Poète, vos papiers - Le Chant Du Monde

Transcription

Poète, vos papiers - Le Chant Du Monde
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2
Textes : Léo Ferré
Mise en musique:
réat
C
Poète,
vos papiers!
Léo Ferré • Yves Rousseau
Photo © Francis Vernet
vendredi 23 et samedi 24 mars à 20 h 30
La Bergerie • Espace culturel de Nangis
SOMMAIRE
Page 3 : Pourquoi Léo Ferré ?
Page 4 : Yves Rousseau et Poète, vos papiers !
Pages 5 & 6 : Rousseau - Ferré, la rencontre
Page 7 : Le répertoire
Pages 8 & 9 : Biographie Léo Ferré
Pages 10 & 11 : Présentation des musiciens
L
a création scénique de « Poète, vos papiers » aura lieu à la Bergerie de
Nangis en mars 2007.
C’est avec cette ville de 7800 habitants dotée d’infrastructures culturelles
exceptionnelles pour une commune de cette taille qu’une collaboration est
née en 2003 sous la forme d’une résidence d’artiste.
Le cas est suffisamment peu fréquent pour être souligné : je veux dire ici à quel
point il est devenu rare qu’une collectivité locale s’implique avec autant de
foi dans un accompagnement basé non pas sur une hypothétique résonance
médiatique plus ou moins immédiate, mais sur un véritable travail de
diffusion et de sensibilisation sur le long terme. Nangis, tournée vers l’avenir,
a fait le choix de l’audace...
Une des principales caractéristiques de cette forme de présence « sur le
terrain » est une présentation régulière au public du travail de l’artiste
résident : Nangis verra donc naître le spectacle « Poète, vos papiers ».
Yves Rousseau
Léo FERRÉ : Poète, vos papiers !
1. Léo Ferré
Léo Ferré est un artiste célèbre, paradoxalement son œuvre demeure assez mal connue. De Ferré on
connaît l’auteur à succès de quelques chansons très populaires, Le Piano du Pauvre, Paris Canaille,
Jolie Môme, Paname, C’est extra ou Avec le temps, on se souvient éventuellement, sans en prendre
l’exacte mesure, de son travail de mise en musique des poètes (Apollinaire, Baudelaire, Aragon, Verlaine,
Rimbaud...), on garde le souvenir réducteur d’un personnage solitaire et hargneux plaidant en faveur de
la révolte permanente et de l’anarchie et l’on considère généralement comme incongrues ou déplacées
ses incursions dans le domaine de la musique symphonique.
Longtemps, avec Mathieu Ferré, nous avons rêvé de réaliser un spectacle qui aurait permis d’éclairer avec
plus de précision l’étendue d’un répertoire et la richesse d’une œuvre dont le rayonnement s’étend bien
au-delà des frontières convenues de la « Chanson Française ». Des artistes ont été sollicités, à commencer
par tous ceux qui un jour ont prétendu être plus que de grands admirateurs : ses enfants spirituels... Tous
se sont finalement « désistés »... Quelques-uns, plus modestes et moins médiatisés ont consacré ça et là
des albums entiers aux chansons de Ferré, sans jamais dépasser le stade de la « compilation » de titres
déjà très fréquentés... et l’on ne compte plus les versions de Avec le temps qui ne font que renforcer l’idée
trompeuse d’un Ferré auteur miraculeux d’une seule chanson.
Nous avons alors compris qu’il ne servait à rien de courtiser ou de flatter tel ou telle et qu’un projet
consistant ne pourrait émaner que d’un artiste déterminé et désireux d’affirmer un véritable point de vue
artistique. Nous en étions là, prostrés dans le corridor du renoncement... quand Yves Rousseau est venu
mettre fin à notre accablement...
Yves ROUSSEAU Quartet, Claudia SOLAL & Jeanne ADDED
2. Yves Rousseau
Yves Rousseau, j’observe son travail depuis des années, je devine sa rigueur, je constate la pertinence de
ses projets, j’admire la cohésion et la pérennité de son quartet... Je suis très sensible à son univers musical,
savant dosage de musique écrite et de musique improvisée. En 2003 j’ai eu l’opportunité de le rencontrer,
de le fréquenter jusqu’à l’aboutissement en 2005 de « Sarsara », second album de son quartet. Sa suite
« Aguirre », inspirée par le film de Werner Herzog, est un modèle d’équilibre et d’illustration évocatrice...
