Archicool - Architectes de l`urgence

Transcription

Archicool - Architectes de l`urgence
Archicool - Une grande partie de la population du Pakistan survit en très
grande détresse dans l'indifférence générale – 02.03.2011
[Communiqué de Presse] Architectes de l’urgence: 2 Mars 2011.- En
aout 2010, le Pakistan connaissait les pires inondations de son
histoire. 1/5ème du territoire était submergé par les flots en
quelques jours. 17 millions d'hommes, femmes et enfants étaient
affectés, 8 millions avaient besoin d'une aide d'urgence.
Malgré l'appel à l'aide internationale du gouvernement pakistanais,
les réactions ont été plutôt pusillanimes. La Fondation Architectes
de l'urgence a répondu présent immédiatement mais avec peu de moyens car la FAU est
tributaire des donateurs et des organismes internationaux susceptibles de débloquer les
fonds nécessaires à son action.
Six mois après la catastrophe, Patrick Coulombel, Président de la Fondation , revient d'une
tournée d'inspection. Depuis plus de 10 ans qu'il parcourt le monde de catastrophe en
catastrophe, il croyait avoir vu le fond de la misère, notamment en Haïti. Et pourtant, il a été
effaré par la situation qu’il a rencontrée au Pakistan
Patrick Coulombel.- Les conditions de survie des populations est pire qu’en Haïti après le séisme.
Les populations sont livrées à elles-mêmes sans assistance ou presque.
L’étalement du sinistre et des dégâts est tel que des secteurs entiers ne sont couverts par
quasiment aucune aide. Au nord de Karachi les populations sont regroupées dans des camps
installés par les autorités sans infrastructures. Ces réfugiés dorment à même le sol, sur de la paille
comme des bêtes. D’autres ont pu rentrer sur les villages qu’ils occupaient préalablement, mais les
conditions sont impossibles. Ils n’ont plus de maison – elles étaient construites en terre - et les
besoins sont énormes. La province du Sindh est touchée par la faim suite aux inondations, les
récoltes sont mauvaises et le prix des denrées alimentaires augmente, la vie est devenue vraiment
difficile.
Q.- Comment expliquez-vous que l'Occident n’évoque quasiment pas ce désastre?
Patrick Coulombel.- Même si l’ampleur de la catastrophe est énorme, il y a eu assez peu de
victimes, et c’est malheureusement là le seul critère déclenchant des fonds et d’une importante
mobilisation internationale.
D’autre part, ce sont des populations musulmanes, et le Pakistan est souvent associé au terrorisme
international. Les grands pays donateurs sont moins motivés pour les aider.
Q.- Qui travaille sur place ?
Patrick Coulombel.- On voit peu de monde, par manque d’argent mais aussi parce que la tache est
tellement immense que les humanitaires présents se croisent rarement.
Q.- Quelle est l'attitude des autorités du pays ?
Patrick Coulombel.- Le Pakistan est un pays avec un pouvoir véritable et une armée constituée et
forte ; globalement, ils gèrent la situation comme ils le peuvent, mais si, l’été dernier, le Pakistan a
39
fait appel à l’aide internationale, ce n’est pas par hasard. Les pakistanais sont conscients des
problèmes et de leur capacité à faire face, qui malheureusement n’est pas suffisante.
Q.- Pensez-vous qu'il soit possible de motiver les pays ayant les moyens d'intervenir et comment ?
Patrick Coulombel.- Il est important de témoigner, de dire les choses, d’avertir. C’est notre rôle !
Cela étant, il convient également de donner des solutions pratiques.
Actuellement nous développons un programme de reconstruction
d’abris de 21 m2, en dur. Un tel abri coûte 865 euros, mis en place
en moins d’un mois en formant et, surtout, en faisant travailler les
populations locales à leur propre habitation. Il y a une implication à
100% de la communauté, c’est un travail collectif, chacun collabore
à la construction de son abri mais aussi à celui de son voisin.*
Nous utilisons des matériaux locaux, briques, terre cuite, réalisés sur place, roseaux, bambous,
béton pour les renforts, c’est du vrai développement durable, cette solutions fonctionnent bien et à
un prix abordable.
Les écoles aussi sont à refaire, elles sont souvent endommagées mais réparables….il faut des
fonds pour cela.
Q.- Qui pourrait procurer les moyens financiers à la FAU pour faire davantage, et avez-vous les
moyens humains pour cela ?
Patrick Coulombel.- Actuellement, la Région Rhône-Alpes et la Région Midi Pyrénées ainsi
que quelques dons privés financent cette première phase de construction de logements pérennes.
Nous avons fait des propositions à la Région Île de France, à ECHO (fonds européens) pour une
opération de 700 logements ; UN Habitat devrait aussi financer ce type d’opération d’aide au
relogement.
Q.- Comment voyez-vous l'avenir sur place.
Patrick Coulombel.- Dans trois mois, les pluies vont recommencer à tomber, il va falloir trouver des
solutions d’ici là et attaquer de grands programmes de reconstruction. Une nouvelle phase
d’urgence va intervenir si la mousson est importante l’été prochain, personne ne le souhaite, mais
on voit mal comment ces populations seraient à l’abri d’ici là .Il y a vraiment de quoi être inquiet.
GFMedia/ FAU (Fondation Architectes de l'urgence)
* Les murs sont en briques cuites maçonnées avec des joints en mortier, soutenus par 6 poteaux et
un
chainage
en
béton.
Pour la toiture, une poutre IPN métallique supporte 13 bambous sur lesquels recouverts d'un film
d'étanchéité, d'un tapis de roseau pour la solidité, et d'une couche de terre pour les qualités
thermiques. La pente est de 5% pour une bonne évacuation des eaux de pluies.
En cas d'inondation, la structure de la maison est conçue pour résister aux conditions de l'été 2010.
Les constructions sont érigées sur les terres de "landlords" qui autorisent des familles à vivre sur
leur terrain en échange d'un travail dans leurs champs. Les familles cultivent pour leur propre
compte 6 mois par an puis vendent leur récolte au marché. Sur les 6 autres mois, ils donnent 50%
de
leur
temps
au
landlord.
Il n'existe pas de cadastre, la terre est un héritage et se transmet de génération en génération.
_____________________________________
[email protected]
tel mobile : +33 0685032228
http://www.archi-urgent.com/
40