DP Le Conte d`hiver

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DP Le Conte d`hiver
Saison 2014-2015
Dossier pédagogique
Le Conte d’hiver
William Shakespeare
Mise en scène de Patrick Pineau
Compagnie Pipo
Dates de représentation :
20 novembre 2014 à 19h
21 novembre 2014 à 20h30
Durée estimée : 2h50 avec entracte
M. SAAD BELLAJ
Enseignant missionné T héâtre
Servi ce Educatif : Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau
Courriel : [email protected]
[email protected]
Tél : 06.22.18.08.17
Sommaire
1. L’élève « spect-acteur »
2. Avant de voir le spectacle
A.
Le dramaturge et le metteur en scène
B.
La pièce : Le Conte d’hiver
C.
L’horizon d’attente
3. Pistes pédagogiques
4. Histoire des arts
5. Bibliographie
1. L’élève « spect-acteur »
Voir un spectacle est un temps fort dans l’année ; c’est l’occasion pour l’enseignant de partager avec sa classe
la rencontre d’une œuvre. Les élèves se déplacent à l’extérieur de l’établissement, se retrouvent parmi d’autres
personnes dans un lieu public. Un travail en amont sur le savoir être au théâtre pourra éviter à l’enseignant
accompagnateur quelques déconvenues et lui permettra d’aborder plus sereinement ce moment de partage
avec la classe. Il est possible d’accorder une ou plusieurs séances de cours à la question qu’est-ce qu’un
« spect-acteur » ou spectateur accompli ?
L’enseignant peut s’appuyer sur un corpus littéraire varié pour aborder ou approfondir la
question du spectateur :
Dario Fo, Le Gai savoir de l’acteur, l’Arche Editeur, 1990. : Le silence requis lors des
représentations n’est pas une exigence arbitraire mais bien une composante essentielle du spectacle vivant.
Marcel Proust, Du Côté de chez Swann, (Chapitre XXVI) : Le narrateur évoque l’attente du
spectateur et ce qu’il imagine d’après l’affiche.
Jean-Michel Ribes, Tragédie in Théâtre sans animaux, Actes Sud, 2001 : Discussion animée
entre deux personnages (Jean-Claude et Louise) autour du rôle de Phèdre de Racine.
Le préambule « être spect-acteur » donne à l’enseignant l’occasion de s’attarder, selon le profil de sa
classe, sur les comportements susceptibles de poser problème lors du déplacement au théâtre à fin d’en faire
un objet éducatif : retard, agitation, bavardage, téléphone mobile, désire de boire ou manger.
Un code de bonne conduite peut être établi avec les élèves sous une forme ludique et orientée
par l’enseignant : ce qu’il ne faut pas faire / ce qu’on peut faire.
Un carnet de bonne conduite peut être écrit par chaque élève sous la forme d’un abécédaire du
jeune spectateur. Le document du théâtre d’Angers peut être proposé aux élèves. L’enseignant
peut y effacer quelque définitions et/ou mots, quelques passages et demander aux élèves de
rédiger les parties tronquées.
2. Avant de voir le spectacle
Il est indispensable de préparer la sortie au spectacle. En effet, ce dernier n’est pas à considérer comme un
divertissement, mais comme une œuvre d’art à rencontrer. Il ne s’agit donc pas de le promouvoir, d’affirmer sa
réussite, de chercher à susciter d’avance une adhésion qui risque d’être déçue. En revanche, il faut rendre les
élèves conscients que ce qu’ils vont voir est le résultat du travail conjugué de nombreux professionnels qui y
ont investi des mois de travail et d’énergie. Ainsi, le travail en amont de la représentation a plusieurs objectifs :
Préparer les élèves à leur rôle de spectateur.
Créer les conditions d’une bonne écoute.
Susciter leur curiosité à l’égard du spectacle.
Créer des horizons d’attente.
Favoriser une optique d’observation curieuse.
A. Le dramaturge et le metteur en scène :
L’objectif de cette partie est double : faire la distinction entre l’auteur dramaturge de la pièce et le rôle du
metteur en scène de la pièce.
