LA MAGNETO-OPTIQUE
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LA MAGNETO-OPTIQUE
MESURES MAGNETO-OPTIQUE L'ensemble des phénomènes résultant de l'interaction d'une onde électromagnétique avec la matière en présence d'un champ magnétique constitue la magnéto-optique. Faraday fut le premier à observer que lors de la transmission dans un matériau transparent d'une lumière polarisée linéairement et d'incidence normale, le plan de polarisation de cette lumière tournait d'un certain angle en présence d'un champ magnétique parallèle à la direction de propagation (effet Faraday, 1946). Kerr découvrit quelques années plus tard (1977) que la polarisation de la lumière pouvait également être modifiée lors de la réflexion sur un matériau magnétique. Il existe en fait différents effets magnéto-optiques qui dépendent de l'orientation du champ magnétique par rapport au vecteur de propagation de la lumière, de la polarisation de la lumière ainsi que de la méthode de mesure employée, à savoir, par transmission ou par réflexion. On distingue les effets magnéto-optiques du premier ordre, proportionnels à des termes impairs du champ magnétique, et ceux du second ordre, proportionnels à des termes pairs du champ magnétique. 1) Les géométries de l'effet Kerr L'interaction magnéto-optique qui résulte de la réflexion d'une onde électromagnétique polarisée linéairement sur un matériau aimanté constitue l'effet Kerr magnéto-optique (en anglais MOKE, Magneto Optical Kerr Effect). On distingue 3 types d'effet Kerr suivant l'orientation de l'aimantation par rapport au plan d'incidence et au plan de réflexion (figure l). - l'effet Kerr polaire: l'aimantation est perpendiculaire à l'échantillon et dans le plan d'incidence. - l'effet Kerr longitudinal: l'aimantation est dans le plan de l'échantillon et dans le plan incidence. - l'effet Kerr transverse: l'aimantation est dans le plan de l'échantillon et perpendiculaire au plan d'incidence. Dans le cas des configurations polaire et longitudinale, l'onde électromagnétique polarisée linéairement se transforme en une onde elliptique après réflexion sur le milieu aimanté. On décrit cette onde réfléchie elliptique par la rotation complexe Φ K = θ K + i ε K où θ K est l'angle de rotation de l'axe principal de l'ellipse par rapport à la direction initiale de polarisation et ε K est l'angle d'ellipticité de cette ellipse (figure 2). L'effet Kerr transverse entraîne non pas une modification de la polarisation de l'onde incidente, mais un changement de sa réflectivité. Configuration Configuration Configuration POLAIRE LONGITUDINALE TRANSVERSE Figure 1: Les différentes configurations (polaire, longitudinale et transverse) de l'effet Kerr. Milieu aimanté Onde incidente Onde réfléchie elliptique Figure 2: Transformation d'une onde linéaire en une onde elliptique après réflexion sur un milieu aimanté. 2) Chaîne optique du montage expérimental Le montage optique est représenté sur la figure 3. Il est constitué, dans le sens de propagation du faisceau lumineux, d'une source lumineuse S, d'un polariseur P, de l'échantillon E, d'un modulateur photoélastique M, d'un analyseur A et d'un détecteur de lumière D: La source lumineuse S: Différentes sources de lumière sont utilisées : laser Hélium-Néon (λ = 633 nm), diode laser de différentes longueurs d’onde (400, 670, 800 nm), lasers pulsés. La puissance est typiquement de quelques mW. Le diamètre du faisceau est d'environ 1 mm. On peut aussi utiliser une lentille afin de focaliser davantage le faisceau. Le polariseur P: Afin d'obtenir une meilleure linéarité du faisceau laser, on place un polariseur à la sortie du laser. Ce polariseur est un prisme de Nicol et a un rapport d'extinction 10-5 pour 633 nm. Il fait un angle de 90° (polarisation s) ou 0° (polarisation p) par rapport au plan d'incidence. L'échantillon E: Il est soumis à un champ magnétique extérieur H appliqué dans le plan d'incidence et faisant un angle α avec le plan de l'échantillon. L’échantillon peut être installé dans un