zone pacifique - Département d`information et de communication
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ZONE PACIFIQUE Parmi tous les groupements insulaires qui composent l’Océanie, quatre sont, à des degrés divers, partiellement francophones : la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Wallis-et-Futuna et Vanuatu. Les trois premiers archipels sont des territoires d’outre-mer ( TOM ) de la France; le français y est la langue officielle. On y parle également les langues mélanésiennes ou polynésiennes. Vanuatu ( autrefois condominium franco-britannique des Nouvelles-H ébrides ) est i ndépendant depuis 1980; le français, l’anglais et le bichlamar sont les langues o fficielles de cet État, membre de l’OIF qui participe aux Sommets de la Francophonie. Certains francophones préconisent l’orthographe Vanouatou plutôt que Vanuatu. À noter En Australie et en Nouvelle-Zélande, le français, longtemps langue seconde obligée, se trouve aujourd’hui en concurrence avec d’autres langues, notamment asiatiques. Il reste cependant largement enseigné dans le secondaire et à l’université. BONNEMAISON J., Gens de pirogue et gens de terre. Les fondements géographiques d’une identité : Archipel du Vanuatu ( Livre I ); Les Gens des lieux ( Livre II ), Paris, Orstom, 1996-1997. Avec cartes et figures. COLLECTIF, Polynésie, Paris, Presses de la Cité, 2004, 953 p. DAVID G., GUILLAUD D. ET P. PILLON ( dir. ), La Nouvelle-Calédonie à la croisée des chemins, Paris, Société des océanistes/IRD, 1999. DE DECKERRE Paul, FABERON Jean-Yves, LE GUILLOU Chantal et Luc STEINMETZ, L’Outremer français dans le Pacifique : Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis-et-Futuna, Nouméa ( Nouvelle-Calédonie ), Centre de documentation pédagogique, 2003, 282 p. GODARD H. ( dir. ), « Les Outre-mers », dans Atlas de France ( SAINT-JULIEN T., dir. ), vol. XIII, Montpellier/Paris, Reclus/La Documentation française, 1998. JOST C., LE BOURDIEC P. et F. ANGLEVIEL, Géo-Pacifique. Des espaces français, Nouméa, Géopacifique/UFT/CTRDP, 1994. Avec cartes et figures. TABANI Marc Krut, Les Pouvoirs de la coutume à Vanuatu. Traditionalisme et édification nationale, Paris, L’Harmattan, 2002, 340 p. AFI 2007 305 ZONE PACIFIQUE Nouvelle-Calédonie1 Polynésie française2 Vanuatu Wallis-et-Futuna3 Pays d’outre-mer de Nouvelle-Calédonie et Dépendances Pays d’outre-mer de la Polynésie française République de Vanuatu Collectivité des îles Wallis et Futuna Capitale Nouméa Papeete Port-Vila Mata-Utu Superficie (km2) 9 984 670 125 674 73 41 667 92640 Politique voir France voir France rép. unitaire, régime démocratique parlementaire voir France Chef d’État entrée en fonction Jacques Chirac 17-05-1995 Jacques Chirac 17-05-1995 Kalkot Matas Kelekele 16-08-2004 Jacques Chirac 17-05-1995 Chef du gouvernement entrée en fonction Marie-Noëlle Théméreau 05-04-2001 Oscar Temaru 03-03-2005 Ham Lini 11-12-2004 Patalione Kanimoa 01-2001 Langues officielles Autres langues français langues mélanésiennespolynésiennes français, polynésien langues asiatiques français, anglais, bichelamar langues mélanésiennes français wallisien, futunien Principales religions et spiritualités identifiées en % de la population catholicisme ( 60 ) protestantisme ( 30 ) protestantisme ( 56 ) catholicisme ( 30 ) christianisme ( 82,5 ) croyances traditionnelles ( 5,6 ) catholicisme ( 99 ) Population (en M) Moins de 15 ans en % Plus de 65 ans en % Indice de fécondité Espérance de vie H/F Alphabétisation en % 0,2 28,4 6,6 2,3 71,3 / 77,4 91 0,3 26,1 6,1 2 73,7 / 78,6 98 0,2 32,6 3,7 2,7 61,3 / 64,4 74 0,02 n.d. n.d. n.d. n.d. 50 IDH (rang/177) voir France voir France 129 voir France PIB (en G PPA)4 PIB/hab. (PPA) 3,2 15 000 4,6 17 500 0,6 2 900 0,06 3 800 franc CFP 0,0084 0,0107 franc CFP 0,0084 0,0107 vatu 0,0074 0,0094 franc CFP 0,0084 0,0107 Principales exportations ferronickel, minerais de nickel, poissons perles, prod. de noix de coco, nacres, vanille, viande de requin copra, viandes, cacao, bois d’œuvre, kava, café copra, prod. chimiques, matériaux de construction Principales importations machinerie, combustibles, prod. chimiques, prod. alimentaires combustibles, prod. alimentaires, machinerie et équipement prod. alimentaires, machinerie, combustibles prod. chimiques, machinerie, bateaux, biens de consommation Principaux partenaires commerciaux Japon, France, Taïwan, Corée du Sud, Chine, Afrique du Sud, Belgique France, Japon, Niger, États-Unis Thaïlande, Inde, Pologne, Turquie, Japon Italie, Croatie, États-Unis, Danemark Nom officiel Monnaie5 EURO US $ 1 Pays français d’outre-mer ( POM ), collectivité spécifique 2 Pays français d’outre-mer ( POM ) 3 Collectivité française d’outre-mer ( ancien TOM ) 4 Taux de change à parité de pouvoir d’achat 5 Taux au 27 septembre 2006, donné à titre indicatif 306 Source : The World Factbook 2006 AFI 2007 NOUVELLE-CALÉDONIE Dominique JOUVE Professeur à l’Université de la Nouvelle-Calédonie [email protected] Anne PITOISET Journaliste économique [email protected] Une année placée sous le signe des feux : 600 hectares brûlés à l’île des Pins, des dégâts considérables à la montagne des Sources, le château Devambez parti dans les flammes, le tout nouveau théâtre de l’Escarmouche détruit par un incendie. POLITIQUE E n septembre 2005, le grand poteau sculpté, le M wâ K â, a été solennellement planté devant le Musée Territorial, baie de la Moselle : il constitue un geste d’accueil de la part des différentes aires coutumières kanak, en direction des communautés du Territoire; il représente un mât de pirogue et le poteau de la grande case où tous les habitants de la NouvelleCalédonie peuvent se retrouver. Ce p e n d a nt, l e s p a r t i s p o l i t i q u e s peinent à définir et à « acter ce destin commun », promis par l’accord de Nouméa : le gel du corps électoral, surtout, divise les Calédoniens. Jacques Lafleur est sorti de sa quasi-retraite pour lancer un nouveau parti en août 2006, le Rassemblement pour la Calédonie. L’Avenir ensemble a réélu à sa tête Harold Martin en sept. 2005; la présidente du gouvernement, Marie-Noëlle Théméreau, semble paralysée par un fonctionnement prévu comme collégial mais qui ne correspond pas aux mentalités du pays. Le gouvernement, par exemple, n’a pas réussi à faire voter la loi de pays sur la priorité à l’emploi local, qui constituait un engagement fort de l’Avenir ensemble pour les élections de 2004. L’engagement de la France en Nouvelle -Calédonie s’est intensifié avec les contrats de développement que le ministre de l’Outre-mer, François Barouin, est venu signer à Nouméa en mars 2006 : 393 millions d’euros, soit une augmentation de 11 % par rapport à la période 2000-2004. Sous la pression de Nicolas Sarkozy, un rapprochement entre l’Avenir ensemble et le Rassemblement pour la Calédonie AFI 2007 dans la R épublique ( RPCR ) a eu lieu entre Harold Martin et Pierre Frogier en vue des prochaines élections. Il n’est pas cependant du goût de toutes les tendances de L’Avenir ensemble. Les élections présidentielles et législatives imposeront des recompositions dans le paysage politique de la Calédonie. I l va falloir compter avec un nouveau venu, Rhéébu Nùù, comité autochtone créé par Raphaël Mapou sur des thèmes écologistes, monté en puissance avec le soutien du Conseil autochtone pour la gestion des ressources naturelles ( CAUGERN ), le ralliement de l’Union syndicale des travailleurs kanak et exploités ( USTKE ) de Gérard Jodar et celui de Rock Wamytan ( Front de libération nationale kanak et socialiste ( FLNKS ) ) : ce petit groupe est devenu au fil des mois une force à laquelle on prête des arrièrepensées et des projets politiques. L’e x - h a u t - c o m m i s s a i r e D a n i e l Constantin a pris sa retraite en 2005. 307 ZONE PACIFIQUE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ Plus que jamais, la Nouvelle-Calédonie vit au rythme du nickel. Les records battus par le « métal du diable » ( 33 400 US $ le 31 décembre 2006 contre 14 759 US $ la tonne en moyenne en 2005 ) ont gonflé les trésoreries et dopé les exportations. Les projets métallurgiques, le boum de l’immobilier et la consommation des ménages ont permis à ce territoire de 235 000 habitants, d’afficher une croissance de 4,5 % et une hausse sensible de l’emploi. Malgré les prédictions alarmistes de certains économistes, qui craignaient une surchauffe de l’économie, l’inflation est restée faible à 1,4 % au 31 décembre 2006 contre 2,6 % un an auparavant. Malgré la contestation du Rhéébu Nùù, résolument opposé aux rejets des ef- NOUVELLE-CALÉDONIE Géographie Île mélanésienne ( 10 fois la Guadeloupe, 2 fois la Corse ). Relief escarpé. Riches gisements de nickel. Le territoire regroupe les îles Loyauté et l’île des Pins. Histoire ➤ 1774 Arrivée de J. Cook dans l’île peuplée par les Canaques ( ou Kanaks ). ➤ 1853 Rattachement à la France. ➤ 1864-1896 L’île est transformée en pénitencier. Travaux forcés dans les plantations et les mines de nickel. ➤ 1878 Insurrection canaque. ➤ 1884 Gouvernement civil. ➤ 1946 Statut de territoire français d’outre-mer ( TOM ). ➤ 1984-1985 Troubles indépendantistes. ➤ 1988 Les accords de Matignon, approuvés par référendum, prévoient l’autonomie pour 1998. ➤ 1989 Assassinat de deux chefs du Front de libération nationale kanak et socialiste ( FLNKS ), Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné. ➤ 1998 Les accords de Nouméa établissent un transfert progressif des compétences de l’État au Territoire. 