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Juin 2015 / Numéro 9 Spécial transports Connecter le Congo... > La trilogie des transports selon Justin Kalumba Mwana-Ngongo > Olivier Kamitatu, pilote du Plan > États généraux de la justice : Alexis Thambwe à la barre > Isabelle Munoz, ou la route vers l'espérance... *offre soumise à conditions avec le pack Orange joignez l’utile à l’agréable à 93 000 Fc par mois* 360 min pendant 24 mois infos : 1999 / 084 000 1999 pendant 24 mois pendant 24 mois Photo : Bernard Poudevigne Édito Que la fête commence ! A lors que la fin du premier semestre laisse entrevoir pour pour certains des congés bien mérités, quelle satisfaction de signer cet éditorial au moment où va s’ouvrir la deuxième Semaine française de Kinshasa. Votre magazine sera de la fête, puisqu’il consacre un supplément spécial de plus de cent pages à ce rendez-vous désormais incontournable dans les relations économiques franco-congolaises. Fête rehaussée, cette année, par la venue du ministre des Finances et des Comptes publics. Un grand merci à Michel Sapin d’avoir commencé sa première tournée africaine par la RDC, preuve, s’il en est, du caractère stratégique de ce pays pour la France. Ce numéro 9 est d’ailleurs dans l’esprit du Partenariat Public – Privé retenu comme thème de la Semaine française, puisque le « Dossier » très dense qui vous est proposé, « Spécial transports », multiplie les exemples de projets possibles entre sociétés privées et agences gouvernementales. Que le ministre des Transports et le ministre du Plan aient accepté de nous accorder de longues interviews s’inscrit dans la même logique et la rédaction leur en est particulièrement reconnaissante. Pour compléter sa section « Politique », Impact s’est tourné vers Luc Hallade, qui devrait quitter la direction de l’ambassade de France cet été, après de nombreuses années au service de sa communauté et de la relation franco-congolaise. Fidèle à sa tradition, votre magazine vous livre, dans ses pages « Société », des articles aussi diversifiés que captivants. Entrez dans la révolution du numérique, faites le point sur les derniers états généraux de la justice ou célébrez les 10 ans d’EUSEC en RDC. Toujours aussi riches, les pages « Culture » vous feront rencontrer le Chef du plus grand orchestre symphonique d’A frique, vous parleront danse avec le festival « Me ya be » et vous ouvriront les routes de l’espoir avec les magnifiques photographies d’Isabelle Munoz. Et rendez-vous, Halle de la Gombe, pour la semaine française ! Philippe Larrieu Directeur de la publication www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 3 06 44 Éditorial 03 Que la fête commence ! Politique 06 Justin Kalumba Mwana-Ngongo : La trilogie des transports 12 Luc Hallade : mission accomplie ! 16 La planification, un pilotage essentiel pour la RDC Économie 22 RVA : la sécurité avant tout 26 La Régie des Voies Fluviales n’est pas un long fleuve tranquille 30 Démocratisation de l’ITIE : le rôle majeur des organisations de la société civile 34 Quand la coopération rejoint la diplomatie économique Dossier : Transports 38 Congo Airways : décollage imminent ! 40 Alpha-Airport : une expertise au service du développement des aéroports congolais 44 La sécurité des frontières : lorsque contrôle rime avec service public 4 / Impact n°9 / Juin 2015 72 50 Thales : l’intelligence collective pour un monde plus sûr 52 Systra : la confiance transporte le monde... 56 Prévention routière : la sécurité est l'affaire de tous 60 Bolloré Africa Logistics : spécialiste dans les métiers du transport et de la logistique en RDC 62 CMA CGM : partenaire incontournable de l’économie congolaise 66 Matière en RDC : innovation, adaptation et anticipation... 68 SEP en RDC : la «Success story» d’un partenariat public-privé plus que centenaire 72 Le PPP sur la formation professionnelle : le secteur des transports en pole position 76 Le transport en commun à Kinshasa : une initiative au service des Kinois, mais avec quelle perspective d’aménagement ? Société 80 EUSEC RDC : conseil et assistance depuis dix ans 84 Passez au tableau... numérique ! Une coopération loin d'être virtuelle 88 L’université tisse sa «toile» Les MOOC en appui à l'enseignement supérieur 92 Les états généraux de la Justice : Alexis Thambwe à la barre 96 Le projet Ibi Batéké : 10 ans d’engagements pour préserver l'écosystème Culture 100 L’OSK : le plus grand orchestre symphonique d’Afrique 104 Le «tshukudu» : bien plus qu'un symbole ! www.impact.cd N ° 9 / JU I N 2 0 1 5 Sommaire 104 30 116 Festival « Me ya be » : et bien dansez maintenant ! 120 Bakolo Miziki : légendes vivantes ! Vie pratique 124 Restaurant «Le plein vent» : le fleuve pour mirroir 126 Chantier naval CHANIC : une activité industrielle fleuve 128 Pullman Kinshasa Grand Hotel : L’hôtellerie haut de gamme ! 96 108 Mujeres del Congo 112 Impact junior : forums des métiers 114 Impact junior : les CM2 du LFRD dans les Pyrénées En couverture : le flux maritime est d'une importance vitale pour la RDC (photo : CMA CGM) 108 Directeur de publication Philippe Larrieu Conseiller spécial du directeur Bernard Poudevigne Comité de rédaction Philippe Bosse, Patrick Botrel, Michel Champredon, Sébastien Dauré, Patrick Demougin, Chloé Douafli, Pierre Gazan, Christophe Hochard, Matthieu Juin-Levite, Emmanuelle Marqui, Jean-Christophe Maurin, Sabrina Palma, Thomas Poirier, Christophe Roussin, Mélanie Sirdey-Coid, Matthieu Vuillermet, Antoine Yvernault. Conception et réalisation graphique Gédéon Mukendi (IFK) Impression : Imprimerie AGB Dépôt légal BNC N° JE 3.01301-57012 Impact est un magazine gratuit et ne peut pas être vendu www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 5 Justin Kalumba Mwana-Ngongo Avocat de formation, Justin Kalumba Mwana-Ngongo a d’abord servi dans l’ombre des Cabinets ministériels, à l’Agriculture d’abord, à l’Economie ensuite, où il fut directeur de Cabinet du ministre, tout comme à l’Industrie puis aux Finances. Ce n’est qu’en 2006 qu’il embrasse la politique, davantage par fidélité à ses chefs que par ambition personnelle. Elu député national, il doit renoncer à son mandat pour exercer les fonctions de ministre du Commerce. Ce scénario se reproduira en 2011 mais c’est au ministère des Transports qu’il est nommé, poste ô combien important, dans un pays à l’échelle d’un sous-continent 6 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Photos : MVDB La trilogie des transports POLITIQUE Impact : Monsieur le ministre, voilà déjà trois ans que vous êtes à la tête d’une administration essentielle au développement économique de la RDC. Quelle est votre vision du secteur des transports en général ? Justin Kalumba Mwana-Ngongo : Le secteur des transports représente d’abord un défi majeur pour la mobilité des personnes et des biens au regard de l’immensité du pays, à l’échelle d’un sous-continent. La RDC étant par ailleurs perçue comme un « Etat post-conflit », les investissements se sont faits rares dans ce secteur. Il y a donc une carence générale des infrastructures de transport, en qualité comme en quantité. Ce qui est vrai cependant, c’est l’engagement fort du Chef de l’Etat et du gouvernement pour redonner à ce secteur ses lettres de noblesse, d’autant que la position géographique de la RDC, au centre de l’A frique, requiert une double approche : - Un développement des voies de communications internes au pays, pour mettre en valeur nos richesses tant humaines que naturelles. En effet, les différentes ressources que nous avons, qu’elles soient agricoles, minières, forestières, halieutiques… ne peuvent être vraiment valorisées que si nous sommes capables de les déplacer du centre de production vers les centres de consommation ou de commercialisation. - Une ouverture croissante au-delà de nos fron- www.impact.cd Une autre façon d’approcher le secteur des transports, c’est de viser une approche triangulaire, ou ce que j’appelle la «trilogie des transports»... Nouvelle aérogare Maquette de l'aérogare de N'djili tel qu'elle sera bientôt... tières : nous devons rechercher des partenaires de façon à ce que le commerce intra-africain soit un facteur de développement. Ce faisant, nous devons nous tourner vers la mer, même si notre façade maritime n’est que de 37 kilomètres, et connecter cette façade avec les autres régions du pays. C’est ce que j’appelle le développement des corridors de transport. Une autre façon d’appréhender le secteur des transports est de viser une approche triangulaire, ou ce que j’appelle la « trilogie des transports » : les infrastructures, les équipements et les hommes. Cependant, quels que soient la qualité des infrastructures et le niveau des équipements, le facteur humain restera toujours prépondérant. Je précise enfin que nous travaillons sur cinq sous-secteurs : le maritime, capital du fait qu’en volume, l’essentiel de notre commerce international passe lui. Toutefois, ce dernier n’a de Impact n°9 / Juin 2015 / 7 POLITIQUE Reprenons le maritime. Où en est-on pour ce qui est de l’aménagement des ports de RDC et qu’en est-il des projets de ports en eaux profondes ? Comme je viens de le dire, le maritime est une priorité absolue. Prenons d’abord l’existant. Aujourd’hui, notre pays a deux ports maritimes : le port de Boma et celui de Matadi. Leur accès est difficile car les biefs maritimes requièrent un dragage permanent. Or, la compagnie nationale chargée de ce travail n’est pas en capacité suffisante, par défaut d’équipements et de maind’œuvre qualifiée. Nous avons donc monté un partenariat avec une entreprise belge, pour assurer un travail compatible avec nos ambitions. En attendant d’avoir un port en eau profonde, nous sommes contraints de rendre les biefs maritimes accessibles aux bâtiments de haute mer. Il faut, de surcroît, faire en sorte que : - les différents quais devant accueillir ces bateaux soient disponibles de manière à ce que le temps de mouillage soit réduit ; - les procédures de dédouanement soient rapides avec une manutention au diapason de ce qui précède ; - le post-dédouanement soit bien géré, pour permettre l’évacuation des marchandises par chemin de fer et par route. À ce titre, vous avez parlé de corridors et l’on pense tout de suite à celui reliant Matadi à Kinshasa. Qu’en est-il des projets à la fois routiers et ferroviaires sur cet axe ? Il est effectivement essentiel car il constitue à la fois le débouché et l’entrée du pays par le mari- 8 / Impact n°9 / Juin 2015 Le «Général Olsen» Le fleuve Congo est une importante voie de communications. Hydravion Sur le fleuve Congo. Archives Chanic. time. Il commence, d’ailleurs, par 150 kilomètres de bief maritime entre l’océan et Matadi. Cette partie est navigable et la vision, qui était déjà celle du colonisateur, consiste à faire alterner la voie fluviale et le chemin de fer. En d’autres termes, quand la voie fluviale est navigable, on se dispense d’investir dans le ferroviaire. En conséquence, une fois à Matadi, les 366 kilomètres restant à parcourir nécessitent une voie ferrée. Ensuite, sur les 1734 kilomètres séparant Kinshasa de Kinsangani, le fleuve est de nouveau navigable. Les 125 kilomètres reliant Kisangani à Ubundu sont assurés par le ferroviaire tandis que les 308 kilomètres suivants, jusqu’à Kindu, peuvent être parcourus sur le fleuve. Enfin de Kindu à Lubumbashi, vous reprenez le chemin de fer. Mais revenons aux ports de Matadi et de Boma. Nous devons aujourd’hui faire un basculement du trafic, de la route vers le chemin de fer. Il n’est pas pertinent, en effet, de continuer à faire circuler des poids lourds sur la route, avec les conséquences en termes d’affaissement et de destruction des chaussées. L’objectif est donc de que le chemin de fer prenne le relais de la route jusqu’à Kinshasa. Comme vous le savez, le gouvernement a pris une option importante au regard des dysfonctionnements et des capacités opérationnelles réduites de nos ports : la mise en concession des ports de Boma et de Matadi ainsi que du chemin de fer et du port de Kinshasa. C’est un processus qui a démarré et qui devrait être mené à bonne fin d’ici un an. Enfin, pour ce qui est du port en eaux profondes, www.impact.cd Photos : Archives Chanic plus-value que s’il est connecté à d’autres types de transports qui lui assurent une chaîne logistique cohérente. Je pense au ferroviaire, au fluvial et lacustre, au routier et à l’aérien. l’objectif ultime est de le construire à Banana. Des études ont été engagées, mais elles doivent être complétées, s’agissant notamment des questions environnementales. D’ici la fin de l’année, nous devrions être en mesure de lancer les appels à manifestation d’intérêt. J’ajoute qu’en dépit de l’existence du bief maritime jusqu’à Matadi, l’idée est d’avoir une liaison ferroviaire de Banana à Matadi. www.impact.cd et une barge pour les marchandises, essentiellement sur la rivière Kasaï. L’Etat a aussi pris la décision d’étendre le programme «Esprit de Vie» sur le fleuve. Le gouvernement va donc commander des unités de navigation qui pourront être concédées au secteur privé : dix unités sur le bief moyen, donc de Kinshasa jusqu’à Kisangani, et une cinquantaine pour les affluents, ces derniers étant le débouché naturel pour les passagers et les marchandises sur le fleuve Congo. Les lacs ne sont pas oubliés pour autant. Ils sont exploités entre Bukavu et Goma, mais aussi sur le lac Tanganyika qui nous offre un autre corridor, central celui-là, jusqu’au port de Dar-es-Salam en Tanzanie. Pour conclure sur les corridors, il faut savoir qu’ils sont tous liés à notre recherche de débouchés maritimes. Nous avons le corridor Nord, qui s’achève au port de Mombasa au Kenya, le corridor central, qui aboutit au port de Dar-esSalam en Tanzanie, le corridor Sud, vers Durban, et bien sûr le corridor Ouest. Le lac Kivu est une voie de communications essentielle à l’Est de la RDC. Passons à un autre mode de transport. Il y a, à Kinshasa, un grand projet d’aérogare ainsi que de création d’une nouvelle compagnie aérienne. Pouvez-vous nous en dire plus ? Rappelons tout d’abord l’importance du secteur aérien pour un pays aussi vaste. La RDC est l’un Photo : PL Restons dans le domaine fluvial. L’ITB Kokolo a effectué un premier trajet de Kinshasa à Kisangani, marquant une reprise du transport fluvial. Envisagezvous de développer une flotte et si oui, avec quels moyens ? Pour le gouvernement, le principe consiste à rendre le fleuve attractif. Nous devons donc faire en sorte que l’activité de navigation attire le secteur privé. Si l’Etat a pris la décision de réhabiliter l’ITB Kokolo, c’est pour donner l’exemple. J’ajoute que ce mode de transport étant plus économique que l’aérien ou le ferroviaire, il est aussi intéressant pour le commerçant que pour la population en général. Mais n’oublions pas une chose : le transport des passagers est par nature déficitaire. Il doit donc être subventionné par l’Etat. Le secteur privé étant nécessairement attiré par les activités rentables, il sera porté à se positionner sur le transport de marchandises sur le fleuve. Nous sommes donc en train de faire en sorte que l’Etat accompagne le secteur privé, notamment en ce qui concerne l’accès au crédit, mais aussi dans une offre de transport mixte, assurant le transport des marchandises comme des passagers. La réhabilitation du Kokolo a procédé de cet impératif de voir le privé suivre l’exemple donné par l’Etat. Je précise enfin que le fleuve Congo représente une distance de 4.700 kilomètres mais si l’on y ajoute l’ensemble des voies navigables (fleuves, lac, et rivières), on atteint 16.000 kilomètres. Avec tous les bassins du pays, ce chiffre passe à 25.000 kilomètres. Tout ceci explique que, du point de vue de la stratégie de développement des voies de communication, les modes de transport privilégiés ont toujours été le ferroviaire et le fluvial, la route ne venant qu’en complément des deux premiers. Comme je viens de le dire, notre défi, aujourd’hui, est de rendre le transport fluvial attractif pour les investisseurs. C’est la raison pour laquelle, au-delà de l’ITB Kokolo, des bateaux tels que le MB Gungu sont en pleine réhabilitation ; il pourra opérer avec trois barges pour passagers La réhabilitation du Kokolo a procédé de cet impératif de voir le privé suivre l’exemple donné par l’Etat. Impact n°9 / Juin 2015 / 9 Photo : SCTP POLITIQUE des rares Etats au monde dont on peut survoler le territoire en jet pendant plus de deux heures sans en franchir la frontière. En d’autres termes, quand ont fait de « l’aérien domestique », on se retrouve à l’échelle du transport aérien régional. Ce secteur est d’autant plus important que les autres types de transports sont en cours de développement. Aujourd’hui, nous travaillons avec détermination sur la mise aux normes de notre système de navigation aérienne. Un exemple : quand j’ai pris la tête du ministère des transports, voici trois ans, notre taux de couverture en termes de communications avec les aéronefs survolant notre territoire était de 12%. Aujourd’hui, nous en sommes à 85%. Il reste que nous ne sommes toujours pas capables de «visualiser» les avions qui survolent la RDC. Mais d’ici le 30 juin, date de l’inauguration de la tour de contrôle de Kinshasa, qui comprend en son sein un centre de contrôle régional, ce sera chose faite. Parlons maintenant des pistes d’atterrissage et des aérogares. Nous avons 54 aéroports gérés par la RVA sur un total de 284 aérodromes. À ce jour, aucun d’entre eux n’est conforme aux normes de l’OACI. L’objectif est que, d’ici la fin 2016, quatre aéroports le soient : Kinshasa, Lubumbashi, Goma et Kisangani. C’est déjà pratiquement le cas pour Ndjili, où des aménagements ont été faits sur la piste et où un aéroport «modulaire» sera mis en service prochainement : 10.000 m² de superficie, une capacité de traitement annuel d’un million de passagers. Les conditions de sé10 / Impact n°9 / Juin 2015 Inauguration Le ministre de transports et le DG de SCTP lors de l'inauguration du bateau Kokolo. curité seront naturellement améliorées mais aussi la sûreté, à savoir toute menace extérieure à la sécurité des aéronefs. Les moyens en scanners et équipements de détection seront largement suffisants, en nombre comme en qualité. Ils seront de dernière génération. Enfin tout a été fait pour améliorer le confort des passagers. Quelles sont les sociétés qui sont parties prenantes au développement de cette nouvelle aérogare ? Nous avons une très bonne collaboration avec une société française, Alpha Airport. Elle a fait un travail remarquable et je pense qu’avec elle, nous avons construit une infrastructure conforme aux standards internationaux. D’ailleurs, je pense que cette entreprise devrait continuer à assurer la maintenance des installations, d’autant que nous avons une politique de continuité des travaux pour nous donner la possibilité d’avoir ultérieurement un deuxième niveau avec des passerelles jusqu’aux avions. L’expérience ayant été très concluante à Kinshasa, nous pensons, de surcroît, l’étendre aux provinces. La fonctionnalité « modulable » retrouvée à Kinshasa pourrait aisément être étendue à d’autres villes : Lubumbashi, Goma et Kisangani. Parlons maintenant de Congo Airways : l’Etat a initié le projet, mais il s’agit bien d’une société commerciale. Certes, le gouvernement est actionnaire ; mais il va se retirer au profit du secteur privé lorsque la compagnie aura généré une vraie plus-value. C’est la vision du Président et du Premier Ministre. Nous avons donc, dans un environnement aéronautique difficile, où l’autorité de l’avion civile doit être mise à niveau, un projet que nous considérons comme une entreprise vertueuse. Car ce projet va nous permettre de travailler selon la «trilogie» dont je vous ai déjà parlé : les hommes, les équipements et les www.impact.cd Photo : MVDB Congo Airways sera une compagnie intérieure. Que va-t-elle desservir ? Il y a un phasage : une desserte d’abord domestique, puis régionale, enfin peut-être intercontinentale. Je précise que nous avons un partenariat intéressant, du point de vue technique, avec le groupe Air France qui nous a beaucoup accompagnés sur ce projet, à travers sa filiale Air France Consulting, dont les membres viennent régulièrement à Kinshasa. Pour en revenir à la desserte nationale, nous avions initialement retenu 14 aéroports. Mais au fil du temps et au regard des impératifs de remise à niveau de certains d’entre eux, nous sommes passés à sept : Kinshasa, Lubumbashi, Goma, Kisangani, Mbuji Maï, Kananga et Kindu. En effet, nous avons dû tenir compte des exigences de Congo Airways, mais aussi de celles des compagnies vendant ou louant des avions. Il fallait en effet que ces aéroports puissent respecter des normes en matière de communication (tour de contrôle - aéronefs) mais aussi d’aides à la navigation et à l’approche. À quel type de flotte avez-vous pensé pour le démarrage de Congo Airways ? Pour commencer, nous aurons deux Airbus A 320 de dernière génération. Pour les petites dessertes, nous serons équipés d’avions canadiens Bombardier à hélices. C’est le fruit des études www.impact.cd Les liaisons aéroportaéronef sont essentielles notamment par gros temps. Photo : PL infrastructures. J’ajoute que les principes devant régir Congo Airways sont la sécurité et la fiabilité (partir et arriver à l’heure). En termes de développement, nous voulons que Congo Airways « commence toute petite » mais très sûrement, avec une programmation de montée en puissance qui soit claire, sur la base d’un « business plan » pertinent. Elle commencera à opérer très prochainement, avec un vol inaugural de Kinshasa à Lubumbashi. C’est aussi à Lubumbashi que seront inaugurés la piste, complètement refaite, la nouvelle tour de contrôle et le casernement anti-incendie de l’aéroport. Puis dans les deux jours qui suivront, un « basculement » sera effectué d’une mode à un autre, puisque nous célèbrerons l’arrivée des dixhuit premières locomotives neuves de la SNCC qui sont actuellement dans le port de Durban. Je précise que la dernière acquisition de locomotives neuves au profit de la SNCC remonte à 1974 pour les locomotives diesel et à 1976 pour les locomotives électriques ! C’est donc une véritable renaissance. faites par Air France Consulting, au regard des distances à parcourir, des portances et des «emports bagages» notamment. Vous allez bientôt au salon du Bourget. Qu’attendez-vous de ce déplacement ? Le Bourget est pour moi le salon aéronautique le plus fascinant. Tous les grands industriels du secteur s’y retrouvent. Y aller, c’est déjà prendre rendez-vous avec les technologies de pointe, avec ce qui se fait de mieux en matière de qualifications et de méthodes. C’est donc la découverte de certaines merveilles de la science. Je me rappelle avoir vu, voici deux ans, l’A irbus A 380, géant du ciel capable d’atterrir et de redécoller avec une facilité déconcertante. On dit de lui que c’est un appareil fait pour ceux qui ont peur de prendre l’avion tant il est stable, y compris à l’approche. Mais le Bourget offre aussi une opportunité de contacts, en termes d’assistance et de formations, essentiels pour un secteur qui «redécolle» en RDC. Et avec Airbus, il faudra sans doute poursuivre les relations et négociations. Dans le «business plan» de Congo Airways, il est en effet prévu que l’on passe à cinq Airbus d’ici cinq ans. Et finalement, bien sûr, le Bourget est une occasion de rencontres politiques avec d’autres ministres des Transports. J’ai d’ailleurs un entretien prévu avec mon collègue français. J’en suis d’autant plus heureux que pour moi, la France est l’une des grandes nations de l’aéronautique. Au-delà des constructeurs, vous avez aussi sur votre sol les équipementiers les plus réputés. Une autre occasion de faire des découvertes… Propos recueillis par PL Impact n°9 / Juin 2015 / 11 POLITIQUE Luc Hallade Mission accomplie ! Grand connaisseur de l’Afrique, Luc Hallade a servi deux fois en République Démocratique du Congo : de 2003 à 2007, en qualité de Premier conseiller puis, depuis juillet 2011, à la tête de l’ambassade de France. Il quittera vraisemblablement Kinshasa cet été après avoir contribué au développement des relations francocongolaises dans tous les domaines. Confidences d’un homme sage et déterminé, qui a beaucoup œuvré pour sa communauté. Impact : Vous avez effectué un premier séjour en RDC en qualité de Premier conseiller. Quel souvenir gardez-vous de cette période ? Luc Hallade : Un souvenir mitigé mais globalement positif. Car il s’agissait d’une époque tout à fait particulière, extrêmement intéressante. Le pays sortait d’une période de guerre. Un accord de paix avait été signé, à Sun City, un an avant mon arrivée et j’ai donc vécu la période de transition avec l’existence du CIAT (Comité International d’Accompagnement de la Transition) auquel l’ambassadeur me laissait participer régulièrement. J’ai eu ainsi la possibilité de découvrir l’intérieur du pays, car cette instance se déplaçait beaucoup. J’ai aussi « vécu » le vote 12 / Impact n°9 / Juin 2015 de la constitution en 2005 (promulguée l’année suivante), ainsi que les premières élections libres, démocratiques et transparentes de 2006. Une période très riche donc, avec un bémol cependant : le fait que ces élections aient été suivies, en mars 2007, dans les rues de Kinshasa, par des affrontements entre la milice de Jean-Pierre Bemba et la garde républicaine du Président. Etant aussi Conseiller de sécurité, je me souviens d’avoir organisé la protection de la communauté française, notamment celle des enfants de l’école française, alors juste en face de la Résidence de France ; la plupart des élèves ont passé une journée couchés sous les tables à écouter les balles siffler. En resumé, le souvenir de moments un peu «chauds» mais d’une période tout à fait inwww.impact.cd Photo : MVDB téressante dans la construction de la démocratie naissante en RDC. Photo : Gédéon Mukendi Hommage Dicours à l'occasion de la célébration du centenaire de la guerre 14-18. Première pierre Luc Hallade avec Matata Ponyo Mapon, Premier ministre de RDC, lors de la pose de la première pierre du nouveau bâtiment du Lycée français René Descartes. Malgré cette période troublée, vous étiez en famille ? Absolument. Je peux même vous raconter une anecdote amusante a posteriori. Au moment des événements de 2007 dont je viens de parler, j’étais à Kinshasa avec ma fille tandis que mon épouse était en France pour donner naissance à notre fils. Avant de quitter momentanément la RDC, elle m’avait demandé de quitter la « Villa du Fleuve », qui est la résidence du Premier conseiller, pour aller m’installer dans un appartement au centre-ville, estimant que nous y serions plus en sécurité, ma fille et moi. De fait, le jour où ont débuté les événements de mars 2007, j’ai pu faire récupérer ma fille à l’école et la mettre à l’abri dans l’appartement en question avec la femme du Consul de l’époque et sa fille, tandis que j’ai passé trois jours à l’ambassade à dormir sur le canapé de mon bureau… Période tout à fait particulière, donc, mais qui ne nous a pas découragés de vivre en famille. Vous êtes ensuite revenu pour diriger l’ambassade de France en RDC. Quelles ont été vos premières impressions à ce moment-là ? Là aussi, des impressions mitigées, sans que Il y a une règle dans notre diplomatie: six mois après sa prise de fonctions, un ambassadeur doit proposer et faire approuver par les autorités françaises un plan d’action qui est censé guider ses activités pendant son mandat. www.impact.cd cette formule revête un sens négatif. J’ai, en effet, constaté que ce pays avait, Dieu merci, évolué dans le bon sens. Mais en même temps, étant arrivé en juillet 2011, j’ai connu les élections de fin 2011 qui, comme chacun sait, ont été assez catastrophiques. On voyait bien que, sur le plan économique, le pays avait décollé, avec une stabilité macroéconomique et monétaire indéniable ainsi qu’un retour des investisseurs, y compris français. Dans le même temps, des inquiétudes se faisaient jour parce que, clairement, par rapport aux élections que j’avais vécues en 2006, celles de 2011 n’avaient pas été un progrès mais plutôt un recul en termes de démocratie et de transparence. D'où une inquiétude sur l’approfondissement de la démocratie congolaise. Aviez-vous des instructions ou un plan d’action lorsque vous avez été porté à la tête de l’ambassade ? Il y a une règle dans notre diplomatie : six mois après sa prise de fonctions, un ambassadeur doit proposer et faire approuver par les autorités françaises, notamment le ministre des Affaires étrangères, un plan d’action qui est censé guider ses activités pendant les trois ou quatre années de son mandat. Je me suis donc livré à cet exercice. Cela étant, même s’il s’agit d’un exercice simple, permettant de réfléchir à ce que l’on veut faire et à la manière dont on peut atteindre certains objectifs, je crois que dans un pays comme la RDC, qui est globalement un pays post-crise agité par nombre de difficultés, notamment à l’Est, il faut savoir faire preuve de souplesse quant à la mise en œuvre de ce type de plan. En d’autres termes, il est nécessaire de s’adapter à l’évolution du contexte local, qui peut être très différent d’un moment à l’autre, et avoir une bonne capacité d’adaptation à l’environnement. Etre ambassadeur, ce n’est pas seulement diriger un ensemble d’agents servant l’Etat. Il faut aussi tenir compte de l’existence d’une communauté française. Quelles relations avez-vous entretenues avec cette communauté ? Très bonnes, de mon point de vue, mais pour être objectif, il faudrait poser la question aux représentants de cette communauté (sourire). L’avantage que j’avais, c’est que j’avais fait la connaissance d'un grand nombre de mes compatriotes à l’époque où j’étais Premier conseiller et officier de sécurité. Je les ai donc retrouvés avec plaisir ainsi, bien sûr, que des nouveaux venus. J’ai Impact n°9 / Juin 2015 / 13 Photo : MVDB POLITIQUE toujours eu à cœur d’entretenir avec la communauté française des relations aussi étroites que possible parce que l’un des rôles d’une ambassade - et pas seulement de l’ambassadeur, c’est de « sécuriser » nos compatriotes, de les aider si besoin est, voire de les défendre dans certaines circonstances. J’ai donc toujours maintenu une relation forte avec leurs représentants, avec les associations et avec les élus. Car si l’ambassadeur représente la France, il est aussi le garant de la communauté française vis-à-vis des autorités du pays d’accréditation. On vous dit aussi très proche de la communauté française des affaires. Quelles relations avez-vous entretenues avec elle ? Qu’avez-vous construit avec ses membres ? La communauté française d’affaires était quelque peu réduite quand je suis arrivé en poste. J’ai donc essayé, dans la mesure du possible, de favoriser son expansion et de faire venir de nouveaux investisseurs, en lien étroit avec le MEDEF International devant lequel je me suis « produit », chaque année, pour attirer de nouveaux patrons français. J’ai aussi accompagné le Premier Ministre en France en 2012 pour qu’il rencontre des opérateurs économiques et les incite à venir investir en RDC. Une de mes satisfactions, parmi d’autres, a été de participer à la relance des activités de la Chambre de commerce et d’industrie franco-congolaise qui était un peu en sommeil depuis de nombreuses années. A force de persuasion et d’insistance - je n’étais 14 / Impact n°9 / Juin 2015 Inauguration Avec Norbert Spitz, directeur régional Afrique du Sud et subsaharienne du Goethe-Institut lors de l'inauguration de l'antenne de ce dernier à Kinshasa. AIMF Luc Hallade reçoit Anne Hidalgo, Maire de Paris, à l'occasion de la 34ème assemblée générale de l’Association Internationale des Maires Francophones. évidemment pas seul – j’ai réussi à faire en sorte que de nouvelles élections portent un nouveau bureau et une nouvelle administration à la tête de la CCIFC. La Chambre a aujourd’hui repris le rôle qui devait être le sien : celui de promouvoir les intérêts économiques français et congolais (puisqu’il n’y a pas que des Français dans cette institution) et d’accueillir et de conseiller les nouveaux arrivants. Un ambassadeur, c’est aussi la voix de la France auprès des autorités du pays d’accréditation. Comment s’est déroulé votre dialogue avec ces autorités ? J’ai pour principe de ne jamais manier la langue de bois. J’ai toujours essayé d’être sincère, franc et aussi direct que possible, en respectant naturellement le principe de souveraineté nationale et les règles de courtoisie et de protocole. J’espère que les autorités congolaises ne m’en ont pas tenu rigueur et qu’au contraire, elles m’en ont été reconnaissantes