La bonté de son cœur lui valut l`amitié de tous, les nobles

Transcription

La bonté de son cœur lui valut l`amitié de tous, les nobles
La bonté de son cœur l ui valut l'amitié de t ous, le s
n oble s se nti me nts de so n â me lu i val ure nt l 'e sti me de
t ou s.
Elle étai t notre ma man et not re ma mie d'amour et de
dé vo uemen t san s rése rve.
Elle étai t mon épouse géné reuse et ré conforta nte.
Elle nous a été donnée pour fai re not re bonheur.
Elle nous a été re pri se.
Nous la rejoindrons tous u n j our p ou r l 'é t e rni t é .
Que Dieu de misé ri corde la bénisse et l'accueille parmi
le s bien heu reux .
1
LE GLAS D’AMOUR
Je tendrai mes mains au ciel
Mes yeux cherchant ton visage
Je lancerai mon appel
Et j'étoufferai ma rage
Je céderai mon regard
A la fin de ma prière
Et comme un coup de poignard
Je porterai ma misère
Je ne fermerai mes yeux
Que sur mon cris de douleur
Je ne reverrai les cieux
Que sous un voile de pleurs
Je n'entendrai plus ta voix
Qui enchante mes réveils
Le silence de l'émoi
Viendra creuser mon sommeil
Je ne prendrai plus ta main
Pour t'offrir un autre jour
Je haïrai le matin
Qui viendra sans amour
Viendra me hanter ton glas
Mon cœur lui sera pareil
Quant à l'ombre de ta croix
Je viendrai fuir le soleil
Se dessécheront mes lèvres
Quand je retiendrai ma plainte
Me consumera la fièvre
Et je tomberai mains jointes...
2
"miserere"
Il pleut sur ta tombe, il pleut dans mon cœur
Temps rempli de tristesse, tristesse dans mon cœur
Il pleut dans le vide, le vide dans mon cœur
Je cherche ton visage, je ne le vois pas
Je cherche ta main, je ne la sens pas
Je prononce ton nom
Tu n'es pas là pour me répondre
Je ne peux plus te prendre dans mes bras
Je ne peux plus te serrer contre moi
Le vide est autour de moi, le vide est en moi
Il me manque ta chaleur
J'ai froid dans le cœur
Ton silence, c'est ton absence
Tu es partie pour toujours
Sans retour
Tu es décédée, Tu es morte
Et moi je reste seul, abandonné
Dans le froid, dans la pluie
Devant ta tombe
Avec mes mains vides
Avec mon cœur inondé de pleurs. . .
Miserere mon amour, miserere Pia
roger
3
Le non-retour
La dernière rose
je l'ai posée sur ton cercueil
oh ! mon amour
Comme la fin du fleurir
ta vie s'est arrêtée
pour un partir
sans retour
Ton dernier souffle
a frôlé mon visage
comme un baiser volé
à la mort
Ton dernier regard
fut emporté
sous tes paupières closes
au triste sort
La vie est peu de chose
elle pèse moins
qu'une pétale de rose
sur le fatal seuil
De cette dernière rose
que j'ai posée sur ton cercueil
du non retour
oh ! mon amour...
4
Le fleuve des âges
Toi au bord du fleuve
et moi de l'autre coté
entre nos cœurs écartés
toutes les eaux se meuvent
Et coulent les flots
et passent les barques
qui vont vers le dépôt
où tout le monde débarque
Il nous manque un pont
et nous courrons les méandres
nous continuons de descendre
le fleuve de tout son long
qui ne cesse de s'étendre
sous un ciel toujours plus bas
vers un horizon
de plus en plus plat
Nous suivons les deux rives
d'un pas toujours plus las
nos cœurs à la dérive
Au bout de notre errance
à la dernière extrémité
moi au bord du fleuve
et toi de l'autre coté...
5
La toussaint
Les pierres, toutes ces pierres
Qui se dressent là debout
Dans ce cimetière
Entre eux et nous
A la mémoire
A toutes les mémoires
Qui remontent de dessous
Pour revenir en nous
Les noms, tous ces noms
Qui nous interpellent
En notre tréfonds
Et qui nous rappellent
Leur passé
De nous séparés
A tous ceux , à toutes celles
Qui nous ont précédé
Les tombes, toutes ces tombes
Aux fleurs, toutes ces fleurs
Aux adresses d'outres tombes
D'éternelle demeure
Bienveillant message
De notre passage
De tous nos pleurs
Pour la fin des âges
Aux cimetière, tous les cimetières
Les fleurs, toutes ces fleurs
Qui répondent à l'élan du cœur
En silence et dans la prière
Quand nos yeux se remplissent de pleurs
Avec les images d'hier
Qui remontent des profondeurs
Des tombes, toutes ces tombes...
6
Haï Kaï de l'adieu
L'adieu qui nous peine
Après nos jours de bonheur
Faut-il le redire ?
L'adieu qui m'entraîne
Et m'arrache de ton cœur
Faut-il le redire ?
L'adieu me malmène
Faut-il taire ma douleur
Faut-il le redire ?
HA Ï KA Ï de l’Ab s en ce
Sans toi mon amour
Le jour qui traîne et qui dure
Est un jour perdu
Un temps sans retour
Que 1' heure emporte à mesure
Et ne nous rend plus
Sans toi un jour
Est un temps long que j 'endure
D'amour dépourvu
7
J'ai du partir hélas
J'ai du partir hélas sans toi
Quitter mon nid quitter ma mie
Seul dans un lit il fait froid
J'ai du partir hélas sans toi
S'en aller au printemps crois-moi
C'est jeter un froid dans la vie
J'ai du partir hélas sans toi
Quitter mon nid quitter ma mie
L'automne est là qui me défie
J'ai du partir hélas sans toi
Quitter mon nid quitter ma mie
Nous nous reverrons plus je crois.
