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Juin 2015 / Numéro 9
Spécial transports
Connecter le Congo...
> La trilogie des transports selon Justin Kalumba Mwana-Ngongo
> Olivier Kamitatu, pilote du Plan
> États généraux de la justice : Alexis Thambwe à la barre
> Isabelle Munoz, ou la route vers l'espérance...
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360 min
pendant 24 mois
infos : 1999 / 084 000 1999
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Photo : Bernard Poudevigne
Édito
Que la fête
commence !
A
lors que la fin du premier semestre laisse entrevoir pour pour certains des congés bien mérités, quelle satisfaction de signer cet éditorial au moment où va s’ouvrir la deuxième Semaine française de Kinshasa. Votre magazine sera de la fête, puisqu’il consacre un supplément spécial de plus de
cent pages à ce rendez-vous désormais incontournable dans les relations économiques franco-congolaises. Fête rehaussée, cette année, par la venue du ministre des Finances et des Comptes publics. Un
grand merci à Michel Sapin d’avoir commencé sa première tournée africaine par la RDC, preuve, s’il
en est, du caractère stratégique de ce pays pour la France.
Ce numéro 9 est d’ailleurs dans l’esprit du Partenariat Public – Privé retenu comme thème de la Semaine française, puisque le « Dossier » très dense qui vous est proposé, « Spécial transports », multiplie les exemples de projets possibles entre sociétés privées et agences gouvernementales. Que le
ministre des Transports et le ministre du Plan aient accepté de nous accorder de longues interviews
s’inscrit dans la même logique et la rédaction leur en est particulièrement reconnaissante. Pour compléter sa section « Politique », Impact s’est tourné vers Luc Hallade, qui devrait quitter la direction
de l’ambassade de France cet été, après de nombreuses années au service de sa communauté et de la
relation franco-congolaise.
Fidèle à sa tradition, votre magazine vous livre, dans ses pages « Société », des articles aussi diversifiés
que captivants. Entrez dans la révolution du numérique, faites le point sur les derniers états généraux
de la justice ou célébrez les 10 ans d’EUSEC en RDC.
Toujours aussi riches, les pages « Culture » vous feront rencontrer le Chef du plus grand orchestre
symphonique d’A frique, vous parleront danse avec le festival « Me ya be » et vous ouvriront les routes
de l’espoir avec les magnifiques photographies d’Isabelle Munoz.
Et rendez-vous, Halle de la Gombe, pour la semaine française !
Philippe Larrieu
Directeur de la publication
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Impact n°9 / Juin 2015 / 3
06
44
Éditorial
03 Que la fête commence !
Politique
06 Justin Kalumba Mwana-Ngongo :
La trilogie des transports
12 Luc Hallade : mission accomplie !
16 La planification, un pilotage
essentiel pour la RDC
Économie
22 RVA : la sécurité avant tout
26 La Régie des Voies Fluviales n’est
pas un long fleuve tranquille
30 Démocratisation de l’ITIE :
le rôle majeur des organisations
de la société civile
34 Quand la coopération rejoint la
diplomatie économique
Dossier : Transports
38 Congo Airways : décollage imminent !
40 Alpha-Airport : une expertise
au service du développement des
aéroports congolais
44 La sécurité des frontières : lorsque
contrôle rime avec service public
4 / Impact n°9 / Juin 2015
72
50 Thales : l’intelligence collective
pour un monde plus sûr
52 Systra : la confiance transporte
le monde...
56 Prévention routière : la sécurité est
l'affaire de tous
60 Bolloré Africa Logistics : spécialiste
dans les métiers du transport et de
la logistique en RDC
62 CMA CGM : partenaire
incontournable de l’économie
congolaise
66 Matière en RDC : innovation,
adaptation et anticipation...
68 SEP en RDC : la «Success story»
d’un partenariat public-privé plus
que centenaire
72 Le PPP sur la formation
professionnelle : le secteur des
transports en pole position
76 Le transport en commun
à Kinshasa : une initiative au
service des Kinois, mais avec quelle
perspective d’aménagement ?
Société
80 EUSEC RDC : conseil et assistance
depuis dix ans
84 Passez au tableau... numérique !
Une coopération loin d'être virtuelle
88 L’université tisse sa «toile»
Les MOOC en appui à l'enseignement
supérieur
92 Les états généraux de la Justice :
Alexis Thambwe à la barre
96 Le projet Ibi Batéké : 10 ans
d’engagements pour préserver
l'écosystème
Culture
100 L’OSK : le plus grand orchestre
symphonique d’Afrique
104 Le «tshukudu» : bien plus qu'un
symbole !
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N °
9
/
JU I N
2 0 1 5
Sommaire
104
30
116 Festival « Me ya be » : et bien
dansez maintenant !
120 Bakolo Miziki : légendes vivantes !
Vie pratique
124 Restaurant «Le plein vent» :
le fleuve pour mirroir
126 Chantier naval CHANIC : une activité
industrielle fleuve
128 Pullman Kinshasa Grand Hotel :
L’hôtellerie haut de gamme !
96
108 Mujeres del Congo
112 Impact junior : forums des
métiers
114 Impact junior : les CM2 du LFRD
dans les Pyrénées
En couverture : le flux maritime est d'une importance
vitale pour la RDC (photo : CMA CGM)
108
Directeur de publication
Philippe Larrieu
Conseiller spécial du directeur
Bernard Poudevigne
Comité de rédaction
Philippe Bosse, Patrick Botrel,
Michel Champredon, Sébastien Dauré,
Patrick Demougin, Chloé Douafli,
Pierre Gazan, Christophe Hochard,
Matthieu Juin-Levite,
Emmanuelle Marqui,
Jean-Christophe Maurin,
Sabrina Palma, Thomas Poirier,
Christophe Roussin,
Mélanie Sirdey-Coid,
Matthieu Vuillermet,
Antoine Yvernault.
Conception et réalisation graphique
Gédéon Mukendi (IFK)
Impression : Imprimerie AGB
Dépôt légal
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Impact
est un magazine gratuit et ne peut pas être vendu
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Impact n°9 / Juin 2015 / 5
Justin Kalumba Mwana-Ngongo
Avocat de formation, Justin Kalumba Mwana-Ngongo a d’abord
servi dans l’ombre des Cabinets ministériels, à l’Agriculture
d’abord, à l’Economie ensuite, où il fut directeur de Cabinet du
ministre, tout comme à l’Industrie puis aux Finances. Ce n’est
qu’en 2006 qu’il embrasse la politique, davantage par fidélité à
ses chefs que par ambition personnelle. Elu député national, il
doit renoncer à son mandat pour exercer les fonctions de ministre
du Commerce. Ce scénario se reproduira en 2011 mais c’est
au ministère des Transports qu’il est nommé, poste ô combien
important, dans un pays à l’échelle d’un sous-continent
6 / Impact n°9 / Juin 2015
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Photos : MVDB
La trilogie des transports
POLITIQUE
Impact : Monsieur le ministre, voilà
déjà trois ans que vous êtes à la tête
d’une administration essentielle au
développement économique de la RDC.
Quelle est votre vision du secteur des
transports en général ?
Justin Kalumba Mwana-Ngongo : Le secteur
des transports représente d’abord un défi majeur pour la mobilité des personnes et des biens
au regard de l’immensité du pays, à l’échelle d’un
sous-continent. La RDC étant par ailleurs perçue comme un « Etat post-conflit », les investissements se sont faits rares dans ce secteur. Il y a
donc une carence générale des infrastructures
de transport, en qualité comme en quantité.
Ce qui est vrai cependant, c’est l’engagement
fort du Chef de l’Etat et du gouvernement pour
redonner à ce secteur ses lettres de noblesse,
d’autant que la position géographique de la RDC,
au centre de l’A frique, requiert une double approche :
- Un développement des voies de communications internes au pays, pour mettre en valeur
nos richesses tant humaines que naturelles. En
effet, les différentes ressources que nous avons,
qu’elles soient agricoles, minières, forestières, halieutiques… ne peuvent être vraiment valorisées
que si nous sommes capables de les déplacer du
centre de production vers les centres de consommation ou de commercialisation.
- Une ouverture croissante au-delà de nos fron-
www.impact.cd
Une autre façon d’approcher le
secteur des transports, c’est de viser
une approche triangulaire, ou ce que
j’appelle la «trilogie des transports»...
Nouvelle aérogare
Maquette de l'aérogare
de N'djili tel qu'elle sera
bientôt...
tières : nous devons rechercher des partenaires
de façon à ce que le commerce intra-africain soit
un facteur de développement. Ce faisant, nous
devons nous tourner vers la mer, même si notre
façade maritime n’est que de 37 kilomètres, et
connecter cette façade avec les autres régions du
pays. C’est ce que j’appelle le développement des
corridors de transport.
Une autre façon d’appréhender le secteur des
transports est de viser une approche triangulaire, ou ce que j’appelle la « trilogie des transports » : les infrastructures, les équipements
et les hommes. Cependant, quels que soient la
qualité des infrastructures et le niveau des équipements, le facteur humain restera toujours prépondérant.
Je précise enfin que nous travaillons sur cinq
sous-secteurs : le maritime, capital du fait qu’en
volume, l’essentiel de notre commerce international passe lui. Toutefois, ce dernier n’a de
Impact n°9 / Juin 2015 / 7
POLITIQUE
Reprenons le maritime. Où en est-on pour
ce qui est de l’aménagement des ports de
RDC et qu’en est-il des projets de ports en
eaux profondes ?
Comme je viens de le dire, le maritime est une
priorité absolue. Prenons d’abord l’existant. Aujourd’hui, notre pays a deux ports maritimes :
le port de Boma et celui de Matadi. Leur accès
est difficile car les biefs maritimes requièrent
un dragage permanent. Or, la compagnie nationale chargée de ce travail n’est pas en capacité
suffisante, par défaut d’équipements et de maind’œuvre qualifiée. Nous avons donc monté un
partenariat avec une entreprise belge, pour assurer un travail compatible avec nos ambitions.
En attendant d’avoir un port en eau profonde,
nous sommes contraints de rendre les biefs maritimes accessibles aux bâtiments de haute mer.
Il faut, de surcroît, faire en sorte que :
- les différents quais devant accueillir ces bateaux soient disponibles de manière à ce que le
temps de mouillage soit réduit ;
- les procédures de dédouanement soient rapides
avec une manutention au diapason de ce qui précède ;
- le post-dédouanement soit bien géré, pour permettre l’évacuation des marchandises par chemin de fer et par route.
À ce titre, vous avez parlé de corridors
et l’on pense tout de suite à celui reliant
Matadi à Kinshasa. Qu’en est-il des
projets à la fois routiers et ferroviaires sur
cet axe ?
Il est effectivement essentiel car il constitue à la
fois le débouché et l’entrée du pays par le mari-
8 / Impact n°9 / Juin 2015
Le «Général Olsen»
Le fleuve Congo est
une importante voie de
communications.
Hydravion
Sur le fleuve Congo.
Archives Chanic.
time. Il commence, d’ailleurs, par 150 kilomètres
de bief maritime entre l’océan et Matadi. Cette
partie est navigable et la vision, qui était déjà
celle du colonisateur, consiste à faire alterner
la voie fluviale et le chemin de fer. En d’autres
termes, quand la voie fluviale est navigable, on
se dispense d’investir dans le ferroviaire. En
conséquence, une fois à Matadi, les 366 kilomètres restant à parcourir nécessitent une voie
ferrée. Ensuite, sur les 1734 kilomètres séparant
Kinshasa de Kinsangani, le fleuve est de nouveau
navigable. Les 125 kilomètres reliant Kisangani
à Ubundu sont assurés par le ferroviaire tandis
que les 308 kilomètres suivants, jusqu’à Kindu,
peuvent être parcourus sur le fleuve. Enfin de
Kindu à Lubumbashi, vous reprenez le chemin
de fer.
Mais revenons aux ports de Matadi et de Boma.
Nous devons aujourd’hui faire un basculement
du trafic, de la route vers le chemin de fer. Il n’est
pas pertinent, en effet, de continuer à faire circuler des poids lourds sur la route, avec les conséquences en termes d’affaissement et de destruction des chaussées. L’objectif est donc de que le
chemin de fer prenne le relais de la route jusqu’à
Kinshasa.
Comme vous le savez, le gouvernement a pris une
option importante au regard des dysfonctionnements et des capacités opérationnelles réduites
de nos ports : la mise en concession des ports de
Boma et de Matadi ainsi que du chemin de fer et
du port de Kinshasa. C’est un processus qui a démarré et qui devrait être mené à bonne fin d’ici
un an.
Enfin, pour ce qui est du port en eaux profondes,
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Photos : Archives Chanic
plus-value que s’il est connecté à d’autres types
de transports qui lui assurent une chaîne logistique cohérente. Je pense au ferroviaire, au fluvial
et lacustre, au routier et à l’aérien.
l’objectif ultime est de le construire à Banana.
Des études ont été engagées, mais elles doivent
être complétées, s’agissant notamment des questions environnementales. D’ici la fin de l’année,
nous devrions être en mesure de lancer les appels
à manifestation d’intérêt. J’ajoute qu’en dépit de
l’existence du bief maritime jusqu’à Matadi,
l’idée est d’avoir une liaison ferroviaire de Banana à Matadi.
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et une barge pour les marchandises, essentiellement sur la rivière Kasaï. L’Etat a aussi pris la
décision d’étendre le programme «Esprit de Vie»
sur le fleuve. Le gouvernement va donc commander des unités de navigation qui pourront être
concédées au secteur privé : dix unités sur le bief
moyen, donc de Kinshasa jusqu’à Kisangani, et
une cinquantaine pour les affluents, ces derniers
étant le débouché naturel pour les passagers et
les marchandises sur le fleuve Congo. Les lacs ne
sont pas oubliés pour autant. Ils sont exploités
entre Bukavu et Goma, mais aussi sur le lac Tanganyika qui nous offre un autre corridor, central
celui-là, jusqu’au port de Dar-es-Salam en Tanzanie.
Pour conclure sur les corridors, il faut savoir
qu’ils sont tous liés à notre recherche de débouchés maritimes. Nous avons le corridor Nord,
qui s’achève au port de Mombasa au Kenya, le
corridor central, qui aboutit au port de Dar-esSalam en Tanzanie, le corridor Sud, vers Durban,
et bien sûr le corridor Ouest.
Le lac Kivu
est une voie de
communications
essentielle à l’Est
de la RDC.
Passons à un autre mode de transport. Il y
a, à Kinshasa, un grand projet d’aérogare
ainsi que de création d’une nouvelle
compagnie aérienne. Pouvez-vous nous
en dire plus ?
Rappelons tout d’abord l’importance du secteur
aérien pour un pays aussi vaste. La RDC est l’un
Photo : PL
Restons dans le domaine fluvial. L’ITB
Kokolo a effectué un premier trajet de
Kinshasa à Kisangani, marquant une
reprise du transport fluvial. Envisagezvous de développer une flotte et si oui,
avec quels moyens ?
Pour le gouvernement, le principe consiste à
rendre le fleuve attractif. Nous devons donc faire
en sorte que l’activité de navigation attire le secteur privé. Si l’Etat a pris la décision de réhabiliter l’ITB Kokolo, c’est pour donner l’exemple.
J’ajoute que ce mode de transport étant plus
économique que l’aérien ou le ferroviaire, il est
aussi intéressant pour le commerçant que pour
la population en général. Mais n’oublions pas une
chose : le transport des passagers est par nature
déficitaire. Il doit donc être subventionné par
l’Etat. Le secteur privé étant nécessairement attiré par les activités rentables, il sera porté à se
positionner sur le transport de marchandises
sur le fleuve. Nous sommes donc en train de faire
en sorte que l’Etat accompagne le secteur privé,
notamment en ce qui concerne l’accès au crédit,
mais aussi dans une offre de transport mixte,
assurant le transport des marchandises comme
des passagers. La réhabilitation du Kokolo a
procédé de cet impératif de voir le privé suivre
l’exemple donné par l’Etat. Je précise enfin que
le fleuve Congo représente une distance de 4.700
kilomètres mais si l’on y ajoute l’ensemble des
voies navigables (fleuves, lac, et rivières), on atteint 16.000 kilomètres. Avec tous les bassins du
pays, ce chiffre passe à 25.000 kilomètres. Tout
ceci explique que, du point de vue de la stratégie
de développement des voies de communication,
les modes de transport privilégiés ont toujours
été le ferroviaire et le fluvial, la route ne venant
qu’en complément des deux premiers.
Comme je viens de le dire, notre défi, aujourd’hui,
est de rendre le transport fluvial attractif pour
les investisseurs. C’est la raison pour laquelle,
au-delà de l’ITB Kokolo, des bateaux tels que
le MB Gungu sont en pleine réhabilitation ; il
pourra opérer avec trois barges pour passagers
La réhabilitation du Kokolo a procédé
de cet impératif de voir le privé suivre
l’exemple donné par l’Etat.
Impact n°9 / Juin 2015 / 9
Photo : SCTP
POLITIQUE
des rares Etats au monde dont on peut survoler
le territoire en jet pendant plus de deux heures
sans en franchir la frontière. En d’autres termes,
quand ont fait de « l’aérien domestique », on se
retrouve à l’échelle du transport aérien régional. Ce secteur est d’autant plus important que
les autres types de transports sont en cours de
développement. Aujourd’hui, nous travaillons
avec détermination sur la mise aux normes
de notre système de navigation aérienne. Un
exemple : quand j’ai pris la tête du ministère des
transports, voici trois ans, notre taux de couverture en termes de communications avec les
aéronefs survolant notre territoire était de 12%.
Aujourd’hui, nous en sommes à 85%.
Il reste que nous ne sommes toujours pas capables de «visualiser» les avions qui survolent la
RDC. Mais d’ici le 30 juin, date de l’inauguration
de la tour de contrôle de Kinshasa, qui comprend
en son sein un centre de contrôle régional, ce
sera chose faite.
Parlons maintenant des pistes d’atterrissage et
des aérogares. Nous avons 54 aéroports gérés par
la RVA sur un total de 284 aérodromes. À ce jour,
aucun d’entre eux n’est conforme aux normes de
l’OACI. L’objectif est que, d’ici la fin 2016, quatre
aéroports le soient : Kinshasa, Lubumbashi,
Goma et Kisangani. C’est déjà pratiquement le
cas pour Ndjili, où des aménagements ont été
faits sur la piste et où un aéroport «modulaire»
sera mis en service prochainement : 10.000 m²
de superficie, une capacité de traitement annuel
d’un million de passagers. Les conditions de sé10 / Impact n°9 / Juin 2015
Inauguration
Le ministre de transports
et le DG de SCTP lors de
l'inauguration du bateau
Kokolo.
curité seront naturellement améliorées mais
aussi la sûreté, à savoir toute menace extérieure
à la sécurité des aéronefs. Les moyens en scanners et équipements de détection seront largement suffisants, en nombre comme en qualité.
Ils seront de dernière génération. Enfin tout a été
fait pour améliorer le confort des passagers.
Quelles sont les sociétés qui sont parties
prenantes au développement de cette
nouvelle aérogare ?
Nous avons une très bonne collaboration avec
une société française, Alpha Airport. Elle a
fait un travail remarquable et je pense qu’avec
elle, nous avons construit une infrastructure
conforme aux standards internationaux. D’ailleurs, je pense que cette entreprise devrait continuer à assurer la maintenance des installations,
d’autant que nous avons une politique de continuité des travaux pour nous donner la possibilité
d’avoir ultérieurement un deuxième niveau avec
des passerelles jusqu’aux avions. L’expérience
ayant été très concluante à Kinshasa, nous pensons, de surcroît, l’étendre aux provinces. La
fonctionnalité « modulable » retrouvée à Kinshasa pourrait aisément être étendue à d’autres
villes : Lubumbashi, Goma et Kisangani.
Parlons maintenant de Congo Airways : l’Etat
a initié le projet, mais il s’agit bien d’une société
commerciale. Certes, le gouvernement est actionnaire ; mais il va se retirer au profit du secteur privé lorsque la compagnie aura généré une
vraie plus-value. C’est la vision du Président et
du Premier Ministre. Nous avons donc, dans un
environnement aéronautique difficile, où l’autorité de l’avion civile doit être mise à niveau, un
projet que nous considérons comme une entreprise vertueuse. Car ce projet va nous permettre
de travailler selon la «trilogie» dont je vous ai
déjà parlé : les hommes, les équipements et les
www.impact.cd
Photo : MVDB
Congo Airways sera une compagnie
intérieure. Que va-t-elle desservir ?
Il y a un phasage : une desserte d’abord domestique, puis régionale, enfin peut-être intercontinentale. Je précise que nous avons un partenariat intéressant, du point de vue technique,
avec le groupe Air France qui nous a beaucoup
accompagnés sur ce projet, à travers sa filiale Air
France Consulting, dont les membres viennent
régulièrement à Kinshasa.
Pour en revenir à la desserte nationale, nous
avions initialement retenu 14 aéroports. Mais au
fil du temps et au regard des impératifs de remise
à niveau de certains d’entre eux, nous sommes
passés à sept : Kinshasa, Lubumbashi, Goma,
Kisangani, Mbuji Maï, Kananga et Kindu. En
effet, nous avons dû tenir compte des exigences
de Congo Airways, mais aussi de celles des compagnies vendant ou louant des avions. Il fallait
en effet que ces aéroports puissent respecter des
normes en matière de communication (tour de
contrôle - aéronefs) mais aussi d’aides à la navigation et à l’approche.
À quel type de flotte avez-vous pensé
pour le démarrage de Congo Airways ?
Pour commencer, nous aurons deux Airbus A
320 de dernière génération. Pour les petites dessertes, nous serons équipés d’avions canadiens
Bombardier à hélices. C’est le fruit des études
www.impact.cd
Les liaisons aéroportaéronef
sont essentielles
notamment par gros
temps.
Photo : PL
infrastructures. J’ajoute que les principes devant
régir Congo Airways sont la sécurité et la fiabilité
(partir et arriver à l’heure).
En termes de développement, nous voulons
que Congo Airways « commence toute petite »
mais très sûrement, avec une programmation
de montée en puissance qui soit claire, sur la
base d’un « business plan » pertinent. Elle commencera à opérer très prochainement, avec un
vol inaugural de Kinshasa à Lubumbashi. C’est
aussi à Lubumbashi que seront inaugurés la
piste, complètement refaite, la nouvelle tour de
contrôle et le casernement anti-incendie de l’aéroport. Puis dans les deux jours qui suivront, un
« basculement » sera effectué d’une mode à un
autre, puisque nous célèbrerons l’arrivée des dixhuit premières locomotives neuves de la SNCC
qui sont actuellement dans le port de Durban.
Je précise que la dernière acquisition de locomotives neuves au profit de la SNCC remonte à
1974 pour les locomotives diesel et à 1976 pour
les locomotives électriques ! C’est donc une véritable renaissance.
faites par Air France Consulting, au regard des
distances à parcourir, des portances et des «emports bagages» notamment.
Vous allez bientôt au salon du Bourget.
Qu’attendez-vous de ce déplacement ?
Le Bourget est pour moi le salon aéronautique
le plus fascinant. Tous les grands industriels du
secteur s’y retrouvent. Y aller, c’est déjà prendre
rendez-vous avec les technologies de pointe, avec
ce qui se fait de mieux en matière de qualifications et de méthodes. C’est donc la découverte de
certaines merveilles de la science. Je me rappelle
avoir vu, voici deux ans, l’A irbus A 380, géant du
ciel capable d’atterrir et de redécoller avec une
facilité déconcertante. On dit de lui que c’est un
appareil fait pour ceux qui ont peur de prendre
l’avion tant il est stable, y compris à l’approche.
Mais le Bourget offre aussi une opportunité de
contacts, en termes d’assistance et de formations, essentiels pour un secteur qui «redécolle»
en RDC. Et avec Airbus, il faudra sans doute
poursuivre les relations et négociations. Dans le
«business plan» de Congo Airways, il est en effet prévu que l’on passe à cinq Airbus d’ici cinq
ans. Et finalement, bien sûr, le Bourget est une
occasion de rencontres politiques avec d’autres
ministres des Transports. J’ai d’ailleurs un entretien prévu avec mon collègue français. J’en suis
d’autant plus heureux que pour moi, la France
est l’une des grandes nations de l’aéronautique.
Au-delà des constructeurs, vous avez aussi sur
votre sol les équipementiers les plus réputés. Une
autre occasion de faire des découvertes…
Propos recueillis par PL
Impact n°9 / Juin 2015 / 11
POLITIQUE
Luc Hallade
Mission accomplie !
Grand connaisseur de
l’Afrique, Luc Hallade a servi
deux fois en République
Démocratique du Congo :
de 2003 à 2007, en qualité
de Premier conseiller puis,
depuis juillet 2011, à la tête
de l’ambassade de France. Il
quittera vraisemblablement
Kinshasa cet été après avoir
contribué au développement
des relations francocongolaises dans tous les
domaines. Confidences d’un
homme sage et déterminé,
qui a beaucoup œuvré pour sa
communauté.
Impact : Vous avez effectué un premier
séjour en RDC en qualité de Premier
conseiller. Quel souvenir gardez-vous de
cette période ?
Luc Hallade : Un souvenir mitigé mais globalement positif. Car il s’agissait d’une époque tout
à fait particulière, extrêmement intéressante.
Le pays sortait d’une période de guerre. Un accord de paix avait été signé, à Sun City, un an
avant mon arrivée et j’ai donc vécu la période
de transition avec l’existence du CIAT (Comité
International d’Accompagnement de la Transition) auquel l’ambassadeur me laissait participer régulièrement. J’ai eu ainsi la possibilité de
découvrir l’intérieur du pays, car cette instance
se déplaçait beaucoup. J’ai aussi « vécu » le vote
12 / Impact n°9 / Juin 2015
de la constitution en 2005 (promulguée l’année
suivante), ainsi que les premières élections libres,
démocratiques et transparentes de 2006. Une
période très riche donc, avec un bémol cependant : le fait que ces élections aient été suivies,
en mars 2007, dans les rues de Kinshasa, par
des affrontements entre la milice de Jean-Pierre
Bemba et la garde républicaine du Président.
Etant aussi Conseiller de sécurité, je me souviens
d’avoir organisé la protection de la communauté
française, notamment celle des enfants de l’école
française, alors juste en face de la Résidence de
France ; la plupart des élèves ont passé une journée couchés sous les tables à écouter les balles
siffler. En resumé, le souvenir de moments un
peu «chauds» mais d’une période tout à fait inwww.impact.cd
Photo : MVDB
téressante dans la construction de la démocratie
naissante en RDC.
Photo : Gédéon Mukendi
Hommage
Dicours à l'occasion
de la célébration du
centenaire de la guerre
14-18.
Première pierre
Luc Hallade avec Matata
Ponyo Mapon, Premier
ministre de RDC, lors de
la pose de la première
pierre du nouveau
bâtiment du Lycée
français René Descartes.
Malgré cette période troublée, vous étiez
en famille ?
Absolument. Je peux même vous raconter une
anecdote amusante a posteriori. Au moment
des événements de 2007 dont je viens de parler,
j’étais à Kinshasa avec ma fille tandis que mon
épouse était en France pour donner naissance
à notre fils. Avant de quitter momentanément la
RDC, elle m’avait demandé de quitter la « Villa du
Fleuve », qui est la résidence du Premier conseiller, pour aller m’installer dans un appartement
au centre-ville, estimant que nous y serions plus
en sécurité, ma fille et moi.
De fait, le jour où ont débuté les événements de
mars 2007, j’ai pu faire récupérer ma fille à l’école
et la mettre à l’abri dans l’appartement en question avec la femme du Consul de l’époque et sa
fille, tandis que j’ai passé trois jours à l’ambassade à dormir sur le canapé de mon bureau…
Période tout à fait particulière, donc, mais qui ne
nous a pas découragés de vivre en famille.
Vous êtes ensuite revenu pour diriger
l’ambassade de France en RDC. Quelles
ont été vos premières impressions à ce
moment-là ?
Là aussi, des impressions mitigées, sans que
Il y a une règle dans notre diplomatie:
six mois après sa prise de fonctions,
un ambassadeur doit proposer et faire
approuver par les autorités françaises
un plan d’action qui est censé guider
ses activités pendant son mandat.
www.impact.cd
cette formule revête un sens négatif. J’ai, en effet,
constaté que ce pays avait, Dieu merci, évolué
dans le bon sens. Mais en même temps, étant
arrivé en juillet 2011, j’ai connu les élections de
fin 2011 qui, comme chacun sait, ont été assez
catastrophiques. On voyait bien que, sur le plan
économique, le pays avait décollé, avec une stabilité macroéconomique et monétaire indéniable
ainsi qu’un retour des investisseurs, y compris
français. Dans le même temps, des inquiétudes
se faisaient jour parce que, clairement, par rapport aux élections que j’avais vécues en 2006,
celles de 2011 n’avaient pas été un progrès mais
plutôt un recul en termes de démocratie et de
transparence. D'où une inquiétude sur l’approfondissement de la démocratie congolaise.
Aviez-vous des instructions ou un plan
d’action lorsque vous avez été porté à la
tête de l’ambassade ?
Il y a une règle dans notre diplomatie : six mois
après sa prise de fonctions, un ambassadeur
doit proposer et faire approuver par les autorités
françaises, notamment le ministre des Affaires
étrangères, un plan d’action qui est censé guider
ses activités pendant les trois ou quatre années
de son mandat. Je me suis donc livré à cet exercice. Cela étant, même s’il s’agit d’un exercice
simple, permettant de réfléchir à ce que l’on veut
faire et à la manière dont on peut atteindre certains objectifs, je crois que dans un pays comme
la RDC, qui est globalement un pays post-crise
agité par nombre de difficultés, notamment
à l’Est, il faut savoir faire preuve de souplesse
quant à la mise en œuvre de ce type de plan. En
d’autres termes, il est nécessaire de s’adapter à
l’évolution du contexte local, qui peut être très
différent d’un moment à l’autre, et avoir une
bonne capacité d’adaptation à l’environnement.
Etre ambassadeur, ce n’est pas seulement
diriger un ensemble d’agents servant
l’Etat. Il faut aussi tenir compte de
l’existence d’une communauté française.
Quelles relations avez-vous entretenues
avec cette communauté ?
Très bonnes, de mon point de vue, mais pour être
objectif, il faudrait poser la question aux représentants de cette communauté (sourire). L’avantage que j’avais, c’est que j’avais fait la connaissance d'un grand nombre de mes compatriotes
à l’époque où j’étais Premier conseiller et officier
de sécurité. Je les ai donc retrouvés avec plaisir ainsi, bien sûr, que des nouveaux venus. J’ai
Impact n°9 / Juin 2015 / 13
Photo : MVDB
POLITIQUE
toujours eu à cœur d’entretenir avec la communauté française des relations aussi étroites que
possible parce que l’un des rôles d’une ambassade - et pas seulement de l’ambassadeur, c’est
de « sécuriser » nos compatriotes, de les aider si
besoin est, voire de les défendre dans certaines
circonstances. J’ai donc toujours maintenu une
relation forte avec leurs représentants, avec les
associations et avec les élus. Car si l’ambassadeur représente la France, il est aussi le garant de
la communauté française vis-à-vis des autorités
du pays d’accréditation.
On vous dit aussi très proche de la
communauté française des affaires.
Quelles relations avez-vous entretenues
avec elle ? Qu’avez-vous construit avec
ses membres ?
La communauté française d’affaires était
quelque peu réduite quand je suis arrivé en
poste. J’ai donc essayé, dans la mesure du possible, de favoriser son expansion et de faire venir
de nouveaux investisseurs, en lien étroit avec le
MEDEF International devant lequel je me suis
« produit », chaque année, pour attirer de nouveaux patrons français. J’ai aussi accompagné
le Premier Ministre en France en 2012 pour qu’il
rencontre des opérateurs économiques et les incite à venir investir en RDC. Une de mes satisfactions, parmi d’autres, a été de participer à la relance des activités de la Chambre de commerce
et d’industrie franco-congolaise qui était un
peu en sommeil depuis de nombreuses années.
A force de persuasion et d’insistance - je n’étais
14 / Impact n°9 / Juin 2015
Inauguration
Avec Norbert Spitz,
directeur régional
Afrique du Sud et
subsaharienne du
Goethe-Institut lors
de l'inauguration de
l'antenne de ce dernier
à Kinshasa.
AIMF
Luc Hallade reçoit
Anne Hidalgo, Maire
de Paris, à l'occasion
de la 34ème assemblée
générale de l’Association
Internationale des
Maires Francophones.
évidemment pas seul – j’ai réussi à faire en sorte
que de nouvelles élections portent un nouveau
bureau et une nouvelle administration à la tête
de la CCIFC. La Chambre a aujourd’hui repris le
rôle qui devait être le sien : celui de promouvoir
les intérêts économiques français et congolais
(puisqu’il n’y a pas que des Français dans cette
institution) et d’accueillir et de conseiller les nouveaux arrivants.