308 fluents de l’usine Goro Nickel dans le lagon, la construction de l’usine métallurgique du Sud suit son cours. Près de 4 000 personnes – Calédoniens et Philippins – travaillent désormais sur ce chantier qui a déjà injecté 360 millions US $ dans l’économie locale. Après la publication, en oct. 2006, d’une contre-expertise environnementale indépendante, une nouvelle enquête publique sera lancée et le permis d’exploitation devrait être délivré au second semestre 2007. Les premières livraisons de nickel sont attendues fin 2008. En janvier 2007, le groupe brésilien Companhia Vale do Rio Doce ( CVRD ) a finalisé l’acquisition du canadien Inco, devenant ainsi le propriétaire du projet calédonien Goro Nickel. Dans le nord de la Grande terre, le projet Koniambo avance lentement. Selon le président du syndicat du Bâtiment et des travaux publics de la province Nord, les appels d’offres ont déjà un an de retard. C’est finalement le groupe anglo-suisse Xstrata qui a racheté Falconbridge s’emparant ainsi du projet Koniambo. Eramet, qui a perdu en justice le massif du Koniambo en déc. 2005, reprend espoir et répète à l’envi qu’il est prêt à se substituer à Falconbridge s’il venait à faire défaut. La Société des mines du Sud Pacifique ( SMSP ), actionnaire majoritaire du projet Koniambo, a noué un partenariat stratégique avec le sud-coréen Posco, le n° 4 mondial de l’acier pour la construction, sur le site de Kwang Yang, d’une usine de traitement de nickel alimentée par du minerai calédonien. Avec ce projet, dont elle détient 5 %, la SMSP entend s’imposer dans la cour des grands. Le p a r t a g e d e l a r i c h e s s e e t d u pouvoir syndical a engendré de violents conflits à la Société Le Nickel ( SLN ), premier employeur privé du territoire, et au port de Nouméa où l’arrivée de nouveaux armateurs a suscité de violentes réactions. Réseau France -Outre -mer ( RFO ) a subi sept mois de grève en raison d’un conflit ouver t en 2004 concernant le licencie ment pour faute grave d’un technicien supérieur k anak que l’Union syndicale des travailleurs k anak et des exploités ( USTKE ) défend au nom de l’emploi local. Hors secteur maritime, la Direction du Travail et de l’Emploi a comptabilisé en 2005, dans le secteur privé, 54 conflits de plus d’une journée ( +38 % par rapport à AFI 2007 NOUVELLE-CALÉDONIE 2004 ) dans 34 entreprises (- 14 % ). 33 466 journées de travail ont ainsi été perdues, sans compter la quarantaine de conflits qui ont bloqué le secteur minier au cours de la même période. Les revendications ont essentiellement porté sur les salaires et les primes ( 35 % ), l’emploi ( 36,7 % ) et pour la première fois sont apparues des revendications concernant les institutions représentatives du personnel ( 5 % ). Être kanak dans la société d’aujourd’hui : « Je suis responsable d’un toit, pas seulement de ma famille, je suis responsable coutumier de mon clan, je suis l’aîné. Je dois pouvoir participer pour mon clan dignement dans les échanges coutumiers. Donc je fais mon champ, mais pas pour mes seuls besoins personnels. Parce que je gagne de l’argent par ailleurs, je peux acheter un tracteur et ainsi produire et participer plus. Lorsque j’accède à un revenu, je peux participer au système de la solidarité culturelle kanak. J’utilise les moyens de la modernité consciemment pour préserver le système traditionnel. » Paul Néaoutyine, L’Indépendance au présent, 2006. CULTURE Lors du Festival de théâtre Équinoxe à Nouméa ( oct. 2005 ) : on a pu remarquer la reprise des Comédies Broussardes d’Ismet Kurtovitch et plusieurs créations locales, dont l’une a été jouée sur l’îlot Canards ( 166°26 E, 22°19 S ) par Pacifique et Cie, Faust G, un ballet dont la chorégraphie dialoguait avec la sonorisation du film de Murnau proposée par le Cartoun Sardines de Marseille et une nouvelle pièce de Pierre Gope mettant en scène des sans domicile fixe ( SDF ) de Nouméa, Passe, j’ai le temps. La saison du Théâtre de l’Île a permis de revoir une autre pièce de Pierre Gope, Les Champs de la terre, qui évoque, pour les enfants et leurs parents, les difficultés de la fin d’une dictature. Cette pièce a été sélectionnée pour le Festival off d’Avignon. Une interprétation poétique du mythe du lézard par le biais du théâtre d’ombres a fasciné petits et grands. Le Centre culturel Tjibaou a proposé une traduction-adaptation de la pièce de l’auteur fidjien Wilsoni Hereniko, La Dernière Vierge du Pacifique, interprétée dans une perspective burlesque. Une cer taine évolution dans la programmation du Centre culturel Tjibaou : si l’on a toujours les grandes expositions de sculpture et la promotion des arts kanak, on notera un cycle de conférences et expositions orientées sur l’histoire générale de la Nouvelle-Calédonie avec l’exposition Paris-Nouméa, Les Communards en NouvelleCalédonie et diverses interventions sur la Seconde Guerre mondiale ou sur les Japonais en Nouvelle-Calédonie. Dans la foulée des Salons du livre de Poindimié et de Tahiti, les pays de l’Océanie AFI 2007 ont sélectionné divers textes, lus à la Comédie française à Paris pendant la Semaine de l’Océanie fin janvier, permettant aux Parisiens de se familiariser avec la vie et la sensibilité des antipodes. Malgré l’apparition d’une nouvelle maison d’édition, Madrépores, Nicolas Kurtovitch a publié son premier roman, Good Night friend, chez un éditeur de Polynésie française; le thème en est l’accomplissement d’une vengeance par les moyens de la magie, ici appelée « le boucan », un motif qu’on retrouve également dans le roman d’aventures d’Arlette Peirano, Le Gardien de l’île noire. Mais l’événement le plus marquant, c’est la publication du premier roman de Déwé Gorodé, L’Épave ( Éditions Madrépores ). Ce texte âpre aborde avec pugnacité, énergie et désespoir les vies détruites des victimes de relations incestueuses, marquées par la pédophilie, chez les Kanak de la ville et des tribus rurales. Il peut être lu en parallèle avec le témoignage d’une jeune femme violée, battue, séquestrée par son beau-père, paru sous le titre Soleil noir, sous le pseudonyme Bernadette H. Cette écriture thérapeutique se veut également un message d’espoir pour toutes les femmes victimes des mêmes sévices. En dehors du dixième anniversaire du Festival Femmes Funk qui s’est déroulé au mois de septembre, on signalera la popularité grandissante dont jouit le jeune poète kanak Paul Wamo, dont le sourire et l’énergie ont conquis les jeunes publics ( et les moins jeunes ) avec des poèmes scandés en slam, aussi bien en Nouvelle-Calédonie qu’à Tahiti. 309 ZONE PACIFIQUE POLYNÉSIE FRANÇAISE Sandra SRAMSKI Université de la Polynésie française Maître de conférences en Sciences du langage [email protected] Changement politique entre autonomistes et indépendantistes, le 13 février 2005, une opinion publique divisée et perplexe sur l’avenir, notamment à cause de relations houleuses entre la Polynésie française et la France. D POLITIQUE epuis l’arrivée de l’Union pour la démocratie ( UPLD ), en juin 2004, les relations avec la métropole sont tendues. La nomination d’Anne Boquet, nouveau haut-commissaire de la République ( sept. 2005 ) permet d’apporter un nouveau souffle à ces relations marquées par une cérémonie du kava destinée à réconcilier l’État et la Polynésie française. Toutefois, les propos de M. Temaru au 36 e Forum des îles du Pacifique en PapouasieNouvelle Guinée, en octobre, ternissent ces relations. Son projet d’un passeport et d’une monnaie communs pour le Pacifique et sa déclaration aux quotidiens de Tahiti « le statut de la PF […] n’est qu’un bout de papier » provo quent la réaction de Mme Boquet : « Oscar Temaru n’est pas mandaté pour parler de l’indépendance en terre étrangère. Sa qualité de président devrait l’inciter à plus de réserve et de prudence lors de ses déclarations à l’étranger ». De leur côté, les dirigeants des pays membres du Forum des îles du Pacifique ont officiellement entériné le plan Pacifique censé tracer la voie, dans les dix années à venir, d’une plus grande intégration régionale, sous le signe des réformes. La création des statuts de membre associé et d’observateur associé était très attendue par les pays et territoires français; la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, ont désormais la possibilité de demander l’accession à l’un de ces statuts. 310 Le 13 janvier 2006, saisie de la chambre territoriale des comptes pour le budget 2006 par Mme Boquet. Plus tard, elle affirme que le « tribunal indigène », créé le 6 mai pour régler les problèmes fonciers suite à l’intronisation de la grande chefferie de Tahiti Iti ( presqu’île ) par Joinville Pomare et l’Association Na Huiarii mata ara e Pæ, est juridiquement infondé et de nature à induire la population en erreur : autant de désaccords avec M. Temaru. La première visite officielle en Polynésie de François Baroin, ministre français de l’Outre-mer, le 30 mars, est l’occasion pour M. Temaru de proposer la mise en place des accords de Tahiti Nui, sur le modèle du processus néo-calédonien. Cette proposition n’est pas nouvelle, le 7 décembre 2005 le sénateur Flosse ( e x - p ré s i d e n t d e la Polynésie française ) évoquait au sénat une question de référendum sur l’indépendance sans obtenir de réponse. En revanche, au moment de valider le règlement intérieur de l’Assemblée le 29 mars, la réponse du Conseil d’État interdisant désormais l’utilisation d’une autre langue que le français dans les débats à l’Assemblée territoriale creuse le fossé entre la Polynésie et l’État. Quand l’application d’une nouvelle taxe aéroportuaire imposée par l’État est annoncée, la Polynésie française la conteste ( 1 er juin ) et menace de boycotter le Sommet FranceOcéanie, où tous les chefs d’État du Pacifique Sud sont conviés. AFI 2007 POLYNÉSIE FRANÇAISE Les relations tendues de M. Te maru avec l’État semblent s’amé liorer lors de son séjour en France; il rencontre plusieurs personnalités. Mais ses absences inexpliquées à l’audience prévue avec M. Jacques Chirac le 23 juin, ainsi qu’à la réunion de travail avec M. Baroin et les responsables des trois collectivités françaises du Pacifique à l’Élysée, ravivent le conflit. Finalement, le 26 juin, M. Temaru est présent au Sommet FranceOcéanie, mais sa demande d’inscription, dans la déclaration finale du Sommet, d’une référence au droit à l’autodétermination alimente le conflit : le président Chirac, lui répond qu’une majorité de Polynésiens ne désirent pas l’indépendance. Les liens entre la Polynésie française et l’Europe ont été confortés par la rencontre en novembre 2005 de M. Temaru et M. Jean-Pierre Pierard, chargé d’affaires pour les pays et territoires d’Outre-mer ( PTOM ) auprès de l’Union européenne, sur les financements européens et par la résolution, adoptée le 19 janvier à POLYNÉSIE FRANÇAISE Histoire ➤ 1767 Arrivée de Wallis, puis de Bougainville ( 1768 ), et de Cook ( 1769 ), puis des missionnaires protestants ( 1797 ). ➤ 1842 Protectorat français, transformé en Établissement français d’Océanie ( ÉFO ), puis, en 1946, en territoire français d’outre-mer ( TOM ). ➤ 1 9 7 7 Au to n o m i e d e g e s t i o n ; l e gouverneur est remplacé par un hautcommissaire. ➤ 1984 Trois institutions spécifiques ( gouvernement, Assemblée, et Conseil économique, social et culturel ). Les compétences sont réparties entre l’État et le Territoire. ➤ 1966-1996 Essais nucléaires. ➤ 1996 Compétences nouvelles accordées au