Aussi quand il m’a téléphoné immédiatement après avoir visionné le DVD et écouté le CD « Léo Ferré
Sur la scène » pour me dire : « Et dire que je croyais connaître Léo Ferré » puis « Ferré, sur scène,
on dirait Coltrane » et enfin « J’ai envie de faire quelque chose avec Ferré, crois-tu que cela soit
possible ? ». J’ai compris que nous avions enfin trouvé l’artiste avec lequel il allait être possible d’aboutir
un projet original et consistant.
3. Poète, vos papiers ! Poète, vos papiers ! est le premier des deux recueils de poèmes assemblé par Léo Ferré. Le second
« Testament Phonographe » publié en 1980 regroupe 144 textes pour la plupart mis en musique et
chantés. Edité fin 1956, « Poète, vos papiers ! » proposait des textes qui ne semblaient pas destinés à la
« chanson ». Au moment de sa publication, sur les 77 textes qui constituent le recueil, 3* font l’objet d’un
enregistrement officiel, 3** d’enregistrements inédits, 2*** autres devenant des chansons à l’occasion
de la publication du livre. Pour cette unique raison, plusieurs grands éditeurs refusèrent de publier un
manuscrit qui n’intégrait aucun texte de chansons faisant la renommée de leur auteur. Léo Ferré serait-il
d’un côté un auteur de chansons populaires et de l’autre un poète élitiste ? Douze ans plus tard, Ferré, sans
doute stimulé par l’arrivée d’un nouvel auditoire rajeuni et plus réceptif, apportera une première réponse
en chantant une quinzaine de titres de son recueil, dont certains° sont encore aujourd’hui considérés
parmi ses plus grandes « chansons ». A partir de 1980, Léo Ferré travaillera à un nouveau projet de mises
en musique de 23 poèmes. Le premier°° sera réalisé sur l’album Ludwig-L’imaginaire-Le bateau ivre
et quatre autres °°° figurent sur l’album On n’est pas sérieux quand on a 17 ans, les suivants ne
seront jamais enregistrés y compris les trois que chantaient Léo Ferré lors de son ultime récital°°°. Au
final ce sont au moins 55 titres, qui étaient destinés à la « chanson ». Il nous a semblé intéressant de
poursuivre le travail de mise en musique entrepris par Léo Ferré qui nous rappelle dans Préface que :
« ...Toute poésie destinée à n’être que lue et enfermée dans sa typographie n’est pas finie
Elle ne prend son sexe qu’avec la corde vocale tout comme le violon prend le sien avec l’archet
qui le touche ».
* L’amour / La grande vie / Ma vieille branche
** L’opéra du ciel / Paris / La femme adultère
*** L’été s’en fout / Les copains d’la neuille
° Poètes, vos papiers ! / Préface / A toi / Le testament / Les passantes / Le crachat...
°° La sorgue
°°° Le faux poète / Les morts qui vivent / Le sommeil du juste / Visa pour l’Amérique
°°°° Récréation / L’homme lyrique / Monsieur le poète untel
Léo FERRÉ : Poète, vos papiers !
L’enfance, la musique, les autres et Ferré...
Jolie Môme, C’est extra, Rotterdam, La The Nana ou encore Avec le Temps ont constitué dans les années
soixante-dix, aux côtés de Bach, Beethoven, Armstrong ou Django, les fondements de ma culture musicale.
Alors qu’inconsciemment je m’imprégnais de ces chants devenus les « tubes » que l’on sait, je n’avais de
Léo Ferré que l’image d’un « fort en gueule », revendicateur écorché au visage de Merlin désenchanté.
Avec les années, j’ai pris conscience de n’avoir eu accès qu’à la partie émergée de l’iceberg, au Ferré plus
souvent caricaturé que décrit. J’ignorais tout des nombreux talents de cet artiste multiple. Je suis aujourd’hui
intimement persuadé que le projet scénique et discographique dont il est question ici est un écho de cette
époque, lorsqu’enfant je découvrais ce Robinson échoué sur l’île de la chanson française. Je puis dire que,
tout comme je me suis construit à l’architecture de Bach ou au swing de Louis Armstrong, j’ai grandi au
« son » de la voix de Léo Ferré.
