MAIRIE DU XVIIIme ARRONDISSEMENT DE PARIS
Transcription
MAIRIE DU XVIIIme ARRONDISSEMENT DE PARIS
MAIRIE DU XVIIIème ARRONDISSEMENT DE PARIS COMPTE RENDU DU CICA du 5 janvier 2006 « L’INSALUBRITE » Etaient présents : Daniel VAILLANT, Maire du 18ème arrondissement Michel NEYRENEUF, Adjoint au Maire du 18ème, en charge de l’Urbanisme et du Logement. Hery RAVELOMANANTSOA, Direction de l’Urbanisme – sous-direction de l’Aménagement, Ville de Paris Pierre SOUVENT, Chef de Service - Service Technique de l’Habitat, Ville de Paris Isabelle RUEFF, Directrice Territoriale, OPAC de Paris Philippe SANDEVOIR, Directeur de la construction, OPAC de Paris Jean-Pierre OLIVIER, Directeur de l’éradication de l’insalubrité, SIEMP Pierre PAULOT, sous-directeur de l’aménagement, SIEMP Céline BRODOVITCH, sous-directrice des co-propriétés, SIEMP Marie-Anne BELIN, Directrice générale, SEMAVIP (EXCUSEE). Djamel AÏT-AÏSSA, Responsable d’Opération, SEMAVIP Mme Josiane BOURE, Responsable Foncier et Relogement, SEMAVIP Elisabeth COURREGELONGUE, Chef de Projet de l’OAHD, URBANIS Philippe THARRAULT, Directeur Adjoint, PACTE de Paris Anne GUILBERTEAU, URACA Martine GABET, Responsable de la mission saturnisme, DULE – Préfecture de Paris DANS LA SALLE : Hélène SCHWOERER, Directrice de Cabinet de Jean-Yves MANO. Fabien ANSEL, Conseiller Technique auprès du Cabinet de Jean-Pierre CAFFET. Alain GUIDET, Chef de subdivision - Service Technique de l’Habitat. Clémence MARCHAL, chargée d’opération OPAH Chapelle – Pacte de Paris. Murielle GILLMANN, DULE – Secteur 18ème. La séance est ouverte à 19 heures 18. 1 – INTRODUCTION Daniel VAILLANT : Je vous remercie pour votre présence et souhaite une heureuse année à chacun d’entre vous, ainsi qu’à l’ensemble du 18ème arrondissement. Nous sommes réunis aujourd’hui pour aborder le sujet délicat du logement insalubre dans notre arrondissement, tirer un premier bilan des actions entreprises depuis 2001 et évoquer ce qu’il reste à accomplir. Je vous prie d’excuser l’absence des deux Adjoints du Maire de Paris les plus concernés par ces questions, Jean-Yves MANO, Adjoint au logement et Jean-Pierre CAFFET, Adjoint à l’urbanisme, qui ont été retenus par d’autres réunions. Depuis le début de la mandature, la municipalité a placé au cœur de sa politique du logement la lutte contre l’insalubrité et la nécessité de mettre progressivement à l’abri de ce fléau de nombreuses familles qui sont depuis trop longtemps soumises à des conditions de vie inhumaines, indignes du XXIème siècle. Cette situation est le résultat d’un laisser-faire : ce ne sont pas les logements publics qui sont dégradés (et lorsqu’ils le sont, les bailleurs sociaux ont généralement engagé des travaux de réhabilitation pour y remédier) mais c’est bien le parc social de fait, et donc le patrimoine privé, qui est avant tout concerné. Ce dernier fait d’ailleurs parfois l’objet d’une exploitation lorsque des familles doivent s’acquitter de loyers élevés. 1 Les terribles incendies de l’année 2005 à Paris prouvent que l’effort doit être encore intensifié et il le sera dans le 18ème arrondissement, qui doit par ailleurs faire face à une crise du logement. Depuis 2001, un programme de construction et de réhabilitation est engagé et nous pouvons d’ores et déjà en voir les résultats à travers des opérations comme ChâteauRouge, qui est en cours, Emile Duployé, Nord Emile-Chaîne, Duhesme / Roi d’Alger, l’impasse Dupuy, l’îlot Caillé, sans oublier ce qui fut entrepris par le passé, notamment à la Moskova, ou ce qui est réalisé dans le diffus. Je rappelle que depuis 2001, la collectivité parisienne a déjà financé près de 15 000 logements sociaux, avec à présent 4 000 unités supplémentaires chaque année, soit un quasi triplement par rapport à ce qui était entrepris avant 2001. Cet effort représente 25 % de la production annuelle de toute l’Ile de France. Il est impensable qu’aujourd’hui en France des personnes en soient réduites à vivre dans des conditions d’une autre époque. La situation n’est pas récente : ainsi, lorsque je faisais des prises de sang à domicile dans le 18ème arrondissement dans les années 1970, il y avait déjà une forte perception de ce qu’était l’habitat insalubre. Nous ne pouvons donc pas rattraper en quatre ans des dérives qui existent depuis fort longtemps. Je me souviens de batailles menées dans les années 1970 et 1980, notamment dans le secteur de la Goutte d’Or sud où des actions ont été entreprises. Il faut d’ailleurs saluer ceux qui en furent à l’origine à l’époque ; avec Michel Neyreneuf , nous avons alors été partenaires de ces actions, en tant que représentant associatif d’une part et en tant qu’élu d’une autre sensibilité que la Mairie de Paris du moment, d’autre part. Il n’est pas supportable que des propriétaires adoptent des pratiques de marchands de sommeil, comme c’est encore trop souvent le cas aujourd’hui, en louant à des prix exorbitants des logements indignes à des personnes seules ou à des familles poussées par l’urgence. La situation est bien connue et ces propriétaires tentent parfois de maquiller l’humidité en passant une couche de peinture, dont la teneur en plomb n’est pas toujours conforme. Il existe des situations d’insalubrité clairement établies, avec aucune ventilation, des huisseries vétustes, des planchers défaillants quelquefois camouflés par une moquette, des installations sanitaires bricolées, sans mentionner l’électricité. Tout cela va souvent de pair avec un manque d’entretien des parties communes et contribue à accélérer la dégradation de nombre de ces immeubles dans des quartiers souvent populaires. L’incompréhension et la colère font écho aux terribles images sur les conditions de vie de ces familles et beaucoup découvrent ainsi que l’insalubrité et le saturnisme restent, hélas, une réalité en France en 2006 dans une ville qui n’est pas la plus déshéritée. Il s’agit d’ailleurs d’un paradoxe : Paris est une ville riche sur le plan culturel et même sociologique, mais elle conserve ces zones de misère et de drame qu’il nous faut éradiquer. Pour ce faire, la Ville de Paris est, avec les sociétés d’économies mixtes et le soutien indispensable de l’Etat, le fer de lance d’une politique volontariste. Un dispositif opérationnel a ainsi été mis en œuvre et ses principaux acteurs sont présents ce soir. Les discussions et concertations peuvent être un peu dures, y compris avec les interlocuteurs institutionnels, mais je salue les évolutions très positives en la matière et leur prise en compte des préoccupations que nous exprimons. Depuis le 30 mai 2002, par une Convention Publique d’Aménagement (CPA), la société d’économie mixte SIEMP a été chargée de ce secteur de l’habitat insalubre. Elle intervient ainsi sur plus de 150 immeubles dans le 18ème arrondissement et dispose d’une panoplie d’outils complète avec la démolition, la lutte contre le saturnisme, l’aide au redressement des copropriétés en difficulté et des interventions lourdes sur des immeubles. La SEMAVIP, autre société d’économie mixte de la Ville, a pour sa part été missionnée pour piloter l’opération Château-Rouge, secteur sur lequel le Maire de Paris Bertrand Delanoë, élu du 18ème arrondissement, nous aide depuis 2001 à intervenir massivement. Il faut donc aussi 2 reconnaître objectivement les aspects positifs des projets engagés, même si c’est toujours trop long. On peut également penser au secteur Emile Duployé ou à l’impasse du Gué qui évoluent aussi positivement, même si les délais sont là aussi bien longs. Le PACTE de Paris est une association sélectionnée par la Ville pour mener à bien des Opérations Programmées d’Amélioration de l’Habitat (OPAH). Il s’agit d’un dispositif incitant les propriétaires et les locataires, par le biais d’aides appropriées, à réhabiliter leur logement ou leur immeuble. Depuis octobre 2003, Urbanis est engagée dans un processus d’accompagnement de l’ensemble des acteurs des copropriétés dégradées dans le but dé réhabiliter les parties communes ou privatives d’immeubles en difficulté. La Direction de l’Urbanisme, du Logement et de l’Equipement (DULE) de la Préfecture de Paris a pour sa part en charge le traitement du