Les Risques de marchp, de Bâle 2 à Bâle 2

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Les Risques de marchp, de Bâle 2 à Bâle 2
/HV5LVTXHVGHPDUFKpGH%kOHj%kOH
Le risque de marché sous Bâle 2 hérite en grande partie du cadre défini en 1996. La charge en
capital au titre du risque de marché est basée sur
n une charge pour le titre du risque général de marché et
o une charge pour le risque spécifique.
Alors que le risque général de marché se caractérise par une évolution défavorable des
facteurs macro-économique observables sur les marchés financiers : taux d’intérêt, taux de
change, matières premières…, le risque spécifique se matérialise par une évolution
défavorable du prix d’un titre donné en raison de facteurs liés à l’émetteur individuel. Il existe
donc une interaction entre des évènements de crédit sur un émetteur individuel et le risque
spécifique lié à ce dernier.
La composante risque spécifique du risque de marché représente donc le risque de crédit des
positions1 du portefeuille de négociation. Les titres ou contrats financiers dont le support est
constitué par un titre de créance ou un indice représentatif d’un panier de tels titres, la charge
en capital au titre du risque spécifique est appliquée en proportion de la cote de crédit de
l’émetteur.
Deux cadres de mesures du risque de marché sont possibles.
n La méthode standard de mesure (6WDQGDUGLVHG0HDVXUHPHQW 0HWKRG, SMM) qui est
basée sur des pondérations simples. La méthode standard pour le risque de marché
applique des critères stricts qui généralement ne permettent des compensations que
lorsque les risques sont linéaires 2 , égaux ou portant sur le même instrument et
opposés3 . Dans le cas où les risques sous-jacents à une position sont non linéaires,
comme c’est le cas pour les produits optionnels, ils peuvent être approximés par des
risques linéaires permettant ainsi des compensations partielles ou totales. Enfin les
expositions de titrisation subissent un traitement spécial, les positions sur les tranches
ne peuvent pas être compensés par des risques linéaires.
Chaque position nette, c’est-à-dire après application des critères de compensation, est
soumise à une charge de capital basée sur un tableau de valeurs qui est la même pour
toutes les banques. Pour les positions soumises à un risque de taux, ces valeurs
dépendent de la notation d’une agence de notation.4 La dernière crise financière a
1
Les swaps de taux d’ intérêt et de change, les contrats de change à terme et plus généralement les titres ou
contrats financiers dont le support n’ est pas identifiable par un ou plusieurs émetteurs ne semblent pas incorporer
un risque spécifique. Par conséquent, le Comité de Bâle les exonère du calcul de la charge en capital pour risque
spécifique.
2
Pour une variation donnée de la valeur de l’ actif de référence il y a une variation proportionnelle de la valeur du
contrat détenu ou vendu.
3
L’ un est une position directionnellement longue (à l’ achat) et l’ autre est une position directionnellement courte
(à la vente).
4
La dernière crise financière a montré les notations de crédit n’ étaient pas un bon indicateur du risque de marché.
Cette problème a été aggravé lorsque le processus de notation de certaines classes d’ actifs s’ est révélé avoir de
grosses lacunes.
montré les notations de crédit n’ étaient pas un bon indicateur du risque de marché.
Cette problème a été aggravé lorsque le processus de notation de certaines classes
d’ actifs s’ est révélé avoir de grosses lacunes.
Le caractère restrictif de la compensation et l’ impossibilité de profiter de la
diversification des risques dans l’ approche standard est une incitation pour les banques
à développer des modèles internes pour mesurer leur capitalisation pour les risques de
marchés.
o La méthode interne de mesure (,QWHUQDO 0HDVXUHPHQW 0HWKRG, IMM) est construite
sur le concept de VaR (9DOXH DW 5LVN) RX quantile de la distribution des pertes en
valeur de marché du portefeuille de négociation. La VaR est calibrée sur une perte
instantanée correspondant à une période de détention de dix jours, signifiant que les
positions du portefeuille de négociation sont considérées comme statiques et qu’ on
leur applique des variations de facteurs des risques en fonction de mouvements
calculés sur des périodes de dix jours. L’ intervalle de confiance du quantile de la
distribution retenu est de 99 % signifiant une tolérance de 1 % de dépassement des
pertes réellement constatées par rapport aux estimations des pertes faites à travers la
VaR.