Territoire. ➤ 2004 La Polynésie française devient le premier pays d’outre-mer ( POM ) au sein de la République française. AFI 2007 la majorité par l’Assemblée territoriale, pour l’introduction de l’euro en Polynésie française. La recherche des ressources économiques de la Polynésie française et de leur exploitabilité qui permettrait l’indépendance de son pays incite M. Temaru à se rendre dans de nombreux pays étrangers. Ses déplacements visent également le resserrement des liens avec les peuples du Pacifique, comme en Nouvelle-Zélande le 20 août pour les funérailles de la reine maorie Te Arikinui Dame Te Aitairangikaahu. Du côté des affaires internes, la succession de personnalités aux différents postes bouleverse la vie politique et économique et inquiète l’opinion publique. Ainsi, le ministre de l’Économie et des Finances, Emile Vanfasse, démissionne le 4 janvier 2006 remplacé par le vice-président de la Polynésie française, Jacqui Drollet. Le 13 avril, Philip Schyle est élu président, à la place d’Antony Geros de l’UPLD, avec 29 voix contre 28. Il s’ensuit l’élection du nouveau bureau de l’Assemblée et, le 21 avril, le remaniement de plusieurs ministères. Puis, le 4 août, le Conseil d’État déclare Nicole Bouteau inéligible pour un an, Thilda Fuller prend sa place à l’Assemblée. Les nombreuses grèves issues des affrontements entre le gouvernement et le Groupement d’intervention Polynésie ( GIP ), créé par G. Flosse, s’ajoutent à ce climat d’instabilité et aboutissent, le 11 janvier 2006, à la dissolution, par M. Temaru, du GIP. Ses membres, alors sans travail, lancent un mouvement de grève générale assez violent que le gouvernement stoppe le 17 janvier grâce à l’intégration de 310 d’entre eux à la fonction publique. Peu de décisions sont prises dans ce contexte de crise politique. Toutefois, l’emploi est au centre des préoccupations : la révision le 11 août 2005 du Dispositif d’aide à la revalorisation du salaire minimum interprofessionnel garanti ( SMIG ) et de l’Emploi ( DARSE ) avec le plafond du salaire brut à 150 000 francs CFP ( à l’exclusion de l’administration territoriale et des communes ), incite le Conseil économique, social et culturel ( CESC ) à être favorable ( 27 déc. ) à la réinstauration du DARSE, mis en place par M. Flosse et annulé par la justice administrative. Mais la crise est profonde et les Polynésiens sont tiraillés entre autonomie et indépendance. Ainsi, le 28 juin, veille de la fête de l’autonomie, le Conseil des ministres de la Polynésie française décide de rebaptiser l’avenue Bruat, où se situe la présidence à Papeete, en avenue Pouvana’a O’opa, et, 311 ZONE PACIFIQUE simultanément, James Salmon, ministre de l’Équipement, et Gilles Tefaatau, ministre des Affaires foncières, tentent de « retirer » la nouvelle stèle autonomiste du rond-point du pont de l’Est ( à Papeete ), pour motif d’emplacement illégal et dangereux. La combinaison des types d’événements, des lieux et des dates est chargée de symboles et témoigne d’une volonté marquée du gouvernement Temaru d’indépendance envers la France. Elle se poursuit avec l’absence remarquée de M. Temaru à la célébration de la fête nationale à Tahiti et dans les îles le 14 juillet. La création d’une commission d’enquête sur les conséquences des essais nucléaires contribue aussi à opposer la Polynésie française à l’État. Le 15 mai, M. Jurien de la Gravière, déclare qu’ « il n’y a pas de conséquences catastrophiques dues aux essais ». Mais l’Association Tamarii Moruroa des anciens travailleurs des sites d’expérimentation réclame le 31 mai les dossiers médicaux de ces anciens et un suivi sanitaire : le dossier n’est pas fermé. ÉCONOMIE L’adoption du principe du passage à l’euro ( 15 nov. 2005 ) par le CESC est un fait nouveau dans la vie économique et politique de la région; elle se ferait à partir de 2009. Sera-t-elle une solution pour développer l’économie en contrecarrant le message qui circule depuis l’arrivée des indépendantistes : « L’État a fermé les robinets » et la baisse de 0,9 % par rapport à l’année dernière du budget de l’Outre-mer voté en novembre 2005 par l’Assemblée nationale? Selon le haut-commissariat, l’État a versé 148,6 milliards FCFP ( 1,25 milliard € ) en 2005 à la Polynésie française, contre 150,5 milliards FCFP ( 1,26 milliard € ) en 2004. Mais l’État participe au développement de la Polynésie française dans divers domaines comme l’aéropor t international de Tahiti Faa’a, le renouvellement du matériel médical, l’éducation, les sports, en 2006. En décembre 2005, les représentants de la majorité gouvernementale adoptent le budget 2006 : 137,8 milliards FCFP dont 102,8 milliards FCFP de fonctionnement et 35 milliards FCFP d’investissement. Mais ce budget sera modifié le 3 mars à l’Assemblée pour pallier un déficit de 2 milliards FCFP. Le rapport 2005 de l’Institut d’émission d’Outre -mer ( IEOM ) présenté en mars montre un recul des investissements publics, puis en juin un léger redressement grâce au secteur privé. La population, elle, note la hausse du coût de la vie. C’est d’ailleurs ce que conclut, le 26 avril 2006, le bilan de l’Institut statistique de la Polynésie française ( ISPF ) de l’indice de prix à la consommation 2005 : + 2,3 %. Même si certaines baisses sont annoncées, près de 2000 personnes manifestent le 1 er juin contre la vie chère. Les grèves suspendent parfois assez longtemps l’économie du pays, notamment celles des GIP qui bloquent l’accès à la zone portuaire de Papeete, engendrant une pénurie en hydrocarbure et 312 en gaz en 2005. En décembre, le service du Contrôle des dépenses engagées ( CDE ) et les pilotes d’Air Moorea sont en grève; en juin, ce sont les employés de CEGELEC, puis les marins et pêcheurs qui, accompagnés d’exGIP, bloquent la zone portuaire de Papeete et déversent 500 kg de déchets de poissons devant la présidence et l’Assemblée. En juillet, la grève de la flottille administrative ( ex-GIP ) a bloqué le ravitaillement de l’île de Maupiti et oblige les commerces à fermer pour rupture de stock. Du côté des ressources, le tourisme est en tête, mais en baisse par rapport à l’an dernier. Pourtant, le gouvernement multiplie les contacts avec de nouveaux partenaires tels que les Chinois, les Japonais, mais aussi les Australiens, les Néo-Zélandais et les Américains. Après le premier vol commercial Papeete-Sydney en juillet 2005, Air Tahiti Nui ouvre la ligne Papeete-New York-Paris le 15 avril 2006. La société aérienne Air Tahiti desservant les îles de la Polynésie française enregistre une augmentation de 5 % de son activité. La perle est une autre ressource importante : les perliculteurs ont demandé un barème de prix pour les perles et une revalorisation de l’indemnisation des greffeurs polynésiens le 1 er juillet 2005. Mais, le 5 juillet, lors de la 31 e vente internationale de perles de Tahiti au Groupement d’intérêt économique ( GIE ) Poe Rava Nui, le prix de la perle a baissé : 1648 FCFP ( 13,8 € ) le gramme. La recherche d’autres ressources polynésiennes comme la pêche et l’agriculture incite M. Temaru à voyager. En mars 2006 à Hollywood et en mai à Tokyo. Il rencontre le ministre de la Pêche et de l’Agriculture du Japon, tandis qu’en juillet, trois experts japonais en agriculture, pêche et forêt viennent en mission exploratoire. La délégation japonaise se rend sur le site du projet d’élevage de thons. AFI 2007 POLYNÉSIE FRANÇAISE SOCIÉTÉ, SPORT ET CULTURE Selon l’Association Te Rauti o te reo ( 12 mai 2006 ) : moins de 20 % de la population parle le reo maohi ( sur les 256 200 habitants, selon le dernier recensement de l’Institut statistique de Polynésie française au 1 er janvier 2006). Le ministre de l’Éducation propose le renforcement des langues polynésiennes dès la maternelle. Le premier Forum étudiants-entreprises, la lutte contre l’illettrisme, le nouveau calendrier scolaire sont autant de façons de prendre en compte la jeunesse polynésienne et son avenir. Or, le bilan de la délinquance 2005, établi en février 2006, annonce une hausse de 8,81 %, avec toutefois une baisse de 7,7 % pour les accidents de la route. Ce bilan fait suite à plusieurs campagnes de sensibilisation et de prévention sur les dangers de l’alcool au volant, du tabagisme, des drogues ( dont l’ice, nouvellement apparue en Polynésie française ). Les actions du gouvernement touchent également à la protection de l’environnement. C’est peut-être ce qui a incité le ministre du Développement durable, M. Handerson, à signer le 2 oct. 2005 avec Nicolas Hulot un accord engageant la Polynésie française à participer au « Défi pour la Terre », dans lequel chaque citoyen s’engage « à adopter des gestes bénéfiques pour la planète », et à lancer le 22 mai 2006 les « Heipuni Days » jusqu’au 10 juin. En outre, des événements comme le Forum sur les énergies renouvelables qui a eu lieu le 23 mai à Tahiti intéressent de plus en plus de personnes, entreprises, collectivités ou particuliers. En sport, les performances en courses de pirogue, nationales ou internationales, sont nombreuses comme chaque année. En Nouvelle-Zélande, le 24 mars, l’équipe de piroguiers de Tahiti remporte les Championnats du monde de vitesse. Plusieurs surfeurs tahitiens se qualifient pour participer à la compétition internationale de surf « Billabong Pro Tahiti » à Teahupoo ( presqu’île de Tahiti ), en mai. Le surfeur tahitien Michel Bourez devient vice-champion du monde junior en Australie le 4 janvier. Mais, les surfeurs sont endeuillés par la mort d’un des leurs, Malik Joyeux, à qui ils ont AFI 2007 rendu un dernier hommage sur le spot de Teahupoo le 18 déc. 2005. La première édition du Championnat de Tahiti des sports traditionnels, le 26 novembre 2005, permet à Heiva Potelle d’être champion de la danse du feu. Autres performances à saluer : la délégation tahitienne remporte cinq titres de champions de France de tækwondo en février; Gary Zebrowsky termine sixième en sur f sur neige aux Jeux olympiques d’hiver à Turin en février 2006. Chez les femmes, Matana Taimana bat le record féminin français d’apnée ( 82 m ) le 29 juillet et le 12 août elle remporte les championnats de Polynésie, tout sexe confondu, l’équivalent de la cinquième performance mondiale de 121 m. Tahiti a aussi été le théâtre d’événements sportifs internationaux quand, le 8 août 2005, Olivier de Kersauson, inaugurant la course « Tahiti Nui Challenge », reliait Sydney à Papeete à bord de son catamaran le Geronimo. Parmi les événements culturels, les concerts avec des artistes locaux, comme le groupe polynésien Te Vaka ou Tapuarii et Sabrina Laughlin, ou avec des artistes internationaux, tels que Joe Cocker, le chanteur et ex-tennisman français Yannick Noah ou le groupe de reggae britannique UB 40, ont fait salle comble avec environ 5 000 spectateurs. Les humoristes français Jamel Debbouze et Laurent Gerra ont également plu au public polynésien. L’artisanat de la Polynésie française a été à l’honneur au 4e Salon des Australes le 27 octobre 2005, au 5e Salon de la bijouterie d’art polynésien le 10 février, au Salon Made in Fenua 2006 le 6 avril, au 9 e Salon du Tifaifai ( patchwork tahitien ) le 27 avril, au 1 er Salon de la bijouterie à Papeete le 23 mai. La musique et les danses se sont illustrées au Festival de danses et d’arts traditionnels d’Océanie française le 17 octobre 2005, au 5e concours de chant Himene Patitifa le 4 février, aux festivités « Tahiti belle époque » en avril. Les arts traditionnels comme le tatouage, ou modernes comme le film documentaire, ont aussi leurs festivals. Par ailleurs, le 5 e Salon du livre le 18 mai participe à la célébration de la francophonie. Les événements culturels gagnent aussi les îles avec la création du Musée des GI’s à Bora Bora et la découverte, le 1 er mars, de centaines d’ancres polynésiennes à Hiva Oa ( aux Marquises ), par les plongeurs du Groupe de recherche en archéologie navale. 