saturnisme, avec l’apport d’URACA en tant qu’opérateur médico-social. Eradiquer l’habitat insalubre implique aussi un lourd et vigilant travail de prévention, pour éviter que des immeubles ne se délabrent parce que des propriétaires ou des spéculateurs ne se sentent pas concernés par leur bien ou parce qu’ils n’ont pas les moyens de l’entretenir. Sans ce travail de prévention, notre action serait sans fin et il faut éviter d’avoir de nouveaux immeubles à traiter dans 10 ou 15 ans. Nous disposons aujourd’hui d’un dispositif opérationnel qui fait ses preuves et qui associe étroitement la Mairie de Paris et la Mairie d’Arrondissement, avec un suivi méthodique et une réelle proximité. Je rends hommage au travail de Michel Neyreneuf et à l’action essentielle des deux Adjoints élus du 18ème arrondissement Jean-Yves Mano et Jean-Pierre Caffet. Nous vivons heureusement dans un état de droit et cela a aussi, hélas, parfois des conséquences en matière de délais des procédures, des recours… Nous souhaitons par ailleurs toujours que les opérations soient menées sans traumatisme pour les familles qui occupaient les lieux, et leur relogement prend également du temps. Ces projets constituent un enjeu pour ces familles, mais aussi pour l’ensemble des quartiers concernés, et représentent un investissement humain et financier important. Notre action contre l’insalubrité mobilise ainsi un budget sans précédent avec 152 M€ sur six ans, chiffre qui supporte largement la comparaison avec ceux de périodes antérieures. Nous continuons Michel Neyreneuf et moi-même à considérer que le logement est un droit et que la puissance publique doit, en partenariat avec d’autres, concourir à retrouver la mixité sociale et urbaine. L’éradication de l’habitat insalubre permet de reconquérir des éléments de qualité de vie et de sécurité à l’échelle d’un quartier et de tout l’arrondissement. Nous avons toujours fait la différence entre des occupations sans titre de bonne foi et d’autres pouvant poser des problèmes d’ordre public qui sont inacceptables. Nous avons souhaité traiter cette question de l’habitat insalubre via un CICA ouvert et élargi car il nous a paru important de tenir un débat public franc et loyal, dans la transparence, pour répondre à une demande en ce sens. Michel NEYRENEUF : Dans la mesure où il y a beaucoup d’intervenants, je demande à chacun de respecter le temps de parole indiqué ; nous pourrons ensuite entrer davantage dans le détail à travers vos questions et remarques. Les partenaires présents interviendront dans l’ordre suivant : tout d’abord la SIEMP qui est la plus concernée par le nombre d’immeubles qu’elle a à traiter ; l’OPAC présentera aussi des interventions réparties dans tout le 18ème arrondissement ; la SEMAVIP évoquera ensuite le secteur Château-Rouge ; URBANIS traitera alors de l’Opération d’Amélioration de l’Habitat Dégradé (OAHD) ; le 3 PACTE de Paris détaillera l’OPAH de la Chapelle ; enfin, URACA et la DULE nous parlerons du saturnisme. Je précise que d’autres intervenants sont présents dans la salle, notamment Monsieur Souvent du Service Technique de l’Habitat (STH) : c’est dans ce service que travaillent les enquêteurs qui se rendent sur les lieux pour constater des situations d’insalubrité et préparer des rapports qui sont ensuite transmis à la Préfecture. Hélène Schwoerer, membre du cabinet de Jean-Yves Mano et Fabien Ansel, membre de celui de Jean-Pierre Caffet, sont également présents. Avant de donner la parole à la SIEMP, je souhaite rappeler les grandes lignes de l’action menée dans le 18ème arrondissement, dans le cadre de la politique conduite par le Maire de Paris et les Adjoints concernés. La première urgence consistait à sortir les familles de l’insalubrité. Ces zones d’insalubrités étaient pour beaucoup constituées par des immeubles propriété de la Ville : ils avaient en effet été acquis par la Ville mais les familles y demeuraient toujours. Depuis 2005, environ 105 immeubles insalubres ont été vidés, en assurant naturellement le relogement préalable des habitants. Cela concerne Château-Rouge, Clignancourt Nord, l’îlot Caillé, l’impasse Letort, l’impasse du Gué, Pierre Budin, Goutte d’Or sud et de nombreux immeubles isolés. Une fois ces relogements effectués, il s’agit alors de construire, ce qui représente un véritable parcours d’obstacle, encore renforcé par le travail sur le PLU : les architectes ne savent en effet pas s’ils doivent suivre les règles de l’ancien POS ou celles du futur PLU. Chaque étape du processus nécessite par ailleurs beaucoup de temps, en raison : • de l’élaboration et le vote des délibérations ; • des enquêtes publiques avec l’intervention de la Préfecture ; • des expropriations qui sont entourées de beaucoup de garanties et demandent parfois un ou deux ans. Quand l’expropriation a été accordée, il faut également retrouver les propriétaires ; • du relogement des habitants qui requiert ensuite de tenir compte des capacités de logement de la Ville, de la taille et des souhaits des familles… ; • du permis de construire qui pose aussi problème : nous travaillons souvent sur de très petites parcelles et il est compliqué de produire rapidement du logement social adéquat aux besoins d’aujourd’hui qui rentre dans les plafonds de financement ; • du financement du logement social qui a aussi été perturbé pendant quelque temps en raison d’un désaccord entre la Région et l’Etat au sujet de la réalisation d’une agence foncière régionale, certains départements de l’ouest parisien souhaitant que cette agence soit départementale. Heureusement, 2006 verra l’éclosion de nombreux chantiers attendus depuis fort longtemps : c’est le cas de Château-Rouge, de Nord Emile Chaîne, de la Goutte d’Or sud, de l’impasse du Gué, de l’Ilot Caillé… Par ailleurs, nous avons pour objectif de respecter sur Paris la loi de Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU). Je rappelle que les 20 % de logements sociaux demandés ne représentent pas un but, mais un minimum. Le taux est d’environ 15 % dans le 18ème : il faut donc que nous parvenions à 20 % sur l’arrondissement, mais aussi sur tout Paris, et certains arrondissements doivent aller plus loin. Le logement social est accessible à plus de 60 % des parisiens avec le PLS, qui représente en quelque sorte le logement social de haut de gamme, le PLUS, qui est le logement social normal, et le PLAI qui est le logement très social. Un couple avec deux enfants peut ainsi entrer dans du PLS si son salaire mensuel ne dépasse pas environ 6 000 euros. Notre objectif est de favoriser la mixité et tout d’abord la mixité sociale. Nous tentons donc de proposer plutôt du PLS dans les quartiers populaires et du PLAI dans les quartiers plus riches. Le projet de l’impasse du Gué est par ailleurs très exemplaire en matière de mixité : 4 contrairement aux pratiques habituelles, les 90 logements PLS et PLAI sont répartis de façon aléatoire et non plus séparés dans différents bâtiments. Mais la mixité est aussi générationnelle, c’est pourquoi nous avons beaucoup investi dans les résidences pour les étudiants et les jeunes travailleurs. Une douzaine de logements pour handicapés moteurs lourds seront également créés dans le secteur Duployé et nous essaierons de développer les logements pour personnes âgées. Nous avons par ailleurs largement recours à la préemption et nous sommes d’ailleurs l’arrondissement qui utilise le plus cet outil avec l’équivalent de 398 logements programmés préemptés depuis 2001. Les immeubles préemptés peuvent se situer ou non dans des zones d’aménagement, comme par exemple rue du Poteau, rue Caulaincourt, rue Lamarck, rue Custine, rue du Mont Cenis, rue Max Dormoy, Championnet, boulevard Barbès, boulevard Ornano. Nous utilisons également l’expropriation et plusieurs Déclarations d’Utilité Publique (DUP) ont été lancées depuis 2001 : à Château-Rouge, à Clignancourt Nord ou bien des expropriations pour abandon manifeste. D’autres DUP sont prévues : une DUP dite « balai » à Château-Rouge, une DUP au 25 rue Stephenson, au 131 rue des Poissonniers, sur un îlot compris entre le boulevard de la Chapelle et la rue Philippe de Girard et d’autres DUP qui se révèleront nécessaires dans le cadre de l’OAHD. 2 – INTERVENTION DE LA SIEMP Jean-Pierre OLIVIER : Sur les 434 immeubles que la SIEMP doit traiter, 162 sont situés dans le 18ème arrondissement qui détient ainsi un triste record. On trouve cependant maintenant dans l’arrondissement des immeubles libérés, des permis de démolir et de construire et même des chantiers. Je vous rappelle que ces immeubles se répartissent en deux catégories : ceux qui appartiennent à la ville ou ceux qui sont privés, qui représentent 40 % de l’ensemble. Ces derniers sont des copropriétés ou des mono propriétés qui vont très mal et nous avons pour mission de les aider à de se redresser. Si les propriétaires acceptent les aides techniques, financières et juridiques que nous leur offrons, elles ont toute chance d’assainir leur situation et les gens retrouveront des conditions d’habitat dignes. Par contre, nous devons exproprier les immeubles occupés par des marchands de sommeil qui ne veulent pas agir ; ces immeubles deviennent alors propriété de la SIEMP et nous pouvons ensuite y réaliser du logement social. Sur les 162 adresses du 18ème arrondissement, 123 immeubles seront en acquisition publique et 39 resteront privés. 