La rencontre, Ferré est un « autre »
Au cours de l‘année 2004 j’ai finalement rencontré un autre Léo Ferré par le biais du Dvd et du Double CD
Sur la Scène rassemblant des extraits de concerts captés lors de la tournée 72-73 et commercialisé quelque
30 ans plus tard. Ferré se produisait alors avec Paul Castanier, fidèle compagnon devenu au fil des ans son
alter ego - précision que je donne à dessein tant l’osmose qui existe à cette époque entre le chanteur et son
pianiste est sidérante. J’ai découvert à cette occasion quels étaient les thèmes de prédilection pour le moins
récurrents chez l’homme et l’artiste ainsi que quelques grands textes lyriques dont j’avais ignoré jusque-là
l’existence ; parmi eux je citerai pour exemple « Les Amants Tristes » qui est digne de la plume de Baudelaire,
Apollinaire ou Rimbaud, ou encore « La Mélancolie », sorte de Round Midnight ...
De Ferré à Coltrane... il n’y a qu’un pas (?)
Moi qui fus très impressionné, comme tant d’autres, par la puissance et l’énergie des grands solistes qui ont
fait l’histoire du jazz, j’avoue avoir été totalement bouleversé à la découverte de ces images d’un artiste aussi
investi et aussi habité, tant par le texte que par la musique... J’ai vu John Coltrane en lieu et place de Ferré !
Coltrane esquissant le thème d’Afro Blue, de My Favorite Things ou de Naïma, transformant peu à peu le
dessin d’une mélodie en une toile de peintre visionnaire obsédé par la multiplicité des couleurs... Préface,
A Toi ou Ni Dieu ni Maître devenaient autant d’oeuvres ayant en elles la même puissance d’évocation que
ces citadelles de la musique afro-américaine. Je retrouvais dans l’engagement de Ferré la même urgence, le
même chant intérieur à rapprocher parfois de la transe. Le timbre et la justesse de la voix de Ferré, la beauté
de ses choix mélodiques alliée à la celle de sa poésie m’ont ému jusqu’au plus intime... J’ai tout autant été
fasciné par le compositeur que par le poète, comme par le courage de l’artiste très tôt débarrassé de tout
carcan esthétique et de toute contrainte formelle... Ferré grognait, s’emportait, choquait... sait-on à quel
point il doutait ? Une seule certitude : il travaillait sans relâche... J’imagine que son amertume fut grande à
constater qu’on ne lui reconnaissait pas de véritable statut de compositeur, alors qu’il avait pour le moins,
un sens aigu du maniement de la masse orchestrale...
Yves ROUSSEAU Quartet, Claudia SOLAL & Jeanne ADDED
Quel orchestre, quelle instrumentation ?
Fin 1999 naissait Fées & Gestes, projet pour lequel je fis appel à Jean-Marc Larché aux saxophones, à Régis
Huby au violon et à Christophe Marguet à la batterie. En février 2001 nous publiions un premier album au
titre éponyme, puis un second en 2005 intitulé Sarsara nous donnant l’occasion de rebaptiser le quartet
du même nom et d’intégrer le label Le Chant du Monde/Harmonia Mundi. C’est avec cette formation que
j’ai imaginé ce travail autour de Léo Ferré et de son recueil Poète, Vos Papiers !. Les acquis du quartet,
sur disque comme sur scène – une centaine de concerts depuis les débuts de l’aventure -, le bonheur de
partager notre art collectivement et nos convergences de vue s’agissant de l’esthétique du groupe le rendent
indispensable à mes yeux pour mener à terme un projet d’une telle importance... Au quartet j’ai souhaité
adjoindre deux voix qui comptent parmi les plus belles et les plus novatrices dans l’univers des musiques
improvisées : celles de Claudia Solal et de Jeanne Added.