parce que, dans mes différents entretiens, j’ai constamment essayé d’exprimer, aussi sincèrement que possible, les analyses que je pouvais faire sur la situation du pays et éventuellement de donner quelques avis si on me le demandait. En revanche, je me suis toujours abstenu d’intervenir publiquement, car la diplomatie publique n’est pas, à mon sens, la panacée. En toutes circonstances, j’ai naturellement défendu les positions officielles françaises ; dans le même temps, par amitié et par implication personnelle, j’ai cherché à aider, dans la mesure du possible, les autorités congolaises à gérer une situation politique qui n’a pas toujours été facile et qui n’est d’ailleurs pas facile aujourd’hui. Et je crois que c’est en étant le plus proche possible de ses interlocuteurs et le plus sincère possible dans www.impact.cd son action que l’on peut être efficace et écouté, à défaut d’être entendu quelquefois. Pourriez-vous nous donner l’exemple d’une réalisation concrète à mettre à l’actif de cette diplomatie économique en RDC ? Une me vient tout de suite à l’esprit : la Semaine française de Kinshasa, qui ouvrira ses portes au moment où vous publierez votre magazine. Cette initiative, qui a été lancée en mai 2014, est l’exemple même de ce que peut réussir «l’équipe de France» quand elle demeure soudée. Avec l’appui de tous les services de l’ambassade au sens large - puisque c’est sur les « terres » de l’Institut français / Halle de la Gombe et du lycée René Descartes que se déroulera cette importante manifestation - la Chambre de commerce et d’industrie franco-congolaise et les Conseilwww.impact.cd Du 22 au 27 juin, de nombreux ministres et opérateurs congolais dialogueront donc avec des entrepreneurs français sur les perspectives de développement de la présence économique de la France en RDC. PILAEP Inauguration d'un mini-réseau d'eau potable dans un quartier périphérique de Kinshasa. Ronde du fleuve Remise des médailles aux vainqueurs de l'édition 2015. lers du commerce extérieur de la France ont mobilisé deux fois plus d’exposants que l’an passé sur le thème stratégique du « partenariat public - privé ». Du 22 au 27 juin, de nombreux ministres et opérateurs congolais dialogueront donc avec des entrepreneurs français sur les perspectives de développement de la présence économique de la France en RDC. Avec deux invités de marque : Matata Ponyo Mapon, Premier Ministre, Chef du gouvernement de RDC, et Michel Sapin, ministre des Finances et des Comptes publics de la République française. Propos recueillis par PL Photo : MVDB Photo : MVDB On parle beaucoup de diplomatie économique. Quel sens donnez-vous à ce concept promu par votre ministre ? Effectivement, Laurent Fabius a beaucoup insisté depuis sa prise de fonctions sur cette diplomatie économique, en en faisant une des priorités du ministère des Affaires étrangères et du Développement international - puisqu’on a ajouté ces deux mots à l’appellation de notre administration, ce qui n’est pas un hasard. Il a donc donné instruction à tous ses ambassadeurs d’inclure cette dimension dans leur plan d’action et même d’en faire une priorité. C’est effectivement essentiel. Nous savons que notre pays a connu et connaît encore une crise économique douloureuse. Nous avons donc besoin de trouver des débouchés à l’étranger, de renforcer nos capacités d’investissement à l’extérieur de l’hexagone, de pouvoir également profiter des opportunités d’affaires dans les différents pays dans lesquels la France est présente. Cela a donc été, bien évidemment, l’une de mes priorités et la mise en œuvre de cette priorité est passée par l’approfondissement de mes contacts avec les milieux d’affaires français. La RDC est un pays immensément riche, avec beaucoup de potentiel. Un ambassadeur doit donc inciter les entrepreneurs à venir s’installer en RDC ; mais il doit aussi les protéger et les accompagner avec tout le dispositif mis à sa disposition : Business France, le Service économique et tous les autres services de l’ambassade. C’est donc une priorité très claire de notre ministre et du gouvernement en général, du Chef de postes en particulier. Impact n°9 / Juin 2015 / 15 Un pilotage essentiel pour la RDC Economiste de formation, Olivier Kamitatu a été un grand «Commis de l’Etat» avant d’entrer en politique. Il fait partie de ceux qui ont contribué à redresser le pays sur la scène intérieure, en présidant aux destinées de l’Assemblée Nationale de Transition, tout en s’ouvrant aux rapports avec la communauté des partenaires au développement, dont il est l’interlocuteur privilégié et apprécié. Rencontre avec un ministre qui sait ce qu’il veut. 16 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Photos : Martin van der Belen La planification Impact : Monsieur le ministre, vous êtes à la tête d’un ministère stratégique. Pourriez-vous nous dire quel a été votre parcours ? Olivier Kamitatu : J’ai grandi en Belgique ou j’ai fait mes études primaires et secondaires chez les pères Assomptionnistes. Ma scolarité s’est poursuivie, dans l’enseignement supérieur, à l’Institut catholique des Hautes Etudes Commerciales de Bruxelles. Dès l’obtention de mon diplôme, en 1986, mon père m’a demandé de rentrer au Congo pour renouer avec mon pays. J’ai alors intégré l’Ecole Nationale des Finances, puis je me suis présenté à un concours qui m’a permis de devenir inspecteur des Finances en 1988. J’ai alors commencé une carrière administrative et parallèlement, je me suis investi dans le monde associatif en lançant, en 1991, le premier institut de sondages et d’enquêtes d’opinion. J’ai ensuite été détaché à la Présidence de la République en qualité de chargé de mission auprès du directeur de Cabinet adjoint chargé des questions économiques avant de devenir conseiller de plusieurs ministres, dont notamment celui des Finances. En 1999, j’ai rallié Jean-Pierre Bemba et me suis vu confier les fonctions de secrétaire général du Photo : DR POLITIQUE Ecole Nationale d’Administration À l’image du chantier de rénovation de l’ENA, le domaine du Plan est un savant jeu de montage pour la reconstruction du pays. Il doit donner un cadre rationnel à la programmation d’une politique de développement économique et social adaptée aux besoins d’une population. www.impact.cd Mouvement de Libération du Congo. À ce titre, j’ai participé à toutes les négociations qui ont émaillé ces années extrêmement mouvementées, de 1999 à 2003. A la faveur du dialogue inter-congolais ayant débouché sur l’accord de Sun City, et dans le cadre de l’ordre institutionnel un peu « sui generis » qui en a découlé, j’ai été désigné par le MLC pour être le président de l’Assemblée Nationale de Transition. J’ai exercé cette fonction de 2003 à 2006. Cette année-là, j’ai quitté le MLC pour rejoindre plusieurs amis qui avaient créé l’A lliance pour le Renouveau du Congo, parti prônant le libéralisme. C’est alors que le Chef de l’Etat m’a confié le ministère du Plan, au lendemain de la formation du gouvernement issu des élections, poste que j’ai occupé jusqu’en 2012. J’avais aussi été désigné porte-parole de la majorité présidentielle. Petite particularité de cette année 2012 : ma désignation, par tous mes pairs, présidents de partis libéraux du continent, à la tête du Réseau Libéral Africain ; il rassemble aujourd’hui 44 partis implantés dans 28 pays. Tout récemment le Président de la République m’a renouvelé sa confiance en me confiant le portefeuille du Plan et de la Révolution de la Modernité, en décembre 2014. Pour le commun des mortels, la notion de Plan paraît quelque peu abstraite. Quelle réalité recouvre ce portefeuille ministériel dans un pays comme la RDC ? Pour mieux répondre à votre question, je voudrais tout d’abord faire un rappel historique. Le peuple congolais a traversé les années de colonisation alors que le pays était une grande puissance agricole et minière au cœur du continent. Ce pays a ensuite été confronté aux aléas Impact n°9 / Juin 2015 / 17 Bukanga Lonzo Conformément à la vision du Chef de l’Etat, le gouvernement congolais a mis en place un financement de démarrage pour le développement des parcs agro-industriels pilotes qui serviront de modèle pour attirer les investisseurs potentiels et affiner tous les réglages avant d’être reproduits à travers tout le pays. 18 / Impact n°9 / Juin 2015 de l’indépendance et à une suite de conflits qui en ont fait, pour beaucoup de commentateurs, un Etat fragile. On peut, certes, débattre de cette dernière notion mais une chose est certaine : aujourd’hui, la RDC est une nation jeune, dont les habitants ont su montrer leurs très grandes capacités de résilience. Cette nation doit avoir l’ambition de devenir l’un des moteurs de l’A frique. Or la planification est l’instrument qui peut servir cette ambition, en donnant un cadre rationnel à la programmation d’une politique de développement économique et social adaptée aux besoins d’une population qui avoisine les 80 millions d’âmes, sur un territoire à l’échelle d’un sous-continent. En d’autres termes, la RDC ne peut pas être pilotée « à vue ». Que ce soit en matière de sécurité, d’infrastructures, de gestion des ressources humaines, nous devons savoir où nous voulons conduire le pays. Cela suppose une vision claire des enjeux en termes de modèle de développement, de mécanismes institutionnels, de méthodes d’analyse assorties d’indicateurs précis, le but ultime étant de permettre aux Congolaises et aux Congolais de s’épanouir et de choisir librement leur destin. Pour conclure, le ministre du Plan est un peu comme le pilote d’un avion. Il doit suivre un plan de vol et vérifier constamment si son appareil vole à la bonne vitesse, suit le bon cap à la bonne altitude, avec assez de carburant pour arriver à destination. La destination étant, pour le titulaire du poste, un développement aussi harmonieux que possible, au service de la population. Mais dans un pays aussi immense que la RDC, comment pouvez-vous parvenir à gérer ce pilotage avec, on le sait bien, un Etat sous-administré ? La réponse est simple : il faut effectivement s’appuyer sur une fonction publique rajeunie et compétente. Je mesure, ce faisant, la difficulté de mise en œuvre de ce que je viens de dire tant notre héritage est difficile à assumer. Pendant de nombreuses années, en effet, nous avons été confrontés à un Etat totalement déstructuré, confisqué par un parti unique - je pense bien sûr aux années soixante-dix et quatre-vingts. Autre handicap, j’en ai déjà parlé, celui de l’immensité géographique. Comment, dès lors, relever efficacement de tels défis ? - S’agissant des problèmes liés à la taille du territoire de la RDC, la seule issue reste celle d’une www.impact.cd POLITIQUE décentralisation bien menée, ce qui suppose que les hommes et les richesses soient équitablement traités. Il s’agit là d’une entreprise de longue haleine mais qui est loin d’être impossible. - Pour ce qui est de la refondation de l’Etat, elle passe par une réforme en profondeur de notre administration. C’est un travail qui est en cours, sous les auspices du Chef du gouvernement et du ministre de la Fonction publique avec, du reste, un grand soutien de la France. Il s’agit de donner un standard et un profil à nos fonctionnaires, de les rapprocher du public, enfin de faire en sorte qu’ils soient aussi performants et compétitifs que les employés du secteur privé. Je constate que le recrutement de jeunes cadres, par le biais du concours d’entrée à l’Ecole Nationale d’Administration, va dans ce sens. En corollaire au rajeunissement de la fonction publique, il faut mener à terme le chantier essentiel des mises à la retraite, ainsi que la création d’un « parapluie de la protection sociale », de façon à ce que ces mises à la retraite n’équivaillent pas à une mise à mort. Après 25 ou 35 ans de vie consacrée au service public, l’agent doit pouvoir assumer sa vieillesse dans de bonnes conditions. Photos : DR Donc une politique fondée sur la ressource humaine ? Exactement. En RDC, le portefeuille du Plan a une autre spécificité, à savoir l’interfaçage entre le gouvernement congolais et la communauté des bailleurs. Pouvez-vous nous en dire plus ? Cet interfaçage est effectivement une singularité de mon ministère. Elle résulte de l’évolution des rapports entre la RDC et la communauté des bailleurs. Une première phase s’était ouverte à partir de 2001 sous l’impulsion du Chef de l’Etat. Il s’agissait, pour le gouvernement, de rompre l’isolement du pays en ouvrant ce dernier aux « partenaires au développement ». Des pro- Avec la France, nous nous sommes inscrits dans l’agenda d’Accra en développant tout un mécanisme sur l’efficacité de l’aide dans les Etats fragiles. www.impact.cd grammes d’urgence de reconstruction ont alors été élaborés et mis en œuvre grâce à l’aide publique au développement. Cette approche a été à la fois multilatérale, avec l’appui d’institutions telles que la Banque Mondiale, l’Union Européenne, le Fonds Monétaire International, mais également bilatérale, avec le soutien de pays tels que les Etats-Unis, la France, la Belgique, l’A llemagne, et bien d’autres… Ensemble, nous avons coordonné nos actions dans le cadre d’un véritable partenariat. Avec la France par exemple, nous nous sommes inscrits dans l’agenda d’Accra en développant tout un mécanisme sur l’efficacité de l’aide dans les Etats fragiles. Nous avons engrangé des résultats tout à fait significatifs, notamment dans le domaine des infrastructures et en matière sociale. Nous avons également poursuivi une politique visant à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et même si aucun de ces objectifs n’a été totalement atteint sur le plan national, de belles avancées ont été faites au niveau local. Sur le plan provincial en effet, certaines provinces congolaises sont déjà proches des OMD. Mais revenons à la notion de partenariat global. Ce partenariat repose sur une coordination qui s’opère techniquement au niveau du ministère du Plan. Nous disposons d’une Plateforme de Gestion de l’A ide et des Investissements (PGAI) qui nous permet de savoir, en temps réel, qui fait quoi, et où. Cette PGAI couvre non seulement les partenaires au développement mais aussi les ONG qui, à un moment donné, s’étaient substituées à l’Etat en tant qu’acteurs du développeImpact n°9 / Juin 2015 / 19 On voit bien qu’une dynamique a été engagée. Il n’en demeure pas moins que si certains GTS fonctionnent très bien, d’autres sont peu actifs, voire en sommeil. 20 / Impact n°9 / Juin 2015 Comment envisagez-vous de faire travailler ces groupes à la même vitesse ? Il faut reconnaître que sur les quinze groupes thématiques, certains sont des champions, tandis que d’autres sont à la traîne. Nous devons donc remettre tout le monde au même rythme. Pour ce faire, nous devons tirer les leçons de l’histoire de nos plans de développement et engager une « revue » de nos GTS. De 2003 à 2006, nous étions en train de reprendre langue avec nos partenaires dans le cadre de l’initiative PPTE. En 2006, nous avons élaboré notre premier Document de Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté DSCRP - basé essentiellement sur les urgences et la consolidation de la paix. Il s’agissait, dans cette phase, d’une première approche de croissance dans le contexte d’une population extrêmement pauvre (72% des Congolais vivant avec moins de www.impact.cd Photos : DR Auto-suffisance alimentaire Avec 80 millions d’hectares de terres cultivables, le Congo pourrait nourrir près d’un tiers de la population mondiale ment. Nous coordonnons donc cet ensemble pour produire des résultats au niveau des politiques sectorielles, essentiellement des politiques d’éducation, de santé, d’agriculture, de développement rural. Dans la cabine de pilotage, nous retrouvons bien sûr le gouvernement, qui définit les politiques à engager, et les partenaires au développement qui sont étroitement associés à ce travail de définition. Ce modèle a été repris pour constituer une quinzaine de groupes thématiques sectoriels (GTS) présidés chacun par un ministre qui définit une feuille de route et qui est appuyé par un chef de file au niveau des partenaires. POLITIQUE 1 dollar par jour). Le deuxième DSCRP a été adopté en 2011, alors que nous étions en mesure de capitaliser sur les résultats de notre stratégie initiale. Nous avons donc pu concentrer nos efforts sur un deuxième registre : la consolidation de l’économie et sa stabilisation, de façon à accélérer la réduction de la pauvreté. De fait, nous sommes alors passés de 72% à un peu de plus de 60%, soit un gain de plus de 10 points en matière de réduction de la pauvreté. Dans le même temps, nous avons amélioré le climat des affaires et des investissements, tout en faisant des efforts en matière d’infrastructures, de transports notamment. Aujourd’hui, notre objectif est de parvenir très rapidement à une troisième génération de plans où nous mettrons, au cœur de notre politique, l’accroissement de notre compétitivité et la diversification de notre économie. Autre élément essentiel : la ressource humaine congolaise. C’est donc dans ce contexte que s’inscrivent les actions des quinze groupes thématiques. Il va falloir qu’ils soient beaucoup plus « affûtés » en termes de politiques sectorielles, parce que nous ne pouvons pas abandonner un secteur au profit d’un autre. Cela d’autant que nous ne savons pas encore où nous allons trouver les nouveaux points de croissance. Aujourd’hui, notre économie est essentiellement basée sur une seule province, le Katanga, un seul secteur, les mines, et un seul produit, le cuivre. On le constate avec la baisse des cours des matières premières, une telle approche n’est pas viable à long terme et une diversification de notre économie s’impose. C’est tout le sens de l’engagement du gouvernement et du Premier Ministre à travers les parcs agroindustriels. D’une manière générale, nous devons faire preuve de davantage de ténacité et d’appétit à aller vers les investissements dans les secteurs agricole, agroindustriel, industriel et demain, des services. C’est toute la philosophie des groupes thématiques. Nous définissons des politiques sectorielles et nous le faisons dans un cadre d’ensemble. Pour terminer de répondre à votre question sur l’harmonisation du travail des GTS, tout va reposer sur une « revue » qui a été engagée précisément pour identifier les retards des uns et des autres et pour déboucher sur un véritable chiffrage des retards à combler en termes d’éducation, de santé, de formation professionnelle et technique, d’infrastructures (notamment énergétiques car étant en amont de la croissance)... Le diagnostic ainsi fait, nous pourrons rationnaliser le travail des groupes thématiques sectoriels de façon à ce qu’il soit aligné sur les objectifs stratégiques de troisième génération à savoir, comme je l’ai dit, la diversification de l’économie congolaise, l’amélioration de sa compétitivité, la poursuite de l’amélioration du climat des affaires et des investissements, enfin la mise en valeur de notre ressource humaine. Ce dernier objectif est d’autant plus essentiel qu’aujourd’hui notre croissance démographique « dévore » notre croissance économique. Propos recueillis par PL Gisement incroyable La RDC vient de découvrir un gisement de 700 millions de tonnes de cuivre dans une mine de Kamoa, dans le sud du Katanga, en cette période où les estimations de la réserve mondiale de cuivre tourneraient autour de 480 à 600 millions de tonnes. www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 21 ÉCONOMIE Régie des Voies Aériennes la sécurité avant tout Il était prédestiné à diriger la Régie des Voies Aériennes (RVA). Diplômé de l’Institut Supérieur de Commerce de Kinshasa, option sciences commerciales et financières, Abdala Bilenge a, en effet, poursuivi sa formation en France à l’Université Paul Cézanne d’Aix-Marseille où il a « décroché » un mastère en transports aériens et un diplôme spécial d’économie et gestion des transports aériens. Il livre à Impact ses priorités, axées sur la sécurité des passagers et des aéronefs. Impact : Pourriez-vous nous décrire la Régie des Voies Aériennes (RVA) Abdala Bilenge : Créée en 1972, la RVA est une entreprise publique chargée de gérer l’espace aérien congolais ainsi que tous les aéroports congolais ouverts au transport public. En d’autres termes, elle est l’équivalent de la DGAC (Direction générale de l’aviation civile) et des entreprises gestionnaires des aéroports français. Ces équipements n’existaient donc pas ? Si ! Mais ils étaient obsolètes, certains ayant trente, voire quarante ans. Au moment où je vous parle, nous venons de terminer à Kinshasa, Lubumbashi et Kisangani le premier volet consistant à construire une tour de contrôle moderne, dotée d’équipements de télécommunications de dernière génération, achetés auprès de la socié22 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Photos : MVDB Quels sont les grands chantiers auxquels vous vous êtes attelé dès votre prise de fonctions ? Le premier, le plus important de tous nos chantiers, consiste à doter le pays d’une « aviation sécurisante ». Pour ce faire, il faut couvrir deux aspects : l’aspect « espace aérien » et l’aspect «infrastructures au sol». Nous l’avons fait de façon concomitante. Sécuriser notre espace aérien supposait de doter les tours de contrôle de nos aéroports d'équipements dédiés à la communication air – sol et de former les personnels servant ces équipements de façon à ce qu’ils puissent travailler sans erreur avec les pilotes. té française Thales. Nous avons désormais une communication VHF avec tous les avions qui survolent le territoire congolais mais nous pouvons aussi visualiser les aéronefs sur nos écrans. Nous combinons donc la communication et la surveillance, ce qui est extrêmement important pour la sécurité de la navigation aérienne. Ceci pour l’aspect gestion de l’espace aérien. Naturellement, nous avons aussi travaillé sur les infrastructures au sol appelées à recevoir les avions. C’est dans ce contexte que nous avons refait complètement l’aéroport de Ndjili. La piste, dont la construction et la mise en exploitation remontait aux années cinquante, a été refaite sur 4.000 mètres. Il en a été de même à Lubumbashi, à Kisangani et à Goma. Je remercie à cet égard la Banque Mondiale qui vient d’accepter de nous doter de 52 millions de dollars pour renforcer ce que nous avons entrepris dans cette dernière localité. Pour résumer, au cours des trois dernières années, nous avons concentré nos efforts sur les quatre aéroports internationaux que sont Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani et Goma. Cette remise aux normes concernera bien sûr d’autres villes dans le futur. Future aérogare en phase de finition et qui sera inaugurée fin juin. Au cours des trois dernières années, nous avons concentré nos efforts sur les quatre aéroports internationaux que sont Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani et Goma. www.impact.cd Quand vous parlez de remise aux normes, il ne s’agit pas seulement des pistes et des tours de contrôle ? Au-delà des pistes, il y a en effet le balisage et plus généralement les aides à la navigation aérienne. Et au-delà des tours de contrôle, il y a aussi les aérogares. À Kinshasa, nous finalisons un Terminal 2, capable d’accueillir deux à trois millions de passagers par an. Ce terminal a été financé sur fonds d’Etat et équipé de matériels de sécurité, eux aussi de dernière génération. En outre, et c'est tout aussi important que les équipements, nous avons formé les personnels appelés à les utiliser au quotidien. Nous répondrons donc aux normes de l’OACI, en étant en mesure d’offrir un service de catégorie C aux passagers et aux compagnies aériennes. Qu’entendez-vous par service de catégorie C ? Catégorie C veut dire « bon service », ce qui est recommandé pour tous les aéroports du monde. En réalité, vous avez cinq catégories, allant de A pour « mauvais », B pour « assez bon », C pour « bon », D pour « excellent », et E pour « idéal », jamais atteint dans le monde. Quand vous parlez d’équipements de sécurité, vous pensez à la sécurité des passagers mais aussi des aéronefs ? Effectivement. Nous pensons à la sécurité des aéronefs et pour ce faire, nous allons déployer les matériels et mettre en place les procédures empêchant tout acte illicite contre un avion sur le plan sécuritaire. S’agissant des passagers, il s’agit de leur assurer des conditions d’accueil, de tranImpact n°9 / Juin 2015 / 23 ÉCONOMIE sit, d’embarquement et de débarquement à la fois agréables et sécurisées. On a parlé, pour Ndjili, d’aéroport modulaire. Pouvez-vous nous en expliquer le concept ? C’est une notion qui a évolué. Dans la conception initiale retenue par le gouvernement, il s’agissait, en effet, de créer un très grand aéroport à la dimension du pays. Mais nous nous sommes vite rendu compte que ce n’était pas la taille du pays qui importait, mais l’importance du trafic. C’est pour cette raison que nous nous sommes engagés sur le concept d’aérogare modulaire, c’est-àdire pouvant être démonté après la construction d’un autre ouvrage plus grand, puis transféré dans une autre capitale provinciale au trafic moins important. Mais, au regard de l’expertise dont nous avons bénéficié de la part de notre partenaire français Alpha Airport, nous avons évolué du concept modulaire à l’idée d’un terminal d’une durée de 15 à 20 ans pouvant accueillir dans de bonnes conditions entre deux et trois millions de passagers par an. C’est pourquoi j’ai préféré vous parler d’un « Terminal 2 ». Zone d'enregistrement des passagers mise à la disposition de toutes les compagnies aériennes. Vous comptez poursuivre ce partenariat ? La technologie qui est installée aujourd’hui à Ndjili, bien que maîtrisée par nos techniciens, nécessitera une assistance technique régulière. J’espère donc que nous pérenniserons notre relation avec Alpha Airport pour continuer à appuyer nos techniciens de RVA qui doivent travailler sur des équipements informatiques sophistiqués, sur un réseau d’une cinquantaine de caméras, sur de systèmes de portes automatisés avec digicodes, enfin sur des portiques et des scanners de dernière génération. Nous avons donc besoin d’être accompagnés dans cette révolution technologique. Prenez, par exemple, le traitement des passagers par les compagnies aériennes. Aujourd’hui, chaque compagnie travaille à Ndjili avec ses propres équipements de gestion des passagers. Dès juillet prochain, le matériel sera celui de la RVA. Très sophistiqué, il sera mis à la disposition de toutes les compagnies et nos techniciens devront donc être en mesure de les faire fonctionner efficacement. Propos recueillis par PL Photos : MVDB Vous avez parlé d’Alpha Airport. Comment appréciez-vous votre coopération avec ce partenaire ? Alpha Airport nous a apporté des infrastructures de grande qualité. Tous les matériaux utilisés sont irréprochables et de dernière génération. En outre, notre partenaire nous a accompagnés dans la formation de tout le personnel congolais. C’est extrêmement important : à chaque phase d’acquisition et d’installation des équipements, le personnel de la RVA a été associé à tel point qu’aujourd’hui, grâce à ce projet, nous avons non seulement les infrastructures mais aussi les techniciens capables de les maintenir, qu’il s’agisse de l’électricité, de la « gestion du froid » ou des équipements de sécurité. C’est donc une opération intégrée qui ne se résume pas à l’installation d’équipements mais aussi à leur utilisation et à leur maintenance. 24 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 25 ÉCONOMIE La Régie des Voies Fluviales n’est pas un long fleuve tranquille Nommé à la tête de la Régie des Voies Fluviales (RVF) en 2010, Ngomper Ilunga a travaillé pour quatre ministres des Transports successifs. I 26 / Impact n°9 / Juin 2015 nés 26.000 kilomètres de voies navigables dont seulement 15.000 vraiment « classifiés », c’est-àdire ayant fait l’objet d’études hydrographiques. Vous mesurez le travail qui reste à accomplir. A titre d’exemple, le réseau fluvial européen ne représente « que » 18.000 kilomètres. Comment est assurée cette mission ? Avec quels personnels et avec quels moyens matériels ? Comment ? Par des études hydrologiques et hydrographiques, par des travaux de balisage, de curage, de dragage. Avec qui ? Environ 300 personnes ce qui, pour le réseau que je viens de décrire, peut paraître notoirement insuffisant. Ces agents relèvent, soit de la direction nationale de Kinshasa, soit de la direction régionale de Kalémie qui couvre ce que nous appelons le bief supérieur. Avec quels moyens ? Dans les années soixante, nous avions 24 « baliseurs ». Aujourd’hui, il n’en reste que sept, dont seulement deux réellement opérationnels. Ces bâtiments permettent d’entretenir et d’aménager les voies fluviales. En outre, nous disposons de deux dragues vieillissantes, pour désensabler notamment les lacs, www.impact.cd Photo : DR Impact : Pouvez-vous commencer par nous décrire la Régie des Voies Fluviales ? Ngomper Ilunga : La RVA est une entreprise publique, transformée, en 2009, en établissement public de caractère technique et scientifique. C’est un prolongement de l’Etat dont la mission principale est l’aménagement et l’entretien des voies de navigation intérieures, à savoir les fleuves, leurs affluents et les lacs. Sont concerPhoto : Stefano Toscano Le « Kokolo » La SCTP (ex-Onatra) a récemment réhabilité ce bateau destiné à assurer le transport des passagers et de cargo sur le fleuve Congo, sur l’axe Kinshasa – Kisangani. Un symbole pour illustrer la volonté du gouvernement de relancer la navigation sur le fleuve… l est vrai que ce diplômé en sciences sociales, spécialiste en ressources humaines, avait le profil pour reprendre un secteur en déshérence : pas ou peu d’opérations d’entretien des rivières au cours des vingt dernières années, signalisation en grande partie détruite ou absente, équipements obsolètes ou hors d’usage. La situation change progressivement, avec l’appui des partenaires techniques et financiers. Photo : DR dont le lac Tanganyika. Nous avons aussi trois canots hydrographiques, dont un seul est opérationnel. Nous avons enfin des barges et un chaland qui sert, en période de travaux, à loger les personnels en mission. Photo : Stefano Toscano Sur le plan financier, d’où proviennent vos ressources ? La RVF perçoit auprès des armateurs publics et privés une taxe de navigation qui reste sa seule source directe de revenus. Cette taxe couvre environ 60% de son budget tandis que l’Etat couvre les 40% restants sous forme de subvention dans la mesure où la RVF est un établissement public. Pour compléter le soutien de l’Etat, il existe une coopération internationale, dont la CICOS. Qu’elle appréciation portezvous sur cette coopération ? La CICOS (Commission Internationale du bassin Congo Oubangui Sangah) est une organisation qui nous appuie au niveau de la sous-région de l’A frique centrale. Elle nous soutient du point de vue technique et en matière de renforcement des capacités. À travers plusieurs projets, en mobilisant d’autres bailleurs, dont l’Union Européenne, elle nous aide, par exemple, à financer la formation de nos hydrologues et de nos hydrographes. Il en est de même des officiers de pont comme des mécaniciens ou des baliseurs. Tous sont formés à ce que nous appelons l’école de la CICOS. Actuellement, nous n’avons pas moins de vingt agents en cours d’instruction. J’ajoute que, si la mission initiale de la CICOS couvrait le transport fluvial et lacustre à l’échelle de la sous-région, l’on est vite passé à la thématique de la gestion des ressources en eau de façon plus globale. www.impact.cd La CICOS nous soutient du point de vue technique et en matière de renforcement des capacités... Jacinthe d’eau Arrachage de cette plante qui envahit le lac Tanganyika depuis la fin des années 90, au détriment d’autres plantes aquatiques, des poissons et de la navigation. À partir de cette mobilisation internationale et de votre action, vous développez plusieurs projets. Quels sont ceux qui vous paraissent essentiels ? Avec nos partenaires techniques et financiers, nous développons deux projets stratégiques. Le premier concerne l’appui à la navigabilité des voies fluviales et lacustres en RDC (PANAV). Ce projet est financé par l’Union Européenne qui lui consacre une enveloppe de 60 millions d’euros. La RVF n’est pas la seule bénéficiaire. La SCTP (Société Commerciale des Transports, ex-ONATRA jusqu’en 2011) et la SNCC (Société Nationale des Chemins de fer du Congo) émargent aussi à ce programme. Mais la RVF est le principal bénéficiaire avec 38 millions d’euros. Sont concernés le fleuve Congo sur 1.734 kilomètres (de Kinshasa