1 Giuseppe Arcimboldo et symbolisme des quatre éléments
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1 Giuseppe Arcimboldo et symbolisme des quatre éléments
1 Giuseppe Arcimboldo et symbolisme des quatre éléments 15 septembre 2007 - 13 janvier 2008 En ce moment à Paris au Musée du Sénat, une exposition des œuvres d’Arcimboldo est organisée. Elle nous intéresse, non seulement en raison de l’importance de l’auteur dans la lignée des peintres maniéristes et surréalistes et de son influence, mais également en raison du symbolisme qu’elle recèle ; évidemment dans les sujets traités, mais aussi dans les correspondances mythiques qu’elle induit. Né en 1526 dans la noblesse milanaise, Arcimboldo est répertorié pour la première fois en tant que peintre en 1549, à l’occasion de la réalisation de cartons de vitraux pour la cathédrale de Milan. Peu de temps après, il reçoit de Ferdinand de Bohème, futur empereur Ferdinand Ier, une commande pour la réalisation de blasons. Il sera ppelé à Vienne par son fils, Maximilien. Célèbre pour ses têtes anthropomorphes composées à partir de plantes, de fruits, d’animaux et autres éléments, Giuseppe Arcimboldo (1526-1593) reste un peintre encore mystérieux. L’exposition comprend une centaine d’oeuvres. Outre la présentation des célèbres têtes composées issues de collections privées et muséales du monde entier, un important ensemble de tableaux (dont de nombreux portraits inédits), de tapisseries, et d'œuvres graphiques rend hommage à l’étendue de l’extraordinaire univers pictural de l’artiste, d’une richesse allégorique et formelle inégalée. Quelques oeuvres de comparaison, dont des d'objets d'art provenant du célèbre Kunstkammer des Habsbourg et des ouvrages illustrés en lien direct avec l'artiste, permettent d'appréhender le contexte socio-culturel de l’époque et de la cour des Habsbourg, pour une meilleure compréhension de sa production. Cette exposition, placée sous la commissariat de Dr. Sylvia Ferino, conservateur de la Peinture italienne Renaissance au Kunsthistorisches Museum, est coorganisée par le Musée du Luxembourg et le Kunsthistorisches Museum, Vienne, où elle sera présentée du 11 février au 1er juin 2008. Dans l’exposition, au centre de cette pièce, figure une groupe de quatre bronze dorés attribués à Johann Gregor (circa 1570), en rapport avec les quatre éléments ; elles ont été prêtées par le Musée de Vienne. 2 Le nom d'Arcimboldo est devenu presque synonyme de ces tableaux fantastiques qui, à distance, paraissent représenter des personnages en buste, de face ou de profil, conformes à la tradition picturale de la Renaissance, et, de près, ne sont autre chose qu'un assemblage habile et parfois réversible d'éléments variés : fruits, fleurs, légumes, ustensiles de toutes sortes. Ces ghiribizzi (jeux caricaturaux) sont tantôt des allégories des saisons ou des éléments, tantôt des portraits : un cuisinier, un bibliothécaire, un jardinier, incarnés par des attributs de leur métier. L'ambiguïté de ces inventions, la virtuosité technique dont elles témoignent en font une manifestation caractéristique du maniérisme qui trouva un terrain favorable dans le Saint Empire romain germanique. L’art fantastique Il est cependant d'usage de réduire l'art fantastique aux arts plastiques, en particulier à la peinture, et plus particulièrement encore aux œuvres des artistes qui manifestent une volonté délibérée de représenter un monde irréel. Ce répertoire du fantastique pictural essentiel comprend généralement des Italiens : surtout Bracelli et Bellini ; des Allemands ou apparentés : Dürer, Grünewald, Schongauer, Baldung Grien, Cranach, Urs Graf, Altdorfer, Nicolas Manuel Deutsch ; des Flamands : Bosch et Bruegel ; des isolés : Monsu Desiderio, Arcimboldo, Goya, Blake ; quelques peintres de l'époque symboliste : Gustave Moreau et Odilon Redon ; enfin, après le douanier Rousseau et Marc Chagall, l'épanouissement surréaliste ou surréalisant avec Dali, Max Ernst, Chirico, Léonor Fini, Delvaux, Magritte, de nombreux autres. Avec Callot, Antoine Caron et Piranèse, d'une part ; avec Munch, Füssli et Fuchs, de l'autre, voici accompli le tour des œuvres qui semblent s'imposer, quels que soient les goûts et les critères personnels des enquêteurs. Il faut bien avouer que ce catalogue, quoique étrangement étroit, demeure fort disparate et qu'il réunit, lui aussi, des œuvres éminemment hétérogènes, que rassemble seulement ce qu'elles excluent : le réalisme. En son époque, Arcimboldo ne fait pas figure d'isolé. Il existe une tradition antique de masques bachiques, formés de feuilles de vigne, de raisins, de vrilles, et de camées hellénistiques du même type. Les artistes de la Renaissance, Vinci le premier, s'étaient intéressés aux faciès monstrueux, aux portraits déformés par des jeux de glace, ainsi qu'aux compositions à base d'éléments détournés de leurs fins, dont Jérôme Bosch avait été le précurseur. Peut-être connaissait-on les miniatures indiennes représentant des animaux fantastiques dont les corps sont des mosaïques de formes humaines et animales. Mention doit être faite des médailles et des caricatures satiriques