94 parcelles sur 123 sont déjà acquises et 29 restent donc à acquérir. Sur ces 94 parcelles, 74 sont déjà libérées. Pierre PAULOT : Je souhaite pour ma part évoquer l’avancement des opérations sur les parcelles acquises par la SIEMP et qui seront en grande partie utilisées pour construire du logement social. 9 des 123 adresses mentionnées sont en chantier, le permis de construire a été obtenu pour 17 d’entre elles et les autorisations administratives sont en cours pour 21 immeubles. Pour les deux tiers des adresses, des études sont actuellement menées plus en amont, avec notamment des études de faisabilité pour des DUP. Il faut par ailleurs noter que sur les 740 relogements à réaliser, 290 ont été effectués. Je vais donc faire un point sur les secteurs d’aménagement que nous traitons en commençant par l’îlot Caillié. L’opération se situe à l’intersection du boulevard La Chapelle, de la rue d’Aubervilliers, de la rue du Département et de la rue Caillié. Environ 140 logements y seront réalisés et presque toutes les opérations sont lancées. Le lot 5 comprend une halte-garderie de 30 berceaux dont le chantier doit démarrer prochainement. Le lot 3A face au futur parc comprendra 30 logements à loyer maîtrisé avec 56 places de stationnement ; les travaux de démolition ont été réalisés et le permis de construire devrait être accordé d’ici quinze jours. Le lot 1 situé à l’angle du boulevard de la Chapelle et de la rue d’Aubervilliers a été attribué à une agence d’architectes qui déposera le permis de 5 construire dans le courant de ce trimestre. Le lot 3B a été attribué aujourd’hui à un architecte qui y réalisera une vingtaine de logements. Un concours est lancé pour les lots 6 et 7 représentant environ 39 logements. Une résidence sociale est par ailleurs prévue sur le lot 2B. Tout est donc très opérationnel aujourd’hui dans ce secteur et il ne restera plus qu’à lancer les lots 2A et 4A. Le secteur de l’impasse Dupuy a fait l’objet d’une concertation en 2002. Une DUP nous permettra d’acquérir à la fin de ce semestre la partie se trouvant entre la rue Philippe de Girard et la rue Pajol. Celle située entre la rue Max Dormoy et la rue Philippe de Girard a déjà été acquise et est la plus avancée. L’objectif de ce projet est de rejoindre la rue Pajol et notamment le futur secteur de la ZAC Pajol, depuis la rue Max Dormoy. Nous avons prévu d’y réaliser 70 logements étudiants, 50 logements sociaux et à loyer maîtrisé, une crèche de 60 berceaux, des ateliers beaux-arts et l’extension de la cour de l’école existante. Nous avons d’ores et déjà obtenu le permis de construire pour la résidence étudiante qui initie la traversée de cet îlot et dont la livraison en est prévue fin 2007. Sur le secteur Clignancourt Nord, la concertation a démarré il y a quelques années, un architecte conseil a été désigné pour travailler sur l’opération, une première puis une deuxième DUP ont été lancées afin de mener à bien les acquisitions des parcelles expropriées. Cela représente environ 165 logements, avec 24 ateliers d’artistes, 9 locaux d’activité et 68 places de stationnement. Ce secteur se répartit en deux entités : • Au nord, le secteur Duhesme / Roi d’Alger avec un programme de 50 logements sociaux. Une première phase a été lancée et des parcelles sont actuellement en travaux ; nous débutons par ailleurs les consultations sur la deuxième DUP. • Au sud, on trouve le secteur rue du Nord / rue Emile Chaîne avec un parcellaire très découpé et fragile composé d’immeubles d’architecture modeste. Nous avons souhaité conserver cette qualité en divisant ce secteur en plusieurs opérations et en confiant à plusieurs architectes des interventions sur ces parcelles. La première opération va être lancée avec 26 logements en accession à la propriété. Les travaux doivent démarrer à la fin de ce trimestre. Enfin, nous intervenons aussi sur 43 immeubles isolés, dont 11 seront réhabilités, 20 feront l’objet d’une étude de démolition-reconstruction et 12 sont des opérations mixtes. De la salle : Je représente la section du parti des travailleurs. Monsieur Vaillant, nous vous avons adressé un courrier il y a quelque temps dans lequel nous exprimions notre souhait de vous rencontrer. Or, vous nous avez répondu que vous ne pouviez pas nous recevoir et nous avez invités à la réunion de ce soir afin que nous puissions poser nos questions. Je vous demande donc quand nous pourrons le faire. Daniel VAILLANT : Gardez votre calme. Laissons les intervenants poursuivre leur présentation du travail engagé et vous pourrez poser vos questions par la suite comme tout le monde. Céline BRODOVITCH : Je souhaite évoquer la CPA et l’avancement des travaux. Il faut tout d’abord noter que 37 copropriétés resteront privées. Parmi elles, 29 ont voté des travaux, pour un coût représentant 57 % du montant total de l’opération estimé à 6,9 M€ ; 26 de ces 29 copropriétés ont lancé les travaux décidés et 3 ont terminé lesdits travaux. Le travail est donc bien engagé. Nous intervenons prioritairement sur des éléments comme les réseaux et les structures avant de ravaler les façades ; même si les avancées sont par conséquent encore peu visibles, nous comptons réaliser bon nombre de travaux en 2006. 6 3 – INTERVENTION DE L’OPAC DE PARIS Philippe SANDEVOIR : L’OPAC a en charge des opérations diffuses et une opération groupée dans le secteur Emile Duployé. Les adresses concernées sont les suivantes : • • • • • • 19 rue Affre : 7 logements y sont prévus. La mise en place de cette opération fut très longue, mais les immeubles existants devraient être libérés dans le courant du premier trimestre 30 rue Affre : 5 studios sur cinq étages y sont prévus. 75/77 rue de la Chapelle, impasse du Gué : 90 logements y seront réalisés, dont 30 PLAI et 60 PLS mélangés de façon aléatoire. Un équipement pour la petite enfance et une grande surface en rez-de-chaussée doivent également voir le jour. Cette opération s’effectue sur du terrain SNCF. Nous recherchons de réelles performances en termes de qualité environnementale afin de diminuer les charges des locataires et de nous inscrire dans une perspective de développement durable. Nous prévoyons par exemple l’installation d’équipements solaires. 9 rue de la Charbonnière : 20 logements sont prévus et il s’agit de la dernière opération de construction de logements sur le secteur de la Goutte d’Or. Toutes les autres opérations sont achevées, sauf celle concernant l’équipement culturel. Rue Pierre Budin : l’opération est très longue et difficile à monter Les lieux ont été squattés et libérés par deux fois. 19 logements y seront réalisés. 143 rue de Clignancourt : il s’agit de réhabiliter un immeuble existant. 