L`agence d`emploi, au cœur de la création d`emploi

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L`agence d`emploi, au cœur de la création d`emploi
L’agence d’emploi,
au cœur de
la création d’emploi
Synthèse des débats
10
sommaire
Éditorial 1. Accompagner la mutation des bassins d’emploi
L’agence d’emploi au service des évolutions territoriales
p.4
p.5
Des résultats probants
Sécuriser les parcours professionnels et développer l’employabilité
2. Valoriser l’attractivité des territoires
L’agence d’emploi, partenaire de la croissance des entreprises
p.8
Les agences d’emploi, expertes des territoires
Accompagner la reprise
La mobilité : une question d’avenir
3. Directive sur le travail temporaire
Quelles opportunités pour l’évolution des activités des agences d’emploi ?
p.11
Le marché européen du travail temporaire : présentation des disparités
La directive européenne sur le travail temporaire
L’exemple néerlandais, par Aart Van Der Gaag
L’exemple italien, par Antonio Bonardo
Conclusion
p.14
ÉDITORIAL
Le 23 novembre 2011 a eu lieu le cinquième
Forum national du PRISME sur le thème :
« L’agence d’emploi, au cœur de la création
d’emploi ». Dans un contexte économique sensible,
cette journée de réflexion a été l’occasion pour
nous, acteurs du marché de l’emploi, entreprises,
agences d’emploi, représentants du service public
de l’emploi et économistes, d’échanger autour de
cette thématique importante pour la profession.
à travers cette synthèse des débats, nous
souhaitons retranscrire les réflexions que nous
avons menées sur le rôle majeur des agences
d’emploi en faveur de la création d’emploi. Nos
agences, grâce à leur expertise, leur réactivité,
leur connaissance des besoins des entreprises
et des particularités territoriales, sont des acteurs
incontournables qui œuvrent en faveur de l’emploi.
Le Forum 2011 a illustré le rôle moteur des agences
d’emploi dans l’accompagnement tant des
candidats que des entreprises. Des exemples de
dispositifs d’accompagnement et de sécurisation
des parcours professionnels ont été mis en avant. Ils
peuvent constituer une vraie source d’inspiration,
notamment au regard des évolutions territoriales
en cours et à venir. Parmi les exemples présentés
au cours de la journée, on peut citer celui relatif
à la sécurisation des parcours professionnels
SPPOTT, en Basse-Normandie, qui propose
un accompagnement individuel sur 12 mois aux
salariés en fin de mission d’intérim ou de CDD.
Les enseignements ont également été nombreux sur le rôle des agences d’emploi en tant que
partenaires de la croissance des entreprises. A partir de l’exemple de Vitré, de grandes tendances
ont pu être dégagées au niveau national, qui ont mis en exergue l’accompagnement RH des agences
d’emploi dans le développement des entreprises.
L’agence d’emploi étant aujourd’hui envisagée comme épicentre des dynamiques du marché
du travail, nous avons aussi pu partager une réflexion sur les évolutions à venir de nos métiers,
en particulier au regard de la Directive européenne sur le travail temporaire et de ses enjeux
pour la France. Les échanges ont mis en évidence les particularités de l’intérim en Europe, et
ont été illustrés par les expériences néerlandaise et italienne dans la mise en place d’un CDI
intérimaire.
Riches d’enseignements, les débats de cette journée ont ouvert de nouvelles perspectives. A nous
de les analyser avec nos partenaires et de définir les actions prioritaires que nous allons mettre en
place.
Arnaud de la Tour
Président du PRISME
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1. Accompagner la mutation des bassins d’emploi
L’agence d’emploi au service des évolutions territoriales
La crise de 2008-2009 a largement impacté la conjoncture économique sur l’ensemble du territoire,
et par conséquent, fragilisé les populations peu qualifiées. Pour autant, le réseau des 6 500 agences
d’emploi a prouvé, par sa réactivité et son expertise, sa capacité à répondre aux besoins en
compétences des entreprises et à accompagner les candidats dans leurs recherches.