de la Réforme et de la Contre-Réforme. Le goût des 3 objets étranges, des singularités de la nature ou de l'art, parfois susceptibles de faire naître l'effroi, s'exprime dans les cabinets de curiosités constitués par les princes. Enfin, l'allégorie, le langage des emblèmes étaient à l'honneur. Les peintures d'Arcimboldo étaient donc conformes aux penchants maniéristes. Elles connurent un vif succès. Comanini y voyait une combinaison de symboles à la louange de l'empereur - chaque fruit, chaque animal aurait alors un sens - mais il parle aussi du rire et de la stupeur qui s'emparaient des spectateurs. Ces sentiments complexes, comportant un élément de choc, expliquent la vogue dont jouit Arcimboldo dans les milieux surréalistes. Une vingtaine de « têtes composées » sont signées, ou décrites par les auteurs du temps, ou encore authentifiées par les inventaires des collections impériales. Parmi les allégories, signalons celles de L'Été et de L'Hiver (datée de 1563), celles du Feu (datée de 1572) et de L'Eau, au Kunsthistorisches Museum, à Vienne. Il existe d'autres exemplaires postérieurs des Saisons dans les collections particulières. Parmi les portraits, Le Bibliothécaire, Le Jardinier, Le Cuisinier (tableau réversible) et Calvin se trouvent en Suède depuis le sac de Prague, siège de la cour impériale, en 1648. On peut encore attribuer au Milanais la Tête grotesque du Landesmuseum de Graz - peut-être une allégorie de La Terre - et Le Paysan du musée de Crémone. Comanini et Lomazzo ont décrit, au XVIe siècle, d'autres « têtes composées » qui semblent perdues. Certaines œuvres connues sont des attributions discutables. A. Pieyre de Mandiargues énumère trente et un tableaux. Une série des quatre saisons est entrée au musée du Louvre, une allégorie de L'Eau aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Francine-Claire LEGRAND Le style de ses compositions Si l'on considère Arcimboldo comme un novateur dans la systématisation de ses portraits, il faut se rappeler qu'à son époque il existe déjà une tradition, depuis l'antique, de masques bachiques ou hellénistiques, formés d'éléments pris dans la Nature. Plusieurs des artistes de la Renaissance, dont Léonard de Vinci et Jérôme Bosch, s’étaient déjà intéressés aux faciès monstrueux, aux portraits déformés par des jeux de glace, ainsi qu’aux compositions à base d’éléments détournés. Les peintures d’Arcimboldo sont donc conformes aux penchants maniéristes. Son chef-d’œuvre est manifestement son portrait de Rodolphe II en Vertumne (dieu grec des récoltes et de l'abondance) daté de 1591. Si Arcimboldo n'a pas eu d’élève, il a inspiré de nombreux copistes en son temps et le genre des têtes composées se perpétue aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il est repris au XIXe siècle par les caricaturistes, notamment pour les figures de Napoléon Ier, de Napoléon III et des souverains belges, Léopold Ier et Léopold II. 4 Il est redécouvert au XXe siècle par les surréalistes adeptes du jeu de mots visuel. En revanche, c’est à tort que l’on attribue à Arcimboldo des paysages anthropomorphes dont l’origine semble flamande. Les Saisons Il s’agit d'une série de quatre tableaux peints par Arcimboldo en 1563 et offert à Maximilien II en 1569, accompagné des quatre éléments (peints en 1566). Y est joint un poème de Giovanni Battista Fonteo (1546-1580) qui en explicite le sens allégorique. Chaque tableau est constitué d’un portrait de profil, composé d’éléments rappelant la saison. L’Hiver regarde ainsi le Printemps et l’Été, l’Automne. De la version originale, ne subsiste que l’Hiver et l’Été, exposés à Vienne. L’une des versions les plus connues sont celles du musée du Louvre, copies faite par le peintre à la demande de Maximilien II pour en faire cadeau à Auguste de Saxe. Les tableaux se caractérisent par un encadré floral qui n’existaient pas sur la version première. Bibliographie J. BALTRUSAITIS, « Têtes composées », in Médecine de France, no 19, 1951 B. GEIGER, I dipinti ghiribizzozi di Giuseppe Arcimboldi, Florence, 1954 F. C. LEGRAND & F. SLUYS, Arcimboldo et les arcimboldesques, BruxellesParis, 1955 A. PIEYRE DE MANDIARGUES & D. YASHA, Arcimboldo le merveilleux, Laffont, 1977 F. PORZIO, L'Universo illusorio de Arcimboldi, Milan, 1979. Simonetta Venturi, Arcimboldo traduction Florence Cadouot (fr), Ed. Celiv, Paris (1990) Caroline Blanc, Arcimboldo, Ed. Gamma jeunesse, Tournai (1993) Claude Delafosse, J'observe les portraits d'Arcimboldo, Ed. Gallimard jeunesse, Paris (1999) Kriegeskorte, Werner, Giuseppe Arcimboldo : 1527-1593 Taschen (1993) fr) Boulicaut-Duffau, Catherine, Arcimboldo et Flaubert. Lecture du portrait "La Terre" de Giuseppe Arcimboldo, Nouvelle revue pédagogique, 11/2001, 2001/02-03 © Encyclopædia Universalis 2004, tous droits réservés Site Internet Wikipedia *** 5 Le printemps - 1573 Huile sur toile 76 x 64 cms Paris Musée du Louvre Photo Jean Gilles Berizzi L’air - non datée Huile sur toile. 