Un ambassadeur, c’est aussi la voix de
la France auprès des autorités du pays
d’accréditation. Comment s’est déroulé
votre dialogue avec ces autorités ?
J’ai pour principe de ne jamais manier la langue
de bois. J’ai toujours essayé d’être sincère, franc
et aussi direct que possible, en respectant naturellement le principe de souveraineté nationale
et les règles de courtoisie et de protocole. J’espère
que les autorités congolaises ne m’en ont pas
tenu rigueur et qu’au contraire, elles m’en ont été
reconnaissantes parce que, dans mes différents
entretiens, j’ai constamment essayé d’exprimer,
aussi sincèrement que possible, les analyses que
je pouvais faire sur la situation du pays et éventuellement de donner quelques avis si on me
le demandait. En revanche, je me suis toujours
abstenu d’intervenir publiquement, car la diplomatie publique n’est pas, à mon sens, la panacée.
En toutes circonstances, j’ai naturellement défendu les positions officielles françaises ; dans
le même temps, par amitié et par implication
personnelle, j’ai cherché à aider, dans la mesure
du possible, les autorités congolaises à gérer une
situation politique qui n’a pas toujours été facile
et qui n’est d’ailleurs pas facile aujourd’hui. Et je
crois que c’est en étant le plus proche possible de
ses interlocuteurs et le plus sincère possible dans
www.impact.cd
son action que l’on peut être efficace et écouté, à
défaut d’être entendu quelquefois.
Pourriez-vous nous donner l’exemple
d’une réalisation concrète à mettre à
l’actif de cette diplomatie économique en
RDC ?
Une me vient tout de suite à l’esprit : la Semaine
française de Kinshasa, qui ouvrira ses portes
au moment où vous publierez votre magazine.
Cette initiative, qui a été lancée en mai 2014, est
l’exemple même de ce que peut réussir «l’équipe
de France» quand elle demeure soudée. Avec
l’appui de tous les services de l’ambassade au
sens large - puisque c’est sur les « terres » de
l’Institut français / Halle de la Gombe et du lycée
René Descartes que se déroulera cette importante manifestation - la Chambre de commerce
et d’industrie franco-congolaise et les Conseilwww.impact.cd
Du 22 au 27 juin, de nombreux ministres et opérateurs congolais dialogueront donc avec des entrepreneurs
français sur les perspectives de développement de la présence économique
de la France en RDC.
PILAEP
Inauguration d'un
mini-réseau d'eau
potable dans un
quartier périphérique de
Kinshasa.
Ronde du fleuve
Remise des médailles
aux vainqueurs de
l'édition 2015.
lers du commerce extérieur de la France ont mobilisé deux fois plus d’exposants que l’an passé
sur le thème stratégique du « partenariat public
- privé ». Du 22 au 27 juin, de nombreux ministres
et opérateurs congolais dialogueront donc avec
des entrepreneurs français sur les perspectives
de développement de la présence économique de
la France en RDC. Avec deux invités de marque :
Matata Ponyo Mapon, Premier Ministre, Chef du
gouvernement de RDC, et Michel Sapin, ministre
des Finances et des Comptes publics de la République française.
Propos recueillis par PL
Photo : MVDB
Photo : MVDB
On parle beaucoup de diplomatie
économique. Quel sens donnez-vous à ce
concept promu par votre ministre ?
Effectivement, Laurent Fabius a beaucoup insisté depuis sa prise de fonctions sur cette diplomatie économique, en en faisant une des
priorités du ministère des Affaires étrangères
et du Développement international - puisqu’on
a ajouté ces deux mots à l’appellation de notre
administration, ce qui n’est pas un hasard. Il
a donc donné instruction à tous ses ambassadeurs d’inclure cette dimension dans leur plan
d’action et même d’en faire une priorité. C’est
effectivement essentiel. Nous savons que notre
pays a connu et connaît encore une crise économique douloureuse. Nous avons donc besoin de
trouver des débouchés à l’étranger, de renforcer
nos capacités d’investissement à l’extérieur de
l’hexagone, de pouvoir également profiter des
opportunités d’affaires dans les différents pays
dans lesquels la France est présente. Cela a donc
été, bien évidemment, l’une de mes priorités
et la mise en œuvre de cette priorité est passée
par l’approfondissement de mes contacts avec
les milieux d’affaires français. La RDC est un
pays immensément riche, avec beaucoup de
potentiel. Un ambassadeur doit donc inciter les
entrepreneurs à venir s’installer en RDC ; mais il
doit aussi les protéger et les accompagner avec
tout le dispositif mis à sa disposition : Business
France, le Service économique et tous les autres
services de l’ambassade. C’est donc une priorité
très claire de notre ministre et du gouvernement
en général, du Chef de postes en particulier.
Impact n°9 / Juin 2015 / 15
Un pilotage
essentiel pour la RDC
Economiste de formation, Olivier Kamitatu a été un grand
«Commis de l’Etat» avant d’entrer en politique. Il fait partie
de ceux qui ont contribué à redresser le pays sur la scène
intérieure, en présidant aux destinées de l’Assemblée
Nationale de Transition, tout en s’ouvrant aux rapports
avec la communauté des partenaires au développement,
dont il est l’interlocuteur privilégié et apprécié. Rencontre
avec un ministre qui sait ce qu’il veut.
16 / Impact n°9 / Juin 2015
www.impact.cd
Photos : Martin van der Belen
La planification
Impact : Monsieur le ministre, vous êtes
à la tête d’un ministère stratégique.
Pourriez-vous nous dire quel a été votre
parcours ?
Olivier Kamitatu : J’ai grandi en Belgique ou j’ai
fait mes études primaires et secondaires chez les
pères Assomptionnistes. Ma scolarité s’est poursuivie, dans l’enseignement supérieur, à l’Institut
catholique des Hautes Etudes Commerciales
de Bruxelles. Dès l’obtention de mon diplôme,
en 1986, mon père m’a demandé de rentrer au
Congo pour renouer avec mon pays. J’ai alors
intégré l’Ecole Nationale des Finances, puis je
me suis présenté à un concours qui m’a permis
de devenir inspecteur des Finances en 1988. J’ai
alors commencé une carrière administrative et
parallèlement, je me suis investi dans le monde
associatif en lançant, en 1991, le premier institut
de sondages et d’enquêtes d’opinion. J’ai ensuite
été détaché à la Présidence de la République en
qualité de chargé de mission auprès du directeur
de Cabinet adjoint chargé des questions économiques avant de devenir conseiller de plusieurs
ministres, dont notamment celui des Finances.
En 1999, j’ai rallié Jean-Pierre Bemba et me suis
vu confier les fonctions de secrétaire général du
Photo : DR
POLITIQUE
Ecole Nationale
d’Administration
À l’image du chantier de
rénovation de l’ENA, le
domaine du Plan est un
savant jeu de montage
pour la reconstruction
du pays. Il doit donner
un cadre rationnel
à la programmation
d’une politique de
développement
économique et social
adaptée aux besoins
d’une population.
www.impact.cd
Mouvement de Libération du Congo. À ce titre,
j’ai participé à toutes les négociations qui ont
émaillé ces années extrêmement mouvementées, de 1999 à 2003. A la faveur du dialogue
inter-congolais ayant débouché sur l’accord de
Sun City, et dans le cadre de l’ordre institutionnel un peu « sui generis » qui en a découlé, j’ai
été désigné par le MLC pour être le président de
l’Assemblée Nationale de Transition. J’ai exercé
cette fonction de 2003 à 2006. Cette année-là,
j’ai quitté le MLC pour rejoindre plusieurs amis
qui avaient créé l’A lliance pour le Renouveau du
Congo, parti prônant le libéralisme. C’est alors
que le Chef de l’Etat m’a confié le ministère du
Plan, au lendemain de la formation du gouvernement issu des élections, poste que j’ai occupé
jusqu’en 2012. J’avais aussi été désigné porte-parole de la majorité présidentielle. Petite particularité de cette année 2012 : ma désignation, par
tous mes pairs, présidents de partis libéraux du
continent, à la tête du Réseau Libéral Africain ; il
rassemble aujourd’hui 44 partis implantés dans
28 pays. Tout récemment le Président de la République m’a renouvelé sa confiance en me confiant
le portefeuille du Plan et de la Révolution de la
Modernité, en décembre 2014.
Pour le commun des mortels, la notion de
Plan paraît quelque peu abstraite. Quelle
réalité recouvre ce portefeuille ministériel
dans un pays comme la RDC ?
Pour mieux répondre à votre question, je voudrais tout d’abord faire un rappel historique.
Le peuple congolais a traversé les années de
colonisation alors que le pays était une grande
puissance agricole et minière au cœur du continent. Ce pays a ensuite été confronté aux aléas
Impact n°9 / Juin 2015 / 17
Bukanga Lonzo
Conformément à la
vision du Chef de l’Etat,
le gouvernement
congolais a mis en
place un financement
de démarrage pour le
développement des
parcs agro-industriels
pilotes qui serviront de
modèle pour attirer les
investisseurs potentiels
et affiner tous les
réglages avant d’être
reproduits à travers tout
le pays.
18 / Impact n°9 / Juin 2015
de l’indépendance et à une suite de conflits qui
en ont fait, pour beaucoup de commentateurs,
un Etat fragile. On peut, certes, débattre de cette
dernière notion mais une chose est certaine : aujourd’hui, la RDC est une nation jeune, dont les
habitants ont su montrer leurs très grandes capacités de résilience. Cette nation doit avoir l’ambition de devenir l’un des moteurs de l’A frique.
Or la planification est l’instrument qui peut
servir cette ambition, en donnant un cadre rationnel à la programmation d’une politique de
développement économique et social adaptée
aux besoins d’une population qui avoisine les
80 millions d’âmes, sur un territoire à l’échelle
d’un sous-continent. En d’autres termes, la RDC
ne peut pas être pilotée « à vue ». Que ce soit en
matière de sécurité, d’infrastructures, de gestion
des ressources humaines, nous devons savoir où
nous voulons conduire le pays. Cela suppose une
vision claire des enjeux en termes de modèle de
développement, de mécanismes institutionnels,
de méthodes d’analyse assorties d’indicateurs
précis, le but ultime étant de permettre aux
Congolaises et aux Congolais de s’épanouir et de
choisir librement leur destin.
Pour conclure, le ministre du Plan est un peu
comme le pilote d’un avion. Il doit suivre un plan
de vol et vérifier constamment si son appareil
vole à la bonne vitesse, suit le bon cap à la bonne
altitude, avec assez de carburant pour arriver à
destination. La destination étant, pour le titulaire du poste, un développement aussi harmonieux que possible, au service de la population.
Mais dans un pays aussi immense que la
RDC, comment pouvez-vous parvenir à
gérer ce pilotage avec, on le sait bien, un
Etat sous-administré ?
La réponse est simple : il faut effectivement
s’appuyer sur une fonction publique rajeunie et
compétente. Je mesure, ce faisant, la difficulté
de mise en œuvre de ce que je viens de dire tant
notre héritage est difficile à assumer. Pendant
de nombreuses années, en effet, nous avons été
confrontés à un Etat totalement déstructuré,
confisqué par un parti unique - je pense bien sûr
aux années soixante-dix et quatre-vingts. Autre
handicap, j’en ai déjà parlé, celui de l’immensité
géographique. Comment, dès lors, relever efficacement de tels défis ?
- S’agissant des problèmes liés à la taille du territoire de la RDC, la seule issue reste celle d’une
www.impact.cd
POLITIQUE
décentralisation bien menée, ce qui suppose que
les hommes et les richesses soient équitablement
traités. Il s’agit là d’une entreprise de longue haleine mais qui est loin d’être impossible.
- Pour ce qui est de la refondation de l’Etat, elle
passe par une réforme en profondeur de notre
administration. C’est un travail qui est en cours,
sous les auspices du Chef du gouvernement et du
ministre de la Fonction publique avec, du reste,
un grand soutien de la France. Il s’agit de donner
un standard et un profil à nos fonctionnaires, de
les rapprocher du public, enfin de faire en sorte
qu’ils soient aussi performants et compétitifs
que les employés du secteur privé. Je constate
que le recrutement de jeunes cadres, par le biais
du concours d’entrée à l’Ecole Nationale d’Administration, va dans ce sens. En corollaire au
rajeunissement de la fonction publique, il faut
mener à terme le chantier essentiel des mises à
la retraite, ainsi que la création d’un « parapluie
de la protection sociale », de façon à ce que ces
mises à la retraite n’équivaillent pas à une mise
à mort. Après 25 ou 35 ans de vie consacrée au
service public, l’agent doit pouvoir assumer sa
vieillesse dans de bonnes conditions.
Photos : DR
Donc une politique fondée sur la ressource
humaine ?
Exactement.
En RDC, le portefeuille du Plan a une
autre spécificité, à savoir l’interfaçage
entre le gouvernement congolais et la
communauté des bailleurs. Pouvez-vous
nous en dire plus ?
Cet interfaçage est effectivement une singularité
de mon ministère. Elle résulte de l’évolution des
rapports entre la RDC et la communauté des
bailleurs. Une première phase s’était ouverte à
partir de 2001 sous l’impulsion du Chef de l’Etat.
Il s’agissait, pour le gouvernement, de rompre
l’isolement du pays en ouvrant ce dernier aux
« partenaires au développement ». Des pro-
Avec la France, nous nous sommes
inscrits dans l’agenda d’Accra en
développant tout un mécanisme
sur l’efficacité de l’aide dans les
Etats fragiles.
www.impact.cd
grammes d’urgence de reconstruction ont alors
été élaborés et mis en œuvre grâce à l’aide publique au développement. Cette approche a été
à la fois multilatérale, avec l’appui d’institutions
telles que la Banque Mondiale, l’Union Européenne, le Fonds Monétaire International, mais
également bilatérale, avec le soutien de pays tels
que les Etats-Unis, la France, la Belgique, l’A llemagne, et bien d’autres… Ensemble, nous avons
coordonné nos actions dans le cadre d’un véritable partenariat. Avec la France par exemple,
nous nous sommes inscrits dans l’agenda d’Accra en développant tout un mécanisme sur l’efficacité de l’aide dans les Etats fragiles. Nous avons
engrangé des résultats tout à fait significatifs,
notamment dans le domaine des infrastructures
et en matière sociale. Nous avons également
poursuivi une politique visant à atteindre les
Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD) et même si aucun de ces objectifs n’a été
totalement atteint sur le plan national, de belles
avancées ont été faites au niveau local. Sur le
plan provincial en effet, certaines provinces
congolaises sont déjà proches des OMD.
Mais revenons à la notion de partenariat global.
Ce partenariat repose sur une coordination qui
s’opère techniquement au niveau du ministère
du Plan. Nous disposons d’une Plateforme de
Gestion de l’A ide et des Investissements (PGAI)
qui nous permet de savoir, en temps réel, qui fait
quoi, et où. Cette PGAI couvre non seulement
les partenaires au développement mais aussi les
ONG qui, à un moment donné, s’étaient substituées à l’Etat en tant qu’acteurs du développeImpact n°9 / Juin 2015 / 19
On voit bien qu’une dynamique a été
engagée. Il n’en demeure pas moins que
si certains GTS fonctionnent très bien,
d’autres sont peu actifs, voire en sommeil.
20 / Impact n°9 / Juin 2015
Comment envisagez-vous de faire
travailler ces groupes à la même vitesse ?
Il faut reconnaître que sur les quinze groupes
thématiques, certains sont des champions, tandis que d’autres sont à la traîne. Nous devons
donc remettre tout le monde au même rythme.
Pour ce faire, nous devons tirer les leçons de l’histoire de nos plans de développement et engager
une « revue » de nos GTS.
De 2003 à 2006, nous étions en train de reprendre langue avec nos partenaires dans le
cadre de l’initiative PPTE. En 2006, nous avons
élaboré notre premier Document de Stratégie
de Croissance et de Réduction de la Pauvreté DSCRP - basé essentiellement sur les urgences et
la consolidation de la paix. Il s’agissait, dans cette
phase, d’une première approche de croissance
dans le contexte d’une population extrêmement
pauvre (72% des Congolais vivant avec moins de
www.impact.cd
Photos : DR
Auto-suffisance
alimentaire
Avec 80 millions
d’hectares de terres
cultivables, le Congo
pourrait nourrir près d’un
tiers de la population
mondiale
ment. Nous coordonnons donc cet ensemble
pour produire des résultats au niveau des politiques sectorielles, essentiellement des politiques d’éducation, de santé, d’agriculture, de
développement rural. Dans la cabine de pilotage,
nous retrouvons bien sûr le gouvernement, qui
définit les politiques à engager, et les partenaires
au développement qui sont étroitement associés
à ce travail de définition. Ce modèle a été repris
pour constituer une quinzaine de groupes thématiques sectoriels (GTS) présidés chacun par
un ministre qui définit une feuille de route et qui
est appuyé par un chef de file au niveau des partenaires.
POLITIQUE
1 dollar par jour).
Le deuxième DSCRP a été adopté en 2011, alors
que nous étions en mesure de capitaliser sur les
résultats de notre stratégie initiale. Nous avons
donc pu concentrer nos efforts sur un deuxième
registre : la consolidation de l’économie et sa stabilisation, de façon à accélérer la réduction de la
pauvreté. De fait, nous sommes alors passés de
72% à un peu de plus de 60%, soit un gain de plus
de 10 points en matière de réduction de la pauvreté. Dans le même temps, nous avons amélioré
le climat des affaires et des investissements, tout
en faisant des efforts en matière d’infrastructures, de transports notamment.
Aujourd’hui, notre objectif est de parvenir très
rapidement à une troisième génération de plans
où nous mettrons, au cœur de notre politique,
l’accroissement de notre compétitivité et la diversification de notre économie. Autre élément
essentiel : la ressource humaine congolaise.
C’est donc dans ce contexte que s’inscrivent les
actions des quinze groupes thématiques. Il va
falloir qu’ils soient beaucoup plus « affûtés » en
termes de politiques sectorielles, parce que nous
ne pouvons pas abandonner un secteur au profit d’un autre. Cela d’autant que nous ne savons
pas encore où nous allons trouver les nouveaux
points de croissance. Aujourd’hui, notre économie est essentiellement basée sur une seule
province, le Katanga, un seul secteur, les mines,
et un seul produit, le cuivre. On le constate avec
la baisse des cours des matières premières, une
telle approche n’est pas viable à long terme et
une diversification de notre économie s’impose.
C’est tout le sens de l’engagement du gouvernement et du Premier Ministre à travers les parcs
agroindustriels. D’une manière générale, nous
devons faire preuve de davantage de ténacité et
d’appétit à aller vers les investissements dans les
secteurs agricole, agroindustriel, industriel et
demain, des services. C’est toute la philosophie
des groupes thématiques. Nous définissons des
politiques sectorielles et nous le faisons dans un
cadre d’ensemble.
Pour terminer de répondre à votre question
sur l’harmonisation du travail des GTS, tout va
reposer sur une « revue » qui a été engagée précisément pour identifier les retards des uns et
des autres et pour déboucher sur un véritable
chiffrage des retards à combler en termes d’éducation, de santé, de formation professionnelle et
technique, d’infrastructures (notamment énergétiques car étant en amont de la croissance)...
Le diagnostic ainsi fait, nous pourrons rationnaliser le travail des groupes thématiques sectoriels de façon à ce qu’il soit aligné sur les objectifs
stratégiques de troisième génération à savoir,
comme je l’ai dit, la diversification de l’économie
congolaise, l’amélioration de sa compétitivité, la
poursuite de l’amélioration du climat des affaires
et des investissements, enfin la mise en valeur de
notre ressource humaine. Ce dernier objectif
est d’autant plus essentiel qu’aujourd’hui notre
croissance démographique « dévore » notre
croissance économique.
Propos recueillis par PL
Gisement incroyable
La RDC vient de
découvrir un gisement
de 700 millions de
tonnes de cuivre dans
une mine de Kamoa,
dans le sud du Katanga,
en cette période où
les estimations de la
réserve mondiale de
cuivre tourneraient
autour de 480 à 600
millions de tonnes.
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Impact n°9 / Juin 2015 / 21
ÉCONOMIE
Régie des Voies Aériennes
la sécurité avant tout
Il était prédestiné à diriger la Régie des Voies Aériennes (RVA).
Diplômé de l’Institut Supérieur de Commerce de Kinshasa,
option sciences commerciales et financières, Abdala Bilenge a,
en effet, poursuivi sa formation en France à l’Université Paul
Cézanne d’Aix-Marseille où il a « décroché » un mastère en
transports aériens et un diplôme spécial d’économie et gestion
des transports aériens. Il livre à Impact ses priorités, axées sur
la sécurité des passagers et des aéronefs.
Impact : Pourriez-vous nous décrire la
Régie des Voies Aériennes (RVA)
Abdala Bilenge : Créée en 1972, la RVA est
une entreprise publique chargée de gérer l’espace aérien congolais ainsi que tous les aéroports congolais ouverts au transport public. En
d’autres termes, elle est l’équivalent de la DGAC
(Direction générale de l’aviation civile) et des entreprises gestionnaires des aéroports français.
Ces équipements n’existaient donc pas ?
Si ! Mais ils étaient obsolètes, certains ayant
trente, voire quarante ans. Au moment où je vous
parle, nous venons de terminer à Kinshasa, Lubumbashi et Kisangani le premier volet consistant à construire une tour de contrôle moderne,
dotée d’équipements de télécommunications de
dernière génération, achetés auprès de la socié22 / Impact n°9 / Juin 2015
www.impact.cd
Photos : MVDB
Quels sont les grands chantiers auxquels
vous vous êtes attelé dès votre prise de
fonctions ?
Le premier, le plus important de tous nos chantiers, consiste à doter le pays d’une « aviation
sécurisante ». Pour ce faire, il faut couvrir deux
aspects : l’aspect « espace aérien » et l’aspect «infrastructures au sol». Nous l’avons fait de façon
concomitante. Sécuriser notre espace aérien
supposait de doter les tours de contrôle de nos
aéroports d'équipements dédiés à la communication air – sol et de former les personnels
servant ces équipements de façon à ce qu’ils
puissent travailler sans erreur avec les pilotes.
té française Thales. Nous avons désormais une
communication VHF avec tous les avions qui
survolent le territoire congolais mais nous pouvons aussi visualiser les aéronefs sur nos écrans.
Nous combinons donc la communication et la
surveillance, ce qui est extrêmement important pour la sécurité de la navigation aérienne.
Ceci pour l’aspect gestion de l’espace aérien.
Naturellement, nous avons aussi travaillé sur
les infrastructures au sol appelées à recevoir les
avions. C’est dans ce contexte que nous avons refait complètement l’aéroport de Ndjili. La piste,
dont la construction et la mise en exploitation
remontait aux années cinquante, a été refaite sur
4.000 mètres. Il en a été de même à Lubumbashi,
à Kisangani et à Goma. Je remercie à cet égard la
Banque Mondiale qui vient d’accepter de nous
doter de 52 millions de dollars pour renforcer
ce que nous avons entrepris dans cette dernière
localité. Pour résumer, au cours des trois dernières années, nous avons concentré nos efforts
sur les quatre aéroports internationaux que sont
Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani et Goma.
Cette remise aux normes concernera bien sûr
d’autres villes dans le futur.
Future aérogare
en phase de finition et
qui sera inaugurée fin
juin.
Au cours des trois dernières années,
nous avons concentré nos efforts sur
les quatre aéroports internationaux
que sont Kinshasa, Lubumbashi,
Kisangani et Goma.
www.impact.cd
Quand vous parlez de remise aux normes,
il ne s’agit pas seulement des pistes et
des tours de contrôle ?
Au-delà des pistes, il y a en effet le balisage et plus
généralement les aides à la navigation aérienne.
Et au-delà des tours de contrôle, il y a aussi les
aérogares. À Kinshasa, nous finalisons un Terminal 2, capable d’accueillir deux à trois millions
de passagers par an. Ce terminal a été financé
sur fonds d’Etat et équipé de matériels de sécurité, eux aussi de dernière génération. En outre, et
c'est tout aussi important que les équipements,
nous avons formé les personnels appelés à les
utiliser au quotidien. Nous répondrons donc aux
normes de l’OACI, en étant en mesure d’offrir un
service de catégorie C aux passagers et aux compagnies aériennes.
Qu’entendez-vous par service de
catégorie C ?
Catégorie C veut dire « bon service », ce qui est
recommandé pour tous les aéroports du monde.
En réalité, vous avez cinq catégories, allant de A
pour « mauvais », B pour « assez bon », C pour
« bon », D pour « excellent », et E pour « idéal »,
jamais atteint dans le monde.
Quand vous parlez d’équipements de
sécurité, vous pensez à la sécurité des
passagers mais aussi des aéronefs ?
Effectivement. Nous pensons à la sécurité des
aéronefs et pour ce faire, nous allons déployer les
matériels et mettre en place les procédures empêchant tout acte illicite contre un avion sur le
plan sécuritaire. S’agissant des passagers, il s’agit
de leur assurer des conditions d’accueil, de tranImpact n°9 / Juin 2015 / 23
ÉCONOMIE
sit, d’embarquement et de débarquement à la fois
agréables et sécurisées.
On a parlé, pour Ndjili, d’aéroport
modulaire. Pouvez-vous nous en expliquer
le concept ?
C’est une notion qui a évolué. Dans la conception
initiale retenue par le gouvernement, il s’agissait,
en effet, de créer un très grand aéroport à la dimension du pays. Mais nous nous sommes vite
rendu compte que ce n’était pas la taille du pays
qui importait, mais l’importance du trafic. C’est
pour cette raison que nous nous sommes engagés sur le concept d’aérogare modulaire, c’est-àdire pouvant être démonté après la construction
d’un autre ouvrage plus grand, puis transféré
dans une autre capitale provinciale au trafic
moins important. Mais, au regard de l’expertise
dont nous avons bénéficié de la part de notre
partenaire français Alpha Airport, nous avons
évolué du concept modulaire à l’idée d’un terminal d’une durée de 15 à 20 ans pouvant accueillir
dans de bonnes conditions entre deux et trois
millions de passagers par an. C’est pourquoi j’ai
préféré vous parler d’un « Terminal 2 ».
Zone d'enregistrement
des passagers mise à la
disposition de toutes les
compagnies aériennes.
Vous comptez poursuivre ce partenariat ?
La technologie qui est installée aujourd’hui à
Ndjili, bien que maîtrisée par nos techniciens,
nécessitera une assistance technique régulière.
J’espère donc que nous pérenniserons notre
relation avec Alpha Airport pour continuer à
appuyer nos techniciens de RVA qui doivent
travailler sur des équipements informatiques
sophistiqués, sur un réseau d’une cinquantaine
de caméras, sur de systèmes de portes automatisés avec digicodes, enfin sur des portiques et
des scanners de dernière génération. Nous avons
donc besoin d’être accompagnés dans cette révolution technologique. Prenez, par exemple,
le traitement des passagers par les compagnies
aériennes. Aujourd’hui, chaque compagnie travaille à Ndjili avec ses propres équipements de
gestion des passagers. Dès juillet prochain, le
matériel sera celui de la RVA. Très sophistiqué,
il sera mis à la disposition de toutes les compagnies et nos techniciens devront donc être en
mesure de les faire fonctionner efficacement.
Propos recueillis par PL
Photos : MVDB
Vous avez parlé d’Alpha Airport. Comment
appréciez-vous votre coopération avec ce
partenaire ?
Alpha Airport nous a apporté des infrastructures de grande qualité. Tous les matériaux utilisés sont irréprochables et de dernière génération.
En outre, notre partenaire nous a accompagnés
dans la formation de tout le personnel congolais.
C’est extrêmement important : à chaque phase
d’acquisition et d’installation des équipements,
le personnel de la RVA a été associé à tel point
qu’aujourd’hui, grâce à ce projet, nous avons
non seulement les infrastructures mais aussi
les techniciens capables de les maintenir, qu’il
s’agisse de l’électricité, de la « gestion du froid »
ou des équipements de sécurité. C’est donc une
opération intégrée qui ne se résume pas à l’installation d’équipements mais aussi à leur utilisation et à leur maintenance.
24 / Impact n°9 / Juin 2015
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Impact n°9 / Juin 2015 / 25
ÉCONOMIE
La Régie des Voies Fluviales
n’est pas un long
fleuve tranquille
Nommé à la tête de la Régie des Voies
Fluviales (RVF) en 2010, Ngomper Ilunga
a travaillé pour quatre ministres des
Transports successifs.
I
26 / Impact n°9 / Juin 2015
nés 26.000 kilomètres de voies navigables dont
seulement 15.000 vraiment « classifiés », c’est-àdire ayant fait l’objet d’études hydrographiques.
Vous mesurez le travail qui reste à accomplir. A
titre d’exemple, le réseau fluvial européen ne représente « que » 18.000 kilomètres.
Comment est assurée cette mission ?
Avec quels personnels et avec quels
moyens matériels ?
Comment ? Par des études hydrologiques et hydrographiques, par des travaux de balisage, de
curage, de dragage.
Avec qui ? Environ 300 personnes ce qui, pour
le réseau que je viens de décrire, peut paraître
notoirement insuffisant. Ces agents relèvent, soit
de la direction nationale de Kinshasa, soit de la
direction régionale de Kalémie qui couvre ce que
nous appelons le bief supérieur.
Avec quels moyens ? Dans les années soixante,
nous avions 24 « baliseurs ». Aujourd’hui, il n’en
reste que sept, dont seulement deux réellement
opérationnels. Ces bâtiments permettent d’entretenir et d’aménager les voies fluviales. En
outre, nous disposons de deux dragues vieillissantes, pour désensabler notamment les lacs,
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Photo : DR
Impact : Pouvez-vous commencer par
nous décrire la Régie des Voies Fluviales ?
Ngomper Ilunga : La RVA est une entreprise
publique, transformée, en 2009, en établissement public de caractère technique et scientifique. C’est un prolongement de l’Etat dont la
mission principale est l’aménagement et l’entretien des voies de navigation intérieures, à savoir
les fleuves, leurs affluents et les lacs. Sont concerPhoto : Stefano Toscano
Le « Kokolo »
La SCTP (ex-Onatra) a
récemment réhabilité
ce bateau destiné à
assurer le transport des
passagers et de cargo
sur le fleuve Congo,
sur l’axe Kinshasa –
Kisangani. Un symbole
pour illustrer la volonté
du gouvernement de
relancer la navigation sur
le fleuve…
l est vrai que ce diplômé en sciences sociales, spécialiste en ressources humaines,
avait le profil pour reprendre un secteur
en déshérence : pas ou peu d’opérations
d’entretien des rivières au cours des vingt
dernières années, signalisation en grande partie
détruite ou absente, équipements obsolètes ou
hors d’usage. La situation change progressivement, avec l’appui des partenaires techniques et
financiers.
Photo : DR
dont le lac Tanganyika. Nous avons aussi trois
canots hydrographiques, dont un seul est opérationnel. Nous avons enfin des barges et un chaland qui sert, en période de travaux, à loger les
personnels en mission.
Photo : Stefano Toscano
Sur le plan financier, d’où proviennent vos
ressources ?
La RVF perçoit auprès des armateurs publics et
privés une taxe de navigation qui reste sa seule
source directe de revenus. Cette taxe couvre environ 60% de son budget tandis que l’Etat couvre
les 40% restants sous forme de subvention dans
la mesure où la RVF est un établissement public.
Pour compléter le soutien de l’Etat, il
existe une coopération internationale,
dont la CICOS. Qu’elle appréciation portezvous sur cette coopération ?
La CICOS (Commission Internationale du bassin Congo Oubangui Sangah) est une organisation qui nous appuie au niveau de la sous-région
de l’A frique centrale. Elle nous soutient du point
de vue technique et en matière de renforcement
des capacités. À travers plusieurs projets, en
mobilisant d’autres bailleurs, dont l’Union Européenne, elle nous aide, par exemple, à financer
la formation de nos hydrologues et de nos hydrographes. Il en est de même des officiers de pont
comme des mécaniciens ou des baliseurs. Tous
sont formés à ce que nous appelons l’école de la
CICOS. Actuellement, nous n’avons pas moins de
vingt agents en cours d’instruction.
J’ajoute que, si la mission initiale de la CICOS
couvrait le transport fluvial et lacustre à l’échelle
de la sous-région, l’on est vite passé à la thématique de la gestion des ressources en eau de façon
plus globale.
www.impact.cd
La CICOS nous soutient du point
de vue technique et en matière de
renforcement des capacités...
Jacinthe d’eau
Arrachage de cette
plante qui envahit le
lac Tanganyika depuis
la fin des années 90,
au détriment d’autres
plantes aquatiques,
des poissons et de la
navigation.
À partir de cette mobilisation
internationale et de votre action, vous
développez plusieurs projets. Quels sont
ceux qui vous paraissent essentiels ?
