5© Cent. oe Louis-Otaries ROYER
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5© Cent. oe Louis-Otaries ROYER
m° ai PRIX EXCEPTIONNEL : 5© Cent. 12 Juin 1932. Lire, pages 8 et 9, le début du sensationnel reportage oe Louis-Otaries ROYER ABONNEMENTS DIRECTION ADMINISTRATION RÉDACTION Remboursés, en grande partie, par de superbes primes. Un an («TOC primés). SO fr. v FRANCE... ... s Un an (un* prime) . 37 fr. * Six. mois ... ... ^. 26 fr. 30, Rue Saint-Lazare, 30 PARIS - IX* I Téléphones TRINITÉ 72-96 Compte chèques postaux : 1475-65 TOUS LES DIMANCHES ÉTRANGERSik mois "'. Z Z 33 Se renseigner à U poste pour les pays étrangers n'seceptanl pas le tarif réduit pour les journaux. Dans ce cas, le prix de l'abonnement subit une majoration de 15 fr. pour un an et 7 fr. 50 pour 6 mois, en raison des frais d'affranchissement supplémentaires. HISTOIRES DE CARAMBOUILLAGE Les histoires de caramboui liage se suivent et se ressemblent. Cependant il y en a de plus compliquées les unes que les autres. On sait en quoi consiste ce genre d'escroquerie : Dupont achète à crédit à Durand une marchandise qu'il revend comptant à Dubois. Tout le bénéfice de la combinaison est pour Dupont, qui ne paiera jamais à Durand. On voit que la comédie se joue à trois personnages, qui figurent les trois boules de ce carambolage commercial. Le mot s'est changé — on ne sait pourquoi — en. carambouillage, au lieu de carambolage. Il y a de petits et de grands carambouillages : on en a vu porter sur plusieurs millions. Parmi ces derniers, citons le plus récent : Charles Rubin, vingt-sept ans, confectionneur, demeurait 59, rue Lamarck, et avait ses ateliers 20, rue Hérold, et 5, rue Coq-Héron. Il commanda à plusieurs reprises des tissus, des draps et des soieries à diverses maisons de Lyon ou du Sentier. Rubin, qui était établi sous la raison sociale « Charbin et C'e », revendit ces marchandises au comptant. Mais, lui, ne réglait pas ses vendeurs ou leur envoyait des chèques sans provision. Le montant de ses «carambouillages » est évalué à plus de 1 200 000 francs. Le 24 novembre dernier, l'escroc fut déclaré en faillite et disparut. Il se réinstallait cependant peu après 1, rue de la Réale, sous le nom de Sofraco. C'est là qu'il fut arrêté, à la suite de plusieurs plaintes déposées au commisariat des Halles. Chaque jour amène devant les tribunaux des affaires de cette sorte. En voici une qui nous a été racontée par la victime et qui présente un certain caractère. En l'espèce, le carambouilleur a pris pour complice, mais à son insu, son propre frère. Cet escroc achetait des marchandises à crédit et les faisait déposer chez son frère, honorable commerçant : il réglait la première livraison pour inspirer tout à fait confiance ; puis il passait la forte commande payable à crédit. Les fournisseurs, qui avaient recueilli d'excellents renseignements sur le frère, n'hésitaient pas à livrer. L'escroc retirait les marchandises entreposées chez son frère et les réalisait à son profit. On devine ce qui s'est passé : les fournisseurs se retournent Vers le frère et lui réclament le montant des livraisons. Le malheureux, tout a fait étranger aux louches tractations de son frère, proteste et argue de sa bonne foi : c'est sans qu'il le sache que les marchandises ont été apportées chez lui, réceptionnées par son frère et revendues. ' Dans cette affaire, comme on peut le constater, il y a quatre personnages au lieu de trois. Le parent de l'escroc se voit impliqué malgré lui dans l'affaire, et ce qui complique son cas, c'est que, bien qu'innocent, il est considéré par les fournisseurs comme le grand coupable, puisque c'est chez lui que les marchandises ont été livrées. Quant au carambouilleur, il s'éclipse prudemment en emportant la forte somme fruit de son méfait et laisse son frère se débrouiller tout seul. C'est ce qui s'appelle avoir l'esprit de famille I L'escroc a évidemment accumulé les faux, imité des signatures, etc. A tel point que les tribunaux ne savent qui croire. Finalement, cet individu s'est vu déclaré en faillite, ce qui n'est pas pour éclaircir la situation. Comme tout carambouilleur, ce dernier s'est montré éclectique : ses commandes ont porté sur les marchandises les plus variées : tissus, boîtes de conserves, phonos, chaussures, etc. L'article importe peu pourvu qu'il soit rapidement solvable et permette de réaliser d'illicites bénéfices. On nous a raconté un autre carambouillage qui ne manque pas de saveur. En la circonstance, la pièce se joue entre deux personnages : Dupont achète à crédit à Durand pour 100 000 francs de marchandises, des coupons de soie. Il maquille ces derniers, et, avec une audace incroyable, se présente chez Durand et lui dit : — Je vous ai acheté de la soie et j'entends, comme convenu, vous solder aux échéances fixées. Mieux, sur les 100 000 francs que je vous dois, je puis vous en verser immédiatement sous forme de 2 marchandises, car je viens de conclure un marché intéressant. Et le carambouilleur offre à sa victime sa propre marchandise habilement camouflée. L'autre n'y voit que du feu, comme on dit. Il croit avoir réalisé une double bonne affaire : la vente à Dupont de 100 000 francs de marchandises et l'achat d'un lot de tissus au prix de 50 000 francs, bien inférieur au taux courant. Tout le monde est content durant quelques semaines ; mais le dupé a vent de la dure réalité lorsque les premières traites signées Dupont reviennent impayées et que le carambouilleur demeure introuvable. Ce i truc » a été pratiqué avec succès dans l'industrie de l'automobile, où de hardis carambouilleurs s'étaient organisés pour un trafic fructueux. La bande noire achetait des autos, échangeait les carrosseries, intervertissait les marques avec une si grande dextérité que les plus malins revendeurs s'y laissaient prendre et achetaient souvent leur propre marchandise. En aucune manière, la jurisprudence n'est plus flottante que dans les procès relatifs aux ventes à crédit ou aux loca- tions-ventes. Ce sont, en effet, les opérations qui se prêtent le mieux au a carambouillage ». Un avocat qui s'est intéressé aux affaires de earambouillage, Me Louis Schrnoll, avocat à la Cour, nous disait sur ce sujet qui intéresse des milliers do commerçants : —• Généralement, les carambouilleurs acceptent des traites en paiement de leur achat. Lorsqu'ils sont poursuivis, ils déclarent qu'ils étaient propriétaires de la marchandise, les traites constituant un paiement et que, par suite, ils avaient le droit d'en disposer comme de choses leur appartenant. Ils ajoutent qu'aux termes de l'article 1583 du Code civil : «e La vente est parfaite entre les parties, et la propriété est acquise de droit à l'acheteur à l'égard du vendeur, dès qu'on est convenu de la chose et du prix, quoique la chose n'ait pas encore été livrée ni le prix payé. » Il est donc assez difficile d'établir juridiquement un délit réprimé par le Code pénal, lorsqu'on se trouve en face de carambouillages bien organisés. Le Parquet s'efforce de rechercher si la remise de la marchandise n'a pas été obtenue au Un jeune homme courageux Rassurez-vous ! Bien que nous soyons à la prison de Sing-Sing, et que ce soit la chaise électrique dans laquelle ce jeune homme est bel et bien assis, il ne mourra pas ! Cependant le courant passe ! Cet hérissement subit des cheveux en fait foi. Seulement encore que 200 000 volts se précipitent au travers du corps de cet étudiant en médecine assez courageux pour avoir pris place dans le « fauteuil suprême », cela ne lui fera rien du tout. Parce que, en matière d'électrocution, ce n**est pas le voltage qui tue, mais l'ampérage. Et ici le courant est heureusement privé d'ampérage. Quand il s'agit sérieusement de faire passer de vie à trépas quelque gangster, le courant ne dépasse pas 1 850 volts. Seulement l'ampérage y est. En deux minutes, le supplicié n'est plus qu'un bloc inerte et atrocement brûlé. Pourquoi le jeune étudiant en question a-t-il voulu goûter ce plaisir étrange ? Expérience médicale ? Sans doute. Mais imaginez-vous convié à passer la tête dans la lunette ^ie la guillotine ? Je gage que vous n'en éprouveriez aucun bonheur particulier. Comme, ici, cela revient exactement au même, il est permis de se demander pourquoi ce courageux hurluberlu a cru devoir revêtir la traditionnelle tenue des forçats yankees, arborer un numéro de condamné et s'installer enfin dans le siège définitif, où, comme Jupiter, la foudre est dans vos mains ? Mais quel cliché unique, par contre, pour messieurs les photographes. Et quelle interview pour les reporters 1 Croyez-moi : au fond, tout cela se traduit par un seul mot : publicité. (W. W.) moyen de manœuvres frauduleuses, en quel cas il poursuit pour escroqueries : mais les carambouilleurs sont souvent assez adroits pour éviter cet écueil. Quant à l'abus de confiance, on ne peut le relever en cette matière qu'à la condition que la marchandise ait été confiée en vertu d'un des contrats prévus par l'article 408 du Code pénal, c'est-à-dire à titre de louage, de dépôt, de mandat, de nantissement ou de prêt à usage. C'est pour cette raison que les vendeurs, au lieu de conclure simplement une vente à crédit, agissent sagement lorsqu'ils la font précéder d'une location, en confiant l'objet à leur futur acheteur à titre de louage, jusqu'à ce que le paiement des mensualités de location ait atteint l'équivalent du prix de vente, vente ne devenant parfaite qu'à ce moment-là. C'est en vertu d'un contrat de ce genre qu'à été prononcé récemment un jugement du Tribunal de commerce de la Seine, dont il convient de citer le passage suivant : « Attendu que A... soutient que, suivant conventions intervenues entre lui et B..., la voiture a été donnée en location par lui à B... « B... s'engageant à la restituer immédiatement à A... en cas de non paiement d'une seule mensualité à son échéance ; « Attendu qu'il échet d'observer, ainsi que le fait plaider A...,que deux contrats sont intervenus entre les parties aux termes desquels B... louait une voiture désignée aux dits contrats, moyennant le paiement de la somme de 1916 francs par mois par traites accèptées ; qu'il était stipulé qu'en cas de non-paiement d'une seule mensualité, il reprendrait immédiatement possession de la voiture et que le contrat serait résilié de plein droit ; que s'il peut être exact qu'une promesse de vente qui sera enregistrée avec le présent jugement soit intervenue entre les parties, cette promesse de vente était tout à fait distincte de l'acte de location, que pendant toute la durée de la location, moyennant paiement de la somme fixée, B... pouvait s'en rendre acquéreur, mais qu'il n'était toutefois pas propriétaire de la voiture tant qu'il ne l'avait pas intégralement payée : «Que, la propriété de la voiture ne devant être transférée à B... que lorsqu'il aurai! effectué le paiement intégral, il échet de remarquer que, jusqu'à l'avènement de cette condition, B... demeurait tenu des obligations dérivées du contrat de louage, etc. » De son côté, la Cour d'appel de Paris a rendu un arrêt dans une affaire non moins intéressante. Il s'agissait d'un contrat aux termes duquel une société d'automobiles avait vendu une voiture pour le prix de 63 000 francs, payable 19 752 francs comptant et le reliquat par six ' traites mensuelles de 7 208 francs. Il était stipulé que la vente était conclue sous condition suspensive, le véhicule restant la propriété du vendeur jusques et y compris le paiement de la dernière traite, l'acheteur s'interdisant formellement de sortir la voiture de France, de la vendre, de la céder, d'en disposer ou de la remettre en gage avant le complet paiement du prix. Malgré ces engagements, l'acheteur avait revendu la voiture un mois après. La Cour a décidé qu'il résultait des termes du contrat que cet acheteur ne détenait la voiture qu'à titre de locataire jusqu'à parfait paiement du prix, et que la translation de propriété ne devait s'opérer qu'après le règlement de la dernière traite, le vendeur demeurant jusquelà seul et unique propriétaire du véhicule. Elle a estime qu'ainsi l'acheteur avait commis un abus de confiance et elle l'a condamné. Les tribunaux, ainsi que nous venons de le voir par les deux décisions qui précèdent, ont une tendance de plus en plus marquée à juger conformément aux règles de l'équité, c'est-à-dire à condamner les carambouilleurs pour escroquerie ou pour abus de confiance, malgré toutes les objections juridiques. En fait, ils ont raison. En droit, font-ils ainsi une application exacte de nos lois ? C'est ce qu'aura à décider la Cour de cassation. Comme on le voit, les affaires de earambouillage sont, parmi les escroqueries caractérisées, les plus difficiles à établir et les filous, qui le savent, en profitent. ' PIERRE DEMOURS. LES "SNATCHERS" Valeurs* d'Hommes, de femmes et d'enfants avtx U. S. A. ■ mmmmmmm La célèbre star de cinéma Ann Harding et sa fille Jane Bannister, âgée de trois ans. L'enfant fut pendant vingt-quatre heures surveillée par les policiers, car ces derniers suspectaient un complot des « kidnapers ». (I. N.) Cet article constitue un document inédit, sensationnel et rigoureusement exact mur le fonctionnement «tes organisation» de « Snatchers », aux 17. s. A. Nos collaborateurs gai rentrent d'Amérique ont été renseignés directement jpar les services de la police américaine spécialement chargés de traquer les « Snatchers ». L'enlèvement suivi d'assassinat du fils de Lindbergh a rendu familier au public le terme de « Kidnapers », qui veut dire en effet : «Voleurs d'enfants «.Mais ce n'est pas par le terme de « Kidnapers » que les auteurs de rapts divers se qualifient. Ils s'intitulent « snatchers », mot d'argot américain qui correspond plutôt au mot français : « enipeur ». * Les « snatchers » sont aussi solidement organisés que les « bootîeggers », ou contrebandiers d alcool, et ils sont d'une classe beaucoup plus dangereuse, parce que leurs risques sont plus grands. Il faut tout de même, dire, en faveur de cette police terriblement gangrenée qu'est la police américaine à tous les échelons, que si elle ne donne que bien mollement la chasse au « bootîeggers », les « snatchers », eux, sont l'objet d une répression rigoureuse. En effet, quand le petit marteau