Rêve qui nous unit…
8
Le silence blanc
Quand tombent doucement
Les premiers flocons blancs
En silence en silence
Tout semble s'arrêter
Le temps me rapporter
Mes tendres souvenances
En silence en silence
Le drap du firmament
Recouvre mes tourments
En silence en silence
Étouffe ma douleur
Les rappels de mon cœur
Mes tendres souvenances
En silence en silence
Le blanc recouvrement
Efface lentement
En silence en silence
Tes regards pleins d'émoi
Les échos de ta voix
Mes tendres souvenances
En silence en silence
L'alternative
Vais-je foncer comme un train fou
Pour m'écraser contre un butoir
Vais-je tomber dans un trou
Ou bien m'effacer dans le noir ?
Que me reste-t-il de la vie
A mon temps infiniment triste
Où sans amante et sans amie
Plus aucun amour ne subsiste ?
Quand l'heure viendra pour sceller
Le cours de mon attente vaine
Je n'aurai plus qu'à m'en aller
En emportant regrets et peines
9
Le départ
Ce fut comme un rêve
qui trop tôt s'achève
et rend malheureux
image trop brève
regret qui soulève
mon cœur douloureux
Dans mes bras retenue
toute nue étendue
elle a guetté le jour
l'ai vu partir émue
comme elle était venue
ses yeux remplis d'amour
Une dernière parole
comme un oiseau qui s'envole
s'est élevée vers les cieux…
chaque aube depuis m'affole
et l'aurore me désole
en pensant à cet adieu
Ce fut comme un rêve
qui trop tôt s'achève
et rend malheureux
image trop brève
regret qui soulève
mon cœur douloureux
10
Pour ma naissance vaine
Je donnerais tous mes poèmes
Pour un seul oui un seul je t'aime
Je vendrais mon âme et mon moi
Pour entendre encore ta voix
Me redire je t'aime
Je cesserais de composer
Pour un seul oui un seul baiser
Je vendrais ma plume te ma Muse
Pour te revoir toute confuse
Me donner un baiser
Heureux j'arrêterais décrire
Je contemplerais ton sourire
De mon sang je ferais ce jour
Mon dernier poème d'amour
Posé sur ton sourire
Mais le regret revient ce soir
Qui ne me laisse aucun espoir
A quoi bon sert mon existence
Qui ne me laisse aucune chance
L'espoir de te revoir ?
Que vaut la vie en quarantaine
A quoi bon celle que je mène ?
Sans toi c'est vivre dans le tort
Sans amour c'est vivre la mort
Naissance rendue vaine !
11
Le temps de sept poèmes
Le temps de sept poèmes
Fugitif comme un fleurir
Concis comme un je t'aime
Passager comme un soupir
Le temps de sept poèmes
Qui vit naître mon amour
Comme les grains qu'on sème
Fit germer mes plus beaux jours
Le temps de sept poèmes
Qui fit mûrir dans mon cœur
Le plus vertueux thème
Dicta mes mots de bonheur
Le temps de sept poèmes
Les heures de joie d'amour
Les minutes suprêmes
Je les comptais à rebours
Le temps de sept poèmes
Les jours et les nuits sacrés
De 1'amour pour emblème
Retiennent mon cœur ancré
Ce bonheur qui m'a frôlé
Concis comme un je t'aime
Ce sursis aura duré
Le temps de sept poèmes
12
L'hiémal
Comme la tempête
brise les ramures
ta douleur
brise mon cœur
Le vent qui hurle
qui cogne à ma porte
soulève mes craintes
tes plaintes
Dans la solitude
tournent avec les heures
mes tourments cruels
tes appels
Au lit de l'absence
la nuit vient recouvrir
mes regrets du soir
tes espoirs
La peine qui nous accable
n'a qu'un seul visage
ma détresse
ta tristesse
Comme les neiges
couvrent les froids monts
tes pleurs
couvrent mon cœur
13
Vent de blessure
Écoute le vent
qui murmure
comme un enfant
que la blessure
rend souffrant
Il frôle ta porte
dans l'espoir
que tu sortes
pour aller voir
s'il n'y a personne
qui te nomme
quelqu'un de familier
quelqu'un de particulier
et le vent qui effleure
à cette heure
ta peau tes cheveux
d'un élan langoureux
te rapporte une parole
te rappelle un nom
te désole
trouble ta raison…
Et tu écoutes le vent
qui murmure
comme un enfant
que la blessure
rend souffrant ...
14
Je sais au fond...
Je sais au fond d'un rêve
Un visage d'amour
Oh que la vie est brève
Oh que le rêve est court
Je sais au fond d'un songe
Un rappel de bonheur
Oh sursis qui se ronge
Oh songe qui se meurt
Je sais au fond d'une âme
Un espoir immortel
Oh mort qui nous réclame
Oh refuge éternel
Je sais au fond d'un rêve
Un amour infini
D'un court instant de trêve
Rêve qui nous unit…
15
L'ombre et le vent
Pour qui cette ombre étrange avec le vent avance
D'où vient le vent si triste où porte-t-il ses pleurs ?
Son appel désolant lance dans le silence
Ce nom qui fait grandir un trouble dans mon cœur
L'heure enchaîne sans bruit ma peine à sa langueur
Et sous son voile humide endeuille ma présence
Comment chasser mon doute et fuir ses profondeurs
Vers où cette ombre étrange avec le soir avance ?
Les jours ont égrainé ma solitude immense
Au moulin des oublis qui brise les clameurs
Obstinément tourné envers mes souvenances
D'où vient le vent si triste en répandant ses pleurs
Sur mes yeux fatigués sur mes vains scrutateurs
Tombe le voile épais 1'ombre d'indifférence
Et dans l'obscurité résonne avec ampleur
Cet appel désolant lancé dans le silence
L'interminable écho dans la nuit de 1'absence
Me hante sans répit et creuse ma douleur
Comme un rappel plaintif me poursuit dans 1'errance
Ce nom qui fait grandir le trouble dans mon cœur
Où court le vent en pleurs porter ses doléances
Pour qui cette ombre étrange avance avec lenteur ?
