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Contre l'oubli
Concert de musique de chambre de l'exil et de la déportation
avec le soutien du Forum culturel autrichien, en coopération avec Hélène Roussel
dimanche 30 janvier 2011 à 17h00
Proposé à l'occasion de la Journée de la mémoire de l'holocauste et de la prévention des crimes contre
l'humanité, ce concert commémore l'anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz (27 janvier).
Il contribue au travail de mémoire visant à faire revivre les œuvres des victimes de la dictature nazie.
MAURICE RAVEL : Kaddish, tiré de Deux mélodies hébraïques
(arrangement pour violon solo de Katharina Hötzenecker)
WERNER PIRCHNER : Shalom ? PWV 30b pour violon et violoncelle
ERNST KRENEK :
Suite pour violoncelle solo op. 84
HANNS EISLER :
Prélude et fugue sur B.A.C.H. pour violon, alto et violoncelle
GIDEON KLEIN :
Trio pour violon, alto et violoncelle
KATHARINA HÖTZENECKER, violon
CHARLENE YEH, alto
THOMAS KAUFMANN, violoncelle
Participation aux frais : 7€ (plein tarif) / 4€ (tarif réduit)
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Lieu : Maison Heinrich Heine - Fondation de l’Allemagne, Cité Internationale Universitaire de Paris
27c, bd Jourdan, 75014 Paris - Tél. 01 44 16 13 00 – Fax 01 44 16 13 01
RER B / T 3 Cité Universitaire, Bus : Stade Charléty, 21, 67
[email protected] – www.maison-heinrich-heine.org
« Le bourreau tue toujours deux fois, la seconde fois par l'oubli » (Elie Wiesel)
La culture juive jouissait d’une grande estime en Europe avant les persécutions nazies,
notamment auprès des compositeurs. Maurice Ravel en est un exemple qui composa un Kaddish par
lequel nous ouvrirons ce concert. Nous aborderons ensuite quatre autres œuvres qui éclairent de
différentes façons ce que la période nazie a représenté pour les artistes persécutés, dans leur création
artistique comme dans leur destin.
MAURICE RAVEL (1875-1937) composa ce Kaddish en 1914 sur une commande de la cantatrice
Alvina Alvi, soprano à l’Opéra de Saint-Pétersbourg. C'est la première de ses Deux Mélodies
Hébraïques. Cette prière, qui entremêle l’hébreu et l’araméen, célèbre dans la liturgie juive le nom
divin, mais est également devenue une prière funèbre, qui est récitée, ou, selon le rite séfarade, chantée.
S’inspirant d’un Kaddish du Nouvel an juif (Roch Hachana), mais contrairement à la tradition de faire
toujours interpréter cette prière par des hommes, Ravel a écrit son Kaddish pour une voix de femme
accompagnée au piano ou à la harpe, avant d'en donner en 1919/1920 une version orchestrale. Depuis,
ce morceau a été arrangé pour divers instruments, dont le violon solo.
WERNER PIRCHNER (1940-2001), compositeur autrichien, indique en exergue de Shalom ? :
« composé au début de 1988 pour violon solo comme musique accompagnant la pièce de théâtre Kein
schöner Land (Il n'est pas de plus beau pays) de Felix Mitterer ». Cette pièce présente le destin symptomatique d'un homme, un Tyrolien d'origine juive qui, sous le régime nazi, a refusé de choisir l'exil.
« C'est un homme qui aimait la paix, et c'est peut-être », ajoute Werner Pirchner, « ce qui rend cette
musique aussi souriante ». Mais cet attachement au pays natal, il le paiera de sa vie : il périra en
déportation. Shalom ? jette sur ce qui a conduit à l'holocauste le regard rétrospectif d'une nouvelle
génération.
HANNS EISLER et GIDEON KLEIN étaient tous deux, en tant que Juifs, et Eisler, aussi en tant
qu'opposant politique, menacés par les persécutions nazies, et ne pouvaient y échapper qu'en s'exilant :
l'un y parvint, l'autre périt dans l'holocauste.