d'ivoire du juge tombe sur sa table, les « snatchers » se voient adjuger des « doses », comme ils disent, particulièrement salées. Quand la police réussit, avant leur capture, à délivrer leurs victimes vivantes, le tarif varie de vingt à trente-cinq, oui, nous disons bien trente-cinq ans de pénitencier. Mais si le « chipé », le « snatched », est mort, alors une seule solution s'applique à ses bourreaux, The morning vvalk, ou promenade matinale, qui se termine par quelques instants de repos sur The hot chair, autrement dit la chaise brûlante... Quand nous affirmons que les « snatchers» sont aussi solidement organisés que les « bootîeggers », nous n'exagérons rien. Ces « gangs » vraiment spéciaux font entièrement bande à part. On trouve parfois des « safe-breakers », ou briseurs de coffres-forts, qui s'essaient au « bootlegging », et des « bootîeggers » qui^ à leurs moments perdus, consentent à donner le coup de main pour assaillir une banque, mais les « snatchers », eux, gardent l'esprit corporatif et n'utilisent leurs puissants moyens que pour enlever des hommes, des femmes, ou, hélas, des enfants. On les ff appelle les « snatch artistes », c'est tout dire. Voici comment une bande de « snatchers » fonctionne aux U. S. A. Big Bill Harman —• ce nom lui ira aussi bien qu'un autre — est dans « les affaires ». Il a cinquante ans, un peu de ventre, une belle résidence dans les environs de la Cinquième avenue, une grosse voiture et une jolie femme. Ses domestiques sont bien stylés, sa table est plantureuse, sa cave fine, — car on ne boit pas que de l'eau de Cologne ou de l'alcool à brûler au pays de la prohibition —, enfin ses cigares craquent bien et font de la fumée qui sent bon. Toutes ses richesses lui valent pas mal d'amitiés, les unes vraies, les autres fausses, comme vont toutes les amitiés en ce bas monde. Maintenant, n'allez pas croire que Big Bill Harman soit un « gangster ». Non, Big Bill Harman est dans les affaires, comme nous l'avons dit. Il achète indifféremment du bois, du fer, de l'aluminium, de la conserve, du coton, du blé ou de la soie. Il connaît beaucoup de monde, et les amitiés que sa très large hospitalité lui vaut lui permettent de se tenir au courant de l'état de fortune de l'un et de l'autre. Et, de temps à autre, Big Bill Harman met ses connaissances à profit, à très gros profit même, car, vous l'avez deviné, Big Bill n'est autre chose qu'un chef de « snatchers » qui a droit, dans leur argot particulier, au titre de The Brain, c'est-à-dire le cerveau. Donc l'homme repère une de ses connaissances, connaissance dont l'état de prospérité est, pour le moment tout au moins, particulièrement solide. Et il décide de lui « mettre le snatch ». Ça y est T Le bouton est pressé, le déclic a joué, et l'organisation puissante est mise en marche, par la première décision du a cerveau ». Maintenant, c'est au tour de la deuxième décision : la future victime a une femme, un ou plusieurs enfants. Lequel de ces êtres est destiné à être enlevé ? , Big Bill Harman réfléchit, tout en mâchonnant un gros cigare. Il écarte, presque toujours — les statistiques sont là — l'idée de l'enlèvement de la femme. C'est à croire que les « snatchers » ont une piètre idée de l'amour que leurs concitoyens éprouvent pour leurs épouses. Mais qu'on ne s'y fie pas. Ils savent que lorsqu'ils enlèvent une femme le mari perd tout contrôle de lui-même, s'affole, court à droite et à gauche, mobilise la police, mais n'obtient pas toujours la somme suffisante pour la rançon. Ils savent au contraire que la femme dont le mari a été « chipé », après le premier moment d'affolement passé, retrouvera son calme, dédaignera de mobiliser une armée de tuniques bleues, et, son sens pratique aidant, remuera efficacement ciel et terre, pour avoir les dollars nécessaires à la restitution de son mari. Il écarte aussi, chaque fois que cela lui est possible, l'enlèvement de l'enfant, non pas par un sentiment quelconque d'humanité qui ne saurait exister chez ce gibier de fauteuil électrique, mais bien parce qu'il sait qu'/Z ne pourra pas agir, pendant sa détention, sur l'enfant qui ne comprendra rien à ce qui lui est arrivé. Néanmoins, les rapts d'enfants ne sont pas rares aux U. S. A., c'est tout à fait exact, mais on peut être sûr que chaque fois qu'un enfant est enlevé, c'est parce que l'enlèvement du père présentait trop d'inconvénients. Ceci est un fait archiprouvé, indiscutable. Big Bill Harman choisit donc le père de famille, et, automatiquement, le « snatching » s'opère. Nous répétons que Big Bill Harman n'est pas un « gangster ». Personne, aucun témoin à charge — témoin d'État, comme ils disent là-bas — ne pourrait jurer qu'il l'a vu dans un quelconque « speakeasy », buvette soi-disant clandestine de Bowery ou du Bronx. Seulement, parfois, il reçoit un drôle de visiteur. Il ne le reçoit, d'ailleurs, qu'à son bureau. Ce visiteur est son second. Il est du « milieu », lui, tout à fait du milieu. Mais il est impeccablement habillé, et ses mots sont choisis comme s'il les ramassait dans un tamis. Cet homme, ce « second », est le doigt, The Finger. C'est à lui que le « cerveau » donnera les indications sur la victime choisie. Ces indications seront complétées par le « doigt » lui-même, qui se renseignera sur les allées et venues de l'homme promis au « snatch », sur ses heures d'entrée et de sortie de sa résidence, sur la vitesse de sa voiture, etc. Ces renseignements réunis, l'heure du « snatch » choisie, le « doigt » va mériter son appellation. En effet, c'est lui qui montrera au restant de l'équipe, les musclemen, ou hommes musclés, la victime choisie. Et l'homme est enlevé. Voici, généralement, comment ça se passe. . Au volant de sa voiture, l'homme, qui, naturellement, ne se doute de rien, entend derrière lui un coup de klaxon. Il appuie sur le bon côté. Aussitôt l'autre voiture, profitant de ce léger changement de direction, le. coince sur le bord du trottoir. On stoppe en chœur, et le malheureux, médusé, se rend compte de sa situation en voyant rançon de 1 000 doltars. (W. "W.) 3 quatre ou cinq « gorilles » (autre surnom des hommes aux muscles forts) qui le regardent, la main dans la poche de leur veston, le doigt chatouillant délicatement la gâchette de leur « colt ». Une minute plus tard, le « chipé » a changé de voiture. Allongé dans le fond de l'auto des « snatchers », un sac sur la tête, il se laisse emporter, et c'est tout ce qu'il peut vraiment faire. Derrière, à quelques dizaines de mètres, suit sa propre voiture. Seulement, c'est un « gorille » qui tient le volant ! La première manche du « snatch » est donc |buée, et, à part de très rares exceptions — car il est arrivé à des équipes de rater par-ci par-là un enlèvement et de filer avec deux ou trois « gorilles » souffrant d'une indigestion de plomb, là manche a été gagnée par les « snatchers ». La voiture a roulé longtemps, très longtemps, le « chipé » a perdu toute orientation, et quand enfin on lui enlève le sac qui lui recouvre la tète, il se trouve en pleine campagne, dans la chambre d'amis d'une maison parfaitement bien isolée. Cette chambre au mobilier plus que sommaire est aérée par l'ouverture de la porte, car la fenêtre est solidement barricadée. L'homme, courbaturé par le hideux voyage, s'assied sur le lit et attend. Il n'attend pas longtemps. Les « snatchers », qui n'aiment pas perdre de temps, vont incontinent l'initier aux nouveautés du «business », et si l'on songe que dans l'argot spécial du « snatch » business veut dire fortune, on aura une idée de ce qui peut attendre l'infortuné. Ils ne torturent pas leur victime par plaisir ou par sadisme, non. Ils la torturent par méthode, parce qu'ils savent qu'après quatre ou cinq jours d'enfer, rien ne comptera plus pour le prisonnier, hormis une seule idée fixe : cesser de souffrir. Et la séance commence. L'homme est là, sur le lit. Il pense que tout à l'heure les « torpilleurs » (troisième surnom pour les hommes aux muscles de fer) vont lui demander d'écrire chez lui pour faire verser une somme quelconque, et déjà il songe à débattre le prix, quand soudain un des hommes lui dit : — Alors, on vous a mis le « snatch ■» ? — Ça m'en a tout l'air, répond-il, en homme qui comprend que ce n'est pas le moment de discuter. — Et il ne faut pas le prendre à la rigolade, parce que nous n'aimons pas qu'on se paie notre tête ! — Mais... Il n'achève pas, le malheureux. Le « torpilleur » lui a coupé la parole avec son poing lancé en pleine figure. Dompté, il tire piteusement son mouchoir et en essuie ses lèvres saignantes. — Et ce n'est qu'un petit commencement, fait l'assaillant en ricanant. De fait, il a raison, ce n'est qu'un petit, commencement. Pendant les jours qui suivront, il encaissera, outre les coups de poing, des giflés lancées à pleine volée, des piqûres d'épingles, des écrasements d'orteils, il aura les yeux pochés, le nez saignant, des dents cassées, on triplera le sel de sa nourriture et on.le laissera souffrir de la soif. Nuit et jour, la lumière restera allumée, et les «gorilles », se relayant de deux heures en deux heures, feront assez de bruit à ses côtés pour l'empêcher de trouver un court oubli dans le sommeil. On lui fera avaler des décoctions qui le jetteront sur le plancher, le ventre douloureux, on s'amusera à lui brûler l'épidémie avec la cendre des cigarettes, on l'obligera à rester à genoux sur le plancher pendant de longues heures, ou on le ficèlera comme un saucisson et on le jettera sur le lit... Pendant ces longues journées, le malheureux ne vivra qu'avec la hantise du prochain tourment. Enfin, on le jugera « mûr », et, un beau matin, un des « gorilles » lui dira, tout en posant négligemment sur sa main déjà maintes fois meurtrie sa cigarette allumée : —• Combien pouvez-vous réunir d'argent ? Le chipé répondra aussitôt et annoncera de suite une somme maximum, qui, malgré cela, pourra ne pas plaire aux gredins, qui en exigeront peut-être davantage. Ils jouent, comme on dit, sur le velours. Ils savent que leur victime ira jusqu'à l'extrême limite de ses possibilités. Cet homme, qu'ils tiennent à leur merci, avec son corps sale et courbaturé — car on lui a également supprimé t oute hygiène —, avec sa pauvre face mal rasée, toute meurtrie On accuse, on plaide, an juge... de coups, avec ses mains brûlées, cet homme-là ne peut avoir une seule minute l'idée de « défendre son argent ». Il ne peut MLa femme a ta valise «fe demander qu'une seule chose : la libertécette liberté qui va représenter pour lui un stupéfiants e-n <rorrecttanbain, des soins pour ses meurtrissures, un nelte. vrai lit... Etrange couple, en vérité, que celui Quand il déclare la somme maximum formé par Henriette Pierre et Philibert qu'il pense qu'on pourra réunir pour lui, les « gorilles » savent qu* cette somme -Appruzèze : elle, ex-jolie femme que la quarantaine a depuis longtemps effleurée représente pour l'enlevé la limite de ses sans trop l'abîmer, lui, un beau Romain, possibilités. aux yeux de feu, aux cheveux semblables — Bon, lui disent-ils. Ecrivez à votre à du vieux palissandre bien ciré, avait quitté femme. les bords du Tibre pour ceux de la Seine, Écrire à sa femme 1 Mais il ne demande espérant trouver dans ce Paris hospitalier que ça, le malheureux! Vite, qu'on lui une proie facile.,. Il avait alors rencontré donne un stylo et du papier. Il va écrire, Henriette Pierre, avec laquelle il vécut Il va demander à sa femme de réunir tout quelque temps, puis, à la suite d'une conce qu'elle pourra... il va au besoin lui damnation, U dut quitter la France et sa demander de tout vendre pour le sauver... il sait bien qu'elle fera l'impossible... tendre amie. Alors les tortures cessent. Les négociations commencent. Si la femme est prudente, et qu'elle ne montre sa lettre ni à la police ni à la presse — un seul article obligeant la police à marcher —-, si, d'autre part,' elle réussit à réunir la somme" nécessaire et à la remettre à l'endroit convenu, en un mot si tout marche bien au gré des bandits, alors elle aura une chance de revoir son mari vivant. Un rendez-vous sera fixé. Elle verra arriver une voiture, qui s'arrêtera près d'elle une bref instant, le temps, pour les occupants, de jeter à terre un colis ficelé et portant un sac sur la tête. Puis la voiture démarrera aussitôt, et la pauvre femme se penchera vers le compagnon auquel elle aura tout sacrifié... Maintenant, si l'affaire a mal marché, si la police a été par trop indiscrète, ou simplement si la femme de l'enlevé n'a pu, malgré tous ses efforts, arriver à trouver la somme suffisante, alors c'est infiniment triste : — Habillez-vous. On va vous emmener faire une promenade en voiture. Les négociations pour vous n'ont pas rendu. Pas de chance. On va prendre un peu l'air. L'homme se raidit. Il a compris. Il s'habille et sort avec ses bourreaux. Cette fois, plus de sac, plus de cordes. Il peut reconnaît re le paysage, ça n'a aucune imporLe maire de New- York, James J. Walker, est tance. Dans cinq minutes, il ne sera plus accusé d'avoir reçu de l'argent de certaines qu'un cadavre. compagnies en échange de privilèges qu'il leur Peut-on s'imaginer ce que ces cinq — ou aurait accordés. (W. W.) dix, ou quinze — minutes peuvent représenter pour le condamné à cette exécution Il n'abandonna cette dernière qu'après roulante qui se pratique là-bas on peut lui avoir dérobé ses économies, qui étaient dire tous les fours ? lourdes et abondantes ; en guise de monnaie Assis sur un strapontin, face aux deux d'échange, il laissa chez Henriette Pierre ou trois « gorilles » qui vont le mettre à un colis compromettant auquel il était mort, l'homme attend... vraiment difficile de faire passer la fronLe paysage défile... le "ciel est bleu, comme tière : une large et longue valise emplie à on dit, les oiseaux chantent... craquer de plusieurs kilos de cocaïne, d'héLes minutés paraissent des siècles. roïne et de morphine ; de quoi ouvrir à des Posément, sans hâte, les « gorilles » centaines d'amateurs de paradis artifitirent leurs pistolets. La voiture ralentit ciels la porte dorée du rêve et de l'oubli. légèrement. L'un des hommes fait un Une petite balance destinée à peser les signe. livraisons à faire aux clients se trouvait Les larges museaux des onze