313 ZONE PACIFIQUE VANUATU Christian JOST Université Paul Verlaine - Metz [email protected] avec la collaboration de Sarah MECARTNEY [email protected] En multipliant les accords bilatéraux avec la France, le gouvernement se tourne vers le bilinguisme, renforce la francophonie au travers d’une coopération accrue avec la Nouvelle-Calédonie. Toutefois, la crise du kava a des répercussions politiques à Port-Vila et socioéconomiques à Nouméa. POLITIQUE C ette année a été marquée par un net renforcement des liens du pays avec la France et le territoire voisin de la Nouvelle-Calédonie qui s’est traduit par plusieurs visites et signatures d’accords. Ce nouvel élan s’inscrit dans la volonté de Paris de concrétiser l’amélioration des relations de la France avec les États du Pacifique. Cela s’est notamment manifesté à l’occasion du deuxième Sommet France -Océanie t e n u à Pa r i s l e 2 6 juin qui a rassemblé 16 chefs d’État océaniens. À l’issue de ce Sommet, le premier ministre Ham Lini a signé, avec la ministre française déléguée à la Coopération, au Développement et à la Francophonie, un document cadre de par tenar iat por tant sur quelque 16 millions € pour la période 2006-2010. Principalement axé sur les domaines de l’éducation ( dont la réorganisation doit permettre un vrai bilinguisme français-anglais de cet ancien condominium où le français est parlé par moins de 40 % des 220 000 habitants de l’archipel ), de l’agriculture, considérée comme un secteur clé du développement économique, et du tourisme, cet accord a aussi pour objectifs de promouvoir la diversité culturelle et la 314 francophonie, la bonne gouvernance, l’État de droit et la sécurité et de développer la coopération dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche. À cette occasion, M. Ham Lini a d’ailleurs déclaré : « L’un de nos principaux objectifs est de créer une société véritablement bilingue. Il est d’ailleurs intéressant de noter que de plus en plus d’anglophones de notre communauté se mettent à apprendre le français ». En marge du Sommet, le gouvernement du Vanuatu et celui de la collectivité française de NouvelleCalédonie ont signé u n e co nve nti o n d e coopération bilatérale pour trois ans ( 20062008 ) sur un mode décentralisé, donnant une nouvelle impulsion à un mouvement entamé en 1993, avec la signature d’un pacte d’amitié et de coopération. Jusqu’ici, la coopération entre la Nouvelle-Calédonie et Vanuatu passait par la France. La Nouvelle-Calédonie œuvrera pour encourager les investisseurs francophones au Vanuatu et pour aider au développement pédagogique couvrant la formation intensive des professeurs de l’Institut technique du Vanuatu ( ITV ), notamment pour la gestion de sa section hôtelière. AFI 2007 VANUATU En août, lors de la rencontre à PortVila entre M. Ham Lini et la délégation calédonienne, a été scellée la feuille de route de ces nouveaux accords Vanuatu/ Nouvelle-Calédonie. Lors de la commission mixte, un total de 12 projets pour quelque 25 millions de francs du Pacifique ( environ 220 000 € ) a été entériné au titre des actions de coopération pour l’année 2006. La province Sud de Nouvelle-Calédonie a, quant à elle, décidé de financer et de s’associer à plusieurs actions éducatives, sportives et artistiques ( cinéma ) pour un total de 32 000 €. Sur le plan judiciaire, un processus de rapprochement et d’harmonisation des institutions judiciaires respectives doit, à terme, faciliter les procédures concernant entre autres les poursuites judiciaires et l’extradition. Fin juillet 2005, le pays a fêté ses 25 ans d’indépendance. Le premier ministre, Ham Lini, frère du pasteur anglican Walter Lini, considéré comme le père de l’indépendance, a invité pour ces réjouissances tous les dirigeants océaniens. À n o te r é g a l e m e n t , l a v i s i t e d u premier ministre en Chine pour apaiser les tensions nées de la reconnaissance de Taïwan par l’ancien premier ministre Serge Vohor, ce qui lui avait coûté son fauteuil Histoire VANUATU ➤ 1606 Arrivée des Portugais. ➤ 1887 Occupation des Nouvelles-Hébrides par les Français et les Anglais. ➤ 1906 Condominium franco-britannique; deux hauts- commissaires succèdent à l’administration militaire. ➤ 1980 Indépendance des Nouvelles-Hébrides qui prennent le nom de Va n u a t u , a ve c Wa l t e r L i n i c o m m e premier ministre. Lui succèdent Donald Kalpokas ( 1991 ), Maxime Carlot ( 1991 ), Serge Vohor ( 1996 ), à nouveau Kalpokas ( 1998 ), Barak Sope ( 1999 ) et Edward Natapei ( 2001 ). ➤ 1999 ( mars ) Le révérend John Bani remplace Jean-Marie Leye ( 1994-99 ) à la présidence de la République. ➤ 2005 ( août ) Kalkot Mataskelekele est élu 7e président de la République. À noter ➤ Vanuatu est à la fois membre du Commonwealth et de la Francophonie. AFI 2007 en décembre 2004. Sur le plan intérieur, au nom d’une union sacrée et après des années de discorde, M. Lini tente, depuis l’an dernier, de concrétiser un rapprochement et une réconciliation entre le Vanuaaku Pati ( VP, parti historique qui a mené le Vanuatu à l’indépendance il y a 25 ans ) de l’ancien premier ministre Edward Natapei et son Par ti national unifié ( National United Par t y, NUP ), créé en 1991 par Walter Lini, alors évincé du VP et de la tête du gouvernement après 11 années de pouvoir ininterrompu. Malgré ses efforts, le gouvernement a connu cette année trois remaniements ministériels faisant souvent suite à des motions de censure. La majorité gouvernementale, diminuée des effectifs des Verts, était alors descendue à 34 députés sur 52. Le dernier changement, en mars, a conduit au départ du ministre de l’Agriculture, M. Barak Sopé, figure charismatique de la vie politique vanuataise, ancien cadre du VP avant qu’il ne crée sa propre formation à la fin des années 1980, le Melanesian Progressive Party ( MPP ). En réponse, à la mi-mars, fut déposée une nouvelle motion de censure reprochant à M. Ham Lini la décision d’octroyer le monopole de l’exportation du kava à l’OCPB qui a provoqué la colère des exportateurs locaux et des importateurs basés en NouvelleCalédonie. Cette motion présentée par les députés de l’opposition ( dont la principale composante est l’Union des partis modérés, à majorité francophone, dirigée par l’ancien premier ministre Serge Vohor ) n’a cependant pas abouti, du fait d’un nombre insuffisant de voix, parmi les 52 députés. En novembre 2005, les 20 000 électeurs de la capitale Port-Vila ont été invités à renouveler le conseil municipal comme suite à une décision du gouvernement de suspendre l’équipe en place. Parmi les 177 candidats pour 14 sièges, un record dans l’histoire de la capitale vanuataise, trois des par tis actuellement au pouvoir au niveau gouvernemental, dans le cadre de la coalition actuelle ( le National United Party, le Vanua’aku Party et les Verts ), ont obtenu trois sièges chacun. Ces élections municipales marquent l’arrivée en force du parti Vert, qui n’était jusqu’ici pas représenté aux affaires de la capitale. C’est un anglophone, Paul Avock, qui a succédé au francophone Patrick Crowby à la tête du conseil municipal. Après environ deux années de vacan315 ZONE PACIFIQUE ce du poste de chef de police du Vanuatu, le comité de sélection du gouvernement a choisi le lieutenant-colonel Louis Patu, qui vient des forces mobiles paramilitaires ( Vanuatu Mobile Force ) pour diriger les forces de l’ordre. Contrairement aux îles Salomon et à Fidji, où c’est un Australien qui dirige les forces de police, le Vanuatu a privilégié un citoyen national originaire de Santo Louis Patu, respecté à la fois par les forces mobiles et les forces de police, qui étaient souvent en rivalité. ÉCONOMIE Les investisseurs sont revenus en force en 2005 avec plus de 180 nouvelles sociétés créées pour une valeur de l’ordre de 170 millions €, selon le Conseil vanuatais pour la promotion de l’investissement. Les investisseurs proviennent notamment d’Australie, de Chine et de France via la Nouvelle-Calédonie. En dépit d’une meilleure santé de l’économie, la croissance démographique ( 2,7 % ) conduit toujours à plus de chômage et de précarisation en milieu urbain et à peu d’amélioration en milieu rural où plus de la moitié de la population vit sous le seuil de la pauvreté, selon la Banque asiatique de développement ( BAD ). Les investissements privés sont toujours considérés comme les seuls moyens d’augmenter l’offre d’emploi. La BAD prévoit un ralentissement du taux de croissance à 2,2 % en 2006 et 2007 après une progression assez nette à 2,5 % en 2005 contre 2,2 % en 2004, ce qui reste un chiffre parmi les plus faibles de la région. L’aide de l’Union européenne ( UE ), dans laquelle la France est le premier contributeur, est de 20,5 millions € pour la période 2002-2007 et pourrait augmenter de 30 % pour atteindre 30 millions € pour la période 2008-2013 si le pays respecte les accords de Cotonou ( entre l’UE et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique ( ACP ) ). Il s’agit notamment de la bonne gouvernance, de la stabilité politique et du respect