Pour Bertrand Schwartz Je ne sais plus quand j`ai rencontré
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Pour Bertrand Schwartz Je ne sais plus quand j`ai rencontré
Pour Bertrand Schwartz Je ne sais plus quand j’ai rencontré Bertrand Schwartz, probablement quand j’ai participé au premier stage organisé par Jacky Beillerot et par Gérard Leruch pour former les premiers « animateurs en formation continue » en 1972. Puis je l’ai retrouvé alors que je travaillais à l’Agence nationale pour le développement de l’éducation permanente (ADEP). J’ai alors eu la chance de participer à la mission qui lui avait été confiée par le gouvernement socialiste nouvellement élu en 1981 pour faire des propositions pour l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. C’est alors que nous avons imaginé les missions locales pour l’emploi des jeunes et que j’ai appris ce que je sais : écouter, analyser collectivement, faire des hypothèses, hésiter, vouloir avancer en osant faire, mêler pratique et théorie dans des recherche-actions. J’ai ensuite rejoint la mission de préfiguration du musée des sciences de La Villette, devenue ensuite la Cité des sciences et de l’industrie où j’étais en charge de la formation. J’ai ainsi pu mettre en œuvre ses idées et elles ont depuis toujours guidé mon action. C’est grâce à lui et à Gérard Sarazin que j’ai pu imaginer la première formation à la muséologie des sciences et des techniques, formation qui a donné lieu à de multiples applications. Une action pour l’insertion des jeunes a bénéficié des dispositifs qu’il mettait en place sous le label « nouvelles qualifications » et a lancé l’ensemble des formations maintenant reconnues sous le nom de « médiation culturelle ». Nous avons pu créer le Passage des métiers, sur le modèle des missions locales pour l’emploi des jeunes : ce petit espace s’est considérablement développé jusqu’à devenir, grâce à François Vaysse et à Olivier Las Vergnas, sur le site même de la Villette la Cité des métiers. Ce projet s’est considérablement développé dans le monde entier, et constitue aujourd’hui un important réseau : http://www.reseaucitesdesmetiers.com/21-histoire.php. C’est aussi en lien avec les principes qu’il nous avait donnés que nous avons pu mettre en place, sous la responsabilité de Claude Bapst, qui avait également travaillé avec Bertrand Schwartz à l‘ADEP, l’Association de prévention du site de La Villette (APSV : http://apsv.fr/apsv-en-quelques-mots/) qui visait à aider les jeunes des quartiers proches du nouveau lieu à le fréquenter et à y concevoir leur avenir. D’autres expérimentations ont alors été tentées, toujours avec l’esprit schwartzien, telle la formation des nouveaux inspecteurs et enseignants de technologie ou celle des rédacteurs de notices d’utilisation des alors tout récents ordinateurs personnels. Etudier collectivement et identifier les compétences nécessaires des entreprises en se servant des manipulations que le musée des sciences inventait, voilà qui nous a passionnés. Joindre formation formelle et formation informelle, dans le désir d’apprendre et la reconnaissance des compétences collectives. Lorsque j’ai rejoint le ministère de la culture j’ai continué d’appliquer les bonnes méthodes du professeur Schwartz et imaginé les formations à la médiation culturelle que l’on trouve maintenant dans un très grand nombre d’universités. Le médiateur, cet accompagnateur qui avait pour fonction d’aider le maximum de gens à entrer dans le monde de la culture. Les principes qu’il nous avait enseignés nous ont alors conduits à mettre en place en même temps les emplois et les concours de recrutement qui devaient permettre aux jeunes ainsi formés de trouver du travail et de répondre aux nouveaux besoins culturels des équipements qui se développaient alors partout. http://www.cidj.com/article-metier/mediateur-culturel-mediatrice-culturelle Faire une place à ceux que les transformations des pratiques des outils de production rejetaient dans le chômage, telle fut la leçon que Bertrand Schwartz nous donna. Cela reste dramatiquement insuffisant parce que nous n’avons pas assez écouté cette parole, parce qu’il est plus facile d’exclure que d’inclure. Bibliographie : Elisabeth Caillet, avec la collaboration d'Evelyne Lehalle, À l'approche du musée, la médiation culturelle, Lyon : Presses universitaires de Lyon, 1995. Serge Chaumier, François Mairesse. La médiation culturelle, Coll. U, Armand Colin, 2013. Fanny Serain, François Vaysse, Patrice Chazottes, Elisabeth Caillet, (sous la direction), La médiation culturelle, cinquième roue du carrosse ?, L’Harmattan, coll. Patrimoines et sociétés, 2016