Le Rôle De La Démarche Scientifique Dans L`Apprentissage
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Le Rôle De La Démarche Scientifique Dans L`Apprentissage
IUFM DE BOURGOGNE Le Rôle De La Démarche Scientifique Dans L’Apprentissage Ou Comment Favoriser L’Apprentissage pour Chacun Par La Méthode Expérimentale. Raphaël BOUILLET Professeur certifié Sciences Physiques Collège Marcelle Pardé Directeur de mémoire : M. Michel MOREAU Année 2004 N° 0263305B Sommaire 1) Introduction : le choix du sujet. 2) Les apports attendus de l’introduction de la démarche scientifique. 3) …………………………………………… page 3 La mise en place de cette démarche dans le cours de sciences physiques. 4) …………………. page 1 ……………………………… page 5 Bilan de la démarche : A. Le ressenti des élèves ……………….. page 14 B. Ce que j’ai constaté. …………………….. page 17 i. Les apports positifs, ii. Les difficultés et les écueils. 5) Conclusion. ………………………………………… page 25 Remerciements ……………………………………… page 26 Bibliographie ………………………………………… page 27 Annexes 1) Introduction : pourquoi ce choix de sujet ? Actuellement, et depuis quelques temps déjà, les méthodes « traditionnelles » d’apprentissage sont remises en cause : moins de « par c œur », moins de cours dits magistraux ou encore frontaux ; en ce début de millénaire Rabelais se rappelle à nous, « mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine. » C’est donc une méthode d’apprentissage supposée plus profitable à l’élève que l’Education Nationale souhaite diffuser, un apprentissage qui permettrait à l’individu de mieux comprendre, de mieux apprendre… Cette nouvelle volonté d’enseignement devait donc se trouver de nouveaux outils, de nouveaux moyens, permettant d’aboutir aux objectifs fixés. Elle les a trouvés dans les sciences : la démarche expérimentale, la démarche scientifique d’investigation comme méthode pédagogique innovante, déjà mise en place en école primaire, et de plus en plus en sciences physiques au niveau du collège. L’élève, placé au c œur du système éducatif, va également être placé au c œur de son apprentissage, pour en devenir un acteur à part entière. Susciter le questionnement, introduire autant que possible l’expérience dans le cours, privilégier la démarche scientifique pour permettre aux élèves de construire leur propre raisonnement logique, qui, d’une question posée, les conduira jusqu’à la réponse : il s’agit bien d’un changement important de méthode pédagogique. Ce changement a d’abord pris la forme d’un plan d’expérimentation appelé « la main à la pâte » et qui a conduit aujourd’hui à un enseignement renouvelé et repensé des sciences en écoles maternelle et élémentaire. Cette volonté d’amener l’élève à construire lui-même en partie son cours, de le rendre davantage acteur qu’il ne l’était auparavant se traduit également désormais dans les programmes du collège et notamment en sciences physiques et chimiques : « au travers de la démarche expérimentale, il [l’enseignement de physiquechimie] doit former les esprits à la rigueur, à la méthode scientifique, à la critique et à l’honnêteté intellectuelle. Avec des sujets et des expériences attractifs, il doit susciter la curiosité. » « l’enseignement de physique-chimie doit permettre d’aider les élèves à acquérir une certaine autonomie qui s’articule autour de deux axes : la créativité et la responsabilité. » (programmes de physique-chimie de 1997, actuellement en vigueur). 11 C’est pourquoi, ayant choisi d’enseigner les sciences physiques, sciences expérimentales par essence, et étant nommé cette année en collège, où la démarche expérimentale peut aisément être mise en œuvre, j’ai été dès la rentrée de septembre amené à réfléchir sur la façon de bâtir mes cours selon cette « philosophie », en intégrant autant que possible une démarche d’investigation. Etant moi-même au départ assez convaincu du bien-fondé d’une telle pratique des sciences, j’avais dans l’idée de traiter de cette manière le maximum de séquences s’y prêtant. Avec les conseils de ma conseillère pédagogique et les informations données lors des journées de formation, j’ai ainsi essayé d’intégrer au mieux cette méthode. Il m’a semblé intéressant d’en évaluer par la suite les effets sur l’apprentissage de ma matière. J’ai donc profité de la rédaction d’un mémoire pour approfondir, peut-être plus que je ne l’aurais fait sinon, les retombées d’une telle pratique des sciences par rapport à un traitement plus classique. Mon mémoire professionnel a donc été construit autour de ce thème et porte sur l’introduction dans le cours de sciences physiques de la démarche expérimentale et sur son utilisation en tant qu’outil facilitant l’apprentissage pour les élèves. § Situation d’enseignement. Il est important de préciser le cadre dans lequel se déroule mon année de stage, notamment du point de vue du niveau et des effectifs, car la réussite de la mise en œuvre d’une pédagogie d’investigation repose sans doute pour beaucoup sur les conditions d’enseignement. Je suis donc professeur stagiaire de sciences-physiques au collège Marcelle Pardé de Dijon où j’ai en responsabilité trois groupes : deux de quatrièmes et un de cinquièmes. Le groupe de cinquièmes, d’un bon niveau général compte 16 élèves, dont 3 ont cependant de réelles difficultés. Tous sont actifs, intéressés et curieux d’une matière qu’ils découvrent. Par ailleurs aucun ne pose de problème d’un point de vue comportemental et l’ambiance est toujours très bonne et plutôt calme, ce qui m’a d’autant facilité la gestion des moments de mise en activité autonome. Les groupes de quatrièmes comptent 15 et 17 élèves : l’un est d’un assez bon niveau, relativement homogène, l’autre se montre faible, mais avec une tête de classe de 4 élèves d’un bon, voir très bon niveau. L’ambiance générale de ces groupes est bonne même si quelques élèves se montrent régulièrement agités. 22 2) Les apports attendus de l’introduction de la démarche expérimentale scientifique. § Pourquoi le besoin d’une nouvelle méthode pédagogique ? D’abord la réforme Haby sur le collège unique, puis plus tard la volonté ambitieuse d’amener 80% d’une classe d’âge au baccalauréat ont conduit aujourd’hui à une hétérogénéité grandissante des classes. Hétérogénéité des niveaux, mais aussi des comportements et des ambitions. Si celle-ci n’est pas –encore ?- remise en cause, elle induit cependant une situation nouvelle : face à de telles différences entre les élèves, le cours traditionnel ne peut rassembler, prendre en compte son public dans sa totalité et laisse inévitablement de côté tous ceux qu’il ne touche pas. J’imagine que la qualité d’un enseignant, outre de proposer un cours luimême de qualité, passe aussi par sa capacité à rallier tous ses élèves à ce cours. Mais devant une somme de personnes qui diffèrent les unes des autres, et pour certaines en rupture totale avec le système traditionnel, cela semble une mission bien difficile à tenir… Un autre phénomène est apparu et qui nécessite de repenser l’enseignement des sciences : le rejet de plus en plus flagrant des disciplines scientifiques qui se traduit par la désaffection des filières scientifiques après le lycée (et même après la troisième ?). § La proposition : la démarche d’investigation. Pour pallier cette difficulté d’enseigner à un public hétérogène ainsi que ce rejet des sciences nouvellement apparu, l’introduction de la démarche d’investigation et de l’expérimentation dans l’enseignement scientifique a été proposée. « Malgré l’hétérogénéité des publics et des classes, la curiosité, le goût de manipuler sont parmi les qualités les mieux partagées. La pratique des sciences offre un moyen de combattre le rejet de l’école. Elle est source de plus d’égalité et d’une meilleure insertion dans l’école et le monde ». (La Main à la pâte, présenté par G. Charpak) Ainsi depuis le plan d’expérimentation portant sur l’enseignement scientifique, connu généralement sous le nom de « la main à la pâte » et lancé par l’Education Nationale à la rentrée scolaire 1996, on tend de plus en plus vers l’introduction dans les programmes de la démarche scientifique, et de l’expérimentation notamment. 