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Autour de Montpellier Midi Libre midilibre.fr JEUDI 29 NOVEMBRE 2012 9 ATM1- Lavérune, petite industrieuse Dualité Il n’est pas un point de vue, dans cet ouest de plaine, où la silhouette noire de la tour Jacques Vabre ne se découpe, succès autant que symbole de Lavérune, la petite vigneronne devenue industrieuse. Les châteaux sont encore là, folies et mas élégants, et deux domaines portent haut les vins de la Moure. Mais dans les zones d’activités, on crée l’emploi avec des parfums précieux ou du high-tech, du bois et des neurones, dualité d’un village rural toujours, mais demain irrigué par le tram. LE PROJET Zac pour jeunes et plus anciens Lavérune l’attend depuis dix ans peut-être, tant ce dossier a rencontré d’obstacles : les fouilles archéologiques que mène l’Inrap sur les quelque 5 ha de la zac du Pouget sont les prémices des travaux prévus en 2013. Après les annulations du plan local d’urbanisme et de la première concession d’aménagement avec Hérault aménagement, obtenues par les propriétaires du foncier, ceux-ci ont trouvé un accord avec le nouvel aménageur, GGL, lequel a confié à l’architecte Philippe Rubio la conception de la zac. « Il y aura 177 logements, détaille Roger Caizergues, le maire, dont 44 à caractère social, 60 parcelles en libre. » Une bouffée d’oxygène pour une commune qui a besoin de garder ses enfants et que s’installent des familles, si elle ne veut pas voir une nouvelle classe fermer, à l’école. Mais le projet a également un versant “anciens”. L’Ehpad envisagé au départ n’a guère de chances de voir le jour, mais « nous travaillons, continue l’édile, avec L’Oustal - qui gère l’Ehpad de Pignan -, à une forme d’accueil de jour et de nuit originale des personnes âgées, à hauteur de 65 lits. » Portrait l La renaissance du château de Biar, folie montpelliéraine oubliée de tous. D ans le pré, devant le blanc immaculé de la façade, paissent des chevaux de Camargue, un jeune mêlé aux plus grands. Une première naissance, quelques autres « à venir », prophétise le maître des lieux. Qui voit dans ces galops l’acte d’une résurrection. Ici était une folie oubliée, « touchante, glisse Bernard Schmitt, le château de la Belle au bois dormant », laissé sans entretien durant un demi-siècle, squatté, abandonné. Un château dont les murs plongent dans le XIIIe siècle et « une ferme royale dépendante de l’évêché de Maguelone », et qui devint lieu de villégiature par la fortune des bourgeois Coste puis Giniez. Forte interaction avec la nature Voix au timbre agréable, la quarantaine entreprenante, Bernard Schmitt a un jour de 2007 posé le regard sur les ruines de Biar ; cet ensemble qui lui contait à la fois le labeur agricole, les plaisirs de la belle société, un double langage des pierres nobles, ces calcaires blancs et coquillés, et de corps de ferme rustique aux toits de tuile. Il y avait tout à faire, les toitures, comme « les réseaux, les décors, l’assainissement », les enduits, les stucs, les huisseries : « C’est un projet que je n’imaginais pas de cette ampleur, dit le Parisien, regardant comme une énigme sa propre mutation : au départ, vous pos- LA QUESTION OLLIVIER LE NY [email protected] ■ Les racines du château, à la façade XIXe, remontent à 1200. Si l’on doit retenir une chose du village ● Ricardo Retraité de la viticulture ● Stéphanie Mère au foyer ● Jean-Michel Profession immobilière ● Marion Entrepreneur ● Gérard Fonctionnaire retraité Justement, Lavérune est resté un village, en a gardé la vie, que je connais depuis toujours. Je ne suis jamais parti. C’est certain, il a grandi et on se connaît moins, on ne voit pas trop les jeunes, c’est comme ça. Mais il y a encore des gens, devant mon atelier, qui s’arrêtent et me regardent travailler le fer. J’aime le caractère tranquille de la commune, autour du château, qui est un trésor et dont le parc est ouvert à tous. L’ombre des platanes, en été, est un vrai bonheur ! J’habite une résidence HLM, au milieu des villas, très loin de l’image des HLM dans les grandes villes. Vraiment, je ne partirai jamais. Le côté très pratique et très agréable de sa situation, près de Montpellier. Nous avons un mode de vie tranquille, sans être encore dans la tourmente montpelliéraine. L’arrivée du tramway, en 2017, devrait régler bien des problèmes de circulation que nous connaissons tous ; c’est un atout. C’est à taille humaine, tout ce dont on a besoin est disponible, le tissu associatif est incroyable, notamment quand on est une famille. Des assistantes maternelles viennent d’ouvrir une maison pour accueillir des enfants dans un même lieu, alors qu’on manquait de places à la crèche. C’est génial ! C’est un village qui a su, à partir de 1977, franchir un palier, sortir de sa léthargie et se doter d’équipements, quand d’autres ne l’ont pas fait. L’élection à l’époque de Jean-Michel Roques avait été un déclic et la