Le cinéma du Sud se projette à Vevey, puis dans

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Le cinéma du Sud se projette à Vevey, puis dans
Riviera - Chablais 19
24 heures | Mardi 7 juillet 2015
Vacances
L’âme des colonies de Vevey rend
son tablier après 53 ans d’activité
Véritable pilier
d’une institution
séculaire, Maryse
de Micheli se retire.
Souvenirs
«Le Régional»
reprend
son destin
en main
Raphaël Delessert
Les dortoirs étaient spartiates, le
budget maigrichon et les moniteurs peu nombreux: situées aux
Monts-de-Corsier, les anciennes
colonies de Vevey ont pourtant
égayé, de 1898 à 1974, l’été de centaines d’enfants de condition modeste. Depuis 1975, c’est à Château-d’Œx que les bambins, âgés
de 7 à 12 ans, vont passer deux semaines de vacances. La tradition se
perpétue toujours et un autocar a
ainsi emmené, hier, 37 écoliers au
Pays-d’Enhaut. Si ce départ vers les
cimes a embué les yeux des parents venus accompagner leurs rejetons, il revêtait un caractère tout
particulier pour Maryse de Micheli. La Veveysanne tirera sa révérence à la fin de l’année, après
avoir été le pilier des colonies de
vacances pendant cinquante-trois
ans. «C’est mon dernier départ. Je
suis émue, mais je n’ai pas versé de
larmes. Je me prépare depuis plusieurs mois à tourner cette page»,
explique celle qui a accepté de
nous ouvrir son livre de souvenirs.
Construits à la fin du XIXe siècle, les bâtiments des Monts-deCorsier comptaient quatre grands
dortoirs de vingt places chacun et
seulement quatre cabinets de toilette. De quoi rendre le quotidien
des moniteurs plutôt… animé
quand la gastro-entérite ravageait
les dortoirs. «Je me rappelle aussi
d’une épidémie de conjonctivite,
on passait nos journées à faire des
compresses de camomille aux enfants», sourit Maryse de Micheli.
Dans les années 1960, on avait peu
d’argent, mais beaucoup d’idées
pour occuper les écoliers durant
leur séjour d’un mois sur les hauts
de la Riviera. Jeux de piste, bricolages, tournage de film en super-8,
chants et même culte le dimanche
matin. «La vie était simple. Et notre budget était consacré en priorité aux repas. Parce que des enfants bien nourris, ce sont des enfants heureux!»
Fugues prohibées
C’est aux Monts-de-Corsier, en
1962, que Maryse rencontre Francis de Micheli, son futur époux,
adolescent tout droit débarqué de
Cannes. Les deux moniteurs tombent amoureux et se marieront six
Le Groupement des amis
du «Régional» a acheté
les actions mises en vente
par Tamedia. Afin de
pouvoir pérenniser la ligne
éditoriale et la formule
actuelles du journal
Dernier départ pour la présidente, émue, hier matin à Vevey. Les bambins ont pris le car pour Château-d’Œx. CHANTAL DERVEY
«Notre budget
était consacré en
priorité aux repas.
Parce que des
enfants bien nourris
sont des enfants
heureux»
Maryse de Micheli Présidente
de l’Association des colonies
ans plus tard. Le couple fera carrière dans l’enseignement: Maryse dans les classes enfantines et
Francis chez les plus grands.
Nommé directeur des écoles se-
condaires de Vevey en 1991, il sera
même le premier Français appelé
à diriger une école vaudoise.
En 1964, âgée d’à peine 20 ans,
Maryse de Micheli se voit promue
directrice des colonies. «Quand je
me suis retrouvée sur le quai de la
gare à Vevey, entourée de 80 enfants, je me suis demandé ce que
je faisais là», se souvient celle qui,
d’entrée, brise une vieille coutume: «Traditionnellement, un ou
deux enfants faisaient une fugue
pendant leur séjour en colonie.
On les récupérait vite car ils n’allaient pas bien loin, mais agissaient par gloriole, ce qui suscitait
l’admiration de leurs camarades.
Je leur ai tout de suite dit que je ne
tolérerais plus ces escapades.»
