STATUTS ET CADRE ORGANIQUE DES PARTIS POLIQUES
Transcription
STATUTS ET CADRE ORGANIQUE DES PARTIS POLIQUES
STATUTS ET CADRE ORGANIQUE DES PARTIS POLIQUES Par MUKABALISA Donatilla I. DEFINITION D’UN PARTI POLITIQUE Etymologie: du latin pars, partie, part, portion Un parti politique est un groupe de personnes qui partagent les mêmes intérêts, les mêmes opinions, les mêmes idées, et qui s'associent dans une organisation ayant pour objectif de se faire élire, d'exercer le pouvoir et de mettre en œuvre un projet politique ou un programme commun. L'objectif de gouverner distingue les partis politiques d'autres organisations comme les groupes de pression ou les syndicats. L’article premier de la loi organique n˚16/2003 du 27/06/2003 régissant les formations politiques et les politiciens telle que modifiée et complétée à ce jour stipule qu’ « une formation politique est une organisation de citoyens réunis par une communauté d’idées et une conviction commune, quant à la vision de promouvoir le bien être social de tous les citoyens et le développement du pays, avec comme objectif d’accéder au pouvoir par des voies démocratiques et pacifique pour réaliser cette vision ». Un parti politique a donc la vocation de conquérir, d’exercer et de conserver le pouvoir. Il anime la vie politique nationale à travers son programme, ses prises de position, le recrutement et la formation des adhérents, la promotion des valeurs incarnées par son projet de société, l’information et la mobilisation de l’opinion publique autour de ses visions. L'apparition des partis politiques est liée à celle des régimes parlementaires, notamment en Angleterre au XVIIe siècle. Au départ et jusqu'à la seconde moitié du XIXe siècle, les partis n'étaient constitués que de parlementaires qui se regroupaient sur des questions politiques essentielles. Avec l'augmentation du nombre d'électeurs et l'introduction du suffrage universel, les partis se sont constitués à l'extérieur du parlement en structures organisées et hiérarchisées. Certains partis sont issus de groupes parlementaires déjà en place, d'autres émanent d'organisations qui ne sont pas forcément politisées comme les syndicats par exemple. 1 II. CREATION D’UN PARTI POLITIQUE Pour pouvoir perdurer et donc avoir le temps de se construire un électorat et un programme politique, les fondateurs des partis doivent d’abord penser comment leur parti politique doit se structurer et construire un certain nombre de règles permettant de définir et de préciser son organisation interne et le système de prise de décisions. L’article 6 de la loi organique n˚16/2003 du 27/06/2003 régissant les formations politiques et les politiciens telle que modifiée et complétée à ce jour stipule qu’ « une formation politique est créée par la décision prise par ses membres réunis en assemblée constituante qui adopte ses statuts et son règlement d’ordre intérieur ». Au Rwanda, pour qu’une formation politique soit autorisée à exercer ses activités, les fondateurs de la formation politique doivent déposer une demande d’enregistrement auprès du Ministère ayant les formations politiques dans ses attributions. L’article 10 de la loi organique n˚16/2003 du 27/06/2003 régissant les formations politiques et les politiciens telle que modifiée et complétée à ce jour stipule que le dossier de demande d’enregistrement doit comprendre : 1. trois exemplaires des statuts notariés, trois exemplaires du procès verbal de l’assemblée constituante de la formation politique ainsi que trois exemplaires de son règlement d’ordre intérieur ; 2. Une déclaration indiquant l’adresse du siège de la formation politique et son matériel de base ; 3. Concernant chaque représentant légal de la formation politique: a) Une attestation d’identité complète; b) Une attestation de résidence délivrée par le Secrétaire Exécutif du Secteur de résidence; c) Un extrait du casier judiciaire. 2 III. TEXTES LEGAUX DES PARTIS POLITIQUES Pour quoi un parti politique doit disposer ses Statuts ? Pour pouvoir renforcer sa démocratie interne et fonctionner de manière efficiente, tout parti politique doit avoir des textes légaux (généralement sous forme de statuts et de règlement d’ordre intérieur) et des divisions organisationnelles bien connues avec des rôles et responsabilités assez clairs. Ces textes font d’abord l’objet de discussion entre les fondateurs d’un parti politique avant d’être mis par écrit. Les concernés mènent des débats sur l’idéologie, les principes fondamentaux, l’objectif du parti politique, son organisation et son fonctionnement et le processus de prise de décisions. Ces textes contiennent des informations importantes que chaque activiste ou membre d’un parti politique doit connaitre pour pouvoir apporter sa contribution significative au développement de son parti politique. III.1. Statuts L’organisation juridique des partis politiques est fondée sur des statuts qui indiquent ses orientations idéologiques, ses objectifs, les grands principes de son fonctionnement, l'organisation de sa direction et les règles de la désignation et de remplacement de ses dirigeants. Aucun parti politique ne peut participer activement au développement socio-économique du pays sans comprendre comme il faut les réalités de ce pays. Que doit contenir le statut d’un parti ? Les statuts d’un parti politique sont adoptés par son congrès constitutif. Il doit obligatoirement fixer: Les fondements et objectifs du parti politique dans le respect de la Constitution et des dispositions de la loi régissant les partis politiques. La composition de l’organe délibérant. 