70,2 x 48,7 Collection particulière © Christian Baur Printemps et Air correspondent à « Flore » Le terme flore désigne l'ensemble des espèces végétales présentes dans un espace géographique ou un écosystème déterminé (par opposition à la faune). Le terme « flore » désigne aussi l'ensemble des microorganismes (hormis les virus qui ne sont pas du « vivant ») présents en un lieu donné. Par extension, il désigne aussi les atlas répertoriant et décrivant ces espèces, et servant à déterminer les plantes (les identifier). Le nombre d'espèces à décrire étant très important, les flores les plus à destination du grand public se limitent souvent aux végétaux vasculaires ou aux plantes à graines et à leurs principales espèces. Les collections de spécimens servant à définir les différences espèces sont conservées dans des herbiers. Ce réseau d'herbiers à travers le monde est très important. C'est la référence qui permet aux botanistes de s'y retrouver et de faire le point entre les dénominations et découvertes anciennes et les identifications actuelles. Giuseppe Arcimboldo est peut être le seul qui a su, et avec quelle brio, utiliser la flore pour ses représentations. Et pourtant la flore est présente dans tout l’art pictural depuis l’aube des temps jusqu’à nos jours. Mais la plupart du temps elle ne fait « qu’encadrer » un sujet quel qu’il soit, pour le mettre en valeur. Même les peintres les plus célèbres en la matière (représentation de la nature et de la flore) n’ont pas utilisé la « manière » d’Arcimboldo. Ce dernier n’est pas, à mon sens l’un des maîtres majeur de l’art pictural mais il est le seul à avoir mis en œuvre cette 6 « manière »-là. Le maniérisme, aussi nommé Renaissance tardive, est un mouvement artistique de la période de la Renaissance allant de 1520 (mort du peintre Raphaël) à 1580. Il constitue une réaction face aux conventions artistiques de la Haute Renaissance, réaction amorcée par le sac de Rome de 1527 qui ébranla l'idéal humaniste de la Renaissance. Contrairement aux précédents mouvements artistiques, la diffusion s'amorçant, il n'est plus circonscrit à l'Italie. Le feu (environ 1566) Huile sur panneau - 67 x 52 cms Kunsthistorisches Museum, Vienne Photo S.Zeisler Allégorie de l'Été.1563. Huile sur panneau 66,6 x 50,8 Kunsthistorisches Museum, Vienne Photo S.Zeisler Feu et Eté correspondent, dans le cadre de cette exposition, à Cérès… Dans la mythologie romaine, Cérès est la déesse de l'agriculture, des moissons et de la fécondité. Elle est associée à la déesse grecque Déméter. Cérès, fille de Saturne et d'Ops (ou de Vesta ou de Cybèle), apprit aux hommes l'art de cultiver la terre, de semer, de récolter le blé, et d'en faire du pain, ce qui l'a fait regarder comme la déesse de l'agriculture. Jupiter, son frère, épris de sa beauté, eut d'elle Proserpine (assimilée à la Perséphone de la mythologie grecque). Elle fut aussi aimée de Neptune, et, pour échapper à sa poursuite, elle se changea en jument. Le dieu s'en aperçut et se métamorphosa en cheval. Les amours de Neptune la rendirent mère du cheval ArionEn Grèce, les Démétries, Céréales, ou fête de Cérès, étaient nombreuses. Les plus curieuses étaient assurément celles où les adorateurs de la déesse se fustigeaient mutuellement avec des fouets faits d'écorce d'arbres. Athènes avait deux fêtes solennelles en l'honneur de Cérès, l'une nommée Eleusinia, l'autre Thesmophoria. Elles 7 avaient été instituées, disait-on, par Triptolème. On immolait des porcs, à cause des dégâts qu'ils causent aux biens de la terre, et l'on y faisait des libations de vin doux. Ces fêtes furent introduites plus tard à Rome, sous forme de processions, les Ambarvales : elles étaient célébrées par les dames romaines vêtues de blanc.Même les hommes , simples spectateurs, s'habillaient d'étoffes blanches. On croyait que ces fêtes, pour être agréables à la déesse, ne devaient pas être célébrées par des gens en deuil. C'est pour cette raison qu'elles furent omises l'année de la bataille de Cannes. Je ne comprends pas pourquoi dans cette exposition Vulcain a été associé à l’hiver… Car Vulcain est lié au symbolisme du feu La réflexion sur le symbolisme du feu a été décisive pour les travaux de la poétique, de la symbologie et même de l'épistémologie contemporaine. Par son ouvrage, paru juste avant la guerre, La Psychanalyse du feu (1938), Gaston Bachelard esquissait pour la première fois une étude « refusant le plan historique » et se référant aux structures permanentes de la rêverie du feu. Dénonçant les valorisations scientifiques du feu, il faisait d'une pierre deux coups : d'une part il ruinait toute théorie pseudo-scientifique des « quatre éléments », d'autre part il montrait que, derrière un élément en apparence homogène à la conceptualisation et même à la sensation, le feu, se cachaient des intentions structurales divergentes. Faisant effort pour séparer le « concept scientifique » des « arrière-images » de la subjectivité, la psychanalyse objective c'est-à-dire celle qui purifie l'objet de son terroir psychanalytique - a tôt fait de dénoncer la mensongère unité de l'élémentarisme du feu. Aux intentions purement naturelles qui déjà viennent grever les trois autres éléments de la théorie classique, l'eau, la terre, l'air, de polarisations, symboliques divergentes, s'ajoute, en ce