vie associative très dense qu’on trouve ici, aujourd’hui, a son origine dans ces équipements. J’ai testé pour vous l Couleurs d’ici, cuisine d’un couple d’autodidactes. Le succès de Mélanie et Sébastien Merly n’était pas écrit par avance. Et avec le recul, dans son tablier blanc, le chef se reconnaît une part d’inconscience. Celle d’un autodidacte, sortant de l’université et en quête d’orientation, qui achetait une pizzeria en faillite en se rêvant cuisinier. Six ans après, pourtant, le garçon s’en va chaque matin faire ses courses sans trop s’inquiéter de la vingtaine de couverts que sert son épouse. Ici, il est préférable de réserver si l’on a le désir d’explorer ces assiettes de porcelaine blanche, aux discrètes compositions. Et cela, à midi comme le soir. « C’était un défi, glisse le trentenaire, à la fin de son service du jour. On voulait une cuisine simple, familiale, au sens noble, avec de bons produits » et du cœur, une cuisine qui depuis six ans n’a eu de cesse de se complexifier, s’enrichir. La grâce des « livres, d’internet, des repas chez les confrères », du savoir-faire acquis : « Mais si je devais le refaire, je com- sédez des pierres et à la fin ce sont ces pierres qui vous possèdent. » Dans l’élégant bâtiment aux larges fenêtres, si caractéristiques du mouvement des folies, des corps d’état s’affairent, mettent la main au volet tourisme du projet de Bernard Schmitt ; dehors, c’est un palefrenier qui nourrit les chevaux. « L’ambition était de sauver et rénover tout ce qui pouvait l’être, reprend le propriétaire du château et des 45 ha alentour, et pour le reste de respecter le bâtiment pour le rendre à sa dualité originelle, ensemble de production et de loisirs. » Les artisans n’ont utilisé que des matériaux sains, François Higel, concepteur d’un original chauffage par le plafond, s’est effacé derrière le lieu, les paysagistes rendent au jardin anglais son désordre savant. L’été prochain verra les premiers hôtes des chambres éponymes, plus tard la réhabilitation des édifices agricoles, pour les chevaux et les taureaux que Bernard Schmitt veut élever dans ses enclos : « Je commence, mais c’est ma fille de 13 ans qui terminera. Dans sa dimension humaine, ce projet ne s’épanouira que dans le temps » et lui-même ne se voit qu’en « relais », maillon d’une transmission. Biar revit pour un tourisme vert, une forte interaction avec la nature, viscéralement inscrite dans ce château. L’IMAGE Quelques arpents de vigne urbains Photos RICHARD DE HULLESSEN Ingrid, couturière ordonnée nonne Elle dit que c’est le « centre de (sa) vie. Tout ce que j’ai vécu s’est créé à partir de là. Le zen en a été le moteur », sourit Ingrid Igelnick, debout, le regard bleu brillant, dans son petit atelier de la zone nord encombré de portants, d’un fer, d’une machine à coudre, de tables de découpe. Ici, depuis deux ans, la dame assemble les atours vestimentaires d’une pratique qui la guide depuis trente-cinq ans. Ingrid est zen au sens propre, nonne ordonnée au crâne nu, « ce qui ne m’empêche pas d’avoir des enfants, de fumer, boire et rire, s’amuse-t-elle. Le zen est une pratique, pas un dogme », née en Inde de la révélation du Bouddha. Ingrid Igelnick en a croisé le chemin en même temps que celui d’un Japonais. Un maître qui lui a enseigné sa discipline, la méditation, et qu’elle a suivi à Paris. Mais cette nourriture spirituelle ne lui suffisait pas à vivre : « Au dojo, était associée une boutique, où j’ai travaillé. Je savais coudre et je cousais pour l’un ou pour l’autre. » Lorsqu’il a fallu retrouver une indépendance financière, plus tard, elle a fondé Soi-zen, créé des habits pour les arts martiaux, shiatsu, yoga et zen, les réalisant à la main et les commercialisant via son site web, dans l’Europe entière. Unique. ◗ À voir sur soi-zen.com. ■ Mélanie Merly en salle. mencerais par travailler chez un restaurateur », sourit Sébastien Merly, graulen marié à une Lavérunoise. À la carte, il y a trois entrées, cinq plats changeant tous les mois, pour coller aux produits de saison. En ce moment une saint-jacques rôtie sur risotto, après le foie gras poêlé. Et des profiteroles, s’il vous reste un peu de place. Excellent. ◗ Au 1 impasse de la Résistance. Entrée à 8 €, plat à 17 €. L’aire, c’était l’espace où l’on battait le foin ; mais quand on allait aux aires, on allait aussi aux champs, disparus sous les villas des lotissements. Enfin, pas complètement. Rue des… Aires, quelques pieds d’une vigne en cordon de Royat, trois cents peut-être que les mauvaises herbes ont entrepris de noyer, rappellent qu’il y avait là une cave viticole, devenue maison. Ici, on apportait le raisin au caveau de Saint-Georges, il n’y a pas si longtemps, vendangeant sous le regard noir des poules et dans le cancan des cols verts élevés dans une parcelle voisine, à l’abri des regards de la rue. ■ Ingrid Igelnick a créé Soi-zen, en 2004. Société et philosophie.