millimètres aussi dans la valise, de même qu'un paquet crachent un bref jet de flamme, puis d'acide borique destiné à être mélangé encore un, puis encore un autre. Le peu de aux drogues. fumée est emporté par le vent. L'assasM me pierre, dépouillée de ses francssiné a glissé à terre... Son pauvre corps papier, songea alors à vendre tout ce qui tressaute encore... se trouvait dans la valise, véritable boîte Une dernière détonation éclate. C'est de Pandore, dispensatrice de joie et d'amerle coup de grâce. tume... Et c'est, ainsi que l'amie abanToutes les balles ont porté à la tête. donnée de Philibert Appruzèze s'installa La figure n'est plus qu'un trou rouge, marchande de stupéfiants ; elle tint ses méconnaissable. assises dans un café de Montmartre, où La voiture traverse un pont. A nouveau elle reçut bientôt toute une clientèle aussi elle ralentit. Le corps, basculé, tombe dans variée que bizarre : danseurs mondains, l'eau lourdement. modèles qui veulent oublier leurs chagrins Quelques instant plus tard, la voiture est d'amour, banquiers exotiques, femmes du lavée, et les « gorilles », assis à l'ombre, trempent leurs mufles de brutes dans des verres remplis de whisky de contrebande. L'affaire a été manquèe. Ça ne fait rien. Tant qu'un dick (détective) ne leur a pas mis la cold euff ou bracelet froid des menottes à crémaillère, ils ne s'en font pas. Le. « cerveau » paiera les frais de l'expédition ratée. Ils ne le connaissent pas, eux, le « cerveau », ils ne connaissent que le « doigt », mais ils savent que c'est lui qui paie les frais, comme ils savent que c'est lui qui touche la part du lion. CONAN DOYLE Car il la touche, cette part du lion, M. Big Bill Harman, gros bonnet de Wall Aventures de Sherlock Holmes. Street auquel les agents de service dans les Nouvelles Aventures de Sherlock Holmes. environs de son bureau touchent leur Souvenirs de Sherlock Holmes. casquette quand il passe devant eux... Ce qui tend à expliquer, peut-être, Nouveaux exploits de Sherlock Holmes. la raison pour laquelle il est si difficile Résurrection de Sherlock Holmes. de capturer les yoleurs d'hommes, de femmes et d'enfants au pays de la soif Sherlock Holmes triomphe. mal apaisée. Est-ce &amia? Est-ce Lucienne Bayer ? Mœe R..., paisible rentière parisienne, aime le phonographe —« ce qui est son droit — et, l'hiver dernier, elle en acheta un, à crédit, payable par mensualités. D'abord, tout alla bien... Mme R..., éprise de musique langoureuse comme de mélodies faciles et aussi de chansonnettes gaies, écouta tour à tour Carmen, Thaïs, Quand l'amour meurt, etc., elle écouta aussi des tangos entraînants et parfois un jazz aux stridences irritantes. Et puis, au bout de cinq mois — la propriétaire du phonographe avait déjà payé cinq traites de cinquante francs chacune —-, ledit phonographe se mit à divaguer, s'il est possible de dire... La voix féminine devenait rauque, la voix masculine devenait aiguë et les disques indiquaient des titres que la machine parlante et chantante répétait de façon incompréhensible. MMER..., désolée, refusa de payer le solde dû au vendeur, lequel l'assigna" en justice de paix. —• Voyons, madame, dit le juge de paix, vous avez acheté un phonographe, vous devez donc le payer ! — Que non pas ! répliqua la dame, pourquoi paierais-je un appareil qui fonctionne mal ! Et, à titre d'exemple, elle indiqua : —- Quand j'espère entendre une chanson de Damia, c'est la voix de Lucienne Boyer qui semble sortir de l'appareil... Quand j'ai mis un disque au nom de Lucienne Boyer, je crois que c'est Damia... Je ne sais si j'entends Alibert ou Perchichot, et je confonds, tant les voix sont confuses, Chaliapine et Dranem I Le juge de paix estima que la dame mélomane ne pouvait, en effet, payer un phonographe qui se permet de tels écarts de... voix et il chargea un expert de constater si Damia, Alibert et Chaliapine forment, dans l'appareil incriminé, un discordant chaos. Rôle aies assises de ta Seine. Vendredi 10 juin. —'Arnold Baud'huin : abus de confiance par commis. Défenseur : e M Raymond Hubert. Samedi 11 juin.— Dyarine Kebrime : tentative de meurtre. Défenseur : Me Joseph Python. SYLVIA RISSER. LE DISQUE ROUGE Des Romans d'Aventure, des Romans d'Action HARRY GREY et CHRISTIANE HUBERT. UltMMIlllllslllllICIlIIIIIlKaiilIllillIlIllfiltlIlISltlIlIEllUaiBBIIIlailBiïSSIlIItlIlIllIflIlllI Le Relieur " Police-Magazine 99 GARDEZ AVEC SOIN VOS NUMÉROS EN UTILISANT NOTRE RELIEUR ILS PEUVENT ÊTRE ENLEVÉS ET REMIS A VOLONTÉ. En vente à nos bureaux EnVoi franco : France ... — . — Étranger . E. W. HORNUNG Un cambrioleur amateur : Raffies. Le Masque noir : Aventures de Raffles, Cambrioleur amateur. CHRISTIAN DE CATERS Le Maléfice de Java. M. CONSTANTIN-WEYER Vers l'Ouest. ANDRÉ ARMAND Y Le Maître du Torrent. CAMILLE PERT La petite Cady. IL PARAIT DEUX VOLUMES PAR MOIS EXCLUSIVITÉ HACHETTE Établi pour contenir 52 numéros et dans lequel les journaux sont fixés sans être ni collés, ni perforés. Les fascicules ainsi reliés s'ouvrent COMPLÈTEMENT A PLAT. PRIX monde et du demi, gentilshommes authentiques, princesses plus ou moins russes, etc. A tous et à toutes, Henriette Pierre dispensait la manne consolatrice qu'elle vendait soixante francs... le gramme : cela remet évidemment la consolation à très cher ( Quoi qu'il en soit, la vendeuse ne subit pas la crise, l'inexorable crise qui sévit sur les divers commerces, sauf, sans doute, sur les trafiquants de stupéfiants. Mais le guet veillait sous la forme d'agents de la sûreté qui, étonnés de voir chaque jour cette femme et cette valise, suivirent l'une portant Vautre et découvrirent le pot aux roses, La Xe chambre correctionnelle, chargée de juger Henriette Pierre, lui fut tout de même indulgente, peut-être par égard à ses économies envolées en même temps que son amour; et ne la condamna, après une excellente plaidoirie de M* Thaon, qu'à treize mois de prison... 9 fr. 1 1 fr. 14.fr. Adresser commandes et mandats à l'Administration de PO LICE-MAGAZINE, 30, Rue Saint-Lazare, PARIS (IXe). — AUCUN ENVOI CONTRE REMBOURSEMENT. FR. CHAQUE VOLUME COMPREND 256 PAGES, IMPRIMÉES SUR BEAU PAPIER, SOUS COUVERTURE ILLUSTRÉE EN COULEURS LA RENAISSANCE DU LIVRE LES LACUNES DE L'IDENDITÊ JUDICIAIRE L'homme qui fabrique les empreintes digitales Un procédé ignoré de reconnaissance x les empreintes labiales Monsieur, je vous conseille d'être prudent si, un jour, .vous assistiez en qualité de juré à une affaire criminelle où, seules, les empreintes digitales constitueraient des preuves contre l'accusé... Dois-je avouer que je lisais cette lettre avec un certain scepticisme ? L'infaillibilité du système anthropométrique n'est plus à démontrer. Après trente ans de certitude, comment une lettre inconnue eût-elle pu faire douter d'une vérité qui avait fait ses preuves par la rare méthode du consentement universel ? Seulement, cette même missive ajoutait à ce conseil un corollaire à la fois énigmatique et précis, bien digne de piquer la curiosité du reporter : ... En effet, j'ai trouvé un procédé permettant de se servir des empreintes digitales d'autrui dans n'importe quel cas, à l'insu du titulaire de ces empreintes et sans sa présence effective... Son nom seul était le garant de sa sincérité. Mais un reporter prudent peut se garder de l'enthousiasme, dés inventeurs. J'écrivis d'abord à M. Diou. Sa réponse devait affoler, la curiosité de celui qui fait métier de tenter d'intéresser le public. i Envoyez-moi vos empreintes digitales, m'écrivit-il. Et je compte prouver aussitôt que vous avez commis un crime chez moi, où vous n'êtes jamais venu... Je décidai de venir et d'apporter non point mes empreintes, mais mes doigts eux-mêmes. Et alors, désormais, qu'on me permette de conter objectivement les conversations, les observations, lés constatations, issues de mes entrevues avec M. Diou. C'est la certitude même du système des empreintes digitales qui, par un singulier paradoxe, en fait le danger. Et peut-on, désormais, sans frémir, envisager qu'il y a peut-être au bagne des innocents expiant le crime d'un autre. Car, comme l'écrivait encore M. Diou : Ce que j'ai trouvé, un criminel a pu le découvrir aussi et en faire un mauvais usage... Empreintes digitales relevées directement. Empreintes digitales transposées. Elles sont rigoureusement identiques. Et pourtant elles sont fausses L'infaillibilité de la méthode Bertillon Les deux propositions d'un inventeur Qu'on m'excuse, au cours de la narration qui va suivre, d'employer le « moi » haissablé. Je suis bien contraint de parler ici à la première personne, parce que c'est la seule façon pertinente d'apporter un témoignage personnel. Ceci n'est pas l'exposé d'une théorie. C'est le scrupuleux récit d'expériences auxquelles j'ai assisté, que j'ai vu accomplir sous mes yeux, que j'ai moi-même exécutées. L'auteur de la lettre la signait de son nom. Je connaissais le nom : Diou. Je savais que M. Diou était un inventeur dont les découvertes, le plus souvent, étaient marquées d'une vive ingéniosité et d'une rare originalité. Mais celles de M. Bertillon... Récemment encore, ici-même, notre correspondant John Pearson, dans un article documenté, rappelait que le système dont M. Bertillon est l'inventeur est appliqué aux États-Unis, avec seulement quelques variantes de classification. Et, puisque le sujet exige que je prenne la parole, le principe de l'Identité judiciaire éveillait en moi des souvenirs certains. En 1912, M* Alexandre Zévaès plaidait aux assises pour un accusé qui était exactement dans le cas présumé par M. Diou. Contre lui, une seule charge : identité d'empreintes digitales. En ce temps-là, on n'admettait pas encore avec ferveur le dogme du « bertillonnage ». Me Zévaès opposa à la thèse officielle un scepticisme qui était son seul système de défense possible. M. Bertillon, pris à partie avec quelque vivacité, ne se formalisa pas de l'attaque. Après l'audience, il tenta, avec douceur, de convaincre le défenseur et le convia à visiter ses services. Le hasard fit que j'assistai à cette visite. Et je pense que Me Zévaès ne me démentira pas si je révèle qu'en redescendant le petit escalier du service de l'Identité judiciaire, il était beaucoup plus hésitant. Déjà, lors du procès dés bandits tragiques, Carouy avait été identifié comme auteur du crime de Thiais par ses empreintes digitales. Et je me rappelle encore l'un de ses défenseurs, le regretté Emile Michon, déclarant dans les couloirs : « Il n'y a pas d'erreur judiciaire dans l'affaire. Carouy a avoué. Mais la preuve est fausse. U m'a affirmé avoir opéré avec des gants. Le système n'est donc pas infaillible... Il est donc dangereux... » Mais, le lendemain, Carouy, qu'il interrogeait encore par un scrupule de conscience, se rappelait soudain qu'il avait, une minute, déganté une seule main pour déboucher une bouteille. De tels exemples sont nombreux. Mais, d'ailleurs, à la bien relire, la lettre de M. Diou ne prétendait point à la faillibilité de l'invention de M. Bertillon. M. Diou est une sorte de méridional du Nord. Il est brun, alerte, vif comme un fils de Phocée. La première déclaration par quoi il m'a conseillé est celle-ci : — Je prends vos empreintes digitales et je les transporte sur n'importe quel objet. Si je n'ai pas vos empreintes digitales, j'en ai d'autres, de vous, qui suffiront à vous identifier. Alors, je tente d'engager plus avant la conversation. Mais M. Diou me parle d'autre chose, de la politique ou du temps qu'il fait — sujets dont la nature est également variable. — Un porto ? — Volontiers. Nous prenons le porto. — Revenez me voir. Vous verrez ? — Quand ? — Je vous écrirai. Je peux me servir des empreintes digitales d'autrui.. Comment ? Il paraissait intéressant de le savoir. M. Diou habite le Nord de la France. La d'incrédulité, est une invitation à poursuivre, M. Diou expose gravement : —■ De plus en plus, les cambrioleurs, au cours de leurs «cassements », font emploi du gant de caoutchouc, grâce auquel ils ne laissent pas de trace. Moi, je prétends qu'ils en laissent, et que je les retrouve. Elles sont aussi sûres, aussi « sélectives » que les empreintes digitales. —• Sérions les questions, dis-je. D'une part, vous faites une découverte capable d'égarer la justice et, d'autre part, vous inventez un principe qui la sert. —■ Je la sers dans tous les cas : en lui enseignant qu'elle peut éviter de frapper un innocent et en lui permettant de découvrir un coupable. —■ Maintenant, la démonstration. — Alors, un second porto, sans gants. Et un autre verre. Et, aussitôt, la démonstration. M. Diou a apporté près de moi trois petites boîtes. Il les ouvre. L'une contient une poudre grise. L'autre, une poudre plus foncée. La dernière, une poudre noire. —■ Essayons. transposition des empreintes Nouvelle lettre de M. Diou : Monsieur, en marge de cette lettre, que vous n'avez pas écrite, sur ce papier que vous n'avez jamais touché, voici vos empreintes digitales, celles de votre pouce, de l'index et du majeur de votre main droite... En effet, dans la marge, il y a trois empreintes noires, bien nettes. Je m'empresse de prendre mes propres empreintes. Je les observe avec une forte loupe sous un grossissement puissant. Je les compare à celles que m'expédie M. Diou. Ce sont les mêmes, fidèlement, scrupuleusement. Seconde entrevue. — Etes-vous convaincu ? —■ Je suis surtout surpris. —■ Rien de plus simple. Rappelez-vous le verre de porto. Vous avez quitté vos gants pour le boire. J'ai gardé votre verre. J'ai voulu ainsi, tout de suite, éviter l'objection que vous m'auriez inévitablement posée : « Pour employer les empreintes de l'innocent que vous voulez compromettre en le chargeant du crime que vous auriez commis, il faut d'abord que vous les possédiez. Comment pouvez-vous le faire ? Je l'ai fait, vous le voyez,'de la façon la plus simple du monde. — Et comment avez-vous pu reporter ces empreintes, qui sont miennes, sur ce papier qui m'est étranger ? —• Vous allez le savoir... M. Diou me tend un autre verre de porto. Avec quelque malice, cette fois, je ne quitte pas mes gants. —■ Ce geste-là, me dit M. Diou, est celui d'un coupable. Vous prenez vos précautions. Mais même si vous ne vous dégantez pas, comme fit inopportunément Carrouy, dont vous avez entendu parler, j'aurai