Déjà je sens en moi grandir ma défaillance
Au rappel de ce nom à l'espoir qui se meurt...
Je sais d'où vient ce vent... pour qui cette ombre avance !
16
Lune éploreuse
Un rayon de lune opale
par une fenêtre ouverte
lentement
très lentement
avance sur un plancher
sur un tapis d'Orient
sur un parquet luisant
sur un drap de lit
pour finir
sur un beau visage
calme
très calme
de dormeur étendu
au sommeil profond
très profond...
Le rayon de lune opale
s'arrête sur ce visage immobile
de dormeur tranquille
de ce dormeur pâle
pour l'embrasser
lentement
car la lune a le temps
d'embrasser tous les dormeurs semblants
aux beaux visages
couleur de cire
froids
très froids
17
Morne visiteuse
Visiteuse
silencieuse
indésirable
au regard affable...
Son manteau est vide
sa tête creuse
ses yeux éteints
sa bouche cousue
elle est sans ombre
et ses mains sèches
sont intouchables
Elle joue ses préludes criards
sur les nerfs tendus
et les poitrines creusées
émettent sa lugubre mélopée
Symphonie vaseuse
au fond des éthers sulfuriques
où saignent et se décomposent
les lambeaux de douleurs humaines
et dans la lave de sang coagulé
crèvent les bulles de cris noyés
Son haleine déchire la plaie fumante
et comme des bottes gluantes
la chair tombe
elle pourrit
se craquelle
et retombe en poussière
Le souffle léger
d'une brise insouciante
efface la forme
et emporte la substance
18
L'isle inaccessible
Cet Atolan de nul'part
Ce rivage salutaire
Le but fixé pour départ
De ma course solitaire
C'est une isle fabuleuse
Que lèche l'onde du temps
Cyclades miraculeuses
De mon rêve à contretemps
Mais pour 1'oiseau migrateur
Epiant la route opale
Je suis le navigateur
Qui la creuse à coups de pale
Sur 1'Océan de l'étrange
Tangue mon esquif perdu
Qu'émousse l'écume blanche
Sur le récif défendu
Au lit de mer des appels
Des écailles argentées
Je le vois mon archipel
Sirène de voie lactée
Mais ma barque prise au piège
Par les algues de morte-eau
Coule par son sortilège
Sur le bas fond de coraux
Triste lagune aux épaves
Où se calme 1'onde amère
De mon Atoll brise-étrave
D'Océanie aux chimères.
19
Ma vie s'en va
Ma vie est en pièces détachées
Qu'est donc devenu mon noble moi
Image qui me fut attachée
A l'âme pour trahir mon émoi ?
Ma vie adhère aux derniers morceaux
Que devint-elle ma chère enfance
Présence qu'on dépose au berceau
Et qu'on expose à 1'âpre existence ?
Ma vie escalade des ruines
Que devint la force de mon cœur
Doux flot de la jeunesse héroïne
Dont je ne fus jamais le vainqueur ?
Ma vie échoue en brèves séquences
Que devint ma belle raison d'être
Fil rompu par trop de conséquences
Dont je ne fus jamais le maître ?
Ma vie abouche aux derniers débris
Qu'est devenu mon je ne sais quoi
Mon moi-même que je n'ai compris
Et mon autre entrevu parfois... ?
20
Poussière humaine
Pauvres que nous sommes
nous, les humains mortels
petite fraction d'existance d’hommes
dans le temps universel
Que de peines subies
pour entretenir notre souffie de vie
petite flamme vascillante
tremblante
dans le grand courant d’air
de l'univers
Que d’efforts il nous faut
dans notre court éspace
pour nous maintenir à la surface
d’une humanité éphémère
de par les âges millénaires
Que de luttes continuelles
nous fatiguent,nous vieillissent
dans notre course temporelle
vers le grand précipice
pour croire
ou ne pas croire
sans rien savoir
Que de maux nous affligent
pendant notre court passage
à l’échelle réduite
entre d’étroites limites
de la naissance à la mort
la temporelle fuite...
sans jamais avoir
pu entrevoir
l’ultime rivage
à notre voyage...
21
Vers le néant
Qu'il est long et lent le temps
le temps qui dure et se fige,
à vivre au présent
dans le sens qui nous dirige
vers le néant...
Qu'ils sont brefs et courts les jours
les jours qui vont et repassent
dépassent au carrefour
tous les voyageurs qui passent
vers le néant...
Qu'ils sont peu de chose tous ces ans
les ans qui lentement s'accumulent
et nous acculent en s'éloignant
comme des fantômes qui reculent
vers le néant
22
Dans 1'attente
J'ouvre ma porte au grand jour
Je laisse sortir l'ennui
Monsieur le Soleil bonjour
Au revoir Dame la Nuit
Je laisse entrer la lumière
Pour entrevoir de doux instants
De besogne journalière
Déjà me presse le temps
J'ouvre ma fenêtre à 1'air
Fais entrer le chant d'oiseaux
Je laisse sortir mon hier
Entre mon présent nouveau
J'embrasse l'heure nouvelle
Je range mes souvenirs
Je jette les bagatelles
J'arrange mon avenir
Car elle viendra bientôt
Peut-être bien aujourd'hui
Viendra sans doute assez tôt
Sans faire le moindre bruit
Et c'est pour cela que j'ouvre
Ma chambre et mon corridor
Afin que je la découvre
Quand elle viendra la Mort…
23
A L O R S...
Alors
il y aura d'autres soirs
comme celui-ci !
....des soleils rouges arrachés
du ciel en délire
saigneront jusqu'à mourir
dans le glauque clapotis
de ce canal maudit
Alors…
du fond de l'horizon meurtri
naîtra la paix fragile et bénie
le chant doux et tendre des nuits
vibrant comme 1'âme d'un poète
mouvant et pur comme un vol d'alouette :
-le silenceenveloppera toute vie…
... les heures passeront de seconde en seconde
lentement, si lentement
emportant dans leur sillon tragique
l'oubli lâche et bienfaisant
si patiemment bâti
le jour !
