opcaMs - Conseil National des Entreprises de Coiffure
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formation OPCAMS : chronique d’une mort annoncée Des coiffeurs en formation chez « Tête d’affiche » Avis de turbulences sur la formation professionnelle : stages de fin d’année non pris en charge, disparition de l’OPCAMS en 2012… L’Éclaireur vous aide à y voir plus clair. F in d’année un peu chaotique côté formation professionnelle : l’OPCAMS, l’organisme chargé de la collecte des cotisations des employeurs au titre de la formation continue des salariés et du financement de ces mêmes formations, a annoncé, fin octobre, que les dossiers reçus à compter du 31 octobre… ne seraient plus pris en charge, faute de trésorerie ! Mais ce n’est pas tout : l’OPCAMS a vécu. Comme nous l’annoncions la semaine dernière (voir L’Éclaireur n° 570 du 5 décembre), l’organisme perd son agrément à compter du 1er janvier prochain. Ce qui était d’ailleurs prévisible : d’après la loi du 24 novembre 2009 relative à l’orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie, complétée par un décret de 2010, les OPCA (organismes paritaires collecteurs agréés, en charge de financer la formation professionnelle) qui ont une collecte annuelle de moins de 100 millions d’euros doivent disparaître pour rejoindre d’autres OPCA plus importants. Et c’est le cas de l’OPCAMS qui, malgré la trentaine de branches professionnelles qu’il rassemble (outre la coiffure, on y trouve les fleuristes, 10 les machines agricoles, la prothèse dentaire…), ne collectait que 24 à 25 millions d’euros par an (dont 14 millions environ apportés par la seule coiffure). Donc bien loin du montant nécessaire ! Coiffeurs et formateurs en difficulté Le problème, c’est que ce « défaut de paiement » cause de vraies difficultés aux coiffeurs et aux sociétés de formation. Stéphane Auger est à la tête de 3 salons et d’une société de formation baptisés « Tête d’affiche », surtout active dans le quart sud-est de la France. Comme d’autres, il pratique la « subrogation », une forme d’avance de frais : le coiffeur qui envoie ses salariés se former chez lui débourse très peu. L’organisme de formation se rembourse ensuite du coût de la formation auprès de l’OPCAMS. Enfin… en théorie. Car cette année, suite aux problèmes de trésorerie rencontrés par l’OPCAMS, les stages assurés en octobre et novembre ne seront pas pris en charge (en effet, les dossiers correspondant aux formations d’octobre sont souvent envoyés en fin de mois). D’où une lourde perte pour le coiffeur-formateur. « Les salariés représentent 80 % de mon chiffre d’affaires ! » souligne-t-il. Il a d’ailleurs dû annuler des formations prévues en décembre. Pour sa part, Jean-Marie Contreras est à la tête de l’Academy by Jean-Marie Contreras (Douai) et intervient dans une trentaine de villes en France. Il a renoncé à la subrogation voici plusieurs années, suite à des soucis administratifs lors des prises en charge. Ce sont donc les coiffeurs qui financent les stages de leurs salariés, se faisant ensuite rembourser par l’OPCAMS. « Lorsque nous avons appris les problèmes de trésorerie de l’OPCAMS, vers la fin octobre, nous avons passé plusieurs jours à passer des coups de fil à nos clients, pour les prévenir que les formations prévues ne seraient plus prises en charge. » Certains des chefs d’entreprise concernés ont décidé de les maintenir, en les finançant eux-mêmes ; d’autres ont pris une option futée, faisant passer les stages prévus sous l’égide du DIF, qui continue lui à être pris en charge. Les derniers, enfin, ont été obligés d’annuler les formations planifiées… « Et certains comptaient vraiment dessus pour booster leur activité en fin d’année ! J’ai dû annuler 20 % de mes stages », reprend Jean-Marie Contre12 décembre 2011 • L’éclaireur formation ras. De plus, certains coiffeurs avaient déjà effectué les formations, et étaient en attente de remboursement. « Je peux vous dire qu’ils ont été écœurés, se sentant trahis de cotiser et de n’être pas remboursés… et surtout sans être prévenus par l’organisme concerné ! » Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’OPCAMS, en fin d’année, connaît des difficultés de trésorerie. Mais jusque-là, des expédients avaient toujours été trouvés : en particulier, il était courant de financer la fin d’année sur la collecte du début d’année suivante… Une solution impossible à mettre en œuvre cette année, puisque l’organisme, disparaissant le 31 décembre prochain, par définition ne fera plus