Poète, Vos Papiers ! est à la fois conçu comme un programme de concert et d’album. Il proposera 24 textes
parmi les plus emblématiques dans l’écriture du poète. Certains de ces textes ont été mis en musique et
enregistrés par Ferré, essaimés çà et là sur différents albums. D’autres, mis en musique par Ferré n’ont, pour
des raisons très diverses, jamais été gravés ; nous découvrirons donc « ensemble » ces « nouvelles » chansons
de Léo Ferré arrangées pour la circonstance. D’autres textes, enfin, n’ont jamais été mis en musique et le
seront pour cette occasion.
Poète, Vos Papiers ! est donc un projet tout à fait inédit : ce n’est ni un projet spécifiquement « chanson », ni
un projet spécifiquement « jazz », mais un savant dosage des deux, un voyage musical et poétique proposé
par une formation dont le « son » est inédit dans le paysage de la musique européenne d’aujourd’hui.
Poète, Vos Papiers ! pourrait être la lettre que je n’ai jamais écrite à Ferré... Ferré l’unique... Ferré poète capable
d’écrire pour un orchestre symphonique... Ferré chanteur... Ferré compositeur de mélodies qui ont fait le tour
du monde...
Comme la signature de mon profond respect à celui dont le génie aura abondamment nourri mon
imaginaire...
Yves Rousseau
Décembre 2005
Léo FERRÉ : Poète, vos papiers !
Léo Ferré
Poète, vos papiers !
1 Préface
« LE VENT DANS LA MOËLLE »
2 Poète, vos papiers / Art poétique
3 La Muse en carte
« L’AMOUR »
4 Rappelle-toi
5 Le Plus Beau Concerto
6 Madame la Misère
7 Les Morts qui Vivent
8 L’été s’en fout
9 Tristesse de Paris
10 L’Amour
11 A Toi
12 Le Testament
« ÉPIQUE ÉPOQUE »
13 Où va cet Univers ?
14 Tête à Tête
« VERS POUR RIRE »
15 Les passantes / Sous le ban / Das Kapital
16 Le Mannequin
17 A Un Prochain Cadavre
18 Les Cinéastes
« LA TERRE EST SAOÛLE »
19 Il y a
Rappel
26 Marie
1/2/6/7/8/10/11/12/15/19/20 musique Léo Ferré
3/4/5/9/13/14/16/17/18 musique Yves Rousseau
Poèmes Léo Ferré sauf 20 Guillaume Apollinaire
Yves ROUSSEAU Quartet, Claudia SOLAL & Jeanne ADDED
Photo © Hubert Grooteclaes
Léo FERRÉ : Biographie établie par Alain Raemackers
Léo Ferré naît à Monaco le 24 août 1916. A l’âge de sept ans, il intègre la Chorale de la Maîtrise de la Cathédrale
de Monaco, il est alors soprano. Il apprend le solfège et l’harmonie et découvre la polyphonie au contact des
œuvres de Palestrina et de Victoria. En 1925 il devient, pour huit longues années, pensionnaire du collège
Saint-Charles de Bordighera, « tenu » par les frères des écoles chrétiennes, il y fera le dur apprentissage
de la solitude et de l’oppression. Il se réfugie dans la musique. A 14 ans il compose le Kyrie d’une Messe
à trois voix. Bachelier, il se rend en 1935 à Paris pour effectuer des études de droit, il peaufine alors son
apprentissage du piano en complet autodidacte. Fort d’un diplôme de Sciences Politiques il revient à Monaco
en 1939 avant d’être mobilisé. Sa vocation de compositeur va s’affirmer après sa démobilisation. En 1940, il
compose à l’occasion d’un mariage, un Ave Maria pour orgue et violoncelle et débute la mise en musique
de chansons écrites par une amie. C’est avec ce répertoire qu’il se produit pour la première fois en public
le 26 février 1941, au Théâtre des Beaux-Arts de Monte-Carlo, sous le nom de Forlane. Ses premiers textes
personnels datent sans doute de l’année 1941. En 1943 René Baer lui confie des textes qui deviendront plus
tard des succès incontestables La chanson du scaphandrier, La chambre. En 1945 alors qu’il est « fermier »
et occasionnellement « homme à tout faire » chez RMC, Léo Ferré rencontre Edith Piaf qui l’encourage à
tenter sa chance à Paris. A la fin de l’été 1946 il s’y rend et obtient en novembre un engagement de trois
mois au cabaret Le Boeuf sur le Toit. Pendant 8 ans, Léo Ferré devra se contenter d’engagements aléatoires
et épisodiques dans les caves à chansons de la capitale. C’est dans ce contexte qu’il finit par se faire une
réputation, parvenant, non sans peine, à placer quelques titres chez les interprètes de l’époque : Edith Piaf,
Renée Lebas, Yvette Giraud, Henri Salvador, Les Frères Jacques. Il signe son premier contrat discographique
en juin 1950 avec Le Chant du Monde. Il lui faudra patienter jusqu’en 1952 avant de connaître un premier
succès via l’enregistrement de Paris canaille par Catherine Sauvage. Léo Ferré met à profit cette bouffée
d’oxygène pour composer l’oratorio La Chanson du Mal-Aimé sur un poème de Guillaume Apollinaire. En
Léo FERRÉ : Poète, vos papiers !