3 La composition, les modalités d’élection et de renouvellement, et la durée du mandat de l’organe exécutif. L’organisation interne. Les dispositions financières. Les procédures de dévolution des biens en cas de dissolution volontaire. L’article 7 de la loi organique n˚16/2003 du 27/06/2003 régissant les formations politiques et les politiciens telle que modifiée et complétée à ce jour stipule que les statuts et le règlement d’ordre intérieur d’une formation politique doivent être distincts. Les statuts de la formation politique doivent notamment mentionner ce qui suit : 1. La dénomination complète de la formation politique ; 2. Ses objectifs ; 3. Ses structures et organes ; 4. Son siège qui doit être situé sur le territoire national ; 5. Les membres de ses organes, les modalités de leur élection et de leur remplacement, la durée de leur mandat ainsi que la limite de leur compétence ; 6. Les conditions d’adhésion, de démission et d’exclusion des membres ; 7. Les représentants de la formation politique ; 8. Les dispositions relatives au patrimoine ; 9. Les dispositions relatives à la modification des statuts ou à la dissolution de la formation politique ; 10. L’affectation du patrimoine de la formation politique en cas de dissolution volontaire ou judiciaire de celle-ci. Le même article oblige les formations politiques à prévoir dans les statuts une Commission ou un organe chargé de concilier, d’arbitrer et de connaitre des différends nés entre les membres de la formation politique ainsi que d’interpréter les statuts. 4 III.2. Le Règlement d’ordre intérieur Le règlement d’ordre intérieur est établi pour compléter et expliquer la manière dont les lois et les règles régissant le parti politique doivent être comprises et suivies dans son fonctionnement. Il contient entre autres des dispositions en rapport avec : - Les membres d’un parti politique (conditions pour être membre, leurs droits et obligations…) - les structures et le fonctionnement des organes du parti au niveau national et local - les attributions des dirigeants de ces différents organes ; - les commissions qui dynamisent l’action des organes du parti (la dénomination, leurs attributions, leur fonctionnement…..) - le patrimoine du parti et la gestion financière; - les comportements requis des membres du parti ; - les sanctions et les modalités d’administration de ces sanctions, etc. III.3. Programme Politique Outre les textes légaux ci-haut mentionnés, un parti politique doit avoir un programme politique (ou un programme électoral) écrit, qui est un ensemble de mesures promises par des candidats du parti politique à des élections, qu’ils s’engagent à mettre en place une fois élus. Ces mesures seront reprises dans le projet du Gouvernement, Organe collégial composé du Premier Ministre, des Ministres et des Secrétaires d’Etat chargé de l’exécution des lois et de la direction de la politique nationale. Le programme reflète le projet de société en ceci qu’il fixe ou présente les étapes et les actes qui conduiraient vers un tel type de société. Le programme fixe les priorités du Parti dans divers domaines de la vie nationale, présente les problèmes à résoudre, de même que le mécanisme et les moyens de leur résolution. Ce qui est important dans un programme, ce n’est pas le listing des objectifs et buts, mais les moyens et les ressources qu’on entend mettre en œuvre afin d’atteindre ses objectifs et buts, la pertinence et la cohérence des différentes actions envisagées. 