Activités :
On pourra demander aux élèves d’effectuer des recherches documentaires. Elles pourront
porter sur Shakespeare et/ou sur ses pièces les plus célèbres. La restitution de ces recherches
pourra se faire à l’oral (sous la forme d’exposés) ou bien à l’écrit (affiches, panneaux à
exposer…)
D’autres recherches peuvent être demandées aux élèves : le théâtre à l’époque de
Shakespeare, l’histoire du « Globe » (voir les dessins de Johannes de Witt.)…
Les élèves peuvent également découvrir le rôle du metteur en scène en la personne de Patrick
Pineau avec son parcours et ses multiples mises en scène, voir le lien : http://www.theatrecontemporain.net/biographies/Patrick-Pineau/presentation/
B. La pièce : Le Conte d’hiver :
Le Conte d’hiver 1 est une des dernières pièces de William Shakespeare. En effet, on avance les dates de 1610
ou 1611 pour parler de la rédaction de celle-ci. Cette œuvre est assez méconnue et peu étudiée. Peut-être estce à cause de sa proximité chronologique avec La Tempête, pièce plus aboutie et complexe ou bien parce qu’il
apparaît très difficile de « classer » Le Conte d’hiver et de lui coller une étiquette générique.
Une sensibilisation des élèves au contenu de la pièce peut se faire de différentes manières :
lectures d’extraits, observation et analyse de ou des affiches …
1
Un résumé complet avec des notes d’intention du metteur en scène sont à exploiter. Voir le lien suivant :
http://lepreaucdr.fr/wp/wp-content/uploads/2013/05/Mai-13-nouveau-dossier.pdf
On pourra également demander aux élèves de faire des recherches sur les différentes mises en
scène du Conte d’hiver en France au XXème siècle : 2
•
1988 – mise en scène : Luc Bondy – Nanterre ; Avignon (VHS disponible en simple
visionnage à l’Institut d’Etudes Théâtrales de Paris III – Bibliothèque Gaston Baty)
•
1993 – mise en scène : Stéphane Braunschweig – CDN Orléans (photographies à la
bibliothèque du TNS)
•
1993 – mise en scène : Adrian Noble – Royal Shakespeare Company (Londres)
•
2002 – mise en scène : Philippe Car (Compagnie Cartoun Sardines Théâtre) –
Théâtre National de Marseille (La Criée) ; Avignon
Les élèves peuvent découvrir la pièce à travers les photographies présentées sur le site de la
Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau (http://www.theatredesete.com/spectacle/leconte-dhiver) ou par le biais de quelques articles de presse, voir les liens suivants :
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LeFigaro :http://www.lefigaro.fr/theatre/2013/11/08/03003-20131108ARTFIG00234un-conte-d-hiver-poetique.php
La Terrasse : http://www.journal-laterrasse.fr/le-conte-dhiver-3/
Le poulailler : http://www.aupoulailler.com/article-critique-le-conte-d-hiver-williamshakespeare-patrick-pineau-121098605-html/
C. L’horizon d’attente :
•
Les photographies, mentionnées ci-dessus, peuvent être des éléments importants pour faire naître
une certaine curiosité chez les élèves. Elles peuvent également constituer le point de départ d’une
formulation des horizons d’attente en tant que « futur spectateur » et aborder quelques thématiques
développées dans la pièce.
•
A partir des répliques : Pour faire naître des horizons d’attente chez les élèves et pour les mettre en
appétit, il est possible de partir de quelques répliques de la pièce sélectionnées en amont et de
procéder à ce que Chantal Dulibine et Bernard Grosjean appellent la « profération de répliques »3.
L’intérêt de la profération de répliques est de faire entendre des « bouts de texte » et de commencer à
dégager des thématiques. Voici quelques répliques du Conte d’hiver :
Je crois savoir que le Roi de Sicile entend rendre dès cet été à Bohême la visite
qu’en toute justice il lui doit.
Retenez vos mercis un moment, et ne les payez qu’en partant.
Mamillius, es-tu mon garçon ?
Parlez-moi plus franchement, faites-moi connaître ma faute face à face, et si alors je
la renie, c’est qu’elle n’est pas mienne.
J’ai été désigné pour être votre assassin.
La Reine votre mère s’arrondit à vue d’oeil.
Voici votre gendre, qui est aussi le fils du roi, et sous la conduite des cieux le fiancé
de votre fille.
2
Une liste plus exhaustive est disponible sur le lien suivant :
http://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Recherche=1&P=le+conte+d'hiver&D=0
3
Chantal Dulibine et Bernard Grosjean , Coups de théâtre en classe entière SCEREN-CRDP de Créteil, 2011.
3. Pistes pédagogiques
La tragédie et la comédie
Le thème « comique et tragique » peut circuler selon plusieurs perspectives : l’histoire littéraire, les genres et
registres, l’argumentation, travail de l’écriture. Il est abordé dans la continuité du collège et du lycée, dans sa
conformité et ses variations par rapport aux codes.
La distinction entre les deux notions de « tragédie » et « comédie » peut se faire par une lecture
comparative de passages de La Poétique d’Aristote 4 notamment les chapitres 5 et 6.
