Contact : Valérie Antonijevich / Aude Eychenne / 01 40

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Contact : Valérie Antonijevich / Aude Eychenne / 01 40 05 15 60 / [email protected]
L’histoire de l’oie
Texte : Michel Marc Bouchard
Mise en scène : Valérie Antonijevich
Scénographie / Création lumières : James Brandily
Création musicale :
Création marionette :
Avec : James Brandily, Laurène Curé, Margherita Piantini
Le texte de la pièce est publié aux éditions Théâtrales, collection
Théâtrales Jeunesse (2001).
Résumé
Dressé à la strap, Maurice-Enfant ne connaît que les lois d’un pouvoir
abusif et son monde intérieur se construit au rythme des coups dont il est
victime et du travail qu’il est contraint d’abattre chaque jour. Alors, il se
consume entre colère et soumission.
Une oie qu’il a apprivoisée et baptisée Teeka est sa seule amie.
Lors de timides et fugaces instants, la tendresse, l’insouciance, la douceur bravent la violence et l’enfance pointe fugitivement sa tête
blonde; mais les rires sont vite étouffés et les jeux à peine esquissés. Alors
le jour où, pour la première fois, les parents s’absentent et le laissent seul,
l’enfant redevient enfant.
L’oie Teeka mourra parce que Maurice, deux heures durant, aura bravé
l’interdiction d’être un enfant.
Extrait 1
Histoire de l’oie de Michel Marc Bouchard © éditions Théâtrales coll. Théâtrales Jeunesse, 2001.
Maurice [adulte].- Il y a des histoires que l’on nous raconte seulement lorqu’on est tout jeune, il y en a que l’on nous raconte adulte. La plupart
des histoires que l’on nous raconte adulte devraient nous être racontées
lorsqu’on est enfant. Voici le genre d’histoire qu’on aurait dû me raconter
alors que j’étais tout jeune. C’était la fin d’une jourée très chaude.
(Maurice [enfant] apparaît portant deux seaux, l’un est vide et l’autre
contient du crottin d’oie. Il remplit d’eau le seau vide. L’envie d’uriner le
fait se trémousser. On entend soudain un grondement sourd au loin)
Au loin, un orage se dessinait. Il s’étendait sur les trois quarts de
l’horizon.
(Maurice [enfant] laisse ses travaux et grimpe sur le toit de la maison)
Maurice s’assied au centre de l’univers.
Maurice [enfant].- (sombre et menaçant) Je veux que le vent t’amène
jusqu’ici.
Maurice [adulte].- Cette voix, c’était celle qu’il avait lorsqu’il faisait
brûler des fourmis dans des voites de carton, celle qu’il avait lorsqu’il arrachait les ailes des papillons.
Maurice [enfant].- Je veux que tu t’approches !
Maurice [adulte].- Menaçant, le ciel s’assombrit.
Maurice [enfant].- Je veux que tu viennes jusqu’ici.
Maurice [adulte].- Le vent forma de petites tornades d’herbes séchées.
Maurice [enfant].- Fais-moi peur !
Maurice [adulte].- Les feuilles des arbres eurent un léger tremblement.
Maurice [enfant].- C’est ça. Fais-moi peur !
Maurice [adulte].- Rouillées par le temps, les chaînes des balaçoires se
mirent à se lamenter. Les portes de la grange se frappèrent l’une contre
l’autre comme si quelqu’un ou quelque chose voulait s’en échapper.
Maurice [enfant].- (élevant les bras vers le ciel)
Viens !
Maurice [adulte].- Le ciel et la terre avaient la même densité. Inquiétés par
l’orage qui allait s’abattre, marmottes, crapauds, moineaux se turent. Le
vent cessa. La nature entière fit silence.
Maurice [enfant].- (doucement) Bulamutumumo !
Maurice [adulte].- Les premiers grondements se firent entendre à l’appel
de Maurice.
Maurice [enfant].- Bulamutumumo !
Maurice [adulte].- Il appelait le grand dieu de la jungle, celui à qui même
Tarzan ne se serait pas imposé.
Maurice [enfant].- Bulamutumo, je veux que tu frappes notre maison.
Maurice [adulte].- S’approchant, la voix lourde lui répondit à nouveau.
Grondements
Maurice [enfant].- Je veux qu’elle explose en mille morceaux !
Maurice [adulte].- Au loin, le bruit de la pluie se mariait à l’assourdissant
cortège du tonnerre.