qui concerne le feu, une intention technologique majeure. C'est à juste titre que la « découverte » de ce dernier passe légendairement pour être l'invention primordiale. Aussi, tandis que les symboles des trois autres éléments étaient plutôt du ressort du psychologue, voire du psychanalyste travaillant à l'écart des implications sociales et culturelles, la symbolique du feu intéresse surtout l'anthropologie sociale et culturelle, comme en témoigne la lignée continue des ouvrages consacrés par les anthropologues à ce thème, depuis le livre classique de J. G. Frazer, Mythes sur l'origine du feu (Myths of the Origin of Fire, 1930), jusqu'à la série des Mythologiques de Claude Lévi-Strauss (Le Cru et le Cuit, 1964 ; Du miel aux cendres, 1966), en passant par Forgerons et alchimistes (1956) de Mircea Eliade. Plus que celui de tout autre élément, le symbolisme du feu est « symbolisme pluriel ». Il ne cadre pratiquement jamais avec la définition simpliste qu'en donne la théorie des éléments. Ses symboles ne sont nullement la résultante de la combinaison du « chaud » et du « sec ». C'est au contraire à un essaim d'images des plus concrets qu'il renvoie : flamme, braise, étincelle, foudre, éclair, incendie, foyer, etc. Mais, également, le symbolisme du feu est esquissé par toute la série des qualificatifs, mal reliés entre eux, que met bien en évidence l'alchimie (cf. dom A. J. Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, 1758) : lumineux, doux, chaud, ardent, digérant, sec, brûlant, et même humide. Si l'on examine ensuite les compléments indirects du feu, on retrouve la même pluralité diversifiante : forge, cuisine, incinération, coction, fusion, crémation, briquets à piston, à friction, à percussion, etc. C'est l'alchimiste, le « philosophe par le feu », qui tentera de coordonner opératoirement - et non selon une logique des éléments - tous ces accents symboliques disparates. Toutefois, puisqu'il faut bien donner ici une classification des symboles du feu, il semble que l'on peut distinguer deux axes principaux qui orientent le champ du 8 symbolisme pyrologique : l'axe des symboles calorifiques et celui des symboles fulgurants. © Encyclopædia Universalis 2004, tous droits réservés Dans la philosophie chinoise, il fait partie des cinq éléments avec le métal, l'eau, le bois et la terre. Chez les alchimistes en occident, il fait partit des quatre éléments inertes de base composant chaque matière. Les trois autres étant l'air, l'eau et la terre. Le feu est naturellement associé au Soleil, qui est également une source de chaleur et de lumière (on sait maintenant qu'il ne s'agit pas d'une combustion mais d'une fusion nucléaire). Il est également souvent associé aux volcans, comme par exemple le feu de la forge d'Héphaistos/Vulcain. Il est aussi associé aux quatre éléments (avec l'eau, l'air et la terre). De par sa puissance quasi illimitée et destructrice lorsqu'elle n'est pas contrôlée, le feu continue cependant à être craint par les hommes, ce qui lui confère une rôle très ambivalent. Parfois, il est associé à la puissance divine, d'où un grand nombre de rituels, passés ou actuels, autour du feu (voir infra). Mais il est aussi souvent associé aux forces du Mal ; dans la tradition chrétienne, l'Enfer est souvent représenté comme le royaume des flammes éternelles. Cette ambivalence se retrouve dans les aspects moraux et juridiques du feu ; tantôt il a pu être considéré comme l'instrument d'une justice transcendante (le bûcher fut une condamnation pénale courante au Moyen Âge, et existe même très localement à l'époque contemporaine ; alors que l'immolation est considérée par certains comme un acte de sacrifice suprême face à la justice des hommes, y compris dans des sociétés modernes, comme en Tchécoslovaquie en 1969) ; tantôt son usage est rigoureusement contrôlé, et parfois gravement sanctionné (l'incendie était un des plus grands crimes à Athènes). 9 L'Automne, une des allégories des saisons peintes pour l'empereur germanique Maximilien II - 1573 Huile sur toile ; 77 x 63 Musée du Louvre, Paris. © Photo Gérard Blot La terre - non datée Huile sur bois ; 70,2 x 48,7 Autriche, collection particulière ©Vienne, Collection privée,The Bridgeman Art Library Automne et Terre correspondent à Bacchus À Rome, lorsqu'on n'assimile pas Dionysos à Liber, célébré par un culte officiel, on le désigne fréquemment par un autre de ses noms grecs, Bacchus, et l'on nomme bacchanalia les sanctuaires privés où des sociétés de dévots pratiquent son culte. Les bacchanales restent associées au souvenir d'un scandale et d'une répression dont Tite-Live fait un récit détaillé en son livre XXXIX. En ~ 186, au lieu d'attribuer aux consuls de l'année des théâtres d'opérations extérieurs, le Sénat leur confie le soin de découvrir et de combattre les complots de l'intérieur. Précisément, le consul Postumius ne tarde pas à recueillir le témoignage d'une prostituée, Hispala, et de son souteneur, le jeune Aebutius, de famille équestre. Duronia, la mère d'Aebutius, à la suite d'une maladie de son fils, a fait 10 vœu de l'initier aux mystères de Dionysos s'il guérissait. Hispala, n'acceptant