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SOCIÉTÉS ET CULTURES URBAINES
XI - XVI
Stimulées par la croissance agricole et le renouveau du commerce, les villes d’Europe
occidentale connaissent un essor décisif entre le XI et le XIII, suivi par une période de
stagnation suite à la Peste Noire du XIV. Elles reprennent ensuite une croissance
démographique à partir du XVI mais leur importance politique ne cesse de croître à
partir du XVI.
C’est surtout l’essor du Grand Commerce, soit le commerce avec d’autres systèmesmondes ou à échelle continentale comme pour Venise qui contrôle à elle seule toute la
Méditerranée (et crée ainsi son propre système-monde), qui permet d’expliquer cette
prise d’importance progressive des villes et de leurs sociétés.
Les villes regroupent ainsi des groupes sociaux particuliers comme les bourgeois,
notamment les marchands et les banquiers, les artisans mais aussi les marginaux qui
développent une « contre-culture » par rapport à celle, dominante, dessinée par l’Eglise
(cf le cours sur la chrétienté médiévale). Cette contre-culture n’est pas forcément en
opposition avec la culture médiévale mais elle s’en échappe par la rencontre d’autres
horizons, par la définition d’autres objectifs, plus laïcs, plus terrestres. Ainsi les
habitants des villes s’organisent-ils le plus souvent pour obtenir du seigneur des libertés
et des privilèges, ce sont les communes, des formes de gouvernement urbain autonome
qui s’opposent parfois au seigneur.
Les villes deviennent aussi des pôles de richesses où s’échangent les savoir-faire et les
produits locaux mais aussi internationaux => naissance de foires comme celle de Provins.
Leurs horizons ne cessent de s’agrandir au fur et à mesure que la population urbaine
grossit. Le but, notamment à partir de 1453 et la chute de Constantinople par les
Ottomans, est de trouver une route directe pour aller aux Indes. En effet, les routes
de la soie et des épices sont coupées.
C’est ainsi par les villes et leurs activités que progressivement les Européens découvrent
de nouveaux horizons notamment à partir de la fin du XV : 1492 et la découverte des
Caraïbes par C. Colomb, puis la conquête des Amériques…
COMMENT CETTE CULTURE URBAINE TRANSFORME-T-ELLE, SUR LE TEMPS LONG, LES
SOCIETES MEDIEVALES ET LEUR RAPPORT A L’ESPACE ? COMMENT S’AFFIRME LE MONDE DES
VILLES A PARTIR DU XI ?
I)
L’AFFIRMATION
DU MONDE URBAIN
A) un essor qui remodèle la ville
A partir du X se produit un mouvement d’urbanisation des populations européennes
conduisant à un accroissement général de la population et à l’affirmation des grandes
villes.
L’urbanisation prend d’abord la forme du renouveau des cités héritées de l’Antiquité :
leur population s’accroît tant qu’elles sont obligées d’étendre leurs murailles plusieurs
fois pour certaines afin d’englober les faubourgs qui deviennent alors des quartiers
spécialisés dans la ville : Florence , Paris, Gènes, Milan et Venise dépassent les 100000
habitants au XIII.
En parallèle des villes nouvelles apparaissent à partir du XII qui font parfois l’objet
d’une planification notamment pour les bastides du sud ouest de la France (ville de
garnison et de marché) fondées à partir du XIII) ou en Angleterre les planned towns,
issues de la volonté des souverains. LA création de villes permet aux seigneurs ruraux
de valoriser leur propriété foncière
Les villes médiévales prenant de l’importance démographique, économique et politique
s’organisent au niveau urbanistique :
- d’imposantes murailles deviennent à la fois le symbole de la protection et de
l’autonomie puisqu’elles sont gardées par les habitants de la ville.
- Les rues sont souvent sales, encombrées, sinueuses sauf dans les villes neuves
- Les maisons sont en bois ou en torchis et seuls les édifices religieux et politiques
sont construits en pierre.
- Quelques places publiques sont construites à vocation commerciale ou de
rassemblement , ce qui différencie grandement la ville de la campagne et donne
une conscience politique plus importante. Les villes les plus prestigieuses, toutes
vouées au grand commerce développent des halles bâtiment spécifiquement
voués aux échanges.
