Pour la Cour européenne des droits de l`homme, la vie privée d`une

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Pour la Cour européenne des droits de l`homme, la vie privée d`une
Le Soir Jeudi 16 janvier 2014
FORUM 25
Marcel Sel Chroniqueur et blogueur
François Hollande joue du piano
et appuie sur toutes les touches.
Une fois, il veut faire payer les riches.
Une autre fois, il joue du “gauchisme
culturel” pour diviser la droite.
Une autre fois encore, il devient
le président des patrons. »
c'est vous qui le dites
La Belgique traverse-t-elle vraiment mieux la crise ? Quand on sait les pays auxquels la Belgique est
comparée, Espagne, Portugal, Grèce, etc. pour dire qu’elle ne va pas si mal, cela ne rassure qu’à moitié.
Nous restons avec un chômage très élevé avec beaucoup d’entreprises industrielles qui sont en train de
peser le pour et le contre de quitter la Belgique à moyen terme à cause des charges sur le travail les plus
élevées du monde. Si on se complaît dans ce qui va bien aujourd’hui sans jamais penser au futur, le chômage va exploser en Belgique quand ces entreprises suivront Ford et Arcelor. PEACE SUR LESOIR.BE
© DR.
LE SOCIOLOGUE JEAN-PIERRE LE GOFF,
DANS « LE FIGARO ».
Il n’y avait plus de droite en France. Maintenant, y’a plus de gauche. Pas
étonnant que les extrêmes se portent bien, en fait.
D’autres opinions sur www.lesoir.be/polemiques
l’éclairage
Mathilde est l’atout du Palais,
mais le Roi, c’est Philippe
La Reine doit surtout assister son mari. Et être une maîtresse de maison. Mais elle a aussi ses
activités propres : elle devrait notamment reprendre la présidence d’honneur de Child Focus.
E
voquer le rôle du Roi ne
peut se faire sans aborder
celui de la Reine. Le reportage de Questions à la Une,
diffusé hier soir, a donc fait la
part belle à Mathilde. Car plus
que sous les règnes précédents,
c’est un couple royal que met désormais en avant le Palais, une
équipe complémentaire où chacun a sa place. Plus que Paola ou
Fabiola avant elle, Mathilde est
très présente depuis six mois ;
elle a ses propres activités et seconde très régulièrement le Roi.
Elle a même effectué seule deux
voyages à l’étranger, alors que
Philippe restait au pays – si l’on
excepte sa présence lors de
l’hommage à Nelson Mandela.
Mais au fond, quel est le rôle
exact de la Reine, sachant qu’elle
n’a pas d’existence constitutionnelle et donc aucune fonction officielle ? Quelle place peut-elle
occuper ?
Puisque son rôle n’est pas défini, c’est le Roi lui-même, en
concertation avec la Reine bien
sûr, qui donne corps à la fonction, imagine ce qu’elle peut être
ou non, dans le respect du cadre
constitutionnel. Et sur la base
d’un principe fondamental : le
Roi, c’est Philippe. Pas Mathilde.
Qu’elle soit plus charismatique,
plus médiatique ou chaleureuse
que lui n’y change rien. Mathilde
est un atout pour la monarchie,
que le Roi et le Palais veulent
utiliser. Mais sans que la Reine
ne prenne la première place…
« Il n’y a pas de rôle fixé, mais
la tradition en Belgique est que le
conjoint du chef de l’Etat l’assiste
dans ses activités publiques,
contribue au rayonnement de
l’institution et prolonge son action dans les domaines classiques, principalement social et
culturel », explique le directeur
Médias du Palais, Pierre-Emmanuel De Bauw. Concrètement, la
Reine a quatre domaines d’activités principaux.