à Kisangani) et son grand affluent, la rivière Kasaï, sur 605 kilomètres. Le programme PANAV comporte quatre volets : - Hydrologie et hydrographie : il s’agit de réhabiliter les stations qui permettent de gérer les saisons d’étiage. - Aménagement et entretien : l’objectif est d’améliorer le balisage, ce qui suppose l’acquisition de nouvelles unités, à savoir huit bateaux multifonctions et seize vedettes hydrographiques ainsi que la réhabilitation de nos unités. - Infrastructures portuaires et balisage lumineux du lac Tanganyika, la navigation s’y faisant aussi Impact n°9 / Juin 2015 / 27 Photo : MVDB 28 / Impact n°9 / Juin 2015 les eaux navigables (2,60 millions de dollars) : sur la base du résultat des études techniques, le projet financera l’acquisition des matériels, la construction et la réhabilitation des marquages sur les sections choisies des fleuves Lualaba, Lua et Mongala pour améliorer à la fois la navigation de jour et de nuit, réduire les risques d’enchâssement et de retard, augmenter le chiffre d’affaires annuel des bateaux circulant sur ces tronçons et améliorer la rentabilité des opérations. Embarcation sur le Tanganyika Le lac Tanganyika est le deuxième plus grand lac d'Afrique par sa surface Vous travaillez aussi avec l’Agence Française de Développement (AFD). Qu’en estil de cette coopération ? Grâce à l’A FD, nous avons réalisé une opération très importante à savoir les mesures du débit du fleuve Congo. Mais nous avons aussi une relation de travail continue au travers d’opérations de formation de nos hydrologues au Centre régional de formation pour la navigation intérieure. Propos recueillis par PL Photo : Andrew McConnell / Robert Harding Premium / - AFP de nuit. - Formation : transversal, ce volet concerne la RVF, la SCTP et la SNCC. Il consiste à former les hydrologues, les experts en aménagement et en entretien, les experts en gestion portuaire… Le second projet est le Projet de transport multimodal (PTM), financé par la Banque Mondiale. Il concerne à la fois l’aérien (RVA – Régie des Voies Aériennes), le fluvial et le maritime (RVM – Régie des Voies Maritimes). Pour ce qui concerne la RVF, 3,85 millions de dollars ont été, ou seront consacrés aux opérations suivantes : - Etude sur la création d’un fonds d’entretien des eaux navigables (270.000 dollars) : il s’agit de remédier au manque de moyens financiers de la RVF pour exécuter convenablement ses missions. - Appui au plan de retraite (0,75 million de dollars) : la Banque Mondiale a fourni une assistance pour faciliter le départ à la retraite d’environ 77 agents. - Etudes techniques sur la réhabilitation des marquages des rivières (80.000 dollars) : le PTM financera l’inspection des sections navigables du Fleuve Lualaba, principalement les sections de Ubundu - Kindu (308 km) et de Kongolo - Bukama (645 km), qui viendra compléter le réseau de chemin de fer de la SNCC le long du Corridor Lubumbashi-Kisangani. Egalement inclus dans le programme sont la section Mogalo - Oubangui de la rivière Lua (141 km) et la section Businga - Mobeka de la rivière Mongala (342 km) dans la riche région agricole du Nord-Ouest du pays (province de l’Equateur). - Réhabilitation des marquages des fleuves pour www.impact.cd CIAZ www.impact.cd ERTIGA Impact n°9 / Juin 2015 / 29 ÉCONOMIE Démocratisation de l’Initiative de Transparence des Industries Extractives le rôle majeur des organisations de la société civile i le choix des représentants des institutions publiques et des entreprises privées paraissait facile, 30 / Impact n°9 / Juin 2015 pour la société civile, les choses s’annonçaient plus compliquées : trop grand nombre d’organisations intéressées, diversité des domaines d’intervention difficile à embrasser, manque de structure de coordination. Depuis, les choses ont bien évolué… www.impact.cd Photos : DR S La République Démocratique du Congo a adhéré à l’Initiative de Transparence des Industries Extractives (ITIE) en 2005. Cette adhésion prévoyait la mise en place d’un groupe multipartite comprenant les représentants des institutions publiques, des industries extractives et de la société civile. Pour rendre sa participation effective, coordonnée et indépendante, la société civile est passée par plusieurs étapes. Le Réseau Ressources Naturelles : de l’énergie pour tous L’idée de mettre en place une structure de la société civile, qui se chargerait des questions liées à la gestion responsable des ressources naturelles, résulte de la publication des rapports des Nations Unies sur l’exploitation illégale des ressources naturelles de la République Démocratique du Congo, en 2002 et 2003. Le Réseau Ressources Naturelles a été créé dans ce contexte, en 2002, afin de lutter contre leur exploitation illégale. Il s’agit de mener une compagne de sensibilisation à l’égard des organisations responsables et des communités locales et de renforcer leurs capacités de gestion participative des ressources. Le Réseau Ressources Naturelles a mis en place la coalition « Publiez ce que vous payez » (PCQVP) en 2006. Sa mission : accompagner la mise en œuvre de l’ITIE et faire évoluer la norme ITIE, en impliquant la population. Cette coalition joue désormais un rôle moteur de la coordination des activités des organisations de la société civile à l’ITIE. Les ateliers d’évaluation de la mise en œuvre de l’ITIE : une société civile de plus en plus visible et mobilisée en RDC et sur le continent africain En 2010, sur proposition de Me Jean-Claude Katende, la Coalition PCQVP, en collaboration avec le Réseau Ressources Naturelles, organise le premier atelier d’évaluation de la mise en œuvre de l’ITIE, avec l’appui financier de la GIZ. Depuis, www.impact.cd L’idée de mettre en place une structure de la société civile qui se chargerait des questions liées à la gestion responsable des ressources naturelles résulte de la publication des rapports des Nations Unies sur l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC. des ateliers d’évaluation de ce type sont organisés tous les trois mois, réunissant 30 participants provenant de toutes les provinces de la RDC. Une nouvelle dynamique régionale est née : la coalition de la RDC et le Secrétariat International de PCQVP ont organisé, avec l’appui de l’ambassade de France, en marge des activités du Conseil d’administration de l’ITIE, un atelier régional d’échange d’expériences sur l’ITIE du 16 au 17 avril 2015. Des représentants de la société civile de Côte d’Ivoire, RDC, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, Guinée, Niger, Sénégal, Tchad, Cameroun et Burkina Faso ont confronté leurs analyses de terrain pour identifier des défis communs et dégager des « bonnes pratiques ». Ces organisations ont reconnu que, si l’ITIE a contribué au changement de mentalités en faveur de la transparence, l’intégration de l’ITIE dans le système de gouvernance globale des Etats demeure un défi. En effet, à ce stade, l’ITIE est essentiellement perçue comme une contrainte par les Etats et non comme un outil de développement. Impact n°9 / Juin 2015 / 31 Jean Claude Katende est actuellement, membre du Comité exécutif de l'ITIE de RDC et du Conseil d'administration international de l'ITIE. Il a écrit plusieurs articles sur l'ITIE dont le plus récent est «Le nouveau défi de l'ITIE : devenir un outil d'amélioration des conditions de vie des populations pauvres». 32 / Impact n°9 / Juin 2015 treprises, d’universités ou d’organisations de la société civile. Les citoyens sont totalement exclus du débat, notamment à cause des carences inhérentes aux rapports officiels, aussi bien sur le fond (absence d’information sur la transparence des dépenses) que sur la forme (utilisation des canaux de communication inappropriés). Pour impliquer les populations dans le débat public, PCQVP a mis en place en 2014 avec l’aide de la GIZ « le programme radios communautaires au service de l’ITIE » qui permet de former les journalistes sur les mécanismes de l’ITIE et d’informer la population. Ce projet pilote est destiné aux journalistes d’une vingtaine de radios communautaires de Kinshasa, du Bas Congo, du Katanga, Sud Kivu et Nord Kivu. Les retours de terrain sont positifs: les émissions sur l’ITIE captivent les citoyens. ITIE L’implication des populations au centre du travail de PCQVP : le peuple, moteur des reformes L’information des populations constitue un autre défi important : sans information, les gouvernants et les entreprises ne sont pas enclins à rendre compte de la gestion et de l’affectation des revenus issus des industries extractives. Or, il reste beaucoup à faire et le constat dressé par PCQVP est très clair : depuis 2008, la publication de rapports n’a pas engendré de réel débat public impliquant les populations. Le débat est limité à quelques experts issus d’en- Photos : DR Bio-express La mise en place du code de conduite des organisations de la société civile impliquées dans l’ITIE : un pas vers la coordination des actions de la société civile Le chemin vers la cohésion et la coordination des activités des organisations de la société civile pour l’ITIE n’a pas été facile. Il a fallu plusieurs années pour que les acteurs concernés se mettent d’accord sur quelques règles minimales, pour renforcer l’efficacité et l’effectivité de leurs actions. La discussion pour élaborer et adopter le code de conduite des organisations de la société civile, impliquées dans l’ITIE, a commencé en 2012 ; depuis son adoption en 2014, c’est la coalition PCQVP qui en est la gardienne. Ce code met aussi en place la règle de l’alternance des cinq membres de la société civile au Comité Exécutif de l’ITIE, avec un mandat de trois ans renouvelable une seule fois. De manière consensuelle, les organisations ont convenu, dans les dispositions transitoires du code, que le remplacement des membres du collège de la société civile interviendra en octobre 2015. www.impact.cd Le journal Afrique 64’ Le monde en français © C. Guibbaud, J. Knaub / TV5MONDE La chaîne culturelle francophone mondiale Retrouvez vos magazines sur la webTV Afrique tv5mondeplusafrique.com tv5monde.com AUDIT, EXPERTISE COMPTABLE, CONSEIL JURIDIQUE ET FISCAL KPMG : Présent dans 155 pays et plus de 700 villes, KPMG offre à ses clients proximité et disponibilité à travers le monde. Le partage permanent des expériences entre les équipes permet la cohérence des prestations offertes à l’échelle internationale. En 2014, KPMG a réalisé au niveau mondial un chiffre d’affaires de USD 24,8 milliards et compte plus de 162 000 professionnels. j notre compréhension p de Notre vision : Etablir une relation de confiance avec nos clients et convertir en valeur ajoutée l'information financière, des secteurs économiques et du monde des affaires. Nos engagements : Pragmatisme et pro-activité dans un monde complexe en mutation. Pour répondre à vos besoins, nos professionnels font preuve de capacités d'adaptation et d'anticipation dans la recherche de solutions appropriées. En RDC une équipe dédiée pour vous accompagner notamment au passage à l’OHADA dans les domaines suivants: Comptable : la Migration Plan Comptable, le logiciel d’éditions des états financiers OHADA, le manuel des procédures comptables (obligation Acte Uniforme) et le traitement comptables des opérations spécifiques. Juridique J idi : la l mise i en harmonie h i des d statuts t t t ett l’inscription l’i i ti N.R.C. NRC Fiscal : l’accompagnement pour les préparations et la présentation de la nouvelle déclaration fiscale. KPMG RDC Forme juridique : Société Anonyme avec Administrateur Général Kinshasa : 7ème et 17ème niveau, tour BCDC - B.P. 7226 Kinshasa/Gombe Lubumbashi : 500b. Av.Mpala/Quartier Golf à Lubumbashi/Katanga Dirigeant : Mr. Jean-Yves PARANT (Administrateur Général) Email : [email protected] Tél: + 243 (0) 99 001 00 20/21 (Kinshasa) / (0) 99 200 61 60 (Lubumbashi) www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 33 ÉCONOMIE Développement Quand la coopération rejoint la diplomatie économique S’il y a un métier qui a beaucoup évolué à l’ambassade de France en RDC, c’est celui de chef de la coopération ou, selon l’appellation officielle, de Conseiller de coopération et d’action culturelle. utrefois à la tête d’une équipe étoffée d’attachés et d’assistants techniques, il est devenu peu à peu le coordonnateur d’un groupe réduit d’experts au service d’objectifs qui vont bien au-delà des fonctions affichées. Avec, paradoxe qui n’en est finalement pas un, des moyens financiers apparemment modestes au regard des enjeux. Retour sur une révolution tranquille. En RDC, comme dans beaucoup d’autres pays en développement, l’enveloppe de coopération gérée par l’ambassade de France est à replacer dans un périmètre budgétaire beaucoup plus large. C’est donc dans ce cadre consolidé qu’il convient d’analyser son action. Ainsi, en 2015, le service de coopération et d’action culturelle s’est-il vu attribuer moins de 2 millions d’euros pour ses interventions. Ce montant est à mettre en regard des autres crédits accordés sous forme de dons par le ministère des Affaires étrangères et du Développement international. En 2014, en faisant masse du financement de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), du C2D (Contrat de désendettement – développement), de l’aide alimentaire, des subventions de l’Agence française de développement (AFD) ou du prorata de nos contributions aux différents « Fonds santé » ou au FED, on atteint un montant global de l’ordre de 134 millions d’euros de crédits mobilisés par la France en RDC. Naturellement, le suivi qui peut être fait de l’uti- 34 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Photos : Martin van der Bellen Inauguration de l'ENA Le ministre de la Fonction publique de RDC avec son homologue française A lisation de ces moyens, qui transitent par les canaux bilatéraux, européens ou multilatéraux, n’est pas identique. Il ne s’agit pas de gérer directement la part des contributions françaises au FED ou aux fonds verticaux en matière de santé. En revanche il s’agit, pour l’équipe de coopération de l’ambassade, de participer en amont à la définition des orientations de ces structures et de suivre, en aval, le déroulement de ces programmes. Aussi lourde qu’elle soit, cette tâche est facilitée, à Kinshasa, par les excellents rapports entretenus, notamment, avec la Délégation de l’Union Européenne (DUE). La récente contribution française aux états généraux de la justice, en parfaite coordination avec les services de la DUE, en est un exemple. www.impact.cd En RDC comme dans beaucoup d’autres pays en développement, l’enveloppe de coopération gérée par l’ambassade de France est à replacer dans un périmètre budgétaire beaucoup plus large. Inauguration du Goethe-Institut En présence du ministre allemand des Affaires étrangères. toute faite, concoctée dans une officine européenne, mais bien de répondre aux priorités qu’il a définies. Cela vaut pour les secteurs de la Fonction publique, de la Justice, des Finances ou du Budget. La liste n’est pas figée. De ce dernier point de vue, l’articulation avec Photo : Gédéon Mukendi D’une manière générale, la coopération française a su inscrire son action en synergie avec les autres services de l’ambassade afin de privilégier une approche globale des enjeux du développement. Ce résultat procède de plusieurs facteurs : - D’abord d’une forte impulsion de l’ambassadeur sur ces questions primordiales dans un grand pays d’A frique sub-saharienne et d’un réel esprit d’équipe : AFD, Service économique, Attaché de sécurité intérieure, Attaché de défense dialoguent en permanence avec le service de coopération. Ce dernier a par ailleurs adopté un mode de fonctionnement équilibré entre les questions culturelles entendues au sens large (essentielles dans la plus grande nation francophone du monde), et les questions de développement. - De la mobilisation de tous les outils « institutionnels » (lycées, instituts, alliances françaises) et de tous les agents qui en dépendent au profit d’opérations présentant un caractère stratégique : diffusion du droit OHADA, appui aux femmes entrepreneurs, défense des droits de l’Homme, promotion du genre, dialogue avec la société civile, etc. La France a, en effet, le privilège de disposer d’un réseau étoffé en RDC : deux grands lycées (Kinshasa et Lubumbashi), une demi-douzaine d’alliances françaises, deux grands instituts (Kinshasa et Lubumbashi) et bientôt deux autres, à Goma et Bukavu. - D’un dialogue politique et technique étroit avec les ministres congolais partenaires, qui sont des interlocuteurs de grande qualité. A noter que la stratégie française de coopération repose sur une politique de la demande (congolaise) et non de l’offre (française). En d’autres termes il ne s’agit pas d’imposer à un ministre une solution Impact n°9 / Juin 2015 / 35 ÉCONOMIE Exposition La France a le privilège de disposer d'un réseau étoffé en RDC. Vernissage d'une exposition à l'Alliance française de Kisangani en présence de son directeur et de Jean Bamanisa, Gouverneur de la Province Orientale Un collaborateur précieux L'attaché humanitaire et social régional gère une thématique importante dans un pays comme la RDC. les autres bailleurs, bilatéraux et multilatéraux, est une nécessité afin d’éviter des doublons. A cet égard, il est heureux que le climat qui règne entre eux soit la plupart du temps excellent. C’est le cas, on l’a déjà vu, avec l’Union Européenne. Mais c’est aussi le cas avec la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement, et les agences onusiennes telles que le PNUD, le PAM, l’UNICEF… Cette articulation pourrait être renforcée mais ceci pose un problème de ressources humaines. Photos : Martin van der Bellen La gestion de la coopération française restera donc un métier extrêmement intéressant dans un pays comme la RDC. Cela, en dépit de crédits d’intervention directe plutôt restreints. Car plu- La stratégie française de coopération repose sur une politique de la demande (congolaise) et non de l’offre (française). En d’autres termes il ne s’agit pas d’imposer à un ministre une solution toute faite, mais bien de répondre aux priorités qu’il a définies. 36 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd www.impact.cd Photo : AFD Photo : Alliance française de Kisangani sieurs positionnements continueront de s’offrir à ses responsables : - Comme opérateur d’actions de développement. Même avec des budgets réduits, il sera toujours possible de mobiliser les outils disponibles dans le réseau, au sens large. Ainsi en est-il, dans le domaine de l’éducation, avec les alliances, les instituts et les lycées français. Il ne s’agit pas de conduire des opérations d’envergure, visant par elles-mêmes un effet transformationnel, mais plutôt des actions « catalytiques » venant appuyer le rôle de suivi et d’orientation des dépenses assurées par d’autres bailleurs tels que l’A FD. - Comme « conseiller développement » de l’ambassadeur, chargé d’animer auprès de celui-ci le pôle « développement » de l’ambassade, y compris pour la partie communication. Cette fonction est essentielle pour assurer la synthèse de notre action dans ce domaine prioritaire en RDC et dégager les orientations à suivre. Ces dernières seront d’autant mieux respectées qu’elles seront alignées sur les priorités de développement congolaises et qu’elles bénéficieront de l’intervention d’opérateurs tels qu’Expertise France. Le dialogue avec cette dernière entité revêtira d’ailleurs une importance stratégique. - Comme acteur à part entière de la diplomatie économique impulsée par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du Développement international. Cette orientation est d’autant plus valorisante qu’elle ouvre tout le champ des possibles en faisant du chef de la coopération, un nouvel interlocuteur et un soutien inattendu des milieux d’affaires français : Chambre de commerce et d’industrie franco-congolaise (CCIFC) et Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF) notamment. La meilleure illustration de ce rôle reste la participation du service de coopération à l’organisation de la Semaine française de Kinshasa, manifestation économique franco-congolaise de AFD en RDC Le directeur de l'AFD est le partenaire incontournable du conseiller de coopération. Esprit d'équipe Le chef du service économique anime un atelier thématique sur l'industrie à l'Institut français de Kinshasa. toute première importance, qui va fêter son deuxième anniversaire le 22 juin prochain. Au-delà du soutien logistique qu’il apporte par la mise à disposition des infrastructures et d’une partie du personnel du lycée René Descartes et de l’Institut français de Kinshasa – Halle de la Gombe, il assure, et donc finance, la « couverture médias » d’opérateurs tels que TV5 Monde, France 24 ou RFI. Sans compter la conception et la réalisation du numéro spécial du magazine Impact, vitrine de l’entreprenariat français. Retour au cœur de métier, les animations culturelles de haut niveau ont naturellement été programmées. Tel sera le cas, cette année, avec un concert de Didier Lockwood, l’invitation de l’orchestre Kimbanguiste et, bien sûr, la célébration des « 20 ans de Couleurs Tropicales ». Et en marge des nombreuses conférences thématiques sur le thème du Partenariat Public-Privé qui réuniront de nombreux ministres et entrepreneurs congolais, il s’agira bien sûr de trouver des passerelles pertinentes avec les opérations de développement, en portefeuille ou à venir. Une belle feuille de route en perspective. Philippe Larrieu Impact n°9 / Juin 2015 / 37 DOSSIER Congo Airways Décollage imminent ! L es ambitions de ce géant de l’A frique centrale, en plein développement économique, vont bien au-delà et portent sur la modernisation des infrastructures aéroportuaires et le redressement de l’aviation commerciale. Congo Airways n’est aujourd’hui plus un rêve. Cette compagnie est devenue une réalité. En effet, après la nomination et l’installation effectives des membres du Conseil d’administration et de la Direction générale, l’heure est aux derniers préparatifs de lancement des opérations, prévues dans quelques semaines. Pour mémoire, Congo Airways a été créée le 15 août 2014. C’est à cette même date que fut signé 38 / Impact n°9 / Juin 2015 Satisfaction mutuelle de la ministre du Portefeuille et du représentant d'Air France, lors de la signature du contrat le vendredi 15 août 2014 à l'Hôtel du Gouvernement l’accord de partenariat entre le gouvernement congolais et Air France Consulting pour accompagner la nouvelle compagnie. L’événement eut lieu à l’Hôtel du gouvernement, bureau du Premier Ministre, témoin de cette importante page de l’histoire de l’aviation en RDC. Le ministre des Transports et Voies de communication, Justin Kalumba, précisait alors les enjeux : «Congo Airways devra être une compagnie de référence dans le secteur aérien, un repère visible qui devra symboliser, parmi tant d’autres signes, la renaissance de toute une nation. Pour cela, notre compagnie sera dotée d’aéronefs de nouvelle génération. Son personnel sera formé et hyper qualifié.» Congo Airways déploie une stratégie conquérante mais raisonnée En construisant sa vision autour de trois fondamentaux à savoir : la sécurité, la fiabilité et la satisfaction du client, Congo Airways proposera aux voyageurs une offre d’une qualité exemplaire, alliant l’excellence opérationnelle à des tarifs compétitifs, un cocktail fortement créateur de valeur ajoutée et permettant l’accès au transport aérien au plus grand nombre. La compagnie poursuit ainsi sa mission de transporteur national en devenant un acteur majeur du désenclavement des provinces et de l’essor économique. En pratique, la compagnie exploitera deux Airbus A320 de la toute dernière génération. Elle www.impact.cd Photos : Congo Airways Presque deux décennies d’absence dans son propre ciel ! Le gouvernement de la RDC a donc décidé de replacer le transport aérien au centre des préoccupations nationales. reliera dans un premier temps huit villes en RDC. Rapidement, le réseau passera à 14 destinations domestiques et verra l’ouverture des premiers vols régionaux. Au vu de l’importance de son plan de développement, elle envisage, dès à présent, l'acquisition prochaine de plusieurs autres appareils. Outre des moyens financiers à la mesure de ses ambitions, avec un capital social initial de 35 millions de dollars, Congo Airways s’appuie sur une direction expérimentée et une étroite collaboration avec Air France Consulting qui apporte une expertise de renommée internationale. Sa gestion suivra les meilleures pratiques du sec- De gauche à droite: Justin Kalumba Mwana-Ngongo, ministre des Transports et Voies de communication et Marie-Louise Munga Mesiozi, ministre du Portefeuille. teur. En effet, Congo Airways doit être une compagnie de référence en matière de sécurité. Sa gestion doit également être professionnelle dans le respect des standards internationaux, conformément à la volonté exprimée par le Président de la République, Joseph Kabila et rappelé par le Premier Ministre, Matata Ponyo. Ainsi donc, après un peu moins de deux décennies, le léopard va de nouveau flotter sur le ciel congolais, restaurant ainsi la présence et l’autorité de l’État sur le territoire national. Congo airways www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 39 DOSSIER ALPHA-AIRPORT Une expertise au service du développement des aéroports congolais es activités s’exercent principalement dans les domaines de : - la conception, et l’aménagement des aérogares ; 40 / Impact n°9 / Juin 2015 - l’alimentation, la distribution d’énergie électrique et le balisage des pistes des aérodromes ; - l’équipement des tours de contrôle ; - la fourniture et le montage de bâtiments préfabriqués modulaires à usage d’aérogare, de centrale électrique ou de tour de contrôle fixes ou www.impact.cd Photos : Alpha Airport S Alpha-Airport, le spécialiste français en intégration de systèmes aéroportuaires, conçoit, construit et réalise, pour le compte de nombreux clients à travers le monde, des systèmes destinés à moderniser, sécuriser ou accroître les capacités des aéroports. Alpha Airport a plus 20 ans. La société a été créée par Daniel Ravé, ingénieur diplômé de l’Ecole Nationale de l’Aviation Civile et Simon-Pierre Veys, à l’issue de carrières professionnelles exercées dans l’exploitation et la vente de produits pour aéroports. La société dispose, à ce jour, d’une équipe d’une vingtaine d’ingénieurs et architectes, totalement dédiés aux métiers aéroportuaires, dans lesquels ils ont, au cours des années, accumulé une vaste expérience. Son professionnalisme est garanti par la certification de ses processus internes aux normes qualité et environnement ISO 9000 et ISO 14000 Alpha-Airport sait ainsi comprendre les besoins de ses clients, leur proposer les solutions les plus adaptées, dans un souci d’efficacité et de performance, en intégrant, dès la conception, les problématiques technique et financière d’exploitation et de maintenance. Habituée aux projets clés en main, elle sait anticiper les contraintes liées à la continuité de service d’installations devant être disponibles 24 heures sur 24. Entreprise à taille humaine, ses ingénieurs maintiennent une forte proximité avec leurs clients, même après l’achèvement des projets, ce Photo : DR mobiles. Ses prestations englobent les études, la fourniture et l’installation de produits et systèmes, la formation des personnels d’exploitation et de maintenance et le transfert de compétence, ainsi que la fourniture de pièces de rechange, l’assistance et l’accompagnement à l’exploitation des systèmes livrés. Entreprise à taille humaine, ses ingénieurs maintiennent une forte proximité avec leurs clients, même après l’achèvement des projets, ce qui leur permet de réagir très rapidement aux sollicitations de ces derniers et d’intervenir en urgence en cas de besoin. qui leur permet de réagir très rapidement aux sollicitations de ces derniers et d’intervenir en urgence en cas de besoin. Alpha-Airport exerce historiquement ses activités en Europe et se développe rapidement sur le continent africain. Cela résulte du parcours professionnel de ses créateurs, dans lequel l’A frique a joué un rôle important, et de la taille des aéroports de ce continent, pour la plus part dimensionnés pour moins de cinq millions de passagers par an et qui constituent le cœur de cible de la société. Présente au Magreb (Maroc, Algérie), en Afrique subsaharienne (Sénégal, Mali, Niger, Tchad) et tropicale (Bénin, Gabon), elle a participé à la www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 41 DOSSIER Fort de cette réussite, Alpha-Airport s’est vu confier par le ministère des Transports et Voies de communication la construction de la nouvelle aérogare internationale de Kinshasa Ndjili. Ce bâtiment de 10.000 m², implanté à proximité immédiate de la «rotonde» appelée à devenir l’aérogare nationale, bénéficie d’un concept innovant développé par Alpha-Airport dénommé «aérogare modulaire». Constituée d’un bâtiment préfabriqué à charpente acier recouvert de bardage métallique, répondant à l’ensemble des normes d’isolation thermique, acoustique, sécurité incendie, climatisation et renouvellement d’air propre aux établissements recevant du public, cette aérogare répond aux recommandations IATA (Association des Compagnies Aériennes) en matière de sûreté et de qualité de service offertes aux passagers. Deux halls publics, «Départ» et «Arrivée», séparés mais pouvant communiquer, dotés de boutiques et de bars, permettront aux passagers et accompagnants de réserver ou modifier leurs billets d’avion, de se restaurer et procéder à divers achats (téléphone, banque, presse, produits locaux etc…). Le hall d’enregistrement disposera de 16 comptoirs banalisés, plus un spécialisé pour les bagages hors gabarit qui seront affectés aux compagnies aériennes via un système appelé CUTE (Commun Use Terminal Equipement) qui leur permettra de se connecter au système informatique de leur siège et d’imprimer les cartes d’em42 / Impact n°9 / Juin 2015 Fort de cette réussite, AlphaAirport s’est vu confier par le ministère des Transports et Voies de communication la construction de la nouvelle aérogare internationale de Kinshasa Ndjili. barquement et les étiquettes bagages. Afin de faciliter leur passage et tranquilliser les passagers, des systèmes de signalisation et téléaffichage permettront de les guider et de les informer tout au long de leur parcours dans l’aérogare. En complément, un dispositif de sonorisation diffusera des annonces vocales générales ou spécialisées par zones. Le hall d’embarquement comportera quatre portes d’embarquement par bus, permettant de traiter jusqu’à quatre vols simultanément ou deux par avion gros porteur type A 330. Il sera doté de boutiques et commerces «Duty free», d’un bar cafétéria et de zones informatiques permettant de travailler sur un ordinateur portable, ou de recharger un téléphone. L’ensemble du terminal sera couvert en Wi-Fi La salle d’arrivée comportera 12 comptoirs «Police Immigration» et la salle «retrait bagages» sera dotée de deux carrousels, l’un pour les avions gros porteurs (A 330 ), l’autre pour les moyens porteurs (A 320). Des chariots seront à la disposition des passagers pour retirer leurs bagages. Deux salons VIP, l’un à l’arrivée, l’autre au départ, permettront d’acwww.impact.cd Photos : Congo Airways mise en place d’équipements aéroportuaires, allant d’aménagements complets d’aérogares (Bamako, Cotonou) ou de systèmes de balisage (Abidjan, Tanger, 15 systèmes de balisage mobile à l’A SECNA ) à des installations plus modestes sur plus d’une cinquantaine d’aéroports de cette zone. La Côte d’Ivoire lui a récemment confié l’aménagement complet de cinq aéroports à l’intérieur du pays, qui seront desservis par Air Cote d’Ivoire. Ce projet inclut l’alimentation en énergie de la plateforme, la centrale électrique, le balisage, la tour de contrôle et l’aménagement de l’aérogare. Egalement présente en Afrique centrale (Congo Brazzaville et République Démocratique du Congo) depuis une dizaine d’années, ses activités dans la zone ont pris une nouvelle dimension à partir de 2012 avec le remplacement, en urgence, des équipements aéroportuaires de la «rotonde», aérogare internationale de Kinshasa, dans le cadre du sommet de la francophonie. Photos: DR cueillir, dans des conditions très confortables, les passagers des classes « Affaires » et « Premières » ainsi que les officiels et autorités. De vastes auvents permettront d’accéder au terminal, côté ville, et aux bus d’accès aux avions, côté piste, en étant protégé des intempéries. Une allée de liaison couverte permettra de relier le nouveau terminal à la « rotonde ». La sureté aéroportuaire répondra