B) Les facteurs du développement urbain
1°) des progrès agricoles à l’essor des échanges
Le dynamisme de la campagne est à l’origine de cet essor urbain car il fournit aux villes à
la fois la population alimentant leur croissance, les excédents agricoles grâce aux
progrès agricoles (défrichements qui permettent d’augmenter la surface cultivées et
amélioration des techniques qui permet une hausse des rendements) et les matières
premières qui les ravitaillent.
Cette hausse entraîne surtout une hausse de l’artisanat en particulier du textile bien
implanté dans les villes de Flandres et d’Italie du Nord et donc des échanges qui
profitent aux bourgeois ( terme polysémique : dans un sens général le bourgeois est
l’habitant du bourg ou de la ville. A partir du XI, le bourgeois est l’habitant d’un bourg ou
d’une cité bénéficiant d’une charte de franchise et rassemblés en commune. Enfin dans
un sens restrictif il est membre de l’élite urbaine.)
De plus les progrès permettant une hausse du grand commerce permettent l’affirmation
des villes de foires et des ports => changement d’échelle, on passe de la primauté
donnée au local pendant la première partie du MA à une échelle plus petite cad régionale
ou interrégionale à partir du XII.
 C’EST DONC LE MARCHÉ QUI FAIT LA VILLE MÉDIÉVALE
2°) le rôle culturel des villes valorisé
Les villes s’affirment au niveau culturel et intellectuel car elles concentrent les écoles
puis les universités à partir du XII donc les lieux de savoir. Les maîtres sont
généralement des religieux et l’enseignement se divise encore d’après la méthode
romaine entre les arts majeurs et mineurs.
L’université regroupe des personnes ayant des règles juridiques communes, souvent
établies par une charte, et un sentiment d’appartenance. A partir du XII le terme
définit aussi certaines villes et des communautés de maîtres et d’étudiants qui
obtiennent du pouvoir politique leur indépendance juridique et intellectuelle => université
de Paris en 1213.
3°) le rôle politique
enfin l’essor urbain résulte très souvent d’initiatives politiques car les rois, les princes,
et les seigneurs urbains (laïcs ou religieux) en retirent des avantages économiques et du
prestige…
II)
LES VILLES, UN MONDE NOUVEAU
:
AUTONOMIE ET NAISSANCE D’UNE
CULTURE POLITIQUE
A) L’émancipation urbaine ou les villes à la conquête de leur liberté
- des villes seigneuriales
Toutes les villes relèvent du système seigneurial puisque le sol urbain appartient à un ou
généralement plusieurs seigneurs (chanoines, évêques, seigneur rural mais aussi bcp de
seigneurs urbains notamment en Italie qui dominent chacun leur quartier). Chacun de ses
seigneurs perçoit donc des taxes sur les marchés, des droits de péage et de justice. Or
ces droits deviennent insupportables pour les bourgeois lorsqu’ils entravent le
commerce.
- des mouvements de contestation aux charte de franchise
C’est pourquoi à partir des années 1070 – 1130 des mouvements de contestation du
pouvoir seigneurial voient le jour. Des émeutes éclatent qui généralement se terminent
par l’obtention d’une charte de franchise (l’ensemble des droits et des privilèges qui
codifient ou limitent les droits d’un seigneur sur une communauté urbaine ou rurale plus
rarement. Le seigneur garde toutefois son autorité qu’il aménage). Ces chartes de
franchise accorde donc aux habitants concernés des libertés personnelles surtout en
matière commerciale mais aussi, parfois, une participation plus ou moins importante à la
gestion de la ville.
Dans les régions où l’essor urbain est le plus précoce et le plus important (nord de la
France, Flandre, Italie du Nord) le mouvement a abouti à la reconnaissance d’une
commune.
- communes et naissance d’une culture politique
La commune naît d’une conjuration, cad un serment pris en commun par les habitants.