Avec nos partenaires techniques et financiers,
nous développons deux projets stratégiques.
Le premier concerne l’appui à la navigabilité des
voies fluviales et lacustres en RDC (PANAV). Ce
projet est financé par l’Union Européenne qui lui
consacre une enveloppe de 60 millions d’euros.
La RVF n’est pas la seule bénéficiaire. La SCTP
(Société Commerciale des Transports, ex-ONATRA jusqu’en 2011) et la SNCC (Société Nationale
des Chemins de fer du Congo) émargent aussi à
ce programme. Mais la RVF est le principal bénéficiaire avec 38 millions d’euros.
Sont concernés le fleuve Congo sur 1.734 kilomètres (de Kinshasa à Kisangani) et son grand
affluent, la rivière Kasaï, sur 605 kilomètres. Le
programme PANAV comporte quatre volets :
- Hydrologie et hydrographie : il s’agit de réhabiliter les stations qui permettent de gérer les saisons d’étiage.
- Aménagement et entretien : l’objectif est d’améliorer le balisage, ce qui suppose l’acquisition de
nouvelles unités, à savoir huit bateaux multifonctions et seize vedettes hydrographiques ainsi que la réhabilitation de nos unités.
- Infrastructures portuaires et balisage lumineux
du lac Tanganyika, la navigation s’y faisant aussi
Impact n°9 / Juin 2015 / 27
Photo : MVDB
28 / Impact n°9 / Juin 2015
les eaux navigables (2,60 millions de dollars) :
sur la base du résultat des études techniques, le
projet financera l’acquisition des matériels, la
construction et la réhabilitation des marquages
sur les sections choisies des fleuves Lualaba, Lua
et Mongala pour améliorer à la fois la navigation
de jour et de nuit, réduire les risques d’enchâssement et de retard, augmenter le chiffre d’affaires
annuel des bateaux circulant sur ces tronçons et
améliorer la rentabilité des opérations.
Embarcation sur le
Tanganyika
Le lac Tanganyika est le
deuxième plus grand lac
d'Afrique par sa surface
Vous travaillez aussi avec l’Agence Française de Développement (AFD). Qu’en estil de cette coopération ?
Grâce à l’A FD, nous avons réalisé une opération
très importante à savoir les mesures du débit du
fleuve Congo. Mais nous avons aussi une relation
de travail continue au travers d’opérations de
formation de nos hydrologues au Centre régional de formation pour la navigation intérieure.
Propos recueillis par PL
Photo : Andrew McConnell / Robert Harding Premium / - AFP
de nuit.
- Formation : transversal, ce volet concerne la
RVF, la SCTP et la SNCC. Il consiste à former les
hydrologues, les experts en aménagement et en
entretien, les experts en gestion portuaire…
Le second projet est le Projet de transport multimodal (PTM), financé par la Banque Mondiale. Il
concerne à la fois l’aérien (RVA – Régie des Voies
Aériennes), le fluvial et le maritime (RVM – Régie des Voies Maritimes). Pour ce qui concerne
la RVF, 3,85 millions de dollars ont été, ou seront
consacrés aux opérations suivantes :
- Etude sur la création d’un fonds d’entretien
des eaux navigables (270.000 dollars) : il s’agit de
remédier au manque de moyens financiers de
la RVF pour exécuter convenablement ses missions.
- Appui au plan de retraite (0,75 million de dollars) : la Banque Mondiale a fourni une assistance pour faciliter le départ à la retraite d’environ
77 agents.
- Etudes techniques sur la réhabilitation des
marquages des rivières (80.000 dollars) : le PTM
financera l’inspection des sections navigables
du Fleuve Lualaba, principalement les sections
de Ubundu - Kindu (308 km) et de Kongolo - Bukama (645 km), qui viendra compléter le réseau
de chemin de fer de la SNCC le long du Corridor
Lubumbashi-Kisangani. Egalement inclus dans
le programme sont la section Mogalo - Oubangui de la rivière Lua (141 km) et la section Businga - Mobeka de la rivière Mongala (342 km) dans
la riche région agricole du Nord-Ouest du pays
(province de l’Equateur).
- Réhabilitation des marquages des fleuves pour
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CIAZ
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ERTIGA
Impact n°9 / Juin 2015 / 29
ÉCONOMIE
Démocratisation de l’Initiative de
Transparence des Industries Extractives
le rôle majeur
des organisations
de la société civile
i le choix des représentants des
institutions publiques et des entreprises privées paraissait facile,
30 / Impact n°9 / Juin 2015
pour la société civile, les choses s’annonçaient
plus compliquées : trop grand nombre d’organisations intéressées, diversité des domaines
d’intervention difficile à embrasser, manque de
structure de coordination. Depuis, les choses ont
bien évolué…
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Photos : DR
S
La République Démocratique du Congo a adhéré à l’Initiative de
Transparence des Industries Extractives (ITIE) en 2005. Cette
adhésion prévoyait la mise en place d’un groupe multipartite
comprenant les représentants des institutions publiques, des
industries extractives et de la société civile.
Pour rendre sa participation effective, coordonnée et indépendante, la société civile est passée
par plusieurs étapes.
Le Réseau Ressources Naturelles : de
l’énergie pour tous
L’idée de mettre en place une structure de la société civile, qui se chargerait des questions liées
à la gestion responsable des ressources naturelles, résulte de la publication des rapports des
Nations Unies sur l’exploitation illégale des ressources naturelles de la République Démocratique du Congo, en 2002 et 2003.
Le Réseau Ressources Naturelles a été créé dans
ce contexte, en 2002, afin de lutter contre leur
exploitation illégale. Il s’agit de mener une compagne de sensibilisation à l’égard des organisations responsables et des communités locales et
de renforcer leurs capacités de gestion participative des ressources.
Le Réseau Ressources Naturelles a mis en
place la coalition « Publiez ce que vous payez »
(PCQVP) en 2006. Sa mission : accompagner la
mise en œuvre de l’ITIE et faire évoluer la norme
ITIE, en impliquant la population. Cette coalition joue désormais un rôle moteur de la coordination des activités des organisations de la société civile à l’ITIE.
Les ateliers d’évaluation de la mise en
œuvre de l’ITIE : une société civile de plus
en plus visible et mobilisée en RDC et sur
le continent africain
En 2010, sur proposition de Me Jean-Claude Katende, la Coalition PCQVP, en collaboration avec
le Réseau Ressources Naturelles, organise le premier atelier d’évaluation de la mise en œuvre de
l’ITIE, avec l’appui financier de la GIZ. Depuis,
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L’idée de mettre en place une structure
de la société civile qui se chargerait des
questions liées à la gestion responsable
des ressources naturelles résulte de la
publication des rapports des Nations
Unies sur l’exploitation illégale des
ressources naturelles de la RDC.
des ateliers d’évaluation de ce type sont organisés tous les trois mois, réunissant 30 participants
provenant de toutes les provinces de la RDC.
Une nouvelle dynamique régionale est née : la
coalition de la RDC et le Secrétariat International de PCQVP ont organisé, avec l’appui de l’ambassade de France, en marge des activités du
Conseil d’administration de l’ITIE, un atelier régional d’échange d’expériences sur l’ITIE du 16
au 17 avril 2015. Des représentants de la société
civile de Côte d’Ivoire, RDC, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, Guinée, Niger, Sénégal, Tchad,
Cameroun et Burkina Faso ont confronté leurs
analyses de terrain pour identifier des défis communs et dégager des « bonnes pratiques ».
Ces organisations ont reconnu que, si l’ITIE a
contribué au changement de mentalités en faveur de la transparence, l’intégration de l’ITIE
dans le système de gouvernance globale des
Etats demeure un défi. En effet, à ce stade,
l’ITIE est essentiellement perçue comme une
contrainte par les Etats et non comme un outil
de développement.
Impact n°9 / Juin 2015 / 31
Jean Claude
Katende est
actuellement,
membre du Comité
exécutif de l'ITIE de
RDC et du Conseil
d'administration
international de
l'ITIE. Il a écrit
plusieurs articles
sur l'ITIE dont le
plus récent est «Le
nouveau défi de
l'ITIE : devenir un
outil d'amélioration
des conditions de
vie des populations
pauvres».
32 / Impact n°9 / Juin 2015
treprises, d’universités ou d’organisations de la
société civile. Les citoyens sont totalement exclus du débat, notamment à cause des carences
inhérentes aux rapports officiels, aussi bien sur le
fond (absence d’information sur la transparence
des dépenses) que sur la forme (utilisation des
canaux de communication inappropriés).
Pour impliquer les populations dans le débat public, PCQVP a mis en place en 2014 avec l’aide de
la GIZ « le programme radios communautaires
au service de l’ITIE » qui permet de former les
journalistes sur les mécanismes de l’ITIE et d’informer la population.
Ce projet pilote est destiné aux journalistes
d’une vingtaine de radios communautaires de
Kinshasa, du Bas Congo, du Katanga, Sud Kivu
et Nord Kivu. Les retours de terrain sont positifs:
les émissions sur l’ITIE captivent les citoyens.
ITIE
L’implication des populations au centre du
travail de PCQVP : le peuple, moteur des
reformes
L’information des populations constitue un
autre défi important : sans information, les gouvernants et les entreprises ne sont pas enclins à
rendre compte de la gestion et de l’affectation
des revenus issus des industries extractives.
Or, il reste beaucoup à faire et le constat dressé
par PCQVP est très clair : depuis 2008, la publication de rapports n’a pas engendré de réel débat
public impliquant les populations.
Le débat est limité à quelques experts issus d’en-
Photos : DR
Bio-express
La mise en place du code de conduite des
organisations de la société civile impliquées dans l’ITIE : un pas vers la coordination des actions de la société civile
Le chemin vers la cohésion et la coordination
des activités des organisations de la société civile pour l’ITIE n’a pas été facile. Il a fallu plusieurs années pour que les acteurs concernés se
mettent d’accord sur quelques règles minimales,
pour renforcer l’efficacité et l’effectivité de leurs
actions. La discussion pour élaborer et adopter le
code de conduite des organisations de la société
civile, impliquées dans l’ITIE, a commencé en
2012 ; depuis son adoption en 2014, c’est la coalition PCQVP qui en est la gardienne.
Ce code met aussi en place la règle de l’alternance des cinq membres de la société civile au
Comité Exécutif de l’ITIE, avec un mandat de
trois ans renouvelable une seule fois.
De manière consensuelle, les organisations ont
convenu, dans les dispositions transitoires du
code, que le remplacement des membres du collège de la société civile interviendra en octobre
2015.
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Impact n°9 / Juin 2015 / 33
ÉCONOMIE
Développement
Quand la coopération
rejoint la diplomatie
économique
S’il y a un métier qui a beaucoup évolué à l’ambassade
de France en RDC, c’est celui de chef de la coopération
ou, selon l’appellation officielle, de Conseiller de
coopération et d’action culturelle.
utrefois à la tête d’une équipe étoffée d’attachés et d’assistants techniques, il est
devenu peu à peu le coordonnateur d’un groupe
réduit d’experts au service d’objectifs qui vont
bien au-delà des fonctions affichées. Avec, paradoxe qui n’en est finalement pas un, des moyens
financiers apparemment modestes au regard
des enjeux. Retour sur une révolution tranquille.
En RDC, comme dans beaucoup d’autres pays
en développement, l’enveloppe de coopération
gérée par l’ambassade de France est à replacer
dans un périmètre budgétaire beaucoup plus
large. C’est donc dans ce cadre consolidé qu’il
convient d’analyser son action.
Ainsi, en 2015, le service de coopération et d’action culturelle s’est-il vu attribuer moins de 2
millions d’euros pour ses interventions. Ce montant est à mettre en regard des autres crédits
accordés sous forme de dons par le ministère
des Affaires étrangères et du Développement
international. En 2014, en faisant masse du financement de l’Agence pour l’enseignement
français à l’étranger (AEFE), du C2D (Contrat de
désendettement – développement), de l’aide alimentaire, des subventions de l’Agence française
de développement (AFD) ou du prorata de nos
contributions aux différents « Fonds santé » ou
au FED, on atteint un montant global de l’ordre
de 134 millions d’euros de crédits mobilisés par
la France en RDC.
Naturellement, le suivi qui peut être fait de l’uti-
34 / Impact n°9 / Juin 2015
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Photos : Martin van der Bellen
Inauguration de l'ENA
Le ministre de la
Fonction publique
de RDC avec son
homologue française
A
lisation de ces moyens, qui transitent par les
canaux bilatéraux, européens ou multilatéraux,
n’est pas identique. Il ne s’agit pas de gérer directement la part des contributions françaises au
FED ou aux fonds verticaux en matière de santé. En revanche il s’agit, pour l’équipe de coopération de l’ambassade, de participer en amont à
la définition des orientations de ces structures
et de suivre, en aval, le déroulement de ces programmes. Aussi lourde qu’elle soit, cette tâche
est facilitée, à Kinshasa, par les excellents rapports entretenus, notamment, avec la Délégation
de l’Union Européenne (DUE). La récente contribution française aux états généraux de la justice,
en parfaite coordination avec les services de la
DUE, en est un exemple.
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En RDC comme dans beaucoup
d’autres pays en développement,
l’enveloppe de coopération gérée
par l’ambassade de France est
à replacer dans un périmètre
budgétaire beaucoup plus large.
Inauguration du
Goethe-Institut
En présence du ministre
allemand des Affaires
étrangères.
toute faite, concoctée dans une officine européenne, mais bien de répondre aux priorités qu’il
a définies. Cela vaut pour les secteurs de la Fonction publique, de la Justice, des Finances ou du
Budget. La liste n’est pas figée.
De ce dernier point de vue, l’articulation avec
Photo : Gédéon Mukendi
D’une manière générale, la coopération française a su inscrire son action en synergie avec les
autres services de l’ambassade afin de privilégier
une approche globale des enjeux du développement. Ce résultat procède de plusieurs facteurs :
- D’abord d’une forte impulsion de l’ambassadeur sur ces questions primordiales dans un
grand pays d’A frique sub-saharienne et d’un
réel esprit d’équipe : AFD, Service économique,
Attaché de sécurité intérieure, Attaché de défense dialoguent en permanence avec le service
de coopération. Ce dernier a par ailleurs adopté
un mode de fonctionnement équilibré entre les
questions culturelles entendues au sens large
(essentielles dans la plus grande nation francophone du monde), et les questions de développement.
- De la mobilisation de tous les outils « institutionnels » (lycées, instituts, alliances françaises)
et de tous les agents qui en dépendent au profit
d’opérations présentant un caractère stratégique : diffusion du droit OHADA, appui aux
femmes entrepreneurs, défense des droits de
l’Homme, promotion du genre, dialogue avec la
société civile, etc. La France a, en effet, le privilège de disposer d’un réseau étoffé en RDC : deux
grands lycées (Kinshasa et Lubumbashi), une demi-douzaine d’alliances françaises, deux grands
instituts (Kinshasa et Lubumbashi) et bientôt
deux autres, à Goma et Bukavu.
- D’un dialogue politique et technique étroit avec
les ministres congolais partenaires, qui sont des
interlocuteurs de grande qualité. A noter que la
stratégie française de coopération repose sur
une politique de la demande (congolaise) et non
de l’offre (française). En d’autres termes il ne
s’agit pas d’imposer à un ministre une solution
Impact n°9 / Juin 2015 / 35
ÉCONOMIE
Exposition
La France a le privilège de disposer d'un réseau étoffé
en RDC. Vernissage d'une exposition à l'Alliance
française de Kisangani en présence de son directeur et
de Jean Bamanisa, Gouverneur de la Province Orientale
Un collaborateur précieux
L'attaché humanitaire et social régional gère une
thématique importante dans un pays comme la RDC.
les autres bailleurs, bilatéraux et multilatéraux,
est une nécessité afin d’éviter des doublons. A
cet égard, il est heureux que le climat qui règne
entre eux soit la plupart du temps excellent. C’est
le cas, on l’a déjà vu, avec l’Union Européenne.
Mais c’est aussi le cas avec la Banque Mondiale,
la Banque Africaine de Développement, et les
agences onusiennes telles que le PNUD, le PAM,
l’UNICEF… Cette articulation pourrait être renforcée mais ceci pose un problème de ressources
humaines.
Photos : Martin van der Bellen
La gestion de la coopération française restera
donc un métier extrêmement intéressant dans
un pays comme la RDC. Cela, en dépit de crédits
d’intervention directe plutôt restreints. Car plu-
La stratégie française de coopération
repose sur une politique de la
demande (congolaise) et non de l’offre
(française). En d’autres termes il ne
s’agit pas d’imposer à un ministre
une solution toute faite, mais bien de
répondre aux priorités qu’il a définies.
36 / Impact n°9 / Juin 2015
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www.impact.cd
Photo : AFD
Photo : Alliance française de Kisangani
sieurs positionnements continueront de s’offrir à
ses responsables :
- Comme opérateur d’actions de développement.
Même avec des budgets réduits, il sera toujours
possible de mobiliser les outils disponibles dans
le réseau, au sens large. Ainsi en est-il, dans le
domaine de l’éducation, avec les alliances, les
instituts et les lycées français. Il ne s’agit pas de
conduire des opérations d’envergure, visant
par elles-mêmes un effet transformationnel,
mais plutôt des actions « catalytiques » venant
appuyer le rôle de suivi et d’orientation des dépenses assurées par d’autres bailleurs tels que
l’A FD.
- Comme « conseiller développement » de l’ambassadeur, chargé d’animer auprès de celui-ci
le pôle « développement » de l’ambassade, y
compris pour la partie communication. Cette
fonction est essentielle pour assurer la synthèse
de notre action dans ce domaine prioritaire en
RDC et dégager les orientations à suivre. Ces
dernières seront d’autant mieux respectées
qu’elles seront alignées sur les priorités de développement congolaises et qu’elles bénéficieront
de l’intervention d’opérateurs tels qu’Expertise
France. Le dialogue avec cette dernière entité
revêtira d’ailleurs une importance stratégique.
- Comme acteur à part entière de la diplomatie
économique impulsée par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du Développement international. Cette orientation est d’autant plus valorisante qu’elle ouvre tout le champ
des possibles en faisant du chef de la coopération, un nouvel interlocuteur et un soutien inattendu des milieux d’affaires français : Chambre
de commerce et d’industrie franco-congolaise
(CCIFC) et Conseillers du commerce extérieur
de la France (CCEF) notamment.
La meilleure illustration de ce rôle reste la participation du service de coopération à l’organisation de la Semaine française de Kinshasa, manifestation économique franco-congolaise de
AFD en RDC
Le directeur de l'AFD
est le partenaire
incontournable
du conseiller de
coopération.
Esprit d'équipe
Le chef du service
économique anime un
atelier thématique sur
l'industrie à l'Institut
français de Kinshasa.
toute première importance, qui va fêter son deuxième anniversaire le 22 juin prochain. Au-delà
du soutien logistique qu’il apporte par la mise à
disposition des infrastructures et d’une partie
du personnel du lycée René Descartes et de l’Institut français de Kinshasa – Halle de la Gombe, il
assure, et donc finance, la « couverture médias »
d’opérateurs tels que TV5 Monde, France 24 ou
RFI. Sans compter la conception et la réalisation
du numéro spécial du magazine Impact, vitrine
de l’entreprenariat français. Retour au cœur de
métier, les animations culturelles de haut niveau
ont naturellement été programmées. Tel sera
le cas, cette année, avec un concert de Didier
Lockwood, l’invitation de l’orchestre Kimbanguiste et, bien sûr, la célébration des « 20 ans de
Couleurs Tropicales ».
Et en marge des nombreuses conférences thématiques sur le thème du Partenariat Public-Privé
qui réuniront de nombreux ministres et entrepreneurs congolais, il s’agira bien sûr de trouver
des passerelles pertinentes avec les opérations
de développement, en portefeuille ou à venir.
Une belle feuille de route en perspective.
Philippe Larrieu
Impact n°9 / Juin 2015 / 37
DOSSIER
Congo Airways
Décollage imminent !
L
es ambitions de ce géant de l’A frique
centrale, en plein développement économique,
vont bien au-delà et portent sur la modernisation
des infrastructures aéroportuaires et le redressement de l’aviation commerciale.
Congo Airways n’est aujourd’hui plus un rêve.
Cette compagnie est devenue une réalité. En
effet, après la nomination et l’installation effectives des membres du Conseil d’administration
et de la Direction générale, l’heure est aux derniers préparatifs de lancement des opérations,
prévues dans quelques semaines.
Pour mémoire, Congo Airways a été créée le 15
août 2014. C’est à cette même date que fut signé
38 / Impact n°9 / Juin 2015
Satisfaction mutuelle
de la ministre du
Portefeuille et du
représentant d'Air
France, lors de la
signature du contrat
le vendredi 15 août
2014 à l'Hôtel du
Gouvernement
l’accord de partenariat entre le gouvernement
congolais et Air France Consulting pour accompagner la nouvelle compagnie. L’événement eut
lieu à l’Hôtel du gouvernement, bureau du Premier Ministre, témoin de cette importante page
de l’histoire de l’aviation en RDC.
Le ministre des Transports et Voies de communication, Justin Kalumba, précisait alors les enjeux : «Congo Airways devra être une compagnie
de référence dans le secteur aérien, un repère
visible qui devra symboliser, parmi tant d’autres
signes, la renaissance de toute une nation. Pour
cela, notre compagnie sera dotée d’aéronefs de
nouvelle génération. Son personnel sera formé et
hyper qualifié.»
Congo Airways déploie une stratégie
conquérante mais raisonnée
En construisant sa vision autour de trois fondamentaux à savoir : la sécurité, la fiabilité et la
satisfaction du client, Congo Airways proposera aux voyageurs une offre d’une qualité exemplaire, alliant l’excellence opérationnelle à des
tarifs compétitifs, un cocktail fortement créateur de valeur ajoutée et permettant l’accès au
transport aérien au plus grand nombre.
La compagnie poursuit ainsi sa mission de transporteur national en devenant un acteur majeur
du désenclavement des provinces et de l’essor
économique.
En pratique, la compagnie exploitera deux Airbus A320 de la toute dernière génération. Elle
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Photos : Congo Airways
Presque deux décennies d’absence dans son propre ciel !
Le gouvernement de la RDC a donc décidé de replacer le
transport aérien au centre des préoccupations nationales.
reliera dans un premier temps huit villes en
RDC. Rapidement, le réseau passera à 14 destinations domestiques et verra l’ouverture des
premiers vols régionaux. Au vu de l’importance
de son plan de développement, elle envisage, dès
à présent, l'acquisition prochaine de plusieurs
autres appareils. Outre des moyens financiers à
la mesure de ses ambitions, avec un capital social
initial de 35 millions de dollars, Congo Airways
s’appuie sur une direction expérimentée et une
étroite collaboration avec Air France Consulting
qui apporte une expertise de renommée internationale.
Sa gestion suivra les meilleures pratiques du sec-
De gauche à droite:
Justin Kalumba
Mwana-Ngongo,
ministre des
Transports et Voies
de communication et
Marie-Louise Munga
Mesiozi, ministre du
Portefeuille.
teur. En effet, Congo Airways doit être une compagnie de référence en matière de sécurité. Sa
gestion doit également être professionnelle dans
le respect des standards internationaux, conformément à la volonté exprimée par le Président
de la République, Joseph Kabila et rappelé par le
Premier Ministre, Matata Ponyo.
Ainsi donc, après un peu moins de deux décennies, le léopard va de nouveau flotter sur le ciel
congolais, restaurant ainsi la présence et l’autorité de l’État sur le territoire national.
Congo airways
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Impact n°9 / Juin 2015 / 39
DOSSIER
ALPHA-AIRPORT
Une expertise au service
du développement des
aéroports congolais
es activités s’exercent principalement dans les domaines de :
- la conception, et l’aménagement
des aérogares ;
40 / Impact n°9 / Juin 2015
- l’alimentation, la distribution d’énergie électrique et le balisage des pistes des aérodromes ;
- l’équipement des tours de contrôle ;
- la fourniture et le montage de bâtiments préfabriqués modulaires à usage d’aérogare, de centrale électrique ou de tour de contrôle fixes ou
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Photos : Alpha Airport
S
Alpha-Airport, le spécialiste français en intégration de
systèmes aéroportuaires, conçoit, construit et réalise, pour
le compte de nombreux clients à travers le monde, des
systèmes destinés à moderniser, sécuriser ou accroître les
capacités des aéroports.
Alpha Airport a plus 20 ans. La société a été créée
par Daniel Ravé, ingénieur diplômé de l’Ecole
Nationale de l’Aviation Civile et Simon-Pierre
Veys, à l’issue de carrières professionnelles exercées dans l’exploitation et la vente de produits
pour aéroports. La société dispose, à ce jour,
d’une équipe d’une vingtaine d’ingénieurs et
architectes, totalement dédiés aux métiers aéroportuaires, dans lesquels ils ont, au cours des
années, accumulé une vaste expérience. Son
professionnalisme est garanti par la certification
de ses processus internes aux normes qualité et
environnement ISO 9000 et ISO 14000
Alpha-Airport sait ainsi comprendre les besoins
de ses clients, leur proposer les solutions les plus
adaptées, dans un souci d’efficacité et de performance, en intégrant, dès la conception, les
problématiques technique et financière d’exploitation et de maintenance. Habituée aux projets
clés en main, elle sait anticiper les contraintes
liées à la continuité de service d’installations devant être disponibles 24 heures sur 24.
Entreprise à taille humaine, ses ingénieurs
maintiennent une forte proximité avec leurs
clients, même après l’achèvement des projets, ce
Photo : DR
mobiles. Ses prestations englobent les études,
la fourniture et l’installation de produits et systèmes, la formation des personnels d’exploitation
et de maintenance et le transfert de compétence,
ainsi que la fourniture de pièces de rechange,
l’assistance et l’accompagnement à l’exploitation
des systèmes livrés.
Entreprise à taille humaine, ses
ingénieurs maintiennent une forte
proximité avec leurs clients, même
après l’achèvement des projets,
ce qui leur permet de réagir très
rapidement aux sollicitations de ces
derniers et d’intervenir en urgence
en cas de besoin.
qui leur permet de réagir très rapidement aux
sollicitations de ces derniers et d’intervenir en
urgence en cas de besoin.
Alpha-Airport exerce historiquement ses activités en Europe et se développe rapidement sur le
continent africain. Cela résulte du parcours professionnel de ses créateurs, dans lequel l’A frique
a joué un rôle important, et de la taille des aéroports de ce continent, pour la plus part dimensionnés pour moins de cinq millions de passagers par an et qui constituent le cœur de cible de
la société.
Présente au Magreb (Maroc, Algérie), en Afrique
subsaharienne (Sénégal, Mali, Niger, Tchad) et
tropicale (Bénin, Gabon), elle a participé à la
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Impact n°9 / Juin 2015 / 41
DOSSIER
Fort de cette réussite, Alpha-Airport s’est vu
confier par le ministère des Transports et Voies
de communication la construction de la nouvelle
aérogare internationale de Kinshasa Ndjili.
Ce bâtiment de 10.000 m², implanté à proximité immédiate de la «rotonde» appelée à devenir
l’aérogare nationale, bénéficie d’un concept innovant développé par Alpha-Airport dénommé
«aérogare modulaire». Constituée d’un bâtiment préfabriqué à charpente acier recouvert de
bardage métallique, répondant à l’ensemble des
normes d’isolation thermique, acoustique, sécurité incendie, climatisation et renouvellement
d’air propre aux établissements recevant du
public, cette aérogare répond aux recommandations IATA (Association des Compagnies Aériennes) en matière de sûreté et de qualité de service offertes aux passagers. Deux halls publics,
«Départ» et «Arrivée», séparés mais pouvant
communiquer, dotés de boutiques et de bars,
permettront aux passagers et accompagnants
de réserver ou modifier leurs billets d’avion, de se
restaurer et procéder à divers achats (téléphone,
banque, presse, produits locaux etc…).
Le hall d’enregistrement disposera de 16 comptoirs banalisés, plus un spécialisé pour les bagages hors gabarit qui seront affectés aux compagnies aériennes via un système appelé CUTE
(Commun Use Terminal Equipement) qui leur
permettra de se connecter au système informatique de leur siège et d’imprimer les cartes d’em42 / Impact n°9 / Juin 2015
Fort de cette réussite, AlphaAirport s’est vu confier par le
ministère des Transports et Voies de
communication la construction de la
nouvelle aérogare internationale de
Kinshasa Ndjili.
barquement et les étiquettes bagages.
Afin de faciliter leur passage et tranquilliser les
passagers, des systèmes de signalisation et téléaffichage permettront de les guider et de les
informer tout au long de leur parcours dans l’aérogare. En complément, un dispositif de sonorisation diffusera des annonces vocales générales
ou spécialisées par zones.
Le hall d’embarquement comportera quatre
portes d’embarquement par bus, permettant
de traiter jusqu’à quatre vols simultanément ou
deux par avion gros porteur type A 330.
Il sera doté de boutiques et commerces «Duty
free», d’un bar cafétéria et de zones informatiques permettant de travailler sur un ordinateur portable, ou de recharger un téléphone.
L’ensemble du terminal sera couvert en Wi-Fi
La salle d’arrivée comportera 12 comptoirs
«Police Immigration» et la salle «retrait bagages» sera dotée de deux carrousels, l’un pour
les avions gros porteurs (A 330 ), l’autre pour les
moyens porteurs (A 320).
Des chariots seront à la disposition des passagers
pour retirer leurs bagages. Deux salons VIP, l’un
à l’arrivée, l’autre au départ, permettront d’acwww.impact.cd
Photos : Congo Airways
mise en place d’équipements aéroportuaires,
allant d’aménagements complets d’aérogares
(Bamako, Cotonou) ou de systèmes de balisage
(Abidjan, Tanger, 15 systèmes de balisage mobile
à l’A SECNA ) à des installations plus modestes
sur plus d’une cinquantaine d’aéroports de cette
zone.
La Côte d’Ivoire lui a récemment confié l’aménagement complet de cinq aéroports à l’intérieur du
pays, qui seront desservis par Air Cote d’Ivoire.
Ce projet inclut l’alimentation en énergie de la
plateforme, la centrale électrique, le balisage, la
tour de contrôle et l’aménagement de l’aérogare.
Egalement présente en Afrique centrale (Congo
Brazzaville et République Démocratique du
Congo) depuis une dizaine d’années, ses activités dans la zone ont pris une nouvelle dimension à partir de 2012 avec le remplacement, en
urgence, des équipements aéroportuaires de la
«rotonde», aérogare internationale de Kinshasa,
dans le cadre du sommet de la francophonie.
Photos: DR
cueillir, dans des conditions très confortables, les
passagers des classes « Affaires » et « Premières »
ainsi que les officiels et autorités.
De vastes auvents permettront d’accéder au terminal, côté ville, et aux bus d’accès aux avions,
côté piste, en étant protégé des intempéries. Une
allée de liaison couverte permettra de relier le
nouveau terminal à la « rotonde ».
La sureté aéroportuaire répondra aux derniers
standards internationaux et aux recommandations IATA. L’aérogare sera équipée d’un système de détection d’explosifs pour les bagages
de soute, de machines à rayons X aux différents
points de contrôle, de portiques et de scanners
pour les bagages cabines aux postes d’inspection et filtrage. Un système de vidéo-surveillance
permettra de contrôler tous les points sensibles
de l’aérogare. Un dispositif de contrôle d’accès
limitera, zone par zone, la circulation dans le terminal aux seuls personnels autorisés.
L’alimentation normale en énergie du nouveau
terminal sera assurée via deux antennes SNEL,
sous une tension de 20.000 V, avec la possibilité
de basculer de l’une à l’autre.
Le secours de cette alimentation sera réalisé
au moyen de deux groupes électrogènes de 800
KVA. Les premiers vols d’essai ont été traités
dans le nouveau terminal fin mai et la mise en
service opérationnelle est prévue pour la fin
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du mois de juin 2015. Kinshasa disposera alors
d’une nouvelle aérogare internationale, moderne et fonctionnelle, entièrement conforme
aux standards internationaux, permettant d’accueillir les passagers dans de bonnes conditions
de sécurité et de confort et leur offrant toutes les
facilités qu’ils attendent lors de voyages internationaux.
Ce nouvel outil, au service du développement,
devrait permettre un accroissement significatif du trafic aérien de l’aéroport de Kinshasa et
l’ouverture de nouvelles liaisons. Il contribuera
à donner une image positive du pays aux voyageurs étrangers venus du monde entier.
Alpha-Airport tient à remercier la Régie des
Voies Aériennes, maître d’œuvre du projet et le
bureau STUDI International, maître d’œuvre délégué, pour l’assistance apportée tout au long du
déroulement du projet et la qualité des relations
établies entre les équipes.
Le dispositif
de contrôle
mis à la disposition de
la Direction générale
des migrations
Elle est fière de la confiance qui lui a été accordée
par le ministère des Transports et des Voies de
communication, et souhaite en être digne par la
qualité de l’ouvrage réalisé. Elle est heureuse de
contribuer ainsi, modestement, à la « révolution
de la modernité » voulue par le Gouvernement
congolais.