de vous, comme j'en aurais eu de lui, des empreintes certaines. —■ Lesquelles ?... — A votre santé. — Mais, ces empreintes ignorées... —■ Ça y est... je les ai... Merci ! A mon sourire qui, moins qu'un signe Avec un tube vaporisateur où il souffle, M. Diou projette la poudre grise sur le second verre. A l'endroit où elle frappe le rebord apparaissent les traces de mes doigts. J'ai pris le sqin de ne pas serrer le verre. M. Diou prend alors la seconde boîte. Nouvelle insufflation. Cette fois, les empreintes apparaissent avec une singulière netteté. — Sur quoi voulez-vous que je les reporte ? —■ Sur un autre verre. —■ C'est facile... Revenez demain. Le lendemain, M. Diou me présente l'un de -ces clichés que font les photograveurs pour permettre la reproduction des dessins dans les journaux. —• Vous connaissez cela ? —■ Professionnellement. Ces clichés ne sont pas autre chose que des photographies positives sur une plaque de zinc, où les traits sont en relief. — J'ai deviné, dis-je. Et ce n'était pas difficile. Vous avez fait clicher mes empreintes. Et maintenant vous allez les appliquer, grâce au cliché, sur un autre verre. —■ Non. Ce métal dur ne « prendrait » pas sur le verre et laisserait sur une matière molle une trace mécanique. Et puis, l'empreinte que je dois laisser doit être faite de cette matière grasse qui est un « exsudât » de la peau. Ce cliché ne pourrait, pas l'appliquer directement. Autre chose : regardezle bien. Ce cliché a été fait à l'envers. Cette précaution était nécessaire pour que votre empreinte ainsi reproduite ne fût pas inversée. M. Diou a pris le cliché. U le frotte contre Empreintes labiales, telles qu'on peut les relever sur un verre, chaque fois qu'un homme y a bu. Les sillons et les lignes de ces empreintes accusent, au grossissement, une variété et une diversité égales aux caractères sélectifs des empreintes digitales. sa paume, afin de l'imprégner de la substance grasse qui filtre par les pores de la peau. Il a introduit sa main droite dans un gant de caoutchouc. Puis il appuie successivement les trois doigts de la main droite sur les parties correspondantes du cliché. Ensuite, de cette main gantée, il a pris un verre. Quand il le lâche, il me fait remarquer une trace d'empreinte visible, sur le verre, avec cette apparence grasse qu'on connaît. Il a repris le vaporisateur, projeté la , poudre • sombre. Les empreintes —• mes empreintes —■ sont nettes sur le verre que je n'ai pas touché. Mais je ne veux pas me rendre aussi vite. J'objecte, non. sans raison d'ailleurs : M. Diou, qui fabrique les empreintes digim taies et qui a découvert les empreintes labiales. •!-— Votre procédé suppose un complice ou, ce qui est plus dangereux encore, un témoin. Il y faut la collaboration d'un photograveur. Ceci lui enlève — et c'est fort heureux -— toute possibilité d'application pratique. L'application pratique de la fabrication des empreintes — Apprenez qu'avec un appareil photographique, une plaque de zinc et quelques produits chimiques, il n'est pas impossible de s'improviser, pour un seul cliché, par hasard, photograveur. Mais j'avais prévu votre observation. Ce que vous voyez là, c'est la phase du début de mes recherches. J'ai simplifié tout cela. Regardez. M. Diou me tend le verre où, à la première rencontre, il avait fixé mes empreintes. Elles apparaissent en noir. —• Touchez. Je touche. Elles sont à la fois poisseuses et dures. — J'ai compris. Vous n'avez plus qu'à les appliquer sur l'objet choisi. — Non. Parce qu'elles seraient inversées. Et parce qu'elles sont ici moulées en creux. Elles me servent à prendre un relief. Sur une plaque de verre, M. Diou m'a présenté un moulage en relief, en tous points pareil à celui du cliché. Nouvelle application sur les doigts correspondants revêtus de caoutchouc. Frottement sur la peau pour obtenir la couche graisseuse naturelle. Apposition sur un verre, puis sur le bois verni d'un meuble. Apparition de mes empreintes. Le grossissement à la loupe n'accuse aucune différence essentielle avec les empreintes directes. — Ainsi, un homme qui commet un crime peut apposer dans la maison du crime les empreintes qui ne sont pas celles du criminel. Je remarque : — Sans doute. Mais ces manipulations ne sont-elles pas bien compliquées ? N'exigent-elles pas des produits chimiques spéciaux. —• Ces produits dont le mélange est mon secret sont des substances simples, naturelles, et dont la nature vous étonnerait. Je peux vous confier le secret. Je vous demande de ne pas le révéler, puisque la révélation peut en être dangereuse. Comment ne serais-je pas convaincu ? Et n'allons-nous pas entendre désormais les avocats, longtemps vaincus par la science officielle, insinuer : « Etes-vous sûr que ces empreintes ont été effectivement apposées par le prévenu ?... » . N'est-ce pas une lacune dans la certitude, jusqu'ici entière, des empreintes digitales ? Une découverte d'empreintes Ignorées Une lacune ? Je me rappelle aussi la promesse de M. Diou. — Et ce cambrioleur qui n'a pas quitté ses gants et que vous prétendez identifier quand même ? M. Diou me tend une liasse de coupures de journaux. Toutes, elles relatent des affaires de cambriolages. —■ Aucun des auteurs de ces méfaits n'a été arrêté, m'explique M. Diou. Pas de traces digitales. Mais lisez. Un fait commun à tous ces cambriolages. Partout, les voleurs ont bu, au cours de leur travail — Alors ? —• Alors, voyez ! M. Diou a pris mon verre, celui où j'ai bu en gardant mes gants. Vaporisation de poudre noire vers les bords. Apparition de traces visibles. — Empreintes labiales, me dit M. Diou. Observez-les. J'en ai examiné des milliers. Toutes diffèrent, presque autant que les empreintes digitales. Elles offrent un jeu de lignes et de sillons essentiellement différent chez chaque homme. — Et la justice n'a jamais utilisé cette ressource ? — Elle n'y a pas pensé... Mais, puisque M. Diou y a pensé, ne pourrait-elle y penser après lui ? L'inventeur, qui a voulu me réserver la primeur de ses ingénieuses découvertes, n"a pas d'autre intérêt ni d'autre but. Mais il pourrait bien, en toute simplicité, bouleverser les méthodes de l'Identité judiciaire et les habitudes de la Justice. MAURICE CORIEM. 5 il est d'usage qu'une maison soit payée en un an par ses propres revenus, et c'est en effet les bénéfices approximatifs que nous réalisons. Vous voyez que nous sommes loin des quatre millions et demi que votre règle de trois composée semblait vous affirmer mathématiquement t Et elle précise : — C'est que les frais sont énormes. En premier lieu, la patente—en passant, et pour votre gouverne, je vous signale que celle-ci est à mon nom. En effet, si, en France, les tôliers sont reconnus, en Argentine, les femmes seules ont le droit d'ouvrir et diriger un lupanar. Et elle conseille : — Notez ça, c'est très important ! Puis elle reprend : — Donc la patente : une cinquantaine de mille francs, le droit de débiter vins et boissons alcoolisées : vingt-cinq mille... les petits avantages au docteur : vingt-cinq mille... les cadeaux à la municipalité : cinquante mille... Et tout cela ne serait rien sans les deux grosses sangsues que sont la police et la politique 1 Soudain, elle s'arrête et, nerveusement, éclatant de rire, me demande : — A votre avis, combien pensez-vous que leurs grandes goules insatiables nous ont soutiré l'an dernier ? Et n'oubliez pas, pour étayer votre supposition, que les souteneurs sont officiellement tolérés à Rosario et que, naturellement, on nous fait payer assez cher leur droit à la tranquillité. La question est délicate pour un profane. Je balbutie : — Mon Dieu, je ne sais pas trop. Cent mille francs, peut-être... Cette fois, c'est du délire. La tenancière se pâme littéralement. Cent mille francs ! ironise-t-elle. Ah ! ça, c'est amusant ! Plût au ciel que nous n'ayons payé que cent mille francs !... En réalité, c'est cinq cent mille que nous avons distribués !... Oui, monsieur, un demimillion !... Une paille, n'est-ce pas ? L'hilarité de cette femme, son attitude et ses gestes moqueurs ont le don de chatouiller ma sensibilité un peu trop susceptible, je l'avoue, et à mon tour je raille : —• Cependant, si je totalise toutes ces sommes énormes, épandues largement et avec à-propos, je suis loin encore du premier million... Ma brusque contre-attaque surprend la belle Ginette, qui, atteinte un peu durement, demeure un moment sans voix, comme assommée. Mais cette émotion n'est qu'apparente, car déjà elle s'est ressaisie et se cabre. —• Ah ! pardon et permettez ! s'exclamet-elle, si votre raisonnement est juste, vos prémisses sont fausses, partant votre résultat ne peut être qu'erroné. Vous admettez bien que certaines lois naturelles imposent à la femme un repos* mensuel obligatoire ? Donc, mon cher monsieur, le mois de travail dans nos maisons n'est en réalité que de vingt-deux jours et, de ce fait, l'année commerciale d'un bordel ne comporte que deux cent soixante jours de travail effectif... C'est pourquoi, en tenant compte des périodes creuses, la recette annuelle ne dépasse guère trois millions et demi, recette brute bien entendu, y compris le produit de la vente du Champagne et autres boissons. Et elle ajoute, un tantinet narquoise : —; A cela, rien à dire, n'est-ce pas, c'est la logique même, et j'espère.que cette fois nous sommes bien d'accord. Or, je vous ai énuméré déjà sept cent cinquante mille francs de dépenses extraordinaires, laissezTous les clients des maisons de Rosario ne sont pas des hommes du monde... moi maintenant vous parler des autres frais réguliers inhérents à la bonne marche Trianon est estimé deux cent cinquante de la maison. Je n'ai pas le temps d'esquisser un geste La tenancière reprend alors son grand mille pesos, mais comptons en francs, vous de protestation que déjà elle est partie. comprendrez mieux, ça fait donc un million livre qu'un moment, elle avait posé sur le — Si, si, affirme-t-elle, je tiens absoluet demi. Or, dans notre genre de commerce, piano et revient en sautillant près de moi. ment à vous renseigner. Et d'abord, le 6 Je la devine décidée à en finir en m'écrasant définitivement sous le faisceau de preuves indiscutables. — Voici la liste des femmes de ma maison, dit-elle, mystérieuse, faites-moi la grâce de me désigner au hasard trois noms ? — Mais... Elle me rabroue gentiment : — C'est curieux, vous voulez toujours tout comprendre avant qu'on vous explique 1 Les « messieurs de Buenos-Ayres », à l'arrivée de chaque paquebot, viennent attendre les camarades redour de remonte. — En effet, pourquoi trois noms ? Mon hésitation énerve la jolie fille qui à brûle pourpoint me demande : —■ Quel est votre prénom ? — Mon... prénom ? — Ouil — Claude. — C'est bien, merci 1 Elle a refermé son grand livre d'un coup sec, me tourne brusquement les talons et sonne... Je suis ahuri. Solange, la sous-maîtresse, apparaît. — Appelez-moi, Clo-Clo, Colette et Catherine ! ordonne la patronne du Trianon. Un silence. La gouvernante sort. Mme Ginette, un moment encore, demeure immobile, toujours dédaigneuse, puis elle s'exclame avec une joie contenue : — Cher monsieur, dans quelques instants, trois de mes pensionnaires seront ici. J'ai tenu à entourer cette entrevue de toutes les garanties désirables et vous ne pourrez même pas taxer ces filles de complaisances à mon égard, puisque je les ai prises au hasard en choisissant celles dont le prénom commence par la lettre C, comme le vôtre. Sur les trois, deux sont Françaises, l'autre est créoleLa patronne achève à peine l'explication de cette mise en scène quelque peu vaudevillesque que les trois phénomènes font leur apparition sur le plateau. Elles sont en tenue de travail. ' Instinctivement, toutes trois se sont rapprochées et, immobiles, au garde-à-vous, nous regardent, épatées. Je le suis autant qu'elles. L'interrogatoire commence : LA TENANCIÈRE. — Cloclo, où étiez-vous avant de venir au Trianon ? CLO-CLO. — J'étais à Mendoza, madame. LA TENANCIÈRE. — Et vous, Catherine ? CATHERINE. — A Montevideo 1 LA TENANCIÈRE. — Colette ? COLETTE. — A Buenos-Ayres ! LA TENANCIÈRE. — En quelle classe avez-vous voyagé ? LE CHŒUR DES FILLES (avec un ensemble parfait). — En wagons-lits, madame I La patronne me foudroie d'un regard. LA TENANCIÈRE. — Qui a payé vos billets ? LE CHŒUR (toujours à l'unisson). — C'est M. Henri 1 La patronne me refoudroie d'un regard. LA TENANCIÈRE. — Etes-vous satisfaites de la cuisine ? CATHERINE. — Mais certainement, puisque Madame nous fait servir des mets créoles. COLETTE ET CLOCLO (ensemble). — Et à nous de la cuisine française I Re-re-regard de la patronne qui me re-re-foudroie. ' Moi (agonisant). — Assez !... Je vous en prie... je vous crois... LA TENANCIÈRE — C'est tecteur). (d'un geste large et pro- bien, mes filles, laissez- nous ! LE CHŒUR (en se bousculant vers la sortie). — Au revoir, madame ! .. Au revoir monsieur !... Dans son salon, M™* Ginette triomphe comme une vedette dans sa loge au milieu Colette. (Composition de R. Giffey.) des gerbes de fleurs et de ses adorateurs. Moi, je me remets doucement. Par la fenêtre entrouverte, un rayon de soleil indiscret s'est faufilé sans bruit et, guilleret, s'est réfugié dans la blondeur frivole de mon bourreau qui jouit en silence de sa victoire facile... Mais voilà que le plaisantin se fait entreprenant et pose un baiser brûlant sur les lèvres de la jolie fille qui, surprise, recule... cependant que le polisson, bien décidé, développe encore son attaque et caresse les seins... C'en est trop. M»« Ginette s'est levée. — Quel taquin ! fait-elle en riant. Puis elle se rapproche de moi doucement et, à mi-voix, propose : Faisons les comptes, voulez-vous ? Je murmure : — A quoi bon, j'ai compris... et je fais amende honorable. Mais elle sourit encore de tout son regard bleu. — Vous avez compris... pour ces dames, peut-être, mais vous oubliez ces messieurs l — Comment ça, les hommes émargent au budget ? — Dame ! Ils n'ont pas droit à la table, certes, mais ils sont logés ; et que ce soit en ville ou à la Private (1), c'est toujours à nos frais. De plus, tous les lundis, ils touchent un bouquet de dix-sept pesos. — Un bouquet ? — Hé oui ! m'explique la tenancière, c'est une redevance, sorte de cadeau qui fut imposé aux tenanciers