03 - Enonciation POUR HD seance5

Transcription

03 - Enonciation POUR HD seance5
27/02/2013
DEIXIS
NB3 : ‘Pronom’ et ‘substitut de nom’ ne sont pas équivalents:
ANAPHORE
John Fante, 1985, 1933 Was A Bad Year (incipit)
« It was a bad one, the Winter of 1933. Wading home that night through flames of
snow, my toes burning, my ears on fire, the snow swirling around me like a flock
of angry nuns, I stopped dead in my tracks. The time had come to take stock. Fair
weather or foul, certain forces in the world were at work trying to destroy me. »
It
was a bad
one
The Winter of 1933 was a bad
Winter
PRONOM
Substitut de Nom
En français, le substitut de nom par proforme n’existe pas. Mais on a des phénomènes de
reprise par substitution d’un autre nom ; le déterminant assume alors la cohérence
anaphorique:
Substitut avec requalification sémantique : « Avec ses 360 mètres de long et
son coût de 900 millions d'euros, l' "Oasis of the Seas" est le plus gros et plus
cher navire de croisière jamais construit. Mis à l'eau mercredi en Finlande, ce
colosse peut embarquer jusqu'à 6360 passagers et quelque 2100 membres
d'équipage. »
Substitut hyperonymique :« Seule une barque était derrière lui, mais il lui semblait
entendre des ronflements provenir de cette embarcation ! »
DEIXIS
ANAPHORE
Pour tenter de préciser les conditions de reprise anaphoriques le
linguiste Claude Milner distingue référence actuelle et référence
virtuelle
La référence virtuelle est le contenu lexical qui permet d’identifier ce
à quoi on réfère:
Là-bas, soulevant un fort nuage de poussière, un fiacre noir
louvoyait dangereusement entre les quelques véhicules qui
remontaient la rue vers l’Avenue des Champs de la Victoire.
Un fiacre noir : décrit un ensemble de propriétés qui permettent
d’identifier ce à quoi on réfère : être un fiacre et être noir.
Si je dis « posez ceci sur la table près de la porte », la référence
virtuelle de « la table près de la porte » : être une table et être près de
la porte permet d’identifier la référence actuelle : une table en
particulier dans le monde empirique.
DEIXIS
ANAPHORE
Par extension, on a des phénomènes de co-référence actuelle er de
co-référence virtuelle.
Par exemple:
Co-référence virtuelle et actuelle :
a. On a coupé la chevelure de Samson et on l’a brûlée.
Co-référence virtuelle seulement :
b. On a coupé la chevelure de Samson mais elle a repoussée.
(Plus loin on parlera de Qualitatif (≅virtuel) et de Quantitatif (≅ actuel)
pour appréhender ce genre de phénomène)
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27/02/2013
Qu’est-ce qu’un marqueur anaphorique?
Il existe des marqueurs uniquement déictiques : JE/TU/ICI/DEMAIN…
Il existe des marqueurs jamais déictiques ni anaphoriques : les noms…
Mais il ne semble pas exister de marqueurs qui seraient uniquement
anaphoriques.
« Ainsi, il ne semble pas qu’il y ait un ensemble d’expressions
référentielles qui soient réservées à la référence anaphorique et
l’anaphore, si elle est un phénomène linguistique, n’est en tout cas pas un
phénomène marqué linguistiquement. »
(Moeschler J. et Reboul A., 1994, Dictionnaire encyclopédique de pragmatique, Seuil)
ANAPHORIQUE
NON ANAPHORIQUE
Un loup et un goupil entrèrent. Le loup
semblait plus méfiant que le goupil.
Le loup est un mammifère de la
famille des canidés. (classifiant)
CE(T)
Mon fils arriva en riant aux éclats. Cet idiot
venait de faire une blague à sa sœur.
Regarde, tu vois cette tour là-bas?
(déictique)
IL
Mon fils arriva en riant aux éclats parce qu’il
venait de faire une blague à sa sœur.