aux derniers standards internationaux et aux recommandations IATA. L’aérogare sera équipée d’un système de détection d’explosifs pour les bagages de soute, de machines à rayons X aux différents points de contrôle, de portiques et de scanners pour les bagages cabines aux postes d’inspection et filtrage. Un système de vidéo-surveillance permettra de contrôler tous les points sensibles de l’aérogare. Un dispositif de contrôle d’accès limitera, zone par zone, la circulation dans le terminal aux seuls personnels autorisés. L’alimentation normale en énergie du nouveau terminal sera assurée via deux antennes SNEL, sous une tension de 20.000 V, avec la possibilité de basculer de l’une à l’autre. Le secours de cette alimentation sera réalisé au moyen de deux groupes électrogènes de 800 KVA. Les premiers vols d’essai ont été traités dans le nouveau terminal fin mai et la mise en service opérationnelle est prévue pour la fin www.impact.cd du mois de juin 2015. Kinshasa disposera alors d’une nouvelle aérogare internationale, moderne et fonctionnelle, entièrement conforme aux standards internationaux, permettant d’accueillir les passagers dans de bonnes conditions de sécurité et de confort et leur offrant toutes les facilités qu’ils attendent lors de voyages internationaux. Ce nouvel outil, au service du développement, devrait permettre un accroissement significatif du trafic aérien de l’aéroport de Kinshasa et l’ouverture de nouvelles liaisons. Il contribuera à donner une image positive du pays aux voyageurs étrangers venus du monde entier. Alpha-Airport tient à remercier la Régie des Voies Aériennes, maître d’œuvre du projet et le bureau STUDI International, maître d’œuvre délégué, pour l’assistance apportée tout au long du déroulement du projet et la qualité des relations établies entre les équipes. Le dispositif de contrôle mis à la disposition de la Direction générale des migrations Elle est fière de la confiance qui lui a été accordée par le ministère des Transports et des Voies de communication, et souhaite en être digne par la qualité de l’ouvrage réalisé. Elle est heureuse de contribuer ainsi, modestement, à la « révolution de la modernité » voulue par le Gouvernement congolais. Alpha Airport Impact n°9 / Juin 2015 / 43 DOSSIER La sécurité des frontières Lorsque contrôle rime avec service public uatre-vingt-dix ans après, voyager au Congo n’est toujours pas une sinécure malgré les évolutions technologiques, et le vieil adage militaire « le terrain commande ! » s’applique tout aussi bien au domaine du transport des personnes et des biens, lorsqu’il constitue un défi permanent que les conditions climatiques ou encore les différents conflits rendent encore bien plus difficile. Les réseaux routiers et ferroviaires ne sont-ils toujours pas un immense 44 / Impact n°9 / Juin 2015 chantier ? Kinshasa n'est toujours pas accessible par la route ou la voie ferrée depuis les autres villes principales du pays que sont Mbuji-Mayi, Lubumbashi, Kisangani, Kananga ou Goma. Seule, la réhabilitation de la route de Matadi vers le Bas-Congo constitue une maigre avancée. Alors, il reste le fleuve, les lacs et les cieux, et qui dit « transports », dit aussi sécurité et sûreté pour préserver toutes les chances d’un essor économique et social indispensable au pays. La sécurité, qui consiste essentiellement à préwww.impact.cd Photos : Stefano Toscano Q « Projet de jeunesse réalisé dans l’âge mûr, ce voyage au Congo, je n’avais pas vingt ans que déjà je me promettais de le faire, il y a trente-six ans de cela » André Gide (Voyage au Congo, 1925). venir les accidents (donc par définition involontaires) et la sûreté, qui consiste elle à prévenir les actes volontaires (cambriolages, dégradations, attentats etc...), trouvent alors toute leur signification, dans l’aide que peut assurer la coopération française, et que suit le service de sécurité intérieure (SSI) de Kinshasa. Deux secteurs ont plus particulièrement retenu son attention : les domaines aérien et fluvial. Au fil de l’eau, au cœur du Congo « Mais on voyait particulièrement sur la carte un fleuve, un grand fleuve puissant, qui ressemblait à un immense serpent déroulé, la tête dans la mer, le corps au repos, infléchi sur de vastes distances, la queue perdue au fond du pays. » Joseph Conrad (Au cœur des ténèbres, 1899). Sur le fleuve Congo bat le cœur de l’A frique, dans ses remous c’est l’histoire et la mémoire de tout un pays. De Matadi à Kisangani, c’est l’effervescence humaine, l’importance économique et géopolitique de cet axe de communication majeur. Dans un pays comme la République Démocratique du Congo, où la construction et l’entretien des routes terrestres sont souvent coûteuses et dévastatrices pour notre environnement (déboisage, destruction de la faune et de la flore…), le fleuve Congo est l’artère vitale du pays : non seulement par la pêche et l’électricité qu’il peut fournir, mais parce qu’il constitue une voie de communication indispensable, plus rentable, plus abordable et plus écologique mais qui draine aussi ses trafics, sa délinquance, ses clandestins, ses baleinières parfois surpeuplées et surchargées qui chavirent et dont les drames ont émaillé l’actualité en 2014 et au début de l’année 2015. Le développement et le progrès politique, économique, et social d’un Etat sont toujours conditionnés par l’ordre et la sécurité publics, intérieurs et extérieurs. C’est pourquoi le peuple congolais doit pouvoir compter sur une Police des Frontières Républicaine, véritable service public capable de gérer les inévitables manquements à la navigation et à la légalité comme elle doit pouvoir compter sur son assistance et les secours. La coopération bilatérale entre la France et la République Démocratique du Congo s’est donc naturellement tournée sur une illustration opérationnelle en termes de renforcement des capacités de l’Etat de droit, pour améliorer dans le respect de la légalité, la sécurité des personnes et des biens, permettant à la police des Frontières au sein de la Police nationale congolaise, dans sa www.impact.cd mission de contrôle et de sécurisation de la navigation fluviale, dans sa lutte contre les trafics illicites transfrontaliers, mais aussi en portant aide et assistance aux usagers du fleuve en difficultés, de franchir une nouvelle et décisive étape. Force doit rester à la loi, même sur l’eau… Les gouvernements de la République Démocratique du Congo et de la France ont signé le 24 septembre 2011 une convention de coopération bilatérale d’aide au développement connue sous le sigle ALCOTT (Appui à la Lutte contre la Criminalité Organisée et les Trafics Transfrontaliers), dotée d’un financement global français de 600.000 euros du ministère des Affaires étrangères et du Développement international. Outre un volet consacré à la police judiciaire, ce projet consacrait 278.000 € à la création d’une unité fluviale de la Police des frontières à Kinshasa. Le commandant de police Patrick Gourgues, du service de sécurité intérieure de l’ambassade de France à Kinshasa, en a été le brillant maitre d’œuvre. Impact n°9 / Juin 2015 / 45 L’avenir fluvial en route Le gouvernement congolais, après avoir réhabilité le navire ITB Kokolo qui opère entre Kinshasa et Kisangani, a lancé le chantier de réhabilitation du bateau Gungu pour les liaisons fluviales dans les coins les plus reculées du Congo. Une coopération efficace À travers le courage et le remarquable engagement des hommes de la Police des frontières de Kinshasa, la coopération technique entre la France et la RDC, trouve une illustration remarquable d’efficacité. 46 / Impact n°9 / Juin 2015 Fluctuat Nec Mergitur…de la Seine au Congo ! C’est la brigade fluviale de la préfecture de Police de Paris, dans la continuité de l’esprit qui anima sa création il y a plus de 110 ans en 1900 à l’occasion de l’Exposition Universelle par le préfet Louis Lépine, celle que l’on surnomme «la Fluv», fidèle à ses premières missions à savoir contribuer à la sécurité des voies navigables à Paris et dans la Petite Couronne, qui fut pressentie pour venir au Congo, et jouer un rôle majeur dans la formation et l’équipement de l’EMI de Kinshasa. Et sous la houlette de Patrick Gourgues, qui a veillé patiemment au grain sur tous les détails, les résultats sont là ! • Le 31 janvier 2014 au Beach N’Gobila de Kinshasa, l’ambassadeur de France, Luc Hallade, en présence notamment du ministre des Transports et Voies de communication ainsi que du Commissaire général de la Police nationale congolaise, Charles Bisengimana remettait aux membres d’équipages leurs diplômes d’habilitation à la navigation en qualité de matelot, pilote ou chef de bord, sanctionnant leur succès aux formations et examens organisés par les experts de la «Fluv». La Police des frontières se voyait remettre www.impact.cd Photos : Stefano Toscano leur nouveau territoire entre Maluku et les premiers rapides de Kinshasa. Le fleuve Congo, second fleuve au monde de par son débit, est un géant puissant et dangereux, dont ils apprennent chaque jour, avec respect, prudence et humilité, à déjouer les pièges parfois mortels. Les locaux et le ponton d’amarrage financés par La Police Nationale Congolaise ont constitué l’indispensable contribution de la République Démocratique du Congo et ont marqué son intérêt pour cette mission. Trois années ont été nécessaires pour mettre sur pied l’Escadron Motorisé d’Intervention (EMI) de la Police des frontières pour disposer enfin de tous les outils, des embarcations aux motorisations, des matériels de maintenance à la logistique de transport, des équipements (sondeurs, radar, gyrophares, projecteurs, appareils de vision nocturne) aux formations dispensées dont les habilitations à la navigation de nuit et au secourisme : deux bateaux entièrement équipés et motorisés ont été acquis, l’un de patrouille à coque rigide, et le second, dit d’intervention, semi-rigide. 20 membres d’équipages, diplômés comme matelots, pilotes ou chefs de bord, ont été formés à la navigation, à l’entretien des bateaux, ainsi qu’aux missions d’interventions de police fluviale, ou encore au secourisme en milieu aquatique par la coopération française. Il leur a fallu découvrir et apprendre à connaître DOSSIER enfin son premier bateau de patrouille, baptisé «Bonobo», une embarcation Yamaha W23SF de 7,50m de long, équipée d’une motorisation de 85 cv, qui pouvait désormais être amarrée au tout nouveau ponton installé sur une portion de quai concédé par la SCTP face aux locaux du groupement de la Police des frontières de Kinshasa, situé à proximité immédiate du Beach N’Gobila. • Le 12 juin 2014, l’unité fluviale recevait un deuxième bateau, d’intervention rapide, baptisé cette fois-ci « Okapi », embarcation à coque semi-rigide de marque Zodiac Milpro 650 SRR équipée d’une double motorisation de 170 CV. À cette occasion, on notait la présence du commandant de la brigade fluviale de Paris, Sandrine Berjot, spécialement venue de France pour saluer cet événement et féliciter le remarquable travail accompli par ses hommes et femmes qui, en quittant les berges de la Seine, se sont adaptés à celles du grand fleuve africain sans esprit de recul. • Le 22 avril 2015, c’est la clôture définitive du volet Police des frontières de notre coopération bilatérale développée par le projet ALCOTT. À cette occasion, outre la remise de nouveaux matériels, l’unité fluviale a été habilitée à patrouiller la nuit sur le fleuve Congo, à l’issue de la 11ème et dernière mission de formation des experts de la brigade fluviale de Paris. La veille, en plein exercice nocturne, l’Escadron motorisé d’intervention avait déjà intercepté des contrebandiers et migrants clandestins traversant illégalement le fleuve à la faveur de la nuit, stupéfaits de rencontrer une patrouille nautique les arraisonnant au gyrophare, équipée d’infrarouges, parfaitement mobile dans l’obscurité, et en souplesse. La nouvelle s’est vite répandue sur le fleuve Congo...et sans nul doute, jusque sous les ponts de Paris ! Enfin, au-delà des différentes patrouilles et interventions dans le cadre de la réglementation fluviale et des surveillances des trafics transfrontaliers, qui constituent désormais le quotidien de l’Escadron motorisé d’intervention, son équipage s’est particulièrement distingué le 9 décembre 2014, en portant secours à 47 personnes en perdition sur le fleuve à la suite d’une violente tempête qui avait entraîné le naufrage de sept embarcations. À travers le courage et le remarquable engagement des hommes de la Police des frontières de Kinshasa, la coopération technique entre la France et la République Démocratique du Congo, trouve là une illustration remarquable d’efficacité. Car l’unité fluviale de Kinshasa, plus que toute autre unité, se doit d’être l’élite de la www.impact.cd Des détails qui comptent Rien n'est laissé au hasard dans l'observation d'un document officiel. La qualité des faux documents nécessite un savoir-faire professionnel pour les détecter. Police des frontières, celle qui reste concentrée sur ses missions et ses qualités premières : professionnalisme et adaptabilité, calme et réactivité, rapidité d’intervention et sang-froid. Savoir agir pour mieux maitriser et s’imposer. L’avenir fluvial est en route ! Le gouvernement congolais, après avoir réhabilité le navire ITB Kokolo entre Kinshasa et Kisangani, a lancé le chantier de réhabilitation du bateau Gungu pour les liaisons fluviales dans les coins les plus reculées du Congo profond, puisque ce dernier sera mis sur la rivière Kasaï pour désengorger cette partie de la République longtemps sans engins flottants. Le désenclavement des riverains, le ravitaillement des populations urbaines en produits agro-pastoraux frais, la relance du tourisme ainsi que la transformation des potentialités de la biodiversité du fleuve en opportunités économiques, le futur barrage d’Inga III ou encore les approches maritimes de Matadi à Moanda, ou même la navigation à l’Est du pays dans la région des Grands Lacs, sont autant d’opportunités pour la coopération française de poursuivre son œuvre de sécurisation des personnes et des biens, et de participer lentement mais sûrement à cet essor économique et social indispensable et prometteur au Congo. Les cieux sont grands Un formidable potentiel Le pays dispose d’environ 270 aéroports et aérodromes dont la gestion est assurée tantôt par la Régie des Voies Aériennes (RVA), ou la Direction de l’Aviation Civile (DAC) ou enfin par le secteur Impact n°9 / Juin 2015 / 47 DOSSIER Chasse aux fraudeurs Formation à la lutte contre la fraude documentaire. défense du ministère des Affaires étrangères et du Développement international et par la Cellule Régionale d’Assistance à la Sûreté de l’Aviation Civile (CRASAC) de Dakar, cet ambitieux projet régional a reçu l’adhésion des agences des aviations civiles des vingt États africains partenaires et le soutien de plusieurs bailleurs et organisations internationales (Organisation de l’Aviation Civile Internationale, Union Economique et Monétaire Ouest Africaine, Office International des Migrations, Banque Mondiale, etc.). D’une durée de trois ans, doté d'un million d’euros sur financement du gouvernement français, ce projet a renforcé les capacités des Etats africains en matière de sûreté de l’aviation civile, de lutter contre le terrorisme, le trafic international de stupéfiants, l’immigration clandestine et le trafic des êtres humains. S’agissant de la République Démocratique du Congo, il est venu surtout compléter, de façon très opportune, le dispositif de coopération menée depuis dix ans par nos experts techniques internationaux successifs et leurs programmes de formations des personnels tant dans le domaine de la pédagogie que dans celui de la sûreté aéroportuaire : ainsi, Photo : Nino P. privé. Sur les 270 plateformes aéroportuaires, 101 sont ouvertes à la circulation publique, 164 sont privées et cinq relèvent du domaine militaire. La RDC avec ses 70 millions d’habitants, ses cinq aéroports internationaux, sa cinquantaine d’aéroports nationaux et sa multitude d’aéroports secondaires, possède des atouts incontestables dans le développement du secteur des transports aériens. Bien que sa position géostratégique, au centre du continent africain, en fasse un carrefour naturel, la République Démocratique du Congo ne dispose pas encore d’une entreprise capable de rivaliser avec les autres compagnies africaines ou européennes, et le transport aérien congolais, encore cher, restait peu sûr à cause de la qualité de la flotte qui assure le transport inter et intra provincial, qui jusqu’au 30 juillet 2014 figurait encore sur la liste noire de l’Agence Internationale de Sécurité Aérienne. Le rôle de l'Etat devient alors déterminant dans la sécurité et la sûreté car il va consister à définir les normes puis à vérifier que leur application assure un niveau de sécurité plancher propre à protéger le mieux possible les passagers et les tiers à la surface. Il s'agira de concilier trois données fondamentales, entre ce qui est techniquement possible, humainement souhaitable et économiquement acceptable. La coopération française entre alors en jeu pour permettre à l'Etat congolais d'exercer des actions d'information, de surveillance et de contrôle auprès des entreprises assurant les services aériens et de relever les défis liés à la sécurité aérienne. Ainsi, le service de sécurité intérieure (SSI) de l’ambassade de France, avec l’aide de son conseiller sûreté immigration en poste à Kinshasa, le brigadier-chef de police Claude Belasco, s’inscrit dans cette démarche, permettant notamment aux forces de sécurité intérieure de bénéficier d’un programme régional d’Appui à la Sûreté de l’Aviation Civile en Afrique (ASACA) visant au relèvement du niveau de sécurité aéroportuaire. Corrélativement, la lutte contre la fraude documentaire constitue le second volet important de cette coopération aux incidences sécuritaires multiples. 48 / Impact n°9 / Juin 2015 Photos : Stefano Toscano Une coopération modeste mais active Le programme ASACA, dont a bénéficié la République Démocratique du Congo, a démarré en 2011 et s’est achevé au mois de septembre 2014 dernier à Lomé (Togo), où s’est déroulée une formation régionale « négociation d’otages – niveau 2 ». Mis en œuvre conjointement par la Direction de la coopération de sécurité et de www.impact.cd L’avenir ? La nouvelle aérogare de N’djili C’est en fait une aérogare provisoire qui va constituer le lancement d’un grand chantier de réfection d’une partie des bâtiments actuels et la construction de plusieurs extensions aux fins d’obtenir un aéroport moderne respectant les normes internationales. Cette nouvelle aérogare provisoire de l’aéroport de N’Djili, opérationnelle en juin 2015, devrait être inaugurée concomitamment avec le lancement de la nouvelle compagnie aérienne nationale congolaise «Congo Airways» en partenariat avec Air France Consulting. Là aussi, la coopération française en mawww.impact.cd LOGIX À l’aide de ce logiciel informatique, utilisé depuis plusieurs années en France pour évaluer et certifier les agents de sociétés privées qui œuvrent sur les plates formes aéroportuaires, nous avons pu former les agents désignés à l’inspection des bagages de cabine (IFBC) et de soute (IFBS) et surtout les juger aptes à opérer sur les postes inspection filtrage (PIF). tière de sûreté a déjà anticipé la manœuvre. L’aérogare devant être équipée d’appareils de sûreté conformes aux plus hauts standards de l’OACI en juin 2014, en partenariat avec la société Elumedia dont le siège se trouve à Toulouse, la Cellule Régionale d’Assistance à la Sûreté de l’Aviation Civile à Dakar (CRASAC) et le Service de sécurité intérieure près l’ambassade de France à Kinshasa, ont procédé au déploiement de matériel d’entraînement et de suivi des opérateurs en « Imagerie Radioscopique ». À l’aide d’un logiciel informatique répondant au nom de « LOGYX », utilisé depuis plusieurs années en France pour évaluer et certifier les agents de sociétés privées qui œuvrent sur nos plates-formes aéroportuaires, nous avons pu former les agents désignés à l’inspection des bagages de cabine (IFBC) et de soute (IFBS) et surtout les juger aptes à opérer sur les postes inspection filtrage (PIF). Désormais à la libre disposition de l’Etat congolais, «LOGYX » lui permet de certifier les agents qui ont atteint les objectifs de cette formation exigée au niveau international par l’OACI. Pierre Gazan Photo : Nino P. ASACA a non seulement permis de créer un vivier d'instructeurs locaux capables de maintenir sur place un niveau adapté de compétence des personnels, mais il a permis à l’Etat congolais à se doter des textes exigés par les conventions internationales en matière de sûreté aéroportuaire, et de développer une culture de supervision de la qualité de la sûreté en application des mesures prescrites par l’OACI. De fait, la République Démocratique du Congo, en signant, le 26 avril 2011, le protocole d’accord sur les formations concernant le renforcement des mesures en matière de sûreté aéroportuaire, a permis à un peu plus de 200 stagiaires de la capitale et de plusieurs provinces, issus de la Régie des voies aériennes, de l’Autorité de l’aviation civile, de compagnies aériennes nationales et internationales, de la Direction générale des migrations et de sociétés privées assurant le handling ou la sûreté de ces compagnies, de se familiariser à la rédaction spécifique des textes propres à la réglementation aérienne, à la gestion de crise, à la sûreté du fret, au rôle de superviseur de la sûreté, ou encore à la négociations d’otages. En complément, notre conseiller sûreté immigration a dispensé des formations sur le thème de la lutte contre la fraude documentaire avec pour objectif d’apporter aux stagiaires congolais, aux agents consulaires et aux compagnies aériennes des bases solides et des connaissances suffisantes leur permettant d’analyser un document de voyage et de détecter les « faux » : des ateliers de travaux pratiques en groupe ont été mis en place avec apprentissage d’une méthodologie d’analyse d’un document et recherche d’une éventuelle fraude. Des séances sur le «profiling» ont été dispensées afin d’aborder la reconnaissance faciale permettant de déceler les éventuels imposteurs ou utilisateurs de document appartenant à autrui. Impact n°9 / Juin 2015 / 49 DOSSIER THALES Dans un monde de plus en plus mobile, interconnecté et interdépendant, Thales aide à choisir la meilleure option et à agir en conséquence. L’expertise de ses collaborateurs, sa puissance technologique et sa présence opérationnelle dans 56 pays font de lui un acteur clé de la sécurité des citoyens, des infrastructures et des Etats. 50 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Photos : Thales L’intelligence collective pour un monde plus sûr T hales et son partenaire local PERFECT ont remporté l’appel d’offres CNS ATM Phase 1, contrat financé par la Banque Mondiale pour la RVA (Régie des Voies Aériennes) et la CEPTM (Cellule d’Exécution du Projet de Transport Multimodal). Ce contrat, entré en vigueur en mai 2013, porte sur la livraison et l’installation : • d’un centre de contrôle en route et d’approche à Kinshasa, dans le CCR (Centre de Contrôle régional) et la nouvelle tour de contrôle de l’aéroport de N’Djili ; • d’un simulateur du centre de contrôle destiné à la formation des contrôleurs ; • de cinq stations ADS-B. Elles seront installées sur les sites de Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani, Ilebo et M’Bandaka, et permettront de couvrir les principales routes aériennes qui traversent la RDC. Ces «équipements Thales» permettront à la RDC d’être dotée, pour la première fois, de moyens automatisés de surveillance aérienne et d’être au même niveau que les pays frontaliers. De plus, le système Thales TopSky-ATC, livré à la RVA dans le cadre de ce projet, est un système reconnu et déployé depuis plus de 10 ans avec de nombreuses références à travers le monde et en particulier en Afrique. Les principales FIRs adjacentes à celle de la République Démocratique du Congo sont déjà équipées de systèmes Thales TopSky - ATC : ASECNA, Congo Brazzaville, Soudan, Angola, Namibie, Zambie et Afrique du Sud. L’utilisation de TopSky-ATC sera donc, pour la RVA, la garantie de disposer d’un système totalement compatible avec les systèmes voisins et ainsi de répondre, de la manière la plus sûre, aux exigences internationales en termes de sûreté de l’espace aérien au niveau régional. La réception sur site des équipements du centre de contrôle de Kinshasa à N’Djili s’est parfaitement déroulée du 27 au 30 avril 2015, en présence des équipes de la CEPTM et de la RVA. Les équipements restants seront installés dans les meilleurs délais en 2015. L’inauguration officielle du centre ATC, ainsi que le passage au stade opérationnel de la nouvelle tour et du centre de contrôle aérien de Kinshasa N’Djili, se feront prochainement. Le Marché CNS ATM Phase 2, pour la fourniture de 11 stations ADS-B supplémentaires et de deux www.impact.cd Thales est un leader mondial des hautes technologies pour les marchés de l’Aérospatial, du Transport, de la Défense et de la Sécurité. centres de contrôle déportés (à Lubumbashi et Kisangani) ainsi que tous les moyens de communications associés (réseau de radio HF, VHF et VSAT), financé par la BAD (Banque Africaine de Développement), a été gagné par Groupement Thales (France) – AERONAV (Canada) PERFECT (RDC) et attribué fin novembre 2014. Ce contrat fournira à la RVA une couverture en route ADS-B complète de l’espace aérien de la RDC. Thales est aussi fournisseur de Navaids (équipements d’aide à la navigation aérienne : VOR, ILS, DME, etc) pour différents aéroports en RDC et a, notamment, remporté l’appel d’offres pour l’installation du nouvel ILS pour Kinshasa en avril 2013. Thales est un leader mondial des hautes technologies pour les marchés de l’aérospatiale, du transport, de la défense et de la sécurité. Fort de 61.000 collaborateurs dans 56 pays, Thales a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 13 milliards d’euros. Avec plus de 20.000 ingénieurs et chercheurs, Thales offre une capacité unique pour créer et déployer des équipements, des systèmes et des services pour répondre aux besoins de sécurité les plus complexes. Son implantation internationale exceptionnelle lui permet d’agir au plus près de ses clients partout dans le monde. Thales Impact n°9 / Juin 2015 / 51 DOSSIER SYSTRA La confiance transporte le monde... D ans le cadre de son activité en Afrique, SYSTRA aide les Etats dans la construction de nouvelles lignes ferroviaires (comme en Ethiopie, au Sénégal ou au Maroc) mais accompagne également les exploitants ferroviaires dans l’entretien et l’optimisation de leurs ré52 / Impact n°9 / Juin 2015 seaux existants (Cameroun, Cote d’Ivoire, etc…). Au Gabon, le Transgabonais, ligne ferroviaire mythique de l’A frique centrale, est l’objet d’un vaste programme de réhabilitation de ses ouvrages d’art depuis 2010. Construits entre 1974 et 1986, les ponts âgés de plus de trente ans ont besoin d’être réparés et entretenus afin de pouvoir continuer à exploiter la ligne de chemin de fer dans de bonnes conditions. La SETRAG (Societe d’Exploitation du TransGawww.impact.cd Photos : Systra Le Groupe SYSTRA est une ingénierie, filiale des deux géants français du transport public : SNCF et RATP. Grâce à cet héritage incomparable, il est devenu le leader mondial des infrastructures de transport public. SYSTRA intervient sur l’ensemble des cycles d’un projet d’ingénierie. Pour cela, nous avons besoin de recruter tous types de fonctions et d’expérience... bonais), qui est l’exploitant de la ligne, a confié la réalisation d’un audit à SYSTRA en 2008 dans le but de faire un état des lieux de ses ouvrages d’art. Cet audit a mis en évidence un certain nombre de travaux à réaliser pour la réparation et l’entretien des ouvrages. L’Etat gabonais et la SETRAG ont donc mis en place un programme de réhabilitation de 17 milliards de francs CFA, étalé sur trois ans et financé par l’Etat gabonais. Les travaux sont multiples : changements d’appareils d’appuis, confortement de fondations et de piles, traitement de fissures dues à l’alcali-réaction par injection ou chemisage, réalisations d’enrochements et remises en peinture des ouvrages métalliques. phase amont jusqu’en phase d’exécution, le visa d’études, le montage de dossier de consultation d’entreprise, l’assistance à maîtrise d’ouvrage ou le suivi de travaux sur site. Depuis 2005, SYSTRA est intervenu pour différents travaux, comme le changement des appareils d’appui du pont Ogooué 1 (qui s’étaient brisés) puis ceux des ponts Como, Offoué et Abanga 2, ou encore les réparations de piles et fondations gravement touchées par le phénomène d’alcali réaction (RAG) sur les ponts Ogooué 1 puis Machoca. À la suite de ces missions, la SETRAG a sollicité SYSTRA pour les travaux de changement des appareils d’appui de 19 ponts et la protection du pont Ogooué 3/4 touché par la réaction alcali-granulat (RAG). D’autres études ont été également confiées à SYSTRA. En qualité d’assistant technique, SYSTRA est intervenu et a conseillé l’exploitant ferroviaire gabonais sur une grande partie des travaux réalisés sur ses ouvrages d’art depuis 2005, que ce soit pour la réalisation d’expertises, d’études en www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 53 DOSSIER Changement des appareils d’appui En septembre 2012, une nouvelle mission ayant pour but, de faire le visa des études et le suivi du chantier du changement des appareils d’appui sur 19 ouvrages d’art a démarré. 156 appuis néoprènes et 20 appareils d’appui à pot ont étés posés en remplacement de néoprènes, d’appuis à balancier et d’appuis à rouleau. Le chantier était divisé en cinq lots répartis entre trois entreprises (Colas, Sobea et Cgte) et il a duré environ un an. Ces appareils devaient être remplacés en garantissant le repositionnement exact des tabliers. Une modification du réglage des appareils d’appui aurait eu un impact non acceptable sur la voie et la circulation des trains. La planéité, l’horizontalité et le parallélisme des faces en contact avec les appareils d’appui étaient également à garantir pour leur bon fonctionnement. La planéité est nécessaire pour assurer l’uniformité du chargement, la non-horizontalité et le défaut de parallélisme peuvent entraîner des déformations et des déplacements inacceptables dans le temps. Les moyens mis en œuvre pour le vérinage des tabliers étaient assez simples en raison des petits espaces de travail. Une équipe réduite composée de quelques techniciens et manœuvres, un matériel limité à un jeu de vérins raccordé à une pompe hydraulique et à des manomètres de contrôle, une série d’outils de mesure, un groupe électrogène, des nacelles d’accès et pour les appareils d’appui à pot, un poste à souder, un chalumeau et des tire-fort. En parallèle à ces remplacements, des travaux de protection d’un ouvrage touché par une maladie du béton, se sont déroulés. 