Maurice [enfant].- Bulamutumumo ! Tout de suite ! Frappe-la, tout de suite
! Obéis-moi ! Un, deux, trois... (tonnerre) Un, deux, trois, quatre... (tonnerre)
Sur ma maison !
Maurice [adulte].- Le vent se mit à souffler avec une rage extraordinaire.
Les balaçoires valsaient de plus en plus fort. L’odeur de la terre mouillée
s’amplifait.
Maurice [enfant].- Détruis-la !...
NOTE d’INTENTION : Histoire de lois
Le conte de Michel Marc Bouchard révèle
un système, ici parental, où l’état de droit
glisse vers l’état de nature soumettant le
plus faible, ici l’enfant, à la loi du plus fort.
Le monde dans lequel Maurice-enfant
grandit échappe aux lois censées se porter
garantes de ses droits fondamentaux.
Le narrateur de « L’histoire de l’oie » a trouvé une voie(x). Le théâtre procure à Maurice-adulte les moyens de détourner une
réalité indicible, brutale, inhumaine.
Avec la fulgurance, l’insolence, l’insubordination d’une âme à vif ; il s’empare du récit de son histoire qu’il modifie, remodèle,
restructure ; et si la fable de « L’histoire de
Maurice est impuissant du fait même de sa l’oie » n’offre aucune issue à l’enfant, sa recondition d’enfant ; à travers lui surgissent présentation théâtrale par le personnage
tous ceux qui ne peuvent élever la voix ou devenu adulte constitue non seulement
dont la voix ne compte pas et qui dérivent une issue à la souffrance mais un retour à
au milieu d’un déchaînement de forces qui une humanité partagée.
les abat un peu plus chaque jour.
Le théâtre fait retentir les échos du monde.
Le spectre du silence s’éloigne.
La déshumanisation par l’exclusion, la Les places assignées de victime ou de
répression, la brutalité physique, morale, bourreau se vident.
politique et les états de détresse qui en Maurice-adulte a repris sa place dans l’hurésultent sont relativement passés sous si- manité.
lence et sont finalement plus ou moins
tolérés dans le monde que nous parta- Michel Marc Bouchard, au début de l’hisgeons aujourd’hui.
toire, donne toute sa confiance aux enfants pour se saisir de cette histoire et interroger un monde qu’ils vont contribuer
Que dire ? Comment dire ?
à changer ou à perpétuer, je le rejoins.
Crier ? Manifester ? Confesser ?
Murmurer ? Se taire ? Se terrer ?
On dit il faut dire. A qui ?
A qui dire ce qui ne peut se dire et
qui ne veut pas être entendu. Alors
s’adosser au mur du silence ?
Valérie Antonijevich
Le théâtre fait
retentir les échos du
monde.
NOTE DE MISE EN SCène
Maurice-adulte, l’enfant indompté
« L’histoire de l’oie » est un conte. Mauriceadulte en est le narrateur et le protagoniste. C’est sa propre histoire qu’il raconte.
Aucune plainte, aucune complaisance
chez Maurice-adulte. Aucun esprit de vengeance. Mais une fureur. Une fureur de
vivre.
Maurice-adulte est
le peintre de son
monde intérieur.
Au début de notre histoire, Maurice-adulte
est installé dans un atelier d’artiste à l’avant
scène jardin qui déborde dans la salle. Il
bricole la maquette du décor comprenant
son propre atelier.
Au centre du plateau, une grande et haute
boite blanche à l’apparence glacée, lisse,
C’est
dans
l’optique
de
poin- hermétique. Son austérité ne tolère pas l’inter une autre voix que celle de souciance tapageuse de l’enfance, c’est
victime ou de bourreau que se dessine la un monde policé et étroit, fermé sur luimise en scène.
même.
La boite est, à l’extérieur, tapissée d’un veAinsi, Maurice-adulte s’empare avec fou- lours blanc capitonné.
gue de la création théâtrale. Metteur en Silence ouaté.
scène, en sons, en mots, en images, en espaces, en jeux... il crée son histoire en ani- C’est une « page blanche », espace vierge
mant les éléments du plateau, comme si de théâtre, dans lequel vient s’inciser une
le théâtre devenait lui-même un objet-ma- histoire.
rionnette.
Maurice-adulte s’en saisit et s’affranchit
Maurice-adulte est le peintre de son
monde intérieur. Il est le contenant de
la fable ; tous les éléments scéniques
sont des parcelles de lui-même.
de la réalité dans une créativité ardente
et avide. Les murs se font, par un système
de projection, espaces de liberté, espaces
d’expression, entaillés, détruits, tagués...
une autre réalité peut advenir.