1953 il signe pour cinq ans avec le
label Odéon. Dès lors sa renommée
ira grandissante facilitée par un
récital à l’Olympia en mars 1955
et à Bobino en janvier 1958. En
1956, les surréalistes Benjamin
Perret et André Breton, saluent ses
talents de poète. André Breton, qui
entretiendra une amitié suivie avec
Ferré refusera cependant de rédiger
la préface du recueil Poète...
vos papiers ! sur le point d’être
publié. A partir de cette date Ferré
écrit beaucoup, non seulement
des chansons mais également le
texte d’un ballet/oratorio La nuit
et son roman autobiographique
Benoît Misère. L’année suivante,
afin de célébrer le centenaire de
la publication des Fleurs du Mal,
il consacre un album complet
à Charles Baudelaire. En juin,
il enregistre enfin La Chanson
du Mal-Aimé de Guillaume
Apollinaire. Ces deux réalisations
marquent le début d’un travail
Photo © André Villers
intensif de mise en musique de ses
poètes de prédilection : Aragon 58/61 Verlaine 59/64 Rimbaud 63/64 qui l’amènera à consacrer un récital
entier aux poètes en 1966. En 1977 Léo Ferré travaillera de nouveau sur une série de Fleurs du Mal puis
sur une nouvelle série de poèmes d’Apollinaire et de Rimbaud. En 1986 il consacrera une nouvelle tournée
aux poètes qui sera filmée et publiée en DVD. Sous contrat avec Barclay, Léo Ferré réalisera pratiquement
chaque année de 1961 à 1974 un album dont les arrangements seront confiés jusqu’en 1970 à Jean-Michel
Defaye. On le retrouvera en outre à l’affiche des plus grandes salles parisiennes pour des périodes allant de 2
à 6 semaines, Alhambra, Villa D’Este, Bobino, Mutualité, Olympia. On le voit peu à la télévision, où il se rend
toujours avec beaucoup de méfiance, sauf chez Denise Glazer qui l’invitera régulièrement pour Discorama
(1961, 1965, 1967, 1974). C’est à partir de l’été 68 que Ferré se replonge dans la mise en musique de poèmes
extraits de Poète, vos papiers !... L’été suivant il s’installe en Italie dans les environs de Florence. En 1970
l’album Amour-Anarchie, qui témoigne de son éphémère collaboration avec le groupe « pop » Zoo, est
marquée par l’affaire Avec le temps chanson « écartée » dans un premier temps par la maison Barclay. 1971
voit la publication de son unique roman Benoît Misère et l’automne 1972, le début de la dernière tournée
Ferré/Castanier et l’enregistrement de l’album Il n’y a plus rien. Le départ en mai 1973 de Paul Castanier,
(son pianiste depuis 1957) et la rupture en 1974 avec la maison Barclay qui lui interdit d’enregistrer « sa
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Yves ROUSSEAU Quartet, Claudia SOLAL & Jeanne ADDED
Photo © André Villers
voix » jusqu’en novembre
1976, vont conduire Léo
Ferré à se consacrer
principalement à la
composition et la
direction d’orchestre. En
1975 il dirige l’Orchestre
de l’Institut des Hautes
Etudes Musicales de
Montreux, puis l’Orchestre
Symphonique de Liège et
en novembre, l’Orchestre
Pasdeloup, au Palais
des Congrès de Paris, à
l’occasion de la publication
de l’album Ferré muet
dirige... A partir de cette
date la majeure partie des
œuvres de Léo Ferré sera
réalisée avec l’Orchestre
Symphonique de Milan
placé sous sa direction.