après une grève des hommes qui entendaient être nourris au même titre que leurs femmes. Un compromis intervint, et il fut décidé que ces messieurs toucheraient une indemnité, un bouquet, suivant le mot, de dix-sept pesos par semaine. — Mais si la femme tombe malade ? — Le cas est assez rare, il est prévu cependant. Aux premiers symptômes, la fille reste à la Private avec son homme et le ménage est à notre charge pendant un mois. Ainsi en a décidé la loi du milieu. L'homme touche alors deux bouquets par semaine. Si la maladie se prolonge, le deuxième mois, seul le souteneur touche son bouquet, mais généralement mon mari se montre généreux... et d'ailleurs, je vous le répète, les cas de maladie sont très rares au Trianon. — Mais alors, c'est un véritable contrat que vous avez avec chacune de vos pensionnaires ? — Un contrat tout moral, rectifie la belle Ginette, toujours aimable. Dans le milieu, on ne connaît pas les feuilles de papier timbré ni les écritures, encore moins les signatures, la parole suffit. Mon homme traite avec les hommes 1 — Cependant, vos engagements ne sont faits que pour trois mois. ,— Pour trois mois, mais renouvelables, précise-t-elle. J'ai ici des femmes depuis cinq ans et qui s'y plaisent. Que voulezvous, leur travail est automatique maintenant ! Il est même curieux d'observer que le rendement des anciennes est d'une régularité toute mathématique. Et comme elle se plaît à .appuyer son argumentation sur des faits précis, elle reprend aussitôt son grand livre et propose : • — Prenez au hasard parmi mes vieilles gardes, tenez, Mado, par exemple, qui est au Trianon depuis plus de six ans, et examinons ses gains hebdomadaires durant les derniers mois. Que constatons-nous ? (Suite page 14.) CLAUDE VIN CELLE. (1) Propriété ordinairement attenante à la maison close, où les hommes habitent en commun. Je regardai par la fenêtre qui donnait sur le boulevard de l'Opéra. Il était 2 heures après-midi, l'heure où les Viennois commencent à songer au déjeuner. — Où s'arause-t-on à Sur la chaussée, large comme nos ChampsVienne ? Élysées, les autos et les tramways rouLa jeune femme rose laient ; les passants circulaient ; de luxueux et potelée à qui j'avais magasins présentaient, sur fond de velours, posé la question prit un des robes claires et des bijoux étincelants ; temps, aspira une bouffée l'air était léger, le soleil d'avril déjà chaud de tabac autrichien, aussi et l'odeur d'innombrables violettes monblond mais moins parfutait jusqu'à nous. Pour une morte, Vienne mé qu'elle, et renvoya, me sembla se porter encore assez du même soupir, la bien. fumée et la réponse : C'est ce que je tentais d'exprimer, avec — Nulle part. La précaution ; car les Viennois sont aussi ville est morte; la intransigeants sur leur indigence actuelle guerre l'a tuée. que sur leur splendeur Ci-dessous : Les cartes passée. dont parle notre colPrécaution inutile. La laborateur Louis- dame haussa les épaules et Charles Roger dans eut un mouvement de ses son article.' jambes croisées qui fit tomber sa mule de satin. Ainsi m'apparut, délicatement veiné de bleu, le pied le plus blanc, le plus mignon : le pied de Cendrillon. Je remis la mule en baisant humI Cafést dc iv«i*e*< Sur chaque table, une part' carte portant un nom de ville. 8 b le ment le trésor mis à jour. La paix était laite. — Écoutez, Qt enfin la dame radoucie, mon frère, qui est un chenapan, vous donnera les adresses d'endroits comme vous en cherchez. Moi, bien entendu, je les ignore. — Bien entendu. — Pourquoi riezvous ? — Je ne ris pas ; mais vous savez peutêtre, tout de même, quel est le genre de ces établissements ? Une hésitation, puis : — €e sont des cafés de veuves. — De ? — De veuves. Oui. — Drôle de nom pour un endroit gai ; c'est vrai qu'il y a une opérette, très viennoise, qui s'appelle la Veuve joyeuse. — Méchant 1 ' La mule retom- —- Cinquante groschen, dit-elle. Ces cartes-postales, jaunes, n'étaient pas même illustrées. Au recto, destiné à l'adresse, cette indication : Juxpostkarte (Farce-carte postale) ; le verso, réservé à la Le soir même, j'étais Johennesgasse, au correspondance, était vierge. C'était sans doute la seule chose qu'il y eût de vierge café Schellinghof. La carte de ce charmant établissement dans l'établissement. Je n'avais aucun besoin de cartes possignale seulement qu'on y danse et que, chaque jour, il est le siège de « soirées tales ; mais il faut bien que chacun gagne sa vie. Je donnai les cinquante groschen mondaines ». On entre dans une salle qui ressemble à (ce n'était pas ruineux : 1 fr. 80) ; puis tous les cafés de Vienne : du silence, des j'examinai la salle et le public. Dans le fond, devant le piano et un orjournaux sur toutes les tables ; des fauchestre-jazz réduit, une dizaine de couples teuils profonds comme des tombeaux. dansaient sur un carré de linoléum. Des Mais, à travers de lourdes tentures rouges, sourdaient les roulades d'un piano. J'écar- fresques galantes décoraient les murs. Le public comprenait environ trois fois tai le rideau cramoisi. Un étroit escalier descendait, rapide, vers un sous-sol. En plus de femmes que d'hommes. Une bonne moitié des femmes, bien habillées, trop bas, une autre salle enfumée, bruyante, fardées et le regard entreprenant, vencomble. C'était là le café des Veuves. daient manifestement leurs charmes. Les autres, de mise et de maintien modeste, étaient peut-être également des grues ; mais elles n'en avaient pas l'air. Imaginez une longue galerie rectangulaire, bordée de box et garnie de petites tables. Sur chaque table, une pancarte portant un nom de ville : Paris, Berlin, J'en étais là de mes réflexions quand la Prague, Constantmople, Madrid, Varsovie, vendeuse de cartes-postales remit à côté Moscou, etc. de mon moka un nouveau petit paquet de Je m'assis à la table de Moscou, qui était son produit. la seule libre. Aussitôt accourut une dame, J'allais le refuser — vraiment, cette genre ouvreuse, qui mit, d'autorité, decommerçante abusait —- lorsque vant moi, dix cartes je la vis s'éloigner sans rien me postales. réclamer. Elle se dirigea vers d'autres tables, sur lesquelles elle déposa, après y avoir jeté un coup Dublin esi blonde, le d'ceil, une ou deux cartes. teint clair, tes yeux violets. (Willinger.) ba. Je fus un peu plus long à la chausser à nouveau. 9 J'examinai celles qu'elle m'avait laissées et m'aperçus seulement alors qu'elles m'étaient adressées — non pas à mon nom, évidemment, mais à celui de la table : Moscou — et que des correspondants inconnus y avaient écrit quelque chose à mon intention. Je compris alors l'organisation du système. La marchande de cartes-postales est en même temps un facteur. Elle passe devant les tables au besoin, si l'on est pressé, on l'appelle, -= ramasse les épîtres libellées par les clients et se charge âe les remettre aux destinataires. Mon premier courrier se composait de six cartes, toutes, évidemment, écrites en allemand; comme signatures, le nom de la ville placardé à la table où était installée l'expéditrice. Trois des cartes portaient simplement ces deux mots : Herzliche Grusse, ce qui signifie : Cordiales salutations. J'appris par la suite que cette formule aimable, qui n'engage à rien, est d'un usage courant. Psychologiquement, cela peut se traduire ainsi : — Monsieur qui êtes à la table Moscou, regardez la table X... où l'on vous veut du bien. La quatrième carte disait : — Dansez-vous? Signé : Dublin. La cinquième : — C'est bien triste d'être seul ; tout seul, aussi... Signé : Lisbonne. La sixième : — Vous êtes donc bolchevick pour vous être installé à Moscou ? Signé : Heidelberg. Avant de répondre à d'aussi flatteuses invitations, je regardai les expéditrices. Je cherchai d'abord (vous l'avez deviné) la table Lisbonne, où la caille semblait toute rôtie et prête à me tomber dans le bec. Elle était occupée par une petite boulotte, décollettée jusqu'au nombril. Pas vilaine, mais,hélas, à coup sûr une «professionnelle ». Je réponds : — Ma solitude ne durera pas ; j'ai un rendez-vous. Bonne chance. Était-ce, également, une professionnelle, cette grande fille mince et brune, coiffée en bandeaux, qui m'avait traité de bolchevikc? Le regard est hardi,'mais intelligent; il y a de la distinction dans ses gestes rares, de la race dans sa silhouette cambrée. Réponse : — Non, je ne suis pas un agent des Soviets ; mais vous, jeune Heidelberg, seriezvous, par hasard, une étudiante allemande? Dublin est blonde, le teint clair, les yeux violets et — symptôme rassurant — porte une robe noire toute simple. J'écris à Dublin : — Je danse, mais mal. Si vous n'avez pas peur d'un partenaire maladroit, faitesmoi signe. Pour Copenhague, Constantinople et Stockholm, qui m'ont adressé leurs cordiales salutations, je les néglige pour l'instant. Il ne faut pas courir trop de « lèvres »• à la fois. J'appelle le facteur et lui remets mes cartes, qui sont immédiatement distribuées. J'observe les visages pendant la lecture de mes poulets. Lisbonne est dépitée ; Heidelberg sourit avec malice et Dublin se tord. Cinq minutes après, j'ai deux réponses. — Allemande, non ; étudiante peut-être, mais votre allemand à vous n'est guère correct, répond Heidelberg ; vous êtes étranger, sûrement. Français ou Polonais ? Ho 1 Ho ! Assez physionomiste, cette brune ; mon père est Français et ma mère Polonaise. Je réponds : Français. Dublin a écrit quelque chose que je ne comprends tout d'abord pas. Voici 1 — Je vous réserve la deuxième valse car f'ai promis la prochaine ; mais je ne suis pas Leda... Que diable Leda vient-elle faire ici ? Je ne me suis pas présenté comme étant Jupiter. Une idée me vient ; je me penche vers l'ami qui m'a conduit ici et me sert aimablement d'interprète pour les mots qui m'échappent : — Dites-moi, mon cher, je vous ai demandé comment on disait : signe,, en allemand, et vous m'avez répondu... — Schwan. Eh bien ? — Schwan, est-ce signe ou cygne ? — Cygne, parbleu ; signe c'est Zeichen. La prochaine fois, j'apporterai un dictionnaire ; ça sera plus sûr. Une valse. Viennoise, évidemment. J'en profite pour regarder tourner « Dublin ». Son partenaire et elle ne font qu'un, comme ces libellules accouplées qu'on voit tourbillonner dans le vent d'un soir d'été. D'ailleurs, ici, tout le monde valse à ravir. Jamais je n'oserai me produire. Voilà une autre carte d'Heidelberg, qui récidive. En français, cette fois. — Puisque vous ne dansez pas, venez causer avec moi au lieu de vous embêter tout seul. Je me dirige vers la table Heidelberg. Les cheveux d'Heidelberg — elle s'appelle Wetti, autant vous le dire tout de suite — sont noir corbeau ; avec ça des yeux bleu pastel. Je m'en étonne. 10 —- Toutesles femmes sont blondes, maintenant, déclare Wetti ; si ce n'est pas la ïaute au bon Dieu, c'est celle du coiffeur. Moi, je suis blonde naturellement ; mais je n'aime pas faire comme tout le monde. Alors, je me teins. C'est idiot, pas ? — C'est-à-dire, Wetti, qu'il va falloir retourner, pour vous, une vieille chanson française. — Quelle chanson ? Accompagné par l'orchestre qui persiste, je fredonné" notre irrévérencieux refrain, et j'ai J'impression de précipiter dans cette musique siropeuge un jet pétillant d'eau de Selz: Je ne suis pas curieux, Mais je voudrais savoir Pourquoi... Wetti bat des mains : — Je connais. J'ai chanté ça au d'Harcourt. -— Au café d'Harcourt ? A Paris ? — Naturlich. Au Quartier Latin. J'ai été étudiante, mon cher. Vous ne croyiez pas si bien dire, hein ? Les yeux bleu clair s'embrument un instant. Cette jeune fille galante est plus intéressante qu'on ne pouvait raisonnablement l'espérer. — Ober — c'est ainsi qu'on appelle le garçon — du Champagne. (C'est le seul moyen d'obtenir des confidences.) Les confidences sont venues. Wetti, dont le père était banquier (plus exactement, je crois, employé important, fondé de pouvoir), vint à Paris en 1923 pour se perfectionner dans la langue française et l'art de la peinture. Elle habita successivement rue de l'Odéon et rue Campagne-Première. Je ne crois pas qu'elle ait fréquenté aussi assidûment la Sorbonne et l'académie Julian que le café d'Harcourt et le bar du Dôme. En outre — elle en est très fière — elle a connu l'amour, pour la première fois, à Paris. Cela décida de sa vocation. Bien avant que Marlène Diétrich ne le chantât dans Y Ange bleu, Wetti se sentait faite pour l'amour de la tête aux pieds. Tant que les subsides paternels arrivèrent régulièrement, l'Ange bleu viennois prodigua ses faveurs, si j'ose dire, « au pair »... Donne-moi de ce que tu as, je te, donnerai de ce que j'ai. Quand vint le krach bancaire autrichien, Wetti reçut, au lieu du chèque habituel, l'avis de revenir à Vienne. La perspective de regagner le logis familial, que la ruine n'avait certainement pas égayé, n'enchantait pas l'étudiante, qui adorait Paris et aussi un jeune peintre. Elle resta donc encore une année jusqu'à ce qu'elle fût rassasiée du jeune peintre et de la vache enragée qu'il lui faisait manger. Retour à Vienne, grâce à l'obligeant appui d'un négociant hongrois, dont elle avait fait la connaissance dans un dancing dé l'avenue Mac-Manon et qui paya d'un billet de chemin de fer le plaisir d'avoir rencontré une aussi agréable interprète. Voyage en sleeping — le commerçant hongrois occupe l'autre couchette,—, arrivée à Vienne avec deux cents francs : soixante shillings. La famille avait émigré en Tchécoslovaquie. Il fallait vivre. Elle a vécu. Le café des Veuves était un des moyens de son existence. — Et toi ? qu'est-ce qui t'a indiqué le Schellinghof ? Vous n'avez pas ça, hein, à Paris ? C'est bien commode ces cartes postales pour entrer en relations. J'acquiesce, mais j'avoue que j'aurais préféré trouver une correspondante moins attachée au résultat financier de sa correspondance. — 11 y en a, dit Wetti, qui, bonne fille, me donne le tuyau ; mais alors viens le samedi ou le dimanche soir. Tu trouveras ici ce que vous appelez à Paris des midinettes, qui cherchent un ami, ou, au moins, des vraies, tu sais, qui s'ennuient. J'en connais une ; je ne la vois pas ce soir. Si elle vient, je te la montrerai'. Elle a quarante ans, mais des restes appréciables. Elle adore les étrangers et ne fait pas attendre ceux qui lui plaisent. — Dis donc, c'est une concurrente ? — Oui, mais quand je suis gênée, elle m'aide très gentiment. J'admire cette alliance de l'amour-plaisir et de l'amour-commerce. Je demande à Wetti si elle connaît la jeune fille de la table Dublin qui me lance maintenant des regards courroucés. — Elle vient quelquefois. — C'est une professionnelle ? — Non. Elle est souvent avec ce monsieur âgé qui vient de s'asseoir à côté d'elle. — Son amant ? — Sans doute. Dublin me paraît de plus en plus intéressante. Je risque une invitation à danser par carte-postale ; avec la complicité de Wetti qui corrige mes fautes d'allemand. Réponse : Trop tard. Je suis avec mon oncle. Pourquoi ne vous étes-vous pas décidé plus tôt ? Probablement parce qu'Heidelberg vous attirait davantage. Et maintenant, elle ne vous plaît plus? Wetti répond elle-même : — Ce monsieur est venu parce qu'il est Français et que je parle aussi français, mais tl est désolé de vous avoir peinée et voudrait obtenir son pardon. Réponse (je fais travailler le facteur ). Ce soir, impossible. Je rentre. Dites à votre compagnon que, s'il tient à me revoir, il me téléphone demain matin à mon bureau (ici un numéro). Qu'il demande Mn* Mizzi. Mais quet d'ici là, il apprenne l'allemand ; car je ne sais pas un mol de français. Au revoir, merci pour votre amabilité. Que vous avez donc, madame, de beaux cheveux noirs t J'ai téléphoné, j'ai eu, au bout du fil, Mn* Mizzi, qui m'a donné rendez-vous, au même endroit, le samedi suivant. Ah I qui m'eût dit, alors... LOUIS-CHABLES DEMANDEZ Son Numéro Spécial de JUIN CONTIENT: LE MIRACLE DES SEINS par Robert DIEUDONNÉ CONCOURS DE BEAUTÉ ROYER. Dans le prochain numéro : La Viennoise coupée en morceaux. par Paul REBOUX •■■■■■•■•■■•■•■■■nHtBaMBnBIIBanaBaaaaBBBaaBa» DES "RUMEURS" TRÈS ROSSES illustrées par TiTA • VOUS POUVEZ [COMPLAISANCES! DE MARQUIS par Léon TREICH RÊUSSÎRENTOUÎ Une Grande Nouvelle Mystérieuse ...en développant la puissance insoupçonnée qui est en vous et qui par la volonté vous conduira au succès. COMPARTIMENT! 