Tout au long du conte, mots, ratures, croquis, esquisses, éclats de couleurs s’inscriront sur les façades blanches de la boite.
Une autre voix semblant provenir du fond
du théâtre lui répond en écho : « Il y a des
histoires. »
Maurice-adulte peint les stigmates de son
histoire avec de la terre rouge, de la boue
noire, des pigments, de la peinture... pour
un déchainement de vivacité primitive,
pour une nécessité de sensuel, pour une
explosion de joie (s’éclabousser, se salir,
sauter dans les flaques, se rouler dans la
boue...)
Les traces de l’enfant qu’il a été jonchent son atelier.
Ce
sont
des
objets/mobiliers
de
son histoire miniaturisés. En les filmant et les projetant Maurice-adulte
construit le décor de ses souvenirs dans lesquels Maurice-enfant et l’oie Teeka évoluent.
Ce sont aussi des objets/matériaux pour
bruiter les sons, réminiscences altérées de
sensations cauchemardesques ou merveilleuses.
Lorsque le public pénètre dans son théâtreatelier. Un vieux tourne-disque chuchote :
« Il y a des histoires que l’on nous raconte
seulement lorsqu’on est tout jeune, il y en a
d’autres que l’on nous raconte adulte... » Il
bute comme rayé sur la fin de la phrase et
reprend...
Il faut prêter l’oreille. C’est un secret.
L’oie Teeka et
Maurice-enfant sont
dans la boite. La
boite est en
Maurice-adulte.
Qu’y a-t-il derrière la façade des êtres ?
C’est une nounou épanouie auprès de
L’oie Teeka et Maurice-enfant L’oie est la parole de Maurice-adulte
La
comédienne-manipulatrice
cherche
laquelle on a envie de se faire dorloter. Sa
sont dans la boite. La boite est en
une parole libérée, sans entrave, nuancée corporalité prend plus de place que celle
Maurice-adulte.
Par un système de (faux) cordages,
Maurice-adulte entrouvre la boite.
La boite devient un castelet que Mauriceadulte manipule.
A travers la fente du mur, on aperçoit un
comédien (Maurice-enfant) qui guette.
qui accède avec délectation aux subtilités
du langage et à l’expression des émotions.
Cette parole est libératrice. Sa virtuosité
contraste avec le côté taciturne de Maurice-enfant. Une femme pour la voix de
Teeka. Une voix chantante et enjouée,
douce et câline.
de Maurice-enfant. Elle est dotée d’un
grand cou pour s’intéresser à tout.
Maurice-enfant est l’enfant dressé
Maurice-enfant est coincé dans le temps
de l’histoire.
Le corps malingre et mal assuré, les gestes
Maurice-adulte, Maurice-enfant et L’oie-marionnette Teeka : lien réel/imagi- gauches et traqués, Maurice-enfant évolue dans un espace restreint, peu épanoui.
l’oie Teeka ne font qu’un.
naire avec le passé
Sa voix s’est déjà ternie, éteinte. Sa docilité
Comme un jeu de poupées russes, En relais entre la représentation et la fable,
est troublante.
Maurice-adulte « contient » les deux autres la marionnette joue sur deux axes, l’un
Souvent, Maurice-enfant semble dispapersonnages à qui il va donner la parole.
narratif en lien avec le public et l’autre cor- raître, son costume l’efface, il a tendance
porel en lien avec Maurice-enfant.
à se recroqueviller dedans comme dans
La marionnette, l’oie Teeka est Au centre de l’histoire, elle ne se déplace une carapace.
pas ou très peu ; le décor bouge autour
l’enfant humanisé.
d’elle.
L’oie est le double de Maurice-enfant
Les vêtements sont trop grands pour lui.
Affranchie de la menace d’une répression
permanente et imprévisible, elle est l’enfant « ordinaire » : joueuse, curieuse, joviale,
gourmande, boudeuse, impressionnable,
candide, parfois cruelle... Sa spontanéité
qui contraste avec la retenue craintive
de Maurice-enfant lui permet d’énoncer
l’indicible, l’inavouable. C’est pourquoi
Maurice-adulte lui confie la narration de
ses souvenirs, défendant ainsi l’enfant qu’il
aurait du être.
C’est une marionnette portée pour éviter
la dissimulation de la manipulation.