De gauche à droite, Aline Wintenberger, Déléguée régionale du PRISME Basse-Normandie
Annick Richet, Responsable AFPA Transition Basse-Normandie
Marc Benadon, Directeur de l’Unité territoriale du Calvados, DIRECCTE de Basse-Normandie
Ce dispositif est avant tout partenarial,
il bénéficie des outils existants de
l’ensemble des acteurs partenaires
de l’emploi, de la formation et de l’insertion »,
explique Marc Benadon. « Qu’il s’agisse de faciliter
les démarches auprès des partenaires, de maintenir
les conditions d’une dynamique positive pendant
une période d’inactivité, de renforcer ou de
diversifier les compétences grâce à
des formations, nous œuvrons pour
faciliter le retour à l’emploi.
En Basse-Normandie, les acteurs du service public
de l’emploi ont ainsi mis en place des synergies
en faveur de l’emploi, qui ont permis la construction d’un parcours d’accompagnement efficace des
salariés en fin de mission d’intérim ou de CDD.
Marc Benadon, Directeur de l’Unité territoriale du
Calvados, DIRECCTE de Basse-Normandie ;
Annick Richet, Responsable AFPA Transition BasseNormandie ; Aline Wintenberger, Déléguée régionale
du PRISME Basse-Normandie ont présenté
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le dispositif SPPOTT (Sécurisation des Parcours
Professionnels organisée pour les Travailleurs
Temporaires), mis en place en Basse-Normandie
dès 2009, qui fait figure de modèle d’accompagnement pour les populations premières touchées
par les retournements de conjoncture.
L’objectif assigné à ce dispositif est de maintenir
en situation d’emploi 450 personnes qui se
sont éloignées de l’entreprise lors des périodes
de chômage, et dont la qualification doit être
maintenue opérationnelle en prévision d’un rebond
de l’activité. « En s’impliquant dans ce dispositif, les
agences d’emploi ont apporté leur connaissance
précise des besoins des entreprises et de la
gestion des ressources humaines, en alliant le
social et l’économie », note Aline Wintenberger.
« Les signataires sont en majorité
peu qualifiés et n’ont aucunement
confiance dans leur capacité à
se former et dans le développement de leurs
compétences. Par l’accompagnement qu’il représente, SPPOTT rend plus clair et accessible les
multiples options de formation offertes », explicite
Annick Richet.
De gauche à droite, Aline Wintenberger,
Déléguée régionale du PRISME Basse-Normandie
Annick Richet, Responsable AFPA Transition
Basse-Normandie
Le dispositif SPPOTT œuvre ainsi depuis 2010
à la sécurisation des parcours professionnels en
assurant un accompagnement individuel sur
12 mois, à raison de deux contacts par mois. Il
permet de construire, avec les personnes
accompagnées, un plan d’action adapté à leur
projet professionnel.
« Ce dispositif fonctionne car il
permet notamment de nombreuses
passerelles intersectorielles », ajoute
Aline Wintenberger.
des résultats probants
Les résultats du dispositif traduisent l’efficacité de cet accompagnement partenarial :
Près des 2/3 des bénéficiaires ont travaillé un projet de formation, souvent en parallèle de leurs
recherches d’emploi ;
Parmi les 97 personnes accompagnées exclusivement dans leurs recherches d’emploi, 57% ont
repris une activité professionnelle au cours de l’accompagnement (dont 18% en CDI) ;
22 personnes ont travaillé un projet de Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), en parallèle
de leurs recherches d’emploi ;
7 personnes ont enfin été accompagnées dans leur projet de création d’entreprise.
L’accord signé en 2009 avec les structures d’accompagnement, qui devait se terminer en 2011, a
été prolongé jusqu’à la fin 2012 « car nous avons su nous adapter à la crise. Ainsi, nous pourrons
trouver ensemble les outils pour répondre aux spécificités du contexte socio-économique de 2012 »,
note Marc Benadon.
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Forum PRISME 2011- Synthèse des débats
Sécuriser les parcours professionnels
et développer l’employabilité
Au-delà des dispositifs d’accompagnement existants créés par la profession comme le CIPI1,
ou le CDPI2 , des initiatives ont été mises en place au niveau local afin de développer l’accès ou
le maintien dans l’emploi dans des bassins sinistrés. A titre d’exemple, deux autres dispositifs
expérimentaux ont été évoqués lors des débats, afin d’illustrer l’implication des agences d’emploi
auprès des entreprises et des candidats en faveur de la sauvegarde de l’emploi.
« Pôle Position »
en région Nord-Pas-de-Calais
Protocole « 1 000 parcours »
en région Franche-Comté
Dispositif d’appui au reclassement et au
développement des compétences des salariés
fragilisés, Pôle Position a été créé en 2009 pour
faire face à la crise intervenue dans le secteur
automobile de la région Nord-Pas-de-Calais.