Sur scène il dirigera
également, l’Orchestre Symphonique de l’Essonne (1978), l’Orchestre Symphonique de Lorient (1984),
l’Orchestre Métropolitain de Montréal (1985), l’Orchestre Philharmonique de Lorraine (1991). De 1976 à
1992 quinze albums seront réalisés soutenus par d’importantes tournées. Les récitals, la plupart du temps
sans entracte, ne durent jamais moins de deux heures et Léo Ferré donne l’impression d’être devenu un
Metamec sur lequel le temps semble n’avoir aucune emprise. En 1980 Léo Ferré publie son second recueil
de textes & poèmes sous le titre Testament phonographe. En 1981 il enregistre le triptyque Ludwig L’imaginaire - Le Bateau Ivre puis enchaîne avec l’enregistrement de l’Opéra du Pauvre publié en avril
1983. L’année suivante il est sur la scène du Théâtre des Champs-Élysées pour une série de récitals fleuves
de près de trois heures qui seront enregistrés et filmés donnant lieu à la publication d’un triple album et
d’un DVD. Il consacre l’hiver 1984/1985 à la composition, la réalisation et le filmage d’un album de textes
de son ami Jean-Roger Caussimon auquel une profonde amitié le lie depuis leur rencontre à Montmartre
fin 46. En février 1986, Léo Ferré, fidèle aux anarchistes pour lesquels il chante depuis 1947, inaugure
le Théâtre Libertaire de Paris (TLP Dejazet). En novembre Jean-Christophe Averty pour le compte de la
télévision lui consacre le film Amour, Anarchie, Léo Ferré 90, diffusé alors que Ferré est de retour au T.L.P.
Dejazet pour une série de 25 concerts. En juin 1991 il donne un concert au Palais des Sports au profit de
Radio Libertaire et en septembre se consacre à l’enregistrement de ce qui sera son dernier album Ferré
Rimbaud : Une saison en enfer.
Léo Ferré interrompt sa dernière tournée en octobre 1992 pour subir une intervention chirurgicale à l’hôpital du
Kremlin Bicêtre. Il se replie ensuite dans à sa retraite de Castellina-in-Chianti où il meurt le 14 juillet 1993.
Léo FERRÉ : Poète, vos papiers !
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Yves ROUSSEAU Quartet, Claudia SOLAL & Jeanne ADDED
Yves ROUSSEAU, contrebasse et compositions
Enfant, il écoute de la musique en famille, Jazz, Chansons,
Musique Classique. Il découvre la contrebasse en écoutant
Pierre Michelot et Patrice Caratini et étudie l’instrument avec
Jacques Cazauran au CNR de Versailles entre 1982 et 1987.
Il mène de multiples expériences en orchestre de chambre
et symphonique et fait quelques incursions dans la musique
baroque, contemporaine et électro-acoustique, tout en
apprenant les rudiments du jazz au Centre d’Informations
Musicales. En 1984, au sein de l’Ensemble franco-allemand
de Jazz, il rencontre Jean-François Jenny-Clark qui le conduit
à changer sensiblement sa perception musicale. Il co-dirige
ce même ensemble avec Albert Mangelsdorff entre 1990 et
1993. De 1990 à 1996, il enseigne au Centre d’Informations
Musicales et intervient régulièrement au département Jazz du CNSM de Paris. Depuis 2003 il enseigne au
CNR de Metz (contrebasse et ateliers d’ensemble).