Alpha Airport
Impact n°9 / Juin 2015 / 43
DOSSIER
La sécurité des frontières
Lorsque contrôle rime
avec service public
uatre-vingt-dix ans après, voyager
au Congo n’est toujours pas une
sinécure malgré les évolutions
technologiques, et le vieil adage
militaire « le terrain commande ! »
s’applique tout aussi bien au domaine du transport des personnes et des biens, lorsqu’il constitue un défi permanent que les conditions climatiques ou encore les différents conflits rendent
encore bien plus difficile. Les réseaux routiers et
ferroviaires ne sont-ils toujours pas un immense
44 / Impact n°9 / Juin 2015
chantier ? Kinshasa n'est toujours pas accessible
par la route ou la voie ferrée depuis les autres
villes principales du pays que sont Mbuji-Mayi,
Lubumbashi, Kisangani, Kananga ou Goma.
Seule, la réhabilitation de la route de Matadi
vers le Bas-Congo constitue une maigre avancée. Alors, il reste le fleuve, les lacs et les cieux, et
qui dit « transports », dit aussi sécurité et sûreté
pour préserver toutes les chances d’un essor économique et social indispensable au pays.
La sécurité, qui consiste essentiellement à préwww.impact.cd
Photos : Stefano Toscano
Q
« Projet de jeunesse réalisé dans l’âge mûr, ce voyage au
Congo, je n’avais pas vingt ans que déjà je me promettais
de le faire, il y a trente-six ans de cela » André Gide (Voyage
au Congo, 1925).
venir les accidents (donc par définition involontaires) et la sûreté, qui consiste elle à prévenir les
actes volontaires (cambriolages, dégradations,
attentats etc...), trouvent alors toute leur signification, dans l’aide que peut assurer la coopération française, et que suit le service de sécurité
intérieure (SSI) de Kinshasa. Deux secteurs ont
plus particulièrement retenu son attention : les
domaines aérien et fluvial.
Au fil de l’eau, au cœur du Congo
« Mais on voyait particulièrement sur la carte un
fleuve, un grand fleuve puissant, qui ressemblait
à un immense serpent déroulé, la tête dans la
mer, le corps au repos, infléchi sur de vastes distances, la queue perdue au fond du pays. » Joseph
Conrad (Au cœur des ténèbres, 1899).
Sur le fleuve Congo bat le cœur de l’A frique, dans
ses remous c’est l’histoire et la mémoire de tout
un pays. De Matadi à Kisangani, c’est l’effervescence humaine, l’importance économique
et géopolitique de cet axe de communication
majeur. Dans un pays comme la République
Démocratique du Congo, où la construction et
l’entretien des routes terrestres sont souvent
coûteuses et dévastatrices pour notre environnement (déboisage, destruction de la faune et
de la flore…), le fleuve Congo est l’artère vitale du
pays : non seulement par la pêche et l’électricité
qu’il peut fournir, mais parce qu’il constitue une
voie de communication indispensable, plus rentable, plus abordable et plus écologique mais qui
draine aussi ses trafics, sa délinquance, ses clandestins, ses baleinières parfois surpeuplées et
surchargées qui chavirent et dont les drames ont
émaillé l’actualité en 2014 et au début de l’année
2015. Le développement et le progrès politique,
économique, et social d’un Etat sont toujours
conditionnés par l’ordre et la sécurité publics,
intérieurs et extérieurs. C’est pourquoi le peuple
congolais doit pouvoir compter sur une Police
des Frontières Républicaine, véritable service
public capable de gérer les inévitables manquements à la navigation et à la légalité comme elle
doit pouvoir compter sur son assistance et les
secours.
La coopération bilatérale entre la France et la
République Démocratique du Congo s’est donc
naturellement tournée sur une illustration opérationnelle en termes de renforcement des capacités de l’Etat de droit, pour améliorer dans le
respect de la légalité, la sécurité des personnes et
des biens, permettant à la police des Frontières
au sein de la Police nationale congolaise, dans sa
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mission de contrôle et de sécurisation de la navigation fluviale, dans sa lutte contre les trafics illicites transfrontaliers, mais aussi en portant aide
et assistance aux usagers du fleuve en difficultés,
de franchir une nouvelle et décisive étape.
Force doit rester à la loi, même sur l’eau…
Les gouvernements de la République Démocratique du Congo et de la France ont signé le 24
septembre 2011 une convention de coopération
bilatérale d’aide au développement connue sous
le sigle ALCOTT (Appui à la Lutte contre la Criminalité Organisée et les Trafics Transfrontaliers), dotée d’un financement global français de
600.000 euros du ministère des Affaires étrangères et du Développement international. Outre
un volet consacré à la police judiciaire, ce projet
consacrait 278.000 € à la création d’une unité
fluviale de la Police des frontières à Kinshasa.
Le commandant de police Patrick Gourgues,
du service de sécurité intérieure de l’ambassade
de France à Kinshasa, en a été le brillant maitre
d’œuvre.
Impact n°9 / Juin 2015 / 45
L’avenir fluvial
en route
Le gouvernement
congolais, après avoir
réhabilité le navire ITB
Kokolo qui opère entre
Kinshasa et Kisangani,
a lancé le chantier de
réhabilitation du bateau
Gungu pour les liaisons
fluviales dans les coins
les plus reculées du
Congo.
Une coopération
efficace
À travers le courage
et le remarquable
engagement des
hommes de la Police des
frontières de Kinshasa,
la coopération technique
entre la France et la RDC,
trouve une illustration
remarquable d’efficacité.
46 / Impact n°9 / Juin 2015
Fluctuat Nec Mergitur…de la Seine au
Congo !
C’est la brigade fluviale de la préfecture de Police
de Paris, dans la continuité de l’esprit qui anima
sa création il y a plus de 110 ans en 1900 à l’occasion de l’Exposition Universelle par le préfet
Louis Lépine, celle que l’on surnomme «la Fluv»,
fidèle à ses premières missions à savoir contribuer à la sécurité des voies navigables à Paris et
dans la Petite Couronne, qui fut pressentie pour
venir au Congo, et jouer un rôle majeur dans la
formation et l’équipement de l’EMI de Kinshasa.
Et sous la houlette de Patrick Gourgues, qui a
veillé patiemment au grain sur tous les détails,
les résultats sont là !
• Le 31 janvier 2014 au Beach N’Gobila de Kinshasa, l’ambassadeur de France, Luc Hallade, en présence notamment du ministre des Transports et
Voies de communication ainsi que du Commissaire général de la Police nationale congolaise,
Charles Bisengimana remettait aux membres
d’équipages leurs diplômes d’habilitation à la
navigation en qualité de matelot, pilote ou chef
de bord, sanctionnant leur succès aux formations et examens organisés par les experts de la
«Fluv». La Police des frontières se voyait remettre
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Photos : Stefano Toscano
leur nouveau territoire entre Maluku et les premiers rapides de Kinshasa. Le fleuve Congo, second fleuve au monde de par son débit, est un
géant puissant et dangereux, dont ils apprennent
chaque jour, avec respect, prudence et humilité,
à déjouer les pièges parfois mortels. Les locaux et
le ponton d’amarrage financés par La Police Nationale Congolaise ont constitué l’indispensable
contribution de la République Démocratique du
Congo et ont marqué son intérêt pour cette mission.
Trois années ont été nécessaires pour mettre
sur pied l’Escadron Motorisé d’Intervention
(EMI) de la Police des frontières pour disposer
enfin de tous les outils, des embarcations aux
motorisations, des matériels de maintenance à
la logistique de transport, des équipements (sondeurs, radar, gyrophares, projecteurs, appareils
de vision nocturne) aux formations dispensées
dont les habilitations à la navigation de nuit et au
secourisme : deux bateaux entièrement équipés
et motorisés ont été acquis, l’un de patrouille à
coque rigide, et le second, dit d’intervention,
semi-rigide. 20 membres d’équipages, diplômés
comme matelots, pilotes ou chefs de bord, ont
été formés à la navigation, à l’entretien des bateaux, ainsi qu’aux missions d’interventions de
police fluviale, ou encore au secourisme en milieu aquatique par la coopération française. Il
leur a fallu découvrir et apprendre à connaître
DOSSIER
enfin son premier bateau de patrouille, baptisé
«Bonobo», une embarcation Yamaha W23SF de
7,50m de long, équipée d’une motorisation de 85
cv, qui pouvait désormais être amarrée au tout
nouveau ponton installé sur une portion de quai
concédé par la SCTP face aux locaux du groupement de la Police des frontières de Kinshasa,
situé à proximité immédiate du Beach N’Gobila.
• Le 12 juin 2014, l’unité fluviale recevait un
deuxième bateau, d’intervention rapide, baptisé cette fois-ci « Okapi », embarcation à coque
semi-rigide de marque Zodiac Milpro 650 SRR
équipée d’une double motorisation de 170 CV.
À cette occasion, on notait la présence du commandant de la brigade fluviale de Paris, Sandrine Berjot, spécialement venue de France pour
saluer cet événement et féliciter le remarquable
travail accompli par ses hommes et femmes qui,
en quittant les berges de la Seine, se sont adaptés
à celles du grand fleuve africain sans esprit de
recul.
• Le 22 avril 2015, c’est la clôture définitive du
volet Police des frontières de notre coopération
bilatérale développée par le projet ALCOTT. À
cette occasion, outre la remise de nouveaux matériels, l’unité fluviale a été habilitée à patrouiller
la nuit sur le fleuve Congo, à l’issue de la 11ème et
dernière mission de formation des experts de la
brigade fluviale de Paris. La veille, en plein exercice nocturne, l’Escadron motorisé d’intervention avait déjà intercepté des contrebandiers et
migrants clandestins traversant illégalement le
fleuve à la faveur de la nuit, stupéfaits de rencontrer une patrouille nautique les arraisonnant au
gyrophare, équipée d’infrarouges, parfaitement
mobile dans l’obscurité, et en souplesse. La nouvelle s’est vite répandue sur le fleuve Congo...et
sans nul doute, jusque sous les ponts de Paris !
Enfin, au-delà des différentes patrouilles et interventions dans le cadre de la réglementation
fluviale et des surveillances des trafics transfrontaliers, qui constituent désormais le quotidien de l’Escadron motorisé d’intervention, son
équipage s’est particulièrement distingué le 9 décembre 2014, en portant secours à 47 personnes
en perdition sur le fleuve à la suite d’une violente
tempête qui avait entraîné le naufrage de sept
embarcations. À travers le courage et le remarquable engagement des hommes de la Police des
frontières de Kinshasa, la coopération technique
entre la France et la République Démocratique
du Congo, trouve là une illustration remarquable
d’efficacité. Car l’unité fluviale de Kinshasa, plus
que toute autre unité, se doit d’être l’élite de la
www.impact.cd
Des détails qui
comptent
Rien n'est laissé
au hasard dans
l'observation d'un
document officiel.
La qualité des faux
documents nécessite
un savoir-faire
professionnel pour les
détecter.
Police des frontières, celle qui reste concentrée
sur ses missions et ses qualités premières : professionnalisme et adaptabilité, calme et réactivité, rapidité d’intervention et sang-froid. Savoir
agir pour mieux maitriser et s’imposer.
L’avenir fluvial est en route ! Le gouvernement
congolais, après avoir réhabilité le navire ITB
Kokolo entre Kinshasa et Kisangani, a lancé
le chantier de réhabilitation du bateau Gungu
pour les liaisons fluviales dans les coins les plus
reculées du Congo profond, puisque ce dernier
sera mis sur la rivière Kasaï pour désengorger
cette partie de la République longtemps sans
engins flottants. Le désenclavement des riverains, le ravitaillement des populations urbaines
en produits agro-pastoraux frais, la relance du
tourisme ainsi que la transformation des potentialités de la biodiversité du fleuve en opportunités économiques, le futur barrage d’Inga III
ou encore les approches maritimes de Matadi à
Moanda, ou même la navigation à l’Est du pays
dans la région des Grands Lacs, sont autant
d’opportunités pour la coopération française de
poursuivre son œuvre de sécurisation des personnes et des biens, et de participer lentement
mais sûrement à cet essor économique et social
indispensable et prometteur au Congo.
Les cieux sont grands
Un formidable potentiel
Le pays dispose d’environ 270 aéroports et aérodromes dont la gestion est assurée tantôt par la
Régie des Voies Aériennes (RVA), ou la Direction
de l’Aviation Civile (DAC) ou enfin par le secteur
Impact n°9 / Juin 2015 / 47
DOSSIER
Chasse aux fraudeurs
Formation à la lutte
contre la fraude
documentaire.
défense du ministère des Affaires étrangères et
du Développement international et par la Cellule
Régionale d’Assistance à la Sûreté de l’Aviation
Civile (CRASAC) de Dakar, cet ambitieux projet
régional a reçu l’adhésion des agences des aviations civiles des vingt États africains partenaires
et le soutien de plusieurs bailleurs et organisations internationales (Organisation de l’Aviation
Civile Internationale, Union Economique et Monétaire Ouest Africaine, Office International des
Migrations, Banque Mondiale, etc.).
D’une durée de trois ans, doté d'un million d’euros sur financement du gouvernement français,
ce projet a renforcé les capacités des Etats africains en matière de sûreté de l’aviation civile,
de lutter contre le terrorisme, le trafic international de stupéfiants, l’immigration clandestine
et le trafic des êtres humains. S’agissant de la
République Démocratique du Congo, il est venu
surtout compléter, de façon très opportune, le
dispositif de coopération menée depuis dix ans
par nos experts techniques internationaux successifs et leurs programmes de formations des
personnels tant dans le domaine de la pédagogie
que dans celui de la sûreté aéroportuaire : ainsi,
Photo : Nino P.
privé. Sur les 270 plateformes aéroportuaires, 101
sont ouvertes à la circulation publique, 164 sont
privées et cinq relèvent du domaine militaire. La
RDC avec ses 70 millions d’habitants, ses cinq
aéroports internationaux, sa cinquantaine d’aéroports nationaux et sa multitude d’aéroports
secondaires, possède des atouts incontestables
dans le développement du secteur des transports
aériens. Bien que sa position géostratégique, au
centre du continent africain, en fasse un carrefour naturel, la République Démocratique du
Congo ne dispose pas encore d’une entreprise
capable de rivaliser avec les autres compagnies
africaines ou européennes, et le transport aérien
congolais, encore cher, restait peu sûr à cause de
la qualité de la flotte qui assure le transport inter
et intra provincial, qui jusqu’au 30 juillet 2014 figurait encore sur la liste noire de l’Agence Internationale de Sécurité Aérienne. Le rôle de l'Etat
devient alors déterminant dans la sécurité et la
sûreté car il va consister à définir les normes puis
à vérifier que leur application assure un niveau
de sécurité plancher propre à protéger le mieux
possible les passagers et les tiers à la surface.
Il s'agira de concilier trois données fondamentales, entre ce qui est techniquement possible,
humainement souhaitable et économiquement
acceptable. La coopération française entre alors
en jeu pour permettre à l'Etat congolais d'exercer des actions d'information, de surveillance et
de contrôle auprès des entreprises assurant les
services aériens et de relever les défis liés à la sécurité aérienne. Ainsi, le service de sécurité intérieure (SSI) de l’ambassade de France, avec l’aide
de son conseiller sûreté immigration en poste à
Kinshasa, le brigadier-chef de police Claude Belasco, s’inscrit dans cette démarche, permettant
notamment aux forces de sécurité intérieure de
bénéficier d’un programme régional d’Appui à
la Sûreté de l’Aviation Civile en Afrique (ASACA)
visant au relèvement du niveau de sécurité aéroportuaire. Corrélativement, la lutte contre la
fraude documentaire constitue le second volet
important de cette coopération aux incidences
sécuritaires multiples.
48 / Impact n°9 / Juin 2015
Photos : Stefano Toscano
Une coopération modeste mais active
Le programme ASACA, dont a bénéficié la République Démocratique du Congo, a démarré
en 2011 et s’est achevé au mois de septembre
2014 dernier à Lomé (Togo), où s’est déroulée
une formation régionale « négociation d’otages
– niveau 2 ». Mis en œuvre conjointement par
la Direction de la coopération de sécurité et de
www.impact.cd
L’avenir ? La nouvelle aérogare de N’djili
C’est en fait une aérogare provisoire qui va
constituer le lancement d’un grand chantier de
réfection d’une partie des bâtiments actuels et
la construction de plusieurs extensions aux fins
d’obtenir un aéroport moderne respectant les
normes internationales. Cette nouvelle aérogare
provisoire de l’aéroport de N’Djili, opérationnelle
en juin 2015, devrait être inaugurée concomitamment avec le lancement de la nouvelle compagnie aérienne nationale congolaise «Congo
Airways» en partenariat avec Air France Consulting. Là aussi, la coopération française en mawww.impact.cd
LOGIX
À l’aide de ce logiciel
informatique, utilisé
depuis plusieurs années
en France pour évaluer
et certifier les agents
de sociétés privées qui
œuvrent sur les plates
formes aéroportuaires,
nous avons pu former
les agents désignés à
l’inspection des bagages
de cabine (IFBC) et de
soute (IFBS) et surtout
les juger aptes à opérer
sur les postes inspection
filtrage (PIF).
tière de sûreté a déjà anticipé la manœuvre. L’aérogare devant être équipée d’appareils de sûreté
conformes aux plus hauts standards de l’OACI
en juin 2014, en partenariat avec la société Elumedia dont le siège se trouve à Toulouse, la Cellule Régionale d’Assistance à la Sûreté de l’Aviation Civile à Dakar (CRASAC) et le Service de
sécurité intérieure près l’ambassade de France à
Kinshasa, ont procédé au déploiement de matériel d’entraînement et de suivi des opérateurs en
« Imagerie Radioscopique ». À l’aide d’un logiciel
informatique répondant au nom de « LOGYX »,
utilisé depuis plusieurs années en France pour
évaluer et certifier les agents de sociétés privées
qui œuvrent sur nos plates-formes aéroportuaires, nous avons pu former les agents désignés
à l’inspection des bagages de cabine (IFBC) et de
soute (IFBS) et surtout les juger aptes à opérer
sur les postes inspection filtrage (PIF). Désormais à la libre disposition de l’Etat congolais,
«LOGYX » lui permet de certifier les agents qui
ont atteint les objectifs de cette formation exigée
au niveau international par l’OACI.
Pierre Gazan
Photo : Nino P.
ASACA a non seulement permis de créer un vivier d'instructeurs locaux capables de maintenir
sur place un niveau adapté de compétence des
personnels, mais il a permis à l’Etat congolais
à se doter des textes exigés par les conventions
internationales en matière de sûreté aéroportuaire, et de développer une culture de supervision de la qualité de la sûreté en application des
mesures prescrites par l’OACI.
De fait, la République Démocratique du Congo,
en signant, le 26 avril 2011, le protocole d’accord
sur les formations concernant le renforcement
des mesures en matière de sûreté aéroportuaire,
a permis à un peu plus de 200 stagiaires de la
capitale et de plusieurs provinces, issus de la
Régie des voies aériennes, de l’Autorité de l’aviation civile, de compagnies aériennes nationales
et internationales, de la Direction générale des
migrations et de sociétés privées assurant le
handling ou la sûreté de ces compagnies, de se
familiariser à la rédaction spécifique des textes
propres à la réglementation aérienne, à la gestion
de crise, à la sûreté du fret, au rôle de superviseur
de la sûreté, ou encore à la négociations d’otages.
En complément, notre conseiller sûreté immigration a dispensé des formations sur le thème
de la lutte contre la fraude documentaire avec
pour objectif d’apporter aux stagiaires congolais, aux agents consulaires et aux compagnies
aériennes des bases solides et des connaissances
suffisantes leur permettant d’analyser un document de voyage et de détecter les « faux » : des
ateliers de travaux pratiques en groupe ont été
mis en place avec apprentissage d’une méthodologie d’analyse d’un document et recherche
d’une éventuelle fraude. Des séances sur le «profiling» ont été dispensées afin d’aborder la reconnaissance faciale permettant de déceler les éventuels imposteurs ou utilisateurs de document
appartenant à autrui.
Impact n°9 / Juin 2015 / 49
DOSSIER
THALES
Dans un monde de plus en plus mobile, interconnecté
et interdépendant, Thales aide à choisir la meilleure
option et à agir en conséquence. L’expertise de
ses collaborateurs, sa puissance technologique et
sa présence opérationnelle dans 56 pays font de
lui un acteur clé de la sécurité des citoyens, des
infrastructures et des Etats.
50 / Impact n°9 / Juin 2015
www.impact.cd
Photos : Thales
L’intelligence collective
pour un monde plus sûr
T
hales et son partenaire local
PERFECT ont remporté l’appel d’offres CNS ATM Phase 1,
contrat financé par la Banque Mondiale pour la
RVA (Régie des Voies Aériennes) et la CEPTM
(Cellule d’Exécution du Projet de Transport Multimodal). Ce contrat, entré en vigueur en mai
2013, porte sur la livraison et l’installation :
• d’un centre de contrôle en route et d’approche
à Kinshasa, dans le CCR (Centre de Contrôle régional) et la nouvelle tour de contrôle de l’aéroport de N’Djili ;
• d’un simulateur du centre de contrôle destiné à
la formation des contrôleurs ;
• de cinq stations ADS-B. Elles seront installées
sur les sites de Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani, Ilebo et M’Bandaka, et permettront de
couvrir les principales routes aériennes qui traversent la RDC.
Ces «équipements Thales» permettront à la RDC
d’être dotée, pour la première fois, de moyens
automatisés de surveillance aérienne et d’être
au même niveau que les pays frontaliers. De
plus, le système Thales TopSky-ATC, livré à la
RVA dans le cadre de ce projet, est un système
reconnu et déployé depuis plus de 10 ans avec
de nombreuses références à travers le monde et
en particulier en Afrique. Les principales FIRs
adjacentes à celle de la République Démocratique du Congo sont déjà équipées de systèmes
Thales TopSky - ATC : ASECNA, Congo Brazzaville, Soudan, Angola, Namibie, Zambie et
Afrique du Sud. L’utilisation de TopSky-ATC
sera donc, pour la RVA, la garantie de disposer
d’un système totalement compatible avec les
systèmes voisins et ainsi de répondre, de la manière la plus sûre, aux exigences internationales
en termes de sûreté de l’espace aérien au niveau
régional. La réception sur site des équipements
du centre de contrôle de Kinshasa à N’Djili s’est
parfaitement déroulée du 27 au 30 avril 2015, en
présence des équipes de la CEPTM et de la RVA.
Les équipements restants seront installés dans
les meilleurs délais en 2015.
L’inauguration officielle du centre ATC, ainsi que
le passage au stade opérationnel de la nouvelle
tour et du centre de contrôle aérien de Kinshasa
N’Djili, se feront prochainement.
Le Marché CNS ATM Phase 2, pour la fourniture
de 11 stations ADS-B supplémentaires et de deux
www.impact.cd
Thales est un leader mondial des
hautes technologies pour les marchés
de l’Aérospatial, du Transport, de la
Défense et de la Sécurité.
centres de contrôle déportés (à Lubumbashi et
Kisangani) ainsi que tous les moyens de communications associés (réseau de radio HF, VHF
et VSAT), financé par la BAD (Banque Africaine
de Développement), a été gagné par Groupement Thales (France) – AERONAV (Canada) PERFECT (RDC) et attribué fin novembre 2014.
Ce contrat fournira à la RVA une couverture en
route ADS-B complète de l’espace aérien de la
RDC. Thales est aussi fournisseur de Navaids
(équipements d’aide à la navigation aérienne :
VOR, ILS, DME, etc) pour différents aéroports en
RDC et a, notamment, remporté l’appel d’offres
pour l’installation du nouvel ILS pour Kinshasa
en avril 2013.
Thales est un leader mondial des hautes technologies pour les marchés de l’aérospatiale, du
transport, de la défense et de la sécurité. Fort
de 61.000 collaborateurs dans 56 pays, Thales
a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 13 milliards d’euros. Avec plus de 20.000 ingénieurs
et chercheurs, Thales offre une capacité unique
pour créer et déployer des équipements, des systèmes et des services pour répondre aux besoins
de sécurité les plus complexes. Son implantation
internationale exceptionnelle lui permet d’agir
au plus près de ses clients partout dans le monde.
Thales
Impact n°9 / Juin 2015 / 51
DOSSIER
SYSTRA
La confiance transporte
le monde...
D
ans le cadre de son activité en
Afrique, SYSTRA aide les Etats dans la construction de nouvelles lignes ferroviaires (comme en
Ethiopie, au Sénégal ou au Maroc) mais accompagne également les exploitants ferroviaires
dans l’entretien et l’optimisation de leurs ré52 / Impact n°9 / Juin 2015
seaux existants (Cameroun, Cote d’Ivoire, etc…).
Au Gabon, le Transgabonais, ligne ferroviaire
mythique de l’A frique centrale, est l’objet d’un
vaste programme de réhabilitation de ses ouvrages d’art depuis 2010. Construits entre 1974
et 1986, les ponts âgés de plus de trente ans ont
besoin d’être réparés et entretenus afin de pouvoir continuer à exploiter la ligne de chemin de
fer dans de bonnes conditions.
La SETRAG (Societe d’Exploitation du TransGawww.impact.cd
Photos : Systra
Le Groupe SYSTRA est une ingénierie, filiale des deux
géants français du transport public : SNCF et RATP. Grâce à
cet héritage incomparable, il est devenu le leader mondial
des infrastructures de transport public.
SYSTRA intervient sur l’ensemble
des cycles d’un projet d’ingénierie.
Pour cela, nous avons besoin de
recruter tous types de fonctions et
d’expérience...
bonais), qui est l’exploitant de la ligne, a confié la
réalisation d’un audit à SYSTRA en 2008 dans
le but de faire un état des lieux de ses ouvrages
d’art. Cet audit a mis en évidence un certain
nombre de travaux à réaliser pour la réparation
et l’entretien des ouvrages. L’Etat gabonais et la
SETRAG ont donc mis en place un programme
de réhabilitation de 17 milliards de francs CFA,
étalé sur trois ans et financé par l’Etat gabonais.
Les travaux sont multiples : changements d’appareils d’appuis, confortement de fondations et
de piles, traitement de fissures dues à l’alcali-réaction par injection ou chemisage, réalisations
d’enrochements et remises en peinture des ouvrages métalliques.
phase amont jusqu’en phase d’exécution, le visa
d’études, le montage de dossier de consultation
d’entreprise, l’assistance à maîtrise d’ouvrage ou
le suivi de travaux sur site.
Depuis 2005, SYSTRA est intervenu pour différents travaux, comme le changement des appareils d’appui du pont Ogooué 1 (qui s’étaient brisés) puis ceux des ponts Como, Offoué et Abanga
2, ou encore les réparations de piles et fondations
gravement touchées par le phénomène d’alcali réaction (RAG) sur les ponts Ogooué 1 puis
Machoca.
À la suite de ces missions, la SETRAG a sollicité
SYSTRA pour les travaux de changement des
appareils d’appui de 19 ponts et la protection
du pont Ogooué 3/4 touché par la réaction alcali-granulat (RAG). D’autres études ont été également confiées à SYSTRA.
En qualité d’assistant technique, SYSTRA est
intervenu et a conseillé l’exploitant ferroviaire
gabonais sur une grande partie des travaux réalisés sur ses ouvrages d’art depuis 2005, que ce
soit pour la réalisation d’expertises, d’études en
www.impact.cd
Impact n°9 / Juin 2015 / 53
DOSSIER
Changement des appareils d’appui
En septembre 2012, une nouvelle mission ayant
pour but, de faire le visa des études et le suivi
du chantier du changement des appareils d’appui sur 19 ouvrages d’art a démarré. 156 appuis
néoprènes et 20 appareils d’appui à pot ont étés
posés en remplacement de néoprènes, d’appuis à
balancier et d’appuis à rouleau. Le chantier était
divisé en cinq lots répartis entre trois entreprises
(Colas, Sobea et Cgte) et il a duré environ un an.
Ces appareils devaient être remplacés en garantissant le repositionnement exact des tabliers.
Une modification du réglage des appareils
d’appui aurait eu un impact non acceptable sur
la voie et la circulation des trains. La planéité,
l’horizontalité et le parallélisme des faces en
contact avec les appareils d’appui étaient également à garantir pour leur bon fonctionnement.
La planéité est nécessaire pour assurer l’uniformité du chargement, la non-horizontalité et le
défaut de parallélisme peuvent entraîner des
déformations et des déplacements inacceptables
dans le temps. Les moyens mis en œuvre pour
le vérinage des tabliers étaient assez simples en
raison des petits espaces de travail. Une équipe
réduite composée de quelques techniciens et
manœuvres, un matériel limité à un jeu de vérins
raccordé à une pompe hydraulique et à des manomètres de contrôle, une série d’outils de mesure, un groupe électrogène, des nacelles d’accès
et pour les appareils d’appui à pot, un poste à
souder, un chalumeau et des tire-fort.
En parallèle à ces remplacements, des travaux de
protection d’un ouvrage touché par une maladie
du béton, se sont déroulés.
54 / Impact n°9 / Juin 2015
Ce chantier fut conditionné par la crue du fleuve
Ogooué, car l’accès au pied des piles était nécessaire. Ainsi le travail n’était possible que durant
l’étiage à la saison sèche, de juillet à mi-septembre. Pour allonger cette période l’entreprise
a construit un batardeau destiné à fermer un
des deux bras du fleuve. L’amplitude de la crue
étant importante et rapide, ce batardeau n’a
permis que de retarder la fin des travaux de
deux semaines. Le projet consistait donc à créer
différentes couches d’étanchéité pour freiner
l’avancement de la réaction et ainsi prolonger la
durée de vie de l’ouvrage, les étapes étaient les
suivantes :
• repiquage des fissures ;
• rebouchage des saignés précédemment ouwww.impact.cd
Photos : Systra
SYSTRA DANS LE
MONDE...
SYSTRA a des
références dans plus
de 150 pays et 350
villes et gère près
de 3 500 contrats
avec des clients
fidèles depuis de
nombreuses années.
Protection du pont Ogooué 3/4
Le pont Ogooué 3/4 qui franchi le fleuve Ogooué,
est touché par le phénomène d’alcali-réaction
qui est une réaction chimique qui a pour conséquence de faire fissurer le béton. Pour protéger
cet ouvrage, une solution de chemisage en béton
armée a été choisie dans le but de stopper l’avancement de la réaction en empêchant les arrivées
d’eau qui sont nécessaires à la réaction.
SYSTRA rassemble une grande
richesse de projets majeurs en
matière de lignes à grande vitesse,
de métro, tramway, transport par
câble, conception de gares, d’ouvrages
souterrains ou aériens. Nous gérons
3 500 contrats et sommes présents
dans plus de 150 pays.
SYSTRA a déjà travaillé, par le passé, sur des
sujets similaires en Afrique. Les réseaux ferrés
africains sont vieillissants et ils nécessitent des
opérations de maintenance. Ces opérations devront être menées et suivies par des professionnels maîtrisant les contraintes ferroviaires.
SYSTRA
vertes avec un mortier étanche puis injection
des fissures à basse pression avec un coulis en
mortier de résine très liquide ;
• pose d’un enduit étanche sur toute la hauteur
du fût ;
• chemisage en béton armé de quinze centimètres d’épaisseur sur toute la hauteur des fûts.
Une ingénierie française au service d’un
réseau ferré
Aujourd’hui l’Etat gabonais et la SETRAG font
confiance à SYSTRA pour les accompagner dans
leur projet de restauration des ouvrages d’art du
Transgabonais, aussi bien en assistance à maîtrise d’œuvre qu’en tant que prestataire d’ingénierie ou simplement de conseil. Les différents
travaux d’entretien et de réparation tels que :
changements d’appareils d’appui, protection
d’ouvrages touchés par la réaction alcali-granulat, ou même d’autres études qui ont été réalisées
pour la SETRAG comme des enrochements ou
études de solutions de stabilisation des plateformes, illustrent le savoir-faire technique de
SYSTRA appliqué à des chantiers en Afrique.
SYSTRA intervient également auprès de la SETRAG, dans le domaine de la signalisation, du
matériel roulant, de l’exploitation, et plus récemment sur des problématiques de passages à
niveau.
www.impact.cd
Impact n°9 / Juin 2015 / 55
Photo : CFAO Motors RDC
DOSSIER
Prévention routière
La sécurité est
l'affaire de tous
Paulo Fernandes
Délégue général CFAO
Motors RDC
Lutter contre l'insécurité routière est devenu un enjeu
dans le monde et particulièrement en Afrique où le parc
automobile connaît une forte croissance.
L
'ONU en a fait une de ses priorités, déclarant la période 2011-2020 «Décennie d'action
pour la sécurité routière». L'objectif ? Alerter et
sensibiliser les automobilistes afin de diminuer
le nombre de victimes de la violence routière.