pas les dix jours de chasteté préparatoires à l'initiation imposés à son amant de cœur, déclare qu'il s'agit d'un complot de la mère et du beau-père d'Aebutius pour le tuer ou le déshonorer afin de ne pas lui rendre à sa majorité l'héritage paternel. En effet, comme elle l'expliquera au consul, l'affaire s'étant ébruitée, elle a été ellemême initiée. Elle sait que, depuis que le culte, à l'origine purement féminin, est devenu mixte et nocturne, il n'est que prétexte à débauche et à crimes. crimes. La nuit et le vin déchaînent les sens, on prête un serment impie, les nouveaux initiés sont violés, ceux qui refusent sont découpés en morceaux ou précipités dans des abîmes, la musique bruyante cache leurs cris. Les affiliés, très nombreux, recrutés dans tous les milieux, du sénateur à l'esclave, constituent un syndicat du crime auquel on doit imputer tous les assassinats, empoisonnements, faux testaments ou témoignages, escroqueries commis à Rome ; le pouvoir lui-même est en danger Forts de ces révélations, le gouvernement et le Sénat proclament l'état de siège dans la ville et pratiquement dans toute l'Italie ; la terreur provoque un véritable exode hors de la ville, une procédure expéditive condamne à mort de supposés coupables par milliers ; dans le Sud, une insurrection armée des bacchants tiendra plusieurs années. Une décision du Sénat (connue par une inscription) interdit sous peine de mort le culte privé de Bacchus sauf, dans d'étroites limites, avec autorisation du Sénat romain. La version officielle présente tous les caractères d'une grossière affabulation policière revenant à prendre à la lettre tout ce qui est symbolique : communion omophagique où la victime (animale) est entièrement dévorée crue ; descente dans des caves symbolisant l'Enfer d'où l'on remonte autre et immortel. Les rites sans doute chastes (on ne comprendrait pas l'obligation de pureté préalable) tendaient à assurer le salut personnel et l'immortalité de l'âme. Il y avait longtemps que cette forme de dionysisme était répandue à Rome. Naevius s'en fit le propagandiste dans sa tragédie Lucurgus et dut peut-être à cela son incarcération de ~ 206 ; Plaute a fait maintes allusions aux bacchanales, dont il peut avoir été l'adepte. Le culte des bacchants, venu de Grèce, heurtait les tenants de la tradition nationale ; par sa préoccupation du salut individuel, il s'opposait à la primauté des valeurs collectives de la cité ; il n'était pas politiquement tolérable, car, privé, il soustrayait au contrôle de l'État une part importante de la religion, tenue pour le moyen de gouvernement privilégié. Des considérations électorales du groupe de Caton, amateur de scandales à dénoncer, et les craintes d'une incompatibilité entre l'état de dévot et le service militaire (serments contradictoires) ont sans doute joué aussi. Condamné à une longue discrétion par la répression, le culte des bacchants refleurira sous l'Empire. Le symbolisme de la terre L'homme étant un mammifère « terrestre », son champ sémantique se trouve avant tout axé sur la terre, et ses multiples aspects et intimations affectives. La terre apparaît donc bien, parmi les quatre éléments de la théorie classique, comme l'élément archétype des situations de l'homme, aussi bien que des projections antithétiques du désir humain. C'est pour cette raison que Bachelard met en garde notre imagination devant cet élément terrestre primordial qui risque, tant il s'intègre dans la familiarité de notre espèce, de « boucher » toute imagination par de brutes perceptions. On constate, spécialement dans le contexte indo-européen, que le symbolisme de la terre, dans ses deux polarisations fondamentales nocturne (ou dionysiaque) et 11 diurne (ou apollinienne), récapitule pour ainsi dire - du berceau à la tombe, de l'enfer à la pierre, clef de voûte du temple, de la glèbe informe au diamant taillé toute la tradition perceptive comme tout le champ des désirs et des rêveries de l'animal terrestre qu'est l'homo sapiens. La terre est notre mère primordiale, mais elle est aussi dans ses transformations, de l'agriculture aux industries métallurgiques, le fils du génie humain, le fils que toutes les mythologies donnent à l'homme par le mystérieux accouplement avec la mère. Cette polarité incestueusement sacrée et androgyne de la terre comporte une leçon éthique : c'est que la terre monopolisée par une seule de ses valences structurales se pervertit. Perversion que la régression à un état de nature, à un paradis terrestre qui ne veut pas tenir compte de la condition laborieuse - donc mortelle et souffrante - de l'homme ; la terre qui ne serait rêvée que par l'imagination nocturne ne serait qu'un paralysant retour à l'impossible mère. Mais perversion aussi que la rêverie conquérante qui ne veut pas tenir compte des impératifs originels de l'homme terrestre, qui angélise - ou divinise - directement le labeur humain, surenchérit sur les cadences constructives et débouche finalement, non pas sur le Temple mais sur l'orgueilleuse tour de Babel. La terre, dans son aspect irréductiblement ambivalent, nous donne cette leçon d'équilibre, cette « voie du milieu » - ou cette « chambre du milieu » - où se situe la véritable « sagesse » de l'espèce. © Encyclopædia Universalis 2004, tous droits réservés Allégorie de l'Eau - 1566 huile sur panneau de tilleul - 66,5 x50,5. Kunsthistorisches Museum, Vienne. Photo S.Zeisler L’hiver - 1563 Huile sur panneau de tilleul - 67 x 50,8 Kunsthistorisches Museum, Vienne. Photo S.Zeisler 12 Eau et Hiver correspondraient-ils à Vulcain ? Dans la religion romaine, Volcanus est un dieu fort ancien, d'origine inconnue : pour certains, venu d'Ostie, il serait l'ancien dieu du Tibre ; pour d'autres, ce serait un dieu méditerranéen entré dans la religion romaine par l'intermédiaire de l'Étrurie (cf. le dieu étrusque Velchans). Il apparaît dans les plus anciens calendriers romains (dits « de Numa ») et aurait été introduit à Rome par Titus Tatius. Une autre tradition attribue à Romulus la consécration du Volcanal. Doté d'un flamine et d'une déesse parèdre, Maia, Vulcain est le dieu du feu considéré dans ce qu'il a de dangereux et de terrifiant, des incendies (les épithètes de Quietus et de Mulciber, souvent accolées à son nom, ont une valeur apotropaïque). Son lieu de culte le plus ancien était le Volcanal ou Area Volcani, adossé au Capitole, au-dessus du Comitium, contenant un arbre sacré, qui passait pour contemporain de la naissance de Rome, ainsi que les statues de Romulus et d'Horatius Coclès. Par ailleurs, Vulcain possédait un temple de construction plus récente, hors du Pomerium, sur le champ de Mars, où le dieu montait en quelque sorte la garde à l'extérieur de la ville pour la protéger des incendies ; près de ce temple se trouvaient ceux de Juturne et des Nymphes, divinités qui lui étaient associées lors de la fête des Volcanalia, le 23 août : à cette date, pour écarter les incendies qui menaçaient les récoltes, on sacrifiait dans différents lieux de la ville à Vulcain, à Stata Mater, aux Nymphes, à Juturne, à Ops Opifera et à Quirinus, divinités du feu, de l'eau et de la fécondité. Les pêcheurs du Tibre, en rite de substitution, jetaient dans le feu du Volcanal des petits poissons vivants remplaçant les âmes humaines (ludi piscatorii). Autres rites se rattachant à la notion de feu destructeur : le transfert sur le Volcanal de la statue d'Horatius Coclès frappée de la foudre ; les dépouilles des ennemis consacrées à Vulcain et brûlées. On attribuait à Vulcain la paternité de trois personnages : Cacus, Caeculus, fondateur mythique de Préneste, et Servius Tullius, la naissance de ces deux derniers étant due au pouvoir fécondant d'une étincelle. Les Romains, assez artificiellement, interprétèrent Vulcain comme le dieu grec forgeron Héphaïstos, dont il adopta les attributions. La fonction primitive de Vulcain - écarter les incendies - est cependant encore sensible dans les différents autels qui lui étaient consacrés dans la ville et, en particulier, dans ceux que Domitien fit élever pour accomplir un vœu fait à la suite de l'incendie de 64. Le symbolisme de l’Eau Au premier abord, le symbolisme des eaux semble le type même du symbolisme pluriel, voire du rassemblement de symboles contradictoires : Bachelard a bien montré dans un essai célèbre, L'Eau et les rêves et les rêves, combien les axes de symbolisation proposés par l'élément liquide étaient divergents. À l'eau calme s'oppose l'eau rapide comme à l'étang la cascade, à l'eau lustrale du baptême l'eau épaisse, croupissante, limoneuse que la poétique d'Edgar Poe a vite fait de confondre avec le sang (M. Bonaparte, Edgar Poe, sa vie, son œuvre, étude analytique). L'eau claire et bienfaisante que l'on boit aux sources et aux fontaines a pour antithèse l'eau mortelle des noyades et des déluges. Nous avons nous-même repéré jadis (in Structures anthropologiques de l'imaginaire), lorsque nous différenciions l'« eau noire », l'eau sanglante, l'eau lustrale, le solvant des « teintures », l'eau océane, etc., ces diverses accentuations d'un symbolisme qui contraint l'eau, seule parmi les quatre éléments, à se mettre au pluriel. Pluriel 13 qui se pluralise de nouveau, si l'on peut dire, lorsque les eaux se différencient encore davantage par leurs températures : en vapeur, en glace et en neige. En témoignent le nombre et les appellations innombrables des divinités des eaux, de toutes les eaux, nymphes, naïades, néréides, sirènes, océanides, nagi et, plus tard, fées, vouivres et serpents de nos fontaines et de nos sources. Fils et filles des divinités aquatiques sont à leur tour innombrables, chacun d'eux - telles les neuf filles d'Aegir, le Poséidon scandinave - symbolisant un aspect de l'eau changeante : houle, mer déchaînée, vagues et marées spoliatrices. Et cependant l'on peut se demander si cette pluralité n'est pas qu'apparente et si, justement, le pluriel auquel se mettent « les eaux » n'est pas constitutif de la symbolique de cet élément et ne crée pas une cohérence plus forte dans le symbolisme aquatique que celle existant dans celui du feu, de l'air et surtout de la terre. Tandis que le feu et la terre (l'air est à peine un élément, puisque son symbolisme se résout facilement dans celui du ciel et qu'il