L’oie, par sa symbolique, est fidèle,
vigilante, sure et surtout maternelle
Sa forme et sa densité sont primordiales :
d’un aspect doux, généreux, confortable,
elle est grosse et légère, comme les femmes
de Botero, à la démarche maladroite et
touchante.
Sans doute achetés une taille au-dessus
pour durer plus longtemps.
Il est intéressant d’éprouver à quel point
on peut « oublier » Maurice – comme ces
enfants qui se mettent tellement en retrait
qu’ils finissent par disparaître - ; de chercher le corpus de Maurice-enfant qui ne le
rende pas d’emblée sympathique ou attachant afin de créer un rapport complexe
et contradictoire pour le spectateur, rejetant ainsi l’identification facile à la victime.
Qu’y a-t-il derrière les murs des maisons ?
Maurice-adulte ouvre la boite comme on Les proportions sont également inversées
ouvre un livre.
entre l’univers de Maurice-adulte et celui
Elle devient la maison de son enfance.
de Maurice-enfant.
La disproportion - Exagération de la Réalité et imaginaire sont ainsi constamsubjectivité, mise en évidence de ment confondus et entremêlés.D’ailleurs,
les murs sont mobiles et créent des espaces
détails
L’univers scénique de « L’histoire de l’oie »
crée un climat d’anxiété sans pour autant
le manifester ouvertement. La brutalité et
la violence y sont insidieuses. Les éléments
scéniques – du jeu au décor en passant
par le son ou encore le mouvement des
corps – sont traités en décalage de valeurs, de couleurs, de matières, de tailles et
de proportions pour en modifier l’intensité:
ce qui est négligeable pour l’adulte parait insurmontable, effrayant à l’enfant (un
détail peut prendre des proportions gigantesques).
oppressants : fentes, couloirs, labyrinthes...
ils rendent le monde de Maurice-enfant
instable.
Trois couleurs
L’espace est blanc. La lumière y jette des
reflets d’or, univers de beauté, de pureté,
de douceur et d’innocence. La lumière le
rend aussi livide, aveuglant, agressant et
le réduit au néant. Maurice-adulte éclaire
des pans de sa mémoire : les ombres sont
marquées et les angles accentués.
« Le blanc, sur notre âme, agit comme le
A l’intérieur de la boite, quelques éléments silence absolu... Ce silence n’est pas mort,
du mobilier de la maison sont déformés il regorge de possibilités vivantes... c’est un
selon les peurs de Maurice-enfant ou selon rien plein de joie juvénile ou, pour mieux
dire un rien avant toute naissance, avant
la valeur dont les parents les ont investis.
tout commencement. » Kandinsky
Pour rester dans l’univers du conte,
l’espace de la boite est distordu selon des Dans ce grand blanc, un rouge teinté de la
noirceur de la violence, de la colère et du
perspectives tronquées.
Les protagonistes évoluent dans un monde sang glissera vers les pentes agitées d’un
dont la réalité a été faussée par la subjec- rouge théâtral, chaud, bouillonnant de vie
et d’énergie...
tivité de Maurice-adulte.
Réalité et imaginaire
sont constamment
confondus
et entremêlés.
L’Histoire de l’oie
Depuis sa création en 1991, l’histoire de
Maurice, l’enfant mal-aimé, et de son oie
a fait le tour du monde, jouée en quatre
langues dans quatre-vingt-dix-sept villes de
quinze pays.
Cette fable sur la violence héréditaire et
l’humiliation, tour à tour mélancolique,
drôle et terrible, s’impose aujourd’hui
comme un grand classique du théâtre
jeune public.
La pièce a reçu le prix de la meilleure
œuvre de fiction au Gala du livre de Saguenay-Lac Saint-Jean, le prix du meilleur
texte créé à la scène par l’Association québécoise des critiques de théâtre en 1992.
Elle a également été nominée aux prix littéraires du Gouverneur général du Canada
en 1992.
Michel Marc Bouchard est un acteur et Boursier du Conseil des Arts du Canada, du
dramaturge canadien né en 1958 à SaintCœur-de-Marie (Alma), au Québec.
Bachelier en théâtre à l'Université d'Ottawa, il débute l'écriture dramatique en
1983. Son répertoire compte actuellement
plus de 25 pièces parmi lequel on retrouve:
Les Muses orphelines,
Les Papillons de nuit,
L’histoire de l’oie,
La poupée de Pélopia,
Les Grandes chaleurs,
Soirée bénéfice pour ceux qui ne seront
pas là en l’an 2000,
Le désir,
Les Feluettes,
Des Yeux de verre.