Les modèles internes permettent aux banques de profiter des effets de la
diversification et de la compensation des positions ce qui est différent de la
philosophie de l’ approche standard. Cette différence rend l’ approche standard plus
conservatrice que les modèles internes des banques. En effet, pour un portefeuille
donné, sa capitalisation réglementaire pour les risques de marchés est plus importante
lorsqu’ elle est mesurée selon l’ approche standard.
Si les normes de modélisation sont décrites dans l’ accord de Bâle, il s’ est néanmoins
développé à travers le temps, des approches différentes à travers les juridictions avec
pour incidence un transfert des risques de marché vers des juridictions où les modèles
sont moins conservateurs.
En plus du manque de cohérence dans des modèles internes utilisés par les banques,
les critiques suivantes sont avancées pour expliquer les inconvénients des modèles de
VaR.
ƒ Les modèles de VaR ne tiennent pas compte des pertes au-delà de l’ intervalle
de confiance sur lequel est calibré la VaR (les 1 % des pertes qui sont
supérieures à la VaR5).
ƒ La période de calibration des corrélations et volatilités des facteurs utilisés
dans les modèles ne permet pas toujours de capturer des risques qui émergent
pendant des crises.
ƒ La multiplicité des facteurs de marchés auxquels sont exposées les banques est
la raison pour laquelle il n’ est pas possible d’ identifier de manière unique
chacun de ces facteurs dans le modèle et de calibrer de manière appropriée les
quantiles élevés de la matrice des variances et covariances de ces facteurs.
ƒ Les modèles de VaR ne capturent pas l’ ensemble des facteurs de risque
incorporés dans les modèles de valorisation pris comme LQSXWs.
5
Cet intervalle est utilisé en pratique pour allouer la VaR aux différents centres de profit en fonction de leur
contribution à la queue de distribution des pertes.
ƒ
ƒ
ƒ
L’ hypothèse de portefeuille constant dans la mesure de la VaR réglementaire
signifie que les coûts liés à la couverture dynamique ne sont pas capturés de
manière adéquate. Les banques ne détiennent pas suffisamment d’ ajustements
de valorisation pour capturer les coûts de couverture de leurs portefeuilles.
Les modèles de VaR ne capturent pas le risque de gap, lié à certaines positions
de négociation, qui peut conduire à des pertes matérielles. Ces pertes étaient
souvent associées à l’ absence de liquidité du marché secondaire, ce qui signifie
que le mécanisme de désendettement ne peut pas être mis en place.
La procyclicité de la VaR et son impact sur la construction du risque
systémique sur le système financier.
Les approches SMM ou IMM pouvant s’ appliquer soit au risque général de marché ou au
risque spécifique de marché. Par la suite nous prenons pour simplifier le cas d’ une banque
dite IMM, c’ est-à-dire qui utilise l’ approche par modèle interne à la fois pour son risque
général et son risque spécifique. Ceci est le cas pour l’ ensemble des grandes banques
internationales.
Pour cette dernière, la charge en capital au titre du risque de marché est définie par la formule
suivante
10 u 0D[(P0 u 0R\HQQH9D5, 'HUQLHUH9D5 ) 10 u 0D[( 0R\HQQH6SHFLILF9D5, 'HUQLHUH6SHFLILF9D5)
n Le terme 0R\HQQH9D5 correspond à la moyenne des VaR quotidiennes, la moyenne étant
prise sur une période de 60 jours ouvrés qui correspond à un trimestre. Dans la mesure de
cette VaR quotidienne sont intégrés à la fois des facteurs pour le risque général de marché et
des facteurs de pour le risque spécifique. Il faut appliquer un facteur multiplicatif à cette
moyenne de VaR de manière à tenir compte des imperfections dans les modèles internes
utilisés par les banques.