54 / Impact n°9 / Juin 2015 Ce chantier fut conditionné par la crue du fleuve Ogooué, car l’accès au pied des piles était nécessaire. Ainsi le travail n’était possible que durant l’étiage à la saison sèche, de juillet à mi-septembre. Pour allonger cette période l’entreprise a construit un batardeau destiné à fermer un des deux bras du fleuve. L’amplitude de la crue étant importante et rapide, ce batardeau n’a permis que de retarder la fin des travaux de deux semaines. Le projet consistait donc à créer différentes couches d’étanchéité pour freiner l’avancement de la réaction et ainsi prolonger la durée de vie de l’ouvrage, les étapes étaient les suivantes : • repiquage des fissures ; • rebouchage des saignés précédemment ouwww.impact.cd Photos : Systra SYSTRA DANS LE MONDE... SYSTRA a des références dans plus de 150 pays et 350 villes et gère près de 3 500 contrats avec des clients fidèles depuis de nombreuses années. Protection du pont Ogooué 3/4 Le pont Ogooué 3/4 qui franchi le fleuve Ogooué, est touché par le phénomène d’alcali-réaction qui est une réaction chimique qui a pour conséquence de faire fissurer le béton. Pour protéger cet ouvrage, une solution de chemisage en béton armée a été choisie dans le but de stopper l’avancement de la réaction en empêchant les arrivées d’eau qui sont nécessaires à la réaction. SYSTRA rassemble une grande richesse de projets majeurs en matière de lignes à grande vitesse, de métro, tramway, transport par câble, conception de gares, d’ouvrages souterrains ou aériens. Nous gérons 3 500 contrats et sommes présents dans plus de 150 pays. SYSTRA a déjà travaillé, par le passé, sur des sujets similaires en Afrique. Les réseaux ferrés africains sont vieillissants et ils nécessitent des opérations de maintenance. Ces opérations devront être menées et suivies par des professionnels maîtrisant les contraintes ferroviaires. SYSTRA vertes avec un mortier étanche puis injection des fissures à basse pression avec un coulis en mortier de résine très liquide ; • pose d’un enduit étanche sur toute la hauteur du fût ; • chemisage en béton armé de quinze centimètres d’épaisseur sur toute la hauteur des fûts. Une ingénierie française au service d’un réseau ferré Aujourd’hui l’Etat gabonais et la SETRAG font confiance à SYSTRA pour les accompagner dans leur projet de restauration des ouvrages d’art du Transgabonais, aussi bien en assistance à maîtrise d’œuvre qu’en tant que prestataire d’ingénierie ou simplement de conseil. Les différents travaux d’entretien et de réparation tels que : changements d’appareils d’appui, protection d’ouvrages touchés par la réaction alcali-granulat, ou même d’autres études qui ont été réalisées pour la SETRAG comme des enrochements ou études de solutions de stabilisation des plateformes, illustrent le savoir-faire technique de SYSTRA appliqué à des chantiers en Afrique. SYSTRA intervient également auprès de la SETRAG, dans le domaine de la signalisation, du matériel roulant, de l’exploitation, et plus récemment sur des problématiques de passages à niveau. www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 55 Photo : CFAO Motors RDC DOSSIER Prévention routière La sécurité est l'affaire de tous Paulo Fernandes Délégue général CFAO Motors RDC Lutter contre l'insécurité routière est devenu un enjeu dans le monde et particulièrement en Afrique où le parc automobile connaît une forte croissance. L 'ONU en a fait une de ses priorités, déclarant la période 2011-2020 «Décennie d'action pour la sécurité routière». L'objectif ? Alerter et sensibiliser les automobilistes afin de diminuer le nombre de victimes de la violence routière. Le groupe CFAO s'implique, depuis de nombreuses années, faisant de la prévention routière 56 / Impact n°9 / Juin 2015 un des axes prioritaires de sa politique RSE. Ces multiples actions à travers plusieurs pays d'A frique ont permis de sensibiliser nos collaborateurs, nos clients qu'ils soient acheteurs de véhicules, de camions ou de deux-roues, mais aussi les écoliers car nous pensons que la prévention a des meilleurs résultats si on sensibilise le public dès le plus jeune âge. L'accroissement du parc automobile en RDC, et plus particulièrement à Kinshasa, le nombre www.impact.cd Photo : DR dans la lutte contre l'insécurité routière. Nous encourageons toutes les sociétés, organismes et particuliers à promouvoir ce type d'action car nous sommes tous concernés par la sécurité routière qui concerne nos collègues, nos amis, nos familles. Il nous semblait naturel de donner la parole au Président de la CNPR, Willy Vale Manga qui a accepté de répondre à nos questions. Photo : Gédéon Mukendi important de conducteurs non aguerris aux bons réflexes de la route, l'explosion des importations de véhicules avec le volant à droite, nous interpelle en tant que Distributeur automobile citoyen et engagé contre ce fléau qui tue en moyenne une trentaine des personnes par mois et cause de nombreux dégâts matériels. Du fait de l'amélioration des routes, nous devons passer à une étape cruciale : la sensibilisation des automobilistes à la sécurité routière. Pour ce faire, CFAO Motors RDC, en partenariat avec la Commission Nationale de la Prévention Routière (CNPR), vont lancer très prochainement une campagne de sensibilisation des différents acteurs de la route (auto, deux roues) sur les «bons réflexes» et visant à vulgariser le code de la route. Ce programme consistera à mener des actions ciblées (distribution de flyers, projection de supports visuels et éducatifs par la CNPR) sur des grands axes de la ville de Kinshasa dans un premier temps. D'autres actions devraient suivre dans d'autres villes. Ce module de formation s'articule autour de trois grands thèmes : - côté conducteur : préalables à la conduite ; - sur la route : comportement routier ; - côté véhicule : entretien et équipements de sécurité. Par ce geste, CFAO Motors RDC veut marquer son engagement et montrer son implication www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 57 Impact : qu’est ce que la CNPR et quels sont ses objectifs ? Willy Vale Manga : La Commission Nationale de Prévention Routière (CNPR) a été créée par ordonnance présidentielle du 26 décembre 1978. C’est un service spécialisé et technique du ministère des Transports et Voies de communication qui a pour but l’application du code de la route sur le terrain. Elle propose au gouvernement de la RDC la politique générale dans le domaine de la prévention routière : - elle coordonne toute les études et actions sectorielles pour une meilleure sécurité sur l’ensemble du réseau routier national ; - elle lutte contre les accidents de circulation routière et s’occupe de la sauvegarde des vies humaines sur la voie publique congolaise ; - elle est en charge de l’implantation de la signalisation routière tant verticale, horizontale que lumineuse en milieu Urbain comme en rase campagne sur l’ensemble du réseau routier long de 152.000km que dispose la RDC ; - elle mène entre autres les campagnes de sensibilisation du code de la route. Quelles sont les actions menées à ce jour et qui sont vos différents partenaires ? La CNPR totalise 37 ans d’existence, et c’est l’un des services qui atteint la maturité et l’expérience dans le domaine de la prévention et de la sécurité routière. Durant toute cette période, elle a réalisé plusieurs actions pour accompagner d’une part le gouvernement de la République et d’autre part les usagers de la route pour une meilleure circulation ; À titre d'exemple : - la vulgarisation du code de la route sur l’ensemble du territoire national grâce à la distribution de plusieurs supports (brochures,etc...) pour atteindre toute la population utilisatrice de la route ; - l’éducation routière en milieu scolaire pour lutter contre les accidents dans le milieu des jeunes ; - l’implantation de plus ou moins 13.000 pan58 / Impact n°9 / Juin 2015 Willy Vale Manga Président de la CNPR neaux routiers avec la signalisation verticale, le traçage de marquage au sol ; - la formation dans les autos et motos écoles pour avoir des conducteurs respectant le code de la route avec des bonnes pratiques de conduite ; Comme partenaires on peut citer : l’OCC, Sonas, APVCO, ACCO, Office des routes, OVD, DVDA, Handicap International, Croix Rouge et très prochainement CFAO Motors RDC. Quelles sont les difficultés rencontrées lors de la mise en œuvre de vos actions ? Elles sont au nombre de quatre : - le manque de financement, car il n’ya pas de sécurité routière sans financement ; - l'absence d’équipements modernes adéquats ; - le défaut d'industrie locale pour la création des panneaux routier ; - l'inexistence d’une banque de données statistiques. Quel est votre avis sur l’explosion des importations des véhicules avec volant à droite ? Un avis négatif quant à ce phénomène qui n’est pas conforme aux lois de la RDC. Ce phénomène fait augmenter le taux d’accidents de circulation sur l’ensemble du territoire national. Ces importations doivent être stoppées au profit des véhicules à volant à gauche pour ainsi respecter le code de la route en RDC, pays francophone dont la circulation autorisée est à gauche avec volant à gauche et dont la lecture des panneaux se fait à droite suivant le sens de la circulation. Que pensez-vous de l’initiative de CFAO Motors RDC sur la sensibilisation de la prévention routière ? Une excellente initiative de CFAO MOTORS pour appuyer en cette décennie décrétée par l'ONU «les actions de sécurité routière 20112020» en RDC à travers la CNPR et le ministère des Transports. Propos recueillis par PF Photo : CNPR Photos : Gédéon Mukendi DOSSIER www.impact.cd www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 59 DOSSIER BOLLORÉ AFRICA LOGISTICS Spécialiste dans les métiers du transport et de la logistique en RDC B 60 / Impact n°9 / Juin 2015 olloré Africa Logistics RDC a pour vocation de chercher à bâtir des solutions multimodales sur mesure, répondant à toutes les exigences de ses clients. Spécialiste en transports de surface comme aériens ou fluviaux, Bolloré Africa Logistics RDC recherche, en propre ou à travers des partenariats avec des opérateurs–pilotes du secteur, la meilleure réponse pour ses clients, tout en leur proposant des solutions alternatives et inédites, le cas échéant, à la hauteur des défis que peut www.impact.cd Photos : Bolloré Africa Logistics Acteur de son désenclavement , Bolloré Africa Logistics RDC s’inscrit comme un partenaire de choix en RDC dans le domaine si particulier que représentent le transport et la logistique dans un pays aux potentialités colossales mais aux nombreux défis, en termes d’infrastructures et d’accessibilité de certaines zones, proportionnels à la taille du pays. Spécialisé dans la logistique de projets industriels, Bolloré Africa Logistics a su tisser dans ce grand pays qu’est la RDC un vaste maillage. représenter la logistique dans un pays-continent comme la République Démocratique du Congo. Fort de son réseau d’agences et de la qualité d’implication de ses équipes sur le terrain, Bolloré RDC est en mesure d’assurer un transport fiable et organisé sur le territoire congolais et vers les pays de la région via ses corridors vers l’A frique de l’Est et l’A frique Australe ainsi que sur la partie Ouest, comme à Lufu (frontière avec l’A ngola), nouvellement exploité pour satisfaire l’approvisionnement de nos clients. Spécialisé dans la logistique de projets industriels, Bolloré Africa Logistics a su tisser dans ce grand pays un vaste maillage. Notre société propose des solutions logistiques globales et sur mesure pour les différents projets, tout en assurant l’accompagnement de ses clients durant toutes les étapes, quel que soit le secteur d’activité. C’est ainsi que les grands groupes de l’industrie brassicole et cimentière ont pu profiter de notre expertise ces dernières années. Bolloré Africa Logistics RDC s’est également spécialisé dans le transport et la gestion des colis lourds (hors gabarit). En effet, notre société est capable d’anticiper sur les difficultés soulevées par le transport des colis HG grâce à une équipe dédiée, un équipement spécialisé et une reconnaissance professionnelle et préalable du trajet (road survey) afin d’assurer une livraison et un déchargement sur site en toute sécurité. Bollore RDC a accompagné plusieurs sous-traitants SNEL dans la livraison des transformateurs sur le site d’INGA grâce à des équipements spécifiques pour ce genre de transport tels que remorque 12 lignes , porte-chars , tracteurs … Un autre axe de développement se situe dans le domaine de l’entreposage à valeur ajoutée qui offre un large éventail de services logistiques, allant du stockage de marchandises générales aux solutions de pointe pour la chaîne logistique: équipement spécialisé de manutention, gestion spécialisée des entrepôts, entreposage sécurisé (vidéosurveillance, gardiennage), gestion www.impact.cd des stocks, service à valeur ajoutée (étiquetage, ré-emballage, co-emballage), préparation des commandes, etc. Notre expérience, dans le domaine, est reconnue par la plupart des équipementiers et opérateurs du secteur TELECOMS ainsi que dans le secteur de la distribution et biens de consommation. Doté également d’entrepôts pharmaceutiques, Bolloré Africa Logistics RDC assure et respecte la chaîne du froid, ce qui fait de cette entreprise un partenaire privilégié des certains ministères et des organismes internationaux. Bolloré RDC accompagne plusieurs sous-traitants SNEL dans la livraison des transformateurs sur le site d’INGA grâce à des équipements spécifiques pour ce genre de transport tels que remorque 12 lignes, porte-chars, tracteurs, etc. Nous ne serions pas complets si nous ne mentionnions pas qu’avec un réseau de 24 agences dans le pays et une présence aux principaux points d’entrée maritimes et aériens, Bolloré RDC propose ses services habituels d’agence maritime, de commissions de transport, de transit et dédouanement, ainsi que, pour ce qui est du fret aérien, les services connexes de représentation des lignes aériennes cargo (Agent général des ventes-GSA) pour les principales lignes desservant Kinshasa et la RDC en général. Bolloré Africa Logistics Impact n°9 / Juin 2015 / 61 CMA CGM Fondé en 1978, CMA CGM est aujourd’hui le troisième groupe mondial de transport maritime en conteneurs. Le groupe CMA CGM rayonne à travers le monde grâce à son réseau de 655 bureaux implantés dans plus de 160 pays. 62 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Photos : CMA CGM Partenaire incontournable de l’économie congolaise DOSSIER Présent sur l’ensemble des routes maritimes mondiales, le groupe offre à ses clients une expertise renforcée grâce à ses filiales spécialisées dans leur zone d’activité avec des marques reconnues, telles que DELMAS en Afrique. Incontournable Avec sa flotte de 445 navires, il dessert 400 ports sur les 521 ports de commerce mondiaux. Le Groupe a transporté 12,2 millions conteneurs EVP ou «équivalent vingt pieds» en 2014 (chiffres 2014 consolidés) grâce à ses 170 lignes maritimes. Leader du transport en Afrique : une expertise locale au plus proche des clients Présent sur l’ensemble des routes maritimes mondiales, le Groupe offre à ses clients une expertise renforcée grâce à ses filiales spécialisées dans leur zone d’activité avec des marques reconnues, telles que DELMAS en Afrique. Anciennement filiale du Groupe Bolloré, DELMAS intègre le Groupe CMA CGM en 2006. DELMAS a apporté au Groupe CMA CGM sa connaissance du marché Africain, fruit d’une expérience plus que centenaire. L’offre existante a été renforcée et de nouveaux services ont été développés, particulièrement en sortie d’Extrême Orient, d’Asie et du sous-continent indien. La marque DELMAS englobe 15 lignes directes vers l’A frique de l’Ouest et de l’Est, en sortie des ports du monde entier, ainsi qu’un réseau de feeders capable de desservir l’ensemble des marchés. A www.impact.cd Photos : CMA CGM vec sa flotte de 445 navires, il dessert 400 ports sur les 521 ports de commerce mondiaux. Le Groupe a transporté 12,2 millions conteneurs EVP ou « équivalent vingt pieds » en 2014 (chiffres 2014 consolidés) grâce à ses 170 lignes maritimes. Aujourd’hui, CMA CGM emploie plus de 20 000 personnes dans le monde entier. Le Groupe est devenu un acteur majeur du transport maritime international, un mode de transport aujourd’hui prépondérant concernant plus de 90% des marchandises échangées dans le monde. Impact n°9 / Juin 2015 / 63 Ses prestations de transport s’étendent jusqu’aux pays enclavés (Burkina Faso, Tchad, Mali et Niger). dustriels africains aussi bien des solutions maritimes que routières ou ferroviaires vers le cœur de l’A frique. Avec ses marques CMA CGM et DELMAS, le Groupe CMA CGM est devenu un acteur incontournable du transport en Afrique. Présent dans 43 pays à travers 74 bureaux, il propose aux in- Une Agence CMA CGM DELMAS en RDC : un service sur mesure au rendez-vous des défis terrestres congolais L’Agence CMA CGM DELMAS RDC propose à ses clients une offre de services import/export adaptée pour répondre à tous les besoins. En propre ou en partenariat, l’agence CMA CGM DELMAS propose des solutions intermodales optimisées jusque dans des régions enclavées de l’Est de la RDC comme le Katanga. L’agence CMA CGM DELMAS dispose de trois bureaux situés à Kinshasa, à Matadi et à Lubumbashi. Le Groupe CMA CGM est l’un des rares acteurs maritimes mondiaux à maîtriser l’ensemble de la chaîne logistique en délivrant une offre de service couvrant l’ensemble de la chaîne de transport. Il poursuit une véritable politique de développement du transport terrestre en Afrique avec la création de ports secs (Algérie, Sénégal, Cameroun) et le développement de sa flotte de camions. Dans ce contexte, une antenne du service terrestre CMA CGM sera prochainement créée en RDC. Elle mettra à profit les corridors régionaux reliant les ports de Namibie, Tanzanie, Afrique du Sud et Kenya afin de participer activement au développement économique de la RDC sur le plan international. CMA CGM 64 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Photos : CMA CGM Avec ses marques CMA CGM et DELMAS le Groupe CMA CGM est devenu un acteur incontournable du transport en Afrique. Une équipe de professionnels en mouvement, toujours à l’écoute de ses hôtes, a été déployée par le groupe Accor. La qualité de service, l’échange relationnel et la personnalisation des besoins de chaque client ont été mis en place par l’équipe hébergement. Une équipe d’Event accompagne également toutes vos manifestations, séminaires et banquets, pour que vous puissiez consacrer votre temps à vos priorités. De même, des soirées à thèmes, des menus équilibrés, un savoir-faire culinaire français et congolais ont été associés, pour satisfaire vos multiples envies. Chez Pullman Kinshasa Grand Hôtel, le business et le plaisir sont au cœur de nos préoccupations, pour que la frontière entre travail et détente s’efface tout simplement lors de vos séjours à Kinshasa. PULLMAN KINSHASA GRAND HOTEL 4, avenue Batetela 9535 KINSHASA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Tél. (+243) 81 555 3002 – Fax. (+ 243) 81 555 3005 Département commercial : Tél. (+ 243) 81 555 3001 [email protected] www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 65 1 MATIÈRE EN RDC Innovation, adaptation et anticipation... F 2 ondée en 1932, MATIÈRE SAS est une société française indépendante devenue, au fil des années, un des leaders européens de la construction de ponts métalliques. Cette réussite est le fruit de choix stratégiques forts : 66 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd DOSSIER Innovation Le budget annuel en Recherche et Développement est maintenu à un niveau élevé depuis de nombreuses années et plusieurs produits innovants ont été développés en partenariat ou sous contrôle des bureaux d’études les plus prestigieux Adaptation Proposer des solutions «clés en main», adaptées aux contraintes financières, logistiques et esthétiques du client, est une démarche constante de l’entreprise Photos : Matière SAS Anticipation MATIÈRE s’est résolument tourné vers l’Export dès les années 80 et parvient depuis, à maintenir un fort taux de croissance en se développant à l’international dans des zones géographiques bien ciblées MATIÈRE SAS a démarré son activité en RDC en 2011 et y a ouvert une succursale en 2013. Aujourd’hui, c’est une société reconnue pour son savoir-faire et sa bonne connaissance du pays. Fort de son expérience et de ses succès en RDC, MATIERE se développe actuellement dans plusieurs pays d’A frique Centrale et d’A frique de l’Ouest. MATIÈRE 2 MATIÈRE SAS a démarré son activité en RDC en 2011 et y a ouvert une succursale en 2013. Aujourd’hui, c’est une société reconnue pour son savoir-faire et sa bonne connaissance du pays. Chiffres d’affaires en M€ 1. Lançage du pont de BUKAVU - Sud Kivu – pont Bipoutre de 63m 2. Pont TSHOPO 1 - Province Orientale MPB de 140m 3. Pont UMA - Province Orientale - MPB de 50m www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 67 DOSSIER SEP en RDC La «Success story» d’un partenariat public-privé plus que centenaire D SEP Congo, acronyme pour « Services des Entreprises Pétrolières Congolaises », est le fruit d’un partenariat entre des entreprises pétrolières privées (55,6%) et publiques (44,4%), constitué dans le but d’assurer l’approvisionnement de l’ensemble du territoire de la RDC en produits pétroliers. epuis 1910, elle analyse et réceptionne les produits pétroliers importés en RDC avant de les transférer par pipeline, route, fleuve ou chemin de fer, vers ses 39 dépôts et bases de stockage répartis sur l’ensemble du territoire national. Cela représente plus d’un milliard de litres de carburants manipulés annuellement par près de 2000 collaborateurs expérimentés 68 / Impact n°9 / Juin 2015 à travers le pays. En plus de l’approvisionnement des pays voisins de la RDC, notamment la République du Congo et la Centrafrique, l’entreprise assure également la livraison, par camions citernes, de ses clients finaux composés principalement de ses actionnaires, les sociétés commerciales pétrolières, ou des indépendants privés nationaux ou étrangers. En complément de son cœur de métier, SEP Congo est l’un des commissionnaires en douane attitrés en matière d’hydrocarbures pour le compte de la Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA). A trawww.impact.cd vers cette mission, elle effectue les déclarations douanières qui permettent la collecte des taxes pétrolières pour le compte du Trésor public (140 millions de dollars en 2014). L’entreprise est aussi la source principale d’émission des statistiques de consommation des hydrocarbures de la RDC, dont les indications permettent aux institutions concernées – ministère de l’Economie, ministère des Hydrocarbures et Banque Centrale du Congo – de mettre en place des politiques déterminantes pour le Gouvernement. SEP Congo ou la garantie de la qualité L’image de marque de SEP Congo est liée à la qualité des produits distribués qu’elle garantit, sur l’ensemble de la chaîne logistique, grâce à ses quatre laboratoires d’analyse dont trois sont situés aux principaux points d’entrée des produits dans le complexe de l’entreprise : pour la voie Ouest, à Ango-Ango (Matadi/Bas Congo), pour la voie Sud, à Usoke (Lubumbashi/Katanga) et pour la voie Est à Goma (Nord Kivu). Le laboratoire central de Masina (Kinshasa) effectue des analyses complètes de spécification des produits, grâce à un personnel qualifié et expérimenté, travaillant selon les méthodes d’analyses et avec des équipements répondant aux standards internationaux. Pour maintenir le haut niveau de fiabilité de ses résultats, les chimistes de SEP Congo participent, grâce à un contrat d’assistance technique, aux essais circulaires d’un Major pétrolier français, en confrontant leurs résultats à ceux des meilleurs laboratoires de ce groupe international, répartis dans le monde. Cette assistance technique permet également à SEP Congo de bénéficier, via des audits spéci- SEP Congo garantit l’application stricte des normes internationales en vigueur avant de procéder à la mise à bord de Jet A-1 dans les aéronefs au niveau des aéroports de Kinshasa, Kananga, Mbuji-Mayi, Lubumbashi, Mbandaka, Kisangani, Goma et bientôt Muanda. fiques, des missions ponctuelles ou encore des formations ad hoc et sur base de référentiels et systèmes de management adaptés, de l’expertise, de l’expérience ainsi que du savoir-faire avérés de ce groupe, dans des domaines multiples et variés, qui concernent à la fois la gestion, le transport, l’exploitation, la sécurité et l’aviation, un des secteurs clés, étant donné que l’entreprise, il convient de le souligner, est le principal avitailleur de la RDC. SEP Congo garantit l’application stricte des normes internationales en vigueur avant de procéder à la mise à bord de Jet A-1 dans les aéronefs au niveau des aéroports de Kinshasa, Kananga, Mbuji-Mayi, Lubumbashi, Mbandaka, Kisangani, Goma et bientôt Muanda. www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 69 DOSSIER Partenariat France - RDC Dans le cadre de la signature en 2013, entre la RDC et la France, du premier Contrat de Désendettement et de Développement (C2D) pour la période 2013-2016, SEP Congo et l’Institut National de Préparation Professionnelle (INPP) se sont engagés - sous la coordination de l’Agence Française de Développement (AFD) - à œuvrer ensemble autour d’un projet commun pour la création de deux grandes écoles de formation professionnelle de personnels navigants et de transports terrestres, essentielles à l'activité économique du pays. SEP Congo disposant déjà d'une école de conduite et d’un centre de contrôle technique dédiés exclusivement à ses agents, possède, pour cela, une expertise, des compétences humaines et matérielles ainsi qu’une organisation entrepreneuriale reconnue au Congo pour assurer la réalisation, la mise en œuvre, le fonctionnement et le suivi de ces deux écoles. Au niveau du transport routier, l'objectif majeur sera la formation et la remise à niveau à la conduite des chauffeurs qui ont pour activité le transport des véhicules poids lourds, des personnes, des marchandises diverses ou des matières dangereuses. Elle sera ouverte au public et couvrira toutes les activités de formation notamment l’auto-école, l’apprentissage, le recyclage 70 / Impact n°9 / Juin 2015 ainsi que les autres métiers du transport routier. Au niveau du transport fluvial, l'objectif poursuivi sera la formation des officiers, des équipages et des mécaniciens de bord. SEP Congo dispose, en plus de sa base fluviale de Kinshasa, de plusieurs dépôts portuaires le long du fleuve Congo et de ses affluents qui pourraient servir de cadre d’apprentissage et de formation. Faut-il ajouter que ces deux projets permettront de disposer, in situ RDC, de moyens de formation adaptés aux besoins du pays et de la sous-région, et qu’ils seront régulièrement encadrés par des audits de sécurité, grâce à l’assistant technique de SEP Congo, qui a déjà réalisé, avec succès, ce genre de projets, avec des organismes officiels tels que l’Association pour la Prévention dans le Transport des Hydrocarbures (APTH). Elargis à l’ensemble des acteurs des secteurs concernés pour assurer leur viabilité économique dans le temps, ces deux écoles auront, sans nul doute, un impact sociétal important en termes de création d’emplois et d’amélioration de la sécurité du transport routier et fluvial du pays. SEP Congo représente ainsi un bel exemple de partenariat public – privé constructif, au service d’un Congo en plein développement. François Cremadeills, directeur Général SEP Congo www.impact.cd Expertise France 80 pays d’intervention Un vivier de plus de 10 000 experts Près de 300 projets en portefeuille au 01.01.2015 www.expertisefrance.fr www.impact.cd Contact : [email protected] Impact n°9 / Juin 2015 / 71 Le Partenariat Public-Privé sur la formation professionnelle Le secteur des transports en pole position I En matière de formation professionnelle, le PPP est un montage par lequel l’Etat et le secteur privé (au sens large: groupement d’entreprises, organisations professionnelles par secteur d’activité etc.) définissent les modalités de leur participation à la gouvernance d’un centre d’apprentissage. l repose sur le principe que le service public ne peut pas, seul, assurer une bonne adéquation entre les besoins des entreprises, tant en matière de compétences que d’emplois et l’offre de formation. Il est d’usage de distinguer deux formes principales de partenariats entre le public et le privé : - financement par l’Etat d’un centre de formation 72 / Impact n°9 / Juin 2015 et délégation de sa gestion au secteur privé ; - création conjointe par l’Etat et le secteur privé d’un centre de formation, dans lequel chacun participe au financement et contribue à la gestion. Le rôle de l’Etat demeure, dans les deux cas, important car il intervient dans la normalisation, les contrôles, les incitations et les financements. La différence réside dans l’intervention de l’Etat en matière de gestion, celle-ci étant néanmoins dissociée de la propriété physique des biens. Outre le financement de l’investissement, les www.impact.cd DOSSIER frais de fonctionnement sont, en partie, à la charge de l’Etat avec une contribution plus ou moins importante de la profession. Dans tous les cas, le financement est corrélé avec la performance, l’indicateur le plus fréquemment utilisé se rapporte au taux d’insertion des élèves dans le marché de l’emploi. L’A FD a une longue expérience dans l’appui aux PPP en matière de formation professionnelle dans de nombreux pays : Tunisie, Maroc, Mauritanie, Sénégal, Togo, Tchad, Cameroun, Cambodge, Vietnam. Elle intervient à la fois dans la préparation des projets et dans leur financement. L’Agence contribue ainsi à l’identification des problématiques, à l’élaboration du projet et à la mise en place du partenariat public/privé en mobilisant des expertises externes (faisabilité technique, montage juridique, modèle financier etc.). Elle peut ensuite octroyer un prêt ou une subvention aux autorités publiques pour réaliser les investissements des volets matériels (construction, équipements) comme des volets immatériels (assistance technique, formation des formateurs, accompagnement…) selon des procédures d’appel d’offres ouverts respectant le code des marchés publics des pays. L’A FD est consultée (avis préalable de non objection) à tous les stades des procédures et joue également un rôle d’observateur dans les instances d’administration des structures mises en place. dépassant les 100 millions d’habitants, dont 15 à 20 millions à Kinshasa. Le développement des transports devient donc une nécessité urgente. En outre, avec un âge médian d’un peu moins de quinze ans, la RDC se heurte, dès aujourd’hui, à la question de l’emploi des jeunes. Un faible niveau de qualification les condamne bien souvent à la « débrouille », alors même que les entreprises peinent à recruter des employés qualifiés dans les métiers structurants. L’inadéquation qui prévaut, à l’heure actuelle, entre la qualification, tout particulièrement celle des jeunes, et les besoins des entreprises, est au cœur de l’enjeu du renouveau des transports en RDC. Un ajusteur fraiseur en herbe Une formation très technique asurée par l'INPP La question du transport est donc bien l’élément moteur du développement économique et social du pays. Le transport est aussi un vecteur important pour renforcer les tissus sociaux et permettre le « vivre ensemble » dans la paix. Pour l’ensemble des acteurs concernés, le renforcement des compétences et des qualifications comme facteur stratégique de développement participe pleinement à l’accroissement de la productivité et de la compétitivité. Tel est l'objectif prioritaire que l’Etat a fixé à son organisme pu- En RDC, l’A FD réalise une étude d’opportunité sur la création ou le renforcement d’une structure de formation dans le domaine des transports. Le transport en RDC est, compte tenu de la taille du pays et de sa complexité géographique, un enjeu essentiel pour assurer son développement économique ainsi que son intégration régionale. Pour des raisons historiques, les réseaux routiers, ferroviaires et fluviaux ont été fortement dégradés. L’enjeu aujourd’hui est de réhabiliter ces différents réseaux et d’en assurer l’inter-connectivité. www.impact.cd Photos : Martin van der Belen La République Démocratique du Congo se retrouve, par conséquent, face à un défi social, économique et écologique sur la question du transport, d’autant que l’augmentation de sa population et l’exploitation de ses ressources par de nombreux consortiums internationaux, nécessitent des travaux de construction d’infrastructures routières et fluviales. La démographie très forte conduira, dans les 20 ans, à une population Impact n°9 / Juin 2015 / 73 DOSSIER blic l’Institut National de Préparation Professionnelle (INPP). Dans le domaine du transport, l’INPP s'est déjà investi dans des métiers transversaux tels que la mécanique générale, la mécanique moteur, le froid industriel. D’autre part, on constate qu’une grande partie du personnel en place dans ce secteur a été formé « chemin faisant » (apprentissage au sens juridique congolais) et que son vieillissement devient préoccupant. La particularité et la nécessité de développer un système multimodal synchrone entre les différents modes de transport et leur coordination ont conduit Jean-Christophe Maurin directeur de l’AFD en RDC, ancien responsable de l’éducation et de la formation professionnelle au siège de l’AFD l’INPP et plusieurs entreprises du secteur des transports (SEP Congo, TRANSCO, CFAO, BOLLORE, FEC…) à amorcer un dialogue en vue de renforcer l’offre de formation dédiée à ce secteur. En s’appuyant sur les expériences de centres de formation dans d’autres pays fonctionnant dans le cadre d’un partenariat public / privé plus ou moins approfondi, les acteurs cités ci-dessus ont donc souhaité étudier l’opportunité d’un partenariat à imaginer, permettant la création d’un dispositif qui répondrait aux besoins en compétences et donc en formations nécessaires pour répondre aux enjeux actuels et futurs de la RDC. Assurer la soudure Cette spécialité est essentielle dans bien des métiers que ce soit le transport, la construction, la navigation, la mécanique,... Ce nouveau centre devrait orienter