33 « L’investigation signifie un changement profond de méthode pédagogique, une rupture avec une pratique encore trop fréquente, celle de l’enseignement dit « frontal » : le cours magistral où le professeur expose une vérité structurée et indiscutable. Il est désormais reconnu préférable d’impliquer les élèves dans le travail mené en classe et de les associer à la construction du savoir. » J.-P. Sarmant. § L’origine de ce renouveau. A l’origine de cette réflexion initiée par une quinzaine de scientifiques et pédagogues sur l’amélioration de la formation des élèves par l’enseignement scientifique, une visite dans des écoles primaires de Chicago, aux Etats-Unis, où des jeunes issus de milieux dits défavorisés suivaient un enseignement différent de l’enseignement classique, un enseignement basé sur l’expérimentation et leur permettant de s’investir différemment dans leur apprentissage, le programme « Hands On ». Davantage impliqués dans l’enseignement qui leur est dispensé, moins récepteurs et plus créateurs de leur savoir qu’auparavant, tous à égalité devant l’expérience, ces jeunes se sont peu à peu réappropriés l’école et tous ont retrouvé l’envie de progresser. Aujourd’hui le programme « Inquiry » (investigation) est mis en œuvre dans de nombreux états du pays. C’est cette évidente réussite qui a incité l’Education Nationale à poursuivre sur la voie du renouveau des sciences et de se tourner de plus en plus vers cette méthode innovante d’enseignement. § Les objectifs. Les apports attendus de cette nouvelle méthode pédagogique sont donc notamment : une meilleure adhésion des élèves aux cours proposés, un intérêt suscité par ceux-ci plus grand, une assimilation facilitée des connaissances, et plus généralement une rupture avec la tendance actuelle qui consiste en un rejet des sciences, manifesté notamment en troisième lors des choix d’orientation. 44 3) La mise en place de la démarche d’investigation. La démarche scientifique d’investigation s’insère facilement dans un cours de sciences physiques, matière expérimentale par nature et se prêtant bien par conséquent à une telle forme d’enseignement. Le programme de Cinquième notamment, de par son contenu, permet l’introduction d’une telle démarche. C’est ainsi avec mes élèves de cinquième que j’ai mis en œuvre pour la première fois ce type de progression, en abordant le chapitre concernant les changements d’états. C’est le début de cette partie de cours que je vais présenter, traitant de la solidification et la fusion de l’eau pure sous pression atmosphérique. En quatrième, j’ai débuté par la partie du programme portant sur la lumière, mais c’est avec la partie sur le courant électrique que j’ai le plus mis en œuvre un cours à caractère expérimental, notamment pour parvenir à montrer la conservation de l’intensité du courant électrique dans un circuit en série. scientifique. § Une notion à clarifier : la notion même de démarche Je définirais la démarche scientifique comme une progression permettant de parvenir à l’acquisition d’une connaissance nouvelle, née le plus souvent d’observations ou d’un questionnement, et expérimentalement éprouvée. Je ne crois pas les élèves de collège, et notamment les plus jeunes, capables de conduire seuls et spontanément un tel raisonnement. Aussi m’a-t’il semblé utile avant de démarrer les séquences d’aborder avec eux la notion de démarche scientifique, afin que chacun ait bien conscience du processus intellectuel qu’il allait mettre en œuvre. Je crois en effet qu’au-delà de l’expérience (dont la finalité n’est d’ailleurs pas entièrement saisie, on le verra), il est essentiel que les élèves se représentent bien le processus logique qui conduit d’un questionnement initial à une réponse via l’expérimentation. Celui-ci doit ainsi apparaître comme un outil d’apprentissage, facilitant une construction structurée du savoir, et qui peut être appliqué dans de nombreuses matières s’y prêtant, bien au-delà des sciences physiques et chimiques. Il est pour cela nécessaire qu’il soit compris des élèves et assimilé. Or cette démarche peut parfaitement être suivie, à la demande du professeur, mais perçue comme une succession d’étapes sans lien, dont l’intérêt n’est pas 55 réellement saisi, ce qui annule le bénéfice d’une progression structurée et nuit à un éventuel réinvestissement ultérieur. « La juxtaposition de telles activités [décomposition en activités élémentaires] risque fort d’éloigner l’élève d’une véritable démarche scientifique. » J.-P. Astolfi Je me suis donc attaché à bien faire comprendre aux élèves le cheminement qu’ils allaient emprunter pour qu’ils puissent se l’approprier et par la suite le réutiliser, dans mon cours mais dans aussi dans d’autres situations d’apprentissage. Pour cela nous avons décrit et discuté en détail la première démarche expérimentale traitée en totalité, en insistant tout au long des différentes étapes sur les buts de chacune et les liens qui existent entre elles. - 5ème. J’imaginais que les élèves de cinquième arrivaient avec encore peu d’idées claires concernant la démarche scientifique, bien que l’ayant peut-être pratiquée à l’école primaire ; je leur ai donc demandé, avant de discuter de cette notion, de me dire par écrit ce que cela évoquait pour eux : « Qu’est-ce que pour vous la démarche scientifique ? » Les réponses n’ont dans l’ensemble pu apporter d’explications claires et correctes, mais toutes faisaient allusion à l’expérience et beaucoup à une sorte de protocole expérimental lui étant lié. En voici quelques-unes unes, représentatives : En résumé pour l’ensemble de ces élèves, suivre une démarche scientifique, c’est faire des sciences, c’est-à-dire manipuler, faire des expériences, en respectant un certain plan, mais sans que celles-ci aient besoin d’une quelconque motivation ou même d’un quelconque résultat : l’expérience existe pour eux en tant que telle et ne s’intègre nullement dans une démarche plus vaste. 66 - 4ème. La démarche expérimentale était globalement connue par mes élèves de quatrième, qui l’avaient déjà pratiquée l’année précédente : un rapide recadrage a permis de clarifier le processus d’investigation et d’en détacher clairement chacun des maillons. Je pense qu’il est donc nécessaire d’expliciter le rôle et l’importance de chacune des étapes qui composent la démarche scientifique d’investigation au préalable de son application par les élèves, en vue de son réinvestissement. Un des objectifs d’une telle démarche est en effet de fournir un support structuré de raisonnement, afin de faciliter la construction mais aussi l’assimilation des connaissances. § De l’interrogation questionnement et l’émission d’hypothèses. à l’expérience : susciter le La première étape consiste donc à montrer aux élèves que cette expérience est motivée, qu’elle s’insère dans une chaîne d’étapes, dont elle est un maillon, et qui partant d’un questionnement conduit à une réponse, à une explication. Notamment la nécessité de l’expérience naît d’une interrogation qui ne peut trouver de réponse certaine avec nos seuls acquis où notre seule logique, elle naît du besoin de valider une hypothèse. La démarche expérimentale débute donc par une phase de questionnement qui conduit à l’émission d’hypothèses. - 5ème. Pour introduire ma séquence sur la solidification de l’eau pure, j’ai donc choisi de confronter les élèves à une situation-problème : un dessin d’un bonhomme prenant la température de l’eau contenue dans un bécher et accompagné d’une affirmation « on refroidit de l’eau pure » (cf. annexe 1). Je leur ai alors demandé de noter au brouillon toutes les questions que ce dessin pouvait leur évoquer et de tenter d’y apporter des réponses. Cette situation était sans doute trop vague, imprécise, et mon ambition trop grande : les questions suscitées ont rarement été celles attendues, notamment « Comment la température de l’eau varie t’elle ? ». Les élèves se sont plutôt demandés quelle était la température de l’eau, ou bien pourquoi estce que la température baissait… Mais en confrontant les idées de quelques-uns « Est-ce que l’eau va geler ? » « Est-ce que la température de l’eau baisse ? » (cf. annexe 2) et avec quelques orientations de ma part, nous avons cependant pu dégager ensemble la question attendue, qui allait servir de support à notre démarche. Suite à l’accord