Elle est l’association jurée des habitants de la ville qui fait de cette dernière une
seigneurie collective. La ville exerce alors son pouvoir, le ban (droit de commander et de
juger réservé aux seuls seigneurs) sur le territoire qui l’entoure, c’est la banlieue. Elle
devient donc une communauté juridique qui rassemble tous les habitants.
Cette forme d’autonomie urbaine est soit obtenue d’un compromis avec le seigneur soit
le résultat d’une véritable insurrection contre le pouvoir seigneurial. Le mouvement
communal obtient souvent le soutien du roi (contre les seigneurs) qui y gagne la fidélité
des villes notamment en Espagne avec les fueros.
Ces chartes de communes donnent donc une autonomie politique à la ville notamment en
terme de réglementation commerciale, de justice, de fiscalité et de défense commune.
Se mettent alors en place des institutions urbaines de gouvernement dirigées par des
conseils de magistrats .
Le gouvernement des villes est souvent constitué de trois niveaux de responsabilité :
• l’assemblée générale des habitants
• le conseil de villes composé d’échevins au nord et de jurats au sud
(administration urbaine)
• le pouvoir exécutif collégial (consul) ou personnel (maire)
Cette gestion autonome va développer une identité urbaine très forte dans les
communes exprimée par un certain nombre se symboles : les sceaux, les hôtels de ville
où sont conservées les archives donc la mémoire et l’histoire politiques de la ville, les
palais communaux dans le sud et les beffrois dans le Nord.
-
une culture politique à la fois consensuelle et conflictuelle
Les habitants d’une commune sont fiers d’avoir conquis ce statut et le sentiment
d’appartenance est très fort.
Cependant la vie politique très importante peut prendre des formes conflictuelles : des
tensions entre clans aristocratiques opposés mais aussi entre les groupes formant le
patriciat cad l’élite urbaine tendant à monopoliser l’exercice des fonctions politiques et
entre le patriciat et le peuple. Ainsi au XIII la bourgeoisie des marchands ou riches
drapiers tente d’écarter l’ancien patriciat (seigneurs) en s’appuyant sur les artisans =>
Florence au XIII les anciens magnatis sont écartés.
En Italie et en Flandre les premiers conflits opposants le peuple aux élites éclatent pour
des questions économiques et financières => émeutes populaires fortes obligeant
certaines communes à faire appel à l’arbitrage d’un podestat (magistrat chargé
d’assurer la paix publique, venant de l’extérieur afin d’être le plus neutre possible, et
accompagné d’une équipe, pour un temps limité).
Histoire des Arts : d’Ambrogio Lorenzetti, les effets du bon gouvernement
B) Les sociétés urbaines
La ville se présente comme un ensemble à la fois uni et très divers
- Des sociétés communautaires
Les sociétés urbaines médiévales sont très diversifiées et basées sur le principe de la
communauté. : on y trouve des artisans, des marchands, des hommes d’Eglise, des
étudiants, des marginaux etc alimentés par un exode rural important dans un rayon de
20 à 40 kms mais aussi de flux migratoires temporaires interurbains.
Chacun de ces groupes constituent une communauté homogène : à partir du XII les
artisans se regroupent dans le cadre de métiers qui délimitent des quartiers au sein de
l’espace urbain. Ces métiers établissent des règles de travail très strictes donnant un
statut particulier à chacun.
Les marchands se regroupent dans des associations appelées guildes.
Ces communautés professionnelles se doublent fréquemment d’une confrérie religieuse
placée sous la protection d’un saint patron. Elle permet la charité et l^-^ù=ù==o)o !!oo !%+£ok ;`%+O£ù==kp : ’entraide entre les membres d’un même métier ou
d’un même quartier.
- La hiérarchie sociale dans la ville
La ville est aussi un espace hiérarchisé politiquement et économiquement
-politiquement
La formation d’un patriciat urbain détenant le pouvoir politique et la puissance sociale se
retrouve dans toutes les villes. Ces magnats ou potentes sont souvent d’anciens agents
du pouvoir seigneurial ou issus du monde des chevaliers (surtout au Sud). Maîtres des
points fortifiés de la ville, ils constituent rapidement une noblesse urbaine. Les clercs
ont aussi une place importante car ils gèrent l’enseignement et la bienfaisance.