Le groupe CFAO s'implique, depuis de nombreuses années, faisant de la prévention routière
56 / Impact n°9 / Juin 2015
un des axes prioritaires de sa politique RSE.
Ces multiples actions à travers plusieurs pays
d'A frique ont permis de sensibiliser nos collaborateurs, nos clients qu'ils soient acheteurs de véhicules, de camions ou de deux-roues, mais aussi
les écoliers car nous pensons que la prévention a
des meilleurs résultats si on sensibilise le public
dès le plus jeune âge.
L'accroissement du parc automobile en RDC,
et plus particulièrement à Kinshasa, le nombre
www.impact.cd
Photo : DR
dans la lutte contre l'insécurité routière.
Nous encourageons toutes les sociétés, organismes et particuliers à promouvoir ce type
d'action car nous sommes tous concernés par la
sécurité routière qui concerne nos collègues, nos
amis, nos familles.
Il nous semblait naturel de donner la parole au
Président de la CNPR, Willy Vale Manga qui a
accepté de répondre à nos questions.
Photo : Gédéon Mukendi
important de conducteurs non aguerris aux
bons réflexes de la route, l'explosion des importations de véhicules avec le volant à droite, nous
interpelle en tant que Distributeur automobile citoyen et engagé contre ce fléau qui tue en
moyenne une trentaine des personnes par mois
et cause de nombreux dégâts matériels.
Du fait de l'amélioration des routes, nous devons
passer à une étape cruciale : la sensibilisation des
automobilistes à la sécurité routière.
Pour ce faire, CFAO Motors RDC, en partenariat
avec la Commission Nationale de la Prévention
Routière (CNPR), vont lancer très prochainement une campagne de sensibilisation des différents acteurs de la route (auto, deux roues) sur
les «bons réflexes» et visant à vulgariser le code
de la route.
Ce programme consistera à mener des actions
ciblées (distribution de flyers, projection de
supports visuels et éducatifs par la CNPR) sur
des grands axes de la ville de Kinshasa dans un
premier temps. D'autres actions devraient suivre
dans d'autres villes.
Ce module de formation s'articule autour de
trois grands thèmes :
- côté conducteur : préalables à la conduite ;
- sur la route : comportement routier ;
- côté véhicule : entretien et équipements de sécurité.
Par ce geste, CFAO Motors RDC veut marquer
son engagement et montrer son implication
www.impact.cd
Impact n°9 / Juin 2015 / 57
Impact : qu’est ce que la CNPR et quels
sont ses objectifs ?
Willy Vale Manga : La Commission Nationale
de Prévention Routière (CNPR) a été créée par
ordonnance présidentielle du 26 décembre 1978.
C’est un service spécialisé et technique du ministère des Transports et Voies de communication
qui a pour but l’application du code de la route
sur le terrain. Elle propose au gouvernement de
la RDC la politique générale dans le domaine de
la prévention routière :
- elle coordonne toute les études et actions sectorielles pour une meilleure sécurité sur l’ensemble
du réseau routier national ;
- elle lutte contre les accidents de circulation
routière et s’occupe de la sauvegarde des vies humaines sur la voie publique congolaise ;
- elle est en charge de l’implantation de la signalisation routière tant verticale, horizontale que
lumineuse en milieu Urbain comme en rase
campagne sur l’ensemble du réseau routier long
de 152.000km que dispose la RDC ;
- elle mène entre autres les campagnes de sensibilisation du code de la route.
Quelles sont les actions menées à ce jour
et qui sont vos différents partenaires ?
La CNPR totalise 37 ans d’existence, et c’est l’un
des services qui atteint la maturité et l’expérience dans le domaine de la prévention et de la
sécurité routière. Durant toute cette période, elle
a réalisé plusieurs actions pour accompagner
d’une part le gouvernement de la République
et d’autre part les usagers de la route pour une
meilleure circulation ;
À titre d'exemple :
- la vulgarisation du code de la route sur l’ensemble du territoire national grâce à la distribution de plusieurs supports (brochures,etc...)
pour atteindre toute la population utilisatrice de
la route ;
- l’éducation routière en milieu scolaire pour lutter contre les accidents dans le milieu des jeunes ;
- l’implantation de plus ou moins 13.000 pan58 / Impact n°9 / Juin 2015
Willy Vale Manga
Président de la CNPR
neaux routiers avec la signalisation verticale, le
traçage de marquage au sol ;
- la formation dans les autos et motos écoles pour
avoir des conducteurs respectant le code de la
route avec des bonnes pratiques de conduite ;
Comme partenaires on peut citer : l’OCC, Sonas,
APVCO, ACCO, Office des routes, OVD, DVDA,
Handicap International, Croix Rouge et très prochainement CFAO Motors RDC.
Quelles sont les difficultés rencontrées
lors de la mise en œuvre de vos actions ?
Elles sont au nombre de quatre :
- le manque de financement, car il n’ya pas de sécurité routière sans financement ;
- l'absence d’équipements modernes adéquats ;
- le défaut d'industrie locale pour la création des
panneaux routier ;
- l'inexistence d’une banque de données statistiques.
Quel est votre avis sur l’explosion des
importations des véhicules avec volant à
droite ?
Un avis négatif quant à ce phénomène qui n’est
pas conforme aux lois de la RDC. Ce phénomène
fait augmenter le taux d’accidents de circulation
sur l’ensemble du territoire national. Ces importations doivent être stoppées au profit des véhicules à volant à gauche pour ainsi respecter le
code de la route en RDC, pays francophone dont
la circulation autorisée est à gauche avec volant
à gauche et dont la lecture des panneaux se fait à
droite suivant le sens de la circulation.
Que pensez-vous de l’initiative de CFAO
Motors RDC sur la sensibilisation de la
prévention routière ?
Une excellente initiative de CFAO MOTORS
pour appuyer en cette décennie décrétée par
l'ONU «les actions de sécurité routière 20112020» en RDC à travers la CNPR et le ministère
des Transports.
Propos recueillis par PF
Photo : CNPR
Photos : Gédéon Mukendi
DOSSIER
www.impact.cd
www.impact.cd
Impact n°9 / Juin 2015 / 59
DOSSIER
BOLLORÉ AFRICA LOGISTICS
Spécialiste dans les
métiers du transport et
de la logistique en RDC
B
60 / Impact n°9 / Juin 2015
olloré Africa Logistics RDC a
pour vocation de chercher à
bâtir des solutions multimodales sur mesure, répondant
à toutes les exigences de ses
clients.
Spécialiste en transports de surface comme aériens ou fluviaux, Bolloré Africa Logistics RDC
recherche, en propre ou à travers des partenariats avec des opérateurs–pilotes du secteur, la
meilleure réponse pour ses clients, tout en leur
proposant des solutions alternatives et inédites,
le cas échéant, à la hauteur des défis que peut
www.impact.cd
Photos : Bolloré Africa Logistics
Acteur de son désenclavement , Bolloré Africa Logistics RDC
s’inscrit comme un partenaire de choix en RDC dans le domaine
si particulier que représentent le transport et la logistique dans
un pays aux potentialités colossales mais aux nombreux défis,
en termes d’infrastructures et d’accessibilité de certaines zones,
proportionnels à la taille du pays.
Spécialisé dans la logistique de projets
industriels, Bolloré Africa Logistics a su
tisser dans ce grand pays qu’est la RDC
un vaste maillage.
représenter la logistique dans un pays-continent
comme la République Démocratique du Congo.
Fort de son réseau d’agences et de la qualité
d’implication de ses équipes sur le terrain, Bolloré RDC est en mesure d’assurer un transport
fiable et organisé sur le territoire congolais et
vers les pays de la région via ses corridors vers
l’A frique de l’Est et l’A frique Australe ainsi que
sur la partie Ouest, comme à Lufu (frontière avec
l’A ngola), nouvellement exploité pour satisfaire
l’approvisionnement de nos clients.
Spécialisé dans la logistique de projets industriels, Bolloré Africa Logistics a su tisser dans ce
grand pays un vaste maillage. Notre société propose des solutions logistiques globales et sur mesure pour les différents projets, tout en assurant
l’accompagnement de ses clients durant toutes
les étapes, quel que soit le secteur d’activité. C’est
ainsi que les grands groupes de l’industrie brassicole et cimentière ont pu profiter de notre expertise ces dernières années.
Bolloré Africa Logistics RDC s’est également
spécialisé dans le transport et la gestion des colis
lourds (hors gabarit). En effet, notre société est
capable d’anticiper sur les difficultés soulevées
par le transport des colis HG grâce à une équipe
dédiée, un équipement spécialisé et une reconnaissance professionnelle et préalable du trajet
(road survey) afin d’assurer une livraison et un
déchargement sur site en toute sécurité. Bollore
RDC a accompagné plusieurs sous-traitants
SNEL dans la livraison des transformateurs sur
le site d’INGA grâce à des équipements spécifiques pour ce genre de transport tels que remorque 12 lignes , porte-chars , tracteurs …
Un autre axe de développement se situe dans le
domaine de l’entreposage à valeur ajoutée qui
offre un large éventail de services logistiques,
allant du stockage de marchandises générales
aux solutions de pointe pour la chaîne logistique:
équipement spécialisé de manutention, gestion
spécialisée des entrepôts, entreposage sécurisé (vidéosurveillance, gardiennage), gestion
www.impact.cd
des stocks, service à valeur ajoutée (étiquetage,
ré-emballage, co-emballage), préparation des
commandes, etc. Notre expérience, dans le domaine, est reconnue par la plupart des équipementiers et opérateurs du secteur TELECOMS
ainsi que dans le secteur de la distribution et
biens de consommation.
Doté également d’entrepôts pharmaceutiques,
Bolloré Africa Logistics RDC assure et respecte
la chaîne du froid, ce qui fait de cette entreprise
un partenaire privilégié des certains ministères
et des organismes internationaux.
Bolloré RDC
accompagne plusieurs
sous-traitants SNEL
dans la livraison des
transformateurs sur
le site d’INGA grâce
à des équipements
spécifiques pour ce
genre de transport
tels que remorque 12
lignes, porte-chars,
tracteurs, etc.
Nous ne serions pas complets si nous ne mentionnions pas qu’avec un réseau de 24 agences
dans le pays et une présence aux principaux
points d’entrée maritimes et aériens, Bolloré
RDC propose ses services habituels d’agence
maritime, de commissions de transport, de transit et dédouanement, ainsi que, pour ce qui est
du fret aérien, les services connexes de représentation des lignes aériennes cargo (Agent général
des ventes-GSA) pour les principales lignes desservant Kinshasa et la RDC en général.
Bolloré Africa Logistics
Impact n°9 / Juin 2015 / 61
CMA CGM
Fondé en 1978, CMA CGM est aujourd’hui le troisième groupe
mondial de transport maritime en conteneurs. Le groupe CMA
CGM rayonne à travers le monde grâce à son réseau de 655
bureaux implantés dans plus de 160 pays.
62 / Impact n°9 / Juin 2015
www.impact.cd
Photos : CMA CGM
Partenaire incontournable
de l’économie congolaise
DOSSIER
Présent sur l’ensemble des routes
maritimes mondiales, le groupe offre
à ses clients une expertise renforcée
grâce à ses filiales spécialisées
dans leur zone d’activité avec des
marques reconnues, telles que
DELMAS en Afrique.
Incontournable
Avec sa flotte de 445
navires, il dessert 400
ports sur les 521 ports
de commerce mondiaux.
Le Groupe a transporté
12,2 millions conteneurs
EVP ou «équivalent vingt
pieds» en 2014 (chiffres
2014 consolidés)
grâce à ses 170 lignes
maritimes.
Leader du transport en Afrique : une expertise locale au plus proche des clients
Présent sur l’ensemble des routes maritimes
mondiales, le Groupe offre à ses clients une expertise renforcée grâce à ses filiales spécialisées
dans leur zone d’activité avec des marques reconnues, telles que DELMAS en Afrique.
Anciennement filiale du Groupe Bolloré, DELMAS intègre le Groupe CMA CGM en 2006.
DELMAS a apporté au Groupe CMA CGM sa
connaissance du marché Africain, fruit d’une expérience plus que centenaire. L’offre existante a
été renforcée et de nouveaux services ont été développés, particulièrement en sortie d’Extrême
Orient, d’Asie et du sous-continent indien. La
marque DELMAS englobe 15 lignes directes vers
l’A frique de l’Ouest et de l’Est, en sortie des ports
du monde entier, ainsi qu’un réseau de feeders
capable de desservir l’ensemble des marchés.
A
www.impact.cd
Photos : CMA CGM
vec sa flotte de 445 navires, il dessert 400 ports sur les 521 ports de commerce
mondiaux. Le Groupe a transporté 12,2 millions
conteneurs EVP ou « équivalent vingt pieds » en
2014 (chiffres 2014 consolidés) grâce à ses 170
lignes maritimes. Aujourd’hui, CMA CGM emploie plus de 20 000 personnes dans le monde entier. Le Groupe est devenu un acteur majeur du
transport maritime international, un mode de
transport aujourd’hui prépondérant concernant
plus de 90% des marchandises échangées dans le
monde.
Impact n°9 / Juin 2015 / 63
Ses prestations de transport s’étendent jusqu’aux
pays enclavés (Burkina Faso, Tchad, Mali et Niger).
dustriels africains aussi bien des solutions maritimes que routières ou ferroviaires vers le cœur
de l’A frique.
Avec ses marques CMA CGM et DELMAS, le
Groupe CMA CGM est devenu un acteur incontournable du transport en Afrique. Présent dans
43 pays à travers 74 bureaux, il propose aux in-
Une Agence CMA CGM DELMAS en RDC :
un service sur mesure au rendez-vous des
défis terrestres congolais
L’Agence CMA CGM DELMAS RDC propose à
ses clients une offre de services import/export
adaptée pour répondre à tous les besoins. En
propre ou en partenariat, l’agence CMA CGM
DELMAS propose des solutions intermodales
optimisées jusque dans des régions enclavées de
l’Est de la RDC comme le Katanga.
L’agence CMA CGM DELMAS dispose de trois
bureaux situés à Kinshasa, à Matadi et à Lubumbashi.
Le Groupe CMA CGM est l’un des rares acteurs
maritimes mondiaux à maîtriser l’ensemble de la
chaîne logistique en délivrant une offre de service couvrant l’ensemble de la chaîne de transport. Il poursuit une véritable politique de développement du transport terrestre en Afrique
avec la création de ports secs (Algérie, Sénégal,
Cameroun) et le développement de sa flotte de
camions. Dans ce contexte, une antenne du service terrestre CMA CGM sera prochainement
créée en RDC. Elle mettra à profit les corridors
régionaux reliant les ports de Namibie, Tanzanie, Afrique du Sud et Kenya afin de participer
activement au développement économique de la
RDC sur le plan international.
CMA CGM
64 / Impact n°9 / Juin 2015
www.impact.cd
Photos : CMA CGM
Avec ses marques CMA
CGM et DELMAS
le Groupe CMA CGM
est devenu un acteur
incontournable du
transport en Afrique.
Une équipe de professionnels en mouvement, toujours à l’écoute de ses hôtes, a été déployée par le groupe Accor. La qualité de service, l’échange relationnel et la
personnalisation des besoins de chaque client ont été mis en place par l’équipe hébergement. Une équipe d’Event accompagne également toutes vos manifestations,
séminaires et banquets, pour que vous puissiez consacrer votre temps à vos priorités. De même, des soirées à thèmes, des menus équilibrés, un savoir-faire culinaire
français et congolais ont été associés, pour satisfaire vos multiples envies. Chez Pullman Kinshasa Grand Hôtel, le business et le plaisir sont au cœur de nos préoccupations,
pour que la frontière entre travail et détente s’efface tout simplement lors de vos séjours à Kinshasa.
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4, avenue Batetela
9535 KINSHASA
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Tél. (+243) 81 555 3002 – Fax. (+ 243) 81 555 3005
Département commercial : Tél. (+ 243) 81 555 3001
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Impact n°9 / Juin 2015 / 65
1
MATIÈRE EN RDC
Innovation, adaptation
et anticipation...
F
2
ondée en 1932, MATIÈRE SAS
est une société française indépendante devenue,
au fil des années, un des leaders européens de la
construction de ponts métalliques. Cette réussite est le fruit de choix stratégiques forts :
66 / Impact n°9 / Juin 2015
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DOSSIER
Innovation
Le budget annuel en Recherche et Développement est maintenu à un niveau élevé depuis de
nombreuses années et plusieurs produits innovants ont été développés en partenariat ou sous
contrôle des bureaux d’études les plus prestigieux
Adaptation
Proposer des solutions «clés en main», adaptées
aux contraintes financières, logistiques et esthétiques du client, est une démarche constante de
l’entreprise
Photos : Matière SAS
Anticipation
MATIÈRE s’est résolument tourné vers l’Export
dès les années 80 et parvient depuis, à maintenir
un fort taux de croissance en se développant à
l’international dans des zones géographiques
bien ciblées
MATIÈRE SAS a démarré son activité en RDC
en 2011 et y a ouvert une succursale en 2013. Aujourd’hui, c’est une société reconnue pour son
savoir-faire et sa bonne connaissance du pays.
Fort de son expérience et de ses succès en RDC,
MATIERE se développe actuellement dans plusieurs pays d’A frique Centrale et d’A frique de
l’Ouest.
MATIÈRE
2
MATIÈRE SAS a démarré son activité
en RDC en 2011 et y a ouvert une
succursale en 2013. Aujourd’hui,
c’est une société reconnue pour
son savoir-faire et sa bonne
connaissance du pays.
Chiffres d’affaires en M€
1. Lançage du pont de
BUKAVU - Sud Kivu –
pont Bipoutre de 63m
2. Pont TSHOPO 1
- Province Orientale MPB de 140m
3. Pont UMA - Province
Orientale - MPB de 50m
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Impact n°9 / Juin 2015 / 67
DOSSIER
SEP en RDC
La «Success story» d’un partenariat
public-privé plus que centenaire
D
SEP Congo, acronyme pour « Services des Entreprises
Pétrolières Congolaises », est le fruit d’un partenariat entre
des entreprises pétrolières privées (55,6%) et publiques
(44,4%), constitué dans le but d’assurer l’approvisionnement de
l’ensemble du territoire de la RDC en produits pétroliers.
epuis 1910, elle analyse et réceptionne les produits pétroliers importés en RDC
avant de les transférer par pipeline, route, fleuve
ou chemin de fer, vers ses 39 dépôts et bases de
stockage répartis sur l’ensemble du territoire
national. Cela représente plus d’un milliard de
litres de carburants manipulés annuellement
par près de 2000 collaborateurs expérimentés
68 / Impact n°9 / Juin 2015
à travers le pays. En plus de l’approvisionnement des pays voisins de la RDC, notamment
la République du Congo et la Centrafrique, l’entreprise assure également la livraison, par camions citernes, de ses clients finaux composés
principalement de ses actionnaires, les sociétés
commerciales pétrolières, ou des indépendants
privés nationaux ou étrangers. En complément
de son cœur de métier, SEP Congo est l’un des
commissionnaires en douane attitrés en matière
d’hydrocarbures pour le compte de la Direction
Générale des Douanes et Accises (DGDA). A trawww.impact.cd
vers cette mission, elle effectue les déclarations
douanières qui permettent la collecte des taxes
pétrolières pour le compte du Trésor public (140
millions de dollars en 2014). L’entreprise est aussi
la source principale d’émission des statistiques
de consommation des hydrocarbures de la RDC,
dont les indications permettent aux institutions
concernées – ministère de l’Economie, ministère des Hydrocarbures et Banque Centrale du
Congo – de mettre en place des politiques déterminantes pour le Gouvernement.
SEP Congo ou la garantie de la qualité
L’image de marque de SEP Congo est liée à la
qualité des produits distribués qu’elle garantit,
sur l’ensemble de la chaîne logistique, grâce à
ses quatre laboratoires d’analyse dont trois sont
situés aux principaux points d’entrée des produits dans le complexe de l’entreprise : pour la
voie Ouest, à Ango-Ango (Matadi/Bas Congo),
pour la voie Sud, à Usoke (Lubumbashi/Katanga) et pour la voie Est à Goma (Nord Kivu). Le
laboratoire central de Masina (Kinshasa) effectue des analyses complètes de spécification des
produits, grâce à un personnel qualifié et expérimenté, travaillant selon les méthodes d’analyses
et avec des équipements répondant aux standards internationaux.
Pour maintenir le haut niveau de fiabilité de
ses résultats, les chimistes de SEP Congo participent, grâce à un contrat d’assistance technique, aux essais circulaires d’un Major pétrolier
français, en confrontant leurs résultats à ceux
des meilleurs laboratoires de ce groupe international, répartis dans le monde.
Cette assistance technique permet également
à SEP Congo de bénéficier, via des audits spéci-
SEP Congo garantit l’application stricte
des normes internationales en vigueur
avant de procéder à la mise à bord de
Jet A-1 dans les aéronefs au niveau
des aéroports de Kinshasa, Kananga,
Mbuji-Mayi, Lubumbashi, Mbandaka,
Kisangani, Goma et bientôt Muanda.
fiques, des missions ponctuelles ou encore des
formations ad hoc et sur base de référentiels et
systèmes de management adaptés, de l’expertise, de l’expérience ainsi que du savoir-faire avérés de ce groupe, dans des domaines multiples et
variés, qui concernent à la fois la gestion, le transport, l’exploitation, la sécurité et l’aviation, un
des secteurs clés, étant donné que l’entreprise, il
convient de le souligner, est le principal avitailleur de la RDC.
SEP Congo garantit l’application stricte des
normes internationales en vigueur avant de procéder à la mise à bord de Jet A-1 dans les aéronefs
au niveau des aéroports de Kinshasa, Kananga,
Mbuji-Mayi, Lubumbashi, Mbandaka, Kisangani, Goma et bientôt Muanda.
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Impact n°9 / Juin 2015 / 69
DOSSIER
Partenariat France - RDC
Dans le cadre de la signature en 2013, entre la
RDC et la France, du premier Contrat de Désendettement et de Développement (C2D) pour la
période 2013-2016, SEP Congo et l’Institut National de Préparation Professionnelle (INPP) se
sont engagés - sous la coordination de l’Agence
Française de Développement (AFD) - à œuvrer
ensemble autour d’un projet commun pour la
création de deux grandes écoles de formation
professionnelle de personnels navigants et de
transports terrestres, essentielles à l'activité économique du pays.
SEP Congo disposant déjà d'une école de
conduite et d’un centre de contrôle technique
dédiés exclusivement à ses agents, possède, pour
cela, une expertise, des compétences humaines
et matérielles ainsi qu’une organisation entrepreneuriale reconnue au Congo pour assurer la
réalisation, la mise en œuvre, le fonctionnement
et le suivi de ces deux écoles.
Au niveau du transport routier, l'objectif majeur sera la formation et la remise à niveau à la
conduite des chauffeurs qui ont pour activité le
transport des véhicules poids lourds, des personnes, des marchandises diverses ou des matières dangereuses. Elle sera ouverte au public et
couvrira toutes les activités de formation notamment l’auto-école, l’apprentissage, le recyclage
70 / Impact n°9 / Juin 2015
ainsi que les autres métiers du transport routier.
Au niveau du transport fluvial, l'objectif poursuivi sera la formation des officiers, des équipages et
des mécaniciens de bord. SEP Congo dispose, en
plus de sa base fluviale de Kinshasa, de plusieurs
dépôts portuaires le long du fleuve Congo et de
ses affluents qui pourraient servir de cadre d’apprentissage et de formation.
Faut-il ajouter que ces deux projets permettront
de disposer, in situ RDC, de moyens de formation
adaptés aux besoins du pays et de la sous-région,
et qu’ils seront régulièrement encadrés par des
audits de sécurité, grâce à l’assistant technique
de SEP Congo, qui a déjà réalisé, avec succès, ce
genre de projets, avec des organismes officiels
tels que l’Association pour la Prévention dans le
Transport des Hydrocarbures (APTH). Elargis
à l’ensemble des acteurs des secteurs concernés
pour assurer leur viabilité économique dans le
temps, ces deux écoles auront, sans nul doute,
un impact sociétal important en termes de création d’emplois et d’amélioration de la sécurité du
transport routier et fluvial du pays.
SEP Congo représente ainsi un bel exemple de
partenariat public – privé constructif, au service
d’un Congo en plein développement.
François Cremadeills,
directeur Général SEP Congo
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Expertise France
80 pays d’intervention
Un vivier de plus de 10 000 experts
Près de 300 projets en portefeuille au 01.01.2015
www.expertisefrance.fr
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Contact :
[email protected]
Impact n°9 / Juin 2015 / 71
Le Partenariat Public-Privé sur la formation professionnelle
Le secteur des transports
en pole position
I
En matière de formation professionnelle, le PPP est un
montage par lequel l’Etat et le secteur privé (au sens large:
groupement d’entreprises, organisations professionnelles
par secteur d’activité etc.) définissent les modalités de leur
participation à la gouvernance d’un centre d’apprentissage.
l repose sur le principe que le service public
ne peut pas, seul, assurer une bonne adéquation
entre les besoins des entreprises, tant en matière
de compétences que d’emplois et l’offre de formation. Il est d’usage de distinguer deux formes
principales de partenariats entre le public et le
privé :
- financement par l’Etat d’un centre de formation
72 / Impact n°9 / Juin 2015
et délégation de sa gestion au secteur privé ;
- création conjointe par l’Etat et le secteur privé
d’un centre de formation, dans lequel chacun
participe au financement et contribue à la gestion.
Le rôle de l’Etat demeure, dans les deux cas, important car il intervient dans la normalisation,
les contrôles, les incitations et les financements.
La différence réside dans l’intervention de l’Etat
en matière de gestion, celle-ci étant néanmoins
dissociée de la propriété physique des biens.
Outre le financement de l’investissement, les
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DOSSIER
frais de fonctionnement sont, en partie, à la
charge de l’Etat avec une contribution plus ou
moins importante de la profession. Dans tous
les cas, le financement est corrélé avec la performance, l’indicateur le plus fréquemment utilisé
se rapporte au taux d’insertion des élèves dans le
marché de l’emploi.
L’A FD a une longue expérience dans l’appui aux
PPP en matière de formation professionnelle
dans de nombreux pays : Tunisie, Maroc, Mauritanie, Sénégal, Togo, Tchad, Cameroun, Cambodge, Vietnam. Elle intervient à la fois dans la
préparation des projets et dans leur financement. L’Agence contribue ainsi à l’identification
des problématiques, à l’élaboration du projet et
à la mise en place du partenariat public/privé en
mobilisant des expertises externes (faisabilité
technique, montage juridique, modèle financier
etc.). Elle peut ensuite octroyer un prêt ou une
subvention aux autorités publiques pour réaliser les investissements des volets matériels
(construction, équipements) comme des volets
immatériels (assistance technique, formation
des formateurs, accompagnement…) selon des
procédures d’appel d’offres ouverts respectant
le code des marchés publics des pays. L’A FD est
consultée (avis préalable de non objection) à tous
les stades des procédures et joue également un
rôle d’observateur dans les instances d’administration des structures mises en place.
dépassant les 100 millions d’habitants, dont 15
à 20 millions à Kinshasa. Le développement des
transports devient donc une nécessité urgente.
En outre, avec un âge médian d’un peu moins de
quinze ans, la RDC se heurte, dès aujourd’hui, à
la question de l’emploi des jeunes. Un faible niveau de qualification les condamne bien souvent
à la « débrouille », alors même que les entreprises
peinent à recruter des employés qualifiés dans
les métiers structurants. L’inadéquation qui
prévaut, à l’heure actuelle, entre la qualification,
tout particulièrement celle des jeunes, et les besoins des entreprises, est au cœur de l’enjeu du
renouveau des transports en RDC.
Un ajusteur fraiseur
en herbe
Une formation très
technique asurée par
l'INPP
La question du transport est donc bien l’élément
moteur du développement économique et social
du pays. Le transport est aussi un vecteur important pour renforcer les tissus sociaux et permettre le « vivre ensemble » dans la paix.
Pour l’ensemble des acteurs concernés, le renforcement des compétences et des qualifications
comme facteur stratégique de développement
participe pleinement à l’accroissement de la productivité et de la compétitivité. Tel est l'objectif
prioritaire que l’Etat a fixé à son organisme pu-
En RDC, l’A FD réalise une étude d’opportunité
sur la création ou le renforcement d’une structure de formation dans le domaine des transports. Le transport en RDC est, compte tenu
de la taille du pays et de sa complexité géographique, un enjeu essentiel pour assurer son développement économique ainsi que son intégration régionale. Pour des raisons historiques, les
réseaux routiers, ferroviaires et fluviaux ont été
fortement dégradés. L’enjeu aujourd’hui est de
réhabiliter ces différents réseaux et d’en assurer
l’inter-connectivité.
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Photos : Martin van der Belen
La République Démocratique du Congo se retrouve, par conséquent, face à un défi social,
économique et écologique sur la question du
transport, d’autant que l’augmentation de sa population et l’exploitation de ses ressources par de
nombreux consortiums internationaux, nécessitent des travaux de construction d’infrastructures routières et fluviales. La démographie très
forte conduira, dans les 20 ans, à une population
Impact n°9 / Juin 2015 / 73
DOSSIER
blic l’Institut National de Préparation Professionnelle (INPP).
Dans le domaine du transport, l’INPP s'est déjà
investi dans des métiers transversaux tels que
la mécanique générale, la mécanique moteur, le
froid industriel. D’autre part, on constate qu’une
grande partie du personnel en place dans ce
secteur a été formé « chemin faisant » (apprentissage au sens juridique congolais) et que son
vieillissement devient préoccupant. La particularité et la nécessité de développer un système
multimodal synchrone entre les différents modes de transport et leur coordination ont conduit
Jean-Christophe Maurin
directeur de l’AFD en
RDC, ancien responsable
de l’éducation et
de la formation
professionnelle au siège
de l’AFD
l’INPP et plusieurs entreprises du secteur des
transports (SEP Congo, TRANSCO, CFAO, BOLLORE, FEC…) à amorcer un dialogue en vue de
renforcer l’offre de formation dédiée à ce secteur.
En s’appuyant sur les expériences de centres de
formation dans d’autres pays fonctionnant dans
le cadre d’un partenariat public / privé plus ou
moins approfondi, les acteurs cités ci-dessus ont
donc souhaité étudier l’opportunité d’un partenariat à imaginer, permettant la création d’un
dispositif qui répondrait aux besoins en compétences et donc en formations nécessaires pour
répondre aux enjeux actuels et futurs de la RDC.
Assurer la soudure
Cette spécialité est
essentielle dans bien
des métiers que ce
soit le transport,
la construction,
la navigation, la
mécanique,...
Ce nouveau centre devrait orienter ses formations sur des emplois à la fois significatifs et
divers qui recouvrent les secteurs : transport
routier / transports en commun ; transport
maritime / gestion des ports maritimes ; transport fluvial et lacustre / fret et personnel ; et les
domaines transversaux suivants : logistique du
stockage et de la distribution ; construction et
entretien des moyens fluvial/lacustre et routier;
gestion et administration des entreprises et des
organismes ; sécurité, notamment incendie.
L’A FD accompagne donc la démarche de l’INPP
et de ses partenaires en réalisant une étude de
faisabilité pour la constitution d’un dispositif de
formation basé à Kinshasa mais pouvant avoir
une portée nationale, répondant aux besoins
du secteur des transports et des activités auxiliaires, de la manutention, de l’entreposage et
des activités portuaires. L’étude devra à la fois,
identifier les besoins et proposer des modalités
de solutions techniques structurées autour d’un
partenariat entre l’INPP et les opérateurs privés
concernés.
Elle constituera ainsi un cahier des charges utilisable en vue d’un investissement de l’A FD en
2016 pour la construction d’un futur centre de
formation professionnelle dédié aux transports
à Kinshasa.
Jean-Christophe Maurin
74 / Impact n°9 / Juin 2015
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Photos : Martin van der Belen
Créé en 1964, l’INPP est un établissement public
sous la tutelle du ministère de l’Emploi, du Travail et de la Prévoyance sociale. Il dispose pour
cela d’un réseau de 29 centres de formations répartis sur l’ensemble des 11 provinces du pays.
L’INPP est à la fois collecteur de la taxe professionnelle et organisme de formation. Comme
la plupart des institutions publiques, l’INPP a
été fortement affaibli par les années de conflits
et d’instabilité. Certains centres ont été pillés,
l’entretien du matériel est devenu difficile, les
ressources se sont raréfiées et le nombre de stagiaires a chuté. Depuis le retour à une relative
stabilité, l’INPP renoue avec une développement
dynamique de son activité, notamment pour
faire face aux besoins des entreprises et à la demande de qualification des jeunes sortant du
système éducatif.
