Visites de nos collègues japonais - Groupe de Chimie Organique du

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Visites de nos collègues japonais - Groupe de Chimie Organique du
(lettre d’information de l’association franco‐japonaise de chimie fine et thérapeutique*)
Lettre n° 5
Octobre‐novembre 2012
A noter dans votre agenda : Le prochain symposium du FJS aura lieu à Nagasaki du 12 au 15
Mai 2013. La 1ère circulaire est prête et sera envoyée sous peu….
Avec modération :
En France en automne, la tristesse de voir les jours raccourcir et la fraicheur s’installer est
compensée par d’autres plaisirs que ceux de la météo. On entend parler vendanges, foires
aux vins, il fait moins frais dans la cave mais plus doux…
Au Japon, l’activité autour du saké est moins saisonnière. La fabrication du saké est une
opération longue, faite selon des règles précises (http://www.tourisme‐japon.fr/Recits‐de‐
voyage/Aux‐origines‐du‐sake). On déguste le saké tiède ou frais selon les qualités de saké.
On l’appréciera avec une collation : quelques sushis ou sashimis…
Mais restons sobres pour ce numéro 5 de « la lettre du FJS » et pour découvrir les
expériences de deux jeunes chercheurs de retour d’un stage au Japon.
*Association loi 1901. Bureau : J. Royer, Y. Landais, J. Maddaluno, L. Micouin, A. Marinetti.
Site : http://fjs.crihan.fr/FJS/Bienvenue.html
courriel : [email protected]
Visites de nos collègues japonais
octobre 2012:
Le Professeur Jun‐ichi Yoshida (Graduate School of Engineering, Kyoto University)
donnera une conférence à l’IRCOF de Rouen
le lundi 8 octobre 2012 à 10h30, amphithéâtre Poirier
titre non parvenu
décembre 2012
pour nourrir les informations sur les relations franco‐japonaises, l'annuel workshop
"Frontiers" entre université de Rennes 1 (+ quelques invités de Nantes et Ecole des Mines
d'Albi) avec plusieurs composantes de l'université du Tohoku se tiendra début décembre à
Rennes. Plus d'informations sur le site web donné ci‐dessous =
http://www.ipr.univ‐rennes1.fr/congres/frontier2012/
Retour d’expérience
La lettre du FJS a rencontré deux jeunes chercheurs de retour d’un stage dans un laboratoire au
Japon. Ils ont commenté leur expérience en répondant à quelques questions.
Farouk Berhal, 30 ans, ATER à
l’Université Paris Descartes a
effectué un stage postdoctoral
de 15 mois (Avril 2009 – Juillet
2010) dans le groupe du Pr.
Shibasaki à l’Université des
Sciences Pharmaceutiques de
Tokyo (Graduate School of
Pharmaceutical Sciences, Todai
University)
Paul Ducos, 23
ans, actuellement
en 1ère année de
thèse à Bordeaux a
effectué un stage
de 5 mois dans le
cadre de son M2
(fev‐juin 2012) à
l’Université d’Osaka
Préfecture
(laboratoire du Pr.
Ilhyong RYU)
FJS : Qu’est‐ce qui vous a incité à effectuer un stage au Japon ?
Paul : Ce qui m’a attiré, c’est le fait de partir loin de
Farouk :
J’ai
souhaité
acquérir
ses repères habituels vers quelque chose d’inconnu et
l’expérience d’un grand groupe de
donc devoir s’adapter à ce nouvel environnement.
recherche
international
et
me
De plus, le Japon et sa culture m’ont toujours plu et
démarquer de la majorité de mes
c’était alors une bonne occasion pour la découvrir en
collègues postdoc, d’où l’envie d’aller au
vivant sur place pendant quelques mois.
Japon. De plus j’ai toujours était fasciné
par la culture japonaise.
FJS : Avez‐vous bénéficié d’une bourse de la JSPS ? Dans l’affirmative, comment avez‐vous eu
connaissance de ces bourses et est‐il difficile de préparer le dossier ?
Paul : Je n’ai pas bénéficié d’une
Farouk : J’ai effectivement bénéficié d’une bourse JSPS.
bourse de la JSPS, en revanche j’ai
J’ai eu connaissance de ce financement lors d’une journée
profité d’une bourse d’aide à la
d’information organisée par le bureau français de la JSPS
mobilité de la part de la région
et également par mon directeur de thèse. Le dossier en
Aquitaine (bourse Aquimob) et
lui‐même n’est pas très difficile à préparer la partie
j’ai aussi était payé par
délicate étant le projet de recherche envisagé. La première
l’université Japonaise durant mon
chose est de contacter un laboratoire japonais pour
séjour. Avec ces deux aides, cela
préparer ensemble le dossier et se mettre d’accord sur le
m’a largement suffi à couvrir le
projet de recherche en fonction des thématiques de
transport et la vie sur place.
l’équipe d’accueil. Il arrive souvent que ce soit au candidat
de faire une première ébauche du projet de recherche.
FJS : Que pouvez‐vous dire des conditions matérielles du séjour ?