Cependant les chartes de franchise ou de communes ont permis un certain
renouvellement de ce patriciat notamment en alliant ou en le remplaçant par les
communautés marchandes.
La ville est le lieu de nombreuses processions soit à échelle urbaine soit à échelle du
quartier dans laquelle la hiérarchie sociale se retrouve fortement (rappelle sur les
Panathénées) => à la fois développement lien social et civique et ordre social. A l’inverse
les carnavals sont des temps de bouleversement social avec le charivari
-
Economiquement
Les autorités distinguent rapidement ceux qui paient des impôts (le peuple gras) et
ceux qui ne peuvent en payer (le peuple menu) => cette distinction se retrouve surtout
dans le type d’habitation plus que dans la géographie urbaine. La population des plus
démunis est souvent nombreuse et constitue le premier bastion de victimes lors des
épidémies ou des crises d’AR.
Les métiers liés au grand commerce sont les plus puissants, ils se découpent en de
multiples tâches artisanales mais des entrepreneurs chapotent l’ensemble du processus
+ banques => naissance du capitalisme commercial.
Les métiers autour du travail des métaux forment un groupe puissant comme à Bergame,
Brescia ou Milan en Italie du Nord (travail du fer) + les métiers autour de la
construction (architecture, maçons…) car les villes sont en chantier permanent et
inventent de nouvelles formes architecturales => les cathédrales gothiques sont des
prouesses architecturales pour l’époque mais aussi tous les palais communaux et urbains.
Les métiers de l’alimentation ont plus place plus ambiguë : stratégique donc groupe
puissant mais déconsidéré car au contact, notamment pour les bouchers, du sang et de la
souillure.
En fonction des villes, la hiérarchie des métiers est différente ainsi que les règles qui
les gèrent. Or cette hiérarchie a d’importantes répercussions politiques car les métiers
les plus considérés peuvent accéder au gouvernement urbain
 for lien politique/ économie : ce n’est plus en fonction de critères figés (société
d’ordres) mais en fonction de l’UTILITÉ dans la société que les métiers sont considérés.
Or ce principe sur plusieurs siècles, avec la prise de croissance progressive des villes,
l’un des principes clés du libéralisme économique à partir du XVIII.
- Des sociétés solidaires ?
La solidarité urbaine s’exprime envers les plus pauvres : au XII se développent les
hôpitaux publics, fondations pieuses destinées à accueillir les malades, pèlerins et
pauvres.
A échelle du quartier, les confréries sont souvent aussi des groupes d’entraide mais il y
a aussi l’église de quartier.
Cependant les sociétés urbaines savent aussi être exclusives : ainsi les lépreux mais
aussi les juifs qui sont progressivement parqués dans des quartiers spécifiques les
ghettos. Cependant dans de nombreuses villes médiévales, notamment dans les provinces
reprises sur l’islam, les populations cohabitent.
=> CONCLUSION : LA PUISSANCE COMMERCIALE ET ECONOMIQUE DE LA VILLE DEVIENT UNE
PUISSANCE CULTURELLE ET, DANS UNE MOINDRE MESURE, UNE NOUVELLE CENTRALITE
POLITIQUE
Ainsi il apparaît que les villes connaissent un fort renouveau à partir du XI. Elles
profitent de l’essor du grand commerce notamment au XIII. Le grand commerce
peut se diviser en deux zones géographiques : l’espace nordique autour de Bruges,
grand marché de la laine anglaise qui alimente toute les villes de flandres et
l’espace méditerranéen polycéphale dominé par les grandes cités italiennes. Ces
cités commercent avec l’Orient (épices, soies… contre produits métallurgiques et
textile). Les deux pôle du grand commerce se retrouvent dans les foires de
Champagne (Provins, Troyes…). Ces foires deviennent les lieux d’innovations
bancaires importantes. Les marchands, très mobiles à échelle régionale ou supra,
véhculent donc de nouvelles valeurs. Ils se regroupent dans des guildes dont la plus
connue est, à partir du XIII, la ligue des villes commerçante de la Baltique, « la
hanse germanique ».