Et ressuscitera mon rêve
et revivra la Vie !
Alors…
alors dans nos yeux émerveillés
resplendira la divine lumière
de nos âmes offertes
bénies, unies
par notre amour sanctifié
alors, battra au bout de nos doigts scellés
l'étreinte sacrée de nos corps nus
24
donnés, noyés, confondus
dans l'éblouissant bonheur
de cet instant
où ni toi ni moi
n'existons plus que par NOUS
Alors…
il y aura d'autres matins
comme celui-là...
... une aube blafarde d'hiver
blanchira ma fenêtre
puis, un oiseau chantera
l'hymne à la joie
le silence s'éveillera
en mille cris ténus
Alors…
les doigts tremblants
je tisserai
la trame de ce jour
j'inventerai
une vie sans amour
je sourirai
pour ceux qui ne connaissent
que mon rire
et ma jeunesse
Ne me restera de toi
que l'ombre dans mes yeux
et ce grand silence au fond de moi...
Alors...
tu ne seras plus là…
25
La mort
Je sais
que je verrai
en un quelconque instant
le moins attendu
révolu
l'extinction de la lumière
Un voile opaque
invisible
me couvrira
et je ne verrai plus rien
je n'entendrai plus rien
je ne sentirai plus rien
je ne serai plus rien...
Arrêté comme une horloge
mon cerveau ne pensera plus
il ignorera ceux
qui m'attendent
qui parleront de moi
qui me toucheront
pour la dernière fois
Je ne serai plus de ce monde...
je ne saurai non plus
si une cloche sonnera pour moi
ou si Dieu seul
se souviendra de moi…
26
Le chapelet d'ambre
Un soir de fatigue, d'un air placide
Je le vis entrer dans ma chambre
Pour me dire : me voici je suis ton guide
Et m'offrir un chapelet d'ambre
Il vint prendre place au bout de ma table
Et me fit signe des deux mains
De ses doigts secs comme des fruits d'érable
Que l'on ramasse le matin
Dans les orbites creuses de son crâne
Se sont perdus tous mes regards
Et je vis sous son manteau diaphane
L'esquisse de mon cauchemar
Il étendit son sceptre de sentence
A l'aube de mon dernier jour
Et m'invita pour l'ultime partance
D'un long voyage sans retour
Je devais le suivre en pèlerinage
En égrenant le chapelet
Que m'offrit cet étrange personnage
Décharné sous son noir complet
Chapelet de souvenances rangées
Ses perles m'ont fait entrevoir
Des ressemblances dans l'ambre figées
Les aspects vains de mon valoir
Ce soir de fatigue, d'un air placide
Il me conduisit dans sa chambre
Et j'ai pu voir la chambre de mon guide
Regorger de chapelets d'ambre...
27
Le passant
On le vit par hasard
un beau jour de printemps
le front relevé, le regard fier
il rencontra la marée humaine
il croisa les passants
émerveillés, bienveillants et prévenants
chacun s'empressa de lui parler
du passé, du présent et du futur
de la route à suivre et de leurs espoirs
On le vit par hasard
un bel après-midi d'été
le front luisant, le regard ardent
il embrassa la marée humaine
il aida les passants
il leur parla à son tour
de ses projets, de ses joies et de ses peines
du moment, de l'heure, du jour
et on le suivit un bout de chemin
On le vit par hasard
un beau soir d'automne
le front plissé, le regard rêveur
il se confondait à la marée humaine
il emboîta le pas des passants
il se retourna pour voir derrière lui
la houle vive et ascendante
il se tourna et vit devant lui
la houle lente et descendante
On le vit par hasard
une froide nuit d'hivers
le front renversé, le regard absent
il se détacha de la marée humaine
quelques passants l'emportèrent
puis on le déposa
au carrefour des passants
qu'il croisa par hasard
au hasard de la marée transcendante...
28
Le gra nd pa ssag e
Vous les passants
qui me croisez
sans me voir
où courir si pressés ?
Vous les passants
traces cosmiques
du décompte génétique
dans le temps…
Les passants
qui passent
se croisent
et ne se revoient plus
les passants fatigués
qui tendent la main
en vain
Les passants
qui s'approchent
au son de la cloche
Les passants
sable mouvant
du grand sablier
de l'éternité…
Vous les passants
qui passez
tellement pressés
tous vous serez
arrêtés !
29
La futilité
Dans cette infinie étendue
Où tu es venu par hasard
Fouler la grève inconnue
Qui ramène au point de départ
Ta vie vécue...
Dans la durée incessante
Où ton sursis est décompté
Par la mesure insaississsante
Qui annule ton cours foulé
ta vie passante...
Dans l'incommensurable espace
Dans la fuyante éternité
Où tu viens et où tu passes...
De tout ce que tu as été
Ne restera aucune trace !
30
L'irrésistible
Chantez riez dansez oui aimez sans remords
La chanson vous le dit le bonheur comme un rêve
Un instant vous le donne un autre vous l'enlève
Les chanteurs d'autrefois les maîtres les stentors
Lorsqu'on eut applaudi l'un après l'autre est mort
Les heureux les moqueurs oui riez sans remords
Un rire enlève un pleur tous deux le cœur soulève
La joie et la gaieté l'humour noir les achève
Les rieurs d'autrefois Jean-Foutre de tous bords
Après avoir bien ri l'un après l'autre est mort
Les ballants les valseurs oui dansez sans remords
Le bal est entraînant mais la danse est bien brève
Vos pas vous sont comptés vous qui foulez la grève
Les danseurs d'autrefois Pierrots et matadors
Après un dernier pas l'un après l'autre est mort
Amoureux et amants oui aimez sans remords
L'amour est un doux mal pendant un temps de trêve
Il laisse un goût amer de verte pomme d'Eve
Des couples d'autrefois et que l'on chante encor
Leurs baisers envolés l'un après l'autre est mort
31
METABOL
Dépassant en barcarolle
L'aqueduc de sylvius
Je vis au pont de varole
Calamus scriptorius
Je vis sa lame criblée
De la trépanation
Creuser le lit de Vallée
De ma subgrondation
Fou je vins hisser les voiles
Au filin sensorium
Où dégouline la moelle
Du monde delirium
Quand à l'arbre de la vie
Au mât cérébro-spinal
Vint se pendre Synovie
Par déficit mental...