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Impact n°9 / Juin 2015 / 75
Le transport en commun à Kinshasa
s
Depuis bientôt trois années, la circulation des biens et des personnes dans la ville de Kinshasa a connu une nette amélioration,
à travers la relance du transport en commun, tant dans le secteur public que privé, redynamisé par une vision du gouvernement actuel pour offrir aux citadins kinois un service de qualité
et ainsi réduire de moitié, d’ici 2016, la mortalité routière.
ur les différents axes routiers de la
capitale, circulent des autobus de la Société de
Transport Public Congolais (TRANSCO), de la
Régie des Transports de Kinshasa renommée
76 / Impact n°9 / Juin 2015
New Transkin, du gouvernement provincial, et
tout récemment, des minibus de marque Hyundai, dits «Esprit de Vie», accordés à crédit aux
transporteurs du secteur privé.
Ce programme ambitieux, du gouvernement
congolais, qui remporte l’adhésion de la population, offre aux usagers de meilleures conditions de déplacement, car ces nouveaux bus
présentent l’avantage d’être neufs, confortables,
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Photos : Lucie Bakajika
Une initiative au service
des Kinois, mais avec quelle
perspective d’aménagement ?
DOSSIER
bien entretenus car subissant régulièrement des
contrôles techniques, respectueux des normes
en termes de surcharge (respect du nombre de
passagers admis), du code de la route et surtout, moins coûteux au regard de la distance
parcourue (500 francs congolais quel que soit
le trajet). En outre, le secteur privé a été invité à
se conformer aux normes, en acquérant des bus
neufs, de marque Hyundai, à crédit auprès du
gouvernement, pour une sécurisation efficace
de la circulation urbaine des personnes dans la
capitale congolaise et une normalisation du secteur privé.
La ville de Kinshasa se caractérise par une croissance démographique et spatiale galopante et
donc inquiétante, du fait d’une urbanisation
non contrôlée entraînant l’étalement urbain, de
plus en plus vers l’Est et le Sud de la ville, ce qui
rend difficile la mobilité de la plupart des Kinois,
contraints d’effectuer des mouvements pendulaires, domicile-centre-ville, où se concentrent
toutes les activités économiques et donc les
emplois. L’étalement urbain auquel on assiste,
se poursuit sans être accompagné de nouvelles
infrastructures routières ou même d’entretien et
de réhabilitation de celles déjà existantes, alors
que le transport en commun à Kinshasa s’effectue essentiellement sur route, par des autobus,
minibus et taxis collectifs, le train urbain étant à
bout de course. Comment les récentes stratégies
d’amélioration de la circulation urbaine mise en
place par les pouvoirs publics s’adaptent-elles à
l’aménagement d’une ville tentaculaire ?
Que faudrait-il envisager, dans les années à venir,
pour améliorer la qualité des dessertes par les
transports en commun, alors que la demande est
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Le secteur privé a été invité à se
conformer aux normes, en acquérant
des bus neufs, de marque Hyundai,
à crédit auprès du gouvernement,
pour une sécurisation efficace de la
circulation urbaine des personnes
dans la capitale congolaise et une
normalisation du secteur privé.
L'esprit de vie remplace
l'esprit de mort !
Assurer le transport de
millions de Kinois en
toute sécurité et dans un
confort amélioré
en perpétuelle croissance?
Kinshasa est une ville pour laquelle il est difficile,
aujourd’hui, de définir une quelconque forme
urbaine, tant elle a cumulé les formes d’occupation spatiale (planifiée ou spontanée) au cours
des cinquante dernières années. Néanmoins, sa
trame viaire est composée de plusieurs boulevards et avenues, provenant principalement des
collines du Sud et l’Est de la ville, qui convergent
vers le centre-ville. L’absence de voirie transversale, le maintien d’un seul centre-ville, très excentré par rapport au reste de l’agglomération,
la détérioration de plusieurs axes routiers secondaires, les contraintes naturelles liées au site, la
densification parcellaire de certains quartiers …,
sont autant d’obstacles à une bonne circulation
et empêchent ainsi l’application de toute forme
de schéma cohérent d’aménagement du réseau
routier de la ville.
Malgré les efforts du gouvernement accompagnant celle du gouvernement provincial pour
accroître et renouveler le parc automobile des
bus affectés au transport en commun, l’offre
de transport demeure en deçà de la demande.
D’après les sources du ministère provincial
des transports de la ville de Kinshasa, 850 bus
desservent la capitale congolaise dont 500 bus
Transco, 250 minibus « Esprit de vie » et 100 bus
New transkin pour une ville d’environ 10 millions
d’habitants, dont la plupart réalise en moyenne
1,6 déplacement par jour, ce qui donne environ
quatre millions de déplacements journaliers,
selon une étude de 2011 sur le plan de mobilité
de Kinshasa, effectuée par un groupe de trois sociétés (Transurb Technirail, Stratec et AEC) sur
financement de la coopération technique belge,
Impact n°9 / Juin 2015 / 77
La vision du gouvernement provincial,
à travers son programme d’action
prioritaire, est d’arriver à dépasser le
nombre de cinq cents bus, en installant
une usine de montage, d’ici la fin du
quinquennat...
commun de grande capacité, basé sur la réhabilitation du train urbain et le développement d’un
système de bus à haut niveau de service, « en site
propre » pour la desserte des quartiers, comme
l’a suggéré le « schéma d’orientation stratégique
de l’agglomération de Kinshasa », étude initiée et
financée par l’Agence Française de Développement en 2014. Le gouvernement provincial de la
ville de Kinshasa souhaite faire le choix du BRT
(Bus Rapid Transit) et moderniser le transport
ferroviaire à long terme pour que la ville puisse
répondre au besoin de mobilité de sa population.
Lucie Bakajika
Urbaniste au ministère de l'Aménagement du territoire
urbanisme et habitat
78 / Impact n°9 / Juin 2015
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Photos : Gédéon Mukendi
pour le compte de la ville de Kinshasa.
Pour ce faire, la vision du gouvernement provincial, à travers son programme d’action prioritaire, est d’arriver à dépasser le nombre de cinq
cents bus, en installant une usine de montage,
d’ici la fin du quinquennat, en partenariat avec
une société chinoise, alors que le gouvernement
central souhaite, quant à lui, atteindre le nombre
de trois mille bus.
Au regard des difficultés de mobilité qui persistent dans la capitale congolaise, il faudrait,
en plus de favoriser le polycentrisme dans la
ville, envisager de développer le transport en
commun autour d’axes lourds structurants en
mettant en place un système de transport en
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Impact n°9 / Juin 2015 / 79
SOCIÉTÉ
Conseil et assistance
depuis dix ans
L’Union Européenne soutient l’armée
congolaise sur trois terrains : stratégie,
administration, formation. À partir de
juillet 2015, le 11ème FED financera
la réforme de la défense. EUSEC
poursuivant son effort sur la formation
militaire et sur l'appui stratégique.
Historique
La mission EUSEC en République Démocratique du Congo (RDC) est déployée depuis juin
2005. Elle témoigne de l’engagement continu
de l’Union Européenne aux côtés des Congolais
pour la réforme de son armée.
En étroite collaboration avec les autres acteurs
de la communauté internationale, EUSEC apporte un soutien concret dans le domaine de
80 / Impact n°9 / Juin 2015
Mandat et objectifs
L’objectif général de la mission EUSEC est de soutenir les autorités congolaises pour reconstruire
une armée qui garantira la sécurité sur toute
l’étendue du territoire et pour créer les conditions favorables au développement économique
et social. Ainsi, la mission finalise les projets de
réhabilitation des infrastructures à Kitona, au
Bas-Congo et à Kananga, au Kasaï Occidental.
EUSEC est la seule organisation entièrement dédiée à la réforme du secteur de sécurité dans sa
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Photos : EUSEC RDC
EUSEC RDC
la réforme du secteur de sécurité en RDC. Elle
fournit conseils et assistance aux autorités
congolaises. Des conseillers travaillent avec les
autorités militaires à Kinshasa ainsi que dans
les états-majors des régions militaires. EUSEC
vise à assurer la cohésion de l’action de l’UE dans
la réforme du secteur de la sécurité en RDC, en
coordination avec la Délégation de l'UE et les
ambassades des Etats Membres.
Son mandat initial prévoyait le soutien du processus « d’intégration dans les Forces Armées de
la RDC » (FARDC) et le projet « Chaîne de paiement » à travers la sécurisation de la solde des
militaires. Sa mission a, depuis, été étendue à la
modernisation de l’administration et à la gestion
des ressources humaines. Son action s’est également diversifiée et la mission appuie désormais
les partenaires congolais dans le domaine de la
formation des militaires.
composante militaire en RDC.
Actuellement, EUSEC appuie les autorités
congolaises dans le processus de réforme de la
sécurité à travers une politique respectueuse des
normes démocratiques, des droits de l’Homme
et du droit humanitaire international ainsi que
de la bonne gouvernance. Les domaines d’activité de la mission sont :
- le conseil au ministère de la Défense, à l’état-major général des FARDC, à l’inspection générale, à
la force terrestre et au Service d’Education Civique, Patriotique et d’Action Sociale (SECAS);
- la consolidation de l'administration ;
- l'appui à la pérennisation du système de formation militaire.
À partir du 1er juillet 2015, il est prévu de poursuivre, sous la forme d’une mission réduite,
l’effort d’EUSEC dans les domaines du conseil
stratégique et de la formation militaire et de
transférer le reste des activités au programme
d’appui à la réforme de la défense en RDC dans
le cadre du 11ème Fond Européen de Développement (FED).
Projets en cours
Durant son mandat, la mission conseille les autorités militaires pour la mise en œuvre du plan
de réforme de l’armée. EUSEC appuie aussi la
direction Budget/Finances du ministère de la
Défense sur les mécanismes de programmation
et d’exécution du budget.
Dans le domaine de la consolidation de l’administration, EUSEC continue son travail de
conseil en matière de gestion des ressources hu-
Cérémonie de clôture
de la 9ème session
spéciale de l’Académie
militaire de Kananga en
janvier 2013
Il y a dix ans !
Le général Pierre-Michel
Joana, premier chef de la
mission EUSEC en RDC.
maines et la mise en œuvre de celle-ci, à travers le
développement d’outils informatiques. Ces travaux sont effectués au profit des militaires actifs
et hors activité, mais également de leurs ayants
droit. Le recensement des FARDC se poursuit.
Actuellement plus de 60 % des militaires ont été
plusieurs fois soumis à un contrôle biométrique.
La distribution des cartes d'identité militaire
(CIM), continue elle aussi. A ce jour plus de 80%
des militaires possèdent une carte d’identité militaire, celle-ci est nécessaire dans le cadre de la
bancarisation individuelle des soldes.
En ce qui concerne la formation militaire, la mission soutient le Commandement Général des
Ecoles Militaires (CGEM) et appuie annuellement l’organisation du concours national de recrutement des futurs élèves des écoles militaires.
EUSEC continue d’appuyer le fonctionnement
des écoles militaires de Kananga (Académie militaire et Ecole d’administration), et de celles de
Kitona (Ecole des sous-officiers, Ecole d’infanterie, Ecole d’artillerie et Ecole de santé militaire).
Acquis de la mission
Ces dix dernières années, EUSEC a contribué à la
rédaction de divers textes législatifs. La mission
a sensibilisé les autorités congolaises au respect
des droits de l’Homme et à la mise en place de
mécanismes financiers plus transparents. Elle
a contribué à l’amélioration des conditions de
www.impact.cd
Impact n°9 / Juin 2015 / 81
SOCIÉTÉ
Recensement
des militaires au Camp Mudja à Goma en mai 2008
Le rajeunissement des forces
armées devra se poursuivre par un
recrutement permanent et une mise
radiation progressive des cadres,
encadrée par un accompagnement à la
réinsertion dans la vie civile.
gestion et de stockage des armes et munitions,
en construisant 11 armureries et dépôts de munitions sur l’ensemble du pays.
EUSEC, à travers ses actions de recensement biométrique, de délivrance des cartes d’identité militaire et de la mise en œuvre du Système Informatique pour la Gestion et l’Administration des
Militaires (SINGAMIL), a contribué à rendre effective la bancarisation de la solde des militaires
et à séparer le système de paiement de la chaîne
de commandement. Enfin EUSEC a développé
le réseau informatique territorial des FARDC
en délivrant 400 ordinateurs à Kinshasa et 400
autres dans les régions militaires.
Le concours national de recrutement des futurs
élèves des écoles militaires a lieu annuellement
sur toute l’étendue du territoire avec le soutien
d’EUSEC. De plus, la mission a réhabilité les infrastructures et a fourni le mobilier et matériel
informatique de sept écoles militaires. Une imprimante installée au CGEM permet la diffusion
des supports de cours dispensés dans les écoles
militaires.
82 / Impact n°9 / Juin 2015
Perspectives de la réforme des FARDC
Il reste désormais à affecter un personnel qualifié au sein des différentes nouvelles structures
(états-ajors, corps, grandes unités) et en particulier dans les écoles et les centres de formation
des FARDC. Le rajeunissement des forces armées devra se poursuivre par un recrutement
permanent et une radiation progressive des
cadres, suivie par un accompagnement à la réinsertion dans la vie civile. D’autres grandes entités, comme le corps du génie militaire, le corps
logistique, le corps de santé militaire et la justice
militaire devront rejoindre le train de la réforme
déjà pris par d’autres. Finalement, le gouvernement devra mettre à la disposition des FARDC
le budget nécessaire à son bon fonctionnement,
y compris celui nécessaire à la mise en œuvre de
leur réforme. Dans ce cadre, l’actualisation du
plan de réforme de l’armée de 2009 est une nécessité pour permettre la promulgation d’une loi
de programmation militaire.
EUSEC RDC
www.impact.cd
Photos : EUSEC RDC
Séance de travail
en présence de Jean-Michel Dumond, ambassadeur
de l'Union Européenne en RDC et du colonel JL.
Nurenberg, chef de la mission EUSEC
www.impact.cd
Impact n°9 / Juin 2015 / 83
SOCIÉTÉ
Passez au tableau... numérique !
Une coopération qui n'est pas virtuelle
Quatre lycées de Kinshasa améliorent leurs équipements,
se dotent d’outils numériques et développent de nouvelles
pratiques pédagogiques. Le Tableau Numérique Interactif
au cœur de cette dynamique nouvelle, en collaboration
avec le lycée Descartes.
84 / Impact n°9 / Juin 2015
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Photos : Martin van der Belen
I
l faut rouler assez longtemps sur la route
de Ndjili, passer Limete, Matete, et Massina prendre à droite et poursuivre sur des
chemins de moins en moins carrossés, prendre
encore à droite à Arrêt Terrain, où une esplanade réservée aux joueurs de foot et une station
de taxis signalent le changement de direction.
On arrive au collège Saint-Frédéric. Sœur Ghislaine, préfet de l’établissement, nous accueille
avec son équipe et quelques jeunes, en train de
réviser l’examen d’Etat, pendant cette période
de vacances de printemps. Le collège n’est qu’un
élément d’un vaste domaine où cohabitent une
école, un autre établissement secondaire, un
dispensaire, et deux maisons conventuelles pour
l’hébergement des sœurs, puisque nous sommes
dans une mission catholique. Le technicien du
lycée Descartes est venu repérer les lieux pour
l’installation de trois tableaux numériques interactifs. Incongru ? Pas si sûr.
À l’origine, il y a une dotation en tableaux numériques interactifs, qu’on appelle parfois par
raccourci, à cette époque, tableaux blancs interactifs ou TBI, pour tout le système éducatif français, puis par extension du dispositif, à la coopération française, pour les pays africains, avec le
projet Sankoré. Ce projet, qui reprend le nom de
la plus vieille université africaine implantée à
Tombouctou, consiste à développer un logiciel
libre d’accès pour utiliser les TBI dans le cadre
scolaire. Il propose des outils pratiques pour le
professeur qui peut préparer ses cours, les stocker, les modifier, et surtout les effectuer avec ce
support. De quoi s’agit-il ? D’un vidéo-projecteur
connecté à un ordinateur portable, doté du logiciel Sankoré. Il permet d’écrire avec un crayon
laser, sur un tableau blanc tout à fait banal. Mais
l’écriture qui apparaît reste virtuelle, projetée
par l’appareillage numérique. Alors quel intérêt
si c’est pour écrire comme avec une craie ou un
feutre, comme sur un tableau blanc normal, sans
appareillage numérique ? Juste le goût de la performance technique et l’espoir, pour le professeur, d’être pris pour un magicien ?
C’est tout autre chose : l’outil numérique permet
d’insérer dans la présentation écrite du professeur d’histoire –géographie des schémas, des
dessins, des vidéos ; en cours de français, il permet d’écrire un texte, de le transformer, de le
stocker, de le rendre de nouveau disponible, dans
ses versions successives, de l’illustrer, de mettre
en vis-à-vis d’autres textes prélevés sur internet,
en temps réel ; en cours de mathématiques ou de
sciences, il permet de passer du raisonnement à
des illustrations concrètes qui transforment, «en
direct», une figure géométrique, un dispositif de
mesure, un composé chimique… On imagine
assez facilement l’efficacité d’un tel outil pédagogique capable de reprendre toutes les fonctions
premières de la communication pédagogique
et d’y ajouter, pour peu qu’on sache s’en servir,
toutes les ressources dynamiques, visuelles et
auditives, que peut apporter la connexion à
internet ou à des banques de données innombrables. Toute la conception de l’enseignement
des notions peut s’en trouver modifiée et le trawww.impact.cd
Une formation continue
assurée par l’équipe du
Lycée Descartes, d’une
durée de 15 heures,
portant sur l’usage du
Tableau Numérique
Interactif en classe
et sur l’amélioration
des pratiques
d’enseignement dans les
différentes disciplines
concernées (français,
maths, sciences).
vail du professeur, qui prépare son cours avec cet
outil, voit aussi se transformer son habitus professionnel puisqu’il doit concevoir son activité
intégrée à l’usage de la ressource. Cette dernière
n’est plus un élément illustratif et décalé de l’activité d’enseignement : elle en devient le cœur.
C’est ce que peut faire un TBI, avec tous les apports en compétences humaines, scientifiques
et pédagogiques qui en conditionneront l’usage.
Un projet innovant dans un cadre pluripartenaires
Le cadre
Un protocole de coopération éducative et linguistique signé entre le ministère des Affaires
étrangères français et le ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel
congolais, le 28 novembre 2013. Il prévoit, entre
autres choses, dans son article 1, au profit d’établissements secondaires congolais, des apports
en formation continue et, dans son article 4, la
mise en place de « classes numériques Sankoré »
dans une logique d’innovation.
Les quatre établissements secondaires sélectionnés sont l’Institut de la Gombe2, l’Ecole d’excellence de Bandal, le Collège Saint-Frédéric de
Impact n°9 / Juin 2015 / 85
Les actions
Une formation continue assurée par l’équipe du
Lycée Descartes, d’une durée de 15 heures, portant sur l’usage du Tableau Numérique Interactif en classe et sur l’amélioration des pratiques
d’enseignement dans les différentes disciplines
concernées (français, maths, sciences). Elle rassemble vingt professeurs et s’est échelonnée du 8
avril au 20 mai 2015. Une dotation en Tableaux
Numériques Interactifs qui consiste à équiper,
dans chaque établissement, trois salles de cours
présentant des conditions techniques suffisantes
pour garantir le bon entretien du matériel.
Chaque équipement comprend un vidéo-projecteur et un ordinateur portable doté du logiciel
Sankoré. Les installations ont débuté en avril
2015 et s’achèvent dans le courant du mois de
juin. Des dotations complémentaires apportées
par d’autres partenaires : le lycée Descartes met
à disposition des quatre établissements du matériel scientifique pour équipement de laboratoires. L’A DFE fait un don d’ouvrages de culture
générale pour les centres documentaires des
établissements concernés, grâce à une subvention apportée par la réserve parlementaire d’un
sénateur des Français de l’Etranger.
86 / Impact n°9 / Juin 2015
Les résultats
La valorisation des liens entre établissements
congolais et français : lors de la cérémonie de remise des attestations de stage et des différentes
dotations, en présence des professeurs congolais
et français, et des responsables des différents
établissements, le Conseiller de coopération a
pu rappeler les termes du projet et féliciter les acteurs. Il a souligné les deux points suivants :
- Des échanges de compétences ont été développés pendant la formation et le suivi dans la mise
en œuvre sur le terrain est un gage de sérieux et
de réussite de ce projet innovant.
- La dynamique engagée par ce projet doit s’étoffer par d’autres initiatives qui s’en inspirent. Le
Lycée Descartes peut dorénavant constituer un
vivier de formateurs susceptibles de renouveler l’opération auprès d’autres établissements.
Les établissements congolais sont appelés à se
construire en centres d’excellence et à valoriser,
auprès de leurs homologues, les outils innovants
qu’ils se sont appropriés.
Patrick Demougin
Photos : Martin van der Belen
Kimbanseke et le Lycée Monseigneur Shaumba.
Le service de coopération et d’action culturelle
de l’ambassade de France, le Lycée René Descartes et l’Association Des Français de l’Etranger
(ADFE) ont été associés dans ce projet.
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SOCIÉTÉ
Jean Bosco Ngelesi Titi, professeur de français au Collège Saint Frédéric
Vous avez suivi un stage de formation à l'usage du TBI. Cet outil modifiera-t-il votre manière d'enseigner?
Cette formation est une grande innovation dans la mesure où elle nous permet d'utiliser de nouvelles
techniques pour transmettre les matières aux enfants à qui nous enseignons. C'est un projet d'une grande
importance car nous ne l'avions jamais fait auparavant et il s'agit d'une première dans notre pays. Cet outil va
beaucoup modifier notre façon d'enseigner.
Vous avez eu l'occasion de manipuler un TBI. Avez-vous anticipé d'éventuelles difficultés techniques qui
pourraient se produire?
Dans notre école, nous avons un technicien qui est déjà préparé et qui, en cas de panne, pourra intervenir. S'il
y a une difficulté, elle se situe au niveau du nombre d'appareils que nous voudrions acquérir. Nous avons 28
salles de classe et trois sont équipés d'un TBI. A l'avenir, nous voudrions que toutes les salles de classes soient
équipées d'un TBI.
Si vous deviez présenter l'outil à des collègues, quels arguments vous paraîtraient les plus convaincants
pour qu'ils tentent l'expérience? Seriez-vous prêt à les accompagner dans l'aventure ?
Il n'y a pas véritablement d'arguments pour convaincre. Le TBI est le principal argument et il suffit d'en parler
aux collègues qui ne suivent pas la formation : tous ont envie d'apprendre! L'un d'entre eux m'a demandé que
je lui apprenne à mon tour à se servir d'un TBI. Le fait est qu'aujourd'hui, tout le monde souhaite maîtriser les
techniques modernes d'enseignement.
Propos recueillis par Thomas Poirier
Olivier Morro, enseignant de Lettres au Lycée René Descartes, formateur à l'usage des TBI
Vous avez mené cinq séances de formation à l'usage des TBI pour les enseignants en Lettres. Quelles ont été les
difficultés rencontrées et comment les avez-vous surmontées ?
La difficulté majeure pour les stagiaires est qu'ils n'ont pas accès à l'outil informatique dans leur établissement. Il
leur manque donc une pratique quotidienne et une certaine aisance. Pour certains, il y a une méconnaissance totale
de cet outil. Pour mener une formation au TBI, une des conditions est d'avoir une connaissance minimale de l'outil
informatique. Pour surmonter cet obstacle, on s'est focalisé sur les fonctions de base du TBI. La formation a aussi
été l'occasion d'aborder la construction pédagogique d'une séance d'enseignement pour laquelle l'utilisation du TBI
n'est pas toujours nécessaire mais constitue un appui. Une autre difficulté vient du fait qu'en situation de formation,
nous sommes éloignés des conditions dans lesquelles évoluent les enseignants. Ils font généralement face à de
nombreux élèves et n'ont pas toujours reçu de formation pédagogique approfondie. Il y a cependant une forte volonté
de formation et d'auto-formation de leur part et on peut vraiment les faire progresser en termes de pédagogie.
Quelles ressources avez-vous mobilisées avec vos stagiaires pour qu'ils intègrent le TBI dans leurs pratiques
professionnelles ?
Au niveau de l'outil, j'ai d'abord cherché à être pragmatique dans le sens où j'ai souhaité qu'ils maîtrisent les
fonctionnalités de base du TBI. Ensuite, selon leur programme de cours, nous nous sommes concentrés sur des textes
littéraires et la manière de rendre l'analyse plus interactive. L'idée a été de déplacer le curseur d'une transmission
verticale à une transmission plus horizontale et donc de faire en sorte de rendre plus interactifs les enseignements
au quotidien. C'est pourquoi nous avons aussi procédé à un travail à partir de documents iconographiques et abordé
la manière de mener une analyse d'images. Enfin, toujours dans cette perspective, nous avons aussi proposé des
cartes heuristiques comme outil pédagogique, c'est-à-dire la construction de schémas qui permettent de représenter
visuellement une analyse sur un sujet, un concept ou une idée en intégrant davantage la parole de l'élève.
En tant que formateur, que retenez-vous de cette expérience ?
Dans le cadre de cette formation, l'objectif est de transmettre et de partager mon savoir et savoir-faire d'enseignant en
matière d'usage du TBI et de pédagogie interactive. Je leur fais ainsi découvrir ce que je fais avec les élèves. Ce qui est
appréciable dans ce type de formation, c'est la réflexion entre pairs qui s'instaure et qui dépasse le cadre formateurstagiaire. De mon côté, cela me permet de m'informer davantage sur les réalités d'enseignement de mes collègues
congolais et de connaître leurs besoins en formation.
Propos recueillis par Thomas Poirier
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Impact n°9 / Juin 2015 / 87
SOCIÉTÉ
L’université tisse sa «toile»
Les MOOC en appui à
l'enseignement supérieur
D
Le « numérique » se substitue progressivement à ce qu’on
désigne encore par les « nouvelles technologies », qui
sont de jour en jour moins nouvelles, ou aux Techniques de
l’Information et de la Communication, autrement dit les TIC.
errière cet acronyme, il y a ce qu’on
appelait plus globalement l’«informatique »,
naguère. Les mots ne disent pas exactement la
même chose. Aujourd’hui, à l’ère du numérique,
on désigne par ce terme tous les outils qui font
intervenir des technologies qui encodent l’information de manière binaire, héritières en cela
des premiers ordinateurs. Mais il y a bien plus
que l’ordinateur : tablettes, smartphones, appareils photo, caméras, vidéo-projecteurs, plate88 / Impact n°9 / Juin 2015
formes, serveurs, nano-serveurs, Wifi, réseaux
filaires de toutes sortes, réseaux sociaux et leur
cortège de propositions de Facebook à Linkedin,
« cloud » et accès au « big data » relèvent bien du
numérique et nous n’épuisons pas, dans cette
énumération, ses multiples manifestations.
Les universités connaissent, depuis l’émergence
d’internet à la fin du XXème siècle, un infléchissement de leurs politiques numériques vers le
développement de l’enseignement à distance,
qu’on nomme aussi e-learning, et qui peut donner lieu à une classe virtuelle. On est passé des
politiques d’informatisation à des stratégies de
www.impact.cd
développement du numérique, autrement plus
élaborées et complexes puisqu’elles ne modifient
pas seulement les outils mais bien plus radicalement les pratiques. Ces dernières sont loin de
rester cantonnées à l’enseignement à distance.
Elles concernent en fait toutes les formes de
transmission des savoirs, très individualisées ou
collectives, en l’absence des étudiants comme
en leur présence, et souvent dans des situations
hybrides, et en modifient profondément les fondements.
Innovant dans ce domaine, les universités
nord-américaines ont inventé, il y a six ans, une
nouvelle modalité de cours à distance, totalement ouverts, gratuits, de haut niveau, offerts à
la communauté mondiale du savoir. Ce n’étaient
plus des cours mis en ligne par un professeur
pour ses étudiants, dans un contexte de classe
virtuelle, à partir d’une plate-forme. Non, c’était
un changement de perspective qui rejoignait les
révolutions antérieures que furent l’éclosion de
l’encyclopédie ou la naissance du livre de poche.
On mettait à disposition du monde connecté
tous les savoirs les plus précieux. L’affaire n’était
pas purement désintéressée, comme les autres
révolutions d’ailleurs : il s’agissait pour les universités américaines, en les faisant s’inscrire dans
leurs « massive open on line courses » qu’on allait
rapidement désigner par l’acronyme MOOC, et
en repérant leurs performances, d’attirer chez
elles les meilleurs étudiants de la planète. Rien
moins !
Les universités européennes s’y mirent quelques
années plus tard : depuis trois ans, elles produisent des MOOC. Elles en ont changé l’usage
et la perspective. Leurs MOOC sont plus immédiatement pédagogiques. Ils visent des publics
étudiants et supposent souvent un accompagnement qui replace l’activité d’enseignement dans
le cadre universitaire. France Université Numérique a été créé ainsi pour rassembler l’offre des
universités françaises dans ce domaine. Des
partenariats se dessinent : le mathématicien médiatique Cédric Villani et un de ses collègues dakarois ont produit de conserve un MOOC franco-sénégalais. Les universités africaines sont
sollicitées pour utiliser et produire ces nouvelles
ressources.
trouvées à Kinshasa, recteurs en tête, à l’invitation du ministre de l’enseignement supérieur
et universitaire, Monsieur Théophile Mbemba
Fundu, pour un séminaire de mise en place des
cours en ligne et de ces fameux MOOC dont on
sait le succès depuis un an ou deux. Les universités kinoises (UNIKIN, UPN, UCC, UPC) mais
aussi de Lubumbashi et de Kisangani, les Instituts Supérieurs Pédagogiques de Kinshasa et
de Kananga, des instituts supérieurs technologiques, comme l’ISTA, étaient représentés par 80
enseignants-chercheurs, pour deux journées de
travail intense. L’Agence Universitaire de la Francophonie et l’UNESCO étaient associés à cette
manifestation. Le Service de coopération et d’action culturelle de l’A mbassade de France en assurait le soutien scientifique et technique en invitant pour l’occasion le Professeur Albert-Claude
Benhamou, organisateur des rencontres pour le
Développement Numérique de l’Espace Universitaire Francophone quelques jours plus tard à
Un séminaire pour développer les cours en
ligne dans les universités de la RDC
Les 27 et 28 mai 2015, les universités se sont rewww.impact.cd
Impact n°9 / Juin 2015 / 89
SOCIÉTÉ
Paris, des universitaires français engagés dans
des projets communs avec l’UNIKIN en matière
de production de ressources numériques et deux
responsables de l’association Bibliothèques sans
Frontières, qui apportaient des solutions techniques et pédagogiques avec un nano-serveur en
cours de développement. Cet outil permet de régler les problèmes de connexions défaillantes au
réseau. Peu coûteux, il stocke la ressource numérique et la met à jour quand une connexion est
possible. Il permet de la diffuser ensuite par un
réseau interne en Wifi ou en intranet.
Avant d’arriver à ces aspects pratiques, le séminaire a fait l’état des lieux des usages numériques dans les universités de la RDC. Quelques
expériences de cours en ligne ont été analysées.
La question de l’insertion dans les cursus actuels
de ces nouveaux outils a été largement débattue. Les organisateurs souhaitant une véritable
mise en œuvre à l’issue du séminaire, les ateliers
furent consacrés à l’élaboration de fiches, en
fonction des besoins repérés, pour installer à la
prochaine rentrée universitaire des MOOC dans
les différentes institutions d’enseignement supérieur représentées pendant ces deux journées.
Vingt projets sont déjà sortis des cartons et n’attendent que la livraison des nano-serveurs pour
Le séminaire a fait l’état des lieux
sur les usages numériques dans
les universités de la RDC. Quelques
expériences de cours en ligne ont
été analysées.
voir l’utilisation des cours en ligne effective dès le
mois d’octobre prochain.
Le « DNEUF » pour une politique partagée
du numérique dans les universités
francophones
Une semaine après ce séminaire, le 5 juin, s’est tenue à Paris la première rencontre des ministres
de l’enseignement supérieur des pays francophones, pour le Développement Numérique de
l’Espace Universitaire Francophone (le DNEUF),
à l’invitation de l’Organisation Internationale de
la Francophonie et du gouvernement français.
Ce fut l’occasion pour les représentants de la
RDC, emmenés par leur ministre, de faire état
des projets congolais et francophones dans ce
domaine. D’affirmer, aussi, l’engagement de leur
pays dans cette voie de modernisation du système universitaire. Avec 30 ministres présents et
47 pays francophones représentés sur les 57 qui
adhèrent à l’OIF, l’occasion de valoriser la stratégie de la RDC en matière de numérique était trop
belle pour la laisser passer. Cette manifestation
internationale et francophone venait utilement
prolonger les travaux engagés à Kinshasa une
semaine plus tôt.