Cependant cette puissance commerciale ne leur permet pas encore de supplanter le
pouvoir des princes. Ceux-ci s’attirent fidélité des villes en leur donnant une grande
autonomie, payant les travaux, mais aussi en attendant d’elles une totale fidélité
politique et service militaire. Or ces villes se trouveront importantes à partir du XV
lorsque les monarchies européennes se renforcent par rapport au pouvoir
seigneurial.
C’est donc par les villes (espace social, économique, culturel, politique) que le monde
médiéval en Europe occidental change lentement, sur plusieurs siècles, mais
sûrement en basant de nouvelles valeurs et une autre échelle de perception comme
lien social.
III)
L’ELARGISSEMENT
DU
MONDE
OU
COMMENT
TRANSFORME L’EUROPE A PARTIR DU MILIEU
LA
CULTURE
URBAINE
XV
A) Pourquoi se lancer à la découverte du monde ?
1°) le monde connu avant les grandes découvertes : l’importance des
routes commerciales
- Mauvaise connaissance des mondes extra-européens, juste le monde musulman,
indien, un peu chinois mais culture ouverte car universaliste + importance des villes
marchandes en Europe. Des relations commerciales sont entretenues avec l’Afrique
intérieure et l’Asie mais par des intermédiaires.
- La route de la soie est coupée depuis la fin de l’empire-monde de Gengis Khan
vers 1340 mais le monde musulman en pleine expansion à cette époque (en 1500, ¼ de la
population mondiale vit dans le monde musulman) permet de continuer le commerce en
unifiant politiquement notamment le monde indien (dynastie des Moghols qui s’étend de
l’Afghanistan à l’Iran en passant par l’Inde). Ainsi des marchands indiens, perses et
arabes acheminent des produis de luxe depuis l’Océan indien jusqu’en Méditerranée
orientale puis relais par des marchands vénitiens ou génois.
De plus l’essor de l’empire ottoman est très rapide. En s’emparant de
Constantinople en 1453, le sultant Mehmet II (1432 – 1481) abat les faibles restes de
l’empire byzantin. Ses successeurs comme Soliman le Magnifique ( 1494 – 1566)
étendent l’empire jusqu’au Maroc (1516), à l’Egypte (1517) mais ils échouent devant
Vienne en 1529. Les Européens considèrent avant tout l’empire ottoman non pas comme
une menace religieuse (le Pape demande à « l’Europe » de s’élever contre une puissance
musulmane mais la France s’allie avec l’empire ottoman contre le Saint Empire
Germanique) mais comme une entrave commerciale : en 1571 la bataille navale de Lepante
une escadre espagnole et vénitienne met en déroute la flotte ottomane.
Cependant le commerce reste un trait d’union, Istanbul reste un grand carrefour et les
Ottomans échangent beaucoup avec les Italiens notamment Gênes et Venise
Cependant certains Européens se détournent de la Méditerranée pour chercher d’autres
routes commerciales directes : notamment les Portugais et les Espagnols, cherchent à
concurrencer les marchands arabes et italiens et l’empire ottoman en contournant
l’Afrique (dont les contours ne sont pas connus) : en 1415 les Portugais prennent pied sur
les littoraux africains en installant des comptoirs puis en 1487 le navigateur Bartolomeo
Diaz passe le cap de Bonne Espérance mais ne va pas plus loin.
La Chine est un grand empire notamment sous les Ming qui dans une première phase
s’ouvre au monde en mettant sur pied un empire maritime (arrive jusqu’en Afrique de
l’Est) mais à partir de 1421 et le choix de la capitale à Beijing (fin Nankin) et surtout
1433 et la fermeture de l’empire, le pays se referme complètement sur lui-même. (idem
pour le Japon gouverné par les Shoguns, des guerriers) => laisse la place aux navigateurs
européens pour contrôler les mers et les découvrir.
2°) Des motivations aussi religieuses et politiques
-
importance d’évangéliser le plus de populations possible, notamment pour
Christophe Colomb + découvrir le paradis terrestre.
Les monarchies reprennent progressivement le dessus sur les seigneurs, elles
veulent affirmer leur puissance en contrôlant les routes commerciales
notamment.
