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International L’ITALIE L’Italie : le pays de tous les paris Croissance en berne, dégradation de la compétitivité, déficit public en hausse : la nouvelle coalition de centre gauche menée par Romano Prodi aura fort à faire pour relancer l’économie italienne. Une chance : le pays possède une kyrielle de PME prêtes à rebondir ! ous sommes à quelques kilomètres de Bergame dans l’Italie du Nord. Au centre de la Lombardie, la région la plus dynamique et la plus riche d’Italie car le pays se caractérise par une grande disparité entre le Nord et le Sud. Ici, c’est l’Italie industrielle dont la réputation a longtemps reposé sur le travail du textile ou de l’acier. Des industries qui se sont nécessairement reconverties. Signe particulier de cette PME de sept salariés spécialisée dans l’agencement et le travail du bois, aux mains des Carminati depuis trois générations : elle exporte 90 % de sa production. Parmi ses clients : des grands noms de l’industrie du luxe comme la maison Hermès (25 % des ventes). “Mais il n’y a pas de secret”, confiait Gian Mauro, l’actuel responsable de l’entreprise aux membres du séjour de découverte de la Lonbardie organisé récemment par le World Trade Center de Lille et la CCI fin mars, N L’Italie en chiffres Superficie : 310 226 km2 Population : 57,9 millions Capitale : Rome Croissance du PIB : 0,3 % Taux d’inflation : 2,8 % Taux de chômage : 7,7 % 40 FACE - JUIN 2006 - N° 183 inévitable. Ce qu’il faut, c’est être le meilleur sur son marché !” Le taux de chômage a beaucoup baissé en Italie au cours des derniers 5 ans grâce, notamment, à la mise en place de contrats de projets limités à 24 mois destinés aux jeunes. On en dénombre plus de 1,5 million. “Il ne fait pas bon d’être chômeur en Italie”, ajoute Chantal Zanardi, “on ne touche que 45 % du salaire et ceci pendant six mois au maximum”… Bergame Quelques conseils “Nous investissons chaque année plus de 10 % du chiffre d’affaires en machines que nous adaptons à nos métiers. C’est à cette condition que nous réussissons à produire des articles de très grande qualité et à nous différencier de nos concurrents”. Une multitude de PME Cette société représente bien le tissu économique italien composé d’une multitude de PME (plus de 4 millions). Une caractéristique qui a été l’une des composantes essentielles du “miracle italien” d’après-guerre. Mais toutes ne sont pas en aussi bonne santé. Loin de là ! Beaucoup de ces PME sont aujourd’hui essoufflées. Ne disposant pas de la taille critique suffisante pour investir en recherche développement, elles ont perdu de leur compétitivité. Ainsi, en Italie, les dépenses de R&D représentent 0,55 % du PIB contre 1,56 % en France et 1,73 % en Allemagne. Le nombre de chercheurs de la péninsule est de 4 % inférieur à celui de ses deux voisins européens. L’Italie est donc mal positionnée sur les créneaux porteurs que sont l’industrie pharmaceutique, la plasturgie ou l’appareillage électrique. Des secteurs demandeurs en capitaux. Tandis que le meuble, les chaussures, le textile et l’habillement, piliers traditionnels de son industrie, se font grignoter leurs positions par les pays émergents. Les PME italiennes doivent également faire face à une dérive des coûts salariaux : + 20 % depuis 2000. Conséquence directe de la baisse de la compétitivité des entreprises, le ralentissement des exportations italiennes, longtemps moteur de la croissance, pèse sur les comptes de la balance commerciale. Celle-ci n’a cessé de se dégrader pour devenir déficitaire. En dix ans, la part de l’Italie dans le marché mondial est passée de 4,6 % à 3,8 %. Sur la même période, le ratio importations sur demande intérieure a augmenté de 21,5 % à 28 %. Nord-Sud : deux problématiques inversées “L’unité italienne existe surtout sur le papier. Au Nord, 70 % du commerce sont réalisés avec l’Autriche, la France ou l’Allemagne. Le Sud est beaucoup plus latin avec toutes les habitudes de travail que cela entraîne”, analyse Chantal Zenardi, secrétaire générale de la Chambre de commerce et La famille Carminati à la tête de la société FCA depuis trois générations d’industrie française en Italie. En conséquence, mieux vaut respecter ce conseil : ne jamais prendre un agent commercial du Sud de l’Italie pour vendre au Nord. Le Nord, plus riche (le PNB de la région de Lombardie est égal à celui du Portugal), plus entreprenant, est plus conservateur. Dans la région de Bergame, on compte 8 entreprises pour 100 habitants. Les industriels craignent l’instauration de nouvelles mesures fiscales, notamment contre le capital, qui pourraient être décidées par un gouvernement de gauche