Ce dispositif est plus récent, signé en février
2011 par l’Etat, le Conseil régional, les
partenaires sociaux, Pôle emploi, et le PRISME,
et fait suite à un premier protocole conclu en
2009.
Il a été coordonné par l’AFPA Nord-Pas-deCalais, la DIRECCTE et le Conseil régional.
Il vise à sécuriser les parcours professionnels
des salariés d’entreprises qui ont été impactées
par la crise économique.
La multiplicité des acteurs présents sur
les 4 plateformes (AFPA, Pôle emploi, et
agences d’emploi) a permis la mise en place
d’un accompagnement personnalisé et
dynamique, alternant phases d’orientation, de
formation et d’emploi, pour 1 310 salariés.
L’objectif est de développer la polyvalence et
le niveau de qualification des salariés en fin de
mission d’intérim ou de CDD, dans le cadre
d’un parcours sécurisé sur trois ans.
Au terme du dispositif, 70% des personnes
accompagnées ont accédé à un emploi de plus
de 6 mois ou à une formation qualifiante.
Les agences d’emploi et le FAF.TT se sont
ainsi engagés dans ce dispositif expérimental
d’accompagnement de 1 000 salariés en fin de
mission d’intérim ou de CDD.
Les agences d’emploi ont ainsi été parties
prenantes dans le suivi de ces 1 000 profils,
dans un projet de transition professionnelle qui
a pour objectif l’emploi durable.
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Contrat d’insertion professionnelle intérimaire
Contrat de développement professionnel intérimaire
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2. Valoriser l’attractivité des territoires
L’agence d’emploi, partenaire de la croissance des entreprises
De gauche à droite, Josiane Bastien, Directrice des ressources humaines de Webhelp Groupe
Régine Jamin, Responsable des ressources humaines de Allflex
Laurent Davezies, Professeur au CNAM et à Sciences Po Paris
Grâce à leur proximité, à leur connaissance des bassins d’emploi, et à leur expertise
en matière de recrutement (sélection, évaluation, formation), les agences d’emploi
permettent un rapprochement efficace de l’offre et de la demande d’emploi et apportent
une réponse adaptée aux besoins en compétences des entreprises.
Autour de Laurent Davezies – Professeur au CNAM, titulaire de la Chaire « Économie &
développement des territoires » et Professeur à Sciences Po Paris, Régine Jamin – Responsable
des ressources humaines de Allflex – et Josiane Bastien – Directrice des ressources humaines de
Webhelp Groupe – reviennent sur les collaborations nouées entre leurs entreprises et les agences
d’emploi.
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Forum PRISME 2011- synthèse des débats
Les agences d’emploi, expertes des territoires
Implantées sur le territoire de Vitré, « territoire spécifique, qui n’a pas subi - ou pas dans la même
mesure - la crise économique, puisqu’il connaît une croissance étonnante de l’emploi salarial,
notamment dans l’industrie », les représentantes d’Allflex et Webhelp, expliquent que les agences
d’emploi sont des atouts dans la compréhension des besoins des entreprises et dans leur
implantation sur les territoires.
« Nous avons signé 21 accords nationaux avec les agences d’emploi afin de combler nos besoins
en ressources humaines », explique Josiane Bastien. à chaque implantation ou création d’un
nouveau site, Webhelp mobilise l’ensemble des acteurs locaux de l’emploi et développe une
politique de consultation systématique des agences d’emploi. Pour la DRH, les agences d’emploi
« sont imprégnées du tissu local et représentent une opportunité d’immersion dans le bassin
d’emploi ».
Régine Jamin estime quant à elle que la réactivité
dont font preuve les agences d’emploi ainsi
que leur connaissance des bassins d’emploi
et des candidats représentent des ressources
essentielles pour Allflex Europe, en complément
des collaborations ponctuelles avec le service
public de l’emploi. La DRH considère par ailleurs
que la solidité d’un territoire tient avant tout à la
mise en commun des réflexions.
Il est extrêmement important
d’impliquer toutes les instances
locales, qu’il s’agisse des élus ou des
agences d’emploi, afin de créer une dynamique
d’échange et d’emploi qui a été profitable à Allflex
Europe lorsque nous avons choisi, par exemple,
de transférer à Vitré des productions électroniques
jusque-là sous-traitées en Asie du
Sud-est », déclare Régine Jamin.