n'est pas compris dans les cinq éléments de la cosmologie chinoise) sont des éléments formateurs ou formels, c'est-à-dire par lesquels une forme est accordée ou manifestée aux choses, la fonction des eaux, comme le remarque Eliade (Traité d'histoire des religions), « quel que soit l'ensemble religieux où elles sont présentes [...], s'avère toujours la même : elles désintègrent, abolissent les formes [...] ne pouvant jamais dépasser leur propre modalité, c'est-à-dire ne pouvant se manifester dans des formes ». Le pluriel des eaux n'est que le symbole au deuxième degré, si l'on peut dire, de cette qualité qu'ont les eaux d'être le réservoir indifférencié de toutes les formes possibles. Elles sont ce solvant fondamental, l'Alkaest que cherchait, sur le plan chimique, Paracelse. L'eau étant toujours ce qui ne peut venir qu'avant ou après la forme va voir tous ses axes symboliques polarisés par cette puissance de l'informel. On peut ainsi distinguer, sous le geste solvant et absolvant fondamental de l'archétype aquatique, cinq directions essentielles du symbolisme aquatique : celle de l'eau germinale et fécondante, celle de l'eau médicale, source miraculeuse ou boisson d'éternité, celle de l'eau lustrale et baptismale, celle enfin de l'eau diluviale permettant la purification et la régénération du genre humain. L'eau dans les croyances L’eau a longtemps revêtu plusieurs aspects dans les croyances et les religions des peuples. Ainsi, de la mythologie gréco-romaine aux religions actuelles, l’eau est toujours présente sous différents aspects : destructrice, purificatrice, source de vie, guérisseuse et protectrice. L'eau destructrice : L’eau revêt cet aspect-là notamment lorsqu’on parle de fin du monde ou de genèse. Mais cela ne se limite pas aux religions monothéistes. Ainsi, dans l’épopée de Gilgamesh, une tempête qui dura six jours et sept nuits était à l’origine des inondations et de la destruction de l’humanité. Les Aztèques ont eux aussi cet aspect de l’eau puisque le monde du Soleil d’Eau placé sous le signe de l’épouse de Tlaloc est détruit par déluge qui rasera même jusqu’aux montagnes. « Et l’Éternel dit : J’exterminerai de la face de la terre l’homme que j’ai créé, depuis l’homme jusqu’au bétail, aux reptiles, et aux oiseaux du ciel ; car je me repens de les avoir faits. », c’est par cela qu’est désignée la fin du monde dans la 14 genèse judéo-chrétienne, et d’ajouter : « Les eaux grossirent de plus en plus, et toutes les hautes montagnes qui sont sous le ciel entier furent couvertes. » (La genèse, (VI, 7)/ (VII, 19)). Le mythe des aborigènes d’Australie est, quant à lui, attaché à l’idée de punition et non pas de destruction, puisqu’une grenouille géante aurait absorbé toute l’eau et asséché la terre mais aurait tout recraché en rigolant aux contorsions d’une anguille. L’eau purificatrice : Cet aspect donne à l’eau un caractère presque sacré dans certaines croyances. En effet, outre la purification extérieure que confère l’eau, il y a aussi cette faculté d’effacer les difficultés et les péchés des croyants à son contact, et de laver le croyant de toute souillure. Les exemples sont nombreux allant de la purification dans le Gange dans l’hindouisme (où beaucoup de rituels sont exécutés au bord de l’eau tels que les funérailles), ou les ablutions à l’eau dans l’Islam jusqu’au baptême dans le christianisme ou l’initiation des prêtres shintoïstes. L’eau guérisseuse et protectrice : Outre l’aspect purificateur, l’eau s’est étoffée au cours des siècles et des croyances d’une faculté de guérison. Plusieurs signes de culte et d’adoration datant du néolithique ont été retrouvés près de sources d’eau en Europe. Longtemps, des amulettes d’eau bénite ont été accrochées à l’entrée des maisons pour protéger ses occupants du Mal. On considère que le contact avec certaines eaux peut aller jusqu’à guérir de certaines maladies. L’exemple le plus proche est celui du pèlerinage à Lourdes en France où chaque année des milliers de gens se rendent pour se baigner dans sa source chaude. Parmi les cas de guérison par l’eau de Lourdes, 67 ont été reconnus par l’Église catholique. Du point de vue de la science, les propriétés curatives ont été démontrées puisque, aujourd’hui, l’hydrothérapie est courante dans les soins de certaines maladies. L’eau source de vie : Bien que les sciences aient démontrées que l’eau était indispensable à la vie, la mythologie avait bien avant établi le rapport entre l’eau et la naissance. Ainsi, plusieurs dieux et déesses romains et grecques sont issus des eaux : ainsi Océan, un Titan, le fleuve qui entoure le monde et son épouse Téthys, une titanide, tous deux issus de l’eau donnèrent naissance aux dieux fleuves et à plus de trois milles Océanides, leurs filles. D’autres plus célèbres ont leur vie liée à l’eau tels Vénus (« celle qui sort de la mer »), Amphitrite (déesse de la mer), Poséidon ou Nérée (divinité marine). Les quatre éléments La théorie des quatre éléments est une manière traditionnelle de décrire et d'analyser le monde, laquelle n'est plus utilisée de nos jours que dans le domaine ésotérique. C'était une hypothèse de