3°) des progrès techniques
Jusqu’au XV siècle, les européens quittent rarement de vue les littoraux de leur
continent ou se contentent de traverser la Méditerranée mais les techniques de
navigation se perfectionnent et permettent d’entreprendre des voyages plus lointains.
Ainsi la caravelle inventée par les Portugais est un navire plus maniable et plus stable.
Les progrès se portent aussi sur la capacité de se repérer en mer avec les portulans
(connaissance latitude, plus de la mal pour la longitude, Colomb sous-estime la largeur de
l’Atlantique) + Astrolabe
 Ainsi à la fin du XV, les Européens, notamment les monarchies maritimes portugaises
et espagnoles rassemblent les conditions pour partir explorer le monde afin d’en élargir
les horizons. Les buts sont variés mais la motivation commerciale est fondamentale.
-
4°) les grandes découvertes
les voyages portugais
C’est le navigateur Vasco de Gama qui, en 1497, suite à son prédécesseur Diaz, arrive le
premier à contourner l’Afrique pour arriver jusqu’en Inde et imposer par la force des
comptoirs notamment à Goa : une nouvelle route commerciale est ouverte.
Les Portugais arrivent en Chine en 1513 et au Japon en 1543.
-
les découvertes espagnoles
Quelques années avant Vasco de Gama, Christophe Colomb, Génois, se met au service
des rois d’Espagne afin d’atteindre l’Asie. Il cherche une route par l’Ouest, par
l’Atlantique (il sait donc que la Terre est ronde) => le 12 octobre 1492 il prend pied dans
les Caraïbes qu’il pense être une île entre Chine et Japon. Il entreprend plusieurs
voyages avant de tomber en disgrâce auprès des monarques espagnols. Il ne se rend pas
compte de la portée de son voyage.
Celui qui s’en rend compte est Amerigo Vespucci qui pénètre plus loin à l’intérieur de
l’Amérique Latine. L’editeur Watzeemüller (cf carte manuel) donne son nom au nouveau
continent découvert au début du XVI.
Enfin les Espagnols ne s’arrêtent pas là : Magellan entreprend la première
circumnavigation, il dépasse cette fois-ci le détroit de Magellan en 1520 et atteint les
Philippines en 1521. Suite à sa mort, son second continue le périple et arrive en Europe
en 1522.
B) l’émergence d’une économie monde centrée sur l’Europe des villes : une
première mondialisation à échelle intercontinentale
1°) Toute l’Europe de l’Ouest se lance dans ces découvertes
D’autres nations européennes se lancent alors dans la compétition : dès 1497 Jean Cabot
aborde l’Amérique du Nord au nom de l’Angleterre et en 1534 Jacques Cartier part de
Saint Malo et jette les bases du Canada français. En 1595 les Hollandais s’aventurent
dans l’Océan Indien. Ces voyages permettent l’ouverture de nouvelles routes
commerciales à travers le monde au profit des Européens. Cela renforce surtout le
pouvoir monarchique en train de s’établir à partir du XVI.
Ce sont surtout fin XV les monarchies maritimes, espagnoles et portugaises qui prennent
les devants en développant des empires maritimes ouverts sur l’Océan Atlantique et non
plus la mer Méditerranée où trop de concurrents s’affrontent.
En 1494, par le traité de Tordesillas les deux monarchies maritimes se partagent le
nouveau continent (complété par le traité de Saragosse en 1529 pour le Pacifique)
Des empires maritimes se créent centrés sur des ports puissants comme Lisbonne (cf
exposé), Séville ou Anvers.