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I ÉDITIONS MONTAIGNE, 13, Quai Contt, PARIS (6*) | FAMILLE DAMNEE Sophie Reins, la sœur aînée deErnst, accepta, après le crime, de voyager en Italie avec l'assassin, mais, comme on ne put prouver qu'elle avait été au courant des événements, elle ne fut pas inquiétée. (W. W.) Fous ou assassins, tels furent fous les Eteins. De notre correspondant particulier de Berlin. Il n'y a pas longtemps, quelques semaines à peine, que, dans la prison de Moabit, a été Ernst Reins, qui a l'air d'un jeune étudiant studieux et doux, s'est pourtant rendu coupable d'un crime difficilement explicable en tuant un facteur de Berlin et en le dévalisant. (W. W.) pendu un jeune homme nommé Ernst Reins. Son crime ne fut pas celui d'un vulgaire assassin, car pour lui plus que pour tout autre peut-être, l'influence d'une horrible La prison de Moabit, à Berlin, est une des plus anciennes de cette ville, et aussi une des plus célèbres de l'Allemagne, car c'est dans la cour intérieure de ce sombre bâtiment qu'ont lieu les hérédité agit sur son cerveau et conduisit sa main. C'est à ce titre que l'Allemagne tout exécutions capitales. Chaque État allemand, chaque province a son procédé ; certains ont adopté la guillotine ; d'autres ont recours à la traditionnelle hache du bourreau. A Moabit, on entière se passionna pour cette affaire décondresse une potence et l'on passe la corde au cou du condamné à mort. (W. W.) certante à plus d'un point de vue. C'est à ce titre que les lecteurs de Police-Magazine pourront y trouver un intérêt particulier. La destinée de la famille Reins semble s'être accomplie entièrement. Elle forme un cycle fatidique dans lequel chacun de ses membres a été entraîné. Le bilan en est tragique. Outre des enfants décédés en bas âge, cette famille compte en effet, à l'heure actuelle, deux assassins, un fils victime de son propre père, un fou et une jeune fille condamnée pour complicité louche. On ne peut pas avoir oublié les détails du procès de Peter Kurten, le vampire de Dusseldorf. Lorsque celui-ci comparut devant ses juges, certains voulurent bien admettre que le misérable était fou, mais, même fou, on ne songeait pas à poser la question de sa responsabilité, et par conséquent à lui rechercher des circonstances atténuantes. Pour Ernst Reins, au contraire, le public berlinois, déconcerté par l'absurdité du crime, troublé par les antécédents que le défenseur analysa minutieusement, ne fut pas loin d'éprouver une certaine pitié. Le cas d'Ernst Reins, cependant, parait, au premier abord, assez simple si on le compare au cas effroyable de Peter Kurten. Si l'on examine les faits d'une façon superficielle, on croit y trouver seulement un faitdivers sanglant mais banal. Et pourtant ! Ernst Reins habitait à Rerlin, où il partageait un modeste appartement avec sa mère et ses sœurs. Issu d'une famille bourgeoise, il exerçait la profession de dessina* teur en bâtiment, mais doué d'une vive intelligence, attiré par les choses de l'esprit, il avait beaucoup étudié et, tout seul, avait acquis une vaste culture. Très sentimental, il avait une amie à laquelle il semblait fort attaché. Sobre, poli, plutôt timide d'aspect, il donnait l'impression d'un garçon effacé qui ne craint rien tant que d'attirer l'attention sur lui. Or, un jour, sans motif apparent, sans rien dire à personne, il quitta sa famille et se mit en quête d'une chambre meublée. Il la trouva dans le Gossowstrasse, en plein quartier de Westen. Une vieille dame, à laquelle il donna un faux nom et se présenta comme étudiant, consentit à lui louer une Johanna Reins, surnommée Jenny, la seconde sœur d'Ernst, ne compte que dix-sept ans. Elle aussi suivit son frère en voyage et profita de ses libéralités. Elle apprit assez vite la provenance de l'argent, mais continua de vivre joyeusement. Pour ce fait, le tribunal de Berlin la condamna comme complice. (Vf. W.) facteur lui apportant cette modeste somme. Enfin on sonna à sa porte. Il alla ouvrir, le visage calme, le geste indifférent. L'homme en casquette demanda si c'était bien ici que demeurait le destinataire du mandat. — Oui, c'est moi, dit Ernst Reins. Le facteur entra. L'autre referma la porte. Le guet-apens avait réussi. Tout était prêt pour le crime. Reins n'eut qu'à saisir une matraque qu'il avait préparée à portée de sa main et à frapper. Le malheureux tomba, le crâne fracassé. Autour de lui gisaient à terre les mandats, les lettres chargées qu'il transportait. Reins fit main basse sur ce butin, prit son chapeau et s'en fut le plus tranquillement du monde. Ce fut la logeuse qui, revenue quelques instants plus tard, découvrit le cadavre et 'donna l'alarme. La première enquête ne révéla rien. La police, devant un crime accompli avec tant de sang-froid, crut tout d'abord avoir affaire à un bandit professionnel, spécialiste de ce genre d'attentats. Pendant trois semaines, elle chercha de ce côté, vainement. L'assassin, pendant ce temps, avait quitté Berlin. Quelques jours après le drame de Gossowsstrasse, prenant prétexte d'une bonne affaire réussie, il avait offert à ses deux sœurs de les emmener en voyage en Italie. Elles avaient accepté, et tous trois étaient partis, comme de paisibles touristes. Or, voici où la question de l'hérédité intervient pour brouiller le jugement : en Italie, Ernst Reins se comporte tout à coup contre toute logique. Il agit exactement comme s'il n'avait jamais tué, comme si nul ne pensait à lui, comme si la police ne pouvait songer à le rechercher. Il parle, il raconte tout ce qui lui passe par la tête, il envoie à sa mère des cartes postales qu'il signe de son nom, où il se dit enthousiasmé de son voyage, où il donne son adresse dans les hôtels. Ses maladresses ne tardèrent pas à le signaler à la police italienne qui l'arrêta et le remit à la police du Reich. On ramena le coupable à Berlin. Quelques mois plus tard, ceux qui assistèrent au procès d'Ernst Reins apprirent enfin, en plus des détails du crime lui-même, la plus extraordinaire, la plus mystérieuse série de drames qui puissent accabler une même famille. Les parents d'Ernst Reins avaient eu huit enfants, dont cinq étaient morts tout enfants. Seuls avaient survécu Ernst et ses deux sœurs, Sophie et Johanna. Après de longues années de bien-être, le père avait vu ses affaires péricliter par (Suite page 14.) T. K. 11 Petits Enfants assassinés UIIIIUIIUIIMIIMIMIIIIIIHIUUUI Près de' Corbeil, à Saint-Maur, au pont ae Bercy et dans un égout, on retrouve des restes de petits enfants Une tète d'enfant a été trouvée dans un égout. Il s'agissait d'un bébé âgé de deux ou trois mois. C'était une forte fille, -carrée d'épaules, large de hanches, à la face ronde et aux traits marqués, comme on en rencontre l'été parfois sur les routes. Elles reviennent des champs et dans les plis de leurs robes sont restés accrochés des brins d'herbe et de paille. Elle était de celles-là et suivant les saisons elle allait de ferme en ferme ou de province en province. Ici pour les vendanges, là pour la moisson, ailleurs pour la récolte des betteraves. L'existence, pour des femmes comme elle, n'offre aucune joie, aucune consolation. La dureté de la vie les prive d'un foyer, d'un toit, d'une tendresse qu'elles ne pensent même plus à regretter. Tout le jour, la tâche est âpre, longue; le soir, le sommeil est de plomb, parfois, seulement, aux heures des repas, après quelques verres de gros rouge, les rires fusent et de lourdes plaisanteries sont échangées avec les gars de la ferme ou des ouvriers polonais. Elle louait la force de ses bras et n'attendait rien du hasard. Au crépuscule, souvent, après le labeur, alors qu'une -manière de parfum enivrant s'exhale de la terre, elle aimait à sentir un homme à ses côtés. Sans pudeur, elle cherchait soudain du plaisir en s'abandonnant dans les bras d'êtres frustres. Un jour, elle comprend qu'elle va être mère. Peut-être une joie intérieure, très naturelle, l'a-t-elle effleurée à cet instant? Puis les mois passèrent. Sans ressources, tous les jours avec plus de difficultés, elle continue à peiner à la terre. L'enfant, que deviendra-t-il ? Il est déjà une gêne, que sera-ce lorsqu'il sera né ? Comment le loger, le nourrir ? Elle ne sait qui est le père. Au lieu de chercher une consolation idans la maternité, peu à peu nait en elle un sentiment monstrueux contre lequel elle ne peut lutter. Cette fille très simple, très normale se laisse aller. L'idée du crime ne l'effraye pas. Elle hait déjà son enfant. Elle gardera sa liberté au prix de l'acte le plus odieux. Un soir, elle s'éloigne de tous, et seule met au monde un petit garçon parfaitement constitué. Le drame se joue alors en quelques heures, le bébé est né viable, c'est un beau poupon qui pousse des cris vigoureux. Un instant son instinct naturel l'emporte, elle met un lange à l'enfant... Puis à nouveau la bête apparaît. Il faut allaiter, donner des soins... C'en est trop, elle recule lâchement devant les responsabilités et les tracas. Dans une minute qu'il faut croire faite d'alïolement et d'inconscience et que l'on ne pourrait concevoir autrement, elle enserre l'enfant dans un sac de grosse toile et le ligotte avec de la ficelle * lieuse » dont on se sert au champ. Un dernier geste, le tragique colis est jeté dans la Seine qui coule, là, à quelques mètres. Un mois après, le père Gaillard, un brave homme, éclusier au barrage du Coudray, à quelque six kilomètres en amont de Corbeil, fait une bien macabre découverte. Le père Gaillard est éclusier depuis onze ans, il est bien connu dans le pays ; le matin du 4 juin, avant que le trafic des péniches ne devienne trop intense et ne l'accapare complètement, il fait une courte promenade sur la berge. La Seine trace, en cet endroit, une large courbe et la campagne est luxuriante. Gaillard fume sa pipe quand soudain, à moins de 100 mètres du barrage, il remarque, 12 qui flotte au fil de l'eau, un paquet noirâtre. « Ce doit être un chien », pense-t-il. La chose n'est qu'à 1 mètre de la rive; à l'aide d'une galle, il la hisse sur la terre. Il s'aperçoit qu'une ficelle enroulée six à sept fois maintient solidement le tout, devinant que sa découverte est peut-être plus macabre qu'il ne le Croyait, il appelle son second, M. Lamort. —• Hé ! viens vite... viens voir ! Lamort accourt. Tous deux sont penchés et déballent. Horreur 1 C'est le cadavre d'un enfant... Les os du crâne, au touché, se sont disjoints, le corps est en complet état de décomposition. Les malheureux restes sont déposés sur l'herbe du chemin et Gaillard court au téléphone. — Allô 1 Allô ! La mairie du Coudray?... Ici Gaillard, l'éclusier, il y a un instant, il était 8 h. 30, j'ai repêché dans la Seine un enfant. Je crois bien qu'il s'agit d'un crime. Tout le pays apprend la nouvelle, Gaillard raconte le peu qu'il sait; malgré sa peau cuivrée et la large moustache blonde qui barre son visage, on lit une émotion intense en lui. — C'est un tout-petit... il a été assassiné, pour sûr... Il en faut du courage I... vous allez voir, c'est horrible ! A onze heures, dix autos ont déjà suivi la route défoncée qui, en longeant le fleuve, vient de Corbeil. Elles ont stoppé devant la maison de l'éclusier. Le parquet de Corbeil, M. Gabrielli, directeur de la première brigade mobile. Brancher, commissaire, et Loret et Régnier, inspecteurs, font les premières constatations. Lugubres débris... Déjà les gendarmeries des environs ont été alertées. Jusqu'à Melun et àPonthierry, des recherches sont entreprises. Ces temps derniers n'a-t-on pas signalé la disparition d'un bébé ? On est allé interroger également l'éclusier de Sitangette, le premier barrage en amont de celui du Coudray. L'enfant est si bien formé qu'il est permis de supposer qu'il a quelques mois, et le crime n'en paraît que plus odieux. Enfin, à midi, un docteur arrive sur les lieux; après un rapide examen, il se prononce : — C'est un nouveau-né... d'ailleurs le cordon ombilical n'a même pas été sectionné... L'enquête doit se poursuivre. La présence de la ficelle « lieuse » fait penser que la mère pouvait être une ouvrière agricoleMais avec cette seule présomption, comment espérer découvrir un jour la vérité ? Le calme, après cette matinée de fièvre et d'émotion, est revenu au