En marge de ses projets personnels, à l’image de sa longue collaboration avec le vibraphoniste Franck
Tortiller, il participe dans les années 90 à la vie de plusieurs orchestres pratiquant des musiques très
différentes, aux confins du jazz et des musiques improvisées,. Il enregistre notamment avec l’ensemble
Archimusic, Senem Diyici, Sylvain Kassap / Okay Temiz, Ecume Quintet, Trio à Boum, Trio Rousseau/
Tortiller/Vignon, Jacques Mahieux, Jean-Marc Padovani, Trio Bertrand Renaudin avec Hervé Sellin,
ou encore Kudsi Ergüner. Bien qu’ayant participé à de nombreuses aventures avec des artistes issus de
mondes différents (Philippe Caubère, Jessye Norman, Pierre Etaix, Lambert Wilson ou Pierre Perret...),
il privilégie désormais les expériences au long terme en tant que leader pour des musiques alliant écriture
et improvisation. Ainsi, puisant son inspiration dans la force et le lyrisme du jazz, il donne la priorité à son
quartet réunissant Jean-Marc Larché, Régis Huby et Christophe Marguet, avec lesquels il vient de publier
un deuxième album intitulé “Sarsara” (Le Chant du Monde/Harmonia Mundi).
Léo FERRÉ : Poète, vos papiers !
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Claudia SOLAL, vocal
Claudia Solal a d’abord étudié le piano dès l’âge de 6 ans, puis
les techniques du chant classique avec Christine Demangel,
du jazz et de l’improvisation avec Pierrick Hardy, François
Théberge, Laurence Saltiel et Christiane Legrand. C’est en
qualité de chanteuse, d’auteur et de compositrice qu’elle se
produit régulièrement depuis 1995 sur toutes les scènes jazz
européennes et américaines. On a pu l’entendre aux côtés
de Eric le Lann, Mimi Lorenzini, Françoise Toullec, Archie
Shepp, Christian Escoudé, Baptiste Trotignon. Son premier
album « My Own Foolosophy » (1998) a reçu un accueil très
chaleureux de la part des medias spécialisés : « Claudia Solal
parvient à faire preuve d’une remarquable originalité au milieu
des innombrables chanteuses Jazz qui se sont engouffrées dans
la brèche ouverte par Rachel Ferrell ». En 2001, elle forme un trio « A capella » d’improvisation libre en
compagnie de Médéric Collignon et de Lê Duy Xuân baptisé « La Théorie du Chaos ». En 2002, elle rejoint le
nouveau big band de son père Martial Solal, le fameux « Dodecaband ». Depuis mars 2004 elle se produit en
duo avec le pianiste Benjamin Moussay. Depuis 1998 elle enseigne également le chant au sein de plusieurs
écoles de musiques.
Jeanne ADDED, vocal
Originaire de Reims (née le 25 septembre 1980), Jeanne Added
étudie le violoncelle et le chant lyrique au Conservatoire National
de Région de sa ville natale, puis le jazz à l' Institut Art-CulturePerception (IACP) à Paris, auprès de Lionel Belmondo et Sarah
Lazarus. Elle participe en 2000 aux stages de la compagnie Lubat
à Uzeste où elle rencontre Bernard Lubat et André Minvielle.
Menant de front le chant lyrique (toujours au CNR de Reims) et
le jazz, elle est la première chanteuse admise au Conservatoire
de Paris (CNSMDP) en 2001, dans la classe de jazz. Elle travaille
alors sous la direction de Riccardo Del Fra, Daniel Humair,
Glenn Ferris... Puis à la Royal Academy of Music de Londres
auprès de Julian Arguelles, John Butcher et Iain Ballamy. Elle
sort du CNSM primée (avec une mention Très Bien) en juin 2005.
Régulièrement sollicitée sur scène auprès de musiciens comme Denis Charolles, Vincent Courtois, Pierre De
Bethmann, Riccardo Del Fra, Edouard Ferlet et Jean-Philippe Viret, elle fait partie de divers ensembles comme
entre autres le Grand Rateau (bigband de Jérôme Rateau), Le bruit du Sign (6tet du saxophoniste Nicolas
Stephan), Melc (4tet dont le cd est sorti en septembre 2004), et se produit en trio avec Bruno Ruder, pianiste et
Vincent Le Quang, saxophoniste soprano. Elle collabore également avec le théâtre, pour lequel elle compose et
joue Les Plaideurs de Racine, Marie Clothilde et Anatole Felde d'Hervé Blutch (Compagnie Théâtre' Théâtre).