o Le facteur multiplicatif P0 est fixé par le régulateur national en fonction de l’ appréciation
qu’ il se fait des systèmes de gestion des risques de la banque. Il est au minimum égal à 3 et
peut augmenter en fonction des contrôles ex-post effectués par les banques sur le degré de
couverture de leur modèle interne. L’ objectif de ces contrôles est de fournir une comparaison
entre les pertes réellement constatées sur un jour dans le portefeuille de négociation et
l’ estimation faite à travers la VaR de la veille.
p Le terme 10 est un facteur d’ échelle qui permet de convertir la VaR calculée sous
l’ hypothèse d’ une perte instantanée correspondant à une période de détention d’ un jour en une
VaR calculée sous l’ hypothèse d’ une perte instantanée correspondant à une période de
détention de dix jours.
Il est à noter que les banques dites IMM vont définir un ensemble approprié de facteurs de
risque qui affectent les positions du portefeuille de négociation. Ces facteurs sont en général
complets6 pour appréhender les risques inhérents aux instruments de bilan et de hors-bilan du
portefeuille de négociation. L’ expérience va être le principal élément qui va entraîner
l’ adjonction d’ un nouveau facteur de risque dans le calcul de la VaR. En effet, dans le cadre
de l’ exercice de backtesting consistant à confronter l’ estimation de la perte et la perte
réellement constatée, la banque va déceler les sous portefeuilles pour lesquels son estimation
n’ est pas bonne. C’ est notamment de cette manière qu’ elle va prendre la décision d’ améliorer
son modèle interne en ajoutant de nouveaux facteurs de risques dans le calcul de la VaR.
L’ adjonction d’ un nouveau facteur de risque donne lieu à une mesure de son impact qui peut
être positive lorsque le nouveau facteur de risque est suffisamment diversifiant pour la banque
ou négative dans le cas contraire.
A la différence de la capitalisation pour le compte des risques de crédit et de contrepartie qui
s’ alloue selon une approche ascendante, le capital pour le compte des risques de marché
s’ alloue dans selon une approche descendante. Les étapes de cette allocation sont :
1. le capital décrit par la formule précédente est mesuré au niveau d’ un groupe bancaire,
en tenant compte de la diversification entre les différents facteurs de risque incorporés
dans le modèle de VaR ;
2. la seconde étape consiste à allouer ce capital aux différents pôles, métiers et
transactions. La clé d’ allocation choisie par la plupart des banques est basée sur une
mesure cohérente des risques et dépend de la philosophie adoptée par le management
de la banque.
Le passage de Bâle 2 à Bâle 2,5 pour la mesure des risques de marchés, au 31/12/2011, va
donner lieu à la suppression de la surcharge de capital pour le risque spécifique et l’ adjonction
de nouvelles mesures de risques.
6
ƒ
la Stressed VaR dont l’ objectif est de combler le caractère « EDFNZDUG » des modèles
de VaR qui estiment le risque ex-ante en se basant sur des facteurs de risques calibrés
sur des données historiques. Ainsi, lorsqu’ il y a une période d’ augmentation soudaine
de la volatilité et des corrélations sur les marchés, le risque ex-ante est alors sousestimé car étant construit sur des paramètres de risque sur d’ une période peu agitée.
ƒ
L’ IRC (,QFUpPHQWDO 5LVN &KDUJH qui représente un changement majeur pour la
capitalisation des positions non titrisées de crédit du portefeuille de négociation en
Dans un monde idéal, tous les facteurs de risque modélisables qui affectent les prix des expositions du
portefeuille de négociation devraient être intégrés dans l’ estimation de la VaR
ligne avec l’ IRB (,QWHUQDO5DWLQJ%DVHG) appliquée à ces mêmes positions lorsqu’ elles
sont dans le portefeuille bancaire. Toutefois, tandis que l’ IRC peut utiliser les données
implicites au marché pour calculer les corrélations entre les positions longues et
courtes, l’ IRB utilise des corrélations au facteur de risque systémique et l’ atténuation
n’ est possible que sur des positions identiques.