commun de traiter cette problématique, j’ai demandé aux élèves d’y apporter oralement, à l’aide de leurs propres connaissances et de 77 leur vécu, une réponse. Il est surprenant de constater à quel point ce type de méthode est encore peu ancré dans notre enseignement qui a longtemps refusé le droit à l’erreur : cela se traduit en effet par la surprise et l’hésitation des élèves durant un instant à formuler des hypothèses quand on précise que nous attendons d’eux qu’ils nous livrent ce qu’ils pensent être la vérité. D’ailleurs beaucoup de ceux qui avaient formulé des questions par écrit n’ont pas proposé les réponses associées –peut-être parce qu’ils ne possédaient pas ces réponses, mais sans aucun doute aussi par peur d’inscrire une réponse incertaine-. Après que quelques-uns se soient exprimés, un véritable échange s’est instauré entre les élèves portant sur les diverses propositions et tous ont finalement répondu que la température de l’eau allait baisser, sous-entendu de façon constante même lors du changement d’état. Il peut paraître inutile de poser une telle question puisque la réponse donnée ne faisait aucun doute, les élèves de cinquième n’ayant pour la plupart aucune connaissance sur les changements d’états ; mais il m’a paru au contraire intéressant de faire formuler cette hypothèse puisque alors la démarche expérimentale va prendre tout son sens en venant l’infirmer. Leur expliquant que les réponses fournies par chacun étaient des hypothèses qu’il faudrait maintenant vérifier par l’expérience, j’ai distribué aux élèves une fiche retraçant la démarche, de l’objectif jusqu’à la conclusion, et qu’ils auraient à compléter au fur et à mesure de leur progression dans leur investigation (voir annexe 3), à l’instar d’un compte-rendu d’expérience. - 4ème. Dans le cadre du paragraphe « Que peut-on dire de l’intensité du courant électrique dans un circuit en série ? » et après avoir pris connaissance lors de la séance précédente des représentations initiales (voir annexe 5) qu’ils avaient sur le courant électrique, j’ai présenté aux élèves le schéma suivant, accompagné d’une question : + - « Comment se répartit l’intensité courant électrique dans ce circuit ? » « Que peut-on dire de l’intensité courant en différents points de circuit ? » du ou du ce Ce choix parce que je m’étais aperçu que beaucoup avaient l’idée d’une usure du courant en aval d’un dipôle, et que lorsque le circuit comprenait deux lampes, certains s’imaginaient le courant partant des deux bornes de la pile pour aller en sens antagonistes jusqu’à ces lampes. 88 Deux hypothèses ont rapidement été proposées : « l’intensité est la même partout » et « l’intensité diminue après les lampes ». Deux groupes se sont alors spontanément formés pour défendre leur hypothèse, mais seul le groupe pensant à une diminution de l’intensité a pu fournir un argument : « le courant passe dans la lampe : il s’use et est donc moins fort après ce passage dans la lampe ». Il est intéressant de remarquer que cette phase est réellement une phase où les élèves mobilisent leurs connaissances et font appel à un raisonnement logique puisque face à cet argument convaincant beaucoup de ceux qui avaient choisi le « camp » de l’unicité de l’intensité sans vraiment y réfléchir se sont ralliés à l’autre groupe… Le choix peut être fait d’aborder par écrit cette proposition d’hypothèses. Le passage par l’écrit a l’avantage d’impliquer tous les élèves individuellement et par conséquent de faire émerger davantage de représentations initiales, dont certaines ne seraient sans doute pas évoquées oralement. Cependant avec mes groupes de quatrième, qui font preuve d’un bon dynamisme, le traitement oral de cette étape me permet de réduire le temps qui lui est consacré tout en impliquant également l’ensemble de la classe. La gestion en est toutefois bien sûr plus délicate. Bien que je traite le plus souvent cette partie oralement, les hypothèses de chacun sont tout de même inscrites sur les cahiers, afin que la structure de la démarche d’investigation soit toujours bien apparente. L’étape de questionnement et d’hypothèse est donc fondamentale car elle suscite l’intérêt et encourage la confrontation des savoirs de chacun : elle doit pour cela être suffisamment longue et ouverte, parfois recentrée… Le choix de la situation de départ est également essentiel : de cette situation dépendent la réactivité des élèves et, on le verra plus tard, la remise en cause des connaissances initiales. § L’expérimentation, étape motivante et « égalisante ». L’expérience est l’étape essentielle où les élèves confrontent leurs hypothèses à la réalité physique : c’est à ce moment qu’ils sont réellement actifs et que peuvent être remis en question leurs savoirs initiaux. - 5ème. L’étape précédant immédiatement la phase expérimentale consiste à élaborer des protocoles expérimentaux, ce que chacun a fait au brouillon avant qu’un seul ne soit retenu pour l’ensemble du groupe et inscrit sur la fiche distribuée. Cette formulation écrite pose quelques problèmes aux élèves qui ont souvent beaucoup de difficultés à exprimer, d’abord oralement leur pensée, et surtout à la retranscrire ensuite par écrit de façon claire. 99 Là encore le choix peut-être fait d’un traitement oral, mais la production écrite me semble importante, d’autant plus que les protocoles nécessitent le plus souvent une schématisation. Tous les outils étaient finalement mis en place pour pouvoir réaliser l’expérience la séance suivante. Au début de cette nouvelle séance la trame de la démarche expérimentale est rappelée point par point par les élèves avant que ceux-ci ne manipulent. Je craignais alors un manque d’intérêt puisque pour tous le sujet était finalement sans surprise, les hypothèses formulées étant à leurs yeux évidemment valides et ne pouvant être remises en cause. Un premier point positif de la démarche d’investigation est que l’expérience, aussi simple et entendue soit-elle, apparaît très motivante : bien que convaincus que l’eau se transformerait en glace et que la température baisserait constamment, tous les élèves étaient curieux et attentifs. Ceci est en tout cas valable pour des élèves de cinquième, et d’une façon un peu moins marquée pour les quatrièmes. La manipulation est simple et consiste à préparer un mélange réfrigérant, dans lequel va plonger un tube à essais contenant de l’eau pure dont on suivra l’évolution de la température à l’aide d’une sonde thermométrique. Mais à ce stade, tous les élèves s’investissent dans l’expérience : chacun a un rôle (relever la température ou le temps) et a à c œur d’accomplir correctement sa tâche. Il est intéressant de noter qu’alors l’erreur est dédramatisée, les relations au sein du groupe étant modifiées puisqu’il ne s’agit plus du rapport groupe-classe/professeur mais de rapports élèves/élèves. Et l’impact d’une « erreur de manipulation », c’est-à-dire d’ordre manuel, est moindre, ou en tout cas ressenti différemment, de façon moins dévalorisante, que dans le cas d’une erreur portant sur les connaissances ou le raisonnement. Ainsi tous sont pareillement capables de relever la température ou le temps : face à l‘expérience les disparités habituelles sont en partie gommées et tous sont à égalité, tous sont actifs. Par conséquent chacun se permet de surveiller et de corriger le travail de l’autre : le cours se construit aussi autour des échanges entre les élèves. De ce fait, là où une phrase de cours dictée aurait retenu seulement l’attention de quelques-uns, l’expérience rassemble et mobilise l’ensemble de la classe. Et là où l’expérience seule aurait été une phase mobilisatrice mais sans plus d’intérêt, l’expérience précédée du questionnement individuel permet davantage le débat et surtout l’investissement de chacun autour d’un but : vérifier la validité de sa propre hypothèse. 