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Yves ROUSSEAU Quartet, Claudia SOLAL & Jeanne ADDED
Christophe MARGUET, batterie
Né en 1965, il étudie avec Jacques Bonnardel, devient élève
de l’école Agostini, puis de Keith Copeland. Il est musicien
professionnel depuis l’âge de 20 ans et a joué avec, entre
autres, Barney Wilen, François Jeanneau, Ted Curson, Enrico
Rava, Claude Barthelémy, Louis Sclavis ou Gian Luigi Trovesi.
En 1993, il fonde son propre trio, avec Sébastien Texier et
Olivier Sens, et remporte en 1995, le premier prix d’orchestre
et le premier prix de composition au concours de Jazz de La
Défense. Pour son premier disque en trio, il reçoit le « Django
d’or » et une nomination pour les « Talents Jazz - Adami 1998 ».
Actuellement, il anime un Quartet avec Sébastien Texier, Olivier
Benoit, Bruno Chevillon et le « Sextet Reflections » avec Daunik
Lazro, M. Massot, A. Vankenhove, Philippe Deschepper, Olivier
Benoit. En parallèle il collabore de façon régulière avec Eric Watson, Henri Texier, Claude Tchamitchian. Il
est le batteur du quartet d’Yves Rousseau depuis sa création.
Jean-Marc LARCHÉ, saxophones
Titulaire d’un 1er prix de saxophone au C.N.S.M de Paris, d’un
2e prix au concours international de musique de chambre de
Martigny (Suisse) et du C.A de saxophone, il joue en trio avec
Michel Godard et Jean Luc Capozzo, ou avec Gérard Marais et
Michel Godard. Il participe au projet « Transméditerranéenne »
de François Méchali avec Christian Lété, Annello Capuano et un
quatuor à cordes. En 1998 il compose, avec François Couturier,
la musique d’un opéra, « Mozart Wolfgang, suite et fugue »
créé au TDBB de Lorient. Il se produit actuellement au sein
des trios Couturier / Matinier / Larché et « Absolutely Free »
avec Elise Caron et Yves Rousseau. Il est le saxophoniste du
quartet d’Yves Rousseau depuis sa création.
Léo FERRÉ : Poète, vos papiers !
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Régis HUBY, violon
Régis Huby est né le 22 juin 1969. Au cours de ses années
d’études classiques, il a acquis une solide formation
d’instrumentiste, de compositeur et d’arrangeur qui ont fait
de lui un musicien aux talents aussi rares que multiples. Très
tôt impliqué dans la scène jazz hexagonale, son parcours
va croiser celui d’un grand nombre des musiciens les plus
en vue. En 1994 il intègre le sextet de Louis Sclavis, pour
les tournées « Ellington on the Air » et « Les Violences de
Rameau». 2000 marque la création du Quartet d’Yves
Rousseau avec Jean Marc Larché et Christophe Marguet suivi
de l’enregistrement de « Fées et Gestes ». Il enregistre avec
le Quatuor IXI avant d’intégrer l’Orchestre National de Jazz
dirigé par Paolo Damiani. Il crée en 2004 son sextet « Simple
Sound » avec Vincent Courtois, Bruno Chevillon, Olivier Benoit, Catherine Delaunay et Roland Pinsard.
Devenu un musicien particulièrement recherché, Régis Huby va encore intensifier ses participations en
2003. En 2004 il participe à la conception du projet « Nuit Américaine » de Lambert Wilson dont il assume la
direction musicale. Parallèlement il enregistre le second album du Quartet d’Yves Rousseau « Sarsara » pour
le label Le Chant du Monde, puis « Too Fast For Techno » en duo avec Serge Adam. Régis Huby enregistre
actuellement le premier album de son sextet « Simple Sound ». Il est le violoniste du quartet d’Yves
Rousseau depuis sa création
Photo André Villers
« La poésie est une clameur, elle doit être entendue comme la musique
Toute poésie destinée à n’être que lue et enfermée dans sa typographie n’est pas finie
Elle ne prend son sexe qu’avec la corde vocale tout comme le violon prend le sien avec l’archet qui le touche ».
Avec le soutien de la région Ile-de-France
Contact scène : Isabelle Trubert
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