des droits de l’homme. L’Agence française de développement ( AFD ) réalise quant à elle des infrastructures ( aéroport, hôpitaux, etc. ) et consacre chaque année de 3 à 4 millions € à ses interventions au Vanuatu. « La guerre du kava », comme le titraient les journaux de Nouvelle-Calédonie a provoqué des remous au plus haut niveau politique vanuatais, mais a aussi fait tache d’huile en Nouvelle-Calédonie. Le gouvernement vanuatais avait entrepris de révoquer les licences à l’export de plusieurs sociétés privées et de donner un monopole au seul Vanuatu Commodities Marketing 316 Board ( VCMB, en français OCPB ), pour l’exportation du kava. Or ces sociétés réalisaient jusqu’ici la quasi-totalité de leur chiffre d’affaires vers la Nouvelle-Calédonie où, ces 15 dernières années, le nombre de nakamals ( bars à kava ) a littéralement explosé, passant d’une dizaine au début des années 1990 à près de 200 dans la seule capitale Nouméa. La même volonté a conduit le gouvernement de NouvelleCalédonie à octroyer le monopole, avec accord du gouvernement de Vanuatu, à La Maison du Vanuatu, sorte de mission commerciale en Nouvelle-Calédonie dirigée par un Calédonien proche du gouvernement. Ces décisions ont conduit à Port-Vila au dépôt d’une motion de censure par l’opposition et à l’éviction de M. Barak Sopé du gouvernement. Les gouvernements français et vanuatais ont repris leurs discussions concernant les accords aériens qui pourraient donner compétence internationale aux aéroports de Santo ( Nord ) et de Tanna ( Sud de l’archipel ), en particulier à destination du territoire français voisin de Nouvelle-Calédonie. Après plusieurs années de travaux, l’agrandissement de l’aéroport de Pékoa ( île d’Espiritu Santo, Nord de l’archipel ), auquel l’AFD a appor té quelque 5 millions €, a été inauguré en août. Ces travaux devraient aussi permettre de faire de Pékoa un aéroport international, qui deviendrait ainsi le second de l’archipel après celui de la capitale, Port-Vila-Bauerfield. La mine de manganèse de Forari ( Nord de l’île principale d’Efaté ), abandonnée au début des années 1980, a repris son activité cette année en exportant dans un premier temps 500 tonnes de minerai anciennement exploité et encore accumulé en terrils. Cette mine, qui appartenait auparavant à la compagnie française Montagnat de Nouvelle-Calédonie, est désormais sous la coupe d’une nouvelle entité, Vanuatu Project Management Limited, dirigée par un Américain, Russell Pollack. Le gouvernement de Vanuatu a donné son accord pour une première quantité de 500 000 tonnes qui devraient partir sur le marché amériAFI 2007 VANUATU cain. Selon les termes de ce contrat, seuls 5 % des produits de la vente reviendront au pays. Le gouvernement de Por t-Vila recevra 2 %, deux autres reviendront aux propriétaires coutumiers du site et 1 %, à la province de Shefa ( où se trouve Forari ). SOCIÉTÉ ET CULTURE Vanuatu, pays le plus heureux du monde ? L’archipel du Vanuatu s’est retrouvé cette année en tête d’un classement mondial de mesure de la qualité de vie et de bien-être de la population. L’étude, réalisée par le groupe britannique de réflexion New Economics Foundation ( NEF, fondée en 1986 ), a compris, comme principaux critères, l’espérance de vie et l’impact écologique de l’activité économique. L’espérance de vie n’est cependant que de 67 ans pour les hommes et de 69 ans pour les femmes selon l’Organisation mondiale de la santé ( OMS ) et, si l’économie est certes essentiellement agricole et forestière et peu mécanisée, les îles ont connu une exploitation forestière par des compagnies étrangères qui ont saigné bien des versants. La gentillesse et l’hospitalité de la population et la force de la coutume sont des traits de société qui n’adoucissent que pour le visiteur temporaire les conditions rustiques et souvent rudes de la vie quotidienne dans la grande majorité des îles de l’archipel exposé en permanence aux quatre risques naturels majeurs que connaît la planète : cyclones, éruptions volcaniques, séismes et tsunamis. Après l’exposition Latitudes 2005 à l’hôtel de ville de Paris il y a quelques mois, le sculpteur Emmanuel Watt de l’Association Nawita a été invité à représenter le Vanuatu au 8 e symposium international de la sculpture qui a eu lieu fin juillet 2006 à Changchun au nord-est de la Chine. L’an passé, il avait exposé 24 ans de ses œuvres au Centre culturel Tjibaou de NouvelleCalédonie. L’A s s o c i a t i o n v a n u a t a i s e N a w i t a ( « poulpe » en bichlamar ) a accueilli en octobre 2005 les artistes calédoniens du village de Hienghène ( côte Est de l’île principale de Nouvelle-Calédonie ), regroupés en une Association Doo Huny pour une exposition commune, placée sous le signe du rapprochement culturel entre les deux pays. Artistes vanuatais et calédoniens exposent à l’espace culturel de l’ambassade de France de la capitale. Le second Salon international du livre océanien ( SILO ) a eu lieu à Poindimié fin octobre 2005. L’Alliance française du Vanuatu a participé à l’organisation en janvier d’une AFI 2007 Semaine de la littérature océanienne à la Comédie française ( Paris ). Durant celle-ci, des textes originaires de la région ont été lus par de jeunes comédiens de cette grande maison ( poèmes de Grâce Molisa, Jacques Gédéon, Patrick Rory, des légendes de Nabanga et des passages de l’œuvre d’Eniwan I luk Rose traduits par l’Alliance française ). Enfin, en novembre, au Wan Smol Bag Théâtre, la Compagnie théâtrale francophone de Paris a présenté son nouveau spectacle, Contes d’Océanie et d’Afrique. Le francophone Daniel Lamoureux, jusqu’ici directeur du seul lycée technique de Vanuatu, a été nommé directeur général au ministère de l’Éducation. Le francophone Henri Taga, député et ancien président du Parlement, a en février été fait officier dans l’ordre français de la Légion d’honneur, à l’occasion d’une cérémonie organisée à la Résidence de France. Ces dernières années, M. Taga a été l’un des piliers de l’Union des partis modérés ( UPM, majoritairement francophone ), qui fut au pouvoir entre 1991 et 1998, marquant ainsi un retour de la francophonie dans cet archipel avant de laisser à nouveau la place à des partis majoritairement anglophones. La cérémonie s’est déroulée à Port-Vila en présence du président du Vanuatu, Kalkot Mataskelekele, du premier ministre Ham Lini et de nombreux parlementaires du monde francophone ( dont le sénateur de Nouvelle -Calédonie Simon Louekhote ), réunis dans le cadre d’un séminaire destiné à fédérer les élus francophones d’Océanie. La 13 e édition de la Fête de la musique, coordonnée par l’Alliance française, s’est déroulée non seulement à Port-Vila où plus de 20 groupes de musiciens se sont produits, mais également cette année à Lakatoro sur l’île de Mallicolo, Melsisi à Pentecôte, Lénakel à Tanna, Arep aux Banks et Pélé à Tongoa. Organisé par l’Université du Pacifique Sud, avec le concours de l’Université de la Nouvelle-Calédonie et de l’Université de la Polynésie française, un colloque de deux jours s’est tenu fin mai pour le 400 e anniversaire de l’expédition de Pedro Fernandez de Quiros, juge espagnol, qui fut envoyé aux Nouvelles-Hébrides ( Vanuatu ) en 1606 pour régler les litiges entre francophones et 317 ZONE PACIFIQUE anglophones au sein du condominium. Une tombe qui daterait de 3100 ans fait toujours l’objet de fouilles archéologiques à Téouma à l’est de l’île d’Efate. Aux ossements humains de sept personnes découverts l’an dernier s’ajoutent maintenant les restes de 13 autres personnes dont un crâne séparé contenu dans un pot qui ont été mis à jour par l’équipe du professeur Matthew Spriggs : « Ce genre de découverte est unique au Pacifique. Le lapita du genre est le premier au Vanuatu. Sur ce site, le crâne n’est pas avec les autres ossements. Cela signifie que la tête de chaque individu fut enlevée et mise à part. Le crâne que nous venons de découvrir dans un pot laisse penser que les origines d’ici sont d’Asie. Jadis, en Asie orientale, à la mort d’un être humain, on enlevait la tête et on la mettait dans un pot avant de l’enterrer à part. » Le don des chefs de l’île de Tanna au président Chirac En marge de l’inauguration du Musée du Quai Branly à Paris, le vieux chef Laukalpi de la tribu d’Enumakel, à Tanna ( Sud Vanuatu ), a patiemment attendu, puis rencontré le grand chef des Français, Jacques Chirac. Sa mission : régler une dette vieille de 94 ans que cette tribu estimait avoir envers la France. Le vieux chef, en habit traditionnel, accompagné de son jeune fils, a finalement rencontré le chef de l’État français dans une des salles du nouveau musée, consacré aux cultures indigènes premières du monde. Dans son discours, le chef Laukalpi a tenu à remercier le président et, à travers lui, la France, pour une intervention qui, en mai 1912, a permis à sa tribu Geste coutumier du chef de l’île d’échapper à un mouvement agressif des missionnaires de Tanna au président français Jacques Chirac et à la France lors britanniques presbytériens. Ces derniers avaient alors de l’inauguration du Musée des commencé à afficher une attitude réprobatrice envers arts premiers les cultures païennes des tribus locales. Les gens d’Enumakel, sentant leur culture menacée par cette vague de prosélytisme, avaient alors demandé l’aide de l’autre puissance du condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides, qui vivait alors ses premières années : la France. Dans un premier temps, la France avait envoyé au large de Tanna un des bâtiments de sa marine nationale, le Kersant, basé en Nouvelle-Calédonie, pour évaluer la situation, a expliqué à Flash d’Océanie Pierre Mayaudon, ambassadeur de France au Vanuatu. De retour à Nouméa, et après avoir tenté une première approche de médiation sur l’île, le commandant du Kersant avait alors rendu compte à Paris de la situation, qui avait ensuite intercédé auprès de Londres pour rappeler les missionnaires et ainsi éviter une confrontation qui risquait à ce stade de dégénérer en accrochages violents entre religieux et coutumiers. 