ses formations sur des emplois à la fois significatifs et divers qui recouvrent les secteurs : transport routier / transports en commun ; transport maritime / gestion des ports maritimes ; transport fluvial et lacustre / fret et personnel ; et les domaines transversaux suivants : logistique du stockage et de la distribution ; construction et entretien des moyens fluvial/lacustre et routier; gestion et administration des entreprises et des organismes ; sécurité, notamment incendie. L’A FD accompagne donc la démarche de l’INPP et de ses partenaires en réalisant une étude de faisabilité pour la constitution d’un dispositif de formation basé à Kinshasa mais pouvant avoir une portée nationale, répondant aux besoins du secteur des transports et des activités auxiliaires, de la manutention, de l’entreposage et des activités portuaires. L’étude devra à la fois, identifier les besoins et proposer des modalités de solutions techniques structurées autour d’un partenariat entre l’INPP et les opérateurs privés concernés. Elle constituera ainsi un cahier des charges utilisable en vue d’un investissement de l’A FD en 2016 pour la construction d’un futur centre de formation professionnelle dédié aux transports à Kinshasa. Jean-Christophe Maurin 74 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Photos : Martin van der Belen Créé en 1964, l’INPP est un établissement public sous la tutelle du ministère de l’Emploi, du Travail et de la Prévoyance sociale. Il dispose pour cela d’un réseau de 29 centres de formations répartis sur l’ensemble des 11 provinces du pays. L’INPP est à la fois collecteur de la taxe professionnelle et organisme de formation. Comme la plupart des institutions publiques, l’INPP a été fortement affaibli par les années de conflits et d’instabilité. Certains centres ont été pillés, l’entretien du matériel est devenu difficile, les ressources se sont raréfiées et le nombre de stagiaires a chuté. Depuis le retour à une relative stabilité, l’INPP renoue avec une développement dynamique de son activité, notamment pour faire face aux besoins des entreprises et à la demande de qualification des jeunes sortant du système éducatif. www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 75 Le transport en commun à Kinshasa s Depuis bientôt trois années, la circulation des biens et des personnes dans la ville de Kinshasa a connu une nette amélioration, à travers la relance du transport en commun, tant dans le secteur public que privé, redynamisé par une vision du gouvernement actuel pour offrir aux citadins kinois un service de qualité et ainsi réduire de moitié, d’ici 2016, la mortalité routière. ur les différents axes routiers de la capitale, circulent des autobus de la Société de Transport Public Congolais (TRANSCO), de la Régie des Transports de Kinshasa renommée 76 / Impact n°9 / Juin 2015 New Transkin, du gouvernement provincial, et tout récemment, des minibus de marque Hyundai, dits «Esprit de Vie», accordés à crédit aux transporteurs du secteur privé. Ce programme ambitieux, du gouvernement congolais, qui remporte l’adhésion de la population, offre aux usagers de meilleures conditions de déplacement, car ces nouveaux bus présentent l’avantage d’être neufs, confortables, www.impact.cd Photos : Lucie Bakajika Une initiative au service des Kinois, mais avec quelle perspective d’aménagement ? DOSSIER bien entretenus car subissant régulièrement des contrôles techniques, respectueux des normes en termes de surcharge (respect du nombre de passagers admis), du code de la route et surtout, moins coûteux au regard de la distance parcourue (500 francs congolais quel que soit le trajet). En outre, le secteur privé a été invité à se conformer aux normes, en acquérant des bus neufs, de marque Hyundai, à crédit auprès du gouvernement, pour une sécurisation efficace de la circulation urbaine des personnes dans la capitale congolaise et une normalisation du secteur privé. La ville de Kinshasa se caractérise par une croissance démographique et spatiale galopante et donc inquiétante, du fait d’une urbanisation non contrôlée entraînant l’étalement urbain, de plus en plus vers l’Est et le Sud de la ville, ce qui rend difficile la mobilité de la plupart des Kinois, contraints d’effectuer des mouvements pendulaires, domicile-centre-ville, où se concentrent toutes les activités économiques et donc les emplois. L’étalement urbain auquel on assiste, se poursuit sans être accompagné de nouvelles infrastructures routières ou même d’entretien et de réhabilitation de celles déjà existantes, alors que le transport en commun à Kinshasa s’effectue essentiellement sur route, par des autobus, minibus et taxis collectifs, le train urbain étant à bout de course. Comment les récentes stratégies d’amélioration de la circulation urbaine mise en place par les pouvoirs publics s’adaptent-elles à l’aménagement d’une ville tentaculaire ? Que faudrait-il envisager, dans les années à venir, pour améliorer la qualité des dessertes par les transports en commun, alors que la demande est www.impact.cd Le secteur privé a été invité à se conformer aux normes, en acquérant des bus neufs, de marque Hyundai, à crédit auprès du gouvernement, pour une sécurisation efficace de la circulation urbaine des personnes dans la capitale congolaise et une normalisation du secteur privé. L'esprit de vie remplace l'esprit de mort ! Assurer le transport de millions de Kinois en toute sécurité et dans un confort amélioré en perpétuelle croissance? Kinshasa est une ville pour laquelle il est difficile, aujourd’hui, de définir une quelconque forme urbaine, tant elle a cumulé les formes d’occupation spatiale (planifiée ou spontanée) au cours des cinquante dernières années. Néanmoins, sa trame viaire est composée de plusieurs boulevards et avenues, provenant principalement des collines du Sud et l’Est de la ville, qui convergent vers le centre-ville. L’absence de voirie transversale, le maintien d’un seul centre-ville, très excentré par rapport au reste de l’agglomération, la détérioration de plusieurs axes routiers secondaires, les contraintes naturelles liées au site, la densification parcellaire de certains quartiers …, sont autant d’obstacles à une bonne circulation et empêchent ainsi l’application de toute forme de schéma cohérent d’aménagement du réseau routier de la ville. Malgré les efforts du gouvernement accompagnant celle du gouvernement provincial pour accroître et renouveler le parc automobile des bus affectés au transport en commun, l’offre de transport demeure en deçà de la demande. D’après les sources du ministère provincial des transports de la ville de Kinshasa, 850 bus desservent la capitale congolaise dont 500 bus Transco, 250 minibus « Esprit de vie » et 100 bus New transkin pour une ville d’environ 10 millions d’habitants, dont la plupart réalise en moyenne 1,6 déplacement par jour, ce qui donne environ quatre millions de déplacements journaliers, selon une étude de 2011 sur le plan de mobilité de Kinshasa, effectuée par un groupe de trois sociétés (Transurb Technirail, Stratec et AEC) sur financement de la coopération technique belge, Impact n°9 / Juin 2015 / 77 La vision du gouvernement provincial, à travers son programme d’action prioritaire, est d’arriver à dépasser le nombre de cinq cents bus, en installant une usine de montage, d’ici la fin du quinquennat... commun de grande capacité, basé sur la réhabilitation du train urbain et le développement d’un système de bus à haut niveau de service, « en site propre » pour la desserte des quartiers, comme l’a suggéré le « schéma d’orientation stratégique de l’agglomération de Kinshasa », étude initiée et financée par l’Agence Française de Développement en 2014. Le gouvernement provincial de la ville de Kinshasa souhaite faire le choix du BRT (Bus Rapid Transit) et moderniser le transport ferroviaire à long terme pour que la ville puisse répondre au besoin de mobilité de sa population. Lucie Bakajika Urbaniste au ministère de l'Aménagement du territoire urbanisme et habitat 78 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Photos : Gédéon Mukendi pour le compte de la ville de Kinshasa. Pour ce faire, la vision du gouvernement provincial, à travers son programme d’action prioritaire, est d’arriver à dépasser le nombre de cinq cents bus, en installant une usine de montage, d’ici la fin du quinquennat, en partenariat avec une société chinoise, alors que le gouvernement central souhaite, quant à lui, atteindre le nombre de trois mille bus. Au regard des difficultés de mobilité qui persistent dans la capitale congolaise, il faudrait, en plus de favoriser le polycentrisme dans la ville, envisager de développer le transport en commun autour d’axes lourds structurants en mettant en place un système de transport en www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 79 SOCIÉTÉ Conseil et assistance depuis dix ans L’Union Européenne soutient l’armée congolaise sur trois terrains : stratégie, administration, formation. À partir de juillet 2015, le 11ème FED financera la réforme de la défense. EUSEC poursuivant son effort sur la formation militaire et sur l'appui stratégique. Historique La mission EUSEC en République Démocratique du Congo (RDC) est déployée depuis juin 2005. Elle témoigne de l’engagement continu de l’Union Européenne aux côtés des Congolais pour la réforme de son armée. En étroite collaboration avec les autres acteurs de la communauté internationale, EUSEC apporte un soutien concret dans le domaine de 80 / Impact n°9 / Juin 2015 Mandat et objectifs L’objectif général de la mission EUSEC est de soutenir les autorités congolaises pour reconstruire une armée qui garantira la sécurité sur toute l’étendue du territoire et pour créer les conditions favorables au développement économique et social. Ainsi, la mission finalise les projets de réhabilitation des infrastructures à Kitona, au Bas-Congo et à Kananga, au Kasaï Occidental. EUSEC est la seule organisation entièrement dédiée à la réforme du secteur de sécurité dans sa www.impact.cd Photos : EUSEC RDC EUSEC RDC la réforme du secteur de sécurité en RDC. Elle fournit conseils et assistance aux autorités congolaises. Des conseillers travaillent avec les autorités militaires à Kinshasa ainsi que dans les états-majors des régions militaires. EUSEC vise à assurer la cohésion de l’action de l’UE dans la réforme du secteur de la sécurité en RDC, en coordination avec la Délégation de l'UE et les ambassades des Etats Membres. Son mandat initial prévoyait le soutien du processus « d’intégration dans les Forces Armées de la RDC » (FARDC) et le projet « Chaîne de paiement » à travers la sécurisation de la solde des militaires. Sa mission a, depuis, été étendue à la modernisation de l’administration et à la gestion des ressources humaines. Son action s’est également diversifiée et la mission appuie désormais les partenaires congolais dans le domaine de la formation des militaires. composante militaire en RDC. Actuellement, EUSEC appuie les autorités congolaises dans le processus de réforme de la sécurité à travers une politique respectueuse des normes démocratiques, des droits de l’Homme et du droit humanitaire international ainsi que de la bonne gouvernance. Les domaines d’activité de la mission sont : - le conseil au ministère de la Défense, à l’état-major général des FARDC, à l’inspection générale, à la force terrestre et au Service d’Education Civique, Patriotique et d’Action Sociale (SECAS); - la consolidation de l'administration ; - l'appui à la pérennisation du système de formation militaire. À partir du 1er juillet 2015, il est prévu de poursuivre, sous la forme d’une mission réduite, l’effort d’EUSEC dans les domaines du conseil stratégique et de la formation militaire et de transférer le reste des activités au programme d’appui à la réforme de la défense en RDC dans le cadre du 11ème Fond Européen de Développement (FED). Projets en cours Durant son mandat, la mission conseille les autorités militaires pour la mise en œuvre du plan de réforme de l’armée. EUSEC appuie aussi la direction Budget/Finances du ministère de la Défense sur les mécanismes de programmation et d’exécution du budget. Dans le domaine de la consolidation de l’administration, EUSEC continue son travail de conseil en matière de gestion des ressources hu- Cérémonie de clôture de la 9ème session spéciale de l’Académie militaire de Kananga en janvier 2013 Il y a dix ans ! Le général Pierre-Michel Joana, premier chef de la mission EUSEC en RDC. maines et la mise en œuvre de celle-ci, à travers le développement d’outils informatiques. Ces travaux sont effectués au profit des militaires actifs et hors activité, mais également de leurs ayants droit. Le recensement des FARDC se poursuit. Actuellement plus de 60 % des militaires ont été plusieurs fois soumis à un contrôle biométrique. La distribution des cartes d'identité militaire (CIM), continue elle aussi. A ce jour plus de 80% des militaires possèdent une carte d’identité militaire, celle-ci est nécessaire dans le cadre de la bancarisation individuelle des soldes. En ce qui concerne la formation militaire, la mission soutient le Commandement Général des Ecoles Militaires (CGEM) et appuie annuellement l’organisation du concours national de recrutement des futurs élèves des écoles militaires. EUSEC continue d’appuyer le fonctionnement des écoles militaires de Kananga (Académie militaire et Ecole d’administration), et de celles de Kitona (Ecole des sous-officiers, Ecole d’infanterie, Ecole d’artillerie et Ecole de santé militaire). Acquis de la mission Ces dix dernières années, EUSEC a contribué à la rédaction de divers textes législatifs. La mission a sensibilisé les autorités congolaises au respect des droits de l’Homme et à la mise en place de mécanismes financiers plus transparents. Elle a contribué à l’amélioration des conditions de www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 81 SOCIÉTÉ Recensement des militaires au Camp Mudja à Goma en mai 2008 Le rajeunissement des forces armées devra se poursuivre par un recrutement permanent et une mise radiation progressive des cadres, encadrée par un accompagnement à la réinsertion dans la vie civile. gestion et de stockage des armes et munitions, en construisant 11 armureries et dépôts de munitions sur l’ensemble du pays. EUSEC, à travers ses actions de recensement biométrique, de délivrance des cartes d’identité militaire et de la mise en œuvre du Système Informatique pour la Gestion et l’Administration des Militaires (SINGAMIL), a contribué à rendre effective la bancarisation de la solde des militaires et à séparer le système de paiement de la chaîne de commandement. Enfin EUSEC a développé le réseau informatique territorial des FARDC en délivrant 400 ordinateurs à Kinshasa et 400 autres dans les régions militaires. Le concours national de recrutement des futurs élèves des écoles militaires a lieu annuellement sur toute l’étendue du territoire avec le soutien d’EUSEC. De plus, la mission a réhabilité les infrastructures et a fourni le mobilier et matériel informatique de sept écoles militaires. Une imprimante installée au CGEM permet la diffusion des supports de cours dispensés dans les écoles militaires. 82 / Impact n°9 / Juin 2015 Perspectives de la réforme des FARDC Il reste désormais à affecter un personnel qualifié au sein des différentes nouvelles structures (états-ajors, corps, grandes unités) et en particulier dans les écoles et les centres de formation des FARDC. Le rajeunissement des forces armées devra se poursuivre par un recrutement permanent et une radiation progressive des cadres, suivie par un accompagnement à la réinsertion dans la vie civile. D’autres grandes entités, comme le corps du génie militaire, le corps logistique, le corps de santé militaire et la justice militaire devront rejoindre le train de la réforme déjà pris par d’autres. Finalement, le gouvernement devra mettre à la disposition des FARDC le budget nécessaire à son bon fonctionnement, y compris celui nécessaire à la mise en œuvre de leur réforme. Dans ce cadre, l’actualisation du plan de réforme de l’armée de 2009 est une nécessité pour permettre la promulgation d’une loi de programmation militaire. EUSEC RDC www.impact.cd Photos : EUSEC RDC Séance de travail en présence de Jean-Michel Dumond, ambassadeur de l'Union Européenne en RDC et du colonel JL. Nurenberg, chef de la mission EUSEC www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 83 SOCIÉTÉ Passez au tableau... numérique ! Une coopération qui n'est pas virtuelle Quatre lycées de Kinshasa améliorent leurs équipements, se dotent d’outils numériques et développent de nouvelles pratiques pédagogiques. Le Tableau Numérique Interactif au cœur de cette dynamique nouvelle, en collaboration avec le lycée Descartes. 84 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Photos : Martin van der Belen I l faut rouler assez longtemps sur la route de Ndjili, passer Limete, Matete, et Massina prendre à droite et poursuivre sur des chemins de moins en moins carrossés, prendre encore à droite à Arrêt Terrain, où une esplanade réservée aux joueurs de foot et une station de taxis signalent le changement de direction. On arrive au collège Saint-Frédéric. Sœur Ghislaine, préfet de l’établissement, nous accueille avec son équipe et quelques jeunes, en train de réviser l’examen d’Etat, pendant cette période de vacances de printemps. Le collège n’est qu’un élément d’un vaste domaine où cohabitent une école, un autre établissement secondaire, un dispensaire, et deux maisons conventuelles pour l’hébergement des sœurs, puisque nous sommes dans une mission catholique. Le technicien du lycée Descartes est venu repérer les lieux pour l’installation de trois tableaux numériques interactifs. Incongru ? Pas si sûr. À l’origine, il y a une dotation en tableaux numériques interactifs, qu’on appelle parfois par raccourci, à cette époque, tableaux blancs interactifs ou TBI, pour tout le système éducatif français, puis par extension du dispositif, à la coopération française, pour les pays africains, avec le projet Sankoré. Ce projet, qui reprend le nom de la plus vieille université africaine implantée à Tombouctou, consiste à développer un logiciel libre d’accès pour utiliser les TBI dans le cadre scolaire. Il propose des outils pratiques pour le professeur qui peut préparer ses cours, les stocker, les modifier, et surtout les effectuer avec ce support. De quoi s’agit-il ? D’un vidéo-projecteur connecté à un ordinateur portable, doté du logiciel Sankoré. Il permet d’écrire avec un crayon laser, sur un tableau blanc tout à fait banal. Mais l’écriture qui apparaît reste virtuelle, projetée par l’appareillage numérique. Alors quel intérêt si c’est pour écrire comme avec une craie ou un feutre, comme sur un tableau blanc normal, sans appareillage numérique ? Juste le goût de la performance technique et l’espoir, pour le professeur, d’être pris pour un magicien ? C’est tout autre chose : l’outil numérique permet d’insérer dans la présentation écrite du professeur d’histoire –géographie des schémas, des dessins, des vidéos ; en cours de français, il permet d’écrire un texte, de le transformer, de le stocker, de le rendre de nouveau disponible, dans ses versions successives, de l’illustrer, de mettre en vis-à-vis d’autres textes prélevés sur internet, en temps réel ; en cours de mathématiques ou de sciences, il permet de passer du raisonnement à des illustrations concrètes qui transforment, «en direct», une figure géométrique, un dispositif de mesure, un composé chimique… On imagine assez facilement l’efficacité d’un tel outil pédagogique capable de reprendre toutes les fonctions premières de la communication pédagogique et d’y ajouter, pour peu qu’on sache s’en servir, toutes les ressources dynamiques, visuelles et auditives, que peut apporter la connexion à internet ou à des banques de données innombrables. Toute la conception de l’enseignement des notions peut s’en trouver modifiée et le trawww.impact.cd Une formation continue assurée par l’équipe du Lycée Descartes, d’une durée de 15 heures, portant sur l’usage du Tableau Numérique Interactif en classe et sur l’amélioration des pratiques d’enseignement dans les différentes disciplines concernées (français, maths, sciences). vail du professeur, qui prépare son cours avec cet outil, voit aussi se transformer son habitus professionnel puisqu’il doit concevoir son activité intégrée à l’usage de la ressource. Cette dernière n’est plus un élément illustratif et décalé de l’activité d’enseignement : elle en devient le cœur. C’est ce que peut faire un TBI, avec tous les apports en compétences humaines, scientifiques et pédagogiques qui en conditionneront l’usage. Un projet innovant dans un cadre pluripartenaires Le cadre Un protocole de coopération éducative et linguistique signé entre le ministère des Affaires étrangères français et le ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel congolais, le 28 novembre 2013. Il prévoit, entre autres choses, dans son article 1, au profit d’établissements secondaires congolais, des apports en formation continue et, dans son article 4, la mise en place de « classes numériques Sankoré » dans une logique d’innovation. Les quatre établissements secondaires sélectionnés sont l’Institut de la Gombe2, l’Ecole d’excellence de Bandal, le Collège Saint-Frédéric de Impact n°9 / Juin 2015 / 85 Les actions Une formation continue assurée par l’équipe du Lycée Descartes, d’une durée de 15 heures, portant sur l’usage du Tableau Numérique Interactif en classe et sur l’amélioration des pratiques d’enseignement dans les différentes disciplines concernées (français, maths, sciences). Elle rassemble vingt professeurs et s’est échelonnée du 8 avril au 20 mai 2015. Une dotation en Tableaux Numériques Interactifs qui consiste à équiper, dans chaque établissement, trois salles de cours présentant des conditions techniques suffisantes pour garantir le bon entretien du matériel. Chaque équipement comprend un vidéo-projecteur et un ordinateur portable doté du logiciel Sankoré. Les installations ont débuté en avril 2015 et s’achèvent dans le courant du mois de juin. Des dotations complémentaires apportées par d’autres partenaires : le lycée Descartes met à disposition des quatre établissements du matériel scientifique pour équipement de laboratoires. L’A DFE fait un don d’ouvrages de culture générale pour les centres documentaires des établissements concernés, grâce à une subvention apportée par la réserve parlementaire d’un sénateur des Français de l’Etranger. 86 / Impact n°9 / Juin 2015 Les résultats La valorisation des liens entre établissements congolais et français : lors de la cérémonie de remise des attestations de stage et des différentes dotations, en présence des professeurs congolais et français, et des responsables des différents établissements, le Conseiller de coopération a pu rappeler les termes du projet et féliciter les acteurs. Il a souligné les deux points suivants : - Des échanges de compétences ont été développés pendant la formation et le suivi dans la mise en œuvre sur le terrain est un gage de sérieux et de réussite de ce projet innovant. - La dynamique engagée par ce projet doit s’étoffer par d’autres initiatives qui s’en inspirent. Le Lycée Descartes peut dorénavant constituer un vivier de formateurs susceptibles de renouveler l’opération auprès d’autres établissements. Les établissements congolais sont appelés à se construire en centres d’excellence et à valoriser, auprès de leurs homologues, les outils innovants qu’ils se sont appropriés. Patrick Demougin Photos : Martin van der Belen Kimbanseke et le Lycée Monseigneur Shaumba. Le service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France, le Lycée René Descartes et l’Association Des Français de l’Etranger (ADFE) ont été associés dans ce projet. www.impact.cd SOCIÉTÉ Jean Bosco Ngelesi Titi, professeur de français au Collège Saint Frédéric Vous avez suivi un stage de formation à l'usage du TBI. Cet outil modifiera-t-il votre manière d'enseigner? Cette formation est une grande innovation dans la mesure où elle nous permet d'utiliser de nouvelles techniques pour transmettre les matières aux enfants à qui nous enseignons. C'est un projet d'une grande importance car nous ne l'avions jamais fait auparavant et il s'agit d'une première dans notre pays. Cet outil va beaucoup modifier notre façon d'enseigner. Vous avez eu l'occasion de manipuler un TBI. Avez-vous anticipé d'éventuelles difficultés techniques qui pourraient se produire? Dans notre école, nous avons un technicien qui est déjà préparé et qui, en cas de panne, pourra intervenir. S'il y a une difficulté, elle se situe au niveau du nombre d'appareils que nous voudrions acquérir. Nous avons 28 salles de classe et trois sont équipés d'un TBI. A l'avenir, nous voudrions que toutes les salles de classes soient équipées d'un TBI. Si vous deviez présenter l'outil à des collègues, quels arguments vous paraîtraient les plus convaincants pour qu'ils tentent l'expérience? Seriez-vous prêt à les accompagner dans l'aventure ? Il n'y a pas véritablement d'arguments pour convaincre. Le TBI est le principal argument et il suffit d'en parler aux collègues qui ne suivent pas la formation : tous ont envie d'apprendre! L'un d'entre eux m'a demandé que je lui apprenne à mon tour à se servir d'un TBI. Le fait est qu'aujourd'hui, tout le monde souhaite maîtriser les techniques modernes d'enseignement. Propos recueillis par Thomas Poirier Olivier Morro, enseignant de Lettres au Lycée René Descartes, formateur à l'usage des TBI Vous avez mené cinq séances de formation à l'usage des TBI pour les enseignants en Lettres. Quelles ont été les difficultés rencontrées et comment les avez-vous surmontées ? La difficulté majeure pour les stagiaires est qu'ils n'ont pas accès à l'outil informatique dans leur établissement. Il leur manque donc une pratique quotidienne et une certaine aisance. Pour certains, il y a une méconnaissance totale de cet outil. Pour mener une formation au TBI, une des conditions est d'avoir une connaissance minimale de l'outil informatique. Pour surmonter cet obstacle, on s'est focalisé sur les fonctions de base du TBI. La formation a aussi été l'occasion d'aborder la construction pédagogique d'une séance d'enseignement pour laquelle l'utilisation du TBI n'est pas toujours nécessaire mais constitue un appui. Une autre difficulté vient du fait qu'en situation de formation, nous sommes éloignés des conditions dans lesquelles évoluent les enseignants. Ils font généralement face à de nombreux élèves et n'ont pas toujours reçu de formation pédagogique approfondie. Il y a cependant une forte volonté de formation et d'auto-formation de leur part et on peut vraiment les faire progresser en termes de pédagogie. Quelles ressources avez-vous mobilisées avec vos stagiaires pour qu'ils intègrent le TBI dans leurs pratiques professionnelles ? Au niveau de l'outil, j'ai d'abord cherché à être pragmatique dans le sens où j'ai souhaité qu'ils maîtrisent les fonctionnalités de base du TBI. Ensuite, selon leur programme de cours, nous nous sommes concentrés sur des textes littéraires et la manière de rendre l'analyse plus interactive. L'idée a été de déplacer le curseur d'une transmission verticale à une transmission plus horizontale et donc de faire en sorte de rendre plus interactifs les enseignements au quotidien. C'est pourquoi nous avons aussi procédé à un travail à partir de documents iconographiques et abordé la manière de mener une analyse d'images. Enfin, toujours dans cette perspective, nous avons aussi proposé des cartes heuristiques comme outil pédagogique, c'est-à-dire la construction de schémas qui permettent de représenter visuellement une analyse sur un sujet, un concept ou une idée en intégrant davantage la parole de l'élève. En tant que formateur, que retenez-vous de cette expérience ? Dans le cadre de cette formation, l'objectif est de transmettre et de partager mon savoir et savoir-faire d'enseignant en matière d'usage du TBI et de pédagogie interactive. Je leur fais ainsi découvrir ce que je fais avec les élèves. Ce qui est appréciable dans ce type de formation, c'est la réflexion entre pairs qui s'instaure et qui dépasse le cadre formateurstagiaire. De mon côté, cela me permet de m'informer davantage sur les réalités d'enseignement de mes collègues congolais et de connaître leurs besoins en formation. Propos recueillis par Thomas Poirier www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 87 SOCIÉTÉ L’université tisse sa «toile» Les MOOC en appui à l'enseignement supérieur D Le « numérique » se substitue progressivement à ce qu’on désigne encore par les « nouvelles technologies », qui sont de jour en jour moins nouvelles, ou aux Techniques de l’Information et de la Communication, autrement dit les TIC. errière cet acronyme, il y a ce qu’on appelait plus globalement l’«informatique », naguère. Les mots ne disent pas exactement la même chose. Aujourd’hui, à l’ère du numérique, on désigne par ce terme tous les outils qui font intervenir des technologies qui encodent l’information de manière binaire, héritières en cela des premiers ordinateurs. Mais il y a bien plus que l’ordinateur : tablettes, smartphones, appareils photo, caméras, vidéo-projecteurs, plate88 / Impact n°9 / Juin 2015 formes, serveurs, nano-serveurs, Wifi, réseaux filaires de toutes sortes, réseaux sociaux et leur cortège de propositions de Facebook à Linkedin, « cloud » et accès au « big data » relèvent bien du numérique et nous n’épuisons pas, dans cette énumération, ses multiples manifestations. Les universités connaissent, depuis l’émergence d’internet à la fin du XXème siècle, un infléchissement de leurs politiques numériques vers le développement de l’enseignement à distance, qu’on nomme aussi e-learning, et qui peut donner lieu à une classe virtuelle. On est passé des politiques d’informatisation à des stratégies de www.impact.cd développement du numérique, autrement plus élaborées et complexes puisqu’elles ne modifient pas seulement les outils mais bien plus radicalement les pratiques. Ces dernières sont loin de rester cantonnées à l’enseignement à distance. Elles concernent en fait toutes les formes de transmission des savoirs, très individualisées ou collectives, en l’absence des étudiants comme en leur présence, et souvent dans des situations hybrides, et en modifient profondément les fondements. Innovant dans ce domaine, les universités nord-américaines ont inventé, il y a six ans, une nouvelle modalité de cours à distance, totalement ouverts, gratuits, de haut niveau, offerts à la communauté mondiale du savoir. Ce n’étaient plus des cours mis en ligne par un professeur pour ses étudiants, dans un contexte de classe virtuelle, à partir d’une plate-forme. Non, c’était un changement de perspective qui rejoignait les révolutions antérieures que furent l’éclosion de l’encyclopédie ou la naissance du livre de poche. On mettait à disposition du monde connecté tous les savoirs les plus précieux. L’affaire n’était pas purement désintéressée, comme les autres révolutions d’ailleurs : il s’agissait pour les universités américaines, en les faisant s’inscrire dans leurs « massive open on line courses » qu’on allait rapidement désigner par l’acronyme MOOC, et en repérant leurs performances, d’attirer chez elles les meilleurs étudiants de la planète. Rien moins ! Les universités européennes s’y mirent quelques années plus tard : depuis trois ans, elles produisent des MOOC. Elles en ont changé l’usage et la perspective. Leurs MOOC sont plus immédiatement pédagogiques. Ils visent des publics étudiants et supposent souvent un accompagnement qui replace l’activité d’enseignement dans le cadre universitaire. France Université Numérique a été créé ainsi pour rassembler l’offre des universités françaises dans ce domaine. Des partenariats se dessinent : le mathématicien médiatique Cédric Villani et un de ses collègues dakarois ont produit de conserve un MOOC franco-sénégalais. Les universités africaines sont sollicitées pour utiliser et produire ces nouvelles ressources. trouvées à Kinshasa, recteurs en tête, à l’invitation du ministre de l’enseignement supérieur et universitaire, Monsieur Théophile Mbemba Fundu, pour un séminaire de mise en place des cours en ligne et de ces fameux MOOC dont on sait le succès depuis un an ou deux. Les universités kinoises (UNIKIN, UPN, UCC, UPC) mais aussi de Lubumbashi et de Kisangani, les Instituts Supérieurs Pédagogiques de Kinshasa et de Kananga, des instituts supérieurs technologiques, comme l’ISTA, étaient représentés par 80 enseignants-chercheurs, pour deux journées de travail intense. L’Agence Universitaire de la Francophonie et l’UNESCO étaient associés à cette manifestation. Le Service de coopération et d’action culturelle de l’A mbassade de France en assurait le soutien scientifique et technique en invitant pour l’occasion le Professeur Albert-Claude Benhamou, organisateur des rencontres pour le Développement Numérique de l’Espace Universitaire Francophone quelques jours plus tard à Un séminaire pour développer les cours en ligne dans les universités de la RDC Les 27 et 28 mai 2015, les universités se sont rewww.