HANNS EISLER (1898-1962), l'un des principaux disciples de Schönberg, dut quitter l'Allemagne nazie fin février 1933, au lendemain de l'incendie du Reichstag. Son exil le conduisit à Paris, à
Svendborg chez Brecht, à Londres, et à partir de 1938 aux USA, dont il fut chassé en 1948 par le
maccarthysme. Eisler indique que Prélude et fugue sur B.A.C.H. op. 46, écrit en juin 1934 à Paris, doit
« prouver aux jeunes musiciens qu'avec la technique dodécaphonique, on peut faire une musique
simple, facile à comprendre, logique. » Ailleurs il précise, non sans ironie : « Mettre B.A.C.H en
exergue ne signifie pas rendre hommage à Jean Sébastien Bach, qui n'a nul besoin d'être honoré de la
sorte. Ce choix fait écho, au contraire, à la mystique petite-bourgeoise du musicien moyen qui souvent
ne comprend de Bach que les lettres B.A.C.H. Cette référence vise à lui donner envie d'étudier cette
œuvre mineure. »
GIDEON KLEIN (1919-1945), compositeur et pianiste tchèque, fut déporté à 21 ans à
Theresienstadt en 1941, les nazis l'ayant empêché en 1940 d'aller poursuivre ses études à Londres
comme boursier de la Royal Academy of Music. Il y devint l'un des musiciens les plus réputés. Déporté
ensuite à Auschwitz en décembre 1944, quelques jours après avoir achevé son Trio à cordes, puis à
Fürstengrube, une dépendance d'Auschwitz où il travaillait dans les mines de charbon, il y mourut peu
avant la libération du camp dans des circonstances non élucidées. Il a laissé une œuvre d'une grande
qualité, que l'on commence seulement à redécouvrir depuis quelques années.
ERNST KRENEK (1900-1991), compositeur autrichien d'origine tchèque, n'était pas Juif, mais il
fut catalogué par les nazis comme « bolchévik culturel » : pour la modernité de sa musique, qui s'était
orientée vers l'atonalité et le dodécaphonisme, et à cause de son opéra-jazz Jonny spielt auf (1927),
dont le succès fut international. Ses oeuvres et ses écrits musicologiques et de critique musicale furent
interdits en Allemagne dès 1933, et la création de son opéra atonal Karl V. (Charles Quint) fut
empêchée à Vienne en 1934 par le gouvernement austrofasciste, pour des raisons politiques. Contraint
à l'exil après l'Anschluss, Krenek enseigna aux États-Unis, prit en 1945 la nationalité américaine, et
continua à expérimenter dans des directions nouvelles (musique modale, sérielle, aléatoire,
électronique). Mais jamais il ne retrouva la renommée qu'il avait eue avant l'époque nazie. L'exil a fait
de lui, dira un critique, « un homme célèbre, inconnu ». Sa Suite pour violoncelle solo op. 84, de
février 1939, est la deuxième œuvre qu'il composa après son arrivée aux USA.
Les interprètes :
KATHARINA HÖTZENECKER - VIOLONISTE
Née à Linz, en Autriche, Katharina Hötzenecker suit ses premiers cours de violon à l'École de musique
et au Conservatoire Bruckner de cette ville. À partir de 1997, elle étudie à l'Université de musique et
des arts du spectacle de Vienne, auprès de Gerhard Schulz (membre du quatuor Alban Berg), et de
Christian Altenburger. Elle y obtient en 2007 son diplôme de Magister Artium : mention excellent à
l'unanimité. Actuellement, elle étudie auprès de Evgenia Tchougaeva, en continuant des études de
musicologie à l'Université de Vienne et de droit à Linz. Elle a obtenu plusieurs premiers prix aux
concours nationaux autrichiens pour jeunes musiciens : « Prima la Musica », dans les catégories violon
solo et musique de chambre. En 2001, elle a été lauréate de la fondation Musica Juventutis créée par le
Wiener Konzerthaus, et boursière de la fondation suisse Thyll-Dürr. En 2002, elle remporte le premier
prix du concours Stéphanie Hohl à l’Université de Musique et d'arts du spectacle de Vienne, dont le
prix d'honneur lui est décerné en 2009 pour ses performances musicales exceptionnelles.
Après des débuts de soliste à 14 ans avec l'Orchestre de chambre de Vienne, dirigé par Yehudi
Menuhin, au Festival Haydn de Eisenstadt, elle a participé à de nombreux concerts en Autriche et à
l’étranger, notamment aux festivals d'été de Saint-Gall, de Neuberg, de Piran (Slovénie), aux Young
Artist’s Series de Londres, à Salzbourg (Schloßkonzerte), à Krems (Festival East-West), à Modène et à
Milan. Elle a joué à Vienne au Konzerthaus (notamment en 2004 dans le double concerto de Brahms,
avec l'Orchestre Philharmonique de Chambre de Vienne dirigé par Claudius Traunfellner), aux concerts
de la fondation Thyll-Dürr, et en Haute Autriche aux « Stiftskonzerte », donnés dans les églises de
couvents baroques, avec l’Orchestre Bruckner de Linz dirigé par Theodor Guschlbauer, et au festival
de Neuberg. Elle a également joué à Moscou au Forum Moskovskij (festival de musique nouvelle du
Conservatoire Tchaïkovski) ainsi qu'à Paris (Festival 1, 2, 3... Cultures et Maison Heinrich Heine) ;
enfin, en ambassadrice de la musique autrichienne, aux Forums Culturels autrichiens de Londres, Paris,
Prague et Moscou.