94 ans après cet incident, le chef Laukalpi a donc offert un énorme totem, le kwerrya, fait de plumes de différentes couleurs, censées représenter toutes les races de l’humanité. Par ce fort geste coutumier, symbolisé par cet objet d’ordinaire utilisé à la fin de la fête coutumière du toka ( ou nekawiar ) à Tanna, qui n’a lieu qu’en quelques rares occasions, le chef entendait ainsi remercier l’État français d’avoir, selon ses propres termes, « sauvé nos cultures et traditions ». Le kwerrya a été reçu par le président Chirac en personne ( accompagné de Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies ), puis dûment enregistré et répertorié au sein de la collection ( déjà forte de plus de 300 000 pièces ) du Musée du Quai Branly et au sein de laquelle Vanuatu ( ex-Nouvelles-Hébrides ) est déjà dignement représenté par des masques, tambours fendus et autres ornements en provenance de cet archipel. 318 AFI 2007 WALLIS-ET-FUTUNA Christian JOST Université Paul Verlaine - Metz [email protected] La crise de succession qui secouait le royaume de Wallis s’est aggravée. Les relations restent tendues entre réformistes et conservateurs, le Lavelua est au plus mal. Le rayonnement culturel s’accroît, malgré l’isolement extrême, surtout de Futuna qui revendique moins de dépendance à l’égard de sa sœur Wallis. À POLITIQUE Wallis, la crise de l’an passé s’est brutalement aggravée entre partisans et adversaires du Lavelua ( roi coutumier d’Uvéa, île principale de Wallis ). L’opposition entre clans s’est d’abord traduite par des blocages de routes et des administrations, mais les affrontements répétés entre réformistes et conservateurs partisans du roi ont conduit à des incendies de maisons et ont fait plusieurs blessés graves ainsi qu’un mor t, Sosefo Tagatamagoni, un jeune de 21 ans, mort en oct. sous les coups de couteau d’un partisan du clan royal. Cette crise a débuté lorsque le Lavelua n’accepta pas la condamnation de Tungahala, son petit-fils, à 18 mois de prison ferme pour homicide involontaire après un accident de la route, alors qu’il était en état d’ébriété, et qu’il menaça d’expulsion le préfet Xavier de Fürst et le président du tribunal en cas d’arrestation du petit-fils. Or la majorité de la population ne veut plus d’une « classe intouchable » et, comme la coutume le permet, les Aliki, familles nobles locales, avaient engagé une procédure de destitution du Lavelua, Tomasi Kulimoetoke, qui règne depuis 1959, et s’apprêtaient à élire un nouveau Lavelua le 25 sept. 2005. AFI 2007 Avec un grand déploiement de forces et d’armes, les fidèles du Lavelua bloquèrent l’aéroport international de Hihifo et les routes pour empêcher l’intronisation du nouveau roi. Un détachement parvint à atterrir et à reprendre le contrôle de la situation permettant l’arrivée d’un médiateur nommé par la France, Louis Le Franc, s e c r é t a i r e g é - néral au haut-com- missariat en Nouvelle-Calédonie. En août, l a s i t u a t i o n re s tait tendue après l ’é c h e c d e s n é g o c i at i o n s e nt re partisans d’un changement de Lavelua et conservateurs pro-Lavelua. Le territoire n’en a pas moins célébré le 45 e anniversaire de son statut de territoire d’Outremer ( TOM ) auquel le Lavelua n’assista cependant pas « pour raisons de santé », se faisant représenter par un de ses ministres traditionnels ( Kulitea ), Mikaele Tauhavili. À cette occasion, Emeni Simete, élu en novembre président de l’Assemblée territoriale de Wallis en remplacement d’Albert Likuvalu, salua « la volonté du Lavelua que le territoire reste partie de cette France qui continue de nous aider ». Le Lavelua ne put pas plus se rendre aux cérémonies de l’Assomption, laissant augurer une fin de règne qui laissera sans doute ses fidèles désemparés. 319 ZONE PACIFIQUE La coutume voulait que le Lavelua change tous les dix ans, mais l’État avait tout fait pour maintenir le plus longtemps possible le roi en titre. La santé du Lavelua, âgé de 87 ans, qui perçoit de l’État français une indemnité mensuelle de 660 000 francs CFP ( 5 500 € ), fait qu’il n’est plus en mesure de gouverner; c’est sa fille Etuaneta qui dirige le palais depuis quelques années. En août, est arrivé un nouvel administrateur du territoire et préfet, Richard Didier, en remplacement de Xavier de Fürst qui est resté moins de deux ans en poste. Richard Didier a pris ses fonctions avec « un sentiment d’humilité et de grand respect pour la coutume locale »; il va tenter de trouver une solution d’apaisement entre les clans. WALLIS-ET-FUTUNA Histoire ➤ 1767 Arrivée de l’explorateur anglais Samuel Wallis. ➤ 1886 Protectorat français. ➤ 1959 Statut de territoire français d’outre-mer (TOM). À noter ➤ L a re co n n a i s s a n ce d e l ’a u to r i té coutumière des 3 Royaumes (Uvéa à Wallis, Sigave et Alo à Futuna) confère à ce TOM un par tage des pouvoirs particulier. ÉCONOMIE Les deux rois de Futuna, le Tuigaifo du royaume et circonscription d’Alo et le Tuisigave de Sigave, se sont rendus en mars à Paris pour rencontrer le ministre d e l ’O u t re - m e r, Fr a n ç o i s B a ro i n , a f i n d’évoquer l’isolement de leurs îles ( l’île de Futuna et sa voisine Alofi, inhabitée ). Xavier de Fürst a estimé que la situation de Wallis et Futuna était préoccupante sur le plan économique, « dix pour cent des emplois privés ont disparu depuis 2003 […] Il faut se mettre au travail pour créer des richesses propres au territoire », notamment dans les secteurs de la pêche, de l’agriculture ou encore de l’artisanat. À cette occasion, d’autres projets ont été évoqués, notamment, au plan social, un suivi de la procédure d’évacuation sanitaire. En 2005, la dépense de consommation des ménages a augmenté de 2,1 % en volume, aux prix de l’année précé dente, après + 2,3 % en 2004. Le rythme de croissance est demeuré solide malgré u n e p ro gre s s i o n m o d é ré e d u p o u vo i r d’achat. Le territoire a perdu la possibilité de bénéficier de la plus grande partie des fonds FED ( Fonds européen de développement ) qui devaient lui être attribués sur le 6 e FED, soit près de 666 000 €. Le territoire ne pourra recevoir que 66 00 €, dû à « des circonstances malheureuses », « de mauvaises communications », tentent d’expliquer les autorités françaises. De nombreux projets agricoles et d’infrastructures devaient être financés par ces fonds, notamment à Futuna, l’asphaltage de la route côtière et un grand projet de culture du taro ( tubercule 320 de consommation quasi quotidienne et cultivé en terrasses irriguées ). À Wallis, c’est le projet de port de pêche de Halalo, destiné à dynamiser l’économie locale, qui dépend des fonds de la France et de l’Europe. L’étude d’impact environnemental est achevée et les travaux devraient commencer fin 2006, début 2007, pour un coût total de 6 millions €. D e s c h e fs co u t u m i e r s d e Wa l l i s, des propriétaires terriens et des représentants de la Chambre interprofessionnelle ( chambre de commerce, CIP ) préparent un intéressant projet de Land trust, à l’instar de ce qui se fait à Fidji, c’est-à-dire une communauté d’intérêt pour la conservation et la gestion durable des terres et des ressources. La procédure envisagée pour financer ce projet, qui demande des moyens pour coordonner la gestion des terres entre les propriétaires et les entrepreneurs, est d’intéresser des investisseurs par des baux de location de terres sur 25-30 ans. La secrétaire du CIP, Noella Taofifenua, souhaite que les Wallisiens, qui ne sont selon elle que des spectateurs du développement de leur île, en deviennent de véritables acteurs. Mikaele Tauhavili, le traditionnel Kulitea ( ministre de la Communication du roi ), confirme que ce projet est à l’étude avec tous les chefs de clans. Le montant du budget 2006 alloué par la France et voté par l’Assemblée territoriale a été de 2,86 milliards FCFP ( 24 millions € ), dont 23 millions sont destinés à couvrir les frais de fonctionnement et d’équipement. Un autre fonds d’aide spéciale de 500 000 € a été alloué pour des AFI 2007 WALLIS-ET-FUTUNA projets « sociaux » en matière de formation et d’emploi. Les trois dernières années, le gouvernement français a également injecté quelque 330 millions € en « aide exceptionnelle ». L’année prochaine, le petit aéroport domestique de Futuna subira une mise à niveau, notamment par rallongement et asphaltage de sa piste, pour lui permettre de devenir éventuellement un aéroport international et autoriser Futuna à bénéficier d’un rayonnement régional, a confirmé Matignon. Les événements de Wallis bloquant son aéroport international et le seul accès à Futuna ont convaincu les autorités de la nécessité de sortir Futuna de son isolement. SOCIÉTÉ ET CULTURE La rentrée scolaire, prévue le 14 février, a dû être retardée de quelques jours sur décision du préfet et avis du vice-recteur en raison de la panne technique depuis la mijanvier du seul avion ( le Twin Otter « Ville de Paris » de 18 places, offert il y a 20 ans par le maire de Paris, Jacques Chirac ) qui relie Wallis à Futuna, ce qui a empêché les nouveaux enseignants de se rendre sur l’île et les élèves de Futuna d’aller au seul lycée du territoire situé sur Wallis ou à l’université en Nouvelle-Calédonie. L’impraticabilité de certaines routes bloquées par des chutes d’arbres et l’inondation de bâtiments publics à la suite du passage de la dépression tropicale Jim suivie du cyclone Vaianu début février ont également contribué à retarder la rentrée. Les conduc teurs de véhicules de Futuna ont dû affronter cette année leur premier contrôle de police routière. L’opération a été mise en place après qu’on ait établi que 80 % des conducteurs n’avaient jamais obtenu de permis. Les gendarmes ont donné un avertissement aux contrevenants et les ont enjoints à suivre des cours de code de la route deux fois par semaine, puis à passer l’examen pour obtenir un permis de conduire. Le Webzine Uvea-mo-Futuna, service de nouvelles bilingues, voire parfois trilingues, sous forme de groupe de discussion en ligne, créé en 2001 et animé par un groupe de bénévoles, connaît un succès croissant et permet aux communautés wallisienne et futunienne du territoire, de Nouvelle-Calédonie ( 20 000 résidants ), de France et d’ailleurs, d’échanger dans leurs langues et d’avoir des nouvelles du territoire. Il est ainsi une précieuse source d’informations sur ce territoire avec de nombreux articles accessibles aux locuteurs de ces langues. Le sculpteur et peintre Patrice Kaikilekofe a été sélectionné pour présenter ses œuvres à « Latitudes 2005 : Terres du Pacifique », première exposition d ’ar t AFI 2007 contemporain océanien, organisé par l’hôtel de ville de Paris en décembre 2005 et janvier 2006. Le groupe Wallis Mako a, quant à lui, participé au Festival Interfolk 2005 à Kolobrzeg en Pologne. En spor t, l’équipe de golf junior de Wallis a remporté six médailles d’or, deux d’argent et une de bronze au tournoi organisé en septembre à Dumbéa, Nouvelle-Calédonie. Bertrand Vili d’Auckland ( NouvelleZélande ) en javelot 800 m et Vitoli Tipotio de Suresnes ( France ) en disque 2 kg ont été tous deux médaillés de bronze de l’équipe de France d’athlétisme aux 5 e Jeux de la Francophonie au Niger en décembre 2005. Patricia Gatuhau alias Tyssia, chanteuse et musicienne, grand espoir de la chanson calédonienne, a été élue représentante de la Nouvelle - Calédonie au concours Eurovision de la chanson et s’est rendue en Europe pour cette occasion où elle n’a cependant pas terminé finaliste. Elle a également représenté la NouvelleCalédonie au Concours RFO « 9 semaines et un jour » et a participé aux Francofolies à La Rochelle en juillet. C’est Alexis Mata’Uli qui y a représenté le territoire de Wallis-et-Futuna. Le père Ghislain de Rasilly, anciennement vicaire provincial des pères maristes à Suva, a été nommé par le pape, évêque de Wallis-et-Futuna. Après le Nouveau Testament, depuis quelques années, et la Bible complète en langue futunienne disponible depuis 2004, une nouvelle traduction de la Bible dans la langue de Wallis est en chantier. Mgr Calvet, archevêque de Nouméa, de passage à Wallis au début d’août, a rencontré la commission en plein travail et annoncé la publication dans les années à venir d’un premier volume, Les Quatre Évangiles et les Psaumes, puis d’un Nouveau Testament complet et enfin de la Bible au complet. 