Politiques de la guerre
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Politiques de la guerre
1 Séminaire de philosophie politique et sociale 2016-2017 Fl. Caeymaex & Ed. Delruelle Politiques de la guerre Dans une Europe qui se targue d’être en paix depuis plus de 70 ans, on répète que « nous sommes en guerre ». Mais « en guerre » ou « dans la guerre », les sociétés – même démocratiques – ne le sontelles pas constitutivement ? Le séminaire de cette année se propose d’explorer comment la guerre hante la politique, comment la guerre est à la fois ce que la politique essaie de maîtriser, d’éviter, voire d’éradiquer, et ce qui ne cesse de la travailler, de l’orienter, parfois de l’envahir. Selon le paradigme dominant de philosophie politique (Hobbes – Rousseau – Kant), le but de toute institution politico-juridique est la fin de la guerre de tous contre tous. Mais comment la paix ou la sécurité seraient-elles possibles sans une force dotée du « monopole de la violence légitime », c’est-à-dire capable de « faire la guerre à la guerre », de « terroriser les terroristes » ? Et comment la guerre ne resurgirait-elle pas aussi entre ces puissances se prétendant souveraines ? L’institution de la paix et du droit ne présuppose-t-elle pas la « raison du plus fort » ? C’est pourquoi une toute autre tradition (Machiavel – Spinoza – Foucault) énonce que la politique n’est nullement la fin de la guerre mais sa « continuation » même – non seulement sous la forme interétatique mais aussi intra-étatique, celle de la guerre civile (« stasis », « lutte des classes », « guerre des races », etc.). Mais ici aussi, le paradoxe veut que si la politique « continue » la guerre, c’est qu’elle en est une mise en forme et en sens, autrement dit qu’elle contribue à la réguler, à la « civiliser ». « Politiques de la guerre » s’entendrait donc en deux sens, que l’on retrouve dans la formule fameuse de Clausewitz : « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens » - ce qui peut signifier que la guerre est le fonds irréductible de toute politique, mais aussi que, inversement, la politique reste l’horizon de maîtrise et de civilité de la guerre, sous peine de sombrer dans la barbarie. Suivant la méthodologie désormais éprouvée du MAP-ULg, le séminaire s’appuiera sur différents types de discours – sociologique, anthropologique, historique, littéraire, etc. – de manière à décentrer le discours philosophique, en abordant des questions telles que, par exemple, les femmes dans la guerre, la guerre coloniale, le génocide, « l’histoire des vaincus », les technologies de la guerre, les luttes non violentes, le pacifisme, etc. Au final, il s’agira, d’une part, d’interroger le cercle qui paraît souder l’une à l’autre la guerre et la politique dans la pensée occidentale et, d’autre part, de se demander s’il est possible de penser le conflit, la division, la lutte en dehors du modèle de la guerre et de ses corrélats (victoire, paix, commandement, avant-garde, etc.) – soit de penser, au cœur de la politique, une autre économie de la violence. 2 Calendrier : Le séminaire se tient les 1er et 3e jeudis du mois, de 16h à 19h. Public : prioritairement des étudiants Master 1 & 2 mais aussi doctorants, chercheurs en philosophie et autres disciplines de sciences humaines. Premier quadrimestre : 23/9, 6/10, 3/11, 17/11, 1/12, 15/12 Deuxième quadrimestre : 9/2, 23/2, 9/3, 23/3, 20/4, 4/5