25 appartements sur rue sont prévus, ainsi que 10 ateliers d’artistes et un commerce. Une entreprise a été désignée pour réaliser les travaux et ceux-ci vont démarrer dans le mois à venir. Hery RAVELOMANANTSOA : Je vais faire un point sur le secteur Emile Duployé qui fait partie des quelques secteurs d’aménagements que nous suivons en régie directe. Ce secteur est inscrit dans la ZUS Goutte d’Or. L’opération a été lancée en 1998 et la construction des immeubles a été confiée à l’OPAC. Un arrêté de DUP a été pris en 2000 et modifié par arrêté en 2004. 151 logements sociaux doivent y être réalisés, ainsi qu’une école polyvalente de 10 classes, une halte-garderie de 20 places, 400 m² de commerces et un parc de stationnement de 80 places. Nous intervenons sur 21 parcelles soit 255 logements existants et plus de 90 % d’entre eux sont insalubres. Nous recherchons une architecture contemporaine de qualité respectueuse du caractère initial de l’îlot. L’école a déjà été livrée. Philippe SANDEVOIR : Poursuivons l’examen des projets dont nous avons la charge : • • • • • 1 rue Marcadet : il s’agit de la plus grosse opération dans le secteur Emile Duployé avec 65 logements prévus. Elle devrait démarrer dès la libération des lieux à l’été 2006. La fin du chantier est prévue pour la fin 2007 ou le début 2008. 6 rue Ernestine : il s’agit d’un immeuble sur pilotis avec 8 logements. L’opération démarrera en juin et se terminera en décembre 2007 ou au début 2008. 15/17 rue Emile Duployé : 6 logements PLUS seront réalisés sur 400 m². 19/23 rue Emile Duployé : 9 logements PLUS sont prévus. 10 studios pour adultes handicapés lourds sont par ailleurs programmés sur l’ensemble de ces opérations. 7 4 – INTERVENTION DE LA SEMAVIP Josiane BOURE : L’opération sur Château Rouge a été lancée en 1997. Elle prévoyait la démolition de 31 immeubles très dégradés, couplée à une OPAH ciblée sur 28 immeubles avec un arrêté d’insalubrité assorti d’une obligation de travaux prononcé en 1999. En 2001, 31 immeubles étaient expropriés. Un bilan de l’OPAH fit apparaître que certains immeubles à rénover ne feraient pas les travaux d’amélioration et de confortation indispensables à la levée des arrêtés d’insalubrité malgré les subventions et en juin 2002, la Ville de Paris a confié à la SEMAVIP la deuxième phase de l’opération, avec la rénovation de 14 immeubles supplémentaires. La CPA incluait 47 immeubles, dont à ce jour • 32 sont propriété de la SEMAVIP, • 7 doivent faire l’objet d’une enquête en mairie avant expropriation, le transfert de propriété étant prévu pour mi-2006, • 23 ont été libérés, • 17 ont été démolis, • 2 ont fait l’objet de travaux, • pour 5 d’entre eux, les travaux ont été votés ou sont en cours, 200 familles ont été relogées et 70 relogements restent à réaliser. En octobre 2005, un nouveau point d’avancement a montré l’apparition de nouveaux désordres dans d’autres immeubles et une troisième DUP est donc envisagée sur 7 immeubles. Djamel AÏT-AÏSSA : Le programme sur Château-Rouge s’étend sur un périmètre de 11 hectares et regroupe 36 opérations qui respecteront le parcellaire existant. 442 logements sociaux PLUS et PLS seront créés dans le cadre des reconstructions, dont 82 logements étudiants. 47 locaux d’activité sont prévus et la surface totale est estimée à 28 500 m² dont 25 000 seront affectés au logement et 3500 aux activités. Il faut également mentionner 15000 m² d’aménagement de voirie. L’investissement global de l’opération s’élève à 40 M€. Vous voyez en jaune sur la carte les immeubles démolis et les terrains qui sont donc libres d’occupation aujourd’hui. Une consultation d’opérateurs a été lancée par la SEMAVIP et l’opérateur sera désigné en février pour un dépôt de permis de construire en juin 2006. Plusieurs immeubles neufs ont par ailleurs été reconstruits et un immeuble est actuellement en chantier au 11/13 rue Léon. Des travaux privés sont parallèlement en cours sur des immeubles où la SEMAVIP est copropriétaire et où elle intervient pour aider la copropriété à mener des travaux de réhabilitation. Des permis de démolir ont par ailleurs été déposés et sont actuellement en cours d’instruction et deux ont été autorisés à ce jour. 4 permis de construire ont en outre été obtenus à ce jour et l’ensemble de ces opérations sera mené par l’OPAC de Paris. Des études sont également en cours sur plus d’une douzaine d’immeubles et suite à la consultation d’opérateurs, nous allons attribuer des droits de construire sur cinq groupes de parcelles. Enfin, la première phase de reconstruction du mur Richome est en cours et s’achèvera en juin 2006. Si l’on dresse un bilan de l’opération Château-Rouge au 31 décembre 2005, on dénombre : • 55 diagnostiques techniques de structures réalisés, • 38 immeubles démolis, dont 17 sont inclus dans la CPA, • 11 opérations de reconstruction et une opération de réhabilitation, • 148 logements sociaux créés, dont 25 étudiants, • 10 locaux d’activité créés. En matière de mise en sécurité des immeubles existants, la SEMAVIP a mis en place depuis août une cellule de veille technique, notamment pour les risques d’incendie et 8 d’effondrement des immeubles. Cette cellule est composée du maître d’œuvre de la SEMAVIP spécialisé en études structurelles d’immeubles, d’une entreprise spécialisée dans la sécurité structurelle des immeubles et d’une entreprise spécialisée dans la mise en sécurité électrique contre l’incendie. Cette cellule a pour mission d’évaluer chaque trimestre les risques d’incendie et d’effondrement, de proposer des mesures immédiates pour la mise en sécurité des immeubles et de réaliser les travaux de mise en sécurité dans les plus brefs délais. Depuis août 2005, la SEMAVIP est intervenue dans ce cadre sur 17 immeubles à Château-Rouge. 5 – INTERVENTION D’URBANIS Elisabeth COURREGELONGUE : L’objectif d’une OAHD est d’aider les copropriétés et les mono propriétés à se redresser afin qu’elles restent privées. Il s’agit de mettre toutes les actions possibles en œuvre au niveau juridique, technique, social ou en matière de fonctionnement pour aller en ce sens. Urbanis a ainsi diagnostiqué 70 immeubles disséminés dans tout le 18ème arrondissement avec un état des lieux précis sur le plan social, technique et du fonctionnement. Nous avons ensuite élaboré un programme d’action avec tous les partenaires publics. Il a été décidé que certains immeubles ne pouvaient pas être réhabilités par leurs propriétaires et qu’il fallait une intervention publique forte. 5 immeubles ont ainsi fait l’objet d’une DUP ou d’une acquisition directe avec des négociations à l’amiable. 7 immeubles sont dans le même cas et font aujourd’hui l’objet d’une étude. Depuis octobre 2003, nous intervenons donc de manière approfondie sur 58 des 70 immeubles mentionnés. Aujourd’hui, 33 ont déjà voté des travaux pour un coût d’environ 100 000 euros par immeuble, soit un peu moins de la moitié des besoins en travaux définis au début de l’opération. Des aides financières seront par ailleurs accordées et des dossiers ont ainsi été constitués pour 25 immeubles à ce jour. Nous sollicitons environ 1,5 M€ de subventions pour aider les copropriétés à redresser la situation. Même si les travaux sont peu visibles dans un premier temps, nous souhaitons à terme que les conditions de vie des habitants soient grandement améliorées. 6 – INTERVENTION DU PACTE DE PARIS Philippe THARRAULT : L’OPAH Chapelle a été lancée en 2002 pour une durée de 4 ans et concernait 355 immeubles. Il s’agit d’une opération d’incitation et nous travaillons avec les copropriétaires et propriétaires qui souhaitent réhabiliter leur patrimoine. A la fin de l’opération, les immeubles les plus durs que l’OPAH n’a pas réussi à traiter basculent dans des dispositifs renforcés, comme ceux qui vous ont été présentés. Ces immeubles présentent des pathologies comme des risques saturnins, des problèmes de caves ou de cages d’escalier. Les résultats de cette opération sont les suivants : 21 M€ de travaux ont été décidés ; des financements ont pu être mobilisés pour 10 M€ de travaux, soit environ 3 000 logements, pour environ 5 M€ de subventions publiques accordées par l’ANAH, la Ville de Paris, la Région Ile de France, le Centre d’Action Sociale, les Caisses de retraite et la Caisse d’Allocations Familiales. Ces travaux visent à lutter contre des situations d’insalubrité reconnue à travers le péril ou des arrêtés d’insalubrité, avec une assistance renforcée et des financements publics majorés. 