1100 Je me suis ainsi aperçu durant cette manipulation que si mes élèves travaillaient bien dans ce but de valider leur hypothèse, tous ne concevaient pas cependant de devoir la remettre en cause si l’expérience ne se révélait pas en accord. Ainsi l’un d’eux pensant que la température devait constamment diminuer et observant le palier de température s’apprêtait à arrêter son expérience. Lui ayant demandé ce qu’il allait faire, il m’a répondu qu’il « allait jeter le mélange réfrigérant et en faire un autre », parce que celui-ci « ne marchait plus, la température de l’eau restant à 0°C. » Ceci m’a donc permis de revenir sur le rôle de l’expérience, et je suis intervenu auprès de la classe pour préciser que tous devaient continuer, même si l’expérience invalidait l’hypothèse… - 4ème. L’élaboration de protocoles expérimentaux a été rapidement achevée, le fonctionnement de l’ampèremètre et la mesure d’une intensité ayant été vus précédemment, même si là encore la rédaction reste parfois laborieuse. La seule variante dans les protocoles a été d’utiliser un seul ampèremètre à déplacer dans le circuit ou bien d’en utiliser trois, mesurant l’intensité du courant avant, entre et après les lampes. Un élève a toutefois suggéré d’observer l’éclat des deux lampes (identiques) plutôt que d’utiliser le multimètre. Plutôt que d’imposer un protocole commun choisi par le professeur, la démarche d’investigation fait donc de la classe une force de proposition ce qui permet d’élargir bien souvent le champ du cours. Dans ce cas précis, cette intervention m’a permis de discuter avec l’ensemble du groupe de la validité d’une telle proposition dans le cas où les lampes sont identiques, dans le cas où elles ne le sont pas, du lien entre l’intensité du courant traversant une lampe et son éclat, etc. Après l’élaboration des protocoles expérimentaux, la motivation liée à la vérification expérimentale de l’hypothèse se manifeste par la volonté des élèves de se lancer rapidement dans les mesures. Il convient même alors de tempérer cette activité, en imposant une rigueur dans la réalisation des montages et l’utilisation des appareils de mesure. Après que son montage ait été vérifié, chaque groupe peut réaliser les mesures. Les élèves réinvestissent alors les savoir-faire acquis précédemment : branchements, choix de calibres, lecture de l’intensité. L’expérience est encore ici motivante parce qu’elle va permettre à chacun de mettre en évidence la validité de sa propre hypothèse… ce qui dans ce cas précis n’est pas le cas pour la majorité ! L’étape d’expérimentation est l’étape centrale de la démarche d’investigation : elle permet aux élèves d’éprouver leurs hypothèses et donc de 1111 valider la connaissance à acquérir. Elle est à l’origine de leur motivation et de leur implication dans la phase initiale de proposition d’hypothèses ; elle est dans le même temps elle-même motivée par l’enjeu de la validation d’une hypothèse personnelle. L’étape d’élaboration des protocoles est elle aussi une étape importante de mise en activité de l’élève qui mobilise et réinvestit les savoir-faire précédemment mis en place. § L’interprétation et la validation de l’hypothèse comme conclusion au questionnement initial. A la suite de l’expérience, durant laquelle chacun a noté ses observations, vient la mise en commun et la discussion de ce que chacun a pu observer. Cette phase est l’ultime étape de la démarche, celle ou suite au cheminement expérimental l’élève parvient à la validation (ou non) de sa propre hypothèse et donc à l’acquisition d’une connaissance nouvelle. La formulation d’une conclusion par la classe ne pose en général pas de problème lorsque l’expérience livre un résultat clair, qui ne nécessite pas réellement d’interprétation. En revanche cela devient plus délicat lorsque ce résultat doit être exploité pour que la réponse formulée soit complète et constitue une réponse adaptée à la question de départ. Il est également nécessaire d’intervenir pour guider le choix des termes. J’ai en effet remarqué que beaucoup d’élèves ont des difficultés à exprimer de façon claire et précise leurs idées, et que la mise par écrit s’avère elle aussi délicate. C’est pourquoi même, si je laisse un temps de formulation libre, j’oriente toujours finalement les propositions et retiens les termes choisis. - 5ème. La phase d’interprétation pour les cinquièmes est guidée par quelques questions inscrites sur la fiche (cf. annexe3) attirant leur attention sur quelques points particuliers, comme par exemple le temps durant lequel coexistent eau liquide et eau solide. A l’issue de l’expérience j’ai organisé une discussion autour de ces observations, où celles-ci, couplées aux acquis des cours précédents (propriétés des différents états, définitions des changements d’états…), ont permis de parvenir à la conclusion souhaitée. Ainsi la réponse spontanée apportée par les élèves, « la température ne baisse pas tout le temps », est évidemment insuffisamment précise. Après le dialogue engagé s’appuyant sur les observations, les élèves ont pu la préciser : « la température reste constante pendant toute la durée du changement d’état d’un corps pur, c’est-àdire tant que coexistent les deux formes .» 1122 Lors de l’étude de l’ébullition de l’eau qui a suivi, j’ai à nouveau mis en œuvre une telle démarche expérimentale, mais en laissant beaucoup plus de liberté aux élèves : ceux-ci n’étant plus guidés par une fiche détaillée à compléter mais disposant seulement d’une fiche-méthode sur la rédaction d’un compte-rendu leur rappelant les étapes du processus (cf. annexe 4). Je me suis alors rendu compte que les élèves de cinquième ont besoin d’une base minimum pour mener à bien leur investigation, car ils manquent de discernement, c’est-à-dire qu’ils ne perçoivent pas bien ce qui peut efficacement contribuer à leur recherche. Les observations, notamment si elles ne sont pas guidées par des questions, rassemblent des remarques essentielles comme d’autres inutiles car tout est noté : « au début il y a des petites bulles en bas. A la 4ème minute. Puis les bulles montent. 5ème minute. D’autres plus grosses se forment. Puis les bulles viennent de partout. Encore plus grosses. Il y des énormes bulles à la 6ème minute… » Si les hypothèses et les protocoles peuvent être librement proposés par les élèves de cinquième, il me paraît donc le plus souvent utile d’orienter les observations et de proposer des questions permettant l’interprétation des phénomènes observés (sur fiche distribuée aux élèves par exemple). - 4ème. A l’issue des séries de mesures effectuées, l’interprétation des résultats est ici immédiate : l’unicité du courant dans un circuit en série apparaît évidente. A la question « que peut-on dire de l’intensité du courant électrique dans un circuit en série ? », tous les élèves répondent donc qu’elle est identique en tous points avec autant de ferveur qu’ils déclaraient au début qu’elle était différente partout. Cela traduit je crois leur satisfaction et leur fierté d’être parvenu eux-mêmes à remettre en cause quelque chose qui leur avait paru de prime abord évident et qui s’est avéré faux. Quelques-uns contestent toutefois –sans grande conviction et plus, je pense, pour ne pas accepter si vite cette remise en question- cette unicité de l’intensité en s’appuyant sur les quelques dixièmes de milliampères d’écart entre les valeurs mesurées. Cela m’a permis d’évoquer avec l’ensemble de la classe les problèmes d’incertitudes liés aux appareils de mesure. La phase d’interprétation, même si elle doit parfois être guidée, permet aux élèves de tirer eux-mêmes les enseignements de l’expérience effectuée et de formuler la phrase qui traduira la connaissance à retenir. C’est une étape importante car elle apprend aux élèves à faire des raisonnements logiques pour tirer des conclusions ; elle a également un rôle dans l’apprentissage de la formulation des phrases puisqu’elle nécessite d’utiliser correctement des structures comportant notamment des conjonctions de coordination. 