5 Un des problèmes du fonctionnement démocratique, et des programmes électoraux en particulier, est de considérer le citoyen comme un « expert » apte à juger de l’utilité des mesures proposées par les candidats. Les médias (internet, presse, télévision,…) jouent un rôle important de présentation et de décryptage de ces programmes. III.4. Manifeste programme Le manifeste programme est une déclaration publique par laquelle un parti politique expose son programme, sa doctrine. Il contient les principes fondamentaux de ce parti politique et constitue un document essentiel pour mettre un parti politique sur la voie juste lui permettant d’accomplir sa mission. Le manifeste programme diffère du programme politique dans ce sens que le programme politique est limité dans le temps et doit se fonder sur le manifeste programme, qui énonce les grandes lignes directrices du parti politique. III.5. Le Code de conduite L’un des documents pertinents d’un parti politique pour une bonne stratégie de transparence dans son organisation et sa gestion est le code de conduite. Le Code de conduite d’un parti est un document généralement court, qui appuie les lois et les règlements en vigueur et qui décrit les valeurs qui doivent caractériser les membres et les dirigeants des partis politiques dans leurs attributions et leurs prestations quotidiennes. IV. STRUCTURES ORGANISATIONNELLES D’UN PARTI POLITIQUE Les organisations des personnes qui ne définissent pas clairement les rôles et responsabilités des membres ne peuvent pas travailler de manière efficace. L’existence de structures est donc une condition nécessaire pour que les partis politiques puissent perdurer, s’implanter dans le corps électoral, travailler avec efficacité à la conquête du pouvoir, convaincre les électeurs afin de mettre en œuvre le programme politique qu’ils auront élaboré. 6 Dans la mise en place de ses structures, un parti politique bien organisé doit tenir compte entre autres de son idéologie, de sa vision, de l’histoire et de la situation géographique du pays ainsi que de sa culture et des besoins de la population. Avec toutes ces considérations, un parti politique cherche à maximiser sa capacité organisationnelle et ses ressources. IV.1. Organes du parti au niveau national et local En général, au niveau national, il y a des organes suivants : - un Congrès, qui est l’organe suprême du parti et qui se réuni périodiquement. Composé des représentants des adhérents, il est l’occasion d’un débat entre les différentes sensibilités ou tendances et a pour mission première de désigner les instances nationales du parti, d’approuver les principes fondamentaux du parti et de modifier et adopter les statuts du parti. - Quelques soient les termes utilisés, il y a toujours un Bureau Politique ou un Conseil National. Il est généralement compose des cadres du parti au niveau national et local, des représentants de la ligue des jeunes et des femmes. Il a pour mission principale de déterminer et d’évaluer la politique générale du parti, évaluer les réalisations à l’actif du parti et en faire le rapport au Congres. - Comité Exécutif, avec au sommet un Président ou un Secrétaire General. Ce " chef " est le plus souvent élu par les congressistes. Le Comite Exécutif coordonne les activités du parti et prépare les réunions du Conseil National/Bureau politique et du Congres et met en œuvre les décisions de ces organes. Au Rwanda, les structures dirigeantes des formations politiques ont leur siège au niveau national et peuvent également avoir des bureaux au niveau de toutes les entités administratives du pays (Provinces et Ville de Kigali, Districts, Secteurs, Cellules, et Villages) (voir article 3 de la loi organique régissant les formations politiques et les politiciens telle que modifiée et complétée à ce jour). Selon la volonté et la capacité d’un parti politique, il peut y avoir, au niveau local, des entités de base, dont les instances sont élues par les adhérents. L’existence de ces organes s’avère nécessaire, car c’est à ce niveau que s’organise le " travail de terrain " qui permet au parti d’être en prise directe avec l’électorat. 7 Les ternes utilisés diffèrent d’un Parti à un autre, mais on trouve généralement au niveau local l’Assemblée Générale et le Comité Exécutif aux niveaux des Provinces et de la Ville de Kigali, des Districts, des Secteurs, des Cellules et des Villages. IV.2. Organes du Parti basés sur l’âge et le sexe Un parti peut aussi avoir les organes basés sur l’âge (les jeunes) et sur le sexe (femmes). Ces organes sont souvent de très bonnes sources d’idées de politiques des partis et peuvent jouer un rôle important dans le recrutement de nouveaux adhérents et sympathisants dans certains milieux. L'équilibre de la représentation des sexes dans les différents organes des partis est un sujet de plus en plus abordé dans certains pays. Ainsi l’alinéa 2 de l’article 54 da la Constitution de la République du Rwanda du 4 juin 2003 telle révisée à ce jour et l’alinéa 2 de l’article 5 de la loi organique n˚ 16/2003 du 27/06/2003 régissant les formations politiques et les politiciens telle que modifiée et complétée à ce jour stipulent que « les formations politiques doivent constamment refléter l’unité nationale et la promotion du « genre » dans le recrutement de leurs adhérents, la composition de leurs organes de direction et dans tout leur fonctionnement et leurs activités ». Ailleurs, comme en France par exemple, la loi française impose aux partis politiques un pourcentage