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 89 SOCIÉTÉ Paris, des universitaires français engagés dans des projets communs avec l’UNIKIN en matière de production de ressources numériques et deux responsables de l’association Bibliothèques sans Frontières, qui apportaient des solutions techniques et pédagogiques avec un nano-serveur en cours de développement. Cet outil permet de régler les problèmes de connexions défaillantes au réseau. Peu coûteux, il stocke la ressource numérique et la met à jour quand une connexion est possible. Il permet de la diffuser ensuite par un réseau interne en Wifi ou en intranet. Avant d’arriver à ces aspects pratiques, le séminaire a fait l’état des lieux des usages numériques dans les universités de la RDC. Quelques expériences de cours en ligne ont été analysées. La question de l’insertion dans les cursus actuels de ces nouveaux outils a été largement débattue. Les organisateurs souhaitant une véritable mise en œuvre à l’issue du séminaire, les ateliers furent consacrés à l’élaboration de fiches, en fonction des besoins repérés, pour installer à la prochaine rentrée universitaire des MOOC dans les différentes institutions d’enseignement supérieur représentées pendant ces deux journées. Vingt projets sont déjà sortis des cartons et n’attendent que la livraison des nano-serveurs pour Le séminaire a fait l’état des lieux sur les usages numériques dans les universités de la RDC. Quelques expériences de cours en ligne ont été analysées. voir l’utilisation des cours en ligne effective dès le mois d’octobre prochain. Le « DNEUF » pour une politique partagée du numérique dans les universités francophones Une semaine après ce séminaire, le 5 juin, s’est tenue à Paris la première rencontre des ministres de l’enseignement supérieur des pays francophones, pour le Développement Numérique de l’Espace Universitaire Francophone (le DNEUF), à l’invitation de l’Organisation Internationale de la Francophonie et du gouvernement français. Ce fut l’occasion pour les représentants de la RDC, emmenés par leur ministre, de faire état des projets congolais et francophones dans ce domaine. D’affirmer, aussi, l’engagement de leur pays dans cette voie de modernisation du système universitaire. Avec 30 ministres présents et 47 pays francophones représentés sur les 57 qui adhèrent à l’OIF, l’occasion de valoriser la stratégie de la RDC en matière de numérique était trop belle pour la laisser passer. Cette manifestation internationale et francophone venait utilement prolonger les travaux engagés à Kinshasa une semaine plus tôt. Patrick Demougin 90 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd LE JOURNAL DE L’ÉCO Présenté par Antoine Fonteneau Chaque jour dans « 64’ le monde en français », retrouvez toute l’actualité économique internationale. © Christophe Guibbaud tv5mondejteco La chaîne culturelle francophone mondiale www.impact.cd tv5monde.com/jteco Impact n°9 / Juin 2015 / 91 SOCIÉTÉ Les états généraux de la Justice Alexis Thambwe à la barre L Coup de tonnerre dans le monde judiciaire : du 27 avril au 2 mai, près de 300 acteurs de la justice congolaise, venus de toute la RDC, se sont rassemblés à Kinshasa pour prendre part aux états généraux de la Justice. Une semaine dense, au cours de laquelle les participants ont réalisé un diagnostic sans complaisance d’une justice injuste et trop souvent fragile. e ministre de la Justice et des droits Humains, Alexis Thambwe Mwamba a donc tenu la promesse qu’il avait faite aux Congolais et qui avait été annoncée dans les colonnes d’Impact. Le défi à relever, pour reconstruire une jus- 92 / Impact n°9 / Juin 2015 tice, dont le constat est « accablant », selon ses propres termes, est toutefois immense : mettre en œuvre les quelque 320 recommandations issues des états généraux, qui portent à la fois sur l’indépendance de la magistrature, l’accès à la justice, la formation des acteurs judiciaires ou encore, la mise en œuvre du droit OHADA et la lutte contre l’impunité. Les premiers états généraux de la Justice depuis 1996 : des besoins considérables Le 27 avril 2015, quelque 400 invités avaient rendez-vous avec l’Histoire dans la salle de conférence du Kempiski Hotel. Le Chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange, présidait l’ouverture des états généraux de la Justice, qui n’avaient pas eu lieu depuis 1996. En 20 ans, le ministre de la Justice reconnaît, sans mâcher ses mots, que les choses n’ont pas véritablement bougé : « dans l’entretemps, force est de constater hélas que, d’une manière générale, le citoyen congolais, mieux, le justiciable est largement insatisfait de la manière dont la justice fonctionne et de la façon dont elle est rendue [...] plutôt que de rassurer, notre justice semble être devenue un facteur d’insécurité caractérisée. » L’audit du secteur de la justice et la mise en œuvre d’une réforme profonde constituaient un besoin exprimé, aussi bien par les justiciables que par les acteurs de la justice congolaise et les opérateurs économiques. www.impact.cd Photos : Gédéon Mukendi Un large rassemblement des acteurs congolais de la justice La justice comme moteur du contrat social et garant de l’intérêt général : c’est sur cette toile de fond que les participants ont tenté de relever les principales causes du dysfonctionnement de la justice congolaise et de bâtir un canevas de réforme. La communication générale du bâtonnier Mbuyi Mbiye a insisté, avec une perspective historique, sur ce rôle de la justice. Un conseil supérieur de la magistrature (CSM) mobilisé pour lutter contre l’impunité : pour répondre à l’interpellation des magistrats, le CSM s’est fortement impliqué dans ces assises. Des recommandations ont été faites, refusant les stigmatisations vaines, pour prendre le problème à la racine : les conditions de travail des quelque 7.000 magistrats congolais doivent être améliorées mais un mécanisme de formation, de contrôle et de sanction doit aussi être mis en œuvre. www.impact.cd La mise en œuvre des recommandations, j’en fais mon affaire... Les travaux ont été dirigés le Pr Raphaël Nyabirungu, doyen de la faculté de droit de Kinshasa, qui a bien voulu jouer le rôle de modérateur général. Les neuf groupes thématiques ont abordé les problèmes profonds rencontrés au quotidien par les citoyens congolais : l’indépendance de Impact n°9 / Juin 2015 / 93 Des recommandations concrètes et audacieuses : former, contrôler et sanctionner, pour mieux lutter contre l’impunité Lors de la clôture, le professeur Nyabirungu a présenté les recommandations issues des travaux, destinées au ministère de la Justice et des Droits humains : création d’une politique nationale de réforme de la justice ; renforcement de l’inspection générale des services judiciaires ; nouvelle stratégie nationale sur l’aide légale ; promotion de la médiation et des modes de réso- 94 / Impact n°9 / Juin 2015 La France, qui s’est impliquée dans la mise en œuvre des états généraux, accompagnera le processus de réforme, aux côtés notamment de l’Union Européenne et du PNUD. lution alternatifs des conflits. Quant au Conseil supérieur de la Magistrature, relèveraient de ces compétences : la mise en œuvre rapide de l’Institut national de formation judiciaire, pour offrir une formation initiale et continue des magistrats et greffiers ; la création d’une nouvelle carte judiciaire. Pour ce qui est enfin du Parlement, sont attendus: le vote de la loi de mise en œuvre du Statut de Rome ; le vote d’une loi encadrant la sanction des magistrats. www.impact.cd Photos : Gédéon Mukendi la justice ; l’organisation, les compétences et les procédures judiciaires ; l’organisation des professions judiciaires et du personnel administratif et auxiliaires de justice ; l’accès à la justice; la sécurité juridique des investissements ; la justice pénale ; l’administration pénitentiaire ; la planification, la coordination, le suivi des réformes et le financement de la justice ; enfin la lutte contre l’impunité. SOCIÉTÉ La mise en œuvre de la réforme demeure un défi considérable que le ministre de la Justice est prêt à relever « La mise en œuvre des recommandations, j’en fais mon affaire » a déclaré le ministre de la Justice et des droits Humains à l’issue des états généraux. Pour produire des effets, cette détermination de l’exécutif devra être accompagnée par le pouvoir législatif et par le Parlement. Les partenaires techniques au développement, notamment la France, qui s'est fortement impliquée dans la mise en oeuvre des états-généraux, l’Union Européenne et le PNUD, se sont déjà engagés à accompagner cette réforme. Matthieu Vuillermet SOCIÉTÉ Le projet Ibi Batéké 10 ans d’engagement pour préserver l'écosystème Après une décennie de gestation (1995–2005), le projet Ibi Batéké est né septembre 2005, au siège de la Banque Mondiale, à Washington, par une lettre d'intention d'acheter un million de tonnes de CO2 à la société Novacel, une petite entreprise familiale congolaise F ondée en 1985 par Paul Mushiete, Novacel est aujourd’hui dirigée par ses fils, Olivier et Thierry. Olivier, ingénieur agronome, et Thierry, financier, se sont donnés comme objectif de sécuriser et de valoriser l’héritage foncier et coutumier familial, au bénéfice des populations rurales du plateau des Batéké. Le plateau des 96 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Batéké constitue le bassin d’approvisionnement principal de la ville de Kinshasa, soumis à une forte dégradation de son couvert forestier, dont les causes principales sont l’agriculture sur brûlis et l’exploitation du bois comme source d’énergie (charbon de bois et bois de chauffe pour la cuisson des aliments). Afin de maîtriser l'agroforesterie et préserver les forêts, ultimes refuges d’une partie de la biodiversité congolaise, le projet IBI Batéké consiste en des plantations de bois à croissance rapide, Acacias et Eucalyptus principalement. La déforestation ainsi évitée et la mise en défense des savanes, associée aux plantations, fournissent des «crédits carbone » valorisés dans le cadre du mécanisme REDD+ (Réduction des Effets de la Déforestation et de la Dégradation des Forêts équatoriales). Promu par la convention-cadre des Nations Unies, le mécanisme REDD+ est un financement incitatif pour lutter contre la déforestation qui accroît la concentration du carbone atmosphérique responsable de « l’effet de serre », principale cause du réchauffement climatique. Par ce mécanisme, la tonne de carbone atmosphérique puisée pour la croissance des arbres est rémunérée autour de cinq dollars. La Société Novacel des frères Mushiete est la toute première entreprise congolaise à avoir ainsi inscrit son projet forestier « Ibi Batéké » à la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques dans le cadre du mécanisme REDD+. Les plantations forestières Les bénéfices des crédits carbone octroyés à la société Novacel sont redistribués aux communautés locales, ce qui assure aussi l’appropriation de la stratégie agroforestière par les paysans et la viabilité du processus à long termes. Photos : Ibi village & co réalisées par le projet stockent en moyenne 170.000 tonnes de carbone par an. Ce n’est pas négligeable, si l’on sait qu’une voiture produit en roulant près d’une tonne de carbone par an. Le projet Ibi Batéké « absorbe » donc l’équivalent des rejets de 170.000 voitures… www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 97 Ibi village projet modèle Olivier Muchete entouré de Bienvenue Lyota, Ministre de l'Environnement de RDC, Luc Hallade, ambassadeur de France en RDC et JeanChristophe Maurin, directeur de l'AFD en RDC. La notoriété du projet Ibi Batéké et de ses promoteurs dépasse aujourd’hui largement les frontières de la RDC. premier concours international « Challenge Climat Agriculture et Forêts » organisé par l’A FD et le CIRAD. Le projet sera également à l’honneur au XIVème Congrès forestier mondial qui se tiendra à Durban, en septembre prochain. Pour en savoir plus, nous invitons chaleureusement tous les lecteurs d’Impact à visiter ce projet et à le faire connaître, pourquoi pas, à l’occasion des « portes vertes » durant la première semaine du mois de juillet où, en association avec l’A FD, les frères Mushiete ouvrent leur concession (et leurs bras) au public. Jean- Christophe MAURIN 98 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Photos : Ibi village & co Les bénéfices des crédits carbone octroyés à la société Novacel sont redistribués aux communautés locales, ce qui assure aussi l’appropriation de la stratégie agroforestière par les paysans et la viabilité du processus à long terme. Le projet permet en outre de réhabiliter des infrastructures sociales de base (écoles, centres de santé) ou des voies d’accès, à mobiliser des ressources humaines qualifiées et à institutionnaliser les structures villageoises en impliquant les chefs coutumiers et les paysans. La gestion du dispositif est progressivement transférée au Groupe d’Intérêt Coopératif et Économique du Territoire Teke (GICET). Cette coopérative, qui regroupe quinze villages, est engagée dans la conversion de la savane en zone agroforestière productive. La notoriété du projet Ibi Batéké et de ses promoteurs dépasse aujourd’hui largement les frontières de la RDC. Ainsi, Olivier Mushiete a été invité au dernier salon international de l’Agriculture de Paris pour présenter le projet, lauréat du Et tout devient possible ! Nous transportons votre argent en toute sécurité ! A la Sofibanque, nous connaissons toute l’importance que la sécurité occupe dans vos affaires. C’est pourquoi nous nous chargeons de la collecte et du convoyage de vos fonds, afin que vous puissiez consacrer plus de temps au développement de votre entreprise, en toute sérénité ! +243 81 73 00 200 -221 -224 4258, avenue Kabasele T www.impact.cd [email protected] SHAMALA www.sofibanque.com (ex-Flambeau). Kinshasa - Gombe. Impact n°9 / Juin 2015 / 99 CULTURE L’OSK À l’occasion du concert que l’OSK à l’Institut français de Kinshasa, Armand Diangienda, créateur et chef d’orchestre de cette formation, a accepté de répondre aux questions d’IMPACT. 100 / Impact n°9 / Juin 2015 Impact : Armand Diangienda, avant de parler de l’orchestre symphonique que vous dirigez, nous souhaiterions vous connaître un peu mieux. Pourriezvous nous parler de votre carrière professionnelle, de votre parcours de musicien ? Armand Diangienda : Je suis né le 12 janvier 1964. Je suis marié et père de quatre enfants. J'ai fait des études pour devenir pilote d'avion en Belgique et ensuite aux États-Unis où j'ai obtenu ma licence de pilote professionnel. À mon retour au pays en 1991, j’ai été engagé chez TAZ (Transport Aérien Zaïrois) comme copilote. Puis en janvier 1992, j'ai trouvé un autre poste chez Scibe-Zaïre pour piloter un Fokker 27. En décembre de la même année, le Fokker en question s’est s'écrasé sur les collines de Goma. J'ai commencé à jouer du piano à l'âge de 6 ans et j'ai appris seul à lire la musique. Après avoir été violoncelliste dans l'orchestre pendant 8 années, j’en suis devenu chef d'orchestre en 2002. En 2005, j'ai eu la chance de faire un stage de direction d'orchestre à Evry. Je suis également compositeur et arrangeur. J’ai reçu le prix Charles Anschebacher et j’ai été nommé ambassadeur de la Train Antang Academy Harvard (Boston, Etats-Unis). Je suis aussi devenu membre de la Royal Philarmony Society en mai 2013 et j’ai dirigé le Korea Symphony Orchestra de Séoul. Comment vous est venue l’idée de créer l’OSK ? Pendant mes vacances à Kinshasa en 1985, je www.impact.cd Photos : Gédéon Mukendi Le plus grand orchestre symphonique d’Afrique nelle congolaise qui est très riche et d’une variété incroyable. Actuellement, il y a des musiciens qui viennent jouer avec nous sans pour autant être Kimbanguiste. Dans l’acronyme OSK, la dernière lettre intrigue. Pourriez-vous nous en dire plus sur le kimbanguisme et quel est son influence sur le fonctionnement de cet orchestre ? À l’origine, le Kimbanguisme fut un mouvement d’éveil spirituel créé par Simon Kimbangu, catéchiste congolais et prophète, qui attira des milliers de gens dans son village natal par ses prédications, messages et guérisons. Le pouvoir colonial s’est très vite senti menacé et l’a condamné à la prison à perpétuité. En me lançant dans cette aventure, il m’a fallu aussi comprendre la mission et le rôle que pourrait jouer cet orchestre. Actuellement, il y a des musiciens qui viennent jouer avec nous sans pour autant être Kimbanguistes mais il faut cependant dire que la plupart des musiciens de cet orchestre le sont. Combien de musiciens font partie de l’orchestre et comment sont-ils recrutés ? Le nombre varie énormément pour différentes raisons. Certains musiciens quittent l’orchestre (départ à l’étranger…), d’autres arrêtent ou jouais du piano avec un petit groupe de musiciens de la fanfare de l’église. Un jour, sur le chemin de retour à la maison, j’ai fait écouter une séance de répétition à mon père. Celui-ci m’a alors dit : « Mon fils, je ne voudrais pas que tu restes toujours avec les mêmes personnes. Je veux que tu ouvres la porte à toute personne qui viendrait vers toi. ». À cette époque, je n'avais pas mesuré l'importance de cette instruction. Deux ans après avoir perdu mon père, ainsi que mon travail, j’ai fait ce qu’il m'avait recommandé. A l’origine, l’orchestre n’était qu’un petit ensemble. Ici, je voudrais qu’on comprenne le contexte dans lequel l’orchestre a été créé. Mon père fut le premier chef spirituel de l'église Kimbanguiste et beaucoup des jeunes gens voulaient m'approcher pour partager cette passion de la musique. C’est ainsi qu’est venue l’idée de créer un orchestre symphonique capable d’accueillir un grand nombre de musiciens. Vous êtes également compositeur. Quelles sont vos sources d’inspiration ? J'écoute beaucoup de musique classique mais je me suis aussi tourné vers la musique traditionwww.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 101 CULTURE viennent plus irrégulièrement par manque de temps (responsabilités professionnelles, études, éducation des enfants…). Nous avons un effectif de 85 instrumentistes et 105 choristes réguliers. L'orchestre forme régulièrement de nouveaux musiciens, car nous préparons l’avenir. Il y a trois ans, nous avons commencé la formation régulière des jeunes enfants et nous avons mis sur pied un orchestre avec 47 instrumentistes et 53 choristes. Comment choisissez-vous le répertoire de l’OSK ? Mon équipe technique et moi-même décidons du répertoire à interpréter. On se base sur les circonstances, les œuvres nouvelles apprises, les œuvres souvent réclamées par notre public… Quels sont les moyens dont l’OSK dispose pour fonctionner ? L’OSK fonctionne essentiellement par autofinancement. Les musiciens cotisent à travers une opération appelée «Nsinsani» qui peut se traduire par le terme de collecte. Au départ, j’ai utilisé mes économies pour créer l’orchestre. Plus tard, les musiciens ont emboîté le pas. Actuellement, nous sommes soutenus par des personnes de bonne volonté qui aiment ce que nous faisons. Nous recevons quelques donations. Dans un pays comme la RDC, comment se procurer de bons instruments classiques et comment les entretenir ? Il est effectivement très difficile de trouver des instruments de bonne qualité sur place. Il faut donc les acheter à l’étranger. Le premier lot d’instruments de l’OSK avait ainsi été commandé en Chine et nous l’avions réceptionné fin 1999. Mais, avant même cette commande, nous avions acquis quelques instruments à Kinshasa auprès de particuliers, qui souvent les tenaient de leurs familles installées à l’étranger. Nous avons également reçu en donation plusieurs instruments et accessoires, offerts par l’orchestre de chambre de Tübingen, par l’école de musique d’Evry (France), par l’orchestre de la WDR de Cologne mais aussi par des particuliers. La Princesse Caroline de Monaco a récemment offert une harpe à l’OSK. Comment s’est déroulée cette rencontre ? L’OSK a été invité en avril 2013 au festival « Printemps des arts » de Monaco. La Princesse de Monaco était présente lors de notre concert. Ayant appris que l'OSK avait besoin de se procurer de 102 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Photos : Gédéon Mukendi Quel est leur statut et comment concilientils leurs obligations professionnelles avec la vie (répétitions, tournées) de l’orchestre? L’OSK accueille des musiciens ayant des profils très différents : élèves, étudiants, commerçants, artisans, électriciens, employés de banque, médecins, infirmiers, fonctionnaires, couturiers, bref presque toutes les couches sociales de la population sont représentées. Nos répétitions se tiennent le soir pour tenir compte de l’emploi du temps professionnel de beaucoup d’entrenous. Quant aux tournées, elles sont programmées très longtemps à l’avance. Les employés s’arrangent pour prendre quelques jours sur leurs congés annuels. Pour les écoliers, les parents signent une autorisation permettant à l’orchestre de voyager avec leurs enfants et l’OSK écrit aux responsables des écoles pour solliciter une dispense pendant la durée de la tournée. nouveaux instruments, elle nous a fait l’agréable surprise de nous offrir cette harpe. Les musiciens et moi-même avions été émerveillés par ce geste inoubliable de la Princesse. Quelles sont les principales collaborations menées avec des orchestres étrangers ? Nos principales collaborations sont basées sur le renforcement des capacités de nos musiciens à travers des ateliers de formation, d’échanges avec des musiciens professionnels. Par le passé, nous avons travaillé avec le conservatoire départemental d'Evry et actuellement nous travaillons avec l'orchestre symphonique de la WDR de Cologne. Vous vous produisez beaucoup, souvent à l’étranger. Comment organise-t-on la logistique et l’administration d’une tournée de plus de 100 musiciens ? L’administration et la logistique d’une tournée de plus de 100 musiciens, comme celle effectuée l’an dernier en Grande Bretagne, est un vrai défi. Avant tout, l’organisateur doit nous assurer le visa, le transport, l'hébergement et la restauration. L'orchestre, pour sa part, s'occupe des passeports, des carnets de vaccinations, des cartes d'artistes et de l'autorisation de sortie requise dans notre pays pour la sortie du territoire des artistes. Comment la musique symphonique estelle perçue en Afrique et particulièrement au Congo ? Durant les toutes premières années, les expatriés venaient en plus grand nombre que les Congolais à nos concerts mais on peut dire que maintenant la situation a changé. Cette musique a désormais trouvé sa place en RDC. Pour preuve, il nous arrive de donner des concerts sur des places publiques devant un parterre très fourni. L’OSK a-t-il déjà effectué une tournée africaine ? Malheureusement non. Jusqu’à présent, l'orchestre au complet s'est uniquement produit au Congo Brazzaville. Cependant, en décembre 2010, un petit groupe de musiciens de l’OSK est parti aux Seychelles, puis à Douala et à Yaoundé en 2012. Nous espérons bien sûr pouvoir un jour nous produire dans d'autres pays d'A frique. Propos recueillis par Christophe Roussin www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 103 Le «tshukudu» C Il y a quelques années, les Nations Unies organisaient une course de Tshukudu dans la ville de Goma. Barrant leurs gigantesques trottinettes de bois, quelques 130 «tshukudistes» ont sillonné la capitale du Nord Kivu. es engins qui pèsent près de 40 kilos servent d’ordinaire au transport de marchandise. Ils sont devenus l’un des symboles de la région. Colin Delfosse, reporter-photographe et membre fondateur du collectif « Out of focus », était sur place pour couvrir cet événement sportif et festif. Qu’est-ce qu’un tshukudu (prononcez «tchoukoudou») ? Voilà un mot à la fraîcheur toute enfantine, comme le nom d’une confiserie à la mode, que s’arracheraient les marmots à la sortie de l’école. Point du tout. Le tshukudu est avant tout un engin essentiel pour l’économie de la capitale du Nord-Kivu. 104 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Photos : Colin Delfosse Bien plus qu'un symbole ! CULTURE Plusieurs milliers de « tshukudistes » sillonnent chaque jour les rues de Goma. Transportant des charges pouvant aller jusqu’à une demi-tonne (l’équivalent de cinq sacs de pommes de terres de 100 kilos chacun). Ces marchandises voyagent sur une planche de bois longue d'environ un mètre et large de 20 centimètres. À une extrémité, une roue d’à peine 20 cm de diamètre attachée à une fourche de plus d’un mètre de haut qui se divise en deux pour prendre la forme d’un guidon, rappelant les cornes gracieuses des grands bovins de la région. À l’arrière de cette planche une autre roue, elle aussi entourée d’un pièce de caoutchouc. Un système de ressorts fait office d’amortisseurs et permet de contrôler cette trottinette « très brute de décoffrage ». Plusieurs milliers de «Tshukudistes» sillonnent chaque jour les rues de Goma. Transportant des charges pouvant aller jusqu’à une demitonne (l’équivalent de cinq sacs de pommes de terres de 100 kilos chacun). Tous les matins, des centaines de tshukudus descendent de Rutshuru, à toute allure, avec des kilos de légumes et des piments rouges, pour les livrer sur les marchés de Goma. Une descente de 30 kilomètres, sur des pistes en terre battue parsemées de nids de poules. Mais, le tshukudiste est habile. Il est très respecté aussi. Il a un plan de carrière : il débute en poussant et en livrant à droite et gauche toutes sortes de marchandises, sur sa planche à roulette, il fait quelques économies, puis il s’achète la moto de ses rêves et fait le taxi. Les bons jours, il peut gagner jusqu’à dix dollars. On est tshukudiste de père en fils. Le 16 mars 2013, les Nations Unies organisaient une course de Tshukudu dans la ville de Goma. Au guidon de leurs gigantesques trottinettes de bois, quelque 130 «tshukudeurs» ont traversé la capitale du Nord Kivu, seulement trois mois après la prise éclair de la ville par les rebelles du M23. www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 105 CULTURE Bio-express C L’enfant débute haut comme trois pommes sur un petit tshukudu, qu’il troquera pour un plus grand au fur et à mesure de sa croissance. Un jour, il obtiendra son sésame, la licence délivrée par l’ATG, l’Association des tshukudus de Goma. Informations tirées de l’article de Mme Natasha Carleton publié le 5 avril 20013 sur : contre-pied. blog.lemonde.fr/2013/04/05/tshukudu-la-petitereine-du-congo-a-sa-classique/ olin Delfosse est né à Bruxelles, en 1981. Diplômé en journalisme, il se tourne en 2006 vers la photographie documentaire. Photographe freelance, il entame ses premiers reportages au Vietnam, au Mali et en RDC. Lauréat de la bourse de la vocation en 2006, son reportage « Les Amazones du PKK » réalisé au Kurdistan irakien lui permet de remporter, en 2010, le prix National de la Photographie Ouverte. En 2012, son travail est exposé à « Paris Photo », au festival photo de Hanovre et d'Athènes. Fin 2012, il franchit la frontière congolaise pour couvrir les évènements à Goma, tombée aux mains du M23. Son reportage, publié dans l'Echo et le Tijd, reçoit le prix de la presse Belfius 2013. Il a présenté une exposition de photos sur les catcheurs de Kinshasa à l’Institut français de Kinshasa en septembre 2014. Publication Colin vient de publier un ouvrage de photos sur les catcheurs de Kinshasa. La nuit vient de tomber comme une ivrogne sur Kinshasa. Sur l’esplanade goudronnée attenante au marché Mzée Kabila, à l’incertaine périphérie de la capitale où s’entassent dix millions de Congolais, « Six Bolites » enfile son masque de tissu étoilé et grimpe sur le capot d’un van qui a sans doute connu la dernière guerre. Au son des fanfaristes perchés sur le toit d’une bagnole repeinte aux couleurs nationales, des grappes d’enfants et de badauds venus des citées de Masina, Ndjili ou Matete se mêlent au défilé en scandant son nom et celui des catcheurs qui ce soir, une fois encore, vont s’affronter sur le ring. 106 / Impact n°9 / Juin 2015 Photos : Colin Delfosse Titre : « Toute arme forgée contre moi sera sans effet » Colin Delfosse, 80 pages, 43 photos, 210 x 280 mm Textes et images : Colin Delfosse Design graphique : Atelier 25 Langue : français et anglais focus art & arcoprint edizioni ISBN 978-2-9552412-0-2 Première édition 2015 www.impact.cd Crédit Photo : Getty Images La façon la plus simple de récompenser votre entreprise BlueBiz est le programme d’AIR France et KLM exclusivement dédié aux entreprises. Profitez dès à présent de l’inscription gratuite en prévision de vos prochains voyages et cumulez des Blue Credits pour réserver vos billets Prime. 