Un : « Elle assiste le Roi. Elle
est donc à ses côtés pour certaines
activités et l’aide à remplir sa
fonction, en accueillant des visiteurs, en l’accompagnant en visite officielle à l’étranger… »
Deux : « Elle a ses activités
propres, dans la continuité de ce
qu’elle faisait princesse » – en fa-
veur des personnes vulnérables,
de l’Unicef ou de la lecture à voix
haute. Auxquelles s’ajoutent et
s’ajouteront encore à l’avenir de
nouvelles activités, dues à son
rang de Reine. Comme c’est déjà
le cas pour le Concours reine Elisabeth, Mathilde va notamment
reprendre progressivement différentes présidences d’honneur,
qui reviennent traditionnellement à l’épouse du Roi régnant.
Ainsi nous revient-il qu’il est
question que Mathilde soit, dès
La Reine, elle aussi, a ses propres domaines de compétence, qui évoluent. © BELGA.
ce mois de janvier, présidente
d’honneur de Child Focus, à la
place de la reine Paola – mais
celle-ci conserverait un intérêt
pour les enfants disparus. Dès le
31 janvier, Mathilde effectuerait
sa première activité en tant que
présidente de Child Focus.
Trois : « Elle a un rôle de maîtresse de maison : le Palais est
une infrastructure qui doit être
prête à réagir pour l’organisation de dîners, réceptions,
réunions de travail… La Reine a
un œil là-dessus pour que cela réponde au standing que le Roi et
elle veulent y mettre. Le Roi tient
à ce que son règne soit placé sous
le signe de la proximité, mais
aussi de la classe. La Reine joue
un rôle important à cet égard,
veillant à ce que tout soit soigné.
C’est fondamental pour le bon
fonctionnement du Palais et
l’image du chef de l’Etat. »
Quatre : « Sa famille : la Reine
consacre du temps à ses enfants
et à leur épanouissement, tenant
à l’équilibre entre vie publique et
vie privée. » Elle essaie donc,
dans la mesure du possible,
d’être présente le mercredi
après-midi et les après-16
heures, veillant elle-même aux
devoirs, nous dit-on.
Pour l’organisation de toutes
ces activités et leur coordination
avec celles du Roi, Mathilde dispose d’une secrétaire, mais elle
participe aussi régulièrement, le
lundi, à ce que l’on appelle « le
comité de concertation » du Palais. Présidé par Philippe, il
réunit le secrétaire général, le
chef de cabinet, le directeur Médias, le chef de la Maison militaire, le chef du protocole, l’intendant de la liste civile et la secrétaire de la Reine. Objectif ?
Elaborer la politique générale du
Palais et le programme, et assurer la coordination au sein de la
Maison du Roi, mais aussi avec
les autres Maisons. Mathilde y
assiste lorsqu’on y évoque ses activités ou les activités conjointes
avec le Roi (sachant que ce comité de concertation se réunit aussi
hors la présence du couple royal,
au niveau de leurs collaborateurs, et qu’il est parfois étendu
aux collaborateurs des autres
membres de la famille royale,
toujours dans le souci d’une
bonne coordination).
Si le Roi est soucieux d’associer son épouse à ses activités, la
présence de Mathilde n’est pas
indispensable. En fait, la Reine
est présente quand elle peut être
utile, apporter une valeur ajoutée, contribuer au rayonnement
de la Belgique ou que l’un de ses
domaines de compétence est
concerné. Donc pas seulement
pour faire joli dans le décor !
Comme Philippe, Mathilde veut
être utile, pas jouer les potiches. ■
MARTINE DUBUISSON
le décryptage
Pour la Cour européenne des droits de l’homme, la vie privée
d’une personnalité publique peut être d’intérêt général
e hasard du calendrier est
parfois étonnant… Alors que
L
l’affaire Hollande-Gayet mono-
polisait l’attention de la presse
française et internationale, la
Cour européenne des droits de
l’homme (CEDH) rendait deux
arrêts confirmant la jurisprudence dans ce genre de saga où
les limites entre envie privée, vie
publique et liberté d’expression
sont plutôt floues.
L’affaire concerne la vie sentimentale de l’homme politique
finlandais Matti Vanhanen du
temps où il était Premier ministre (2003-2010). En 2007,
Susan Kuronen, son ex-maîtresse, publie un livre dans lequel
elle relate les neuf mois de son
histoire d’amour jusque dans les
moindres détails croustillants.