10 immeubles parmi les 160 qui ont voté les travaux étaient directement concernés par ces dispositifs et ont été réhabilités. Le parc étant ancien et manquant d’entretien, il est par ailleurs particulièrement concerné par la lutte contre le saturnisme. Nous travaillons sur le sujet en partenariat avec tous les acteurs impliqués, comme les services techniques de l’habitat, ceux de la DULE et les services 9 sociaux. Nos principales actions consistent à proposer du conseil au maître d’œuvre ainsi que des formations. Les entreprises ont encore du mal à traiter le saturnisme et une formation a été mise en place avec la CRAMIF pour accompagner des maîtres d’œuvre dans des travaux de réhabilitation. 7 immeubles ont ainsi été réhabilités pour lutter contre le saturnisme en accompagnement de l’intervention de la DULE. 19 chantiers complémentaires ont été inscrits dans les parties communes des immeubles en prenant en compte les risques tant pour les occupants que pour les entreprises. 9 chantiers privatifs ont été réalisés, principalement financés par l’ANAH et la région. Nous avons également 5 exemples de réhabilitations lourdes, comme au 17 rue Jean Robert avec la réhabilitation globale d’une copropriété et notamment le traitement du problème du saturnisme. Par ailleurs et de façon complémentaire, 160 logements ont fait l’objet d’une convention de loyers maîtrisés et correspondent à une nouvelle offre de logements à caractère social. 7 – INTERVENTION D’URACA ET DE LA DULE Anne GUILBERTEAU : URACA est l’opérateur de la Préfecture de Paris dans le 18ème arrondissement en matière de lutte contre le saturnisme. Insalubrité et saturnisme sont deux problématiques très liées, notamment dans les secteurs de Château-Rouge et Max Dormoy. Le saturnisme est une intoxication par le plomb touchant plus particulièrement les jeunes enfants. Elle résulte de l’ingestion ou de la respiration de plomb acido-soluble qui est alors assimilé et stocké dans l’organisme. Une certaine quantité doit être absorbée pour que cela devienne toxique. A Paris, ce plomb se trouve principalement dans les peintures. Il peut y en avoir dans l’eau, mais en des quantités très infimes. Le 18ème arrondissement concentre tous les facteurs de risque en la matière : les bâtiments sont anciens, souvent vétustes et dégradés et les situations des occupants et des propriétaires sont souvent précaires Les logements sont par ailleurs souvent sur occupés. Les peintures au plomb ont été utilisées jusqu’en 1948, date à laquelle elles ont été interdites. Le 18ème étant un arrondissement ancien, ces peintures sont encore très présentes, même si elles ne sont heureusement pas accessibles partout. Ces peintures étaient utilisées car étant très isolantes, elles permettaient de lutter contre l’humidité. Les problèmes surviennent lorsque le support vieillit et se dégrade : les peintures cloquent et tombent en écailles et ce sont ces poussières qui sont dangereuses. Lorsque les enfants arrivent à l’âge où ils découvrent leur environnement, entre neuf mois et trois ans, ils mettent tout dans la bouche, ils ont souvent les mains sales… Et c’est à ce moment que les intoxications sont les plus fréquentes. On appelle intoxication la présence de plomb dans le sang ; une déclaration par un médecin auprès des services de la DDASS est obligatoire au-delà d’un seuil de 100 microgrammes par litre de sang. Le médecin chef du service d’épidémiologie de la DDASS saisit alors la Préfecture qui saisit à son tour chaque Assistant sanitaire et social selon l’arrondissement concerné. Cependant, le saturnisme est une intoxication assez asymptomatique qui peut se caractériser par différents troubles comme de l’apathie, de la suractivité, des douleurs abdominales… Mais ces symptômes peuvent avoir beaucoup d’autres causes et l’enquête environnementale effectuée par les médecins est donc très importante, notamment dans les PMI, pour savoir où vit l’enfant. Le dépistage se fait à travers une prise de sang et les PMI de tout l’arrondissement organisent régulièrement des journées de dépistage. Nous conseillons d’effectuer un premier dépistage lorsque l’enfant quitte un lieu clos comme son lit ou son parc, vers 9 mois, jusqu’à l’âge où il peut comprendre qu’il ne faut pas faire tel ou tel geste car il est dangereux, c’est-à-dire vers 5 ans. Les traitements sont variables selon le degré d’intoxication : lorsque cette dernière est assez faible, il s’agit de sirops à base de fer qui évacuent le plomb. Quand elle est plus grave, à 10 partir de 250 microgrammes par litre de sang, les enfants sont souvent hospitalisés et on leur donne là aussi du fer pour évacuer le plomb, mais sous perfusion et sous contrôle médical. On ne connaît pas vraiment les conséquences du saturnisme, mais lorsque le plomb est passé dans le sang, il circule et passe par tous les organes vitaux. Les conséquences dépendent du degré et de la durée de l’intoxication et peuvent être très graves, comme des encéphalopathies, de gros retards psychomoteurs. Nous essayons de ne pas procéder à des interventions uniquement suite à des déclarations obligatoires mais de multiplier les actions préventives et notamment à travers l’habitat sur signalement de nos partenaires, pour intervenir avant qu’une intoxication ait eu lieu. Martine GABET : Une procédure très cadrée a été mise en place sur Paris. Le signalement constitue la première étape de cette procédure et il peut être de deux types : • le signalement santé quand un enfant présente plus de 100 microgrammes de plomb par litre de sang ; • le signalement habitat : n’importe qui peut saisir la DULE lorsqu’il trouve des peintures dégradées dans un endroit qu’il fréquente. La source d’information la plus fréquente est plutôt constituée par l’ensemble des acteurs qui travaillent sur l’habitat dégradé et qui nous saisissent de problèmes de peintures écaillées dans le cadre d’opérations de réhabilitation. Nous établissons alors un diagnostic et si celui-ci se révèle positif, nous saisissons le propriétaire pour lui notifier une injonction à réaliser des travaux. Celui-ci dispose alors d’un délai de 10 jours à compter de la notification pour nous faire part de son désir de faire ces travaux et d’un délai d’un mois pour les effectuer. Ces délais très courts sont définis par la loi. Le propriétaire peut réaliser lui-même les travaux ou bien bénéficier d’une assistance via un opérateur agréé par la DULE : celui-ci peut l’aider à trouver des entreprises et à constituer son dossier pour obtenir des aides de l’ANAH. Dans le cas où le propriétaire ne répond pas ou n’entreprend pas les travaux à cause de diverses difficultés, le Préfet a un pouvoir de substitution : il fait alors les travaux à la place du propriétaire. Dans ce cas, ce dernier ne peut plus bénéficier des subventions auxquelles il pouvait prétendre lorsqu’il réalisait luimême les travaux. Lorsque ceux-ci sont terminés, un contrôle est effectué pour vérifier qu’il n’y a plus de risque d’accessibilité au plomb. Nous ne faisons que des travaux palliatifs et ne traitons que des surfaces identifiées comme étant accessibles à des enfants, ce qui est un peu la limite de notre intervention. Nous essayons aussi de nous inscrire le plus souvent possible dans des programmes de travaux plus globaux. Le 18ème arrondissement constitue la part majeure de notre activité sur Paris et forme un secteur à lui seul, contrairement aux autres arrondissements. Il représente environ 30 % des signalements et diagnostics de la ville. On y observe par ailleurs la même tendance que sur l’ensemble de Paris : les signalements santé stagnent au profit des signalements habitat et le nombre de diagnostics positifs diminue. Les choses s’améliorent donc. Un travail d’information et de sensibilisation est mené et une prise de conscience s’opère vis-à-vis du saturnisme, même si beaucoup d’efforts restent à faire au niveau des dépistages. Michel Neyreneuf : Merci. Nous sommes désolés de la longueur de ces interventions préliminaires, mais il était difficile de faire autrement. D’autres intervenants importants ne se sont par ailleurs pas exprimés, comme la SAGI qui va construire prochainement une centaine de logements pour jeunes travailleurs dans la rue des Poissonniers. Nous aurions aussi pu évoquer les GPRU et ce qui va se passer porte Montmartre, porte des Poissonniers, porte de Saint-Ouen et porte de Clignancourt et nous aurions aussi pu parler, à beaucoup plus long terme, de tout le nord-est parisien. 