Katharina Hötzenecker est une chambriste aux talents multiples. Parmi ses partenaires de musique de
chambre figurent Gerhard Schulz, Walther Schulz, Christian Altenburger, Thomas Selditz, Michael
Kugel, Leonid Sorokov, Attila Pasztor, Takashi Shimizu, Gernot Winischhofer, Yvonne Timoianu,
Denis Evesque, Richard Harwood, Noam Greenberg, Gottlieb Wallisch et Till Alexander Körber. De
2005 à 2008, elle a appartenu à l’Orchestre de jeunes Gustav Mahler de Claudio Abbado, dont la
fondation lui a accordé plusieurs bourses. Depuis 2007, elle est membre de l’ensemble italien Spira
Mirabilis.
THOMAS KAUFMANN - VIOLONCELLISTE
Né en 1981 à Graz, Thomas Kaufmann y est entré à 10 ans à l'Université de musique et des arts du
spectacle, dans la classe de Hildgund Posch. En 1998, il a intégré la masterclass de Heinrich Schiff à
l'Université de musique et des arts du spectacle de Vienne, où il a obtenu en 2006 son diplôme de fin
d'études, mention très bien. En 2009 il a achevé des études postgraduées auprès de Troels Svane à la
Musikhochschule Hanns Eisler de Berlin, également mention très bien. Actuellement, il y suit un
cursus de master de musique de chambre. Il a été boursier du DAAD, du ministère autrichien de
l'éducation, de la science et de la culture, et de la fondation suisse Thyll-Dürr.
Il a également reçu des impulsions musicales de Boris Pergamenchtchikov, Antonio Meneses, Frans
Helmerson, Steven Isserlis, Ralph Kirshbaum, Gary Hoffman, Thomas Quasthoff, Ferenc Rados,
Gabor Takacs-Nagy, Schmuel Ashkenasi, Hatto Beyerle et Juliane Banse, ainsi que de membres des
quatuors Artemis et Alban Berg. En tant que violoncelliste du Trio Imàge, qui en 2009 a été accueilli
dans le programme de l'Institut Goethe, il travaille avec Eberhard Feltz, Andreas Reiner et Heinrich
Schiff, et a notamment été primé au Concours international Schubert et au Concours international
Joseph Joachim.
Il participe régulièrement à l'Open Chamber Music Festival de Prussia Cove (Angleterre), et a
également donné des concerts dans de nombreux festivals : à Aix-en Provence, Verbier, Kyoto
(International Music Students Festival), Bonn (Beethovenfest), Herrenchiemsee, Eisenstadt (festival
Haydn), Vienne (Jeunessekonzerte), Salzbourg (Schloßkonzerte), en Haute Autriche
(« Stiftskonzerte »). Il a joué à Vienne (notamment au Musikverein) et à Klagenfurt, aux Philharmonies
de Berlin et de Cologne, à Francfort (Alte Oper). Il a également donné des concerts en Espagne, en
Finlande, en Italie, au Japon, en Inde, au Sri Lanka, aux USA et au Venezuela. Thomas Kaufmann a
joué en solo dans des projets de la Camerata de Salzbourg et de l'Orchestre de chambre de Munich, en
2007 il a été remplaçant à la Philharmonie de Vienne, et il est membre de l'orchestre
« Klangverwaltung » de Munich, ainsi que de l'ensemble de Martin Grubinger « Strings and
Percussion ».
CHARLENE YEH - ALTISTE
Charlene Yeh est née au Canada. Après avoir étudié le violon pendant 15 ans, elle a découvert l'alto et
poursuivi ses études à la Glenn Gould School du Conservatoire Royal de Musique à Toronto, où elle a
obtenu son diplôme de Bachelor of Music dans la classe de Steven Dann, ancien alto solo du
Koninklijk Concertgebouworkest d'Amsterdam. En 2004, elle a commencé à s'intéresser à la musique
ancienne, et elle a étudié pendant deux ans au Conservatoire Royal de La Haye, dans les classes de Kati
Debretzeni, d'Elizabeth Wallfisch et d'Enrico Gatti. Elle a également suivi des formations au sein de
l'Orchestra of the Age of Enlightenment à Londres, de l'Academia Montis Regalis à Turin, du Carnegie
Hall Young Professionals Training à New York, et de l'Académie du Festival d'Aix-en-Provence. Enfin,
en 2010, elle a obtenu son diplôme de Master au Conservatoire national supérieur de musique de Paris
(CNSMDP), dans la classe de François Fernandez. Elle joue régulièrement avec l'orchestre baroque
« Tafelmusik » de Fribourg, ainsi qu'avec « Capriccio Stravagante », et « Opera Fuoco », qui est en
résidence à Saint-Quentin-en-Yvelines.