Patrick Demougin
90 / Impact n°9 / Juin 2015
www.impact.cd
LE JOURNAL DE L’ÉCO
Présenté par Antoine Fonteneau
Chaque jour dans « 64’ le monde en français », retrouvez toute l’actualité économique internationale.
© Christophe Guibbaud
tv5mondejteco
La chaîne culturelle francophone mondiale
www.impact.cd
tv5monde.com/jteco
Impact n°9 / Juin 2015 / 91
SOCIÉTÉ
Les états généraux de la Justice
Alexis Thambwe
à la barre
L
Coup de tonnerre dans le monde judiciaire : du 27 avril au 2
mai, près de 300 acteurs de la justice congolaise, venus de
toute la RDC, se sont rassemblés à Kinshasa pour prendre
part aux états généraux de la Justice. Une semaine dense, au
cours de laquelle les participants ont réalisé un diagnostic sans
complaisance d’une justice injuste et trop souvent fragile.
e ministre de la Justice et des droits
Humains, Alexis Thambwe Mwamba a donc
tenu la promesse qu’il avait faite aux Congolais
et qui avait été annoncée dans les colonnes d’Impact. Le défi à relever, pour reconstruire une jus-
92 / Impact n°9 / Juin 2015
tice, dont le constat est « accablant », selon ses
propres termes, est toutefois immense : mettre
en œuvre les quelque 320 recommandations issues des états généraux, qui portent à la fois sur
l’indépendance de la magistrature, l’accès à la
justice, la formation des acteurs judiciaires ou
encore, la mise en œuvre du droit OHADA et la
lutte contre l’impunité.
Les premiers états généraux de la Justice
depuis 1996 : des besoins considérables
Le 27 avril 2015, quelque 400 invités avaient rendez-vous avec l’Histoire dans la salle de conférence du Kempiski Hotel. Le Chef de l’Etat Joseph
Kabila Kabange, présidait l’ouverture des états
généraux de la Justice, qui n’avaient pas eu lieu
depuis 1996. En 20 ans, le ministre de la Justice
reconnaît, sans mâcher ses mots, que les choses
n’ont pas véritablement bougé : « dans l’entretemps, force est de constater hélas que, d’une
manière générale, le citoyen congolais, mieux, le
justiciable est largement insatisfait de la manière
dont la justice fonctionne et de la façon dont elle
est rendue [...] plutôt que de rassurer, notre justice semble être devenue un facteur d’insécurité
caractérisée. »
L’audit du secteur de la justice et la mise en œuvre
d’une réforme profonde constituaient un besoin
exprimé, aussi bien par les justiciables que par les
acteurs de la justice congolaise et les opérateurs
économiques.
www.impact.cd
Photos : Gédéon Mukendi
Un large rassemblement des acteurs
congolais de la justice
La justice comme moteur du contrat social et garant de l’intérêt général : c’est sur cette toile de
fond que les participants ont tenté de relever les
principales causes du dysfonctionnement de la
justice congolaise et de bâtir un canevas de réforme. La communication générale du bâtonnier
Mbuyi Mbiye a insisté, avec une perspective historique, sur ce rôle de la justice.
Un conseil supérieur de la magistrature (CSM)
mobilisé pour lutter contre l’impunité : pour
répondre à l’interpellation des magistrats, le
CSM s’est fortement impliqué dans ces assises.
Des recommandations ont été faites, refusant
les stigmatisations vaines, pour prendre le problème à la racine : les conditions de travail des
quelque 7.000 magistrats congolais doivent être
améliorées mais un mécanisme de formation,
de contrôle et de sanction doit aussi être mis en
œuvre.
www.impact.cd
La mise en œuvre des recommandations, j’en fais mon affaire...
Les travaux ont été dirigés le Pr Raphaël Nyabirungu, doyen de la faculté de droit de Kinshasa,
qui a bien voulu jouer le rôle de modérateur général. Les neuf groupes thématiques ont abordé
les problèmes profonds rencontrés au quotidien
par les citoyens congolais : l’indépendance de
Impact n°9 / Juin 2015 / 93
Des recommandations concrètes et audacieuses : former, contrôler et sanctionner,
pour mieux lutter contre l’impunité
Lors de la clôture, le professeur Nyabirungu a
présenté les recommandations issues des travaux, destinées au ministère de la Justice et des
Droits humains : création d’une politique nationale de réforme de la justice ; renforcement
de l’inspection générale des services judiciaires
; nouvelle stratégie nationale sur l’aide légale ;
promotion de la médiation et des modes de réso-
94 / Impact n°9 / Juin 2015
La France, qui s’est impliquée
dans la mise en œuvre des états
généraux, accompagnera le
processus de réforme, aux côtés
notamment de l’Union Européenne
et du PNUD.
lution alternatifs des conflits.
Quant au Conseil supérieur de la Magistrature,
relèveraient de ces compétences : la mise en
œuvre rapide de l’Institut national de formation
judiciaire, pour offrir une formation initiale et
continue des magistrats et greffiers ; la création
d’une nouvelle carte judiciaire.
Pour ce qui est enfin du Parlement, sont attendus: le vote de la loi de mise en œuvre du Statut
de Rome ; le vote d’une loi encadrant la sanction
des magistrats.
www.impact.cd
Photos : Gédéon Mukendi
la justice ; l’organisation, les compétences et les
procédures judiciaires ; l’organisation des professions judiciaires et du personnel administratif et auxiliaires de justice ; l’accès à la justice; la
sécurité juridique des investissements ; la justice
pénale ; l’administration pénitentiaire ; la planification, la coordination, le suivi des réformes et
le financement de la justice ; enfin la lutte contre
l’impunité.
SOCIÉTÉ
La mise en œuvre de la réforme demeure
un défi considérable que le ministre de la
Justice est prêt à relever
« La mise en œuvre des recommandations, j’en
fais mon affaire » a déclaré le ministre de la Justice et des droits Humains à l’issue des états
généraux. Pour produire des effets, cette détermination de l’exécutif devra être accompagnée
par le pouvoir législatif et par le Parlement. Les
partenaires techniques au développement, notamment la France, qui s'est fortement impliquée dans la mise en oeuvre des états-généraux,
l’Union Européenne et le PNUD, se sont déjà engagés à accompagner cette réforme.
Matthieu Vuillermet
SOCIÉTÉ
Le projet Ibi Batéké
10 ans d’engagement pour
préserver l'écosystème
Après une décennie de gestation (1995–2005), le projet
Ibi Batéké est né septembre 2005, au siège de la Banque
Mondiale, à Washington, par une lettre d'intention
d'acheter un million de tonnes de CO2 à la société Novacel,
une petite entreprise familiale congolaise
F
ondée en 1985 par Paul Mushiete,
Novacel est aujourd’hui dirigée par ses fils, Olivier et Thierry. Olivier, ingénieur agronome, et
Thierry, financier, se sont donnés comme objectif de sécuriser et de valoriser l’héritage foncier et
coutumier familial, au bénéfice des populations
rurales du plateau des Batéké. Le plateau des
96 / Impact n°9 / Juin 2015
www.impact.cd
Batéké constitue le bassin d’approvisionnement
principal de la ville de Kinshasa, soumis à une
forte dégradation de son couvert forestier, dont
les causes principales sont l’agriculture sur brûlis et l’exploitation du bois comme source d’énergie (charbon de bois et bois de chauffe pour la
cuisson des aliments).
Afin de maîtriser l'agroforesterie et préserver les
forêts, ultimes refuges d’une partie de la biodiversité congolaise, le projet IBI Batéké consiste
en des plantations de bois à croissance rapide,
Acacias et Eucalyptus principalement. La déforestation ainsi évitée et la mise en défense des
savanes, associée aux plantations, fournissent
des «crédits carbone » valorisés dans le cadre
du mécanisme REDD+ (Réduction des Effets de
la Déforestation et de la Dégradation des Forêts
équatoriales). Promu par la convention-cadre
des Nations Unies, le mécanisme REDD+ est
un financement incitatif pour lutter contre la
déforestation qui accroît la concentration du
carbone atmosphérique responsable de « l’effet
de serre », principale cause du réchauffement
climatique. Par ce mécanisme, la tonne de carbone atmosphérique puisée pour la croissance
des arbres est rémunérée autour de cinq dollars.
La Société Novacel des frères Mushiete est la
toute première entreprise congolaise à avoir
ainsi inscrit son projet forestier « Ibi Batéké » à
la convention-cadre des Nations Unies sur les
changements climatiques dans le cadre du mécanisme REDD+. Les plantations forestières
Les bénéfices des crédits carbone
octroyés à la société Novacel sont
redistribués aux communautés
locales, ce qui assure aussi
l’appropriation de la stratégie
agroforestière par les paysans et la
viabilité du processus à long termes.
Photos : Ibi village & co
réalisées par le projet stockent en moyenne
170.000 tonnes de carbone par an. Ce n’est pas
négligeable, si l’on sait qu’une voiture produit en
roulant près d’une tonne de carbone par an. Le
projet Ibi Batéké « absorbe » donc l’équivalent
des rejets de 170.000 voitures…
www.impact.cd
Impact n°9 / Juin 2015 / 97
Ibi village projet modèle
Olivier Muchete
entouré de Bienvenue
Lyota, Ministre de
l'Environnement de
RDC, Luc Hallade,
ambassadeur de
France en RDC et JeanChristophe Maurin,
directeur de l'AFD en
RDC.
La notoriété du projet Ibi Batéké
et de ses promoteurs dépasse
aujourd’hui largement les frontières
de la RDC.
premier concours international « Challenge Climat Agriculture et Forêts » organisé par l’A FD et
le CIRAD. Le projet sera également à l’honneur
au XIVème Congrès forestier mondial qui se tiendra à Durban, en septembre prochain.
Pour en savoir plus, nous invitons chaleureusement tous les lecteurs d’Impact à visiter ce projet
et à le faire connaître, pourquoi pas, à l’occasion
des « portes vertes » durant la première semaine
du mois de juillet où, en association avec l’A FD,
les frères Mushiete ouvrent leur concession (et
leurs bras) au public.
Jean- Christophe MAURIN
98 / Impact n°9 / Juin 2015
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Photos : Ibi village & co
Les bénéfices des crédits carbone octroyés à la
société Novacel sont redistribués aux communautés locales, ce qui assure aussi l’appropriation de la stratégie agroforestière par les paysans
et la viabilité du processus à long terme.
Le projet permet en outre de réhabiliter des infrastructures sociales de base (écoles, centres
de santé) ou des voies d’accès, à mobiliser des
ressources humaines qualifiées et à institutionnaliser les structures villageoises en impliquant
les chefs coutumiers et les paysans.
La gestion du dispositif est progressivement
transférée au Groupe d’Intérêt Coopératif et
Économique du Territoire Teke (GICET). Cette
coopérative, qui regroupe quinze villages, est
engagée dans la conversion de la savane en zone
agroforestière productive.
La notoriété du projet Ibi Batéké et de ses promoteurs dépasse aujourd’hui largement les frontières de la RDC. Ainsi, Olivier Mushiete a été
invité au dernier salon international de l’Agriculture de Paris pour présenter le projet, lauréat du
Et tout devient possible !
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Impact n°9 / Juin 2015 / 99
CULTURE
L’OSK
À l’occasion du concert que l’OSK à l’Institut
français de Kinshasa, Armand Diangienda,
créateur et chef d’orchestre de cette
formation, a accepté de répondre aux
questions d’IMPACT.
100 / Impact n°9 / Juin 2015
Impact : Armand Diangienda, avant
de parler de l’orchestre symphonique
que vous dirigez, nous souhaiterions
vous connaître un peu mieux. Pourriezvous nous parler de votre carrière
professionnelle, de votre parcours de
musicien ?
Armand Diangienda : Je suis né le 12 janvier
1964. Je suis marié et père de quatre enfants. J'ai
fait des études pour devenir pilote d'avion en Belgique et ensuite aux États-Unis où j'ai obtenu ma
licence de pilote professionnel. À mon retour au
pays en 1991, j’ai été engagé chez TAZ (Transport
Aérien Zaïrois) comme copilote. Puis en janvier
1992, j'ai trouvé un autre poste chez Scibe-Zaïre
pour piloter un Fokker 27. En décembre de la
même année, le Fokker en question s’est s'écrasé
sur les collines de Goma. J'ai commencé à jouer
du piano à l'âge de 6 ans et j'ai appris seul à lire la
musique. Après avoir été violoncelliste dans l'orchestre pendant 8 années, j’en suis devenu chef
d'orchestre en 2002. En 2005, j'ai eu la chance de
faire un stage de direction d'orchestre à Evry. Je
suis également compositeur et arrangeur. J’ai
reçu le prix Charles Anschebacher et j’ai été nommé ambassadeur de la Train Antang Academy
Harvard (Boston, Etats-Unis).
Je suis aussi devenu membre de la Royal Philarmony Society en mai 2013 et j’ai dirigé le Korea
Symphony Orchestra de Séoul.
Comment vous est venue l’idée de créer
l’OSK ?
Pendant mes vacances à Kinshasa en 1985, je
www.impact.cd
Photos : Gédéon Mukendi
Le plus grand
orchestre
symphonique
d’Afrique
nelle congolaise qui est très riche et d’une variété
incroyable.
Actuellement, il y a des musiciens
qui viennent jouer avec nous sans
pour autant être Kimbanguiste.
Dans l’acronyme OSK, la dernière lettre
intrigue. Pourriez-vous nous en dire plus
sur le kimbanguisme et quel est son
influence sur le fonctionnement de cet
orchestre ?
À l’origine, le Kimbanguisme fut un mouvement
d’éveil spirituel créé par Simon Kimbangu, catéchiste congolais et prophète, qui attira des
milliers de gens dans son village natal par ses
prédications, messages et guérisons. Le pouvoir colonial s’est très vite senti menacé et l’a
condamné à la prison à perpétuité.
En me lançant dans cette aventure, il m’a fallu
aussi comprendre la mission et le rôle que pourrait jouer cet orchestre. Actuellement, il y a des
musiciens qui viennent jouer avec nous sans
pour autant être Kimbanguistes mais il faut cependant dire que la plupart des musiciens de cet
orchestre le sont.
Combien de musiciens font partie de
l’orchestre et comment sont-ils recrutés ?
Le nombre varie énormément pour différentes
raisons. Certains musiciens quittent l’orchestre
(départ à l’étranger…), d’autres arrêtent ou
jouais du piano avec un petit groupe de musiciens de la fanfare de l’église. Un jour, sur le
chemin de retour à la maison, j’ai fait écouter
une séance de répétition à mon père. Celui-ci
m’a alors dit : « Mon fils, je ne voudrais pas que
tu restes toujours avec les mêmes personnes. Je
veux que tu ouvres la porte à toute personne qui
viendrait vers toi. ». À cette époque, je n'avais pas
mesuré l'importance de cette instruction.
Deux ans après avoir perdu mon père, ainsi que
mon travail, j’ai fait ce qu’il m'avait recommandé. A l’origine, l’orchestre n’était qu’un petit
ensemble. Ici, je voudrais qu’on comprenne le
contexte dans lequel l’orchestre a été créé. Mon
père fut le premier chef spirituel de l'église Kimbanguiste et beaucoup des jeunes gens voulaient
m'approcher pour partager cette passion de la
musique. C’est ainsi qu’est venue l’idée de créer
un orchestre symphonique capable d’accueillir
un grand nombre de musiciens.
Vous êtes également compositeur. Quelles
sont vos sources d’inspiration ?
J'écoute beaucoup de musique classique mais je
me suis aussi tourné vers la musique traditionwww.impact.cd
Impact n°9 / Juin 2015 / 101
CULTURE
viennent plus irrégulièrement par manque de
temps (responsabilités professionnelles, études,
éducation des enfants…). Nous avons un effectif
de 85 instrumentistes et 105 choristes réguliers.
L'orchestre forme régulièrement de nouveaux
musiciens, car nous préparons l’avenir. Il y a trois
ans, nous avons commencé la formation régulière des jeunes enfants et nous avons mis sur
pied un orchestre avec 47 instrumentistes et 53
choristes.
Comment choisissez-vous le répertoire de
l’OSK ?
Mon équipe technique et moi-même décidons
du répertoire à interpréter. On se base sur les
circonstances, les œuvres nouvelles apprises, les
œuvres souvent réclamées par notre public…
Quels sont les moyens dont l’OSK dispose
pour fonctionner ?
L’OSK fonctionne essentiellement par autofinancement. Les musiciens cotisent à travers une
opération appelée «Nsinsani» qui peut se traduire par le terme de collecte. Au départ, j’ai utilisé mes économies pour créer l’orchestre. Plus
tard, les musiciens ont emboîté le pas. Actuellement, nous sommes soutenus par des personnes
de bonne volonté qui aiment ce que nous faisons.
Nous recevons quelques donations.
Dans un pays comme la RDC, comment se
procurer de bons instruments classiques
et comment les entretenir ?
Il est effectivement très difficile de trouver des
instruments de bonne qualité sur place. Il faut
donc les acheter à l’étranger. Le premier lot
d’instruments de l’OSK avait ainsi été commandé en Chine et nous l’avions réceptionné fin 1999.
Mais, avant même cette commande, nous avions
acquis quelques instruments à Kinshasa auprès
de particuliers, qui souvent les tenaient de leurs
familles installées à l’étranger.
Nous avons également reçu en donation plusieurs instruments et accessoires, offerts par
l’orchestre de chambre de Tübingen, par l’école
de musique d’Evry (France), par l’orchestre de la
WDR de Cologne mais aussi par des particuliers.
La Princesse Caroline de Monaco a
récemment offert une harpe à l’OSK.
Comment s’est déroulée cette rencontre ?
L’OSK a été invité en avril 2013 au festival « Printemps des arts » de Monaco. La Princesse de Monaco était présente lors de notre concert. Ayant
appris que l'OSK avait besoin de se procurer de
102 / Impact n°9 / Juin 2015
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Photos : Gédéon Mukendi
Quel est leur statut et comment concilientils leurs obligations professionnelles
avec la vie (répétitions, tournées) de
l’orchestre?
L’OSK accueille des musiciens ayant des profils
très différents : élèves, étudiants, commerçants,
artisans, électriciens, employés de banque, médecins, infirmiers, fonctionnaires, couturiers,
bref presque toutes les couches sociales de la
population sont représentées. Nos répétitions
se tiennent le soir pour tenir compte de l’emploi
du temps professionnel de beaucoup d’entrenous. Quant aux tournées, elles sont programmées très longtemps à l’avance. Les employés
s’arrangent pour prendre quelques jours sur
leurs congés annuels. Pour les écoliers, les parents signent une autorisation permettant à
l’orchestre de voyager avec leurs enfants et l’OSK
écrit aux responsables des écoles pour solliciter
une dispense pendant la durée de la tournée.
nouveaux instruments, elle nous a fait l’agréable
surprise de nous offrir cette harpe. Les musiciens et moi-même avions été émerveillés par ce
geste inoubliable de la Princesse.
Quelles sont les principales collaborations
menées avec des orchestres étrangers ?
Nos principales collaborations sont basées sur
le renforcement des capacités de nos musiciens
à travers des ateliers de formation, d’échanges
avec des musiciens professionnels.
Par le passé, nous avons travaillé avec le conservatoire départemental d'Evry et actuellement
nous travaillons avec l'orchestre symphonique
de la WDR de Cologne.
Vous vous produisez beaucoup, souvent
à l’étranger. Comment organise-t-on
la logistique et l’administration d’une
tournée de plus de 100 musiciens ?
L’administration et la logistique d’une tournée
de plus de 100 musiciens, comme celle effectuée
l’an dernier en Grande Bretagne, est un vrai défi.
Avant tout, l’organisateur doit nous assurer le
visa, le transport, l'hébergement et la restauration. L'orchestre, pour sa part, s'occupe des passeports, des carnets de vaccinations, des cartes
d'artistes et de l'autorisation de sortie requise
dans notre pays pour la sortie du territoire des
artistes.
Comment la musique symphonique estelle perçue en Afrique et particulièrement
au Congo ?
Durant les toutes premières années, les expatriés
venaient en plus grand nombre que les Congolais
à nos concerts mais on peut dire que maintenant
la situation a changé. Cette musique a désormais
trouvé sa place en RDC. Pour preuve, il nous arrive de donner des concerts sur des places publiques devant un parterre très fourni.
L’OSK a-t-il déjà effectué une tournée
africaine ?
Malheureusement non. Jusqu’à présent, l'orchestre au complet s'est uniquement produit
au Congo Brazzaville. Cependant, en décembre
2010, un petit groupe de musiciens de l’OSK est
parti aux Seychelles, puis à Douala et à Yaoundé
en 2012. Nous espérons bien sûr pouvoir un jour
nous produire dans d'autres pays d'A frique.
Propos recueillis par Christophe Roussin
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Impact n°9 / Juin 2015 / 103
Le «tshukudu»
C
Il y a quelques années, les Nations Unies organisaient
une course de Tshukudu dans la ville de Goma. Barrant
leurs gigantesques trottinettes de bois, quelques 130
«tshukudistes» ont sillonné la capitale du Nord Kivu.
es engins qui pèsent près de 40 kilos
servent d’ordinaire au transport de marchandise. Ils sont devenus l’un des symboles de la
région. Colin Delfosse, reporter-photographe et
membre fondateur du collectif « Out of focus »,
était sur place pour couvrir cet événement sportif et festif. Qu’est-ce qu’un tshukudu (prononcez
«tchoukoudou») ? Voilà un mot à la fraîcheur
toute enfantine, comme le nom d’une confiserie
à la mode, que s’arracheraient les marmots à la
sortie de l’école. Point du tout.
Le tshukudu est avant tout un engin essentiel
pour l’économie de la capitale du Nord-Kivu.
104 / Impact n°9 / Juin 2015
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Photos : Colin Delfosse
Bien plus qu'un symbole !
CULTURE
Plusieurs milliers de « tshukudistes » sillonnent
chaque jour les rues de Goma. Transportant des
charges pouvant aller jusqu’à une demi-tonne
(l’équivalent de cinq sacs de pommes de
terres de 100 kilos chacun). Ces marchandises
voyagent sur une planche de bois longue d'environ un mètre et large de 20 centimètres. À une
extrémité, une roue d’à peine 20 cm de diamètre
attachée à une fourche de plus d’un mètre de
haut qui se divise en deux pour prendre la forme
d’un guidon, rappelant les cornes gracieuses des
grands bovins de la région. À l’arrière de cette
planche une autre roue, elle aussi entourée d’un
pièce de caoutchouc. Un système de ressorts
fait office d’amortisseurs et permet de contrôler
cette trottinette « très brute de décoffrage ».
Plusieurs milliers de «Tshukudistes»
sillonnent chaque jour les rues de
Goma. Transportant des charges
pouvant aller jusqu’à une demitonne (l’équivalent de cinq sacs
de pommes de terres de 100 kilos
chacun).
Tous les matins, des centaines de tshukudus
descendent de Rutshuru, à toute allure, avec des
kilos de légumes et des piments rouges, pour les
livrer sur les marchés de Goma. Une descente de
30 kilomètres, sur des pistes en terre battue parsemées de nids de poules. Mais, le tshukudiste
est habile. Il est très respecté aussi. Il a un plan
de carrière : il débute en poussant et en livrant à
droite et gauche toutes sortes de marchandises,
sur sa planche à roulette, il fait quelques économies, puis il s’achète la moto de ses rêves et fait
le taxi. Les bons jours, il peut gagner jusqu’à dix
dollars. On est tshukudiste de père en fils.
Le 16 mars 2013,
les Nations Unies
organisaient une course
de Tshukudu dans la
ville de Goma. Au guidon
de leurs gigantesques
trottinettes de
bois, quelque 130
«tshukudeurs» ont
traversé la capitale du
Nord Kivu, seulement
trois mois après la prise
éclair de la ville par les
rebelles du M23.
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Impact n°9 / Juin 2015 / 105
CULTURE
Bio-express
C
L’enfant débute haut comme trois pommes sur
un petit tshukudu, qu’il troquera pour un plus
grand au fur et à mesure de sa croissance. Un
jour, il obtiendra son sésame, la licence délivrée
par l’ATG, l’Association des tshukudus de Goma.
Informations tirées de l’article de Mme Natasha
Carleton publié le 5 avril 20013 sur : contre-pied.
blog.lemonde.fr/2013/04/05/tshukudu-la-petitereine-du-congo-a-sa-classique/
olin Delfosse est né à Bruxelles,
en 1981. Diplômé en journalisme, il se tourne en 2006 vers
la photographie documentaire. Photographe freelance, il entame ses premiers
reportages au Vietnam, au Mali et en
RDC. Lauréat de la bourse de la vocation
en 2006, son reportage « Les Amazones du PKK » réalisé au Kurdistan
irakien lui permet de remporter, en 2010, le prix National de la Photographie Ouverte. En 2012, son travail est exposé à « Paris Photo », au
festival photo de Hanovre et d'Athènes. Fin 2012, il franchit la frontière
congolaise pour couvrir les évènements à Goma, tombée aux mains
du M23. Son reportage, publié dans l'Echo et le Tijd, reçoit le prix de la
presse Belfius 2013. Il a présenté une exposition de photos sur les catcheurs de Kinshasa à l’Institut français de Kinshasa en septembre 2014.
Publication
Colin vient de publier un ouvrage de photos sur les catcheurs de Kinshasa. La nuit vient de tomber comme une ivrogne sur Kinshasa. Sur l’esplanade goudronnée attenante au marché Mzée Kabila, à l’incertaine
périphérie de la capitale où s’entassent dix millions de Congolais, « Six
Bolites » enfile son masque de tissu étoilé et grimpe sur le capot d’un
van qui a sans doute connu la dernière guerre. Au son des fanfaristes
perchés sur le toit d’une bagnole repeinte aux couleurs nationales, des
grappes d’enfants et de badauds venus des citées de Masina, Ndjili ou
Matete se mêlent au défilé en scandant son nom et celui des catcheurs
qui ce soir, une fois encore, vont s’affronter sur le ring.
106 / Impact n°9 / Juin 2015
Photos : Colin Delfosse
Titre : « Toute arme forgée contre moi sera sans effet »
Colin Delfosse, 80 pages, 43 photos, 210 x 280 mm
Textes et images : Colin Delfosse
Design graphique : Atelier 25
Langue : français et anglais
focus art & arcoprint edizioni
ISBN 978-2-9552412-0-2
Première édition
2015
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Crédit Photo : Getty Images
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Impact n°9 / Juin 2015 / 107
02/10/13 17:21
CULTURE
Mujeres del Congo
La route vers
l'espérance...
Photo : Beranrd Poudevigne
À l’occasion de l’exposition « Mujeres del Congo »
présentée du 11 juin au 4 juillet 2015 à l’Institut français
de Kinshasa par la photographe espagnole, Isabelle
Munoz, maintes fois récompensée pour son travail
photographique, Javier Hergueta Garnica, ambassadeur
d’Espagne en RDC, a accepté de répondre aux questions
de la rédaction d’Impact.
Javier Hergueta Garnica
Ambassadeur d'Espagne
en RDC
108 / Impact n°9 / Juin 2015
Impact : Monsieur l’Ambassadeur, vous
avez choisi d’exposer le travail de la
photographe, Isabelle Munoz, en RDC, à
Kinshasa mais aussi à Goma puis à Madrid.
Quelles ont été les raisons qui ont motivé
le choix de ces villes ?
Javier Hergueta Garnica : Isabelle Munoz est
venue à Kinshasa pour travailler sur un projet
sur les grands singes d’A frique. Elle est également venue dans l’Est du Congo pour y réaliser
des reportages. Très logiquement, nous avons
souhaité organiser l’exposition à Kinshasa mais
aussi à Goma et Bukavu. C’est aussi une exposition en hommage à Caddy Azuba qui a reçu
le Prix « Prince des Asturies» de la Concorde et
qui a réalisé un grand travail sur la lutte contre
les violences sexuelles. Elle a également fait un
travail remarquable, comme journaliste à Radio Okapi. Nous voulons l’avoir à Goma, à Bukavu puis, avec une présentation beaucoup plus
grande, à Madrid et probablement dans d’autres
capitales.
plus large. Ce que l’on veut faire, c’est montrer le
ferment de l’espoir, en commençant par illustrer
le travail de cette ONG qui aide les victimes de
violences sexuelles, tout en mettant en avant des
femmes énergiques, qui contribuent à la vie sociale et qui sont aussi des actrices économiques
motivées. La plupart de l’exposition ne porte pas
sur les victimes, mais sur des femmes qui travaillent, grâce à un financement sur micro-crédit et les femmes influentes
Chance
Quels sont les objectifs d’une telle
exposition qui présente des portraits de
femmes du Congo victimes de violences
sexuelles ?
Ce n’est pas exactement des portraits de femmes
victimes de violences sexuelles, c’est beaucoup
www.impact.cd
Ornella
Le prestigieux prix « Prince des Asturies »
a été récemment décerné à la journaliste
Caddy Adzuba ainsi qu’à son ONG
«Association des femmes des médias
du Sud Kivu» (AFM/SK). Que vient il
récompenser et quelle relation y a-t-il
avec le travail photographique d’Isabelle
Munoz ?
Le rapprochement est curieux ! Isabelle Munoz
est une des plus grandes photographes d'Espagne. Elle a gagné de nombreux prix et elle fait
un travail à la fois journalistique et artistique
d’une grande qualité. Elle travaille énormément
avec le journal El Pais. Elle est venue ici pour faire
un reportage sur les grands singes du monde :
gorilles au Congo, orang-outangs en Indonésie,
etc. Quand elle est venue ici, elle était chez moi
car je la connaissais bien ; je lui avais, en effet, organisé une exposition à la Havane lorsque j’étais
en poste. Au même moment, nous recevions la
visite de Caddy Azuba à l’ambassade pour faire
une conférence à la suite du prix qu’elle venait de
recevoir. Quand Isabelle a fait la connaissance
de Caddy, elle a été fortement impressionnée. À
la suite de cette rencontre, Isabelle Munoz s'est
rendue à l’Est pour connaître tous les lieux où
Caddy travaillait et elle a commencé à faire un
autre reportage et c’est pour cela que nous avons
www.impact.cd
pensé à faire cette exposition, car cela constituait une occasion unique de montrer les photos
d’Isabelle Munoz. Comme notre ambassade a
un budget limité, nous allons faire une version
plus modeste de l’exposition, mais à Madrid et
peut être même dans les autres capitales européennes, nous aurons sûrement une très grande
Henriette Kika
Photos : Isabelle Munoz
Solange lwashiga
Quand Isabelle a fait la
connaissance de Caddy, elle a été
fortement impressionnée. À la suite
de cette rencontre, Isabelle Munoz
s'est rendue à l’Est pour connaître
tous les lieux où Caddy travaillait.
Impact n°9 / Juin 2015 / 109
Caddy Azuba
Elle a consacré sa vie à dénoncer les
violences et le pillage des ressources
naturelles que connaît sont pays. Cette
journaliste, avocate et activiste pour les
droits de la Femme ainsi que pour la paix,
utilise les micros de Radio Okapi pour
aider les femmes victimes de violences
sexuelles à refaire leurs vies.
Quelles sont les autres partenaires
ayant contribué à la réalisation de cette
exposition ?
Nous sommes très reconnaissants à l’ambassade
de France et l’institut français pour le rôle qu’ils
ont joué. Dès le début, nous avons été en contact
avec eux et ils ont mis à notre disposition la Halle
de la Gombe qui est, je pense, la meilleure salle
d’exposition de Kinshasa. De plus, nous allons
travailler ensemble pour l’exposition à l’Est avec
les futurs instituts français de Goma et de Bukavu. Ces différents lieux nous offrent une plateforme fantastique. Nous avons aussi comme partenaire la délégation de l’Union Européenne qui
a collaboré et financé une partie de ce projet. Il y
aussi le Bureau Conjoint des Droits de l’Homme
des Nations Unies car comme il s’agit d’une exposition ayant un aspect important sur les droits
humains, ils ont voulu aussi participer. La fonda-
exposition sur les femmes du Congo. Par rapport
à Caddy, nous voulions lui rendre hommage
pour le travail qu’elle accomplit. C’est pour cela
que nous allons organiser une conférence qui se
tiendra à l’Institut français dans la matinée du 11
juin, sur la situation des femmes à l’Est.
110 / Impact n°9 / Juin 2015
Eugenie Bitondo
Photos : Isabelle Munoz
Impact : La note de présentation de
l’exposition souligne une corrélation entre
les guérisons physiques des femmes et le
leadership féminin. Pourriez-vous nous en
dire un peu plus ?