Que l'hiatus dénivelle
Mon métabol alcali
Et coule de ma cervelle
Mon néo plomb ramolli
32
La rose printanière
J'ai senti la douleur
Quand l'épine à la rose
Eut transpercé mon cœur…
Les ans et toutes choses
Comme des gouttes de sang
Vint dessécher le temps
L'avais aimé d'amour
De folle insouciance…
Au fil de quelques jours
Rêve et inconscience
M'ont ravi la romance
J'ai retiré l'épine
De la rose fanée
La plaie que l'on devine
Avait déjà séchée…
Lorsque l'été venu
Je ne m'en souvins plus
33
L'étranger de la roseraie
Au jardin secret de mon âme
S'est éclose une fleur nouvelle
Nul autre n'a connu son charme
Que tu filtres dans ta prunelle
L'enclos sacré de ma nature
Nul voyageur ne pénétra
Les pétales de ma fleur pure
Aucun autre doigt n'effleura
Nul autre n'eut droit de séjourner
Dans la serre de mes espoirs
Quand ton pollen vint hyméner
Sa souche au sortir d'un beau soir
Tu vins à l'aube de ma vie
Au détour de mon innocence
Lever ma première envie
Au lendemain de mon enfance
Dans le recoin de mon jardin
Qui fleurira pour ton retour
Tu es venu semer ton grain
Le fruit pur de mon seul amour
Mais quand se lèvera l'ivraie
Seras-tu là toi l'étranger
Pour refermer la roseraie
Toi qui fut son seul passager ?
34
L a mè r e épr o u v ée
1
C'est une douleur morbide
D'une pauvre mère en pleurs
Devant un petit lit vide
Le berceau de son bonheur
2
L'enfant qu'elle a mis au monde
De sa chair et de son sang
pleurs
Son enfant qui fait la ronde
Loin de son cœur languissant
3
C'est au creux de sa demeure
Accablée par le grand vide
En silence qu'elle pleure
Face à ce grand mur aride
4
Sa plaie d'amour se déchire
A la vue du petit lit
Où fait défaut le gai rire
De son bonheur aboli
5
Le destin qu'elle réprouve
De ne pas voir son enfant
Oh ! ce grand mal qui 1'éprouve
Au cœur lui glace le sang
6
Ce doux visage innocent
Qui la poursuivra encor
Malgré le sort attristant
Reste son seul réconfort
7
Elle est devant le lit vide
Chancelante et convulsée
Sur son visage livide
Sa misère est retracée
8
Ses mains effleurent les draps
Aux pans mouillés par ses
Elle appelle sans la voix
Son enfant dans la douleur
9
Des yeux brillent de mémoire
Et qui cherchent la maman
Deux petites mains d'ivoire
Rappel d'un amour d'enfant
10
Qu'elle est grande sa douleur
Eplorée elle se tait
Elle entend sa voix du cœur
Qui ne trouve plus de paix
11
C'est la douleur morbide
D'une pauvre mère en pleurs
Qui pose sur le lit vide
Un petit bouquet de fleurs
35
L’orphelin
Il y a un pauvre enfant qui pleure
Abandonné au coin d'une rue
Il attend déjà depuis une heure
De chaudes larmes troublent sa vue
Il tord un mouchoir entre ses doigts
Tout imprégné de ses pesants pleurs
Il sanglote il tremble il a froid
Il sent un mal en plein dans son cœur
Le pauvre enfant si triste et tremblant
Se sent bien seul au bord du trottoir
Il revient de 1'école en pensant
A sa maman qu'il allait revoir
Il avait couru sans s'arrêter
Pour trouver sa maman bien contente
Il avait tant à lui raconter
Mais le voici dehors dans 1'attente
Oh ! Maman où es-tu ? gémit-il
Des hoquets étouffent ses paroles
Quelqu'un vient, c'est elle se dit-il
Ah Maman ! ... mais soudain il s'affole
La dame du dessus vient vers lui
Oh ! mon pauvre petit, ta maman...
Alors il pousse un cris et s'enfuit
Dans la nuit froide aux enfants errants...
36
Victime d’attentat
J'ai pu voir
tout le désespoir
causé par les grands
dans les yeux de cet enfant
qui ne comprenait pas
son monde de parias
Dans la pâleur
de ce visage d'enfant
se dessinait tout le malheur
causé par les grands
quand sonnait le glas
pour sa maman
et son papa
J'ai pu voir
dans les yeux hagards
de cet enfant en pleurs
tout le malheur
tout le désespoir
d'un monde sans amour
et cet appel illusoire :
au secours…
37
L'orphelin de guerre
Quel est ce bruit qui s'avance au loin
Comme un martèlement de sabots ?
Un père et son fils ne pourront point
Aller sur un cheval au galop…
Dis papa que font tous ces soldats ?
Oh je voudrais voir leur défilé !
Mon fils nous ne pouvons rester là
Tu as vu, on met des barbelés
Oh ! papa je vois un tank, attends
La parade va donc commencer…
Mon fils, viens nous n'avons plus le temps
Tiens moi bien, il faut nous empresser
Mais papa, pourquoi courir encor
Attends, j'entends jouer le tambour
Jamais on ne le jouait si fort...
Ne t'arrêtes pas mon enfant, cours
Le père aperçut saisi d'effroi
Des points d'impact d'un mortel grésil
Il empoigna son fils en émoi
Qui s'exclama sans voir le péril…
... Oh ! regardes papa, ces lueurs
C'est un feu d'artifice épatant !
Le père implora dans sa frayeur
Hâtes toi, cours vite mon enfant...