Le livre fait scandale dès sa sor-
tie et la justice finlandaise décide
de poursuivre auteur et éditeur
pour violation de la vie privée.
Quelques mois plus tard, le livre
est retiré de la vente. En première
instance, auteur et éditeur sont
relaxés. En appel, par contre, ils
sont condamnés à payer 10.000
euros de dommages et intérêts au
Premier ministre. Après que la
Cour suprême a confirmé leurs
condamnations en 2010, auteur
et éditeur décident de saisir la
Cour européenne des droits de
l’homme. Elle a tranché mardi.
« Strasbourg considère que la
révélation des circonstances entourant le commencement d’une
relation amoureuse entretenue
par un homme d’Etat pouvait
contribuer à un débat d’intérêt
général sur l’honnêteté et la capacité de jugement de l’intéressé,
ainsi que sur d’autres questions
dont la sécurité des figures politiques de premier plan, explique
Quentin Van Enis maître de conférences en droit des technologies de l’information à l’Université de Namur. La Cour souligne
toutefois qu’il en allait autrement
de la révélation des détails de la
vie sexuelle de l’homme politique
ainsi que des attitudes et senti-
sident et du pays. C’est peut-être
un prétexte, mais dans le cadre de
l’affaire du Premier ministre finlandais, la Cour de Strasbourg
reconnaît l’importance de la sécurité des hommes politiques. Ils
s’étaient rencontrés par internet
et le Premier ministre ne la
connaissait pas plus que ça, ce
qui pose beaucoup de questions.
Il ressort aussi de l’arrêt de la
« Plus l’info est importante et grave, moins la protection
de la vie privée jouera » JACQUES ENGLEBERT, PROFESSEUR DE DROIT
ments de ses enfants. Les secrets
d’alcôve et les affaires strictement
familiales restent protégés. »
« C’est assez comparable à l’affaire Hollande-Gayet en fait,
poursuit Quentin Van Enis. Le
magazine “Closer” avait évoqué
l’impact sur la sécurité du Pré-
CEDH que la petite amie en question était assez démunie alors que
le Premier ministre vivait plutôt
dans l’aisance. Comment pouvait-il, au quotidien, nouer une
relation avec une personne dont
la vie était moins facile au niveau financier ? Au-delà de ça,
l’enseignement majeur, c’est de
dire que certains éléments de la
vie privée peuvent influencer le
débat d’intérêt général. C’est le
cas notamment de l’honnêteté et
de la fidélité. Ce qui l’est dans la
vie de couple peut aussi l’être
dans la vie politique même si
dans l’affaire finlandaise, le Premier ministre était officiellement
divorcé d’avec son ex-épouse. »
Pour Jacques Englebert, professeur de droit à l’ULB, « le critère essentiel en matière de liberté
d’expression, c’est que les journalistes sont protégés à condition
qu’ils traitent de sujets d’intérêt
général. Au sens strict, la loi belge
interdit qu’on porte atteinte à la
vie privée. Avec l’intérêt général,
cette règle n’est plus d’application. Le critère, c’est de savoir si ce
que l’on communique est un sujet
d’intérêt général ou pas. On peut,
par ce biais-là, éventuellement
porter atteinte à d’autres droits
dont celui au respect de la vie privée. Dans le cas finlandais, la
cour européenne ne remet pas en
cause l’appréciation des juridictions nationales et estime qu’il
n’y avait pas matière à intérêt
public avec les révélations sur
l’intimité sexuelle du couple ;
parce que cela n’apportait rien au
débat. Chaque cas est un savant
équilibre entre l’intérêt de garantir le respect de la vie privée et
l’intérêt de garantir une information libre sur des sujets d’intérêt général. Plus l’information est
importante et grave, moins la
protection de la vie privée jouera », conclut Jacques Englebert. ■
PHILIPPE DE BOECK
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