f183-p 40 41 international - Lille

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International
L’ITALIE
L’Italie : le pays de tous les paris
Croissance en berne,
dégradation de la compétitivité,
déficit public en hausse :
la nouvelle coalition de centre
gauche menée par Romano
Prodi aura fort à faire pour
relancer l’économie italienne.
Une chance : le pays possède
une kyrielle de PME prêtes
à rebondir !
ous sommes à quelques kilomètres de
Bergame dans l’Italie du Nord. Au
centre de la Lombardie, la région la
plus dynamique et la plus riche d’Italie car
le pays se caractérise par une grande disparité entre le Nord et le Sud. Ici, c’est l’Italie
industrielle dont la réputation a longtemps
reposé sur le travail du textile ou de l’acier.
Des industries qui se sont nécessairement
reconverties.
Signe particulier de cette PME de sept salariés spécialisée dans l’agencement et le travail du bois, aux mains des Carminati depuis
trois générations : elle exporte 90 % de sa
production. Parmi ses clients : des grands
noms de l’industrie du luxe comme la maison Hermès (25 % des ventes). “Mais il n’y
a pas de secret”, confiait Gian Mauro, l’actuel responsable de l’entreprise aux
membres du séjour de découverte de la Lonbardie organisé récemment par le World
Trade Center de Lille et la CCI fin mars,
N
L’Italie en chiffres
Superficie : 310 226 km2
Population : 57,9 millions
Capitale : Rome
Croissance du PIB : 0,3 %
Taux d’inflation : 2,8 %
Taux de chômage : 7,7 %
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FACE - JUIN 2006 - N° 183
inévitable. Ce qu’il faut, c’est être le meilleur
sur son marché !” Le taux de chômage a
beaucoup baissé en Italie au cours des derniers 5 ans grâce, notamment, à la mise en
place de contrats de projets limités à 24 mois
destinés aux jeunes. On en dénombre plus de
1,5 million. “Il ne fait pas bon d’être chômeur en Italie”, ajoute Chantal Zanardi, “on
ne touche que 45 % du salaire et ceci pendant six mois au maximum”…
Bergame
Quelques conseils
“Nous investissons chaque année plus de
10 % du chiffre d’affaires en machines que
nous adaptons à nos métiers. C’est à cette
condition que nous réussissons à produire
des articles de très grande qualité et à nous
différencier de nos concurrents”.
Une multitude de PME
Cette société représente bien le tissu économique italien composé d’une multitude de
PME (plus de 4 millions). Une caractéristique qui a été l’une des composantes essentielles du “miracle italien” d’après-guerre.
Mais toutes ne sont pas en aussi bonne
santé. Loin de là ! Beaucoup de ces PME
sont aujourd’hui essoufflées. Ne disposant
pas de la taille critique suffisante pour investir en recherche développement, elles ont
perdu de leur compétitivité. Ainsi, en Italie,
les dépenses de R&D représentent 0,55 %
du PIB contre 1,56 % en France et 1,73 %
en Allemagne. Le nombre de chercheurs de
la péninsule est de 4 % inférieur à celui de
ses deux voisins européens. L’Italie est donc
mal positionnée sur les créneaux porteurs
que sont l’industrie pharmaceutique, la plasturgie ou l’appareillage électrique. Des secteurs demandeurs en capitaux. Tandis que le
meuble, les chaussures, le textile et l’habillement, piliers traditionnels de son industrie,
se font grignoter leurs positions par les pays
émergents. Les PME italiennes doivent également faire face à une dérive des coûts salariaux : + 20 % depuis 2000.
Conséquence directe de la baisse de la compétitivité des entreprises, le ralentissement
des exportations italiennes, longtemps moteur
de la croissance, pèse sur les comptes de la
balance commerciale. Celle-ci n’a cessé de se
dégrader pour devenir déficitaire. En dix ans,
la part de l’Italie dans le marché mondial est
passée de 4,6 % à 3,8 %. Sur la même période, le ratio importations sur demande intérieure a augmenté de 21,5 % à 28 %.
Nord-Sud :
deux problématiques inversées
“L’unité italienne existe surtout sur le
papier. Au Nord, 70 % du commerce sont
réalisés avec l’Autriche, la France ou l’Allemagne. Le Sud est beaucoup plus latin avec
toutes les habitudes de travail que cela
entraîne”, analyse Chantal Zenardi, secrétaire générale de la Chambre de commerce et
La famille Carminati à la tête de la société FCA
depuis trois générations
d’industrie française en Italie. En conséquence, mieux vaut respecter ce conseil : ne
jamais prendre un agent commercial du Sud
de l’Italie pour vendre au Nord. Le Nord,
plus riche (le PNB de la région de Lombardie est égal à celui du Portugal), plus entreprenant, est plus conservateur.
Dans la région de Bergame, on compte 8
entreprises pour 100 habitants. Les industriels craignent l’instauration de nouvelles
mesures fiscales, notamment contre le capital, qui pourraient être décidées par un gouvernement de gauche où figurent des communistes au pouvoir. Il faut prendre
conscience de ces différences si l’on veut
travailler avec l’Italie.