Papa je vois un pétard là-bas
Attend il va faire un joli bruit
Le père prend 1'enfaht dans ses bras
Mon fils…mon garçon…cours…il fait nuit…
38
Papa ! oh Papa ! relève toi !
Vois le feu d'artifice est fini
Papa ! oh Papa ! mais lâches moi !
Pourquoi restes tu couché ainsi ?
Quand son fils de lui se dégagea
Et lorsqu'il vit emporter son corps
Dans les bras rouges de deux soldats
L'enfant pleura…son père était mort.
L’ ENFANT TRISTE
Il a les yeux grands ouverts
Son regard perdu là-bas
Au fond de son univers
Trop lourd comme son cabas
Sur le fond de ses prunelles
Le ciel semble condensé
Dans deux larmes rebelles
De pauvre enfant esseulé
A quoi pense-t-il 1'enfant
Debout devant la fenêtre ?
Il lutte et il se défend
Pour ne rien laisser paraître...
De gros nuages, des ombres
Lui voilent les yeux, des pleurs
Tombent comme une pluie sombre
Sur ses taches de rousseur
Et l'enfant pleure en
D'accablement étouffé
Petit cœur en défaillance
De grand amour assoiffé
L'enfant triste est dénanti
De son bien réconfortant
Son Papa qui est parti
Il y a bien trop longtemps
39
Le soldat trompé
Les soldats viennent
les soldats vont
les soldats ne reviennent
les soldats font
ce qu'il ne faut pas faire
les soldats font la guerre
Les soldats tuent
les soldats meurent
les soldats se dévertuent
les soldats font le malheur
ils obéissent aux politiciens
qui en font des assassins
Un soldat est un ennemi
un soldat est une victime
un soldat perd le crédit
un soldat commet le crime
pour ceux qui l'envoient à la mort
plutôt que de reconnaître leurs torts !
40
Ballade de 1'uniforme
Allons enfants dans 1'uniforme
En uniforme de soldat
Gentils petits soldats qu'on forme
Pour porter un méchant mandat
En grand apparat de gala
Pour un bal de tous les tonnerres
Valsez au pas de 1'au-de-là
En boue et sang, de mort vulgaire
C'est une garde-robe énorme
Pour le plus grand opéras
D'après les règlements et normes
Que l'on ne discutera pas
En uniforme les soldats
Iront faire la noble guerre
Et leur galon se couvrira
De boue et sang de mort vulgaire
Qu'il est affreux cet uniforme !
Ce costume d'assassinat
Sur des enfants que l'on déforme
Pour être de cruels soldats
Malheur à qui l'endossera
Cet effet d'état militaire
Son honneur se salira
De boue et sang de mort vulgaire
Envoi:
Prince aux mille actes scélérats
Aux milliers de cimetières
Ton uniforme est reliquat
De boue et sang, de mort vulgaire !
41
Les camarades…
Les camarades sont morts
Ils sont morts au champ d'honneur
Ils sont morts au camp d'horreur
Ou pour ou contre le sort
Les camarades sont morts
Sont tombés pour le bonheur
Sont tombés pour le malheur
Tous à raison ou à tort
Les camarades sont morts
A corps et à cœur ouvert
Leurs corps et leur cœur en l'air
Du plus faible au plus fort
Les camarades sont morts
De la mort des aryens
Ou de la mort des vauriens
Dans un trou ou dessus bord
Les camarades sont morts
En appelant leur maman
En appelant leurs enfants
A prime ou ultime effort
Les camarades sont morts
Et leurs prières d'espoir
Et leurs cris de désespoir
Résonnent toujours encor.
42
Les soirs où les canons…
C'était les soirs où les canons tonnaient
Sur la stupidité des nations
Contre leur gré, sans leur opinion
Que les hommes trahis marchaient, couraient
C'était les soirs où les canons crachaient
Des tonnes de crachats du mortel fer
En plein cœur des pèlerins de l'enfer
Qui sans dire amen ou merde crevaient
C'était les soirs où les canons visaient
Le triste ramassis d'âmes d'autrui ;
Les mous les impuissants, fils éconduits
Le plein mille aux vendus qui chialaient
C'était les soirs où les canons semaient
Le grain dans un fumier stérilisant
En labourant le sol de trous béants
Gorgés du sang d'hommes qui se vidaient
C'était les soirs où les canons fauchaient
Les pauvres ignorants des champs d'honneur
Gerbe d'épis glanés par des voleurs
Des assassins qui se les disputaient
C'était les soirs où les canons creusaient
Les lits ouverts devant 1'éternité
Les longs sillons de l'inhumanité
Que le meilleur et le pire abreuvaient
C'était les soirs où les canons scellaient
La victoire et l'échec la paix et le deuil
Que les frais de la guerre et les cercueils
Les pauvres gens les innocents payaient
Pendant les soirs où les canons rouillaient
Au vent de 1'espérance et du regret
Pourrirent en silence et sans arrêt
Les Croix Blanches pour ceux qui oubliaient