1133 4) Le bilan de la démarche. a. Le ressenti des élèves. L’élève est logiquement placé au centre du système éducatif et doit être également placé au c œur de l’enseignement. L’application de cette démarche d’investigation permet encore de renforcer cette place centrale puisque le cours est alors élaboré pour, mais aussi dans une certaine mesure, avec et par les élèves. Evidemment ceci n’est valable que si ceux-ci adhèrent à la méthode et surtout s’ils en perçoivent eux-mêmes des bénéfices relatifs à leur apprentissage… Pour connaître la perception qu’avaient mes élèves de cette forme de cours qui leur était présentée, pour savoir si cela leur apportait quelque chose de positif, je leur ai proposé le questionnaire suivant : Questionnaire (nom (facultatif) : …………………………………………………………. ) Répondez aux questions suivantes en toute sincérité… ! Pensez-vous que par rapport à un cours plus « traditionnel », un cours construit selon la démarche scientifique : ¨ ¨ facilite l’apprentissage des leçons permet de mieux se souvenir des notions abordées ¨ permet abordées ¨ ¨ de mieux comprendre les notions permet d’être plus actif dans le cours autre : N.B. : je voudrais insister sur le fait que même si ce questionnaire semble orienté de façon très positive en faveur de la démarche mise en place, les élèves ont été bien informés qu’il ne s’agissait que d’avoir leur opinion, sincère, et qu’ils n’étaient en aucun cas obligés d’approuver cette forme de cours et donc de cocher les propositions faites. - Le cours construit selon une démarche scientifique permet d’être plus actif en cours. Oui 47% Non 53% Un peu moins de la moitié des élèves pense que cette forme d’enseignement permet d’être plus actif en cours. Ce résultat peut paraître surprenant car les élèves sont dans cette conception expérimentale du cours davantage acteurs, la connaissance n’étant plus assénée mais construite. 1144 En fait sans doute n’ont-ils pas interprété le terme « actif » comme je l’entendais, c’est-à-dire au sens de « participant », mais plutôt comme synonyme d’expérience ou de manipulation. De ce point de vue, il ne se réfère plus alors à la phase précédant l’expérience, phase de questionnement et d’émission d’hypothèses, mais uniquement à la phase expérimentale. Or la différence entre un cours de sciences plus « traditionnel », mais intégrant tout de même une part importante d’expérimentation, et un cours bâti selon une démarche d’investigation repose sur cette phase d’élaboration du raisonnement qui précède l’expérimental. S’ils sont donc amenés à davantage réfléchir, les élèves n’ont toutefois pas la sensation d’être concrètement plus actifs. - Le cours construit selon une démarche scientifique facilite l’apprentissage ultérieur des leçons. Oui 53% Non 47% Un peu plus de la moitié des élèves ressent une plus grande facilité à apprendre un cours ainsi élaboré. La raison la plus généralement invoquée est la « découpe » du cours : structuré, élaboré selon un processus d’investigation, il apparaît sur le cahier comme le compte-rendu du cheminement intellectuel et naturel effectué en classe. La leçon présente de ce fait une trame sans doute plus accessible, permettant à l’élève de mieux associer les différentes phases d’activité à la question initiale et à la conclusion à retenir (voir annexe 7). - Le cours construit selon une démarche scientifique permet une meilleure compréhension des notions abordées. Oui 65% Non 35% Pour la même raison que celle évoquée ci-dessus, le meilleur « découpage » du raisonnement, et également parce qu’ils se disent davantage amenés à réfléchir, 65% des élèves trouvent facilitée la compréhension des notions abordées ainsi présentées. La démarche scientifique proposée par le professeur les implique dans le processus de construction de leur savoir, en les obligeant de ce fait à s’investir davantage dans la notion étudiée : l’appropriation en est d’autant facilitée. 1155 Il est intéressant de noter que, parmi les questionnaires non anonymes, la plus grande part des élèves n’ayant pas coché cette case est d’un bon niveau et ne présente pas de réels problèmes de compréhension, même dans le cadre d’un cours plus « conventionnel » : pour la majorité des élèves qui ont plus de difficultés, la démarche scientifique d’investigation permet donc de rendre plus accessibles les notions étudiées, parce que leur permettant de faire le raisonnement logique qui conduit à la connaissance nouvelle à acquérir, raisonnement qu’ils ne pourraient sans doute faire seuls face à la notion « frontalement » présentée. La phase d’émission d’hypothèses est ainsi une phase essentielle à cette compréhension. La situation-problème est posée et rapidement quelques hypothèses émises : il y a alors un temps, qu’on pourrait qualifier d’imprégnation, durant lequel les élèves moins habiles à raisonner et qui n’ont pas été interpellés par la question se trouvent plus sollicités par les hypothèses simplement formulées et débattues par leurs camarades. Finalement ils participent activement à l’expérimentation qui suit quand une mise en activité plus directe et rapide les aurait déroutés ou découragés et ne se contentent plus d’attendre la phrase dictée par le professeur. - Le cours construit selon une démarche scientifique permet une meilleure mémorisation des notions abordées. Oui 65% Non 35% Pour les élèves la plus grande facilité à se souvenir du cours est le plus important bénéfice de la démarche expérimentale. L’explication qu’ils apportent est la même que précédemment : le découpage du cours, l’investigation, menée personnellement jusqu’au savoir. Les élèves s’approprient la construction de leurs connaissances et il est donc beaucoup plus aisé de se les remémorer par la suite. En effet, ceux-ci disent avoir déjà réfléchi en cours et éprouvé leurs hypothèses, ce qui leur permet de se souvenir facilement des notions vues. Finalement, s’ils se souviennent davantage, c’est sans aucun doute qu’ils se sont davantage investis dans le cours (et qu’ils ont à ce moment là compris la plupart des notions traitées). La trame hypothèse / protocole / mesures, observations/ conclusion est également toujours conservée et écrite, ce qui structure davantage le cours et facilite sa mémorisation. Nous verrons plus tard que cette meilleure imprégnation du cours peut constituer d’une certaine manière un effet « pervers » de la méthode pour les élèves. 1166 - Pour achever ce paragraphe sur le ressenti des élèves, voici quelques remarques faites sous la rubrique « autres » et qui font une bonne synthèse je crois du sentiment de la classe face à cette démarche scientifique mise en œuvre : b. Ce que j’ai constaté. L’aboutissement de mon mémoire est l’évaluation des apports de l’introduction dans un cours de sciences physiques de collège d’une démarche scientifique d’investigation. J’ai donc tenté de cerner les avantages qu’apporte une telle méthode par rapport à une méthode pédagogique plus « traditionnelle ». Mais il me faut préciser que je n’ai pas effectué de comparaison exacte entre ces différentes approches d’enseignement, pour deux raisons : - d’abord pour pouvoir établir une comparaison juste, il aurait fallu appliquer les deux méthodes successivement aux mêmes élèves et sur un même sujet. Or on ne peut évidemment percevoir les apports particuliers d’une méthode si le sujet traité l’a préalablement été d’une autre façon, la compétence nouvelle à acquérir étant alors acquise ou en voie de l’être. - il aurait cependant été possible de pratiquer, sur un sujet donné, d’une façon avec un groupe et d’une autre avec l’autre. Mais d’une part il existe des différences entre ces deux groupes et d’autre part je me suis refusé à procéder différemment avec une partie de mes élèves, certainement convaincu que certains recevraient alors un cours de « moins bonne qualité ». Par conséquent ma comparaison porte sur l’ensemble de mon cours et s’appuie notamment sur des observations faites sur des parties se prêtant idéalement à une présentation expérimentale et donc ainsi traitées, et sur d’autres au contraire traitées de façon plus magistrale. 