Un groupement de textes, axé sur un ou plusieurs aspects de la tragédie : le personnage
tragique, la fin de la tragédie, la catharsis … peut être proposé aux élèves.
Un corpus de textes peut également sensibiliser les élèves à l’évolution de la tragédie à travers
les siècles : depuis la période antique jusqu’au XX siècle en passant par les classiques :
plusieurs auteurs s’offrent dans cette perspective : Sophocle, Racine, Corneille, Giraudoux,
Anouilh…
Le mythe de « l’enfant trouvé »
L’une des thématiques abordée dans la pièce est celle de « l’enfant trouvé ». En effet, Marthe Robert5 aborde
ce thème récurrent dans des ouvrages littéraires.
L’enseignant peut aborder ce thème par le biais d’un groupement de textes ou une recherche
sur des personnages inscrits dans cette thématique : Œdipe, Moïse, Don Quichotte, Robinson
Crusoé, Rastignac …
4. Histoire des arts
Mythe et religion : arts du visuel : Der Krieg, Otto Dix
Dans le cadre de l’Histoire des arts et en lien direct avec la pièce de Shakespeare, les élèves peuvent aborder
soit en cours de Français soit en Arts plastiques une étude détaillée de l’œuvre Der Krieg d’Otto Dix. En effet,
ce tableau a le mérite de trouver écho dans le programme d’Histoire Géographie de la classe de troisième.
Une approche purement esthétique peut se faire avec les élèves en arts plastiques. Mettre en
perspective l’organisation en triptyque, les points de fuite du tableau, le désordre dominant, les
lignes verticales et agressives, les couleurs du sang et de la boue….
Une approche comparative en mettant en parallèle le tableau d’Otto Dix et d’autres œuvres à
caractère plutôt religieux : Le Jugement dernier de Jérôme Bosch ou Le Retable d’Issenheim de
Mathias Grunewald.
4
5
Aristote, La Poétique, Edition du Seuil, Paris. 1980.
Marthe Robert, Roman des origines et origines du roman, Edition Tel Gallimard, Paris. 1972.
Le théâtre Elisabéthain
Une approche du théâtre comme lieu de représentation peut trouver également place au sein de l’étude de
l’Histoire des arts et plus précisément dans celui de l’évolution de la scène théâtrale.
L’enseignant peut proposer aux élèves deux images : le théâtre antique et un théâtre
élisabéthain (le dessin de Johannes de Witt, 1566-1622 semble le plus clair) et procéder à un
relevé comparatif.
5. Bibliographie
TEXTE DU CONTE D’HIVER
- William SHAKESPEARE, Le Conte d’hiver, trad. Yves Bonnefoy, Gallimard, Folio Théatre, 1996.
- William SHAKESPEARE, Le Conte d’hiver, trad. Bernard-Marie Koltès, Editions de Minuit, 1996.
Si l’on veut étudier un extrait du texte original de Shakespeare, on pourra se reporter aux éditions suivantes :
- William SHAKESPEARE, The Winter’s Tale, Penguin Classics, PENG SHAKES, 2005.
- William SHAKESPEARE, The Winter’s Tale, Wordsworth Editions, Wordsworth Classics, 2005.
ÉTUDES SUR LE CONTE D’HIVER
- Lectures de The Winter’s Tale, sous la direction de Delphine Lemmonier-Texier et Guillaume Winter, Presses
Universitaires de Rennes, 2010.
- A sad tale's best for winter : approches critiques du Conte d'hiver de Shakespeare, sous la direction de JeanMichel Deprats, Yan Brailowsky et Anny Crunelle, Presses Universitaires de Paris-Ouest, 2011.
- La Nature dans Le Conte d’hiver, article d’Antoine Pageau St-Hilaire (Université de Laval), dans La revue
Philosophique en ligne Klesis, n°25, 2013.
- Ruse, reconnaissance et merveille tragi-comiques / Cornélie (Hardy), Conte d’Hiver (Shakespeare), article de
Fabien Cavaillé (Université de Caen – Basse-Normandie, dans La revue Comparatismes en Sorbonne, n°3 (La
Ruse en scène – Poétiques et politiques de la tromperie au théâtre), 2011.
- Fidélité, langage, art et pouvoir : Le Conte d’hiver de Shakespeare, article d’Anne Mounic (Université de Paris
III – Sorbonne Nouvelle), dans La revue Temporel, n°10, 2010.
- La Virtuosité shakespearienne et le tour de force maniériste dans Le Conte d’hiver, article de Josée NuytsGiornal, dans Les cahiers Shakespeare en devenir (Université de Poitiers), n°2 (Shakespeare et le
spectaculaire), 2008.