Ce chemin vers l’espoir passe par ces femmes qui
sont fortes et leaders dans la société. Caddy Azuba fait un travail remarquable qui va bien au-delà des problèmes des violences sexuelles. Elle a,
à son actif, un grand projet de communication,
une radio pour les femmes mais aussi un projet
de micro-crédit. C’est une personne exemplaire,
elle a reçu le prix « Prince des Asturies » qui est
un prix ayant une forte dotation économique et
elle a employé ce gain pour créer et financer ellemême ce projet de micro-crédit qui fonctionne
très bien. Caddy est l’espoir du Congo. Vous
savez que dans la culture africaine, le rôle des
femmes est très important, notamment le rôle
économique. Nous voulions le montrer. De plus,
Isabelle Munoz a eu l’occasion de mettre en avant
l’aspect artistique, car ces femmes dégagent une
image très forte. Si vous voyez les photos, vous
remarquerez que ce sont des femmes volontaires
qui ont bénéficié d’un micro-crédit et qui sont
à la tête de leur entreprise. Tout cela donne une
image positive de femmes actives et c’est cette
image optimiste de la femme congolaise que
nous voulons transmettre.
www.impact.cd
CULTURE
Biographie de l'artiste
I
Zabulonda Mwin Elysee
tion Hirondelle, qui est liée à Radio Okapi, dont
Caddy est une des journalistes, fait aussi partie
du projet. Enfin, Air France a participé à la venue
des participants à Kinshasa.
Plus généralement, quels sont les autres
projets de la coopération espagnole en
matière culturelle ?
Nous avons beaucoup de projets de coopération
en matière culturelle mais avec un budget limité. Cela ne nous a pas empêchés d'organiser une
quarantaine d’activités l’année dernière. Cette
année nous pensons présenter entre 40 et 50
activités. Nous faisons des choses très variées,
des expositions avec au moins trois expositions
de photographies, deux de peintures. Nous essayons de participer à de grands événements
comme le festival de danse. Actuellement il y a
un festival de percussions auquel nous participons, un festival de théâtre. Mais nous sommes
aussi partenaires avec des institutions congolaises, nous donnons des cours de cinéma, des
cours de musique etc.
Dans un tout autre domaine, nous avons bâti
cinq centres de formation dans le domaine des
soins infirmiers, dans celui de l’hôtellerie et de
la restauration. Il y aussi trois écoles en cours de
construction et un grand projet en collaboration
avec la France comme l’Hôpital de Monkole et
d’autres.
sabel Muñoz est née à Barcelone (Espagne) en 1951, elle habite Madrid
depuis 1970. Elle a su se distinguer parmi les représentants de la photographie espagnole contemporaine, en choisissant la technique de la platinotypie et le grand format dans le but de renforcer son discours, sa passion pour
le corps, comme manière de se rapprocher de l’étude de l’humain.
Une passion qui, depuis ses premières séries, Tango y Flamenco (1989),
constitue le début d’un parcours à travers de nombreuses cultures dans
lesquelles elle cherche à capturer, avec son appareil photo, la beauté du
corps humain, allant des danses traditionnelles, des luttes jusqu’à certaines
réalités ou des enjeux, vers lesquels Isabel Muñoz a décidé de concentrer
son regard, en nouant un engagement social.
Sa première exposition, Toques, tenue en octobre 1986 à l'Institut français
de Madrid, et sa participation au « mois de la Photographie à Paris » en
novembre 1990 a profondément marqué sa carrière et constitue le point
de départ de sa notoriété nationale et internationale.
Ces expositions seront suivies de beaucoup d'autres, à la fois individuelles
et collectives, au cours desquelles Isabel Muñoz va se consacrer en tant que
photographe de renommée internationale.
Cette forte présence, qu’Isabel Muñoz a acquise au sein de la communauté
artistique contemporaine, se reflète dans la reconnaissance de son travail
par l’octroi de divers prix et distinctions, dont le Prix « Bartolomé Ros » qui
couronne le travail effectué pendant toute sa carrière dans «PhotoEspaña»
2009, la «Medalla de Oro al Mérito en Beaux Arts» 2009 et l'obtention par
deux fois du «World Press Photo», ainsi que le prix national «d'UNICEF Espagne» 2010, pour la sensibilisation et la mobilisation sociale.
Sa reconnaissance professionnelle se traduit également par la prise en
compte de son travail dans différentes collections nationales et internationales, parmi lesquelles il convient de noter le Musée Centro de Arte Reina
Sofia à Madrid, Photo Colectania à Barcelone, Fundación Canal à Madrid,
Maison Européenne de la Photographie à Paris, Contemporary Art Museum
à Houston et New Museum of Contemporary Art à New York.
Propos recueillis par BP
www.impact.cd
Impact n°9 / Juin 2015 / 111
Forums des
métiers du L.F.R.D
et Club Français
des Affaires
Le samedi 20 mars, les élèves du lycée français René Descartes de
Kinshasa ont participé à une expérience visant la découverte de
plusieurs domaines professionnels par l’intermédiaire de différents
chefs d’entreprises qui ont permis d’organiser ce forum des métiers.
Les objectifs de ce forum sont :
- la connaissance de soi ;
- la connaissance des métiers ;
- et la connaissance des formations y conduisant.
Chef de projet d’études
Chef de projet d’études est un métier passionnant qui consiste à développer des projets pour
des entreprises privés et donc c’est aussi rédiger
112 / Impact n°9 / Juin 2015
www.impact.cd
IMPACT JUNIOR
un cahier des charges. Les projets d’études
concernent tous les domaines, pour ce métier il faut être autonome et évidemment
sérieux.
Les élèves remercient cependant tous les représentants de métiers présents ce jour-là, pour
avoir pris de leur temps mais également d’avoir
éclairé de leurs lumières les générations futures.
Directeur commercial
Le métier de directeur commercial est un
métier génial qui demande d’être à l’écoute
des gens, mais il faut un certain niveau
d’études assez haut. Il y a du stress mais
aussi un super contact humain.
La classe de seconde B
Le droit
Dans le domaine du droit, on retrouve différents domaines tels que le métier d’avocat, notaire ou encore juriste d’entreprise.
Ces métiers représentent les lois.
La médecine
La médecine s’étend sur plusieurs domaines qui permettent de sauver un grand
nombre de vies avec l’approfondissement
des recherches pour une guérison et une
prévention plus efficaces des maladies en
fonction des innovations scientifiques.
Malgré un parcours d’études long et exigeant menant à des satisfactions que seuls
les médecins connaissent. Il faut aimer les
sciences, avoir envie d’apprendre toujours
plus, et en cas d’échec se relever et continuer parce que ce n’est pas un domaine
facile, mais un métier qui aide et sauve les
autres.
Photos : LFRD
Ce forum des métiers à permis aux élèves
de la troisième à la terminale de se renseigner voire même de confirmer leurs projets professionnels: il a également aidé les
élèves de seconde dans leur orientation et
leur choix de série
www.impact.cd
Impact n°9 / Juin 2015 / 113
e quarantaine
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CM2
LFRDrénées
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C
e séjour a donné l’occasion
aux élèves de découvrir un milieu dont la richesse s’inscrit aussi dans l’Histoire. C’est sur
le site de Vielle-Aure que le groupe scolaire a
fait étape pour la visite d’une ancienne mine de
manganèse. Méthodes d’extraction, conditions
de travail, autant d’éléments qui mettent en
perspective son fonctionnement au siècle passé.
114 / Impact n°9 / Juin 2015
www.impact.cd
Photos : LFRD
Les
du
IMPACT JUNIOR
çaise de Kinshasa ont descendu les pistes de la
plus haute station des Pyrénées : Piau-Engaly
(1860 m). Des efforts récompensés par des brevets ESF et par le plaisir de la glisse !
Ce moment exceptionnel a été rendu possible par
la générosité des parents d’élèves, par l’efficacité
de l’espace Schengen de Kinshasa, par l’énergie
des membres de l’association « boules de neige ».
Il s’inscrit dans le cadre de la découverte et l’ouverture sur le monde dont l’école française a le
souci de mise en œuvre.
Au programme
Initiation à la pratique du ski avec des moniteurs
de l’Ecole du Ski Français (ESF), visite du village
de Saint-Lary et de son marché, randonnée en
raquettes sur les pentes enneigées de la vallée du
Badet.
EM
A quelques kilomètres de là, la maison de l’ours
a accueilli les élèves pour une rencontre avec cet
animal symbole des Pyrénées. C’est en effet dans
le département des Hautes-Pyrénées que le plantigrade a été réintroduit il y a quelques années et
qu’un musée lui a été consacré.
Les élèves et parents restés au Congo ont pu
suivre le séjour grâce à des échanges par internet
qui ont permis de « raconter » le voyage à la montagne : le froid, les vêtements, les paysages et bien
sûr les exploits sportifs !
À la conquête des pistes !
Encadrés par des moniteurs de l’ESF, c’est par
groupes de 8 à 12 que les élèves de l’école franwww.impact.cd
Impact n°9 / Juin 2015 / 115
CULTURE
Festival « Me ya be »
Et bien dansez maintenant !
Du 23 au 29 avril, s’est tenue la cinquième édition du festival
international de danse « Meyabe » organisé par la compagnie Jacques
Bana Yanga, en partenariat avec l’Institut français de Kinshasa, le
Centre Wallonie-Bruxelles, la Coopération espagnole en RDC, Radio
Okapi et de nombreux sponsors et opérateurs culturels locaux.
Saraï Estremela
Invitée par la
coopération espagnole
en RDC, la danseuse
Saraï Estremela a
envoûté le public de la
halle de la Gombe.
116 / Impact n°9 / Juin 2015
F
orte affluence pour cette cinquième édition du festival international de danse
«Meyabe» traditionnellement organisé autour
de la Journée internationale de la danse célébrée
le 29 avril. Des chorégraphes et danseurs venus
d’A llemagne, d’Espagne, du Zimbabwe, du Gabon, d’A mérique centrale et de différentes provinces du Congo se sont retrouvés à Kinshasa à
www.impact.cd
Des chorégraphes et danseurs venus
d’Allemagne, d’Espagne, du Zimbabwe,
du Gabon, d’Amérique centrale et de
différentes provinces du Congo se sont
retrouvés à Kinshasa à l’invitation de
Jacques Bana Yanga, créateur du festival...
ment applaudi sous la grande halle de l’Institut
français le 24 avril dernier, a mis en scène un panorama de la culture populaire congolaise mêlant harmonieusement défilé des sapeurs congolais et allusion au « combat du siècle » entre Ali
et Foreman. Très apprécié également, la performance de Sarai Estremera, invitée par l’ambassade d’Espagne en RDC, qui a fait découvrir au
www.impact.cd
Impact n°9 / Juin 2015 / 117
Photos : Salva Mose
l’invitation de Jacques Bana Yanga, créateur du
festival, chorégraphe et danseur, pour ce qui est
désormais devenu un des grands rendez-vous de
la danse en RDC. A l’Institut français, au Centre
Wallonie-Bruxelles mais aussi au Kwilu-Bar, une
centaine de professionnels ont offert une vingtaine de spectacles souvent originaux, toujours
très aboutis. Mention spéciale pour le travail de
la danseuse et chorégraphe zimbabwéenne Nora
Chipaumire qui, avec un spectacle copieuse-
Bio-express
A
public de la halle un large éventail des figures de
style du flamenco espagnol et du tango argentin.
Le ballet congolais Osase s’est également attiré
les faveurs du public avec un spectacle très tonique de danses traditionnelles congolaises.
Pour les deux soirées programmées sous la
grande halle de l’Institut français, on a pu dénombrer plus de 500 spectateurs. Au total, près
de 1000 festivaliers ont participé à «Me ya be
2015». Les professionnels comme les simples
amateurs attendent déjà avec impatience l’édition 2016…
Contact
+(243) 81 68 68 023
[email protected]
[email protected]
www.jacquesbanayanga.com
près une solide formation professionelle en danse traditionnelle congolaise de 1991 à 1996, Jacques Bana
Yanga se tourne rapidement vers l’écriture
contemporaine, via différents chorégraphes
tels que Jean Marie Musungay, Longa Fo,
Faustin Linyekula, Célestin Kose de Brazzaville,
Fred Bendongue (France /Cameroun), Céline
Back (France), Gérard Goudreau (France), Julie Dosalvie (Bénin/France), Germaine Acogny
(Sénégal), Pierre Doussaint (France), Nora Chipaumire (Zimb/US), Roberto Torres (Espane),
Patricia Fricker (France), Elizabeth Dalman
(austral), Sophie Loucachevsky (France) et
d’autres encore. Parallèlement à son activité
de danseur-chorégraphe, Jacques Bana est
professeur de danse. Il est en outre le directeur du festival international Me Ya Be qui a lieu
chaque année au mois d'avril à Kinshasa (RDC).
Photos : Salva Mose
Christophe Roussin
118 / Impact n°9 / Juin 2015
www.impact.cd
SORTIE DU LIVRE
DE PHOTOGRAPHIES
Congo Couleur Nuit
de Osvalde Lewat
Preface : Yannick Vigouroux
Poème : Atiq Rahimi
Postface : Lye M. Yoka
152 pages
95 photos couleur
Format : 22x28 cm
Couverture rembordée
sur carton
En vente pendant la semaine française
à la Halle de la Gombé, Kinshasa
Un coffret contenant une photo et
une édition limitée numerotée, signée à
la main par l’artiste est également disponible
FRANCE : en librairies et pendant l’exposition
« Couleur Nuit » du 8 au 22 octobre
à la galerie Marie-Laure de l’Ecotais,
49 rue de Seine, 75006 Paris
E D I T I O N S
www.impact.cd
1776
R.D. CONGO - KINSHASA
HALLE DE LA GOMBÉ
Impact n°9 / Juin 2015 / 119
CULTURE
Les Bakolo Miziki
Légendes vivantes !
Ils ont participé aux groupes emblématiques de la musique
congolaise. Ils sortent de l’oubli et remontent sur scène
sous le nom de « Rezonans Bakolo Miziki », autrement dit,
« le son des pionniers » ou des « aînés de la musique ».
Une mise en valeur du répertoire des années 30 à 70. Un
bain de jouvence pour eux et pour nous !
À
Léopoldville, entre les deux
guerres et jusqu’à l’indépendance, règnent les
studios, Ngoma, Philips, Esengo, Opika et surtout Loningisa, du commerçant grec Papa Dimitriu. Ce sont des centres de rencontre des musiciens. La plupart de ces studios prêtent leurs
instruments à de nombreux artistes, certes déjà
fort reconnus, mais parfois sans le sous, comme
Paul Mwanga (1925), chanteur et guitariste.
Ces artistes jouent à la journée, on les appelle, à
l’époque, les « nzong nzing » des studios.
On parle de la génération de feu Wendo Kolosoy
(1925-2008), dont le statut de « génial pionnier »
de la musique congolaise moderne, sera reconnu
sur la scène internationale au début des années
90.
Joseph Munange (1927-2015).
Feu «Vieux Maproko», lui, a été le saxophoniste qui a
formé Manu Dibango, sommité du makossa camerounais. Lui-même avait été initié par le célèbre saxophoniste belge Fud Candrix, requins des studios à Léopoldville. Avant l’African Jazz, il est passé par Conga Jazz et
Rock Mambo.
120 / Impact n°9 / Juin 2015
www.impact.cd
Moïse
Lutadila
Dit «Papa
Frakasseur»,
drummer/
percussionniste,
a rejoint l’African
Jazz, et fera aussi
partie de Negros
Succès de Bavon
Marie Marie, le
jeune frère et
rival de Franco.
Photos : Martin van der Bellen
À la fin des années 50 les véritables premiers
groupes se constituent. L’un de ceux-ci est
«l’A frican Jazz», mené par Grand Kallé, son parolier Tabuley et leur incroyable guitariste soliste
Docteur Nico. On fredonne toujours leur succès
mondial «Indépendance Chacha», écrit par le
maracassiste Roger Izeydi et sorti quatre mois
www.impact.cd
Roger
Lokumu
Entre 1960 et 1964, « l’A frian Jazz » fait une
grande tournée européenne et africaine. C’est au
cours de celle-ci, en 1961, que le jeune Manu Dibango, alors pianiste du répertoire jazz, croise le
groupe kinois à Bruxelles et demande de pouvoir
le suivre, pour l’intégrer, jusqu’en 1963. Maproko
l’initiera au style rumba. On dit d’ailleurs que
le fameux «Soul Makossa», de la star camerounaise, qui sera réinterprété par Michaël Jackson
dans son album «Thriller» (Wanna be starting
something), a des racines franchement congolaises!
Au début des années 70, Wendo, Feruzi, Taumani, Kasongo, Lucie Eyenga, Miss Bora, Adu Elenga, Bikunda, Maproko,… c’est-à-dire l’essentiel
des musiciens congolais de la première génération intègrent le Théâtre National, à l’initiative
de Mobutu. C’est là qu’a commencé le premier
regroupement sous le label « Bakolo Miziki »…
Ils sont devenus des artistes-fonctionnaires, le
Depuis les
années 60, il a
adopté la guitare
hawaïenne. Ancien
de l’African Jazz, il
passera à l’African
Fiesta Sukisu, aux
côtés de Dr Nico
et Tabu Ley.
Photo : JC Mangoubou
Alexander Buanga. Avant d’intégrer l’African Jazz comme guitariste, il avait été le premier
élève peintre de la future Académie des Beaux-Arts.
Il sera aussi en janvier 1959 footballeur du Vita Club,
lors du fameux match derby contre l’équipe Mikado
sponsorisée par la Sabena. Le V. Club se verra refuser deux buts par l’arbitre, et ne sera pas sacré
champion. Un arbitrage tendancieux qui enflammera
les supporters déçus et les poussera à rejoindre les
partisans de l’ABACO du futur président Kasa-Vubu.
Premières émeutes, prémices de l’indépendance…
avant le 30 juin 1960. Les deux autres symboles
étant « l’OK Jazz », avec Franco et Vicky Longomba, ou encore « Rock Mambo » de Tino Baroza,
Jean Mosombo et Maproko.
Impact n°9 / Juin 2015 / 121
CULTURE
Matthieu Kuka.
Devenu ténor de l’African Jazz, après le départ de Docteur Nico, Tabuley Rochereau et Izeydi, partis pour former l’African Fiesta. Kuka a écrit de nombreuses chansons, dont le grand succès « Bébé 69 », balade qui a
marqué la musique congolaise.
caisses de l’Etat sont vides. Mathieu Kuka tente
de réunir les anciens « d’A frican Jazz » pour créer
le groupe « Afrique Ambiance », tandis que Wendo tente la même chose avec le « Victoria Bakolo Miziki », dont il reste encore Tejos, Bikunda,
Buanga et Papa Bikunda.
C’est un peu dans la même veine qu’en 2012, JeanClaude Mangoubou et sa fondation «KA 2050»
relancent des répétitions avec les «papys» encore
en forme. Ils ambitionnent de créer une série de
En 2012, Jean-Claude Mangoubou et
sa fondation «KA 2050» relancent des
répétitions avec les «papys» encore en
forme. Ils ambitionnent de créer une
série de supports qui valoriseront ces
artistes et leur patrimoine.
Président aimant écouter et utiliser ces chantres
de l’identité nationale ! Ils sortiront ensemble
trois albums et feront plusieurs tournées à l’intérieur du pays. Ces artistes étaient à l’époque à la
Une des émissions de radio-tv «Bakolo Miziki».
Maman Angebi et Maman Kanzaku étaient les
animatrices de la Voix du Zaïre.
A la mort de Kallé, au début des années 90, les
Papa Tejos. Timothée Mbinga Kabata a fui l’Angola dans les années 50,
car il est membre fondateur du FNLA, parti révolutionnaire de Roberto Olden,
qui luttait pour l’indépendance. Ses premiers titres dénonçaient l’oppression. Il
a d’ailleurs toujours la cicatrice d’un coup de machette sur le crâne, qui date de
cette époque. À Mbanzangungu, il a formé des jeunes Congolais qui perceront,
dont Sam Mangwana ou Tesa Daliens (auteur de « Muzi" pour l’OK Jazz). Plus
tard, à Kinshasa, on le remarque pour ses reprises de Luis Mariano et Tino
Rossi. Parmi ses « ngembo » (jeunes fans) au Jazz Baron de Matonge, il y a un
certain Papa Wemba… C’est en s’inspirant de ce « Moyen Rossi », que Wemba
héritera du surnom de « Petit Rossi ».
122 / Impact n°9 / Juin 2015
www.impact.cd
Feu Jean Mosombo. Dit Vieux «Musulman»,
tenor de Rock Mambo et auteur du morceau « Bakolo
Miziki », hymne à la mémoire de ces artistes de la première heure. Particularité: il est des seul chanteurs de
l’époque à chanteur en français…
éteint, lui le leader du groupe « Rock Mambo ».
Le 20 mai dernier, c’était au tour du saxophoniste Vieux Maproko, 88 ans, de nous quitter,
peu de temps après le mémorable concert du 28
mars à la Halle de la Gombe. Il ne reviendra plus,
malgré nos «encore».
Photos : Martin van der Bellen
Photo : JC Mangoubou
supports qui valoriseront ces artistes et leur patrimoine. Ils cherchent des partenaires pour des
enregistrements studio, une expo photo, une BD
et un documentaire… Mangoubou de préciser:
«Il y a beaucoup de matière. Papa Alexander a
par exemple 150 titres prêts à être enregistrés !»
Il y a urgence car ces pionniers peuvent, à tout
moment, décider de se retirer. En février dernier, Jean Mosombo dit «Vieux Musulman» s’est
Les autres membres des Bakolo Miziki ont, fort
heureusement, encore bon pied bon œil ! Ils seront à l’honneur le 14 juillet à la Résidence de
l’ambassadeur de France.
Martin van der Belen
Photo : Gédéon Mukendi
Paul Malakani. Alias «Mayplo». Il a évolué
au Katanga, avec Jean Bosco Mwende Wabayeke
et Léon Bukasa, un des pionniers du reggae dans
les années 40. Mayena descend ensuite à Kinshasa et joue dans l’OK Jazz. Il interprête essentiellement le répertoire européen, le jazz, dans les
boîtes. Il finira sa carrière à Pointe-Noire.
www.impact.cd
Impact n°9 / Juin 2015 / 123
Photo : Le Plein vent
VIE PRATIQUE
Restaurant «Le plein vent»
Le fleuve pour mirroir
C’est un des restaurants les plus agréables pour passer une
soirée cosy à Kinshasa. Original dans sa carte et son cadre, il
surprend tous ceux qui le découvrent pour la première fois !
Photo : Martin van der Bellen
C
réé en 1957 par un ressortissant
suisse amoureux du Congo, il est aujourd’hui
l’une des plus vielles enseignes de la capitale. Le
concept est simple: une terrasse en haut d’un immeuble, exposée aux quatre vents, pour profiter
de la fraîcheur nocturne et pouvoir partager des
fondues ou pierrades à table, sans que les clients
ne soient incommodés ou enfumés…
Racheté dans les années 80 par la famille Janmohammed, également propriétaire de la pâtisserie
Chantilly et du restaurant Cosy Grill House et
Bar, le Plein Vent a été complètement rénové en
2006. La terrasse a été partiellement vitrée, mais
on lui a rajouté des grandes baies vitrées qui sont
124 / Impact n°9 / Juin 2015
www.impact.cd
Vous êtes plutôt fondue au fromage, bourguignonne ou au chocolat? En tout cas, c’est unique
à Kinshasa ! Et depuis peu, tous les mercredis, il
y a une « soirée raclette » savoyarde, accompagnée, comme il se doit, de sa charcuterie fine…
On a aussi des gens qui viennent juste pour
prendre un verre au bar car ils savent qu’on a une
cave à vin riche en bons crus français et sud-africains.»
On a aussi des gens qui viennent juste
pour prendre un verre au bar car ils
savent qu’on a une cave à vin riche en
bons crus français et sud-africains.
Réservations
Tel.: 081 36 00 532
Service de 18h à 22h30,
tous les jours sauf le
lundi
Le Plein Vent n’est pas seulement un cadre romantique, à en croire son public. Rien de tel que
de se retrouver autour d’un même caquelon pour
un repas convivial entre proches. Ou même pour
conclure un marché…
MVDB
Photo : Le Plein vent
Dans son cadre chaleureux, Kizzy, la sympathique gérante vous reçoit. Elle est fière de l’ambiance cosy de ce lieu subtilement éclairé, où
souffle en permanence l’agréable brise du fleuve.
Trop peu connu des Kinois, ce restaurant est
néanmoins fréquenté par de nombreux habitués. « Notre quinzaine de table peut se remplir
en quelques minutes », nous confie la maîtresse
des lieux. Et de continuer: « les clients apprécient
le cadre, mais ils savent aussi que le service est
très rapide, c’est un des avantages de notre carte
où l’on ne se perd pas…
Photo : Martin van der Bellen
Surplombant la ville, le restaurant est situé au
septième étage de l'immeuble Flamboyant, sur
l'avenue Lupungu, derrière le rond-point Forescom. En sortant de l’ascenseur, on découvre une
superbe vue sur le fleuve Congo, que l’on perçoit
dans la pénombre. Une masse en mouvement,
une force tranquille. En avant-plan, les grues
élancées du port à l’arrêt, et au loin, les lumières
«d’en face» qui scintillent, nous rappelant que
Kinshasa et Brazzaville, sont les deux capitales
les plus proches au monde.
Photo : Martin van der Bellen
Photo : Le Plein vent
ouvertes tous les soirs. Le lieu a ainsi pu conserver son côté « dans le vent » ainsi que sa carte de
fondues.
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Impact n°9 / Juin 2015 / 125
VIE PRATIQUE
Chantier naval CHANIC
Une activité
industrielle fleuve
La construction navale en RDC a été la
première activité industrielle du pays. Elle
est incarnée par le groupe CHANIC. Son
chantier, situé dans la baie de Ngaliema, est
à la fois un lieu historique et un moteur de
développement pour le Congo.
est non loin de Kintambo Magasin,
à l’endroit précis où Stanley accosta
en 1881, que se trouve depuis 1927
le Chantier Naval et Industriel du Congo (CHANIC). Ayant rapidement opté pour des techniques de pointe, CHANIC s’est forgé une réputation de pôle industriel régional. Son histoire
est liée à celle de la RDC. Plus de six générations
de travailleurs se sont succédés sur ce site industriel qui a connu son apogée dans les années 50 à
70. Avec un pic de de plus 3.000 employés à cette
époque.
126 / Impact n°9 / Juin 2015
www.impact.cd
Photos : Martin van der Bellen, Archives Chanic
C
’
Le «Sleep way»
Mécanisme de rails latéraux pour la mise à
l’eau. C’est le coeur du chantier naval…
AIA
Vestiges d’un des 3
bateaux de Stanley.
Son nom: l’« AIA »,
pour l’Association
Internationale Africaine,
créée par Léopold II
pour coloniser le Congo.
Ce steamer, mis à l’eau
en 1881, est en cours
de restauration depuis
2010. Comme on le voit
sur ce dessin d’époque,
les premiers bateaux à
vapeur, venus d’Europe,
avaient été montés et
démontés plusieurs fois
depuis l’embouchure du
fleuve, pour profiter des
tronçons navigables,
entre différents
rapides…
Aujourd’hui, le groupe a diversifié ses activités. À
côté de la construction navale, il exerce une activité commerciale de représentation industrielle,
une activité dans la construction des routes, la
fourniture d’équipements miniers et de manutention, ainsi qu’une activité de services dans le
froid et dans le domaine des ascenseurs.
Le chantier naval est composé de plusieurs parties. Plus on se rapproche du fleuve, plus les réalisations sont avancées, afin d’être mises à l’eau
plus rapidement.
Depuis quelques années, on observe un souffle
nouveau, même si on est encore loin des dizaines
de bateaux que construisait autrefois annuellement CHANIC. Ceux qui sont aujourd’hui à la
barre du groupe sont convaincus de son potentiel pour le développement du Congo, qui devrait
être plus centré sur l’exploitation du fleuve, épine
dorsale du pays, avec ses 22.000 km de voies
navigables. Ils sont conscients que CHANIC représente la dernière activité manufacturière du
Congo et espèrent que les grands projets de réhabilitation des ports et voies fluviales (Union
Européenne, CTB,…) vont pleinement relancer la
navigation intérieure.
CHANIC n’a de cesse d’investir dans la formation d’un personnel «pointu» et a repris depuis
cinq ans la « classification Veritas », un atout
indispensable de fiabilité car cette certification
européenne signifie que toutes les étapes de
construction des navires auront été vérifiées.
Bernard Andri, administrateur chargé des opérations, est un passionné du patrimoine industriel et humain de CHANIC. Comme Vincent
Bribosia, le président du Conseil d’administration, il est sensible à la magie de ces lieux, chargés
d’émotion et d’histoire…
MVDB
Le « carénage »
La remise à neuf d’un bateau est une des activités
que CHANIC n’a jamais abandonnée, même dans les
années 90, où, on peut l’imaginer, tout a failli s’arrêter…
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Impact n°9 / Juin 2015 / 127
VIE PRATIQUE
Pullman Kinshasa Grand Hotel
L’hôtellerie haut de
gamme !
P
remière adresse en République Démocratique du Congo et cinquième en Afrique,
Pullman confirme ainsi son développement et
son succès dans le pays grâce à son approche inédite de l’hôtellerie haut de gamme internationale
réconciliant business et loisirs.
Pullman, marque internationale haut de
gamme du Groupe Accor annonce l’ouverture
du Pullman Kinshasa Grand Hôtel
128 / Impact n°9 / Juin 2015
Emblème de la ville depuis de nombreuses années, le Grand Hôtel Kinshasa retrouve ses
lettres de noblesse avec l’installation du groupe
Accor en République Démocratique du Congo.
Depuis son ouverture, le 1er janvier 2015, le Grand
Hôtel de Kinshasa a revêtu les couleurs de la
www.impact.cd
marque Pullman.
Pullman, gamme « affaires » du groupe Accor,
propose un espace de travail en chambre, une
literie adaptée et confortable et des lieux de détente-loisirs, qui permettent au globe-trotter de
se sentir chez lui.
L’aile historique a été totalement rénovée et propose 190 chambres dont 24 suites, trois restaurants, trois bars, une piscine, un centre sportif,
avec une vue spectaculaire sur le fleuve Congo.
L’hôtel offre également plus de 927 m2 d’espaces
séminaires modulables en salles de réunions.
De plus, le Pullman Kinshasa Grand Hôtel se
situe à seulement 30 minutes de l’aéroport international de N’Djili où un service de protocole
assure l’accueil de ses clients.
La marque Pullman n’a pas été choisie au hasard
pour la capitale congolaise. En effet, Pullman
Kinshasa Grand Hôtel, de par sa situation géographique, est au centre de la vie sociale, locale
et internationale.
Il sera toujours une institution de la vie kinoise,
où l’on aime se retrouver pour savourer un cocktail sous les manguiers de l’Okapi ou au bar de
l’Étoile.
Accor veut garder cette identité si spéciale qui
fait la richesse de l’hôtel.
Aujourd’hui le Pullman Kinshasa Grand Hôtel,
avec son décor intemporel, cherche à développer
son univers, ses concepts et à faire vivre une expérience unique au voyageur.
Les nombreux services offerts par Pullman permettent à ses clients, grands pionniers du voyage
hyper connectés, nomades et cosmopolites, de
concilier efficacité et plaisir dans leurs déplacements, qu’ils soient professionnels ou personnels.
Pullman
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Impact n°9 / Juin 2015 / 129
AP RDC Rotary 2015-A4-2:AP RDC Rotary 2015-A4-2 01/06/15 10:23 Page1
Europe
400 implantations
14 400 collaborateurs
Amériques
330 implantations
20 100 collaborateurs
Afrique, Moyen Orient
et Europe de l’Est
260 implantations
9 000 collaborateurs
Asie – Pacifique
410 implantations
23 000 collaborateurs
BUREAU VERITAS, un monde d’expertise et
une société au cœur des marchés
Le Groupe Bureau Veritas propose une gamme étendue de services spécialisés
dans les domaines de la certification, de l’évaluation de conformité, de la formation
et du conseil.
Grace à plus de 1 400 bureaux et laboratoires dans 140 pays, le groupe peut
compter sur le talent et l’expérience de plus de 66 500 collaborateurs bénéficiant
d’une politique de formation active.
Des bureaux spécialisés dans l’inspection avant embarquement, présents sur
chaque continent, interconnectés en temps réel et bénéficiant d’un réseau
d’inspecteurs, couvrent toutes les zones exportatrices.
Pour plus de détails sur les activités de facilitation du commerce,
contactez-nous :
BIVAC RDC
Avenue des Etoiles 22 09 - La Gombe - Kinshasa
Tel: +(243) 99 00 36 910
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130 / Impact n°9 / Juin 2015
www.impact.cd
AP RDC Rotary 2015-A4-1:AP RDC Rotary 2015-A4-1 29/05/15 14:49 Page1
Assister les gouvernements et
les institutions internationales dans
la facilitation des échanges commerciaux pour
Protéger le consommateur en matière de sécurité et d’environnement
Assurer le respect des réglementations en vigueur et la conformité des
marchandises aux spécifications contractuelles
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Mettre à disposition un outil performant de suivi et de gestion du commerce
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Impact n°9 / Juin 2015 / 131
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