La pièce Les Feluettes lui permet d’etre reconnu comme l'un des plus important dramaturge québecois de la fin du XXe siècle
- début XXIe siècle. Ces oeuvres sont publiées en France par les éditions Théâtrales.
Ses auteurs de prédilections sont Genet,
Mishima, Tchékov, Tremblay Brecht, Shakespeare, Koltes et Rimbaud.
ministère de la Culture du Québec et de
la Fondation Beaumarchais, il a été finaliste à trois reprises du prix littéraire du Gouverneur général du Canada et de la Soirée des Masques dans la catégorie texte
original. Il a reçu de nombreux prix dont le
Prix du Gouverneur Général pour les arts
de la scène, le Prix de l’Association québécoise des critiques de théâtre, le Prix Floyd
S. Chalmers et le Prix Arte Candoni (Italie)
pour la meilleure pièce en langue étrangère.
Il a été président du conseil d’administration du Centre des Auteurs dramatiques en
1993. Michel-Marc Bouchard a donné une
classe de maître en dramaturgie au Teatro d’Argot à Rome en 2008. Sa pièce Les
Grandes Chaleurs a été adapté pour le cinéma par Sophie Lorain en 2010.
En 2005, Michel Marc Bouchard a été reçu
Officier de l’Ordre du Canada. En septembre 2007, avec Des yeux de verre, il reçoit le prix du public de la Banque Laurentienne pour le meilleur texte 2006-2007.
Biographies
Valérie Antonijevich : Mise en scène
Le parcours de Valérie Antonijevich est égrainé de spectacles qu’elle
construit à partir de textes non théâtraux (Vanves 1914-1918, Je persiste et signe, je m’appelle Jacques Brel,…) Elle est également engagée dans l’écriture contemporaine, elle crée entre autre Aztèques de
Michel Azama, Qui est le véritable inspecteur Hound de Tom Stoppard,
Nuits d’amour éphémère de Paloma Pedrero. Son dernier spectacle
Mon coeur caresse un espoir d’après Déposition de Léon Werth a été
créé au théâtre de l’Epée de Bois à la Cartoucherie de Vincennes en
avril 2010.
Le travail de Valérie Antonijevich est axé sur la symbolique, la suggestion, tout en recherchant le dépouillement le plus pur. Son intention est
de faire un travail sur le corps afin d’aller à l’essentiel, de mettre le jeu
des comédiens le plus à nu possible. Elle cherche à retenir avant tout
l’individu, ce qui le traverse, son rapport au monde, aux autres. C’est un
travail sur les sensations physiques.
Laurène Curé : Comédienne
Laurène Cure découvre le théâtre très jeune au sein de plusieurs compagnies à Grenoble. En 2003, elle intègre l'école Le Cours à Paris où
elle suit une formation de comédienne durant 3 ans où on lui enseigne
l’art dramatique, le cinéma, mais aussi le chant, le clown, le masque, la
danse…
Au théâtre, elle incarne Joe dans Les enfants d'Edward Bond, sous la direction de Vincent Poirier, elle joue dans L'assemblée des femmes d'Aristophane mis en scène par François Kergourlay.
Des rencontres avec de jeunes auteurs vont l'amener à jouer dans plusieurs créations, notamment 7 jours pour d'Amélie Marchandot, au Guichet Montparnasse, Dulces suenos de Marie Kachetel et Par toi j’étais
bien caché (en cours de création) de Charlotte Rey avec qui elle crée
sa propre compagnie.
Au cinéma elle tourne dans des courts métrages et clips, principalement sous la direction de Viktor Miletic
James Brandily : Comédien/ Scénographe
James Brandily a participé a de nombreux projets en tant que scénographe ou assistant scénographe. Dernièrement il a travaillé à la création scénographique de Un nid pour quoi faire et de Un mage en été
d’Olivier Cadiot, mises en scène Ludovic Lagarde. Il a créé la scénographie de Le bouc et Preparadise sorry now mis en scène par Guillaume
Vincent au dernier festival d’Avignon ou à la croisée des chemins, chorégraphié par Pedro Rosa et mis en scène par Oswaldo Rosa avec la
Compagnie Ossolchie.