Accompagner la reprise
On constate, au niveau territorial, que l’action des agences d’emploi est bénéfique à la création
d’emplois, ce qui souligne leur rôle d’intermédiaire efficace dans la mise en relation de l’offre et
de la demande d’emploi. Ainsi, dans un contexte de reprise et un environnement encore instable,
les agences tiennent un rôle économique décisif en permettant l’ajustement des capacités de
production.
Nous sommes, en particulier de nos jours,
soumis à une forte variation d’activité et de
production et nous savons que les agences
d’emploi avec lesquelles nous travaillons nous
aident, d’une semaine sur l’autre, à staffer nos
équipes », explique Régine Jamin.
Une analyse dynamique des flux sur le
marché du travail montre en effet qu’en
2010, les agences d’emploi ont ainsi proposé
15,7 millions d’opportunités professionnelles
aux intérimaires, missions additionnelles qui ne se sont pas substituées à la création d’emploi
durable1. Si les agences d’emploi permettent aux entreprises d’engager des dynamiques de plus
grande productivité, elles se positionnent également pour les candidats comme un médiateur
efficace vers l’employabilité.
Etude Bain pour Eurociett, 2007 : les agences d’emploi créent des emplois additionnels sans effet de substitution (81%
des entreprises déclarent qu’en l’absence de recours à l’intérim, elles n’auraient pas embauché de salariés).
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Forum PRISME 2011- synthèse des débats
« L’intérim peut être, et est souvent, un tremplin vers une embauche définitive. Les agences d’emploi
connaissent bien Vitré et nos besoins. Et de fait, elles nous présentent toujours des collaborateurs
de qualité », illustre Régine Jamin, dont l’entreprise met en place une équipe de production
dédiée aux lignes électroniques nouvellement réimplantées dans la ville. En formant leurs intérimaires
aux besoins des entreprises, les agences d’emploi favorisent les passerelles intersectorielles et
permettent ainsi le placement d’équipes qualifiées.
La mobilité : une question d’avenir
à l’heure où les disparités territoriales sont fortes, il est nécessaire, pour Laurent Davezies, que
les agences d’emploi s’impliquent dans le développement de la mobilité, au même titre que de la
formation. « C’est l’emploi qui m’intéresse. Il existe de véritables pénuries dans certains métiers, et
les acteurs de l’emploi, y compris les acteurs privés, doivent s’interroger sur les freins à la mobilité ».
Selon lui, l’Ouest est un territoire de cohésion, où les entreprises sont attentives à l’emploi de
toutes les populations, et où la volonté politique « d’organisation d’un environnement favorable aux
entreprises » est forte. « Des organisations se créent pour favoriser la mobilité intersectorielle
et interterritoriale. Les agences d’emploi doivent être parties prenantes de cette évolution et
accompagner les entreprises », poursuit-il.
« Nous devons mener nos collaborateurs à l’employabilité et les accompagner vers la mobilité
sur nos sites. Les acteurs locaux doivent nous
accompagner dans cette démarche : nous avons besoin des
agences d’emploi », renchérit Josiane Bastien.
Laurent Davezies,
Professeur au CNAM
et à Sciences Po Paris
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3. Directive sur le travail temporaire
Quelles opportunités pour l’évolution des activités des agences d’emploi ?
Denis Pennel, Directeur général de la CIETT, François Roux, Délégué général du
PRISME, Aart Van der Gaag, Directeur général de ABU, et Antonio Bonardo, Directeur
des affaires publiques de GI Group, ont échangé autour des évolutions à venir pour
les activités des agences d’emploi françaises. Les exemples italien et néerlandais ont
notamment permis d’appuyer les réflexions sur la mise en place d’un CDI intérimaire
dans le contexte de la transposition de la Directive européenne sur le travail temporaire.
Le marché européen du travail temporaire : présentation des disparités
L’étude « S’adapter au changement », menée par le BCG pour la CIETT1, a identifié
les points forts des agences d’emploi qui permettent d’améliorer le marché du travail. Elle a
également montré en quoi celles-ci s’avèrent-être, aujourd’hui et plus encore à l’avenir, des partenaires
incontournables dans le domaine de l’emploi.