321 ZONE PACIFIQUE BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE Sauf indications contraires, toutes les références citées sont datées de l’année 2006. Trois livres sont primés au Salon du livre insulaire d’Ouessant : PINERI Riccardo, L’Île matière de Polynésie, Le Motu Éditions, 2006. SELVA Chantal et Tauhiti NENA, L’Art en mouvement : émergence d’un art contemporain en Polynésie, Le Motu Éditions, 2006. VON DEN STENEN Karl, Les Marquisiens et leur art. L’ornementation primitive des mers du sud, Le Motu Éditions, coll. Musée de Tahiti et des Îles, 2005. NOUVELLE-CALÉDONIE ( m ) = mémoires; ( a ) = arts plastiques; ( bd = bande dessinée ); ( j ) = littérature jeunesse; ( e ) = essai; ( r ) = roman; ( p ) = poésie Revue Correspondances océaniennes : « Les départs » ( mai 2006 ); « L’Australie », ( octobre 2005 ). Revue Mwà Véé : n°49 : « Hier, aujourd’hui, Enfant et Société… rêve d’enfance, éducation coutumière, école, citoyenneté », juillet-août-septembre 2005. n°50 : « Du patrimoine immatériel aux archives kanak », octobre-novembre-décembre 2005. n°51 : « Paris-Nouméa les Communards en Nouvelle-Calédonie, Île d’exil, terre d’asile »,janvier-février-mars 2006. n° 52 : « Arts visuels les artistes s’expriment », avril-mai-juin 2006. ANOVA Apollinaire, Calédonie d’hier, Calédonie d’aujourd’hui, Calédonie de demain ( e ), présentation de Bernard Gasser et Hamid Mokaddem, Nouméa, Expressions/Mairie de Moindou, 2005, 303 p. BENSA Alban et Atéa Antoine GOROMIDO, Histoire d’une chefferie kanak ( 1740-1878 ), Le pays de Koohnê ( Nouvelle-Calédonie ) ( e ), Paris, Éditions Karthala, 2005, 172 p. COLLECTIF, La Nouvelle-Calédonie : colonie pénitentiaire ( 1863-1931 ), transportation déportation relégation, C.D.P. de Nouvelle-Calédonie, 2005. DVD, www.cdp.nc DÉCAMP Florence et Olivier BALEZ, Le Cycle du Nautile, 1. Traque à Sydney ( bd ), Paris, Éditions Bayard, 2005, 52 p. GOPE Pierre, La Parenthèse, Nouméa, Éditions Traversées, 2005, 67 p. GORODÉ Déwé, L’Épave ( r ), Nouméa, Éditions Madrépores, 2005, 171 p. GUIART Jean, L’Enfer expatrié, réflexion sur la guerre dans le Pacifique Sud ( 1941-1945 ) ( e ), Nouméa, Éditions Le Rocher-à-la-Voile et les Éditions du Cagou, 2006, 117 p. GUIART Jean, Une clé de la société canaque, les réseaux d’identité partagée ( e ), Nouméa, Éditions Le Rocher-à-la-Voile et les Éditions du Cagou, 2005, 204 p. H. Bernadette, Mon soleil noir, le calvaire d’une enfant de Nouvelle-Calédonie ( m ), Nouméa, Éditions EDIMAG, 2005, 207 p. HOUBOUY Maléta, L’Enfant Kaori, Wanakat Kaori ( j ), ( illustration de Isabelle Goulou ), album bilingue français/iaai, avec CD audio, Tjibaou, Grain de Sable jeunesse/Centre culturel Tjibaou, 2005, non paginé. IBANEZ BUENO Hélène, Art vivant, Nouvelle-Calédonie, l’art au passage du XXI e siècle ( a ), Nouméa, Édition L’Éclectique, 2005, 176 p. KURTOVITCH Nicolas, Good night friend ( r ), Tahiti, Éditions Au Vent des îles, 2006, 124 p. MICHEL Louise, Légendes et chansons de gestes canaques ( 1875 ), suivi de Légendes et chants de gestes canaques ( 1885 ) et de Civilisation, avant propos de Marie-Claude Tjibaou, textes établis et présentés par François Bogliolo, avec la contribution de Joël Dauphiné, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2006, 238 p. MOKADDEM Hamid, Ce souffle venu des Ancêtres… L’œuvre politique de Jean-Marie Tjibaou ( 1936-1989 ) ( e ), Nouméa, Éditions Expressions/Province nord, 2005, 411 p. MOKADDEM Hamid, Conjoncture politique de la Nouvelle-Calédonie ( e ), Nouméa, Éditions Expressions, 2005, 79 p. NÉAOUTYINE Paul, L’Indépendance au présent ( e ), Paris, Éditions Syllepse, 2006, 189 p. OHLEN Frédéric, La Lumière du monde ( p ), Nouméa, Grain de Sable/L’Herbier de feu, 2005, 139 p. PEIRANO Arlette, Le Gardien de l’île noire ( r ), Nouméa, PEARL édition, 2005, 346 p. RATZEL Nicolas, Cahiers de mes souvenirs de géomètre calédonien, 1894-1939 ( m ), deux volumes, Société d’études historiques de Nouvelle-Calédonie, publication n° 62, 322 AFI 2007 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE 2006, 458 et 461 p. SALAÜN Marie, L’École indigène ( e ), Nouvelle-Calédonie, Presses universitaires de Rennes, coll. Histoire, 2005, 279 p. VALETTE Jacques, Chroniques des Terres rouges, le grand sud Calédonien ( e ), Saint-Cyr-surLoire, Éditions Alan Sutton, 2006, 192 p. WAMO Paul, Le Pleurnicheur ( p ), Nouméa, Éditions L’Herbier de feu, 2005, 57 p. POLYNÉSIE FRANÇAISE BREAUD Anatila, Histoire des enfants du quartier de la Mission, [s.l.], Nini éditions. LEBLANC William, Souvenirs d’un vieux normand, Tahiti, Éditions Au vent des îles. LOTI Pierre, L’Île de Pâques, Saint-Cyr-Sur-Loire, Christian Pirot éditeur. PEREZ Christine, Perception de l’insularité dans les mondes méditerranéen ancien et archipélagique polynésien d’avant la découverte missionnaire, Paris, Éditions EPU. SAINT-EXUPÉRY, Antoine de, Le Petit Prince, traduit en tahitien par John Martin de l’Académie tahitienne, Papeete, Haere po, 2006. SAURA Bruno, Huahine aux temps anciens, Paris, Éditions du patrimoine. SPITZ Chantal, Pensées insolites et inutiles, Tahiti, Éditions Te Ite. SYLVAIN Teva, Mythe océanien, Tahiti, Éditions Pacific promotion. VAITE Célestine, Le Frangipanier, Tahiti, Éditions Au vent des îles. VANUATU [S.A.], Bimbigo ( conte trilingue ), Port-Vila, Centre culturel de Vanuatu, 2005. [S.A.], Mashishiki ( conte trilingue ), Port-Vila, Centre culturel de Vanuatu, 2005. [S.A.], Nangoret et Héron, légende de Santo traduite du bichlamar en français par Christelle Thieffry, illustration de Jean William, Port-Vila, Alliance française/Centre culturel du Vanuatu/Conseil provincial des SANMA, 2006. [S.A.], Nangoret mo Heron ( contes trilingues ), Port-Vila, Centre culturel de Vanuatu, 2005. [S.A.], Rat mo Nambilak ( conte trilingue ), Port-Vila, Centre culturel de Vanuatu, 2005. GARDISSAT Pierre, Nabanga. Une anthologie illustrée de la littérature orale du Vanuatu, PortVila, Centre culturel de Vanuatu, 2005. MAC KERRAS Ross, La Légende de l’anguille et autres histoires de l’île d’Uripiv, Vanuatu, Conseil national culturel de Vanuatu, 2005. PUECH V. ( dir. ), Toktok, ( lexique trilingue illustré ), Paris, Alliance française/AUF/ANU/ Ambassade de France, 2006. WATT Emmanuel, Quand je sculpte…, présenté par Regenvanu Ralph, Brisbane, University of Queensland, 2004. WOLEG HOWARD Edgar et Alex FRANÇAIS, Bulsal, dam galsi me lelek, livre en langue motlap publié par l’Alliance française dans le cadre de sa politique de protection de la diversité linguistique et culturelle, Port-Vila, Alliance française, 2006. Films : [S.A.], La Plume, documentaire, Port-Vila, Fly Time Pictures, 2005. [S.A.], Yumi winim fridom, le film de l’indépendance de la République du Vanuatu en 1980, édité à l’occasion du 26 e anniversaire de l’indépendance, Port-Vila, Centre culturel du Vanuatu avec le soutien de Film Australia, 2006. CD audio : JOHN FRUM BAND, Chansons de John Frum, premier CD de chants du mouvement John Frum de l’île de Tanna, Port-Vila, Centre culturel de Vanuatu, 2003-2005. WALLIS-ET-FUTUNA [S.A.], Wallis et Futuna. Aux temps premiers de la Mission ( 1841-1862 ), extraits des Annales pour la propagation de la foi, édition commentée et annotée par Odon Abbal, Paris, L’Harmattan, coll. Fac-similés océaniens, 2004. BROUWERS Pierre ( auteur-réalisateur ), La France Outre-Mer, Paris, L’Harmattan, 2005, DVD PAL, documentaire, 75 minutes. DELBOS G., L’Église catholique à Wallis et Futuna, Suva, CEPAC, 2004. IEOM ( Institut d’émission d’Outre-mer ), Wallis et Futuna en 2005, Paris, IEOM, 2006. RENSCH Karl H., Parler wallisien, Nouméa, Centre de documentation pédagogique de Nouvelle-Calédonie, 2004. SCHOCH Augustin et Savelina, Hisitolia o te fai folau vakalele - Histoire de l’aviation à Wallis et Futuna, Aix-en Provence, [s.