Coudray. Personne ne répondra probablement de la mort de' cette innocente victime. Et la mère, qui peut-être est déjà dans une autre campagne et qui, c'est possible, a déjà oublié son forfait, connaîtra vraisemblablement les premiers remords lorsqu'un journal lui tombera sous les yeux. « Un nouveau-né a été repêché au Coudray, il séjournait dans l'eau depuis environ un mois. « Il s'agit sans nul doute d'un crime,l'en-, fant avait été ficelé dans un gros sac de toile. » U est difficile d'imaginer crime plus révoltant que celui "du père ou de la mère Il s'agissait d'un bébé âgé d'environ deux à trois mois. La tête avait été sectionnée franchement au milieu du cou et portait à son sommet une large ouverture béante. La tête paraissait avoir séjourné une dizaine de jours dans l'eau. Depuis on a cherché à retrouver le reste du corps, l'égout a été visité avec minutie, mais sans résultat. L'hypothèse que l'on envisage est la suivante : l'enfant a été tué, puis dépecé, et les morceaux du cadavre ont été jetés en divers endroits par les criminels, qui espéraient ainsi n'être jamais-découverts. On ne peut déterminer non plus l'endroit où fut jetée la tête, celle-ci a été trouvée dans une canalisation importante et elle peut être venue, entraînée par le courant, de plusieurs égouts situés en amont... Les recherches entreprises aboutiront-elles ? Cette triste série est peut-être close, mais déjà, ainsi, n'est-elle pas trop importante ? N'est-ce pas une des sensations les plus pénibles que de savoir que les petits n'échappent pas aux instincts meurtriers de certains. PHILIPPE ARTOIS. A la hauteur du pont de Bercy, un passant remarquait un volumineux paquet abandonné. ôtant la vie à leur enfant. Il semble que ces crimes soient rares. Il semble qu'une telle cruauté ne puisse qu'être le fait de malheureux fous sans excuse, cependant, en recherchant dans les annales criminelles, les exemples de ces sortes de meurtres ne manquent point. La semaine dernière a même été marquée par une série de sanglantes découvertes. Et ces découvertes paraissent prouver une fois de plus que les enfants et les nouveaunés ne bénéficient pas de la pitié que leur innocence et leur faiblesse devraient inspirer même aux moins sensibles. Outre le crime certain de Corbeil, une tête d'enfant a été trouvée dans un égout, un nouveau-né a été découvert dans une vespasienne, et le pied sectionné d'un petit garçon a été repêché dans la Marne... Cette trop longue liste n'est pas le fruit d'une imagination malfaisante, elle correspond malheureusement à la réalité. On remarquera la coïncidence qui veut que tous les meurtriers aient cherché à faire disparaître la trace de leur crime en précipitant les enfants quelque part, où leur corps pouvait être entraîné soit parles flots, soit par un courant. Le même samedi où le corps d'un bébé était repêché au Coudray, à 18 heures, des mariniers découvraient le pied gauche d'un enfant. Il flottait dans les eaux de la Marne, à Saint-Maur, à quelques mètres à peine en amont du pont d'Alfort. Après examen du pied, qui avait été sectionné au-dessus de la cheville, on sut qu'il s'agissait d'un enfant de sept à huit ans. L'immersion remontait à dix jours environ. Une enquête est ouverte. Y a-t-il crime? ou est-ce simplement un malheureux petit noyé dont l'hélice d'un bateau aurait ainsi arraché le pied du reste du corps ? Le lendemain, le dimanche 5 juin, à la hauteur du pont de Bercy, un passant remarquait un volumineux paquet abandonné. Les agents avertis découvrirent ainsile corps d'un fœtus presque à maturité. Enfin, trois jours avant, des ouvriers électriciens qui effectuaient des travaux dans un égout sous la rue des Archives, découvraient dans une canalisation, à peu près à hauteur du n° 70 de la rue, une tête d'enfant en état de décomposition avancée. Des balles somnifères Les bandits américains sont à l'affût de toutes les inventions susceptibles d'augmenter leur criminelle activité. A peine un savant yankee avait-il inventé des balles de fusil et de revolver émettant des gaz pouvant mettre un homme hors de combat en l'endormant, qu'ils en ont fait usage. L'autre jour, en plein Broadway, ils attaquèrent un riche banquier qui refusait de se plier aux menaces de chantage dont il avait été l'objet. Atteint par une de ces balles, le financier s'affaissa et demeura de longues heures en léthargie. Quelques jours plus tard, dans spn courrier, il. trouvait une missive étrange lui apprenant que : C'est notre dernier avertissement. Si nous avions voulu, une balle en plein cœur t'envoyait dans un autre monde. Que cet avertissement t'incite à ne pas différer plus longtemps les mesures que nous attendons de toi ! La presse américain- ne nous a pas dit si le banquier s'était (fin exécuté. Il est fort probable q^ue oui et que l'expérience des balles somnifères aura mis bas définitivement sa résistance. o o o Pour éviter les faux On sait qu'il est très facile pour un faussaire d'imiter une signature en utilisant une feuille de papier buvard ayant gardé l'empreinte de la griffe du signataire. C'est un procédé classique utilisé aussi par les policiers au cours de leurs enquêtes. Un simple miroir placé devant le buvard permet de lire normalement le texte imprimé à l'envers sur la feuille. Pour se défendre contre les agissements des faussaires et se protéger contre les indiscrétions, un ingénieur français vient de prendre un brevet pour un papier buvard de couleur noire, dont on préconiserait l'emploi dans les banques, les études de notaire, les bureaux de poste, etc. Ce serait un moyen sûr d'éviter un grand nombre de faux, bien que l'ingéniosité des faussaires soit très grande, on le sait. LES FAUSSES TRAITES M. Lacan et ses complices comptaient-ils toucher des fausses traites signées des noms les plus célèbres du théâtre ? C'est une bien singulière affaire que celle de la fausse traite de 4 millions, 4 millions que des escrocs essayèrent de s'approprier au préjudice du baron Henri de Rothschild. Tant par l'audace des faussaires que par la personnalité choisie comme victime, cette histoire d'escroquerie mérite d'être contée, d'autant que toute la lumière semble ne pas encore avoir pu être faite. Voici plus d'un an et demi, M. Camoin, directeur du théâtre Pigalle, se tuait dans un terrible, accident d'auto, près de Montélimar, alors qu'il ralliait une petite propriété qu'il avait dans le Midi. M. Lacan, un courtier en vins, âgé de trente-huit ans, demeurant à Marseille, un homme petit et sympathique, à la parole facile, était de ses amis. M. Camoin avait alors entreposé, dans un garde-meuble de Marseille, différentes caisses, dont l'une contenait diverses pièces et dossiers très importants. A la mort de M. Camoin, M. Lacan, qui se montra d'un grand dévouement, proposa aux héritiers du directeur du théâtre Pigalle, M. et Mme Fouilloux, son gendre et sa fille, de retirer du garde-meuble cette précieuse caisse et de la leur faire parvenir. Mme Fouilloux accepta ; cependant, quand elle la reçut à Paris, elle remarqua qu'elle avait été fouillée. Sans inventaire de ce qu'elle contenait, il fut impossible de déceler si quelque pièce avait été dérobée. Un an se passe. Or, il y a quelques jours à peine, deux hommes se présentaient aux guichets de la succursale de la Banque de France, à Tarascon. Ils étaient porteurs d'une traite de quatre millions, signée « Henri de Rothschild ». Les deux compères espéraient que la traite présentée par la Banque de France à la banque Rothschild serait facilement payée. Cependant, l'importance de la somme éveilla l'attention des services qui étaient chargés d'avaliser le billet. M. de Rothschild reconnut sa signature, mais le nom porté à ordre de paiement lui était totalement inconnu. Plainte fut déposée. M. Aubry, juge d'instruction, fut chargé de l'affaire. Rapidement, l'enquête permit d'établir que les deux escrocs n'étaient autre que M. Lacan luimême et un de ses amis, M. Antonin Pascal, demeurant également à Marseille. Pendant l'année écoulée, les deux hommes avaient eu tout le temps pour falsifier une pièce trouvée dans la fameuse caisse de M. Camoin, pièce dont ils ne gardèrent que la précieuse signature : « Henri de Rothschild ». Avec une adresse remarquable, ils lavèrent à l'acide un « aval » que le baron de Rothschild donnait à M. Camoin chaque fois que, pour son compte, il traitait une affaire de théâtre. La pièce était si habilement maquillée qu'il faut croire que la fraude aurait passé inaperçue si 'a somme marquée avait été moins importante. Sur mandat d'amener, la police judi- ciaire arrêta, à Marseille, Lacan et PascaL Tous deux protestèrent de leur innocence, mais un examen de la traite aux rayons ultra-violets avait décelé la vérité. Les deux complices furent arrêtés au moment où ils téléphonaient à la Banque de France de Tarascon pour demander si le billet avait été payé... Le système de défense des deux inculpés s'avéra invraisemblable, mais ils surent si bien brouiller les cartes qu'à l'heure actuelle encore, on ne sait s'ils ont agi seuls ou avec l'aide d'un troisième complice. Lacan déclara : — Je connaissais bien Camoin. Avant sa mort, un jour où je le rencontrai, il cherchait à emprunter 3 600 000 francs. Je lui proposai de trouver cette somme, grâce à l'entremise de Pascal. Notre commission devait être de 400 000 francs ; j'ignorais que le billet signé Henri de Rothschild était un faux !... Lacan ne craignait pas, après avoir été l'instigateur d'une excroquerie qui devait lui rapporter 4 millions, de se présenter sous le jour d'un honnête intermédiaire. — Dans ce cas, qui a fourni l'argent ? — Il m'est impossible de vous répondre, je suis lié par le secret professionnel... Et, dans toutes leurs déclarations, Pascal et Lacan parlèrent, sans jamais le nommer, de ce mystérieux prêteur. On crut un instant qu'il ne s'agissait que d'un personnage imaginé pour les besoins de la cause ; cependant, il se pourrait qu'il existât, mais son rôle serait tout autre. Un garagiste d'Arles qui, plus d'une fois, a déjà eu affaire à la police fut soupçonné, puis on songea que Lacan, dont les affaires périclitaient depuis des mois, avait peutêtre été contraint à son escroquerie par un créancier sans scrupules. Si le mystérieux prêteur n'existe pas, les enquêteurs ne sont pas certains que Lacan et Pascal n'aient pas eu de complice. Les amis de M. Lacan croient que le courtier a agi sous l'instigation de quelqu'un, ou dans un moment de grande dépression. — N'oubliez pas, disent-ils, que c'était un excellent homme, mais il était gazé et d'une santé précaire ; de plus, sa situation financière était désespérée. « Ses pertes d'argent, son état de santé n'auraient-ils pas troublé son cerveau déjà malade ? Le plus étonnant est que M. Lacan, en possession de diverses pièces ayant appartenu à M. Camoin, pièces "signées par différentes personnalités du monde du théâtre, semble avoir voulu profiter, sur une plus grande échelle encore, de ces signatures célèbres. M. Quinson, directeur du Palais-Royal, ne fut-il pas prévenu mystérieusement, il y a quelques semaines, qu'on allait essayer de lui dérober un million à l'aide d'une fausse traite ? Faut-il voir là une nouvelle preuve de la culpabilité de Lacan, ou est-ce un fait ne se rattachant en rien à la traite Rothschild ? L'enquête nous l'apprendra vraisemblablement dans peu de temps. BERNARD UN ATTENTAT MANQUÉ PIERRE SEGUY CONDAMNÉ CONTRE MUSSOLINI A CINQ ANS DE BAGNE Voici, au cours du transport des cendres d'Anita Garibaldi, le Duce Mussolini, à la tête de son état-major fasciste. (K.) LAUZAC. Le Duce — rançon des honneurs et du pouvoir — a failli être la victime d'un attentat politique. Ce n'est pas la première fois, au reste, que le dictateur italien est en butte à de pareilles tentatives. On a arrêté, place de Venise, un suspect nommé Sbardelloto Angelo, qui était porteur de deux bombes de grande puissance et d'un revolver chargé. Cet individu a avoué qu'il voulait atteindre le chef du gouvernement. Sbardelloto, n'ayant pas pu mettre à exécution son projet lors de la translation des cendres d'Anita Garibaldi, attendait une occasion plus favorable. Il était revenu tout exprès de l'étranger. On s'attend à d'autres arrestations. (K.) Séguy avait dix-huit ans. Il rêvait de «vivre "sa vie». Le 13 novembre dernier, dans le rapide de Paris à Dieppe, il entreprit de rançonner les voyageurs. « Haut les mains 1 » A l'américaine... revolver au poing. Séguy était mal tombé. M. Forné, commissaire spécial de la Sûreté générale, sommé de donner son argent, se mît à rire. Mais un autre voyageur, M. Ortiz, ayant voulu intervenir, reçut une balle dans le ventre. Poursuite... M. Forné encaissa encore une balle au bras, et Séguy, pendant ce temps, sautait du train en marche. Arrêté, le précoce bandit a eu une attitude pleurarde à l'audience. Il a récolté cinq ans de travaux forcés, bénéficiant de circonstances atténuantes : sa jeunesse, sa folie... Les jurés n'ont pas été impitoyables. (R.) LE REFUS DE DUNIKOWSKI U ingénieur polonais Dunikowski, convié une (ois de plus à extraire de Cor de la pechblende, a refusé sous différents prétextes. Il passera donc en correctionnelle. (R.) LA FIN MISÉRABLE D'UN GRAND VOLEUR UN DRAME MONDAIN A LONDRES fièvre ; Lasternas avait des maîtresses, Pierre Lasternas, le premier clerc de notaire de M« Girardin, avait toute la confiance de son patron, chez qui il était depuis de nombreuses années. Sa conduite paraissait excellente, sa vie régulière. Voici, avec un de ses avocats Mv Dolmann, dans les couloirs du Palais- de justice, Pierre Lasternas, mort de tuberculose à Vinfirmerie de la prison dans les conditions que relate notre article. Fin misérable de qui escroqua 19 millions. (L.) Un beau jour, Pierre Lasternas vint avouer au commissaire de police du quartier Opéra qu'il avait détourné dix-neuf millions... Personne ne voulut le croire ; on parla de folie subite. Hélas ! une vérification des livres devait permettre de laire constater la réalité des détournements. Lasternas jouait aux courses, avec des automobiles, une vie en partie double. L'escroc s'était si bien entendu à cacher son jeu, que sa femme, que ses enfants, écrasés de chagrin et de honte à cette nouvelle, ne s'étaient jamais doutés de