minimum de candidates sur les listes. Souvent, le respect ou non de ce pourcentage minimum entraîne, pour le parti, des avantages ou malus sur le plan financier. V. FINANCEMENT DES PARTIS POLITIQUES Le rôle essentiel des partis politiques est de participer à l’animation de la vie politique. . Animateurs du débat politique, ils concourent à l’éducation politique démocratique des citoyens ainsi qu’a l’expression du suffrage. De manière plus précise, les partis remplissent deux fonctions : 8 Ils sont les intermédiaires entre le peuple et le pouvoir : le parti élabore un programme présentant ses propositions qui, s’il remporte les élections, seront reprises dans le projet du gouvernement. Les partis ont aussi une fonction de direction : ils ont pour objectif la conquête et l’exercice du pouvoir afin de mettre en œuvre la politique annoncée. Ils assurent bien la conduite de la politique nationale par l’intermédiaire de leurs représentants au gouvernement et dans la majorité parlementaire. Les partis politiques ne peuvent donc pas jouer pleinement leur rôle s’ils n’ont pas suffisamment de moyens financiers pour mener à bien leurs activités et faire fonctionner leurs organes. Le mode de financement est essentiel pour apprécier la vie interne et les prises de positions du parti. Par exemple, il serait difficile d’obtenir une démocratie interne dans un parti où les militants ne paient pas de cotisation. Les partis sont d’abord financés par des ressources privées, mais reçoivent aussi le financement public. Ces financements proviennent : des cotisations de leurs adhérents et de leurs élus, mais ces cotisations sont généralement d’un montant peu élevé et ne suffisent pas à faire face aux dépenses de fonctionnement; des dons des personnes privées (mais limités à un certain montant selon les pays) ; des revenus provenant de leurs biens et activités ; des subventions de l’Etat. Dans le but d’éviter que les formations politiques ou les politiciens reçoivent des contributions qui peuvent porter atteinte à l’indépendance ou à la souveraineté nationale, les financements de ces formations politiques font l’objet d’une régulation. Au Rwanda, l’article 54 de la Constitution prévoit que les formations politiques légalement constituées bénéficient d’une subvention de l’Etat. La loi organique n˚ 16/2003 du 27/06/2003 régissant les formations politiques et les politiciens telle que modifiée et complétée à ce jour dans ses articles 22 et 27, définit les modalités d’obtention des dons et legs et des subventions de l’Etat. 9 Les dons et legs qu’une formation politique peut recevoir ne doivent pas dépasser un million de francs rwandais (1.000.000 FRW) et doivent faire l’objet d’une déclaration au Ministère ayant les formations politiques dans ses attributions dans un délai ne dépassant pas trente (30) jours de leur réception, en précisant les donateurs, la nature et la valeur. Une copie de cette déclaration doit être réservée à l’Office de l’Ombudsman et au Forum National des Formations Politiques. Il est interdit à la formation politique de recevoir des dons ou des legs offerts par des étrangers, des sociétés commerciales ou industrielles étrangères ou d’autres entreprises étrangères ou des entreprises rwandaises dans lesquelles les étrangers possèdent des parts sociales. L’article 27 stipule que les fonds de l’Etat ne peuvent être utilisés pour le fonctionnement ou les intérêts des formations politiques que dans les cas prévus par la loi. Toutefois, au cours de l’année électorale, l’Etat prévoit dans la loi des finances une subvention destinée à permettre aux formations politiques et aux candidats indépendants de financer leur campagne électorale. Le montant de financement a accorder aux formations politiques et aux candidats indépendants est établi sur une base égale. Ne bénéficient de ce montant que les formations politiques et les candidats indépendants ayant obtenu au moins 5% des suffrages exprimés. Ailleurs, comme en France par exemple, la question du financement des partis politiques est, depuis quelques années, très sensible. La multiplication des affaires judiciaires liées à ce financement a frappé l’opinion publique et a rendu nécessaire la mise en place d’une législation. Désormais, la loi prévoit un financement public accordé aux différents partis, en fonction de deux critères cumulatifs: les résultats aux élections législatives, pour ceux qui ont présenté des candidats ayant obtenu au moins 1% dans au moins 50 circonscriptions, et le nombre de parlementaires. Quant aux financements prives, les dons des personnes privées sont limités à 7 500 euros par an et par personne. Ils sont généralement obtenus au moment des élections et non dans le cadre normal du fonctionnement des partis ; depuis 1995, les dons sous quelque forme que ce soit des personnes morales (entreprises) sont interdits. 10 11