é.], 2005. AFI 2007 323 ZONE PACIFIQUE AUSTRALIE Peter BROWN Australian National University [email protected] U POLITIQUE ET ÉCONOMIE n paradoxe apparaît dans les re lations franco-australiennes : d’une part, il y a de plus en plus de divergences importantes et la guerre en Irak, où l’Australie est engagée militairement; le protocole de Kyoto que l’Australie refuse de signer; la guerre récente au Liban où l’Australie a défendu la démarche israélo-américaine; les discussions au sein de l’Organisation mondiale du commerce ( OMC ) où l’Australie accuse l’Europe, et notamment la France, d’avoir une approche « forteresse »; enfin, et surtout, la Convention sur la protec tion et la promotion de la diversité des expressions c u l t u r e l l e s à l ’ U n e s c o o ù l ’A u s t r a l i e ( pays pourtant officiellement multiculturel ) s’est abstenue lors du vote d’octobre 2005. Et pour tant, d’autre par t, malgré cette américanisation de la politique australienne, les relations franco-australiennes sont meilleures que jamais, surtout en ce qui concerne les affaires du Pacifique Sud. En effet, selon François Baroin, le ministre français de l’Outre-mer en visite en Australie début mars 2006, il y a « un fort réchauffement des relations diplomatiques franco-australiennes. Il y a aujourd’hui à Canberra, je dirais même, comme un besoin de France et d’Europe… » De même, à Paris fin juin pour le Sommet France-Océanie, le ministre australien des Affaires étrangères, Alexander Downer, a parlé d’une « volonté politique partagée : le renforcement de la stabilité politique, économique et environnementale dans la zone… S’ouvre une page d’intense collaboration francoaustralienne ». Les deux pays ont signé une Dé claration sur la Coopération pour la Surveillance maritime dans le bassin Pacifique. À ce sujet, l’opération « Croix du Sud » en 2006 a réuni 2 000 militaires en Nouvelle-Calédonie sous commandement australien. Cette évolution est reflétée dans les transactions commerciales : les exportations françaises vers l’Australie dans le domaine d e l ’é q ui p e m e nt m i l i t a i re o nt at te i nt 3,1 milliards € en 2005, en augmentation de 18 % par rapport à 2004; les chiffres de l’industrie aéronautique ont plus que doublé ( +103 % ) entre 2003 et 2004 et en 2005 ce secteur représentait 28 % de l’ensemble des ventes, devançant les marchandises ( 18 % ) et les produits pharmaceutiques ( 10 % ) qui n’ont cessé de croître de 15 % en moyenne par an depuis 2002. En tout, de 1999 à 2005, les exportations françaises en Australie ont plus que doublé, augmentant de 1,2 milliard à près de 3 milliards €. Les 270 entreprises françaises en Australie avec quelque 85 000 employés ont un chiffre d’affaires de 12 milliards € et l’Australie sert souvent de base pour leurs opérations dans le bassin Asie-Pacifique. En sens inverse, en décembre 2005, la banque australienne Macquarie Bank a annoncé son partenariat avec la compagnie française Eiffrage pour gérer les autoroutes à péage Paris-Rhin-Rhône, l’investissement de la Macquarie Bank étant de l’ordre de 2,5 milliards €. HISTOIRE La vieille histoire partagée entre les deux pays a refait surface suite à la découverte du « jardin français » planté en 1792 près de Recherche Bay en Tasmanie par Félix Delahaye, l’assistant de Labillardière, le naturaliste de l’équipage d’Entrecasteaux. Labillardière est l’un des fondateurs de la botanique, la zoologie et l’ethnographie en Australie et ses collections constituent la base du premier catalogue général de 324 la flore australienne : le Novæ Hollandiæ plantarum specimen. Or, en 2006, pour le 250 e anniversaire de sa naissance, le « jardin français » s’est transformé en site archéologique avant d’être une sorte de champ de bataille politique où historiens et écologistes s’opposaient aux promoteurs et à certains hommes politiques; le jardin a été classé et fait dorénavant partie du patrimoine australien protégé. AFI 2007 AU-DELÀ DES PAYS FRANCOPHONE CULTURE La Pérouse, quant à lui, avait droit à une exposition organisée à l’Art Gallery of NSW fin 2005, Any news of La Pérouse, d’après la dernière question qu’aurait posée Louis XVI avant sa mort. Cette exposition, assortie de tableaux de deux artistes françaises résidant en Australie ( Catherine K et Nathalie Har tog-Gautier ), fait preuve encore de l’engouement australien pour les navigateurs français des XVIII e et XIX e siècles. Le Musée La Pérouse à Sydney est d’ailleurs un don offert par la France pour fêter le bicentenaire de l’Australie moderne, le 26 janvier 1988, deux cents ans exactement après l’arrivée du navigateur français dans la baie de Sydney. En 2006, des gestes de donnant, donnant relient les deux pays aussi à travers une culture autrement plus ancienne, celle des premiers habitants de l’Australie. En effet, c’est le Musée du Quai Branly ( Musée des « Arts premiers » ) qui expose le travail de huit artistes aborigènes, incrusté dans la construction même du musée, sur 2 500 mètres carrés de la façade, des murs et des plafonds de l’un de ses bâtiments. La France donne ainsi une reconnaissance accrue, au niveau mondial, à l’art aborigène, la plupart des artistes ayant été présents lors de l’inauguration du musée le 20 juin. C’est aussi à Paris que la Comédie française a monté des pièces australiennes ( en traduction française ) dans le cadre de sa Semaine de l’Océanie fin janvier et, au mois de mai, l’Australie était à l’honneur au Festival du livre de Montpellier, avec la participation de dix écrivains australiens, après que la Bibliothèque nationale de France ait organisé un symposium intitulé « Australie - le nouveau monde? » Autres expositions d’envergure : celle des Musées des beaux-arts de New South Wales ( Sydney ) et de Victoria ( Melbourne ) qui montent décembre 2005-mai 2006 Pissarro, le premier impressionniste rassemblant une centaine d’œuvres, dont une soixantaine de tableaux et quarante dessins et gravures; et, entre juin et octobre 2006, la National Gallery du Victoria accueille également l’exposition Picasso-Dora Maar qui avait été montée au Musée Picasso à Paris plus tôt dans l’année. Par ailleurs, le Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine a présenté à Melbourne ( Festival international des arts, octobre 2005 ) son spectacle Le Dernier Caravansérail ( Odyssées ) sur les chercheurs d’asile à travers l’histoire, spectacle qui avait été inspiré par le refoulement australien en 2001 de quelques centaines de boat-people en provenance d’Asie. Également présente à Melbourne ( et ensuite à l’Opéra de Sydney ) : la Compagnie sénégalaise Jant-Bi avec son spectacle Fagaala sur le génocide du Rwanda en 1994. Les Arts Sauts sont revenus en Australie pour le Festival des arts de Sydney de janvier 2006 pour monter leur spectacle Ola Kala. Enfin, dans le domaine de la musique, pour fêter le 350e anniversaire de naissance du compositeur baroque Marin Marais, la musicienne australienne Jennifer Eriksson, directrice du Projet Marais, se lance le défi, avec son trio à la viole de gambe, de jouer sur dix ans l’œuvre complète de Marais. L’historien Edward Duyker a publié une biographie de François Péron, le naturaliste de l’expédition de Nicolas Baudin qui a exploré la côte australienne au début du XIXe siècle; par ailleurs le professeur émérite Ross Steele a sorti la deuxième édition de son ouvrage The French Way. Keys to the Behaviour, Attitudes and Customs of the French ( McGraw-Hill ), lancé pendant la fête French A-Fair, Sydney 2006, tout comme l’a été My French Connection, ouvrage de la journaliste australienne Sheryle Bagwell concernant sa vie en France. NOUVELLE-ZÉLANDE Myreille PAWLIEZ Professeure à l’Université Victoria de Wellington [email protected] L a Nouvelle-Zélande est privée de TV5 Monde. Depuis que la chaîne francophone est transmise en Océanie par AFI 2007 le satellite Asiasat 3, très bas à l’horizon, une grande partie du pays n’est plus en mesure de la capter. Les téléspectateurs 325 ZONE PACIFIQUE du nord du pays qui seraient susceptibles d’y accéder doivent changer à grands frais leur antenne parabolique. Le s t r a p é z i s t e s a é r i e n s d e s A r t s Sauts, la troupe de théâtre acrobatique de Thiérrée, ainsi que les photographies aériennes géantes de Yann Ar thus-Bertrand ( La Terre vue du ciel ) ont tout par ticulièrement été acclamés lors du Festival international des arts de Wellington. Le groupe sénégalais Baobab, connu depuis les années 1970, était également à l’affiche. Les amateurs de peinture ont eu la rare occasion de découvrir à Auckland et Wellington quelques-unes des œuvres de la collection privée Robertson ( Picasso, Cézanne, Matisse, Bonnard, Braque, De rain, Van Dongen, Fantin-Latour, Léger, Redon ), tandis que le monde de la musique classique a apprécié le retour du chef d’orchestre français Yan Pascal Tortelier, qui a dirigé sept concerts de l’Orchestre symphonique de Nouvelle-Zélande. Græme Allwright, connu en France depuis les années 1960, a fait un tour de chant dans son pays natal pour la première fois. Son retour aux sources a été filmé par Chantal Perrin et Arno Deplagne dans Before I hang up my hat pour France 3 et TVNZ. Dans le cadre du Festival 2006 des Belles Étrangères qui vise à promouvoir la littérature étrangère en France, douze auteurs néo-zélandais ont été invités pour faire, par petits groupes, la tournée des librairies, bibliothèques, centres culturels et établissements scolaires en France et un documentaire sur ces écrivains a été tourné en Nouvelle-Zélande. Pl u s i e u r s p u b l i c a t i o n s o n t v u l e jour : Where Fate Beckons, biographie de La Pérouse écr ite par John D unmore; Sharing as Custom Provides, anthologie bilingue de poésie de Déwé Gorodé; Une femme du monde en Nouvelle-Zélande de Lady Barker ( L’Harmattan ); Un poilu des antipodes d’Adam Cutforth, ouvrage bilingue réalisé avec l’aide de l’Association France-Nouvelle-Zélande; Le Lagon, recueil de nouvelles de Janet Frame ( Éditions des femmes ). Une trentaine de pèlerins, accompagnés du cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, et de Mgr Riocreux, évêque de Pontoise, ont retracé le chemin des missionnaires catholiques français du XIX e siècle ( Mgr Pompallier, Mère Aubert ). Chantal Perrin Chantal Perrin a produit plusieurs documentaires remarquables montrant les liens historiques entre la France et la Nouvelle-Zélande. Elle parvient à merveille à tisser le passé avec le présent en incorporant les documents d’archives aux témoignages actuels. Dans Ils sont venus du bout du monde ( 52’, France 3/TVNZ, 2003 ), elle se souvient des soldats néo-zélandais de la Première Guerre mondiale dont la bravoure est toujours commémorée en France : les tunneliers qui creusèrent en 1916 une véritable cité souterraine dans la région d’Arras; les soldats qui libérèrent en 1918 Le Quesnoy, petite ville fortifiée au nord de la France aujourd’hui jumelée à Cambridge dans le Waikato; et de tous les Kiwis morts pour la France. Dans Suzanne Aubert, une religieuse française chez les Maoris de Nouvelle-Zélande ( 26’, France 2, 2004 ) et L’Histoire de Suzanne Aubert ( 80’, RFO, 2006 ), elle relate l’impact qu’a eu cette femme hors du commun à Auckland et Wellington, dans le Hawke’s Bay et à Jerusalem/Hiruharama dans la vallée du Whanganui. Elle interroge Jessie Munro, sa biographe, et les sœurs de la Compassion qui poursuivent son action et viennent de faire rénover l’église et l’ancien orphelinat de Hiruharama pour préserver l’héritage spirituel de Suzanne Aubert ( 1835-1926 ). L’église de Hiruharama © Myreille Pawliez, 2005 326 AFI 2007