1177 § Les apports positifs. - Un enjeu motivant pour une meilleure implication. Un cours bâti selon une démarche d’investigation a ceci de motivant que la connaissance n’est pas livrée par le professeur, soit de façon totalement magistrale, soit à l’issue d’un rapide échange entre quelques-uns mais qu’elle est au contraire construite par l’élève et la classe tout entière avec l’aide du professeur. J’ai pu constater en présentant certaines notions de différentes façons que, là où face à un cours magistral beaucoup se contentent d’attendre l’exposé de la réponse, l’utilisation d’une situation-problème suivie d’une démarche scientifique motive en effet les élèves par l’idée valorisante qu’ils sont capables d’accéder eux-mêmes au savoir. Que ce soit en cinquième ou en quatrième, tous participent de ce fait activement et avec enthousiasme à l’émission d’hypothèses, dans le but d’apporter la réponse qui s’avèrera être la bonne et qui sera retenue par l’ensemble de la classe. La phase de vérification expérimentale qui suit s’inscrit toujours dans ce même objectif et l’intérêt et l’implication des élèves demeurent forts. Finalement l’interprétation des résultats et l’élaboration d’une conclusion, inscrite dans le cahier et qui constitue l’aboutissement du raisonnement, apparaissent comme le dénouement de l’investigation menée, et j’ai souvent perçu une sorte de fierté de la classe à y être parvenue. Et ce d’autant plus quand l’hypothèse retenue par la majorité au départ s’avère fausse car les élèves parviennent alors à remettre en cause eux-mêmes une de leur propre représentation. La démarche scientifique expérimentale suscite l’intérêt de chacun par la place centrale qu’elle lui donne dans la recherche du savoir et le maintient tout au long du raisonnement. L’implication du groupe dans le cours en est amplifiée. - Une perception dédramatisée de l’erreur pour une plus grande égalité entre les élèves. Cette implication plus grande est valable pour tous ceux déjà habituellement très actifs et dynamiques et qui adhèrent immédiatement à ce type de cours. Elle l’est également pour ceux qui sont davantage réservés parce que moins à l’aise dans la matière, plus en difficulté. En effet le débat qui s’articule autour de la situation-problème n’a pour but que la proposition d’hypothèses, susceptibles d’être fausses et devant être 1188 vérifiées par l’expérience. L’erreur est donc d’une certaine manière intégrée dans le raisonnement scientifique et n’est en aucune façon sanctionnée. Cette démarche dédramatise l’erreur, introduit un « droit de se tromper » et il devient plus facile pour les élèves habituellement en retrait d’y prendre part, notamment lorsque la discussion est déjà ouverte par des élèves dits « moteurs ». Ainsi en procédant selon une démarche expérimentale, je laisse un temps suffisamment long et libre de « débat » pour l’émission d’hypothèses, en ayant bien précisé (et je le précise à chaque fois) que rien, si ce n’est nos propres connaissances et représentations, ne nous permet de détenir à ce moment la vérité et que par conséquent l’erreur est possible et normale. Certaines de ces hypothèses sont alors inévitablement remises en cause et chacun argumente pour défendre son idée. A l’issue de ce débat je demande fréquemment à quelques élèves plus timides de donner leur opinion quant aux propositions faites, ce qu’ils font alors sans hésiter ayant eu le temps de s’imprégner des notions déjà débattues et surtout parce que l’erreur est partagée par l’ensemble de la classe. Comme je l’ai déjà dit précédemment, la phase de manipulation contribue également à effacer les inégalités existant au sein de la classe et à impliquer le plus grand nombre puisque mettant en avant des savoir-faire et non plus des connaissances « théoriques ». Un cours bâti selon une démarche expérimentale scientifique intègre l’erreur dans la construction des connaissances. Les élèves peuvent donc s’investir dans le cours, sans la peur qui existe souvent chez eux de devoir toujours, lorsqu’ils interviennent, livrer immédiatement au professeur (et à la classe…) la bonne réponse. - Une plus grande implication et une place « d’acteur » pour une réflexion stimulée. Liée à l’implication, la réflexion est nettement stimulée par une démarche d’investigation. Le terme même d’investigation implique d’ailleurs une réflexion logique, une déduction. C’est donc à nouveau dès le départ, avec le questionnement et l’émission d’hypothèses que les élèves sont amenés à proposer des réponses et à fournir des arguments. L’élaboration des protocoles expérimentaux permet ensuite de réfléchir sur les moyens qui vont permettre d’arriver à éprouver l’hypothèse formulée et de réutiliser des savoir-faire. L’interprétation des résultats et 1199 des observations qui conduit à la conclusion nécessite encore une fois un raisonnement logique de la part des élèves. J’ai ainsi pu remarquer que les élèves se sentent réellement investis de cette mission qu’est la construction du cours et font de réels efforts pour justifier leurs affirmations. Par l’implication plus grande des élèves sur laquelle elle est fondée la démarche d’investigation encourage la réflexion des élèves - Un questionnement initial et une émission libre d’hypothèses pour une meilleure remise en cause des représentations initiales. Les représentations initiales des élèves sont des idées reçues communes que ceux-ci ont intégré ou des connaissances construites empiriquement et qui sont ancrées en eux. Il s’agit souvent de représentations très répandues, partagées par un grand nombre de personnes. Elles sont pour la plupart très persistantes… Le départ d’une situation-problème permet de faire émerger ces représentations initiales des élèves et de ce fait permet au professeur d’orienter l’expérience pour mieux les remettre en question. Une évaluation diagnostique peut aussi être conduite pour que soit ensuite proposée une situation de départ ciblant bien les représentations initiales erronées. Il convient de préciser ce que j’entends par « situation-problème », qui à l’origine désigne une situation présentée aux élèves et devant susciter l’étonnement et donc une interrogation. Je l’ai utilisé pour évoquer plus largement une situation, qui ne suscite pas obligatoirement une interrogation et qui l’intègre même parfois, mais qui nécessite toujours une certaine réflexion pour son traitement. Par exemple le montage proposé en électricité et accompagné d’une question (cf. précédemment) : le questionnement est directement posé aux élèves qui doivent engager une démarche d’investigation pour y répondre. Ainsi lors cette étude de l’intensité du courant électrique dans un circuit en série, j’ai débuté par un questionnement sur l’intensité en différents points du circuit, m’étant auparavant aperçu que pour la plupart, le passage d’un dipôle « affaiblissait » le courant dont l’intensité avait par conséquent diminué après le dipôle. J’ai donc laissé chacun vérifier son hypothèse et réaliser l’expérience. C’est lors de la phase d’interprétation des observations faites -qui allaient évidemment à l’encontre des prédictions !- que j’ai pu revenir sur 2200 ces représentations erronées et insister sur l’unicité du courant dans un circuit en série. La non prise en compte de ces représentations au départ ne m’aurait sans doute pas conduit à insister autant. Mais ceci présente également un intérêt pour les élèves. Si je leur avais demandé directement de vérifier expérimentalement que l’intensité était bien identique partout, ils l’auraient fait, certes, mais ils auraient sans aucun doute pour beaucoup conservé l’idée que malgré tout le passage d’un dipôle abaisse l’intensité. Le fait de travailler avec sa propre idée, fausse, et de parvenir soimême à un résultat qui vient la contredire a une portée plus forte. J’ai ainsi pu constater que le vocabulaire notamment, issu du langage courant et souvent en contradiction avec le vocabulaire scientifique, qui ne peut faire l’objet que d’une présentation magistrale demeure très présent même après le cours. En cinquième les représentations communes associées aux mots fumée, brouillard ou encore vapeur sont remises en cause par le cours de sciences physiques. Lorsqu’une discussion porte sur ces mots, ou lors d’un contrôle par exemple, les élèves savent aisément faire abstraction des définitions habituelles associées pour les remplacer par celles vues en cours. Mais lorsqu’ils sont employés dans un contexte plus libre, ils retrouvent très rapidement leur sens commun… ! Les représentations initiales qui ont en revanche pu faire l’objet d’un traitement expérimental, comme la baisse de la température lors d’un changement d’état, sont beaucoup plus efficacement remises en cause. Le travail d’expérimentation est conduit par l’élève, qui construit son raisonnement avec ses propres connaissances : cette méthode remet davantage en question les