où figurent des communistes au pouvoir. Il faut prendre conscience de ces différences si l’on veut travailler avec l’Italie. C’est au Nord également que les taux de chômage sont les plus bas. “Avec 2,2%, nous avons l’un des taux de chômage les plus bas d’Italie dont la moyenne se situe aux alentours de 7,7 %. Par contre, la région de Naples compte, à elle seule, 27 % de chômeurs, nous avons su faire face à la crise du textile et de la métallurgie et nous nous sommes reconvertis. Nous avons même ouvert des bureaux de représentation à Shanghai pour aider nos entreprises à approcher le marché chinois car nous pensons qu’il faut inverser le problème et considérer le développement de ces nouveaux marchés comme de réelles opportunités et non les craindre. Mais il faut bien être conscient que dans le cadre de la mondialisation des échanges, la délocalisation est Le morcellement du système bancaire italien peut surprendre. En réalité, il est à l’image de l’éclatement de son tissu économique en une multitude de PME. “On dénombre pas moins de 792 banques en Italie”, compte Anne Moity, déléguée Italie de Calyon (entité née à l’international du regroupement du Crédit agricole et du Crédit lyonnais). En conséquence, la première banque italienne, la Banca Itesa, ne figure qu’au 19 ème rang européen et au 34 ème rang mondial. “Bien s’entourer, bien se renseigner sur la société avec laquelle on travaille, sur ses antécédents de solvabilité, bien connaître les différents moyens de paiements, préférer la Riba ou reçu bancaire au paiement par chèque surtout s’il n’est pas écrit non transférable car certains chèques possèdant jusqu’à 20 signatures”. Il faut se méf ier de l’origine des transactions en Italie. 30% de l’économie est encore souterraine. Les entreprises rencontrent de nombreux problèmes de traçabilité car beaucoup de transactions se font en cash. “L’Italie n’est pas un pays facile, car il existe une pratique de prix bas”, précise Joël Salaün, conseiller en développement international à la CCI de Lille. “Mais en étant bien organisé, en disposant d’une offre innovante, on peut être bien placé pour approcher ce marché toujours demandeur de nouveautés”. 3ème client et 5ème fournisseur de l’Italie, le Nord/Pas-de-Calais possède des liens historiques avec la péninsule, notamment dans les secteurs du textile ou de la mécanique. En juin, la CCI organise d’ailleurs une convention d’affaires dans la région de Turin sur le thème de l’automobile, du ferroviaire et de l’aéronautique. Une dizaine de PME régionales est déjà inscrite, ce qui prouve l’intérêt de nos entreprises pour cette partie de l’Europe. Directeur général de Brunet, société spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de produits d’entretien, Jean-Pierre Dano témoigne de son intérêt pour ce marché : “Je suis convaincu que l’on ne peut exister aujourd’hui qu’en étant européen. Nous regardons ainsi de manière active comment sont organisés les marchés et quels liens il serait possible de créer aussi bien en Italie qu’en Allemagne, en Espagne ou en GrandeBretagne. Ce qu’il faut, c’est avoir de bons produits, les adapter à la culture locale et donc pour cela, posséder une clé d’entrée”. Trouver un partenaire, c’est ce que conseille souvent Chantal Zenardi, “Si l’ont veut s’implanter en Italie, il faut “s’italianiser”. Prenez l’exemple de Carrefour qui n’a réussi à s’implanter que lorsque le groupe a racheté Continent, déjà présent en Italie”. Plus proche de nous, Auchan s’était associé avec un partenaire italien pour conquérir le marché. Les acteurs économiques se veulent malgré tout confiants sur l’avenir. “L’optimisme de l’intelligence”, selon Carlo Spinetti de la CCI de Bergame. “Les PME tirent l’Italie et leurs dirigeants ont montré qu’ils ont une bonne réactivité”. Le gouvernement ne peut ignorer le poids des petites et moyennes entreprises dans le pays. Cellesci étant l’un des principaux moteurs qui pourraient permettre au pays de retrouver une place de leader en Europe. Armelle ROUSSEL Contacts utiles G A l’Espace International 299 Bd de Leeds 59777 Euralille § CCI Lille Métropole Joël Salaün Responsable de la filière Italie Tél. 03 59 56 22 07 - Fax. 03 59 56 22 10 § Norcomex Tél. 03 59 56 22 00 - Fax. 03 59 56 22 22 mail : contact@norcomex. com § World Trade Center - Lille Tél. 03 59 56 21 21 - Fax. 03 59 56 21 25 mail : [email protected] § Consulat d’Italie 2, rue d’Isly - 59000 Lille Tel : 03 20 08 15 08 Fax : 03 20 22 82 12 § Mission économique en Italie www.missioneco.org/italie/ 41 § Ambassade d’Italie 51, rue de Varennes 75007 Paris Tel : 01 49 54 03 00 Service économique : 01 49 54 03 00 FACE - JUIN 2006 - N° 183 I