11 8– DEBAT De la salle : J’appartiens au Comité Action Logement (CAL). Je vous fais remarquer que tous les adhérents de l’association sont partis car ces présentations étaient particulièrement pénibles. Nous devions ce soir assister à un CICA, qui est en principe un conseil d’initiative et de consultation des associations. Or, nous avons plutôt eu l’impression d’écouter un compte rendu d’institutions. Par ailleurs, vous avez beaucoup parlé d’urbanisme et fort peu d’insalubrité, alors que c’était le thème de la réunion. J’ai l’impression que vous vivez dans un autre monde et que vous oubliez que nous connaissons une crise du logement. Vous semblez constater aujourd’hui que tout avance… Mais il y a tout de même des morts dans les hôtels, des incendies, des évacuations ordonnées par Monsieur Sarkozy, de l’insalubrité, des marchands de biens etc. Et ceci est intolérable. Nous ne vous avons pas entendus sur le sujet. Je souhaite par ailleurs faire trois remarques. Notre association reconnaît tout d’abord le travail entrepris par Monsieur Neyreneuf sur les immeubles insalubres et les relogements des familles concernées. On trouve cependant énormément d’insalubrité dans le diffus. Nos adhérents sont de plus en plus des gens qui ont fait des demandes de logements depuis peu de temps, mais le nombre de demandeurs ne baisse pas : au fur à mesure que des dossiers sont traités, d’autres arrivent. Le Service Technique de l’Habitat devrait par ailleurs normalement pouvoir prendre des décisions ou au moins établir des constats en matière d’insalubrité ; or, il s’agit d’une « machine de guerre » qui ne fonctionne pas. Certes l’ordonnance sur l’insalubrité qui vient d’être votée devrait permettre des évolutions, mais vous devez tous être en mesure de faire avancer les dossiers du STH. Quand il y a de l’insalubrité dans un appartement, il faut que les travaux soient faits. Si le propriétaire est défaillant, l’Etat doit prendre ses responsabilités. Enfin, vos présentations donnent l’impression que les choses avancent, mais c’est faux. Il y a énormément d’immeubles qui restent en l’état depuis des années. Il faut donc dégager de l’argent au plus vite pour réhabiliter les immeubles car la crise du logement est dramatique. Et si l’on ne résout pas le problème aujourd’hui, le nombre de demandeurs sera le même dans dix ans. De la salle : Je suis membre de l’Association de locataires Goutte d’Or dont l’activité principale est d’aider les habitants à trouver un logement social. En tant que professionnel et membre de l’association, j’apprécie pleinement l’importance de la résorption de l’insalubrité. Mais plusieurs questions se posent. La première s’adresse à la Préfecture : le saturnisme représente certes un drame, mais j’ai constaté sur une opération que c’est l’occasion pour les entreprises de facturer leurs prestations trois fois plus cher car elles ont développé la capacité administrative de remplir les dossiers que vous leur réclamez. Par ailleurs, il faut évidemment lutter contre le saturnisme ; mais cela supprime un critère de priorité à des familles qui conservent par conséquent des conditions de logement abominables. En outre, la résorption de l’habitat insalubre entraîne la suppression de logements sociaux de fait pour construire beaucoup moins de logements sociaux publics. Le rapport peut être de 2 pour 3 et le décalage peut même être beaucoup plus important, comme sur le secteur Emile Duployé. Mener une politique de lutte contre l’insalubrité nécessite donc d’être simultanément très actifs en matière de construction de logements neufs. Cette année, moins que jamais, nos adhérents n’ont pas été relogés. Par défaut de construction de logements neufs, la résorption de l’habitat insalubre assèche donc le pauvre contingent de logements qui apparaissent sur le marché. Pouvez-vous me dire combien de familles sont concernées par l’ensemble de ces opérations de résorption de l’habitat insalubre dans l’arrondissement ? Et au terme de ces opérations, 12 combien de logements aurez-vous reconstruits ? Quel est donc le déficit de logements sociaux qu’il faut construire ? Nous avons adressé une lettre en juillet dernier à Monsieur le Maire ainsi qu’à tous les élus municipaux et les partis du 18ème arrondissement. Vous n’avez pas jugé bon d’y répondre et c’est votre droit le plus strict. La municipalité a les moyens de construire puisqu’elle mène des opérations publiques d’importance, ce qui est très rare à Paris. Mais alors, pourquoi aucun logement social n’est-il prévu sur la ZAC Pajol ? De même, aucun logement PLUS n’est inscrit dans l’opération des Poissonniers. Et je ne crois pas que cela aille dans le sens de l’intérêt général de ne pas construire plus de logements sociaux dans le cadre de l’opération porte Montmartre. Pour loger les 100 000 demandeurs, il ne faut pas prévoir deux PLS pour un PLAI ou un PLUS, mais bien la proportion inverse. Par ailleurs, il semble que vous construisiez beaucoup de PLS et moins de PLUS : pouvezvous me donner les chiffres ? Si votre politique de mixité sociale se base sur une proportion de un pour un, vous devriez faire la comparaison avec le pourcentage des 10 000 demandeurs de logement du 18ème arrondissement qui relèvent du PLUS. Je pense que le taux doit être nettement supérieur à 75 %. De la salle : Je souhaite poser une question très simple sur les délais de réalisation. Dans le quartier Amiraux Simplon, la population est très satisfaite de la qualité de la concertation qui a abouti au projet, mais très mécontente des délais de réalisation. Elle trouve que la Ville se ridiculise en ayant affiché le premier trimestre 2006 comme date d’achèvement de l’opération alors que les chantiers ne sont pas encore ouverts. Il faudrait que les dates de mise en chantier et d’achèvement des travaux soient parfaitement connues et respectées. De la salle : Je suis membre d’une association d’habitants du 18ème arrondissement. Dans un arrondissement voisin, nous avons réalisé une opération avec le PACTE et la SIEMP, qui s’est assez bien passée et a duré environ deux ans. Je souhaite répondre à notre ami du CAL : cela coûte de l’argent et notre budget de départ a ainsi doublé. Il faut des ressources de propriétaires qui se trouvent par des aides publiques et via les loyers. Sans quoi on verse dans un accaparement un peu déplaisant de la propriété privée par la puissance publique qui a des moyens financiers plus importants. Il faut également des loyers cohérents : nous avons résolu le problème pour une quinzaine d’années avec des aides et des loyers assez faibles. Par ailleurs, nous avons des soucis avec des marchands de bien dans une autre copropriété et nous avons frappé à beaucoup de portes sans résultat. Je souhaiterais donc obtenir des réponses sur ce point à la sortie. De la salle : J’interviens au nom du parti des travailleurs suite à la lettre ouverte que nous avions écrite à Monsieur le Maire, mandaté par 800 de ses administrés. Cette lettre vous demandait de déposer un vœu auprès du Conseil d’arrondissement pour la construction de logements HLM sur les terrains disponibles du 18ème. De tels terrains existent puisque deux ZAC sont prévues, Pajol et Poissonniers, sans aucune construction de logements vraiment sociaux. On trouve en effet 10 000 demandeurs de logements sociaux dans l’arrondissement et 103 000 sur Paris dont 70 000 jugés prioritaires. Le site de la mairie indique un taux de 15,8 % de logement social sur notre arrondissement ; je ne sais pas si cela comprend les logements à 6 000 euros de revenus par mois… Michel NEYRENEUF : Les 6 000 euros représentent un plafond. Quelqu’un qui est au-delà des 6 000 euros ne peut pas rentrer dans le PLS ; par contre, on peut accéder au PLS bien avant 6 000 euros. 