En effet, les changements structurels intervenus
au cours des dernières années ont perturbé
le fonctionnement des marchés du travail. La
mondialisation, les évolutions démographiques,
la tertiairisation, l’imprévisibilité et la complexité,
sont autant de phénomènes à l’origine de
déséquilibres sur le marché du travail : chômage
élevé et persistant (frappant fortement les jeunes),
besoin de nouvelles compétences pour de
nouveaux emplois, faible mobilité professionnelle
et géographique, risque de segmentation des
marchés du travail, faiblesse des taux d’activité
(notamment chez les jeunes, les femmes et les
seniors), et besoin de concilier les nouvelles
formes de relations d’emploi avec un statut social
protecteur.
Pour autant, le travail temporaire est régi par des
législations extrêmement variées d’un pays
membre à l’autre. Quatre composantes majeures,
qui, selon les pays sont plus ou moins développées,
se distinguent : liberté d’établissement, liberté
d’utilisation (gamme des contrats de travail), liberté
de dialogue social, contribution aux politiques
actives du marché de l’emploi.
Denis Pennel,
Directeur général
de la CIETT
On observe aussi une corrélation entre
l’environnement réglementaire du
travail temporaire et la performance du
marché du travail. Quatre modèles d’environnement
réglementaire existent en Europe : le modèle libéral
(pays anglo-saxons), celui principalement régi par
le dialogue social, celui défini par le législateur et
enfin l’absence de cadre réglementaire précis dans
les pays où l’intérim est récent. Les deux premiers
environnements permettent un marché
du travail plus performant », déclare
Denis Pennel.
« En tant que premier acteur du recrutement en France, les agences d’emploi doivent pouvoir
contribuer à l’amélioration du marché du travail en réduisant les dysfonctionnements (pénuries de
main d’œuvre, segmentation et lutte contre le travail illégal). Pour ce faire, il faut donc qu’elles puissent proposer l’ensemble des contrats de travail existants », explique Denis Pennel.
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« S’adapter au changement », étude réalisée par le Boston Consulting Group pour la CIETT, 2011
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De gauche à droite, Antonio Bonardo, Directeur des affaires publiques de GI Group
Aart Van der Gaag, Directeur général de ABU
Denis Pennel, Directeur général de la CIETT
et François Roux, Délégué général du PRISME
La directive européenne sur le travail temporaire
La Directive européenne sur le travail temporaire, adoptée le 19 novembre 2008, a vocation à assurer la protection des salariés intérimaires dans les États de l’Union européenne, à garantir l’égalité
de traitement et à faciliter le recours au travail temporaire. Elle est le fruit des négociations menées
depuis 2001 entre les États membres et le Parlement européen.
Cette Directive comble un vide juridique. En effet, dans un contexte de croissance du marché
européen de l’intérim, ce texte apporte un cadre juridique aux conditions de travail des intérimaires,
et inscrit dans le droit européen le principe d’égalité de traitement entre les salariés permanents et
intérimaires dès le premier jour de mission, qu’il s’agisse de durée du temps de travail, de congés
payés, de protection de la santé, de droit à la non discrimination ou encore de rémunération.
Les débats ont mis en avant que la législation française applique d’ores et déjà, les dispositions de
la Directive en termes d’égalité de traitement et d’encadrement des conditions de travail. Dans son
article 4, la Directive précise toutefois que chaque État doit dresser la liste des obstacles, justifiés
ou injustifiés, au recours à l’intérim.
« Le PRISME a été consulté dans le cadre de l’élaboration de la liste d’obstacles et de restrictions
au recours à l’intérim : nous espérons réellement que les obstacles ne seront maintenus que s’ils sont
justifiés, car en l’état, la réglementation française ne nous aide pas à améliorer le fonctionnement
du marché du travail », précise François Roux.
En conclusion, Annemarie Muntz, Présidente
d’EUROCIETT, souligne que les agences d’emploi
doivent pouvoir œuvrer davantage à une meilleure
efficacité du marché du travail en France. « Le travail temporaire
répond au besoin de flexibilité des entreprises et à la nécessité
de concilier vie privée et vie professionnelle des salariés »
ajoute-t-elle. « Il contribue ainsi à la création
d’emplois et à l’insertion sur le marché du travail.
Annemarie Muntz,
Présidente d’EUROCIETT
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Forum PRISME 2011- synthèse des débats
L’exemple néerlandais,
par Aart VAN DER GAAG, Directeur général d’ABU, Fédération néerlandaise du travail temporaire
L’intérim se développe aux Pays-Bas sous une forme originale : aucune disposition législative ne
réglemente spécifiquement les relations entre les agences d’emploi et le salarié intérimaire, même
si le dispositif légal applicable aux agences d’emploi a été aménagé par deux lois en 1998 et 1999.