rien ! On le considérait comme un bon mari, comme un bon père de famille. Naturellement, Lasternas, que M" Campinchi avait accepté de défendre, fut incarcéré. Au bout de quelque temps, sa santé donnant des inquiétudes, on le transféra à l'infirmerie de la prison de Fresnes. C'est là que, rongé par la tuberculose, miné peut-être aussi par le remords, l'ancien clerc de notaire vient de mourir. Fin misérable entre toutes d'un homme qui avait mené la vie à grandes guides, qu'un vertige soudain, inexplicable, avait, un jour, jeté hors la route droite. Lasternas, au dire de tous ceux qui l'approchèrent, fut une victime à la fois du jeu et de l'amour. Son patron, lui-même, ne s'est jamais expliqué tout à fait l'épouvantable défaillance de celui que si longtemps ii avait pu estimer. L'action judiciaire, du fait de cette disparition, est close. Seul, le restaurateur Symphorien Azémar, qui prenait les paris de Lasternas, et le beau-frère de l'escroc, Urbain Labeylié, qui servit d'intermédiaire, comparaîtront en justice. Abandonné de tous, sans une parole de consolation, sans le secours de la famille ou de la foi, le voleur Pierre Lasternas s'en est allé. Dénouement bien digne de ce qu'avait été sa vie. dénouement qui conserverait toute sa valeur d'exemple s'il pouvait arrêter, sur la pente fatale, beaucoup de ceux qui veulent « vivre leur vie ». Après une cocktail-party, Michell Scott Siephen a été trouvé assassiné dans la demeure de m M * Atvira Dolorès Barneg, sa maîtresse (à gauche). Voici (à droite) fa maison de AF»* Alvira Dolorès Barneg, dans Vune des banlieues les plus agréables de Londres, où s'est déroule ce crime mystérieux, sur lequel la police observe toute discrétion (W. W.) 13 lectures philosophiques ; avec cela économe. Puis,brusquement,éclate la crise sanguinaire * il tue. Mais aussitôt, il redevient comme aupa-' (Suite de la page 11.) ravant. L'argent dérobé, il en donne une grande partie à sa mère et à ses sœurs. suite de la crise ; pour se consoler, il s'était Avec la même sentimentalité, il va embrasser adonné à la boisson, était tombé malade son amie qui ne se doute de rien. Pas un et, finalement, avait été interné dans une instant, son sang-froid ne l'abandonne, et maison de santé comme fou dangereux. quand on lit les descriptions de son voyage, L'oncle du meurtrier, à cette époque, était lui-même enfermé depuis longtemps envoyées par Ernst à certains de ses amis, on se demande si le souvenir du crime à la prison de Magdebourg. C'était un assasin, lui aussi : il avait tué son propre fils. Il n'est pas entièrement effacé de son cerveau. Devant le tribunal enfin, il dépose d'une l'avait tué « pour le sauver de la passion voix basse mais calme, dans un style clair et irrésistible de verser le sang, passion dont, posé. Il est pâle, mais il l'a toujours été. Son disait-il, toute la famille était atteinte ». dos est un peu voûté, par habitude, non par Poussé par cet instinct sanguinaire, cet remords. oncle, pendant plusieurs années, avait attaPrès de lui, deux femmes sont assises au qué les promeneurs solitaires, qu'il guettait banc des accusés, sa mère et sa plus jeune dans les montagnes du Harz. Il éprouvait sœur, Johanna, inculpées de complicité une joie sadique à leur plonger son couteau pour recel. dans le corps et à voir jaillir le sang. Et, La tête du coupable se joue. quand il commettait cet acte, il savait qu'il Les experts viennent déclarer que, malgré obéissait à une sorte de folie, mais il le commettait tout de même... et c'est pour que son le lourd atavisme de la famille Reins, ils ne se reconnaissent pas le droit d'invoquer la fils n'en fît pas autant qu'il l'avait tué ! moindre irresponsabilité. Le ministère Dans sa cellule de Magdebourg, l'oncle public est bref : il demande la mort. Le meurtrier n'avait maintenant qu'une occudéfenseur fait appel à la pitié en rappelant pation : analyser son propre cas, le discuter avec uné lucidité effrayante et chercher dans l'histoire de la famille damnée. Ernst ne trouve pas un mot pour se défendre. les livres de savants comme Lombroso, Il est condamné à mort. Dostojewsky ou Forel, des explications qui Et tandis que dans la prison de Moabit le satisfassent. on apprête la corde pour le pendre, dans sa De tels éléments héréditaires prouvent-ils cellule de Magdebourg, l'assassin des monque le jeune Ernst ne pouvait échapper à la tagnes du Harz ajoutait un chapitre noufatalité familiale ? veau à l'histoire fatidique de la famille Jusqu'à l'heure du crime, il s'était montré doux, paisible, aimant les plaisirs raffinés, se ' Reins. T. K. plaisant à des excursions poétiques, à des MARCHÉS D'ESCLAVES AD CONTINENT NOIR UNE FAMILLE DAMNÉE On sait que, sous une forme déguisée ou non, l'esclavage n'a pas complètement disparu du continent noir. On vend encore des esclaves. Cela se pratique, comme de juste, de façon plus ou moins secrète. Mais >il est des régions où, en dépit de leurs efforts, les blancs qui se sont attelés à la solution ■du vieux problème de l'esclavage ne peuvent encore faire entendre, peu nombreux qu'ils sont, la voix de la raison et de la justice. Seraient-ils d'ailleurs compris ? II est permis de se poser la question lorsqu'on voit, comme sur notre document, un marché de chair d'ébène dans la Haute-Volta. Cette photographie, prise à la dérobée, donnera une idée de ce qui reste à faire, en matière de police coloniale, pour arriver à l'abolition totale de cette plaie du monde moderne qu'est le trafic des esclaves. Tous cés noirs des deux sexes, ramassés dans leurs villages et concentres, .de par la volonté de leurs chefs, sur une place publique vont être vendus. Les personnages du premier plan, qui sont des chefs de tribus, marchandent entre eux, pendant des journées entières, avant de se mettre d'accord sur un prix total. Car il ne s'agit pas de trafiquer des noirs pris un à un : on s'est modernisé en Haute-Volta ; on travaille en stock. C'est par groupes de cent ou de mille, en vrac, que l'on ramasse des captifs et qu'on les emmène en échange de quelque monnaie. La valeur d'un esclave du sexe mâle est d'ailleurs des plus minime. Vous pouvez avoir un garçon de vingt ans, bien bâti, robuste, apte aux plus dures besognes, pour vingt sous. Une femme, elle, vaut dix sous au maximum, parce que moins résistante. Quand un négrier a conclu le marché, il n'a pas le droit de choisir. Dans la masse grouillante et résignée, on sépare, par tranches, autant de bétail humain qu'il lui en faut : avec une longue corde mince, on attache les hommes, l'un à l'autre, par le poignet. Et la sinistre caravane prend la piste, pour aller travailler, parfois, à plusieurs centaines de kilomètres. Bien entendu, tant pis si les hasards vous sépare de votre femme ou de votre enfant f Tant pis si l'un part par le chemin de droite, l'autre par le chemin de gauche. Jamais les époux séparés ne se retrouveront. Ils ne pourront que gémir, loin l'un de l'autre, si le fouet du gardien leur en laisse le loisir. Que peuvent les blancs contre ce commerce horrible, survivance d'un autre âge ? Nous le répétons : pas grand'chose. Dans ces régions, d'une part, les palabres d'esclavage sont tenus secrets ; d'autre part, que l'on s'occupe de leurs affaires et ils vous le font bien voir. Il faudrait, pour mettre fin à de pareils agissements, une police internationale, puissante, organisée sûr des bases solides. On y viendra sans aucun doute. FAUT UN pffOTODE QUALITÉ INCOMPARABLE O B JECTIF AN ASTIGM AT H E R M A G I S UNE DES MEILLEURES MARQUESCONNUES & FOLDING 6/2x9 CES DAMES DE L'ARGENTINE (Suite de la page 7.) Que, du 6 au 12 avril, elle a rapporté 950 pesos, du 13 au 19 : 945 pesos, du 20 au 26 : 955 pesos, du 26 avril au 3 mai : 935, du 3 au 9 mai... Et l'énumération continue... Décidément, cette patronne est merveilleuse. Tandis que je l'admire, elle me confie encore : — C'est que, voyez-vous, Mado s'est spécialisée dans la magistrature. Etudiants en droit, avocats, huissiers, greffiers, juges au tribunal, forment le fonds de sa clientèle. Dans le même milieu, on se fait toujours des confidences. Quand une femme est contente de sa modiste, elle la recommande volontiers à ses amies et leur dit : « allez-y de ma part, elle vous fera un chapeau merveilleux, elle a des doigts de fée ! » Quand un homme est satisfait d'une de nos pensionnaires, c'est un peu la même chose. Entre deux plaidoiries, le maître confie à son confrère : « J'ai vu hier au Trianon une petite femme, ah ! mon cher, je ne vous dis que ça !... Une heure après, l'autre est à la maison ! Et elle conclut, un peu cynique : — Que voulez-vous, dans tous les métiers, les spécialistes ont toujours fait fortune ! C'est sur ce mot que je prends congé de la délicieuse petite Ginette, patronne «du Trianon. CHAPITRE VI L,a ville maudite, Jacquot la Rose brusquement a posé son cocktail. — Ah ! non, mon cher, s'écrie-t-il, tout ce que vous voudrez, mais pas ça ! Demandez-moi plutôt de rentrer en France, mais vous accompagner à Tucuman, jamais ! Je risquerais ma peau en la circonstance, et la vôtre par-dessus le marché ! — A Tucuman ? —. Oui, monsieur ! Et, repoussant les verres, il s'inclina vers moi, mystérieux : — Vous ne savez donc pas qu'il n'y a plus un barbeau là-bas ? que le gouverneur de la province et les autorités policières ont pris des mesures terribles contre la corporation ? que la loi de Vaganze, qui réprime le vagabondage spécial, ne badine pas, et que c'est le cachot à perpétuité ? Alors, pardon, et très peu, je ne suis pas bon ! 14 — C'est dommage, dis-je, l'excursion à deux eût été plus agréable. Et je déclare, catégorique : — Tant pis, j'irai donc seul ! Mon compagnon a tressailli légèrement. Ses paupières clignotent, rapides. — A quoi bon ? répond-il, essayant encore de me convaincre de l'inutilité d'un tel déplacement. Il n'y a rien d'intéressant à Tucuman. Vous n'y trouverez que des tôles dirigées par des femmes et vous en reviendrez écœuré. Mais ses arguments ne font qu'aviver ma curiosité et je rétorque : — Je ne suis pas de votre avis, j'estime au contraire que je dois une visite à cette ville originale. Son esprit de réaction m'intéresse. De plus, vous savez bien que je suis venu en Argentine pour vivre dans l'atmosphère de tout ce qui forme la traite. Alors?.., Et voilà que brusquement ses yeux s'illuminent. —• Eh bien, après tout, vous avez raison. Allez-y! fait-il, la voix un peu acide. Mais si vous êtes un « vrai », un « pur », et que vous regardiez de tous vos yeux Tes tôles de Tucuman et leur misère, vous ne pourrez jamais écrire que les hommes font le malheur des femmes en Argentine. Je le rassure aussitôt. —■ C'est justement pour toutes ces raisons que je décide aujourd'hui de partir au plus tôt pour cette cité intéressante ou les filles ne sont plus présentées en cage mais bel et bien en liberté. Et tandis que mon compagnon ricane, j'insinue : — Seulement, il m'était très agréable, avant mon départ, d'avoir quelques précisions sur le glorieux passé de cette province, je vous avoue que j'avais beaucoup compté sur vous. Jacquot la Rose a pâli légèrement et son regard d'une fixité étrange me laisse comprendre qu'il relit en ce moment une page de son histoire misérable. Un moment, il reste silencieux, comme assommé. Puis, soudain, il se redresse et d'une voix sourde, comme saturée du fiel qui déborde jusque sur ses lèvres, s'exclame : — Tucuman !... Ah 1 oui, Tucuman !... Quels souvenirs ! Mais aussi quelle tristesse 1 Quand on pense qu'il y a dix ans, c'était la place la plus recherchée, et que maintenant, quelle boue ! Et vous voulez son histoire ! Elle est tragique dans sa simplicité. « Ecoutez donc, la voici. (A suivre.) C. V. pratique Appareil pour les amateurs plus exigeants, per mettant l'emploi de pellicules et possédant une optique extra-lumine use. 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GRÉTÉ. — CORBEIE. 15 V POUCE-MAGAZINE A Drancy, dans une crise de jalousie, un boucher, Eugène Van der Schumacher, a tué sa femme de deux coups de revolver, puis s'est fait justice. Voici, à gauche, le meurtrier et, à droite, sa victime. Schumacher ne se tua que plusieurs heures après sa femme. (R.) L'enquête est officiellement ouverte en ce qui concerne l'incendie du Georges-Philippar. On voit, sur notre cliché, le bateau en flammes, pendant le sauvetage des passagers. (R.) L'espion allemand Fritz Duquesne, dont nous parlions dans le dernier numéro, assassin présumé de Kitchener, arrêté à NewYork, est emmené sous bonne garde au poste de police. Il n'a pas parlé! (W. W.) Un Australien, James Willson, avait été ■ soulagé » à Paris de quatre millions. La police a, identifié un voleur, James Mùson, en fuite. (R.) Bettina Hraunstein, étudiante en médecine, soigna, pour appendicite une jeune fille atteinte de congestion, qui mourut. Beltina a été arrêiée. (R.) Voici avec sa fille la célèbre star de cinéma Marlène Diélrich. Elle est menacée par des gangsters de se voir ravir l'enfant. (K.) Ernest Lecture, employé dans une agence du Paris Mutuel Urbain, a disparu avec cinquante mille francs. (R.) " Le maire de Seiv- York, James Walker, accusé d'avoir louché des sommes formidables à divers titres, est appelé à * s'expliquer » devant la justice. Explications assez embrouillées, parait-il. (I. N.) Une jeune femme, Marie Liévin, avait tué à coups de hache son beau-père, Gaston Perrin, qui la poursuivait de ses assiduités. Elle a été condamnée à deux ans de prison. A gauche, au-dessus : l'arme du crime ; au-dessous : la meurtrière à l'audience; à droite : A/me Perrin, mère de Marie Liévin, déposa sans animosité, et chargea plutôt son défunt mari, ivrogne et brutal. (R.) IZétrange individu qu'est le Tchéco-Slovaque Symdra Prajzer a comparu devant les Assises. Il avait tué un homme à coups de revolver dans un débit de vins. Espion, trafiquant de coco, pourvoyeur de Buénos-Ayres. Cinq ans de réclusion. (H. M.) Un billet de consigne perdu par M. Paul Duten fut trouvé par un inconnu qui retire une valise contenant quatre tableaux, dont Le Courbet, (ci-dessus). En Amérique, à Washington, la police vient de mettre en service des automobiles blindées, d'un armement et d'une vitesse formidables pour la lutte contre les gangsters de plus en plus dangereux. (I. N.)