de collecte. Et qu’une partie de la collecte 2011 doit servir à financer le Témoignage ‘‘Nous sommes les dindons de la farce’’ Nathalie Godefroidt, salon « Clair Obscur », Haubourdin (Nord) «M a collaboratrice et moi avons suivi les 24 et 25 octobre derniers un stage “Création et tendance couleur” à l’Academy by Jean-Marie Contreras. J’ai transmis mon dossier le 30 octobre à l’OPCAMS pour la prise en charge de ma salariée. Pile dans le mauvais timing… Fin novembre, il me revenait, tamponné de la date du 8 novembre, avec une lettre de refus de prise en charge. Je les ai appelés : une dame peu aimable m’a confirmé qu’il n’y avait rien à faire, avant de me raccrocher au nez… Entre le coût de la formation de ma collaboratrice, son déL’OPCAMS n’existant plus, comment seront financées, en 2012, les formations des salariés ? « De toute façon, cotiser à un OPCA est obligatoire », avertit Michèle Duval, secrétaire générale du CNEC. La question est : y en dommagement en heures supplémentaires, le transport, les repas, le manque à gagner lié à la fermeture du salon le mardi… pour une jeune entreprise comme la mienne, la pilule est dure à avaler ! D’autant que le salon en est à sa 3ème année d’existence, avec toutes les charges qui tombent. Bien sûr, cette formation nous a permis de progresser, mais le bénéfice ne se fera sentir qu’à long terme. Je paie mes cotisations, mais je n’ai aucun recours. Nous, les petites entreprises, nous cherchons à évoluer, et nous avons le sentiment d’être les dindons de la farce… » le début de la collecte », explique Anne Delannoy, directrice générale adjointe de la FNC. Et si aucun accord n’est trouvé d’ici au 31 décembre ? Ce serait sans doute « la pire des solutions ». En l’absence d’accord de la branche, cha- « Se dirige-t-on vers une coiffure à deux vitesses, avec ceux qui pourront financer les formations de leurs salariés, et les autres ? » Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) des 68 salariés de l’OPCAMS, menacés de licenciement. Et l’avenir ? Reste que la disparition programmée de l’OPCAMS est connue depuis 2009. Ce n’est donc pas un scoop. Ce serait mentir que de dire que du côté de la profession, on est resté les bras croisés. Des tentatives pour régler la question ont d’abord été menées par l’UPA pour créer un OPCA rassemblant toutes les professions artisanales ; sous l’égide de la CNAMS, branche de l’UPA à laquelle est rattachée l’OPCAMS, un essai de rapprochement avec l’OPCA des professions libérales a été mené. Ces diverses tentatives ont toutes achoppé, pour diverses raisons. Où en est-on aujourd’hui ? L’éclaireur • 12 décembre 2011 aura-t-il un pour la branche coiffure, désigné par accord collectif ? Pour adhérer en tant que profession, il faut en effet que les organisations patronales et les syndicats de salariés se mettent d’accord… et ce avant le 31 décembre. Des négociations ont eu lieu, mais, à l’heure où nous mettions sous presse, elles n’avaient pas abouti. La Fédération nationale de la coiffure (FNC) penche en effet pour Opcalia, un OPCA rattaché au Medef… tandis que c’est l’Agefos PME, rattachée à la CGPME, qui a la préférence du CNEC. Les deux parties fourbissent leurs arguments : nombreuses représentations régionales et bonne connaissance des PME pour l’Agefos PME ; frais de gestion peu élevés pour Opcalia… Mais les choix des uns et des autres obéissent aussi à des considérations politiques. Concrètement, « en cas d’accord, on négociera avec l’OPCA retenu pour avoir des fonds pour commencer l’année avant que coiffeur aura le choix, pour verser ses cotisations, entre l’Agefos PME ou l’Opcalia, les deux plus importants OPCA interprofessionnels. « Mais si ce n’est pas dans le cadre d’un accord de branche, explique Anne Delannoy, le chef d’entreprise perd tout le bénéfice de la mutualisation des fonds. Les formations de ses salariés ne seront prises en charge qu’à hauteur de ce qu’il aura cotisé. » C’est-à-dire, pour un salon de 2 à 3 personnes, très peu. « Pour la prise en charge, le coiffeur sera alors tributaire des critères définis de façon globale par l’OPCA », complète Michèle Duval. « Ne se dirige-t-on pas vers une coiffure à deux vitesses, où certains auront les moyens de se former, et les autres non ? » interroge Jean-Marie Contreras. On peut se poser la question, en effet… Un comble, dans une profession où la formation est indispensable pour évoluer ! n Catherine Sajno 11 © D.R. (Jean-Marie Contreras)
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