13 De la salle : Nous réitérons notre demande d’un vœu au Conseil d’arrondissement afin que les personnes aux revenus modestes puissent se loger à Paris à des loyers accessibles. Nous souhaitons également que vous receviez notre délégation. Daniel VAILLANT : Il nous a été demandé d’organiser un bilan et un débat sur la question de l’insalubrité après les événements de 2005 à Paris. J’assume la méthode qui consiste à informer et chacun porte ensuite les appréciations qu’il souhaite, c’est la démocratie. La présentation de ce qui a été entrepris sur le 18ème arrondissement montre à quel point ce dossier n’a pas été oublié. C’est tellement long que vos adhérents sont peut-être partis, mais cela témoigne d’un travail et d’un investissement financier, technique, procédural que personne ne peut nier si l’on est de bonne foi, et qui n’avait pas été entrepris auparavant. Je suis heureux que des associations nous apportent leur aide en nous sollicitant. Toutes ces opérations se font dans le respect du droit et il n’est pas question d’arriver avec des bulldozers et de démolir des immeubles simplement pour agir vite en spoliant la propriété privée. Il faut donc acquérir des parcelles pour réaliser des logements supplémentaires. On nous dit qu’il ne faut pas densifier, mais on ne peut pas mettre que du logement social pour aboutir à des ghettos : les gens n’en veulent plus, y compris quand ils vivent dans des logements sociaux, HLM correspondant à une terminologie un peu ancienne. Ils veulent de la diversité. C’est notre responsabilité, nous avons été élus pour agir en ce sens, selon notre programme et nos engagements. Naturellement, si les gens n’en sont pas satisfaits, ils auront l’occasion de l’exprimer le moment venu. Je reconnais que la capacité d’écoute a été grande ce soir et je vous en remercie. Le 18ème arrondissement détenait de tristes records en matière d’insalubrité et de saturnisme et je souhaite que nous avancions progressivement et de façon pragmatique. Enfin, vous évoquez la ZAC Pajol. Lorsque l’ancienne municipalité avait prévu de construire 600 logements au bord des voies de chemin de fer, nous avons refusé. Et le refus des pratiques urbanistiques des années 1970 figurait dans notre engagement de 1995 et de 2001. Je suis d’ailleurs surpris qu’on en soit nostalgique. La densité est déjà forte sur la ZAC Pajol dans le quartier Chapelle. Il faut certes acquérir des parcelles via des négociations avec la SNCF et RFF, mais j’assume de ne pas sur densifier à certains endroits uniquement pour faire du chiffre, car cela finit mal. J’assume donc de faire une ZAC Pajol de qualité avec un collège, un IUT, du développement économique pour lutter contre le chômage, une salle polyvalente, un gymnase, des jardins… Car ce sera très utile aux 30 000 personnes qui habitent dans le quartier de la Chapelle. J’assume tout cela. Michel NEYRENEUF : Il faut avoir conscience que Paris n’est pas extensible. Il reste très peu de friches SNCF et la ville présente aussi déjà une forte densité dans certains quartiers. Paris ne peut donc répondre seule au problème des 10 000 demandeurs de logement du 18ème arrondissement et des 100 000 demandeurs sur l’ensemble de la ville. La question concerne l’intercommunalité et la région Ile de France dans son ensemble. Certes, à Château-Rouge par exemple, le nombre de logements reconstruits après les démolitions-reconstructions sera naturellement bien inférieur au nombre de logements qui existaient auparavant. Mais je préfère qu’une famille habite dans un vrai F3 plutôt que dans un F3 de 30 m² ou dans une seule pièce de 20m² ou de 8 m² comme c’est parfois le cas. C’est du logement indigne, ce n’est donc pas du logement. Sur quelques opérations comme celle de l’impasse du Gué, nous parviendrons certes à augmenter le nombre de logements, mais de tels gains ne seront pas nombreux et il faut en prendre son parti. 14 Pierre SOUVENT : Je souhaite apporter quelques précisions sur l’action du STH puisque celui-ci a été mentionné. Nous avons, en 2005, réalisé 850 enquêtes sur le 18ème arrondissement qui ont souvent pour origine des signalements de la part des habitants. 300 ont ensuite fait l’objet d’une mise en demeure ou d’une injonction au titre du règlement sanitaire départemental ou du code de la santé publique. Elles ont alors conduit à des interdictions d’habitation ou à des mises en demeure au propriétaire de faire les travaux. Beaucoup de ces mises en demeures sont heureusement suivies d’effets. Nous intervenons par ailleurs également en exécution d’office, mais l’action coercitive a ses limites et c’est bien pour cela que le dispositif opérationnel évoqué ce soir a été mis en œuvre. Michel NEYRENEUF : La Préfecture va maintenant répondre à la question sur les entreprises qui font de bonnes affaires avec des travaux rapides. Martine GABET : À ce sujet, nous avons un opérateur qui se charge de mener un appel d’offres auprès des entreprises. Nous avons des exigences vis-à-vis de ces dernières car les travaux pour supprimer l’accessibilité au plomb sont particuliers et nécessitent de prendre des précautions, d’utiliser des équipements, de former les ouvriers. Tout cela a un coût. Les devis sont peut-être légèrement plus chers que pour des travaux classiques, mais pas de façon considérable. Nous demandons des garanties aux entreprises et cela peut expliquer ce léger surcoût. Si les travaux sont réalisés dans de mauvaises conditions, nous exposons en effet les occupants ainsi que les ouvriers à des risques d’intoxication ou de sur intoxication. L’autre question que vous posez me gêne beaucoup : vous craignez qu’en supprimant le critère du saturnisme, les gens n’aient plus accès au relogement. Je trouve ces propos douteux. Si un enfant est déjà intoxiqué, une procédure existe dans mon service et 2 ou 3 familles dans ce cas sont proposées chaque mois en priorité au bureau du logement. Les familles victimes de saturnisme sont donc ultra-prioritaires. Mais alors, en allant au bout de votre raisonnement, il ne faudrait pas faire de travaux et attendre que l’enfant s’intoxique pour que la famille ait droit à un relogement ? C’est un peu gênant. Michel NEYRENEUF : Je passe la parole à Jean-Pierre Olivier sur la question des dates de début et de fin de chantier. Jean-Pierre OLIVIER : Il s’agit effectivement d’un problème quasiment permanent dans notre métier. Nous sommes tous animés de bonnes intentions et nous espérons toujours qu’un chantier va démarrer à la date affichée. Hélas, construire est effectivement un parcours d’obstacles. On finit par y arriver, même si nous ne rafraîchissons peut-être pas suffisamment nos panneaux. Dans le quartier évoqué, un gros chantier va démarrer et vous allez peut-être regretter qu’il ait commencé… De la salle : Le problème est que les chantiers ont démarré successivement et que nous aurons donc une série de chantiers qui dureront plus longtemps que s’ils avaient été regroupés. Jean-Pierre OLIVIER : Ce ne sera pas tout à fait le cas : en effet, hormis le grand chantier que j’ai évoqué, tous les autres petits chantiers devraient être regroupés avec une seule entreprise et pourront donc être conduits en même temps. Les permis de construire viennent d’être déposés, le chantier devrait donc débuter en fin d’année ou en début d’année prochaine. Michel NEYRENEUF : Les aléas peuvent être très importants à tous les niveaux et donner une date précise relève de la gageure. Il serait plus réaliste d’indiquer que le chantier commencera entre telle et telle période. 