En 1974, les bâtiments des
Monts-de-Corsier, insalubres,
sont abandonnés et tout le monde
déménage au chalet de la Cheneau, à Château-d’Œx. Maryse de
Micheli devient secrétaire de l’Association des colonies de Vevey,
puis sa présidente en 1992.
Le boursier condamné
Les années 1980-1990 constituent
une période faste sur le plan financier et les écoliers s’essaient
au minigolf et aux balades à cheval, ou passent leurs journées à la
piscine. En décembre prochain, le
comité qui pilote l’association
rendra donc son tablier (lire cidessous). Il a été passablement
ébranlé, ces dernières années, par
les crapuleries de l’ancien boursier des colonies, qui a vidé les
caisses de l’association, empochant 420 000 francs. L’homme a
été condamné, en décembre dernier, à 21 mois de prison avec sursis pendant cinq ans.
«Je ne souhaite pas revenir làdessus», souffle Maryse de Micheli, qui préfère évoquer les
bons souvenirs: «Ça a quand
même représenté une grande partie de ma vie… De nature bileuse,
j’ai toujours eu très peur qu’un
accident survienne. Nous avons
heureusement été épargnés. J’ai
aussi réalisé que ces enfants
avaient besoin de ce bol d’air estival. Certains d’entre eux n’ont pas
une vie facile.»
La Ville continuera à mettre la main au porte-monnaie
U Les colonies de Vevey sont
entièrement financées par
la Commune depuis 2010;
l’Association des colonies est
en effet exsangue depuis que
son ancien boursier a vidé les
caisses, entre 1978 et 2009. Vevey
débourse ainsi 25 000 francs par
année pour l’organisation de ces
séjours estivaux au chalet de la
Cheneau, à Château-d’Œx. «Nous
avons soutenu l’association
dès que cette affaire a éclaté»,
rappelle Manon Fawer. Cheffe
de service à la Direction de
l’éducation, de la jeunesse et
des sports, elle précise que
ces vacances sont désormais
ouvertes à tous les enfants
scolarisés à Vevey, et plus
seulement aux familles
de condition modeste, comme
c’était le cas à l’origine. Le comité
de l’association ayant annoncé
sa démission pour la fin de
l’année, Manon Fawer espère
qu’un nouveau comité prendra
rapidement le relais. «Nous
continuerons pour notre part à
financer cette activité. Le travail
remarquable mené jusque-là
mérite de perdurer.»
Le cinéma du Sud se projette à Vevey, Déraillement à Villeneuve
puis dans cinq localités du canton
Les films sont diffusés
en plein air gratuitement
grâce à un dispositif solaire
Pour la 3e année consécutive, la
Ville de Vevey soutient l’Association suisse pour la coopération internationale Helvetas, qui organise Cinéma Sud. Ces soirées, qui
prendront place ce soir, demain et
jeudi, à 21 h 30, au jardin du Rivage (Galeries en cas de pluie), diffusent des films traitant de problématiques rencontrées dans l’hémisphère Sud. Le tout dans le but
de sensibiliser le public aux enjeux
VC2
Contrôle qualité
Stéphanie Simon, directrice
du «Régional». CHANTAL DERVEY
liés à leur développement. Les
trois œuvres projetées sont My
Sweet Pepperland, du Kurde Hiner
Saleem, ce soir, Le promeneur
d’oiseau, du Français Philippe
Muyl, demain, et Wilaya, de l’Espagnol Pedro Pérez Rosado, jeudi.
Des panneaux solaires ayant
fait le plein d’énergie la journée
feront tourner le projecteur dès la
nuit en direction de l’écran, une
simple toile tendue entre deux arbres. Ecologie oblige, le matériel
cinématographique est transporté
dans deux remorques tractées par
des vélos dans toute la Suisse romande. Ainsi, dès la fin de la se-
maine, ces films seront à Epalinges (vendredi, samedi, dimanche).
Puis, en août (à 21 h ce mois-là), à
Estavayer (du 5 au 7), à Rolle (du 8
au 10), à Lausanne (du 11 au 16) et
à Nyon (du 28 au 30). La capitale
vaudoise bénéficiera de trois films
supplémentaires: Conducta, du
Cubain Ernesto Daranas, Herencia, de l’Argentine Paula Hernanández, et Blind Dates, du Géorgien Levan Koguashvili.