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Javier Hergueta Garnica Ambassadeur d'Espagne en RDC 108 / Impact n°9 / Juin 2015 Impact : Monsieur l’Ambassadeur, vous avez choisi d’exposer le travail de la photographe, Isabelle Munoz, en RDC, à Kinshasa mais aussi à Goma puis à Madrid. Quelles ont été les raisons qui ont motivé le choix de ces villes ? Javier Hergueta Garnica : Isabelle Munoz est venue à Kinshasa pour travailler sur un projet sur les grands singes d’A frique. Elle est également venue dans l’Est du Congo pour y réaliser des reportages. Très logiquement, nous avons souhaité organiser l’exposition à Kinshasa mais aussi à Goma et Bukavu. C’est aussi une exposition en hommage à Caddy Azuba qui a reçu le Prix « Prince des Asturies» de la Concorde et qui a réalisé un grand travail sur la lutte contre les violences sexuelles. Elle a également fait un travail remarquable, comme journaliste à Radio Okapi. Nous voulons l’avoir à Goma, à Bukavu puis, avec une présentation beaucoup plus grande, à Madrid et probablement dans d’autres capitales. plus large. Ce que l’on veut faire, c’est montrer le ferment de l’espoir, en commençant par illustrer le travail de cette ONG qui aide les victimes de violences sexuelles, tout en mettant en avant des femmes énergiques, qui contribuent à la vie sociale et qui sont aussi des actrices économiques motivées. La plupart de l’exposition ne porte pas sur les victimes, mais sur des femmes qui travaillent, grâce à un financement sur micro-crédit et les femmes influentes Chance Quels sont les objectifs d’une telle exposition qui présente des portraits de femmes du Congo victimes de violences sexuelles ? Ce n’est pas exactement des portraits de femmes victimes de violences sexuelles, c’est beaucoup www.impact.cd Ornella Le prestigieux prix « Prince des Asturies » a été récemment décerné à la journaliste Caddy Adzuba ainsi qu’à son ONG «Association des femmes des médias du Sud Kivu» (AFM/SK). Que vient il récompenser et quelle relation y a-t-il avec le travail photographique d’Isabelle Munoz ? Le rapprochement est curieux ! Isabelle Munoz est une des plus grandes photographes d'Espagne. Elle a gagné de nombreux prix et elle fait un travail à la fois journalistique et artistique d’une grande qualité. Elle travaille énormément avec le journal El Pais. Elle est venue ici pour faire un reportage sur les grands singes du monde : gorilles au Congo, orang-outangs en Indonésie, etc. Quand elle est venue ici, elle était chez moi car je la connaissais bien ; je lui avais, en effet, organisé une exposition à la Havane lorsque j’étais en poste. Au même moment, nous recevions la visite de Caddy Azuba à l’ambassade pour faire une conférence à la suite du prix qu’elle venait de recevoir. Quand Isabelle a fait la connaissance de Caddy, elle a été fortement impressionnée. À la suite de cette rencontre, Isabelle Munoz s'est rendue à l’Est pour connaître tous les lieux où Caddy travaillait et elle a commencé à faire un autre reportage et c’est pour cela que nous avons www.impact.cd pensé à faire cette exposition, car cela constituait une occasion unique de montrer les photos d’Isabelle Munoz. Comme notre ambassade a un budget limité, nous allons faire une version plus modeste de l’exposition, mais à Madrid et peut être même dans les autres capitales européennes, nous aurons sûrement une très grande Henriette Kika Photos : Isabelle Munoz Solange lwashiga Quand Isabelle a fait la connaissance de Caddy, elle a été fortement impressionnée. À la suite de cette rencontre, Isabelle Munoz s'est rendue à l’Est pour connaître tous les lieux où Caddy travaillait. Impact n°9 / Juin 2015 / 109 Caddy Azuba Elle a consacré sa vie à dénoncer les violences et le pillage des ressources naturelles que connaît sont pays. Cette journaliste, avocate et activiste pour les droits de la Femme ainsi que pour la paix, utilise les micros de Radio Okapi pour aider les femmes victimes de violences sexuelles à refaire leurs vies. Quelles sont les autres partenaires ayant contribué à la réalisation de cette exposition ? Nous sommes très reconnaissants à l’ambassade de France et l’institut français pour le rôle qu’ils ont joué. Dès le début, nous avons été en contact avec eux et ils ont mis à notre disposition la Halle de la Gombe qui est, je pense, la meilleure salle d’exposition de Kinshasa. De plus, nous allons travailler ensemble pour l’exposition à l’Est avec les futurs instituts français de Goma et de Bukavu. Ces différents lieux nous offrent une plateforme fantastique. Nous avons aussi comme partenaire la délégation de l’Union Européenne qui a collaboré et financé une partie de ce projet. Il y aussi le Bureau Conjoint des Droits de l’Homme des Nations Unies car comme il s’agit d’une exposition ayant un aspect important sur les droits humains, ils ont voulu aussi participer. La fonda- exposition sur les femmes du Congo. Par rapport à Caddy, nous voulions lui rendre hommage pour le travail qu’elle accomplit. C’est pour cela que nous allons organiser une conférence qui se tiendra à l’Institut français dans la matinée du 11 juin, sur la situation des femmes à l’Est. 110 / Impact n°9 / Juin 2015 Eugenie Bitondo Photos : Isabelle Munoz Impact : La note de présentation de l’exposition souligne une corrélation entre les guérisons physiques des femmes et le leadership féminin. Pourriez-vous nous en dire un peu plus ? Ce chemin vers l’espoir passe par ces femmes qui sont fortes et leaders dans la société. Caddy Azuba fait un travail remarquable qui va bien au-delà des problèmes des violences sexuelles. Elle a, à son actif, un grand projet de communication, une radio pour les femmes mais aussi un projet de micro-crédit. C’est une personne exemplaire, elle a reçu le prix « Prince des Asturies » qui est un prix ayant une forte dotation économique et elle a employé ce gain pour créer et financer ellemême ce projet de micro-crédit qui fonctionne très bien. Caddy est l’espoir du Congo. Vous savez que dans la culture africaine, le rôle des femmes est très important, notamment le rôle économique. Nous voulions le montrer. De plus, Isabelle Munoz a eu l’occasion de mettre en avant l’aspect artistique, car ces femmes dégagent une image très forte. Si vous voyez les photos, vous remarquerez que ce sont des femmes volontaires qui ont bénéficié d’un micro-crédit et qui sont à la tête de leur entreprise. Tout cela donne une image positive de femmes actives et c’est cette image optimiste de la femme congolaise que nous voulons transmettre. www.impact.cd CULTURE Biographie de l'artiste I Zabulonda Mwin Elysee tion Hirondelle, qui est liée à Radio Okapi, dont Caddy est une des journalistes, fait aussi partie du projet. Enfin, Air France a participé à la venue des participants à Kinshasa. Plus généralement, quels sont les autres projets de la coopération espagnole en matière culturelle ? Nous avons beaucoup de projets de coopération en matière culturelle mais avec un budget limité. Cela ne nous a pas empêchés d'organiser une quarantaine d’activités l’année dernière. Cette année nous pensons présenter entre 40 et 50 activités. Nous faisons des choses très variées, des expositions avec au moins trois expositions de photographies, deux de peintures. Nous essayons de participer à de grands événements comme le festival de danse. Actuellement il y a un festival de percussions auquel nous participons, un festival de théâtre. Mais nous sommes aussi partenaires avec des institutions congolaises, nous donnons des cours de cinéma, des cours de musique etc. Dans un tout autre domaine, nous avons bâti cinq centres de formation dans le domaine des soins infirmiers, dans celui de l’hôtellerie et de la restauration. Il y aussi trois écoles en cours de construction et un grand projet en collaboration avec la France comme l’Hôpital de Monkole et d’autres. sabel Muñoz est née à Barcelone (Espagne) en 1951, elle habite Madrid depuis 1970. Elle a su se distinguer parmi les représentants de la photographie espagnole contemporaine, en choisissant la technique de la platinotypie et le grand format dans le but de renforcer son discours, sa passion pour le corps, comme manière de se rapprocher de l’étude de l’humain. Une passion qui, depuis ses premières séries, Tango y Flamenco (1989), constitue le début d’un parcours à travers de nombreuses cultures dans lesquelles elle cherche à capturer, avec son appareil photo, la beauté du corps humain, allant des danses traditionnelles, des luttes jusqu’à certaines réalités ou des enjeux, vers lesquels Isabel Muñoz a décidé de concentrer son regard, en nouant un engagement social. Sa première exposition, Toques, tenue en octobre 1986 à l'Institut français de Madrid, et sa participation au « mois de la Photographie à Paris » en novembre 1990 a profondément marqué sa carrière et constitue le point de départ de sa notoriété nationale et internationale. Ces expositions seront suivies de beaucoup d'autres, à la fois individuelles et collectives, au cours desquelles Isabel Muñoz va se consacrer en tant que photographe de renommée internationale. Cette forte présence, qu’Isabel Muñoz a acquise au sein de la communauté artistique contemporaine, se reflète dans la reconnaissance de son travail par l’octroi de divers prix et distinctions, dont le Prix « Bartolomé Ros » qui couronne le travail effectué pendant toute sa carrière dans «PhotoEspaña» 2009, la «Medalla de Oro al Mérito en Beaux Arts» 2009 et l'obtention par deux fois du «World Press Photo», ainsi que le prix national «d'UNICEF Espagne» 2010, pour la sensibilisation et la mobilisation sociale. Sa reconnaissance professionnelle se traduit également par la prise en compte de son travail dans différentes collections nationales et internationales, parmi lesquelles il convient de noter le Musée Centro de Arte Reina Sofia à Madrid, Photo Colectania à Barcelone, Fundación Canal à Madrid, Maison Européenne de la Photographie à Paris, Contemporary Art Museum à Houston et New Museum of Contemporary Art à New York. Propos recueillis par BP www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 111 Forums des métiers du L.F.R.D et Club Français des Affaires Le samedi 20 mars, les élèves du lycée français René Descartes de Kinshasa ont participé à une expérience visant la découverte de plusieurs domaines professionnels par l’intermédiaire de différents chefs d’entreprises qui ont permis d’organiser ce forum des métiers. Les objectifs de ce forum sont : - la connaissance de soi ; - la connaissance des métiers ; - et la connaissance des formations y conduisant. Chef de projet d’études Chef de projet d’études est un métier passionnant qui consiste à développer des projets pour des entreprises privés et donc c’est aussi rédiger 112 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd IMPACT JUNIOR un cahier des charges. Les projets d’études concernent tous les domaines, pour ce métier il faut être autonome et évidemment sérieux. Les élèves remercient cependant tous les représentants de métiers présents ce jour-là, pour avoir pris de leur temps mais également d’avoir éclairé de leurs lumières les générations futures. Directeur commercial Le métier de directeur commercial est un métier génial qui demande d’être à l’écoute des gens, mais il faut un certain niveau d’études assez haut. Il y a du stress mais aussi un super contact humain. La classe de seconde B Le droit Dans le domaine du droit, on retrouve différents domaines tels que le métier d’avocat, notaire ou encore juriste d’entreprise. Ces métiers représentent les lois. La médecine La médecine s’étend sur plusieurs domaines qui permettent de sauver un grand nombre de vies avec l’approfondissement des recherches pour une guérison et une prévention plus efficaces des maladies en fonction des innovations scientifiques. Malgré un parcours d’études long et exigeant menant à des satisfactions que seuls les médecins connaissent. Il faut aimer les sciences, avoir envie d’apprendre toujours plus, et en cas d’échec se relever et continuer parce que ce n’est pas un domaine facile, mais un métier qui aide et sauve les autres. Photos : LFRD Ce forum des métiers à permis aux élèves de la troisième à la terminale de se renseigner voire même de confirmer leurs projets professionnels: il a également aidé les élèves de seconde dans leur orientation et leur choix de série www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 113 e quarantaine n ’u d s lu p t s ’e s Cette année, c a découvert le i u q D R F L u d d’élèves d’une classe re d a c le s n a d ées Hautes-Pyrén vril 2015. a 0 1 u a rs a m u 29 transplantée d CM2 LFRDrénées y P s e l s n a d C e séjour a donné l’occasion aux élèves de découvrir un milieu dont la richesse s’inscrit aussi dans l’Histoire. C’est sur le site de Vielle-Aure que le groupe scolaire a fait étape pour la visite d’une ancienne mine de manganèse. Méthodes d’extraction, conditions de travail, autant d’éléments qui mettent en perspective son fonctionnement au siècle passé. 114 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Photos : LFRD Les du IMPACT JUNIOR çaise de Kinshasa ont descendu les pistes de la plus haute station des Pyrénées : Piau-Engaly (1860 m). Des efforts récompensés par des brevets ESF et par le plaisir de la glisse ! Ce moment exceptionnel a été rendu possible par la générosité des parents d’élèves, par l’efficacité de l’espace Schengen de Kinshasa, par l’énergie des membres de l’association « boules de neige ». Il s’inscrit dans le cadre de la découverte et l’ouverture sur le monde dont l’école française a le souci de mise en œuvre. Au programme Initiation à la pratique du ski avec des moniteurs de l’Ecole du Ski Français (ESF), visite du village de Saint-Lary et de son marché, randonnée en raquettes sur les pentes enneigées de la vallée du Badet. EM A quelques kilomètres de là, la maison de l’ours a accueilli les élèves pour une rencontre avec cet animal symbole des Pyrénées. C’est en effet dans le département des Hautes-Pyrénées que le plantigrade a été réintroduit il y a quelques années et qu’un musée lui a été consacré. Les élèves et parents restés au Congo ont pu suivre le séjour grâce à des échanges par internet qui ont permis de « raconter » le voyage à la montagne : le froid, les vêtements, les paysages et bien sûr les exploits sportifs ! À la conquête des pistes ! Encadrés par des moniteurs de l’ESF, c’est par groupes de 8 à 12 que les élèves de l’école franwww.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 115 CULTURE Festival « Me ya be » Et bien dansez maintenant ! Du 23 au 29 avril, s’est tenue la cinquième édition du festival international de danse « Meyabe » organisé par la compagnie Jacques Bana Yanga, en partenariat avec l’Institut français de Kinshasa, le Centre Wallonie-Bruxelles, la Coopération espagnole en RDC, Radio Okapi et de nombreux sponsors et opérateurs culturels locaux. Saraï Estremela Invitée par la coopération espagnole en RDC, la danseuse Saraï Estremela a envoûté le public de la halle de la Gombe. 116 / Impact n°9 / Juin 2015 F orte affluence pour cette cinquième édition du festival international de danse «Meyabe» traditionnellement organisé autour de la Journée internationale de la danse célébrée le 29 avril. Des chorégraphes et danseurs venus d’A llemagne, d’Espagne, du Zimbabwe, du Gabon, d’A mérique centrale et de différentes provinces du Congo se sont retrouvés à Kinshasa à www.impact.cd Des chorégraphes et danseurs venus d’Allemagne, d’Espagne, du Zimbabwe, du Gabon, d’Amérique centrale et de différentes provinces du Congo se sont retrouvés à Kinshasa à l’invitation de Jacques Bana Yanga, créateur du festival... ment applaudi sous la grande halle de l’Institut français le 24 avril dernier, a mis en scène un panorama de la culture populaire congolaise mêlant harmonieusement défilé des sapeurs congolais et allusion au « combat du siècle » entre Ali et Foreman. Très apprécié également, la performance de Sarai Estremera, invitée par l’ambassade d’Espagne en RDC, qui a fait découvrir au www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 117 Photos : Salva Mose l’invitation de Jacques Bana Yanga, créateur du festival, chorégraphe et danseur, pour ce qui est désormais devenu un des grands rendez-vous de la danse en RDC. A l’Institut français, au Centre Wallonie-Bruxelles mais aussi au Kwilu-Bar, une centaine de professionnels ont offert une vingtaine de spectacles souvent originaux, toujours très aboutis. Mention spéciale pour le travail de la danseuse et chorégraphe zimbabwéenne Nora Chipaumire qui, avec un spectacle copieuse- Bio-express A public de la halle un large éventail des figures de style du flamenco espagnol et du tango argentin. Le ballet congolais Osase s’est également attiré les faveurs du public avec un spectacle très tonique de danses traditionnelles congolaises. Pour les deux soirées programmées sous la grande halle de l’Institut français, on a pu dénombrer plus de 500 spectateurs. Au total, près de 1000 festivaliers ont participé à «Me ya be 2015». Les professionnels comme les simples amateurs attendent déjà avec impatience l’édition 2016… Contact +(243) 81 68 68 023 [email protected] [email protected] www.jacquesbanayanga.com près une solide formation professionelle en danse traditionnelle congolaise de 1991 à 1996, Jacques Bana Yanga se tourne rapidement vers l’écriture contemporaine, via différents chorégraphes tels que Jean Marie Musungay, Longa Fo, Faustin Linyekula, Célestin Kose de Brazzaville, Fred Bendongue (France /Cameroun), Céline Back (France), Gérard Goudreau (France), Julie Dosalvie (Bénin/France), Germaine Acogny (Sénégal), Pierre Doussaint (France), Nora Chipaumire (Zimb/US), Roberto Torres (Espane), Patricia Fricker (France), Elizabeth Dalman (austral), Sophie Loucachevsky (France) et d’autres encore. Parallèlement à son activité de danseur-chorégraphe, Jacques Bana est professeur de danse. Il est en outre le directeur du festival international Me Ya Be qui a lieu chaque année au mois d'avril à Kinshasa (RDC). Photos : Salva Mose Christophe Roussin 118 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd SORTIE DU LIVRE DE PHOTOGRAPHIES Congo Couleur Nuit de Osvalde Lewat Preface : Yannick Vigouroux Poème : Atiq Rahimi Postface : Lye M. Yoka 152 pages 95 photos couleur Format : 22x28 cm Couverture rembordée sur carton En vente pendant la semaine française à la Halle de la Gombé, Kinshasa Un coffret contenant une photo et une édition limitée numerotée, signée à la main par l’artiste est également disponible FRANCE : en librairies et pendant l’exposition « Couleur Nuit » du 8 au 22 octobre à la galerie Marie-Laure de l’Ecotais, 49 rue de Seine, 75006 Paris E D I T I O N S www.impact.cd 1776 R.D. CONGO - KINSHASA HALLE DE LA GOMBÉ Impact n°9 / Juin 2015 / 119 CULTURE Les Bakolo Miziki Légendes vivantes ! Ils ont participé aux groupes emblématiques de la musique congolaise. Ils sortent de l’oubli et remontent sur scène sous le nom de « Rezonans Bakolo Miziki », autrement dit, « le son des pionniers » ou des « aînés de la musique ». Une mise en valeur du répertoire des années 30 à 70. Un bain de jouvence pour eux et pour nous ! À Léopoldville, entre les deux guerres et jusqu’à l’indépendance, règnent les studios, Ngoma, Philips, Esengo, Opika et surtout Loningisa, du commerçant grec Papa Dimitriu. Ce sont des centres de rencontre des musiciens. La plupart de ces studios prêtent leurs instruments à de nombreux artistes, certes déjà fort reconnus, mais parfois sans le sous, comme Paul Mwanga (1925), chanteur et guitariste. Ces artistes jouent à la journée, on les appelle, à l’époque, les « nzong nzing » des studios. On parle de la génération de feu Wendo Kolosoy (1925-2008), dont le statut de « génial pionnier » de la musique congolaise moderne, sera reconnu sur la scène internationale au début des années 90. Joseph Munange (1927-2015). Feu «Vieux Maproko», lui, a été le saxophoniste qui a formé Manu Dibango, sommité du makossa camerounais. Lui-même avait été initié par le célèbre saxophoniste belge Fud Candrix, requins des studios à Léopoldville. Avant l’African Jazz, il est passé par Conga Jazz et Rock Mambo. 120 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Moïse Lutadila Dit «Papa Frakasseur», drummer/ percussionniste, a rejoint l’African Jazz, et fera aussi partie de Negros Succès de Bavon Marie Marie, le jeune frère et rival de Franco. Photos : Martin van der Bellen À la fin des années 50 les véritables premiers groupes se constituent. L’un de ceux-ci est «l’A frican Jazz», mené par Grand Kallé, son parolier Tabuley et leur incroyable guitariste soliste Docteur Nico. On fredonne toujours leur succès mondial «Indépendance Chacha», écrit par le maracassiste Roger Izeydi et sorti quatre mois www.impact.cd Roger Lokumu Entre 1960 et 1964, « l’A frian Jazz » fait une grande tournée européenne et africaine. C’est au cours de celle-ci, en 1961, que le jeune Manu Dibango, alors pianiste du répertoire jazz, croise le groupe kinois à Bruxelles et demande de pouvoir le suivre, pour l’intégrer, jusqu’en 1963. Maproko l’initiera au style rumba. On dit d’ailleurs que le fameux «Soul Makossa», de la star camerounaise, qui sera réinterprété par Michaël Jackson dans son album «Thriller» (Wanna be starting something), a des racines franchement congolaises! Au début des années 70, Wendo, Feruzi, Taumani, Kasongo, Lucie Eyenga, Miss Bora, Adu Elenga, Bikunda, Maproko,… c’est-à-dire l’essentiel des musiciens congolais de la première génération intègrent le Théâtre National, à l’initiative de Mobutu. C’est là qu’a commencé le premier regroupement sous le label « Bakolo Miziki »… Ils sont devenus des artistes-fonctionnaires, le Depuis les années 60, il a adopté la guitare hawaïenne. Ancien de l’African Jazz, il passera à l’African Fiesta Sukisu, aux côtés de Dr Nico et Tabu Ley. Photo : JC Mangoubou Alexander Buanga. Avant d’intégrer l’African Jazz comme guitariste, il avait été le premier élève peintre de la future Académie des Beaux-Arts. Il sera aussi en janvier 1959 footballeur du Vita Club, lors du fameux match derby contre l’équipe Mikado sponsorisée par la Sabena. Le V. Club se verra refuser deux buts par l’arbitre, et ne sera pas sacré champion. Un arbitrage tendancieux qui enflammera les supporters déçus et les poussera à rejoindre les partisans de l’ABACO du futur président Kasa-Vubu. Premières émeutes, prémices de l’indépendance… avant le 30 juin 1960. Les deux autres symboles étant « l’OK Jazz », avec Franco et Vicky Longomba, ou encore « Rock Mambo » de Tino Baroza, Jean Mosombo et Maproko. Impact n°9 / Juin 2015 / 121 CULTURE Matthieu Kuka. Devenu ténor de l’African Jazz, après le départ de Docteur Nico, Tabuley Rochereau et Izeydi, partis pour former l’African Fiesta. Kuka a écrit de nombreuses chansons, dont le grand succès « Bébé 69 », balade qui a marqué la musique congolaise. caisses de l’Etat sont vides. Mathieu Kuka tente de réunir les anciens « d’A frican Jazz » pour créer le groupe « Afrique Ambiance », tandis que Wendo tente la même chose avec le « Victoria Bakolo Miziki », dont il reste encore Tejos, Bikunda, Buanga et Papa Bikunda. C’est un peu dans la même veine qu’en 2012, JeanClaude Mangoubou et sa fondation «KA 2050» relancent des répétitions avec les «papys» encore en forme. Ils ambitionnent de créer une série de En 2012, Jean-Claude Mangoubou et sa fondation «KA 2050» relancent des répétitions avec les «papys» encore en forme. Ils ambitionnent de créer une série de supports qui valoriseront ces artistes et leur patrimoine. Président aimant écouter et utiliser ces chantres de l’identité nationale ! Ils sortiront ensemble trois albums et feront plusieurs tournées à l’intérieur du pays. Ces artistes étaient à l’époque à la Une des émissions de radio-tv «Bakolo Miziki». Maman Angebi et Maman Kanzaku étaient les animatrices de la Voix du Zaïre. A la mort de Kallé, au début des années 90, les Papa Tejos. Timothée Mbinga Kabata a fui l’Angola dans les années 50, car il est membre fondateur du FNLA, parti révolutionnaire de Roberto Olden, qui luttait pour l’indépendance. Ses premiers titres dénonçaient l’oppression. Il a d’ailleurs toujours la cicatrice d’un coup de machette sur le crâne, qui date de cette époque. À Mbanzangungu, il a formé des jeunes Congolais qui perceront, dont Sam Mangwana ou Tesa Daliens (auteur de « Muzi" pour l’OK Jazz). Plus tard, à Kinshasa, on le remarque pour ses reprises de Luis Mariano et Tino Rossi. Parmi ses « ngembo » (jeunes fans) au Jazz Baron de Matonge, il y a un certain Papa Wemba… C’est en s’inspirant de ce « Moyen Rossi », que Wemba héritera du surnom de « Petit Rossi ». 122 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Feu Jean Mosombo. Dit Vieux «Musulman», tenor de Rock Mambo et auteur du morceau « Bakolo Miziki », hymne à la mémoire de ces artistes de la première heure. Particularité: il est des seul chanteurs de l’époque à chanteur en français… éteint, lui le leader du groupe « Rock Mambo ». Le 20 mai dernier, c’était au tour du saxophoniste Vieux Maproko, 88 ans, de nous quitter, peu de temps après le mémorable concert du 28 mars à la Halle de la Gombe. Il ne reviendra plus, malgré nos «encore». Photos : Martin van der Bellen Photo : JC Mangoubou supports qui valoriseront ces artistes et leur patrimoine. Ils cherchent des partenaires pour des enregistrements studio, une expo photo, une BD et un documentaire… Mangoubou de préciser: «Il y a beaucoup de matière. Papa Alexander a par exemple 150 titres prêts à être enregistrés !» Il y a urgence car ces pionniers peuvent, à tout moment, décider de se retirer. En février dernier, Jean Mosombo dit «Vieux Musulman» s’est Les autres membres des Bakolo Miziki ont, fort heureusement, encore bon pied bon œil ! Ils seront à l’honneur le 14 juillet à la Résidence de l’ambassadeur de France. Martin van der Belen Photo : Gédéon Mukendi Paul Malakani. Alias «Mayplo». Il a évolué au Katanga, avec Jean Bosco Mwende Wabayeke et Léon Bukasa, un des pionniers du reggae dans les années 40. Mayena descend ensuite à Kinshasa et joue dans l’OK Jazz. Il interprête essentiellement le répertoire européen, le jazz, dans les boîtes. Il finira sa carrière à Pointe-Noire. www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 123 Photo : Le Plein vent VIE PRATIQUE Restaurant «Le plein vent» Le fleuve pour mirroir C’est un des restaurants les plus agréables pour passer une soirée cosy à Kinshasa. Original dans sa carte et son cadre, il surprend tous ceux qui le découvrent pour la première fois ! Photo : Martin van der Bellen C réé en 1957 par un ressortissant suisse amoureux du Congo, il est aujourd’hui l’une des plus vielles enseignes de la capitale. Le concept est simple: une terrasse en haut d’un immeuble, exposée aux quatre vents, pour profiter de la fraîcheur nocturne et pouvoir partager des fondues ou pierrades à table, sans que les clients ne soient incommodés ou enfumés… Racheté dans les années 80 par la famille Janmohammed, également propriétaire de la pâtisserie Chantilly et du restaurant Cosy Grill House et Bar, le Plein Vent a été complètement rénové en 2006. La terrasse a été partiellement vitrée, mais on lui a rajouté des grandes baies vitrées qui sont 124 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Vous êtes plutôt fondue au fromage, bourguignonne ou au chocolat? En tout cas, c’est unique à Kinshasa ! Et depuis peu, tous les mercredis, il y a une « soirée raclette » savoyarde, accompagnée, comme il se doit, de sa charcuterie fine… On a aussi des gens qui viennent juste pour prendre un verre au bar car ils savent qu’on a une cave à vin riche en bons crus français et sud-africains.» On a aussi des gens qui viennent juste pour prendre un verre au bar car ils savent qu’on a une cave à vin riche en bons crus français et sud-africains. Réservations Tel.: 081 36 00 532 Service de 18h à 22h30, tous les jours sauf le lundi Le Plein Vent n’est pas seulement un cadre romantique, à en croire son public. Rien de tel que de se retrouver autour d’un même caquelon pour un repas convivial entre proches. Ou même pour conclure un marché… MVDB Photo : Le Plein vent Dans son cadre chaleureux, Kizzy, la sympathique gérante vous reçoit. Elle est fière de l’ambiance cosy de ce lieu subtilement éclairé, où souffle en permanence l’agréable brise du fleuve. Trop peu connu des Kinois, ce restaurant est néanmoins fréquenté par de nombreux habitués. « Notre quinzaine de table peut se remplir en quelques minutes », nous confie la maîtresse des lieux. Et de continuer: « les clients apprécient le cadre, mais ils savent aussi que le service est très rapide, c’est un des avantages de notre carte où l’on ne se perd pas… Photo : Martin van der Bellen Surplombant la ville, le restaurant est situé au septième étage de l'immeuble Flamboyant, sur l'avenue Lupungu, derrière le rond-point Forescom. En sortant de l’ascenseur, on découvre une superbe vue sur le fleuve Congo, que l’on perçoit dans la pénombre. Une masse en mouvement, une force tranquille. En avant-plan, les grues élancées du port à l’arrêt, et au loin, les lumières «d’en face» qui scintillent, nous rappelant que Kinshasa et Brazzaville, sont les deux capitales les plus proches au monde. Photo : Martin van der Bellen Photo : Le Plein vent ouvertes tous les soirs. Le lieu a ainsi pu conserver son côté « dans le vent » ainsi que sa carte de fondues. www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 125 VIE PRATIQUE Chantier naval CHANIC Une activité industrielle fleuve La construction navale en RDC a été la première activité industrielle du pays. Elle est incarnée par le groupe CHANIC. Son chantier, situé dans la baie de Ngaliema, est à la fois un lieu historique et un moteur de développement pour le Congo. est non loin de Kintambo Magasin, à l’endroit précis où Stanley accosta en 1881, que se trouve depuis 1927 le Chantier Naval et Industriel du Congo (CHANIC). Ayant rapidement opté pour des techniques de pointe, CHANIC s’est forgé une réputation de pôle industriel régional. Son histoire est liée à celle de la RDC. Plus de six générations de travailleurs se sont succédés sur ce site industriel qui a connu son apogée dans les années 50 à 70. Avec un pic de de plus 3.000 employés à cette époque. 126 / Impact n°9 / Juin 2015 www.impact.cd Photos : Martin van der Bellen, Archives Chanic C ’ Le «Sleep way» Mécanisme de rails latéraux pour la mise à l’eau. C’est le coeur du chantier naval… AIA Vestiges d’un des 3 bateaux de Stanley. Son nom: l’« AIA », pour l’Association Internationale Africaine, créée par Léopold II pour coloniser le Congo. Ce steamer, mis à l’eau en 1881, est en cours de restauration depuis 2010. Comme on le voit sur ce dessin d’époque, les premiers bateaux à vapeur, venus d’Europe, avaient été montés et démontés plusieurs fois depuis l’embouchure du fleuve, pour profiter des tronçons navigables, entre différents rapides… Aujourd’hui, le groupe a diversifié ses activités. À côté de la construction navale, il exerce une activité commerciale de représentation industrielle, une activité dans la construction des routes, la fourniture d’équipements miniers et de manutention, ainsi qu’une activité de services dans le froid et dans le domaine des ascenseurs. Le chantier naval est composé de plusieurs parties. Plus on se rapproche du fleuve, plus les réalisations sont avancées, afin d’être mises à l’eau plus rapidement. Depuis quelques années, on observe un souffle nouveau, même si on est encore loin des dizaines de bateaux que construisait autrefois annuellement CHANIC. Ceux qui sont aujourd’hui à la barre du groupe sont convaincus de son potentiel pour le développement du Congo, qui devrait être plus centré sur l’exploitation du fleuve, épine dorsale du pays, avec ses 22.000 km de voies navigables. Ils sont conscients que CHANIC représente la dernière activité manufacturière du Congo et espèrent que les grands projets de réhabilitation des ports et voies fluviales (Union Européenne, CTB,…) vont pleinement relancer la navigation intérieure. CHANIC n’a de cesse d’investir dans la formation d’un personnel «pointu» et a repris depuis cinq ans la « classification Veritas », un atout indispensable de fiabilité car cette certification européenne signifie que toutes les étapes de construction des navires auront été vérifiées. Bernard Andri, administrateur chargé des opérations, est un passionné du patrimoine industriel et humain de CHANIC. Comme Vincent Bribosia, le président du Conseil d’administration, il est sensible à la magie de ces lieux, chargés d’émotion et d’histoire… MVDB Le « carénage » La remise à neuf d’un bateau est une des activités que CHANIC n’a jamais abandonnée, même dans les années 90, où, on peut l’imaginer, tout a failli s’arrêter… www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 127 VIE PRATIQUE Pullman Kinshasa Grand Hotel L’hôtellerie haut de gamme ! P remière adresse en République Démocratique du Congo et cinquième en Afrique, Pullman confirme ainsi son développement et son succès dans le pays grâce à son approche inédite de l’hôtellerie haut de gamme internationale réconciliant business et loisirs. Pullman, marque internationale haut de gamme du Groupe Accor annonce l’ouverture du Pullman Kinshasa Grand Hôtel 128 / Impact n°9 / Juin 2015 Emblème de la ville depuis de nombreuses années, le Grand Hôtel Kinshasa retrouve ses lettres de noblesse avec l’installation du groupe Accor en République Démocratique du Congo. Depuis son ouverture, le 1er janvier 2015, le Grand Hôtel de Kinshasa a revêtu les couleurs de la www.impact.cd marque Pullman. Pullman, gamme « affaires » du groupe Accor, propose un espace de travail en chambre, une literie adaptée et confortable et des lieux de détente-loisirs, qui permettent au globe-trotter de se sentir chez lui. L’aile historique a été totalement rénovée et propose 190 chambres dont 24 suites, trois restaurants, trois bars, une piscine, un centre sportif, avec une vue spectaculaire sur le fleuve Congo. L’hôtel offre également plus de 927 m2 d’espaces séminaires modulables en salles de réunions. De plus, le Pullman Kinshasa Grand Hôtel se situe à seulement 30 minutes de l’aéroport international de N’Djili où un service de protocole assure l’accueil de ses clients. La marque Pullman n’a pas été choisie au hasard pour la capitale congolaise. En effet, Pullman Kinshasa Grand Hôtel, de par sa situation géographique, est au centre de la vie sociale, locale et internationale. Il sera toujours une institution de la vie kinoise, où l’on aime se retrouver pour savourer un cocktail sous les manguiers de l’Okapi ou au bar de l’Étoile. Accor veut garder cette identité si spéciale qui fait la richesse de l’hôtel. Aujourd’hui le Pullman Kinshasa Grand Hôtel, avec son décor intemporel, cherche à développer son univers, ses concepts et à faire vivre une expérience unique au voyageur. Les nombreux services offerts par Pullman permettent à ses clients, grands pionniers du voyage hyper connectés, nomades et cosmopolites, de concilier efficacité et plaisir dans leurs déplacements, qu’ils soient professionnels ou personnels. Pullman www.impact.cd Impact n°9 / Juin 2015 / 129 AP RDC Rotary 2015-A4-2:AP RDC Rotary 2015-A4-2 01/06/15 10:23 Page1 Europe 400 implantations 14 400 collaborateurs Amériques 330 implantations 20 100 collaborateurs Afrique, Moyen Orient et Europe de l’Est 260 implantations 9 000 collaborateurs Asie – Pacifique 410 implantations 23 000 collaborateurs BUREAU VERITAS, un monde d’expertise et une société au cœur des marchés Le Groupe Bureau Veritas propose une gamme étendue de services spécialisés dans les domaines de la certification, de l’évaluation de conformité, de la formation et du conseil. Grace à plus de 1 400 bureaux et laboratoires dans 140 pays, le groupe peut compter sur le talent et l’expérience de plus de 66 500 collaborateurs bénéficiant d’une politique de formation active. Des bureaux spécialisés dans l’inspection avant embarquement, présents sur chaque continent, interconnectés en temps réel et bénéficiant d’un réseau d’inspecteurs, couvrent toutes les zones exportatrices. 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