43
A l'orée du bois
Il est une orée âpre et brumale
A la corne du bois des pendus
Où le chardon et l'herbe hiémale
Ont plié sous leurs corps étendus
D'étranges ombres de l'heure hagarde
Entre chien et loup montent la garde…
En ce sombre endroit déshérité
Où 1'ennuis même crie à la mort
Le faite au noir sapin agité
Griffe un ciel qui pleure de remords
Le sous-bois pourri de froides larmes
Regorge la haine et ses malheurs
Son sol recèle le plomb des armes
Et la fibre des nœuds étrangleurs
D'étranges voix troublent le silence
Triste brise et vent de violence…
C'est au bout de bras paralysés
D'arbres de la malédiction
Qu'ils ont ballotté, les cous brisés
Par la fatale conviction
Se vidaient leurs glandes lacrymales
Flot sacré coulant sur le terreau
Sur le chardon et l'herbe hiémale
Rompus sous les bottes des bourreaux
Etranges fleurs qui ornent 1'espace
Entre l'espérance et la disgrâce…
A la corne du bois des pendus
Où l'orée offre un dernier adieu
Aux roides corps des hommes perdus
Témoins muets d'un crime odieux
44
Au déserteur…
Une petite fleur rouge
frissonnante dans le souffle froid
du vent nerveux
d'un matin de printemps
Une petite fleur
rouge comme le sang
s'accroche fébrile
à la brique pourrie
d'un mur hideux
Une petite fleur solitaire
qui tremble de toutes ses fibres
dans le rayon blafard
d'un soleil lointain
Une petite fleur
avec son ombre mouvante
qui fuit ce mur hideux…
L'ombre d'une silhouette chancelante
a caché son baiser au mur
le bruit d'une détonation
a couvert son cri d'amour
Goutte de sang incrusté
dans une brique meurtrie
petite goutte de sang
petite fleur rouge
sur ce mur hideux
qu'il n'a pu franchir…
45
Ils étaient cent mille…
Ils étaient cent mille hommes
venus de partout
les yeux tournés vers d'autres aurores
leur cœur et leur âme
logeaient ailleurs
en mémoire et en pensée
ils vidaient leurs souvenirs
Ils étaient cent mille enfants
nés de l'amour
venus sur terre
pour faire le bonheur
aux jeux innocents
grandissant ensembles
ils avaient découvert la joie de vivre
Ils étaient cent mille jeunes
et la terre entière
et le ciel au-dessus d'eux
les nourrissaient de bonne augure
et l'espoir de vivre
et la crainte de mourir
les fit gaillards et hardis
Ils étaient cent mille soldats
avec l'amour en gage
et leur état civil
dans le paquetage
enfants innocents de la patrie
qui leur fit un trop pesant héritage
ils fleurissaient le bout de leurs fusils
Ils étaient cent mille héros
qui ne voulaient pas la guerre
qui rendaient leur amour
en tombant sur leur terre
ils voulaient donner la vie
on leur fit donner la mort !
Ils étaient cents mille
parmi tant d'autres…
46
Le Tanka de la mer
Ohé les marins
Gars de joyeux équipages
Ivres pèlerins
Jalonnant sur leur passage
Le chapelet des naufrages
Ohé les matelots
Compagnons de l'onde amère
Morts étreints dans l'eau
Emportés dessous les flots
Vers le Levant aux chimères
Ohé les gaillards
Equipiers du dernier quart
De vaisseaux fantômes
Perdus dans le brouillard
Cap sur 1'inconnu royaume
Ohé les vagabonds
Des profondeurs souveraines
Amants des sirènes
Doux fiancés des grands fonds
Que l'onde amoureuse entraîne
Ohé les apôtres
Fils de la témérité
Le salut des vôtres
Vous suit dans 1'éternité
Des ave et ptrtenôtre
Ohé pauvres âmes
Marins fauchés haut-le-corps
Par la froide lame
Soit à bâbord ou tribord
A Dieu va et mill' sabords
47
La cha rge fata le
1
Un p an
Tou t no ir
Au v en t
D 'un so ir
2
Tou rb illon
D e ma l h eur
Bataillon
Gu erro yeur
3
So mb re convo i
Dans le lo intain
Pou r un tourno i
D e ma l a n d r in s
4
Tou t e s t ca lme e n cor
Su r la f in du temp s
L 'o mb re de la mor t
S 'é tend sur le s ch a mp s
5
Tressailleme n t léger
D e 1 'air environn an t
A v eug le me s s ag er
D 'un ma s s acr e immin en t
6
Un e lo in tain e c la me ur
Ren forc e son tr é mo lo
Pu is se mê le la ru me ur
Au r yth me sourd d 'un galop
7
L 'a nx ié té d an s le s env iron s
Abrège le fatal rép it
D e p e lo tons d e f anf arons
Ep eronn és par le d ép it
48
8
La pou ssière vo ile 1 'hor izon
Le so leil s'in cline sur le s lieux
P ré lud e d e fun es te or a ison
Arr ê t d 'un cr épuscu le de d ieux
9
D ans la p lain e d ébouch e 1 'escad ron
D es av an t- cour eurs d 'h ag ards c av a lie rs
S u r l 'e sp a c e an i mé s 'é t en d l e f r o n t
C'est l'instan t du défi, po in t d e qu artier !