acquis des élèves. § Le « délicat » : difficultés et écueils. Délicat car il ne s’agit pas vraiment de points négatifs induits par cette conception plus scientifique du cours mais plutôt de points nécessitant une attention ou un investissement particulier du professeur, notamment : le temps consommé par une telle méthode d’enseignement, la gestion en effectif important de la plus grande liberté nécessairement accordée aux élèves, 2211 le soin nécessaire à accorder au choix de la situation-problème qui doit être précise et bien faire émerger les représentations fausses présentes chez les élèves. - La première difficulté soulevée par l’introduction dans un cours d’une démarche scientifique complète est le temps que cela prend nécessairement. C’est notamment la phase consacrée à faire émerger questionnement et hypothèses qui s’avère longue à conduire, soit parce que la situation-problème de départ trop floue ne permet pas de dégager l’interrogation voulue, soit parce que, au contraire, le débat suscité au sein de la classe nécessite d’être recadré. La tentation est donc grande de tronquer le processus et d’imposer dès le départ la question et l’hypothèse à vérifier. Il me semble qu’on perd alors tout le bénéfice sur l’apprentissage ultérieur de la séquence traitée puisqu’on se ramène comme je l’ai dit précédemment à une simple expérience, mobilisatrice mais dans laquelle les élèves ne retrouvent pas de but personnel. Si cette conception expérimentale du cours implique nécessairement davantage de débats et de discussions consommateurs de temps qu’un cours « classique », il est toutefois possible, sans y renoncer, de jouer sur la gestion orale ou écrite des phases d’émission d’hypothèses et de protocoles expérimentaux pour en réduire la durée. Le traitement oral s’avère en effet plus court à mener, mais je ne l’ai pratiqué qu’avec des effectifs réduits, ce qui m’a permis de toujours impliquer l’ensemble du groupe. Cela demande également d’orienter et de cadrer les discussions, tout en restant neutre afin que les propositions traduisent bien les pensées réelles des élèves… En plus grand nombre, le traitement écrit est sans doute plus efficace car concernant chacun individuellement, mais nécessitant plus de temps… Je l’ai également pratiqué, notamment quand les conceptions abordées dans le cours sont délicates et font fréquemment l’objet de représentations erronées. Selon les cas, il est donc possible de varier les types de traitements, mais il me semble important que chaque étape de la démarche soit traduite sur le cahier par une trace écrite. - L’effectif peut également s’avérer être un obstacle à la mise en place d’une démarche d’investigation. Une telle démarche implique en effet des échanges entre élèves et entre le groupe classe et le professeur, et il est d’autant moins aisé de gérer ces échanges qu’ils concernent un grand nombre de personnes. 2222 La phase expérimentale nécessite également, pour être efficacement cadrée, de travailler en effectif réduit. J’ai procédé là encore de deux façons pour gérer la partie manipulation : - en laissant une grande autonomie aux élèves durant l’expérience, afin qu’ils mènent personnellement et jusqu’au bout leur propre investigation. Cela suppose de passer tout de même vers chaque groupe individuellement, pour vérifier que le travail est correctement compris et effectué, aussi que chaque groupe avance à son rythme et qu’il faut prendre en compte les décalages existant entre les binômes (en proposant d’approfondir le travail pour les plus rapides, ou encore d’aider des groupes plus lents, etc.). - en séquençant la manipulation et en imposant le rythme à l’ensemble du groupe. J’ai par exemple, avec les quatrièmes, conduit une manipulation sur l’additivité des tensions, en demandant aux élèves de réaliser tous en même temps le montage, puis de faire tous les branchements du voltmètre, puis de mesurer la tension aux bornes d’un dipôle, puis aux bornes d’un autre, etc. Cela permet de prendre en compte le groupe dans son ensemble et de s’assurer de la progression de tous, mais cela réduit également sans aucun doute l’implication des élèves qui se reposent alors sur les indications données par le professeur… - Un autre des points délicats de cette pratique est le choix de la situation de départ. Quelle que soit la forme qu’elle revêt, celle-ci doit être capable de faire émerger un maximum des représentations initiales des élèves concernant le sujet traité. Et de ce choix dépend beaucoup la remise en question de ces idées. De ce choix dépend également le dynamisme de la séquence. Un moyen de proposer des situations-problèmes efficaces est de rechercher, au préalable de la séquence, l’ensemble des représentations initiales de la classe, au travers de différents cas choisis et traités individuellement sur feuille. La connaissance des représentations erronées permet alors ensuite de créer des situations d’introduction ciblées, qui sauront faire émerger les représentations voulues. Il me semble toutefois bien difficile de proposer aux élèves une démarche expérimentale qui parviendra à gommer réellement leurs idées fausses. En quatrième, en électricité, la situation-problème que j’ai présentée précédemment avait pour but de substituer l’unicité de l’intensité du courant dans un circuit en série à l’idée d’usure du courant. J’avais donc choisi de travailler avec deux lampes pour bien montrer que la lampe n’affaiblissait pas 2233 le courant après son passage, et prévu d’élargir cette situation au cas d’un résistor. Lors de l’évaluation de cette compétence dans un devoir (cf. annexe 6), 100% des élèves ont répondu que l‘intensité était la même après que le courant ait traversé la lampe. 100% ont répondu que l’intensité était également la même avant et après un résistor. Mais quand dans un exercice la formulation était différente, avec une association de deux lampes de part et d’autre d’un résistor et qui brillaient différemment (parce que non identiques), environ la moitié a répondu que la seconde lampe brillait moins car située après le résistor… - Ce dernier point est relatif à la mémorisation des leçons par les élèves. Il est important je crois de faire attention à ne pas donner l’impression aux élèves que, parce qu’ils le font en cours de façon assez autonome, ils sauront seuls répondre à n’importe quel problème nouveau se présentant à eux, et qu’une telle approche du cours scientifique leur enlève le besoin d’apprendre pour fixer les savoirs. Le morcellement du cours, clairement structuré, apparaît comme un outil permettant aux élèves de mener l’investigation jusqu’à la connaissance, et ceux-ci y parviennent le plus souvent sans difficulté. Le problème est qu’ils se disent qu’ayant bien compris la notion abordée puisqu’ils l’ont « découverte » de façon autonome en classe, ils s’en souviendront de ce fait aisément : les élèves ne ressentent plus toujours le besoin de reprendre attentivement leur leçon. Si le cours présenté à la façon d’un compte-rendu d’expérience facilite effectivement la mémorisation, il n’en reste pourtant pas moins nécessaire d’en revoir et d’en apprendre les contenus. 2244 5) Conclusion. Ce mémoire s’inscrit comme une étape d’observation d’une pratique mise en place dès le début de l’année et dont je poursuivrai la mise en oeuvre dans mes cours futurs. Cette étude des apports de la démarche d’investigation sur les apprentissages m’aura permis de me rendre compte davantage des réels bénéfices sur l’enseignement des sciences : une adhésion plus grande et une meilleure implication. Cela m’a également permis de prendre du recul par rapport à mon enseignement en collège et d’en saisir mieux les objectifs pédagogiques. Il serait intéressant, au-delà de ce travail, de poursuivre l’étude des apports à long terme de la pratique d’une démarche scientifique d’investigation : les élèves ont-ils assimilé le processus de raisonnement, sauront-ils s’en resservir, cela leur est-il apparu comme une méthode de travail nouvelle à utiliser ? Notamment est-ce que cet outil mis en place au collège (et d’une autre façon en école élémentaire) perdure jusqu’au lycée ? Pour conclure j’évoquerai justement la difficulté de la pratique de cette pédagogie en lycée. J’ai pu lors de mon stage en pratique accompagnée en lycée prendre en charge pendant quelques temps une classe de terminale. Avec 35 élèves et un programme dense à traiter en un temps relativement restreint, il me semble très délicat d’appliquer à ce niveau ce que j’ai pu mettre en place au collège. Il serait pourtant sans aucun doute souhaitable, pour la qualité de l’enseignement et pour lutter contre la désaffection des filières scientifiques, de rendre plus aisée l’élaboration de cours de sciences physiques à caractère expérimental en lycée. Il semble, d’après le rapport du groupe de relecture des programmes pour le pôle des sciences récemment paru, que la tendance soit bien au développement de la démarche d’investigation. Les conditions d’enseignement compatibles avec une telle orientation ont été définies par M. Sarmant, IGEN et vice-président du groupe de relecture, qui précise que les effectifs et la densité des programmes doivent être adaptés à la mise en œuvre d’une telle pédagogie d’investigation. 