3654 “Justes des Nations” en France
Dans son rapport d’activité pour 2012, Jean-Raphaêl
Hirsch, Président du Comité Français pour Yad Vashem, indique qu’au 31 décembre 2012 était comptabilisé un total de 3654 “Justes des Nations” en
France, reconnus par Yad Vashem, pour avoir contribué à sauver des Juifs dans notre pays.
Ce chiffre est certainement inférieur à la réalité. Tous
L
ceux qui ont connu la période de l’occupation en
France et qui grâce à de courageux français, ont pu
echapper à l’arrestation, savent qu’il a été très difficile
d’identifier après la guerre ceux qui les avaient aidés
et réunir les documents exigés par Yad Vashem pour
homologuer ce sauvetage, et sans qui 75 % des Juifs
de France n’auraient pas échappés à la déportation.
LA VITALITÉ DU FRANCO-JUDAÏSME
es articles qui ont été consacrés au FrancoJudaïsme dans les numéros 107 et 108 de
Judaïsme et Liberté, ont reçu un bon accueil des
lecteurs qui nous ont fait part de leur approbation.
Il apparait clairement qu’évoquer le Franco-Judaïsme
n’est pas seulement se reporter au Premier Empire,
mais aussi se référer à un courant du Judaïsme français
qui reste vivant et caractérise particulièrement
le Judaïsme de notre pays et explique l’attachement
patriotique des JUIFS à la France.
Sous le titre “Juifs et Patriotes”, Philippe MEYER, directeur de la publication d’ “INFORMATION JUIVE”, magazine proche du Consistoire central, évoque la naissance
de ce courant sous l’Empire et écrit: “La double fidélité
au Judaïsme et au patriotisme voit le jour. Sa doctrine
en sera le “franco-judaïsme”.
Cette conception du judaïsme français est à son apogée
sous la III eme République et cherche a concilier l’es-
sence du judaïsme et celle de la France, conformément
aux valeurs bibliques contenues dans la Proclamation
des droits de l’Homme et du Citoyen. Le grand rabbin
de France, Zadoc Kahn écrit en 1876: “La Patrie a d’immenses droits sur nous, et jamais nous ne pouvons
nous croire quittes envers elle...” et il ajoute: “le francojudaïsme” du XIX° siècle demeure a bien des égards un
modèle.”
Jean-François BENSAHEL, Président de l’Union
Libérale Israélite de France, dans un article intitulé “ Le
Mot du Président ”, dans le numéro de septembre 2013
de l’organe de l’ U.L.I.F., HA MEVASSER (le messager)
écrit notamment : “la lente dérive dogmatique, voire obscurantiste, d’une partie du judaïsme, en réaction, en
contradiction totale avec les valeurs de notre société et
ce que fut le franco-judaïsme, est le symptôme d’un mal
profond, alors qu’en opposition, et par effet miroir,dans
une autre partie l’assimilation progresse...”
Chana Tova
Nous souhaitons à nos lecteurs
une excellente année 5774,
une année de redressement
pour notre pays, la FRANCE,
et une année de paix au Proche-Orient
et de sécurité pour ISRAËL !
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