Regarde-le lui, il (déictique) sort en tshirt alors qu’il neige. (sujet support)
EN
S’il vous reste du jambon aux herbes j’en veux
bien un peu.
Je n’en peux plus. (exophore)
LE
DEIXIS
ANAPHORE
En résumé…
Coréférence virtuelle Déictiques
Coréférence actuelle +
- Autonome
Coréférence virtuelle +
Anaphore
Coréférence actuelle +/-
Référenciation
Référence virtuelle +
Nom commun
(Autonomie relative)
Référence actuelle +/-
+ Autonome
Référence virtuelle –
Nom propre
(Autonomie forte)
Référence actuelle +
Les maximes de Paul Grice
Maxime de quantité et implicatures scalaires
Les 2 derniers problèmes conduisent à considérer le principe de scalarité.
Mais dans certains cas, on peut impliciter des informations du fait d’une orientation
scalaire. C’est notamment le cas avec la négation:
« Son gâteau n’est pas bon » implicite qu’il est mauvais.
Mauvais
Bon
Excellent
PAS
On appelle cela la loi d’abaissement de la négation
Pourtant cette implicature peut être défaite si je dis:
« Son gâteau n’est pas bon, il est excellent. » (négation métalinguistique)
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27/02/2013
Les maximes de Paul Grice
Maxime de quantité et implicatures scalaires
Les 2 derniers problèmes conduisent à considérer le principe de scalarité.
Pour la même raison si je dis:
« Julie a lu quelques livres de Balzac »
cela implicite :
« Julie n’a pas lu tous les livres de Balzac » (sinon la maxime de quantité fait
que je l’aurais dit)
Et cependant, les deux énoncés ne sont pas
argumentativement :
« Julie pourra t’aider, elle a lu quelques livres de Balzac. »
« Julie pourra t’aider, n’a pas lu tous les livres de Balzac. »
équivalents
PAS
Aucun
Quelques
tous
Idem:
« Julie pourra t’aider, il lui reste un peu de sous. »
« *Julie pourra t’aider, il lui reste peu de sous. »
Cette situation a conduit à une reformulation des maximes en termes d’équilibre
entre deux pôles : l’exigence Quantitative et l’exigence Informative.
Le principe-Q et le principe-I
Principe-Q : « Comprenez que le locuteur a fait l’assertion la plus forte
consistante avec ce qu’il sait. » (Moeschler et al. 1994: 274)
Principe-I : « Amplifiez le contenu informationnel de l’énoncé du locuteur, en
trouvant une interprétation plus spécifique, jusqu’à ce que vous jugiez avoir
atteint l’intention informative du locuteur. » (Ibid.)
a. Max ouvrit le frigo. La bière était encore tiède.
Le principe I me conduit vers l’interprétation d’une situation stéréotypique:
b. La bière est dans le frigo mais pas depuis assez longtemps pour être
fraiche.
Si la situation stéréotypique n’est pas conforme aux connaissances du locuteur, le
principe-Q exige un complément d’informations:
A’. Max ouvrit le frigo pour y mettre la bière qui était encore tiède.
Cette situation a conduit à une reformulation des maximes en termes d’équilibre
entre deux pôles : l’exigence Quantitative et l’exigence Informative.
Le principe-Q et le principe-I
« Résolution du conflit entre implicatures-Q et implicatures-I :
Lorsqu’il y a un vrai conflit, [. . .] Q gagne contre I. » (Ibid.)
« Jean courut pour pouvoir attraper le bus. »
Implicature-I : par extrapolation, le colocuteur tend à penser que : Jean a
réussi à prendre le bus, qui est la conclusion stéréotypique.
Implicature-Q : Le locuteur ne donne pas assez d’informations pour que
impliciter que Jean a réussi à prendre le bus.
Je reste incertain quant aux conclusions à tirer : Q l’emporte.
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