Aux Pays Bas, le droit commun s’applique intégralement.
L’essentiel de la réglementation sur le travail temporaire relève donc de la négociation collective
entre les partenaires sociaux. Le droit néerlandais leur donne le pouvoir de réglementer et de réguler
l’activité du travail temporaire. « La loi sur la flexicurité a été introduite dans notre pays il y a 30 ans ».
Selon la loi, le salarié intérimaire acquiert progressivement des droits et les agences d’emploi peuvent embaucher des intérimaires successivement en mission d’intérim, en CDD et en CDI.
« Au terme de 36 mois de CDD, les agences d’emploi sont tenues de proposer un CDI, règle
qui peut toutefois être modifiée par l’intermédiaire d’un accord collectif ». L’accord de branche
signé par la fédération ABU prévoit que les intérimaires qui travaillent depuis un an et demi passent automatiquement en CDD pendant 2 ans au maximum pour ensuite être embauché en CDI.
« L’employeur, s’il le souhaite, a toutefois la liberté de faire évoluer plus tôt son intérimaire vers un
CDI ».
L’exemple italien,
par Antonio Bonardo, Directeur des affaires publiques de GI Group, ETT italienne
Le travail temporaire en Italie a été autorisé en 1997. La législation a ensuite été aménagée par
un décret en 2003 qui a modifié l’appellation de « travail temporaire » en « prêt de main-d’œuvre »
(« staff leasing »). En Italie, une agence d’emploi est autorisée à faire du prêt de main-d’œuvre, du
recrutement, du placement, de l’outplacement et de la formation.
En effet, un accord collectif a été signé le 23 juillet 2008 par les partenaires sociaux du travail
temporaire. Il prévoit l’autorisation de conclure des CDI (dès le premier jour de travail), ce qui « est
notamment pratiqué dans les secteurs où la tendance à l’externalisation est forte. Le CDI intérimaire
est utilisé pour des raisons techniques, liées à la production ou au remplacement de salariés. Il
permet également de conserver un nombre maximum d’intérimaires pour le client, le choix du
contrat revenant toutefois à l’employeur ».
Si le CDI n’est pas proposé au premier jour et que le salarié intérimaire a travaillé 36 mois
de manière continue pour la même entreprise en CDD, un CDI lui sera proposé. Si les entreprises utilisatrices sont différentes, la période est portée à 42 mois. « Un système de
prime a été instauré pour inciter les agences d’emploi à stabiliser le travail et recourir
au CDI».
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conclusion
Le cinquième Forum du PRISME a réuni des interlocuteurs de tous horizons afin d’échanger
sur le rôle essentiel des agences d’emploi dans la création d’emploi, thématique primordiale
au regard de la conjoncture économique actuelle.
Guidés par Jérôme Bonaldi, journaliste et animateur de la journée, les intervenants ont mis
en avant l’action des agences d’emploi dans l’accompagnement des mutations des bassins
d’emploi et des évolutions territoriales ainsi que dans la croissance des entreprises. De
nombreux exemples révélateurs ont ponctué cette journée et ont permis d’illustrer les
thématiques proposées.
Les discussions autour de la directive européenne sur le travail temporaire ont permis de
dégager, à travers une présentation de la Directive, ses enjeux pour la France et des
exemples de l’application du CDI intérimaire en Italie et aux Pays-Bas.
Xavier Bertrand, Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé, s’est adressé aux agences
d’emploi via un message audiovisuel diffusé à l’occasion du Forum. Il a profité de cette occasion
pour saluer le travail de terrain réalisé au quotidien par les agences d’emploi et évoqué la
possibilité d’introduire en France un CDI intérimaire.
Le Forum a été l’occasion pour la profession d’annoncer la sortie de son Livre blanc 2012
« 8 propositions pour 170 000 emplois » et d’évoquer les combats en cours et à venir pour
les agences d’emploi, comme, par exemple, la réforme de la taxe professionnelle.
Laurence Parisot, Présidente du MEDEF, a rappelé en clôture du Forum, le rôle économique
et social des agences d’emploi d’autant plus dans un contexte de crise économique et
précisé « vous êtes des piliers du fonctionnement de notre économie ».
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