certains philosophes de la Grèce antique, et notamment d'Empédocle d'Agrigente au IVe siècle avant Jésus-Christ, selon laquelle tous les 15 matériaux du monde seraient composés de quatre éléments : l'eau ; l'air ; la terre ; le feu. Aristote se range à ce modèle continu de la matière. Démocrite, lui, l'avait refusé, comme le fera à sa suite Epicure : tous deux sont partisans de l'hypothèse atomiste. Symbolique et qualités élémentaires L'interprétation symbolique des quatre éléments repose sur leur décomposition en qualité élémentaires, suivant deux axes d'analyse que sont le chaud et le froid d'une part; et le sec et l'humide d'autre part. Le chaud est d'une manière générale un principe d'énergie, d'activité et d'impulsion. Par opposition, le froid est un principe de passivité et de résistance. Le sec est un processus d'analyse, de séparation, d'individualisation, de contraction et de repli sur le détail ou sur soi. Il se déroule dans une atmosphère rigide et cassante, allant aux extrêmes. Par opposition, humide est un processus de synthèse, de liaison et de collectivisation, d'ouverture sur la globalité et le collectif. Il est conduit dans une atmosphère de détente et de souplesse. Dans cette analyse, la terre hérite des qualités froides et sèches (ce sont les qualités de la cendre), le feu est sec et chaud, l'air est chaud et humide (il s'agit du souffle exhalé) et l'eau est froide et humide. Le cinquième élément Il existe également dans la tradition ésotérique un cinquième élément, parfois appellé Akasha, qui signifie éther ou esprit. Le tout peut-être représenté par le pentagramme, qui rappelle cette symbolique: l'air, l'eau, le feu et la terre, le tout uni a l'esprit, forment le chemin que les "sorciers" (ou les magiciens) utilisent pour pouvoir utiliser la magie des éléments. 16 L'éther représente quintessence. également ce cinquième élément. On l'appelle aussi Solides de Platon Platon associait les 5 polyèdres réguliers qu'il connaissait aux éléments: le feu au tétraèdre, la terre au cube, l'air à l'octaèdre, l'eau à l'icosaèdre. Le dodécaèdre a un statut plus flou: il serait la structure de l'univers. On l'attache donc souvent à l'éther. Description holistique et analogie L'homme zodiacal - Angleterre, c.1425-1550 Pour les philosophes grecs, cette théorie décrit la "nature élémentaire" du monde en général, dans toutes ses manifestations. Elle traite donc de la "nature" de la matière, comme la physique ou la chimie moderne, mais conduit également à une classification de la "nature" des plantes et des animaux, et une classification de la "nature" des caractères, maladies et sentiments élémentaires de l'homme. L'idée qui sous-tend l'utilisation analogique des quatre éléments est que ces différentes manifestations objectives (matière, plante, animal, maladie,...) sont structurées par une même réalité sous-jacente, commune aux différentes manifestations ; et que le déséquilibre qui apparaît dans un plan de manifestation peut être corrigé par analogie, à travers une action spécifique sur un autre plan. C’est cette même approche qui reste encore utilisée de nos jours dans de nombreux domaines de l’occultisme. Cette approche holistique a par la suite dominé la médecine, dont la clef d'analyse a pendant des siècles été d'analyser les déséquilibres élémentaires et de les corriger par des prescriptions fondées sur l'analogie des substances. Pour l'approche médicale: • Le Feu correspond à un tempérament Bileux, à l'appareil musculaire, à toute l'activité volontaire. C'est un tempérament sec et actif. 17 L'Air correspond à un tempérament Sanguin, à l'appareil respiratoire et circulatoire, aux fonctions sexuelles. C'est un tempérament dilaté et tonique. • L'Eau correspond à un tempérament Lymphatique, à l'appareil digestif, à l'état végétatif et au sommeil. C'est un tempérament dilaté mais passif. • La Terre correspond à un tempérament Nerveux, au système nerveux et aux fonctions cérébrales, à toutes les fonctions de contrôle. C'est un tempérament sec et statique. Suivant les auteurs, cette correspondance peut se mêler de symbolisme astrologique plus ou moins prononcé, dont l'exemple type est "l'homme zodiacal", correspondance entre les signe et la "nature occulte" des membres. *** Au terme de cet essai, il faut reproduire deux images, ne pas le faire serait une faute. Vous comprendrez pourquoi, les voici : Géométrie Costume de théâtre - 1585 Dessin en l’honneur de Rodolphe II Dessin à la plume rehaussé de lavis bleu 304 x 206 mm Florence, galerie des Offices © Gabinetto fotografico, Florence Les quatre saisons en une seule tête Huile sur panneau - 60,4 x44,7 New York, collection particulière 18 Ci-dessus,donc, deux œuvres : l’une correspond à un concept qui nous est cher ; l’autre, celle de droite,est une sorte de « résumé » des tableaux précédents. Les Quatre saisons ici figurées dans un seul visage (de trois quart ce qui est rare) serait une de ses dernières compositions et représenterait la mélancolie. Quant à celles-ci, regardez-les à l’envers… … car il ne semblait pas manquer d’humour !
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