15 Je reviens par ailleurs sur la question du PLUS, du PLS et du PLAI. La municipalité ne privilégie pas du tout le PLS dans le 18ème arrondissement : en faisant le compte, on trouve une large majorité de PLUS et nous avons aussi accru le nombre de PLAI. Un logement est qualifié de social lorsqu’il est financé par l’Etat et qu’il donne droit à l’APL. Pour une famille de quatre personnes, le plafond PLAI en revenu mensuel est de l’ordre de 2 600 euros, le plafond PLUS est d’environ 4 000 euros et le PLS de 6 200 euros, en prenant en compte l’ensemble des allocations, etc. Quelqu’un dont le revenu se situe sous ces plafonds a le droit de demander ces logements. Il existe généralement une règle dans les commissions d’attribution selon laquelle le loyer doit représenter un tiers des revenus. Le PLS est du logement social et existait déjà auparavant sous un autre nom. Sur les 4 000 logements financés en 2005 sur Paris, il y a eu 1 250 PLAI, 1 680 PLUS et 1 100 PLS (desquels il faudrait retirer 300 logements étudiants). Avec 800 PLS d’un côté et environ 3 000 PLAI et PLUS, notre politique va donc toujours dans le même sens. Enfin, je souhaite répondre à la question sur le nombre de demandeurs de logements qui stagne. Il faut tout d’abord noter que tous les gens relogés dans le cadre de ces opérations sont tous des demandeurs de logements qui attendaient parfois depuis très longtemps. Par ailleurs, il existe des relogements obligatoires et le 18ème arrondissement est particulièrement concerné. La Commission d’attribution de logements que je préside mais à laquelle je ne vote pas a eu l’an passé 34 logements à attribuer dont un seul F4 car 93 logements avaient été prélevés préalablement pour les relogements obligatoires. Et en un sens, il faut s’en féliciter car c’est ce qui permet à des opérations d’avancer. A l’horizon 2008, les grosses poches d’insalubrité auront été éradiquées, les principales opérations auront vu le jour, les gens auront été relogés. J’espère donc qu’à ce moment, l’équivalent de ces 93 logements et ceux qui auront été construits entre-temps sera remis dans le « pot commun » et que la mairie du 18ème arrondissement pourra avoir un rôle plus important pour reloger les autres demandeurs de l’arrondissement. Daniel VAILLANT : Le recensement de 1999 mentionnait 185 000 logements sociaux dans le 18ème arrondissement ; les éléments fournis aujourd’hui indiquent qu’il faut en compter au moins 10 000 voire 15 000 en plus. L’offre augmente donc bien, qu’on le veuille ou non. Mais je ne crois pas que le 18ème pourra aller au-delà de 200 000 car on ne peut pas faire en 2005 ce qu’on faisait en 1905. Je ne suis pas d’accord pour sur densifier certains secteurs au détriment de la qualité de la vie, de la mixité et d’une harmonie urbaine. De la salle : Je souhaite savoir à quel service m’adresser pour lutter contre les marchands de biens, quand un propriétaire loue par exemple un logement d’1,5 m². Michel NEYRENEUF : Ce lieu devrait être interdit à l’habitation en principe, c’est évident. Pierre SOUVENT : Nous obtenons les informations par les habitants, c’est-à-dire par vousmême. Venez donc me voir à la fin de la réunion, vous me donnerez l’adresse de l’immeuble concerné, nous en discuterons et nous irons faire une visite. De la salle : Bon nombre de nos adhérents sont des hommes et des femmes qui remplissent les métros à 6 heures du matin pour entretenir les bureaux et les hôtels qui font la richesse de Paris. Bien souvent, ces gens ont besoin d’habiter à Paris sans quoi ils perdent leur travail. Il n’est donc pas suffisant de dire qu’on ne veut pas sur densifier Paris au prix d’une dégradation de la qualité de la vie. Michel NEYRENEUF : Ce n’est certes pas suffisant, mais c’est malheureusement la seule chose raisonnable qu’on puisse dire. Parmi ces gens qui commencent à travailler très tôt le matin, il y a aussi tous ceux qui travaillent entre autres dans les services propreté de la Ville et cette dernière a aussi en tant qu’employeur une responsabilité vis-à-vis de ses salariés, 16 puisqu’il n’y a pas de 1% patronal. Le Maire de Paris s’est donc engagé à ce qu’un sixième des logements soit attribué à des salariés de la Ville de Paris. Nous avons certes un petit retard en la matière dans le 18ème, mais nous allons le rattraper. De la salle : Je fais partie d’une amicale des locataires CNL. J’habite dans le secteur Montmartre où le logement ne pose pas de gros problèmes. Mais des immeubles entiers sont tout de même laissés à l’abandon, comme au 98 boulevard de Clichy à côté du Moulin Rouge. Cet immeuble est manifestement inhabité ou squatté. Je souhaite donc savoir qui est responsable des préemptions à la mairie. Par ailleurs, monsieur Neyreneuf, j’attends toujours votre visite au 10-12 avenue Rachel suite à notre rendez-vous en mairie avec le gérant qui s’est engagé à faire des travaux. Derrière de très beaux immeubles pierre de taille en façade, on trouve parfois des arrière-cours en très mauvais état. Michel NEYRENEUF : Je viendrai visiter cet immeuble. Je souhaite par ailleurs préciser qu’on ne peut en principe préempter que lorsqu’un vendeur vend son bien. On peut aussi procéder à des expropriations par abandon manifeste, mais c’est assez compliqué : il faut que de fait l’immeuble soit complètement à l’abandon pendant un an. Et si jamais quelqu’un dépose un permis de construire au cours de cette année, il faut recommencer. Il est aussi possible d’ordonner des réquisitions, mais il s’agit d’un pouvoir du Préfet. De la salle : On trouve un très grand nombre d’appartements vides à Paris qui ne sont pas loués alors que des familles vivent dans la rue. Cela devient insupportable. Il y a certainement des choses très compliquées d’un point de vue administratif derrière ces situations, mais comprenez aussi qu’on puisse s’indigner de cet état de fait. Jean-Pierre OLIVIER : Je peux évoquer ce sujet puisque la SIEMP a également une mission de mobilisation des logements vacants, et il s’agit là aussi d’un vrai parcours d’obstacles. Depuis trois ans, nous nous battons avec la Ville de Paris pour que des propriétaires acceptent de louer leur logement. Tout d’abord, des chiffres faux circulent, comme celui de 136 000 logements vides de source INSEE. Nous avons mené des enquêtes très pointues sur certains arrondissements et nous sommes parvenus à 15 ou 20 % de ce qui était annoncé. Il y a donc peut-être à Paris 15 000 ou 20 000 logements durablement vides. Beaucoup de ces logements sont dans un état déplorable avec des propriétaires souvent âgés qui ont peur de se lancer dans des travaux et dans une relocation. Daniel VAILLANT : Nous avons souhaité consacrer cette soirée à la question prégnante pour nous tous de l’insalubrité. Toutes les associations du CICA ont été invitées, libre à elles de venir. Si des citoyens apprennent qu’il y a une réunion et qu’ils souhaitent y assister, je ne veux pas leur fermer la porte. Les élus les plus concernés étaient également présents ce soir. Je remercie celles et ceux qui ont travaillé sur le sujet depuis des années ainsi que les intervenants qui ont proposé une présentation synthétique et pédagogique des actions entreprises. Je ne dis pas que c’est parfait, je dis qu’il s’agit d’un travail d’ampleur. Et, lorsqu’on est de bonne foi, personne ne peut en sortant de cette réunion dire qu’il ne se passe rien en matière de lutte contre l’insalubrité dans le 18ème arrondissement. On peut ne pas être d’accord ou trouver que cela ne va pas assez loin. Mais quand on sait d’où nous partions, je trouve qu’il est rassurant de voir que d’importants progrès ont été réalisés par le volontarisme, la mise en œuvre de moyens publics financiers et de procédures. Nous n’avons pas atteint l’objectif final, mais je pense que nous parviendrons un jour à faire disparaître ce stock de logements insalubres. Il faut d’ailleurs rester vigilants pour éviter que des logements qui ne sont pas insalubres aujourd’hui le deviennent demain et nous entraînent dans une spirale infernale. 17 Quand nous nous battons pour acheter des terrains de la Défense boulevard Ney, quand nous envisageons de nous porter acquéreur si d’aventure la RATP laissait certaines de ses emprises à Championnet, quand la SNCF veut vendre le 122 rue des Poissonniers, quand elle a vendu le 144 rue des Poissonniers et que nous allons y réaliser du logement pour des jeunes travailleurs, nous offrons des logements supplémentaires. Cependant, s’il est important de construire de nouveaux logements, il faut aussi des équipements, des espaces verts, etc. pour que nous ayons une ville agréable à vivre. Personne ne doit être oublié dans le 18ème arrondissement et nous allons continuer en ce sens jusqu’à la fin de la mandature. Merci de votre patience et bonne année. La séance est levée à 22h10. 18