10
L a ch arg e fa ta le d ép lo ie s e s cours ie rs
Un d éf er le me n t d 'a ss au t d e cu ir as s ie rs
Br is e le s r ang s aux f an ta s s ins eff rayé s
E t c 'e s t le cho c, le co mb a t, d es co rp s s abr és
11
Sou s les henn isseme n ts d e ch evaux talonn és
Retend issent les cr is d e me n eur s exhor tan ts
Et percen t le s app e ls d 'ho mmes d ésarçonn és
D ans un bruit inf ern al de bou lets exp losan ts
12
L'ard en te vagu e d e nouveaux cav aliers
S'enfonce dans la b rèche d es rang s f lo ttan ts
Et l'assourdissan t dr ibble d es écu yer s
Ex cite l'hantise aux mo rn es co mb attan ts
13
Co mme un e b ande de loup s affamé s
Qu i se mu ltip lie au lieu d e mo urir
Su r l'ultime fron t d e rang s reformés
D e fr ais destr iers von t accour ir
14
Le d éf er lemen t du gr and assau t
L 'e nc er c le me n t d es d ernie rs c arr és
Des me illeurs ho mmes, me illeu rs gou ssau ts
Ann ih i l e un sur sau t d 'e ff ar és
15
L a terr eur au tr ip le g a lop
Cr ib le le tr is te ra ma s s is
D es d er n i er s a c cu lé s p âl o ts
Face à la mort qu i le s saisit
49
16
L e ma c a b r e v a e t v i ent
F au ch e s an s arr ê t l es cor p s
Sou s l es v o lte s s an s f in
S 'é t a l en t l es ma l e mo r t s
17
D ans la p la in e d 'enf er
V ers l'ho rizon b laf ard
L e s chev aux du rev er s
G a lopen t au h as ard
18
Champ s nauséabonds
Jonch é d e vaincu s
Tou s les mor ibond s
D e l'e spo ir p erdu
19
So mb re parcours
D e f aux en tr ain
C'est le retour
D es ma l an d r in s
20
Tou rb illon
D e ma l h eur
Bataillon
Gu erro yeurs
21
S er v an ts
Du tor t
S e ma n t
L a mo r t
50
HAÏ KAÏ D'HIROSHIMA
Au jour "J " 1 'heur e "H "
Par l'éclair du mortel bleu
Le ciel se fracasse
Les atomes crachent
La cité s'effondre en feu
Les humains trépassent
Une horrible tache
Quelques rescapés hideux
Dans l'histoire passent
51
Le vaisseau perdu
C’est dans l’atmosphère anarchique
Sur un bateau au nom biblique
Un capitaine énigmatique
Pour une bordée archaïque
Nef au sillage indifférent
Voguant contre marées et vents
Défiant l’espace et le temps
D’éternel accomplissement
Coque ébranlée par la houle
Esquif qui tangue et qui roule
Sur la vague qui s’écroule
Comme la rumeur d’une foule
Un trois mâts à formes de croix
Une proue qui brandit pour foi
Une figure de paria
Qui voulut parfaire des lois
Ce bâtiment porte chapelle
Appelle avec cloche et crécelles
Pour une croisière éternelle
Les passants sur sa passerelle
Et l’ancre remontée du fond
Amarres lâchées par le second
Vaisseau hanté par le démon
Emporte ignorants, martyres et leur patron
52
Comme moi…
1
J'avais un oncle, il s'appelait Forst
comme moi
et Charles comme De Gaulle
c'était le douzième né
d'une famille de pauvres
il vint au monde le jour
où mourut mon grand-père
au front de Russie
pendant la drôle de guerre
il s'appelait Forst comme moi
et Joseph comme mon père
1'ainé de treize enfants
2
J'avais un oncle, il s'appelait Forst
comme moi
et Charles comme De Gaulle
qu'il rejoignit en Angleterre
sur le dernier rafiot de Dunkerque
puis il alla traquer le renard des steppes
entre Bir Hakeim et El Alemain
il revint en France
pour chasser l'occupant
aux cotés de son frère
qui s'appelait Forst comme moi
et Louis comme les rois
le second de treize enfants
53
3
J'avais un oncle, il s'appelait Forst
Comme moi
Et Charles comme De Gaulle
Qui le couvrit de médailles
Et lui fit des citations
Puis il alla en Indochine
Et reçut trois balles à "Dien Bien Fu"
Dont une à la tête
Comme son frère mort sur l’Ile de Crète
Il s'appelait Forst comme moi
Et Pierre comme le bon apôtre
Le troisième de treize enfant
4
J'avais un oncle, il s'appelait Forst
Comme moi
Et Charles comme De Gaulle
Qui le mit avec les anciens
Sur la liste des invalides
Il épousa une femme apathique
Et lui fit un gosse intelligent
Qui mourut d'une appendicite
Le jour de sa première communion
Il s'appelait Forst comme moi
Et Paul comme le Pape
Mon premier cousin
5
J'avais un oncle, il s'appelait Forst
Comme moi
Et Charles comme De Gaulle
Qui mourut peu avant lui !
Il est mort dans un dépôt de fer
Au travail pour invalide de guerre
Pour 1'Honneur et la Patrie
Comme son père et ses frères
Qui s'appelaient tous Forst
Comme moi…
54
PRESENTATION DE L’AUTEUR
Ancien Physicien adjoint du CNRS, 7 années
Ingénieur Physicien agent de la Commission des Communautés Européennes, 37 années.
Homme de lettres
MEMBRE ACTIF...
Membre distingué de la Fondation du Mérite Européen
Membre cofondateur du cercle Littéraire de la Commission Européenne
Membre du Centre Européen Promotion Arts et Lettres
Membre de l'Association Rencontres Européennes
Membre de la Sté des Auteurs d'Alsace-Lorraine et Territoire Belfort
Membre de l'Association Auteurs Artisans Artistes d'Alsace
Membre de la Sté des Poètes de France
Membre de l'Association Littéraire et Artistique "Flammes Vives"
CREATIONS LITTERAIRES
1
2
3
4
5
6
7
8
9
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11
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15
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17
18
19
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22
23
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Le calendrier rural de la cathédrale de Strasbourg : 1998
Le jubé disparu de la cathédrale de Strasbourg : 1998
Le pilier du jugement dernier de la cathédrale de Strasbourg : 1999
Le Strasbourg disparu : 2001
Les curieuses têtes de clefs de voûte de la cathédrale de Strasbourg : 1998
Les merveilles cachées de la cathédrale de Strasbouirg : 1997
Les ouvrages inachevés de la cathédrale de Strasbourg : 1990
Dix années d'économies autrichiennes : traduit par Forst Roger 1955
Les Voix Ardentes / recueil de poésie : 2001
Traité de Versification : 2001
Les curiosités de la cathédrale de Strasbourg : 2004
Essais de reconstitution de la cathédrale de Strasbourg à la mort de Erwin 1318 : 2004
Les saints et les démons de la cathédrale de Strasbourg 2004
Décor sacré, décor profane de la cathédrale de Strasbourg 2003
Rhapsodies flamandes / cycle poétique : 1972
Sprechle üs'em Henterkopf / épigrammes et poèmes dialectaux / 2004
Zehn märchenhafte Geschichten / contes rhénans / 2004
Strasbourg il était une fois / 2005 (grand ouvrage illustré)
Historique de la première collection de phototypies de Strasbourg / 2000
Réflections éparses / 2007
Roman "La Venus de Haydenec / 2006
Gedichtsband / 2005
Receuil de nouvelles fantastiques / 2002
Recueil "Petites histoires pour rire" 2007
"Le chant des chants d'amour" 2006
SITE : www.forst-roger.com
Courriel : [email protected]
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