2255 Remerciements Je tiens à remercier tout particulièrement mon directeur de mémoire, Monsieur Michel Moreau, pour les conseils qu’il a pu m’apporter et pour sa disponibilité. Egalement Nicole Soufi, ma conseillère pédagogique, pour son aide précieuse dans l’élaboration de mes séquences, pour ses conseils et sa présence. 2266 Bibliographie EXPERIMENTER sur les chemins de l’explication scientifique, J.-P. Astolfi, Evelyne Cauzinilla-Marmiche, André Giordan. Privat, 1984. La pluridisciplinarité dans les enseignements scientifiques : 2ème tome Place de l’expérience, Actes de l’université d’été du 9 au 13 juillet 2001. ENS Cachan. CRDP Basse-Normandie, Ministère de la Jeunesse, de l’Education et de la Recherche, SCEREN mars 2003. La main à la pâte, les sciences à l’école primaire, présenté par Georges Charpak. Flammarion, 1996. 2277 Annexes - Annexe 1 Situation-problème d’introduction à l’étude de la température de l’eau pure lors de sa solidification. - Annexe 2 – Quelques questions suscitées par cette situation-problème, accompagnées des hypothèses proposées. - Annexe 3 – Fiche distribuée aux élèves de cinquième lors de l’étude de la solidification de l’eau pure. « L’eau est partout. Quelques chiffres ? Notre « Terre », la mal nommée, est couverte pour plus des deux tiers par les mers. Quant à notre corps, c’est entre 60 et 90% de ce précieux liquide. L’eau est partout mais pas n’importe comment : on dénombre 3 états. Solide ? C’est de la glace. Liquide ? C’est… « de l’eau » ! Gaz ? de la vapeur. Quelques degrés suffisent pour passer de l’un à l’autre de ces états. » Science et vie junior, avril 98. D’après ce texte, outre la pression, quelle grandeur est-elle responsable des changements d’états de l’eau ? Nous allons donc étudier son évolution au cours d’un changement d’état, la solidification. Pour cela il faudra …………………………………..la .…… ………………………………………… de l’eau. Comment feriez-vous ?………………………………………………………………………………… ………………………………………………………… Comment la température évolue t’elle lors de la solidification de l’eau pure ? Hypothèses : à quelle température pensez-vous que l’eau se solidifie ? ………………………………………………………………………………………………………………………. pensez-vous que la température varie pendant que l’eau devient solide ? …………………………………………………………………………………………… Objectifs de la manipulation : - vérifier et valider (ou non !!) vos hypothèses. - tracer le graphique donnant l’évolution de la température lors de la solidification 1) Protocole expérimental : 2) Schéma du dispositif : Vous disposez d’eau liquide, d’un mélange réfrigérant, d’un pot en verre, d’un tube à essais et d’un thermomètre. Proposez un protocole vous permettant de suivre l’évolution de la température au cours de la solidification de l’eau pure : …………………………………………………………………………………………………………………….. ………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… 3) Manipulation / Observations et tableau de mesures. Attendre les consignes du professeur avant de commencer la manipulation et la prise de mesures. tableau de mesures à compléter : Temps (min.) Température (°C) observations : Quand apparaissent les premiers cristaux de glace ?……………………………………………………………………………………………….. …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… Quelle est alors la température du contenu du tube à essais ?……………………………………………………………………………….. Que peut-on dire de la température tant qu’il reste de l’eau liquide dans le tube ?………………………………………….. …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… Observez les parois du pot en verre. Que remarquez-vous ? ………………………………………………………………………………….. D’où cela provient-il ?…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….. 4) Tracé de la courbe de solidification de l’eau pure. Attendre les consignes du professeur concernant l’élaboration d’un graphique avant de commencer. Tracer le graphique sur la page suivante du cahier. Echelle : 1 carreau pour 1 minute en abscisses et 1 carreau pour 1 degré Celsius en ordonnées. 5) Conclusion : - Annexe 4 Fiche-méthode sur l’élaboration d’un compte-rendu d’expérience, distribuée aux cinquièmes et aux quatrièmes. Fiche méthode. COMMENT REDIGER UN COMPTE-RENDU ? Un compte-rendu d’expérience présente le ……………………………… de l’expérience, les ……………………… faites lors de la manipulation et les …………………………… des résultats. Il doit comporter : 1. Un titre, 2. Les objectifs de l’expérience réalisée, 3. Un protocole expérimental, c’est-à-dire une description de la manipulation effectuée et du matériel utilisé. Il peut être accompagné de schémas. 4. Un tableau de mesures, présentant les résultats, et accompagné d’observations, 5. Une conclusion dans laquelle les résultats et les observations sont interprétés. - Annexe 5 Représentations initiales des élèves de quatrième sur le courant électrique dans un circuit en série. Evaluation diagnostique. courants antagonistes usure du courant représentation correcte - Annexe 6 Devoir surveillé de quatrième sur l’intensité du courant électrique. DEVOIR N°4 4ème Sciences physiques et chimiques Les réponses doivent être rédigées : phrases claires et correctement construites… attention à l’orthographe ! Exercice A I1 I2 I4 I3 1) Compléter le schéma en ajoutant le symbole de la pile électrique qui permet la circulation du courant dans le circuit (indiquer les bornes). 2) A l’aide d’un multimètre on mesure I2 = 153 mA. a. Sur quel mode (fonction) doit-on placer le sélecteur du multimètre pour mesurer cette intensité ? b. Quel est alors le symbole de l’appareil ? c. Reproduire le schéma du circuit en y insérant le multimètre permettant la mesure de I2 (symbole complet). Préciser le mode de branchement dans le circuit. d. Dans quel cas un signe – précède-t’il la valeur de l’intensité lue sur le multimètre ? A quoi est-il dû ? e. Ce multimètre possède 5 calibres pour la mesure d’intensité : 10A, 2000mA, 200mA, 20mA, 2mA. ¬ Définir le rôle du calibre. ¬ Lequel doit-on utiliser pour effectuer la mesure de I2 ? Justifier. f. Que valent I1, I3 et I4 ? Justifier. g. On ajoute un second résistor dans le circuit. ¬ Que peut-on dire des valeurs des intensités I1, I2, I3, I4 ? ¬ La position de ce résistor a-t-elle une importance ? Exercice C + - Aline et Olivier ont réalisé le montage schématisé ci-contre : L1 brille plus que L2. L1 L2 Aline dit à Olivier que les lampes utilisées sont identiques, Olivier lui affirme que non ! Qui a raison ? Pourquoi ? - Annexe 7 Traces écrites sur un cahier d’élève. Le rôle de la démarche scientifique dans l’apprentissage Ou comment favoriser l’apprentissage pour chacun par la méthode expérimentale. Résumé : Pour lutter contre le rejet des sciences et afin d’offrir un enseignement plus profitable à l’élève, la démarche d’investigation est de plus en plus proposée. Après la description de la mise en place dans mon cours de sciences physiques, en collège, de cette méthode pédagogique, j’en décris les apports observés : une meilleure adhésion et une meilleure implication des élèves, pour qui la compréhension et l’assimilation des connaissances exposées sont facilitées. Mots-clés : investigation / expérimental / démarche / implication / motivation. Etablissement en responsabilité : Collège Marcelle Pardé (Dijon) Classes de 5ème et 4ème