Farouk : J’ai eu la chance de faire mon stage postdoctoral dans
un laboratoire japonais réputé avec des conditions de travail
idéales. De plus, Il est vrai que de disposer d’une bourse JSPS
offre des avantages considérables : prise en charge du billet
d’avion aller‐retour, prise en charge de l’assurance maladie,
salaire très avantageux avec prime d’installation. Le point le
plus délicat reste tout de même la recherche d’un logement.
J’ai eu la chance d’être au sein d’une équipe qui avait
l’habitude de recevoir des postdoc étrangers JSPS. Dès mon
arrivée l’appartement m’était déjà réservé par la secrétaire du
laboratoire. Il faut savoir qu’il est très difficile (mais pas
impossible !) au Japon pour un étranger de trouver une
location de logement par ses propres moyens, d’autant plus
lorsque l’on ne parle pas la langue.
Paul : Lors de mon séjour, j’ai
été logé par le laboratoire dans
un appartement très typique
tout proche de l’université. Je
n’ai manqué de rien, tout le
nécessaire pour l’immobilier
était déjà prévu.
Ensuite pour les repas, il est
courant
de
manger
au
restaurant midi et soir, le coût
des repas est quand même plus
bas qu’en France et il y a une
grande diversité de cuisine.
FJS : Quelles ont été vos premières impressions en arrivant au Japon ?
Paul : Si l’on ne parle pas japonais
Farouk : Je dirais simplement émerveillement et
(ce qui était mon cas) on se sent
dépaysement. L’architecture des temples et les jardins
vraiment déboussolé au début du
m’ont beaucoup marqués ainsi que le mélange entre
fait de la langue et de ne pas
modernité et tradition. On est également agréablement
pouvoir lire ce qui nous entoure
surpris par la population et leurs coutumes, les gens
mais on s’y habitue rapidement et
sont très accueillants et d’une grande gentillesse.
les gens n’hésiteront pas à vous
Malgré une différence de culture l’adaptation se fait
aider.
naturellement et rapidement.
FJS : Encourageriez‐vous un autre étudiant à partir pour une expérience similaire ?
Paul : Bien sûr, pour ma part j’en retire une
Farouk : J’encourage les étudiants à vivre
expérience exceptionnelle. J’ai beaucoup
cette expérience qui a été pour moi vraiment
appris sur le plan professionnel, mais aussi et
bénéfique aussi bien humainement que
surtout sur le plan personnel. Les étrangers
professionnellement. Cependant il faut tout
sont très bien accueillis et tout est fait pour
de même noter qu’il ne s’agit pas de
que l’on se sente bien. De plus, il existe des
vacances. En effet travailler dans un
regroupements au sein des universités dans
laboratoire
Japonais
nécessite
un
lesquels les étrangers peuvent se retrouver, ce
investissement personnel important, les
qui permet aux plus expérimentés d’aider les
horaires de travail sont différents des horaires
nouveaux dans la réalisation des tâches
français ...
administratives entre autres.
FJS : Quels sont pour vous les points positifs et les points négatifs du séjour ? (Si vous aviez à dégager
3 points positifs majeurs de votre voyage, quels seraient‐ils ?)
Paul : Je n’ai pas de points négatifs relatifs
Farouk : Les points positifs seraient : l’expérience
à mon séjour. Je n’ai pas rencontré de
acquise dans un laboratoire de renommé
problèmes que ce soit d’ordre financier
internationale, la découverte d’une nouvelle
ou autres.
culture, apprendre à s’adapter et s’intégrer dans un
Les points positifs sont les gens et leur
mode de vie différent.
convivialité, l’expérience professionnelle
Les points négatifs seraient : l’éloignement, les
que l’on acquiert et l’enrichissement
horaires de travail et enfin la difficulté de
personnel apporté par ce séjour.
communication lorsque l’on ne parle pas le japonais.
FJS : Quelles différences importantes voyez‐vous entre les étudiants japonais et leurs collègues
Français ?
Paul : Tout d’abord l’expérience du travail de
Farouk : La culture étant différente, il va
laboratoire, les étudiants japonais commencent à
de soi que le mode de vie des Japonais et
travailler réellement au sein du laboratoire assez
des Français est différent, particulièrement
tôt (depuis la 3éme année de Licence). Cela leur
dans le travail. Les étudiants japonais sont,
permet de mettre en application de façon
en général, très impliqués dans leur projet
vraiment concrète ce qu’ils voient pendant leur
de recherche et ils ne comptent par leurs
cours et d’acquérir petit à petit les gestes et les
heures même s’ils ne sont pas pour autant
méthodes de travail de vrais chimistes.
plus efficaces que les français. Ils sont de
Ensuite, les étudiants japonais m’ont semblé
plus très à cheval sur la hiérarchie et ne
beaucoup plus impliqués et consciencieux dans
vont jamais discuter ou ignorer les ordres.
leur travail universitaire et de laboratoire.
FJS : Quelles différences importantes voyez‐vous entre la vie du laboratoire en France et au Japon
(moyens, conditions de travail, quantité de travail, encadrement, implication, perspectives….)