Il a aussi scénographié le spectacle jeune public (3-5ans) Pass the parcel, mis en scène par Tim Webb. Il a également écrit, créé et confectionné des machines pour les long et court métrages Krucifixion et Bread.
Il a également été assistant scénographe sur de nombreux spectacles
produits par le Gate Theater (Dublin) dont notamment Wozzeck mis en
scène par Sarah Kane, Ubu roi…. Il travaille actuellement sur The second woman, mis en scène par Guillaume Vincent aux Bouffes du Nord.
Margherita Piantini : Comédienne
Comédienne et docteur en histoire de l’Art (thèse sur les marionnettes
du peintre futuriste Depero), elle se forme au sein de l’Institut universitaire de Théâtre de Venise (sa ville natale), puis collabore notamment
avec Dario Fo, Luca Ronconi, Gianni de Luigi, Gabriella Bartolomei, Malou Airaudo, la Compagnia del Carretto. Conjuguant Art Plastique et
Théâtre, elle développe une méthode pédagogique de sensibilisation
à l’Art et au Patrimoine pour la municipalité et les écoles de Venise,
mais aussi de Naples, Barcelone, Paris et avec l’Unesco. Ces réalisations
ont donné lieu à diverses publications.
En 2000 à Paris, elle crée avec Paul Chevillard l’association " Gemmes et
Compagnie" au sein de laquelle elle est metteur en scène, comédienne
et consultante en ingénierie culturelle. Elle s’est également formée à la
marionnette et au clown pour la création de spectacles qu’elle a comis en scène : La Légende de la Fontaine Gaia, Airs de Rien, Gaia - le
spectacle de poche et Bienvenue qu’elle tourne actuellement.
Extrait 2
Histoire de l’oie de Michel Marc Bouchard © éditions Théâtrales coll. Théâtrales Jeunesse, 2001.
Maurice [enfant].- Je vais te raconter une histoire. Une belle !
Le coucou chante huit fois.
Teeka.- Sortir ! Je voulais sortir ! Je glissais sur le plancher lisse et
humide. Je n’étais plus l’oie majestueuse qui volait au secours de
Tarzan. J’étais une proie maladroite qui trébuchait à chaque pas,
se couvrant ainsi de ridicule. Plus je paniquais, plus je me perdais
dans les dédales de la jungle de Maurice. J’essayais de suivre mes
traces mais je tournais en rond.
Maurice [enfant].- (paniqué) Y’avaient dit deux heures ! ça fait
pas deux heures.
Maurice [enfant].- Viens ici !
Teeka.- Il ne savait pas s’il devait courir à la salle de bains pour y
ramasser ses vêtements trempés, s’il devait à la hâte nettoyer les
restes du miroir, ou bien s’il devait faire disparaître les plumes qui
envahissaient sa chambre.
Maurice [enfant] reste sur place, glacé d’effroi. Le vrombissement
du moteur devient de plus en plus fort.
Teeka.- Il essayait encore de me séduire. Brusquement, je me retrouvai face à une autre oie. Je me sentis soulagée. « Dis-moi où
Teeka.- Le tonnerre du camion cessa.
est la sortie ? »
Elle faisait les mêmes gestes que moi. « Dis-moi où est la sortie ? » je
Maurice [enfant].- (horrifié) S’ils te trouvent dans le maison, j’suis
voulus la suivre mais son image s’effondra en mille miettes.
mort.
On entent le bruit d’un miroir qu’on casse.
Long silence.
Maurice [enfant].- Viens ici !
Teeka.- Je n’osais le regarder. Dans le seul cadre de cette pièce,
je vis des yeux lumineux... Des yeux qui devenaient de plus en
plus étincelants... de plus en plus volumineux... Maurice comprit
le premier...
Maurice [enfant].- C’est les pharse du camion. Y reviennent.
Y’avaient dit deux heures. Ça fait pas deux heures.
Teeka.- On entendit le vrombissement du moteur du camion de
la ferme.
Teeka.- Les oiseaux nocturnes ne prirent aps la relève des oiseaux
diurnes. Au moment où la nature fit silence pour la troisième fois
dans cette journée, je compris tout ce que vivant Maurice dans
cette jungle. J’osai le regarder, en sachant que c’était ma dernière chance. Il y avait dans ce regard toute la tendresse dont le
désarroi peut être capable. Fuyons ! Fuyons loin de ta maison, loin
de la jungle, loin de la grange ! Loin ! Loin ! Loin !
Maurice [enfant].- J’ai pas l’choix, Teeka. ça marche comme ça.