C’est au Nord également que les taux de chômage sont les plus bas. “Avec 2,2%, nous
avons l’un des taux de chômage les plus bas
d’Italie dont la moyenne se situe aux alentours de 7,7 %. Par contre, la région de
Naples compte, à elle seule, 27 % de chômeurs, nous avons su faire face à la crise du
textile et de la métallurgie et nous nous
sommes reconvertis. Nous avons même
ouvert des bureaux de représentation à
Shanghai pour aider nos entreprises à
approcher le marché chinois car nous pensons qu’il faut inverser le problème et considérer le développement de ces nouveaux
marchés comme de réelles opportunités et
non les craindre. Mais il faut bien être
conscient que dans le cadre de la mondialisation des échanges, la délocalisation est
Le morcellement du système bancaire italien
peut surprendre. En réalité, il est à l’image
de l’éclatement de son tissu économique en
une multitude de PME. “On dénombre pas
moins de 792 banques en Italie”, compte
Anne Moity, déléguée Italie de Calyon (entité née à l’international du regroupement du
Crédit agricole et du Crédit lyonnais). En
conséquence, la première banque italienne,
la Banca Itesa, ne figure qu’au 19 ème rang
européen et au 34 ème rang mondial.
“Bien s’entourer, bien se renseigner sur la
société avec laquelle on travaille, sur ses
antécédents de solvabilité, bien connaître les
différents moyens de paiements, préférer la
Riba ou reçu bancaire au paiement par
chèque surtout s’il n’est pas écrit non transférable car certains chèques possèdant jusqu’à 20 signatures”. Il faut se méf ier de
l’origine des transactions en Italie. 30% de
l’économie est encore souterraine. Les
entreprises rencontrent de nombreux problèmes de traçabilité car beaucoup de transactions se font en cash.
“L’Italie n’est pas un pays facile, car il existe une pratique de prix bas”, précise Joël
Salaün, conseiller en développement international à la CCI de Lille. “Mais en étant
bien organisé, en disposant d’une offre innovante, on peut être bien placé pour approcher ce marché toujours demandeur de nouveautés”. 3ème client et 5ème fournisseur
de l’Italie, le Nord/Pas-de-Calais possède
des liens historiques avec la péninsule,
notamment dans les secteurs du textile ou de
la mécanique. En juin, la CCI organise
d’ailleurs une convention d’affaires dans la
région de Turin sur le thème de l’automobile, du ferroviaire et de l’aéronautique. Une
dizaine de PME régionales est déjà inscrite,
ce qui prouve l’intérêt de nos entreprises
pour cette partie de l’Europe. Directeur
général de Brunet, société spécialisée dans
la fabrication et la commercialisation de
produits d’entretien, Jean-Pierre Dano
témoigne de son intérêt pour ce marché : “Je
suis convaincu que l’on ne peut exister
aujourd’hui qu’en étant européen. Nous
regardons ainsi de manière active comment
sont organisés les marchés et quels liens il
serait possible de créer aussi bien en Italie
qu’en Allemagne, en Espagne ou en GrandeBretagne. Ce qu’il faut, c’est avoir de bons
produits, les adapter à la culture locale et
donc pour cela, posséder une clé d’entrée”.
Trouver un partenaire, c’est ce que conseille
souvent Chantal Zenardi, “Si l’ont veut
s’implanter en Italie, il faut “s’italianiser”.
Prenez l’exemple de Carrefour qui n’a réussi à s’implanter que lorsque le groupe a
racheté Continent, déjà présent en Italie”.
Plus proche de nous, Auchan s’était associé
avec un partenaire italien pour conquérir le
marché. Les acteurs économiques se veulent
malgré tout confiants sur l’avenir. “L’optimisme de l’intelligence”, selon Carlo Spinetti de la CCI de Bergame. “Les PME
tirent l’Italie et leurs dirigeants ont montré
qu’ils ont une bonne réactivité”. Le gouvernement ne peut ignorer le poids des petites
et moyennes entreprises dans le pays. Cellesci étant l’un des principaux moteurs qui
pourraient permettre au pays de retrouver
une place de leader en Europe.
Armelle ROUSSEL
Contacts utiles
G
A l’Espace International
299 Bd de Leeds 59777 Euralille
§ CCI Lille Métropole
Joël Salaün
Responsable de la filière Italie
Tél. 03 59 56 22 07 - Fax. 03 59 56 22 10
§ Norcomex
Tél. 03 59 56 22 00 - Fax. 03 59 56 22 22
mail : contact@norcomex. com
§ World Trade Center - Lille
Tél. 03 59 56 21 21 - Fax. 03 59 56 21 25
mail : [email protected]
§ Consulat d’Italie
2, rue d’Isly - 59000 Lille
Tel : 03 20 08 15 08
Fax : 03 20 22 82 12
§ Mission économique en Italie
www.missioneco.org/italie/
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§ Ambassade d’Italie
51, rue de Varennes
75007 Paris
Tel : 01 49 54 03 00
Service économique : 01 49 54 03 00
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