C.BO.
www.cinemasud.ch pour tous les
détails, lieux et heures. Entrée libre,
collecte à l’issue des projections.
Pour une raison encore
indéterminée, un convoi
est sorti des rails, hier
matin. L’incident n’a pas
provoqué de perturbations
Les plants de tomates qui jouxtent
les voies CFF à l’entrée sud de la
gare de Villeneuve en ont verdi de
peur: hier matin, vers 8 h, un convoi de marchandises a déraillé à
quelques centimètres des jardinets aménagés entre la route de
Champlfeuri et les rails. Deux wagons sont sortis des voies, sans
pour autant se renverser. Servant
au transport de ballast depuis les
carrières d’Arvel, ils peuvent contenir jusqu’à 22 tonnes de maté-
riaux. Ils étaient vides lors de l’incident. «Ce déraillement s’est produit à faible vitesse, lors d’un mouvement de manœuvre, à l’entrée
de la voie de raccordement menant aux carrières», précise Frédéric Revaz, porte-parole des CFF. La
chaleur aurait-elle à nouveau joué
des tours? «Il est beaucoup trop
top pour connaître les causes de
l’incident, répond Frédéric Revaz.
De tels déraillements sont rares,
mais peuvent arriver lors de
manœuvres. En l’occurrence, il
n’y a eu ni blessés, ni dégâts, ni
perturbations du trafic sur la ligne
Lausanne-Aigle.» De fait, les wagons ont été remis sur les rails en
quelques heures, à l’aide de vérins
hydrauliques. D.G.
Le Groupement des amis du Régional, composé de ses fondateurs,
Nina Brissot et Jean-Philippe Barbey, de son actuelle direction ainsi
que d’actionnaires historiques et
nouveaux, reprend la majorité du
capital du journal hebdomadaire
gratuit, dont il détenait 12% à ce
jour. Car Tamedia Publications romandes, qui en possédait 88%, a
pris la décision stratégique de se
concentrer sur ses titres régionaux
et suprarégionaux en Suisse romande. Le Régional fait finalement
valoir son droit de préemption,
alors qu’une offre d’achat avait été
émise le 27 mai dernier par la Société de Publications Nouvelles SA,
détenue à hauteur de 50% chacun
par Jean-Marie Fleury et Tamedia
Publications romandes.
La reprise effective du Régional
devrait se faire à la fin du mois
d’août. Les deux parties ne communiquent pas le prix de la transaction. Interview de Stéphanie Simon, directrice du titre.
Pourquoi avoir repris
votre destin en main?
Nous voulions être certains de
pouvoir maintenir la ligne éditoriale et la formule actuelles du Régional. Nous nous considérons
d’abord comme un journal local
avant d’être une publication gratuite. Le Régional a trouvé sa place
et a gagné la confiance de ses lecteurs, qui ne cessent d’augmenter
depuis huit ans, comme en attestent les chiffres REMP. Cette bonne santé nous permet d’envisager
de maintenir l’équipe de 16 personnes en place. Si la collaboration avec le groupe Tamedia a
fonctionné de manière très harmonieuse, apportant compétences et réseaux au Régional, l’annonce de la mise en vente a fait
germer la volonté de retrouver
une indépendance que nous
avions déjà connue jusqu’en
2008, avant d’être achetés par
Edipresse.
Vous êtes donc confiante?
Oui. Avec 108 000 lecteurs – nous
ciblons les personnes dès 3040 ans qui commencent à s’intéresser à la vie de leur commune –,
et avec une zone de diffusion bien
établie – Lausanne-Est, Lavaux,
Riviera, Chablais –, notre journal a
trouvé la stabilité et la notoriété.
Preuve en est que nous avons
trouvé des investisseurs qui ont
accepté de nous suivre.
Quel est le sentiment
qui anime votre équipe?
Nous sommes heureux et fiers.
Peut-être comme des personnes
ayant des caractères trop forts
pour avoir des patrons. Mais nous
sommes aussi un peu angoissés
face au travail titanesque à effectuer. En tout cas, nous débordons
d’énergie. Claude Béda