Paul : Dans le laboratoire où j’ai
Farouk : Les moyens sont bien meilleurs au Japon qu’en
travaillé, il y avait beaucoup de
France, par exemple : double rampe vide/argon pour
matériel à disposition, aussi bien
chaque étudiant, boite à gants, plusieurs chaines HPLC
pour l’analyse (RMN, HPLC, GC,
avec toutes les colonnes chirales les plus performantes,
GC/MS) que pour le travail de
RMN et spectrométrie de Masse en routine, diffraction
paillasse au quotidien.
Rayon‐X disponible … Le volume horaire est bien plus
Pour ce qui est du volume horaire,
important au Japon qu’en France. Chaque laboratoire à
les horaires types sont de 9h à 21‐
son propre fonctionnement, dans mon laboratoire les
23h du lundi au samedi dans le
étudiants travaillaient du lundi au samedi de 9h à minuit,
laboratoire où j’étais avec une
pour ma part je partais plus tôt, vers 22h. L’encadrement
ambiance générale très calme.
est également très différent, j’ai été surpris de voir
Au laboratoire, les étudiants les
qu’aussi bien pour un étudiant de Master que pour un
plus jeunes (Licence 3 et 4)
postdoc l’encadrement est quasiment nul. Chaque
s’adressent directement à leur
personne gère son projet personnellement, même si les
"senpai" (M2 et doctorants) pour
discussions entre étudiants ou avec les chefs sont
ce qui est de l’organisation de leur
possibles. L’implication est différente, en effet la
travail et les former à la paillasse au
sélection pré‐ ou postdoctorale est au moins aussi
quotidien. Ils peuvent ensuite
difficile qu’en France et le nombre et la qualité des
s’adresser au Professeur ou
publications sont donc primordiaux. Enfin les doctorants
Assistant‐Professeur pour discuter
japonais trouvent plus facilement un emploi après la
des résultats ou de problèmes plus
thèse (même sans stage postdoctoral) que les étudiants
spécifiques.
français.
FJS : Avez‐vous été handicapé par les aspects linguistiques au quotidien (niveau d’Anglais,
signalisation en Japonais,….)
Paul : Au tout début, cela a était un
Farouk : J’ai réalisé mon stage postdoctoral à Tokyo, la
peu difficile car le niveau d’anglais des
signalisation est indiquée en japonais et en anglais sur
étudiants japonais est en moyenne je
les routes et dans le métro. Dans la vie de tous les jours
pense inférieur à celui des français
les japonais ne parlent pas beaucoup anglais. Souvent,
mais très rapidement on s’habitue et
même s’ils le comprennent ils répondent en japonais et
les gens font des efforts pour se faire
donc la discussion est très difficile. Il est clair que la
comprendre. Pour ma part, durant le
partie la plus délicate du séjour a été la
stage j’ai pris des cours de japonais et
communication. Dans les laboratoires la majorité parle
j’ai pu rapidement réussir à
et comprend l’anglais mais dans la ville ce n’est plus le
communiquer en Japonais.
cas. Je pense que pour une intégration plus rapide et
Ensuite pour se déplacer, les directions
plus facile il est préférable de prendre quelques cours
ou les stations de métro sont souvent
de japonais avant le grand départ, au moins pour
écrits avec notre alphabet en plus des
apprendre les rudiments.
caractères japonais.
FJS : Avez‐vous eu le temps de visiter le japon et si oui, quelles ont été les moments et les endroits les
plus marquants ?
Farouk : Malgré la charge et le
temps de travail important j’ai pu
visiter quelques villes. Tokyo bien
sûr où j’y ai passé 15 mois, Nikko
Paul : J’ai pu visiter la zone autour d’Osaka (le Kansai) dans
laquelle se situent beaucoup de villes magnifiques comme
Kyoto, Nara et Kobe. Les temples et jardins sont des
endroits où l’on peut bénéficier d’un calme et d’une
petite ville au nord de Tokyo
connu pour ses temples en pleine
forêt et ses chutes d’eau, Kyoto et
ses nombreux temples et jardins et
la région de Nagano, les alpes
japonaises. Le moment le plus
marquant restera sans aucun
doute l’escalade du Mont Fuji qui
ne peut se faire que pendant les
mois de Juillet et Août. Ce fut une
expérience
difficile
mais
inoubliable !
FJS : Un grand merci à tous les deux
sérénité sans égal.
Tout mon séjour m’a énormément marqué, ce que j’ai
apprécié a été l’accueil, la gentillesse et la serviabilité des
japonais. Je ne compte plus le nombre de fois où
demandant mon chemin à quelqu’un, cette personne n’a
pas hésité à m’accompagner elle‐même en s’éloignant alors
de sa propre route.
Finalement, la chose qui m’a le plus marqué est le respect
que les Japonais ont envers les autres et envers leur
environnement. On ne peut pas compter le nombre de
saluts et de remerciements lorsque l’on achète quelque
chose au magasin ou que l’on va au restaurant.