cryostat permettant des mesures de 80K à 300K. Le modulateur photoélastique M: Il permet de moduler à fréquence fixe (f = 50 kHz) la polarisation d'une lumière monochromatique. C'est un barreau de silice qui est soumis à une pression alternative de fréquence f au moyen d'un transducteur piézo-électrique excité à la fréquence de résonance f du barreau. Cette pression modulée entraîne une biréfringence linéaire modulée ϕ définie par : La différence de phase (ϕo entre les axes rapide et lent d'indices respectifs nX et ny dépend de l'amplitude de la pression exercée sur le barreau, Les axes rapide et lent orthogonaux du modulateur coïncident avec les axes Ox et Oy, respectivement. L'analyseur A: Il est identique au polariseur P et fait un angle de 45° avec celui-ci. Le détecteur de lumière: C'est une photodiode de surface active 25 mm2.à pré-ampli intégré et de bande passante ~200kHz. Figure 3: Schéma du montage optique. 3) Différents générateurs de champ magnétique Nous disposons de 3 générateurs de champ magnétique : Electroaimant à 2T : Cet électroaimant alimenté par une alimentation bipolaire 160A/40V et équipé d'un circuit de refroidissement à l'eau permet d'obtenir des champs magnétiques compris entre -2 et +2 T. Les pièces polaires de l'électroaimant sont percées afin de réaliser des mesures dans les configurations Kerr polaire et Faraday. Il est possible de faire pivoter l'électroaimant afin de réaliser des mesures d'anisotropie nécessitant un champ incliné par rapport au plan de l'échantillon. Le faible écart entre les pièces polaires ne permettant des mesures en géométrie longitudinale que pour des angles d'incidence inférieurs à 20° qui donnent un faible signal Kerr, il s'est avéré nécessaire d'utiliser un second électroaimant pour les mesures en configuration longitudinale. Electroaimant à 3 kOe : Cet électroaimant également alimenté par l'alimentation bipolaire 160 A/40V fournit un champ magnétique d'amplitude maximale 3 kOe. Son entrefer permet la mesure Kerr en géométrie longitudinale pour des angles d'incidence allant jusqu'à environ 50°. Bobines de Helmholtz: Ces bobines permettent de réaliser des mesures de susceptibilité en champ alternatif dans la configuration polaire et longitudinale pour des amplitudes inférieures à 30 Oe. Pour les 2 électroaimants, l'amplitude du champ est mesurée par une sonde de Hall placée sur l'une des pièces polaires après avoir établi la correspondance entre le champ au niveau de cette pièce polaire et celui au niveau de l'échantillon situé au centre de l'entrefer. Le champ magnétique créé par les bobines est évalué à partir de l'intensité du courant passant dans les bobines. Il est à noter que pour les différents générateurs de champ magnétique décrits cidessus, le champ magnétique peut être considéré comme homogène sur la partie de l'échantillon sondée par le faisceau laser de section inférieure à 1 mm2. Un cryo-aimant est en cours d’installation, il permettra d’étendre la gamme de mesure de 4K à 300K et +/-7 Tesla. (extraits de la thèse de Guillaume Garreau) 4) Quelques exemples d’application (a) Rotation Kerr en rémanence et (b) susceptibilité magnétique en fonction de la température pour un film de 3.4 monocouches de Fe déposées sur GaAs(001)-(2x6). En insert, cycles d’hystérésis suivant l’axe facile H//[110]. Ces expériences permettent de déterminer la température de Curie et le comportement critique. F. Bensch et al. J. Appl. Phys. 89, 7133 (2001). Image TEM et cycles d’hysteresis (effet Kerr polaire) pour des alliages CoPt d’épaisseur nominale 8.5nm (en haut) et 3.5nm (en bas) déposés sur SiO2. Transition ferrosuperparamagnétique en fonction de l’épaisseur déposée (Coll. NCSR « Demokritos » Athenes). L. Castaldi et al. J. Mag. Mag. Mater. 286 (2005) 37. Cycle d’hystérésis mesuré par effet Kerr polaire pour un film d’alliage CoPt3 (215Å) et réseaux de plots de diamètre variables réalisés à partir du même film. La nanostructuration amène une augmentation du champ coercitif. Thèse J. Vénuat (2006)