 Séville : 1503 casa de Contratacion (administration royale qui contrôle le commerce
avec l’Amérique espagnole) => tout navire marchand doit utiliser le port de Sévill. e pour
commercer avec cette région. Séville devient alors un centre européen du commerce et
sa population triple au XVI. Toute la vie s’organise autour du port fluvial où deux fois
par an les navires acheminent en convoi des tonnes d’or et d’argent du Potosi. La
monarchie espagnole en garde 1/5 pour elle ce qui lui permet d’affirmer sa primauté. Le
paysage social de la ville change alors : de nombreux marchands étrangers mais des
princes espagnols aussi se lancent dans le commerce => les marchands sont mieux
considérés
« …le nombre de marchands de cette ville a considérablement augmenté et leurs biens
et leur fortune se sont accrus de façon innombrables. Leur état s’est anobli et amélioré
(…) car les nobles, par avarice ou par nécessité, se sont abaissés, sinon à commercer, du
moins à s’allier à des familles de commerçants.. » Tomas de Mercado, Suma de tratos y
Contratos, Séville, 1569
 Anvers est la grande foire dans laquelle s’échangent les biens issus de la colonisation
de l’Amérique par les Portugais et les Espagnols (appartient à la famille d’Espagne). Elle
attire à partir du XVI les marchands d’Europe du Nord, notamment les Allemands mais
aussi des Espagnols qui progressivement délaissent Bruges développée à partir du X sur
un commerce entre l’Angleterre, la Baltique et le reste de l’Europe. Grand centre du
commerce international
 nouveaux centres de gravité même si la Méditerranée continue d’être importante.
En quelques décennies, le monde connu des Européens s’est élargi aux dimensions du
monde (Seule l’Océanie et l’Antarctique sont totalement ignorées + intérieur des
continents africains et américains)
2°) la naissance du commerce triangulaire et l’émergence d’une économiemonde
Les échanges entre les continents se multiplient. Au XVI les Européens contrôlent les
routes des épices asiatiques et les terres conquises en Amérique leur assurent de
nouveaux approvisionnements en métaux précieux. Des produits tropicaux, dont certains
comme le tabac ou la pomme de terre étaient complètement inconnus, alimentent les
échanges avec l’Europe qui exporte des produits manufacturés vers les colonies : armes,
vêtements, outils…
En //, sur les côtes africaines, la traite à destination de l’Amérique s’accélère à la fin du
XVI.
 naissance d’une économie-monde centrée sur l’Europe qui assure sa prédominance
croissante sur plusieurs siècles. Des villes sont à la tête de ces échanges plus que des
monarchies, comme Séville, Lisbonne, Anvers car elles se placent comme carrefour des
échanges. Une culture marchande métissée se développe et se diffuse à partir de ces
centres, les bourgeois prennent de plus en plus d’importance.
C) une nouvelle vision du monde : des découvertes aux conquêtes
Dans le sillage des voyages d’exploration, des conquistadores entreprennent de prendre
possession de nouvelles terres pour le compte des souverains de la péninsule ibérique.
Entre 1521 et 1533 Hernan Cortès et Francisco Pizarre s’emparent des empires aztèque
et inca => les Portugais s’emparent du Brésil et les Espagnols le reste de l’Amérique
latine. Les rois d’Espagne et du Portugal mettent en place un début d’administration dans
les colonies : en Amérique espagnole le système de l’encomienda est mis en place cad que
le roi confie à un colon espagnol les terres et les indiens qui y vivent. En échange il doit
les contrôler, assurer leur soumission et mettre en valeur les terres.
La conquête très brutale provoque la mort des anciennes civilisations amérindiennes et
l’afflux de colons attirés par l’appât du gain. Les Amérindiens, convertis de force au
christianisme, réduits au travail forcé dans les plantations et les mines d’or et d’argent,
meurent par millions, victimes de mauvais traitement et de maladies apportées par les
Européens. A la fin du siècle, la main-d’œuvre est devenue insuffisante et les Européens
font venir les premiers esclaves d’Afrique.
Les villes sont réorganisées pour affirmer la nature du nouveau pouvoir : le centre de
Mexico voit ainsi s’élever une cathédrale et le palais du représentant du roi : ils
remplacent le Grand Temple et le palais de l’empereur aztèque.
Surtout la découverte des Indiens d’Amérique entraîne la découverte de l’Altérité =>
comment expliquer que ces hommes ne soient pas chrétiens ? Sont-ils des hommes ? Un
grand débat naît alors dans l’Europe chrétienne sur la nature humaine des Indiens
d’Amérique, c’est la controverse de Valladolid
 controverse de valladolid : que faire des indiens ?