ƒ Le CRM avec plancher, si les banques ont obtenu la possibilité de modéliser les
risques de leur portefeuille de corrélation, le régulateur a néanmoins fixé un plancher à
ce seuil.
ƒ
La modification des pondérations pour les opérations de titrisation et de retitrisation
du portefeuille de négociation.
La formule précédente deviendra alors dans le cadre de Bâle 2,5
10 u 0D[(P0 u 0R\HQQH9D5, 'HUQLqUH9D5 ) 10 u 0D[(P u 0R\HQQH6WUHVVHG9D5, 'HUQLqUH6WUHVVHG9D5) ,5& &50 && (WLWULVDWWLRQ & UHWLWULVDWLRQ)
n Le terme 0R\HQQH6WUHVVHG9D5 correspond à la moyenne des 6WUHVVHG9D5 quotidiennes,
la moyenne étant prise sur une période de 60 jours ouvrés qui correspond à un trimestre. La
mesure de la 6WUHVVHG9D5 quotidienne intègre à la fois des facteurs pour le risque général de
marché et des facteurs spécifiques. Il faut appliquer un facteur multiplicatif à cette moyenne
de 6WUHVVHG9D5 de manière à tenir compte des imperfections dans les modèles internes
utilisés par les banques.
o Le facteur multiplicatif P est fixé par le régulateur national en fonction de l’ appréciation
qu’ il se fait des systèmes de gestion des risques de la banque. Il est au minimum égal à 3 et
peut augmenter en fonction des contrôles ex-post effectués par la banque sur le degré de
couverture de leur modèle interne. Ces contrôles ex-post porteront seulement sur la VaR, la
6WUHVVHG9D5 ne pouvant pas être contrôlée de manière en ex-post.
Les impacts du passage de Bâle 2 à Bâle 2,5 sont très importants pour les banques
principalement pour leurs activités de négociation. Afin de rassurer les marchés, la plupart des
banques ont communiqué sur les impacts de ce passage.
L’ impact du CRM avec plancher est particulièrement intéressant à noter. En effet, lorsque
cette mesure d’ impact a été réalisée, le capital tel que calculé par le CRM était inférieur au
capital calculé en prenant 8 % de l’ approche standard. Comme le souligne justement Risk
Magazine, cela signifie que les banques vont développé des modèles internes pour avoir des
actifs pondérés égaux à 8 % de l’ approche standard au lieu de 100 % de l’ approche standard,
soit un gain d’ opportunité de 92 % de l’ approche standard. On pourrait donc conclure que le
lobbying exercé par les banques auprès des instances de régulation a finalement permis à BNP
Paribas d’ échapper à un impact très important7. Au final BNP Paribas n’ appliquera que 8 %
de cette approche standard.
Si l’ on suppose que la profitabilité des activités est mesurée en divisant les revenus par les
RWAs, on peut conclure que l’ impact pour le portefeuille de négociation est une division de
la profitabilité par 3,39. Les possibilités offertes aux banques sont donc :
n réduire ou supprimer certaines activités de négociation, les activités de titrisation et de retitrisation sont les plus visées. La plupart des banques ayant déjà annoncé une réduction
significative de ces activités ;
o augmenter les coûts liés aux activités de négociation, cette option risque de mettre à mal la
compétitivité de certaines institutions financières dans un environnement où le G20 et les
instances de régulation souhaitent pénaliser les transactions négociées en bilatéral au profit
d’ une compensation multilatérale passant par une contrepartie centrale ;
p faire de l’ arbitrage de portefeuille en transférant certaines positions non titrisées du
portefeuille de négociation vers le portefeuille bancaire. Pour certaines positions du
portefeuille de négociation, la charge est capital liée à l¶,5& est 10 fois supérieure à celle
découlant de l’ approché IRB.
7
La charge en actifs pondérés pour le portefeuille de corrélation aurait été égale à 156,25 milliards d’ euros au
lieu de 12,5 milliards d’ euros.