zone pacifique - Département d`information et de communication

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ZONE PACIFIQUE
Parmi tous les groupements insulaires qui composent l’Océanie, quatre sont, à des degrés
divers, partiellement francophones : la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française,
Wallis-et-Futuna et Vanuatu.
Les trois premiers archipels sont des territoires d’outre-mer ( TOM ) de la France;
le français y est la langue officielle. On y parle également les langues mélanésiennes ou
polynésiennes.
Vanuatu ( autrefois condominium franco-britannique des Nouvelles-­H ébrides ) est
­i ndépendant depuis 1980; le français, l’anglais et le bichlamar sont les langues ­o fficielles
de cet État, membre de l’OIF qui participe aux Sommets de la Francophonie.
Certains francophones préconisent l’orthographe Vanouatou plutôt que Vanuatu.
À noter
En Australie et en Nouvelle-Zélande, le français, longtemps langue seconde obligée,
se trouve aujourd’hui en concurrence avec d’autres langues, notamment asiatiques. Il
reste cependant largement enseigné dans le secondaire et à l’université.
BONNEMAISON J., Gens de pirogue et gens de terre. Les fondements géographiques d’une
identité : Archipel du Vanuatu ( Livre I ); Les Gens des lieux ( Livre II ), Paris, Orstom,
1996-1997. Avec cartes et figures.
COLLECTIF, Polynésie, Paris, Presses de la Cité, 2004, 953 p.
DAVID G., GUILLAUD D. ET P. PILLON ( dir. ), La Nouvelle-Calédonie à la croisée des chemins,
Paris, Société des océanistes/IRD, 1999.
DE DECKERRE Paul, FABERON Jean-Yves, LE GUILLOU Chantal et Luc STEINMETZ, L’Outremer français dans le Pacifique : Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis-et-Futuna,
Nouméa ( Nouvelle-Calédonie ), Centre de documentation pédagogique, 2003, 282 p.
GODARD H. ( dir. ), « Les Outre-mers », dans Atlas de France ( SAINT-JULIEN T., dir. ), vol.
XIII, Montpellier/Paris, Reclus/La Documentation française, 1998.
JOST C., LE BOURDIEC P. et F. ANGLEVIEL, Géo-Pacifique. Des espaces français, Nouméa,
Géopacifique/UFT/CTRDP, 1994. Avec cartes et figures.
TABANI Marc Krut, Les Pouvoirs de la coutume à Vanuatu. Traditionalisme et édification
nationale, Paris, L’Harmattan, 2002, 340 p.
AFI 2007
305
ZONE PACIFIQUE
Nouvelle-Calédonie1
Polynésie française2
Vanuatu
Wallis-et-Futuna3
Pays d’outre-mer de
Nouvelle-Calédonie et
Dépendances
Pays d’outre-mer de la
Polynésie française
République de Vanuatu
Collectivité des îles Wallis
et Futuna
Capitale
Nouméa
Papeete
Port-Vila
Mata-Utu
Superficie (km2)
9 984 670
125 674
73 41 667
92640
Politique
voir France
voir France
rép. unitaire, régime démocratique parlementaire
voir France
Chef d’État 
 
 
entrée en fonction
Jacques 
Chirac 
 
17-05-1995
Jacques 
Chirac 
 
17-05-1995
Kalkot Matas 
Kelekele 
 
16-08-2004
Jacques 
Chirac 
 
17-05-1995
Chef du 
gouvernement 
 
entrée en fonction
Marie-Noëlle 
Théméreau 
 
05-04-2001
Oscar 
Temaru 
 
03-03-2005
Ham 
Lini 
 
11-12-2004
Patalione 
Kanimoa 
 
01-2001
Langues officielles 
 
Autres langues
français 
 
langues mélanésiennespolynésiennes
français, polynésien 
 
langues asiatiques
français, anglais,
bichelamar 
 
langues mélanésiennes
français 
 
wallisien, futunien
Principales religions 
et spiritualités 
identifiées en
% de la population
catholicisme ( 60 ) 
protestantisme ( 30 )
protestantisme ( 56 ) 
catholicisme ( 30 )
christianisme ( 82,5 ) 
croyances  
traditionnelles ( 5,6 )
catholicisme ( 99 )
Population (en M)
Moins de 15 ans en % 
Plus de 65 ans en % 
Indice de fécondité 
Espérance de vie H/F 
Alphabétisation en %
0,2 
28,4 
6,6 
2,3 
71,3 / 77,4 
91
0,3 
26,1 
6,1 
2 
73,7 / 78,6 
98
0,2 
32,6 
3,7 
2,7 
61,3 / 64,4 
74
0,02 
n.d. 
n.d. 
n.d. 
n.d. 
50
IDH (rang/177)
voir France
voir France
129
voir France
PIB (en G PPA)4
PIB/hab. (PPA)
3,2 
15 000
4,6 
17 500
0,6 
2 900
0,06 
3 800
franc CFP 
0,0084 
0,0107
franc CFP 
0,0084 
0,0107
vatu 
0,0074 
0,0094
franc CFP 
0,0084 
0,0107
Principales  
exportations
ferronickel, minerais de
nickel, poissons
perles,  
prod. de noix de coco,
nacres, vanille,  
viande de requin
copra, viandes, cacao,
bois d’œuvre, kava, café
copra, prod. chimiques,
matériaux de construction
Principales 
importations
machinerie, 
combustibles,  
prod. chimiques,  
prod. alimentaires
combustibles,  
prod. alimentaires,
machinerie et 
équipement
prod. alimentaires,
machinerie, 
combustibles
prod. chimiques, machinerie, bateaux, biens de  
consommation
Principaux 
partenaires 
commerciaux
Japon, France, Taïwan,
Corée du Sud, Chine,
Afrique du Sud, Belgique
France, Japon, Niger,
États-Unis
Thaïlande, Inde, 
Pologne, Turquie, Japon
Italie, Croatie, 
États-Unis, Danemark
Nom officiel
Monnaie5
EURO 
US $
1 Pays français d’outre-mer ( POM ), collectivité spécifique
2 Pays français d’outre-mer ( POM )
3 Collectivité française d’outre-mer ( ancien TOM )
4 Taux de change à parité de pouvoir d’achat
5 Taux au 27 septembre 2006, donné à titre indicatif
306
Source : The World Factbook 2006
AFI 2007
NOUVELLE-CALÉDONIE
Dominique JOUVE 
Professeur à l’Université de la Nouvelle-Calédonie 
[email protected]
Anne PITOISET 
Journaliste économique 
[email protected]
Une année placée sous le signe des feux : 600 hectares brûlés à l’île des Pins, des
dégâts considérables à la montagne des Sources, le château Devambez parti dans les
flammes, le tout nouveau théâtre de l’Escarmouche détruit par un incendie.
POLITIQUE
E
n septembre 2005, le grand poteau
sculpté, le M wâ K â, a été solennellement planté devant le Musée
Territorial, baie de la Moselle : il constitue
un geste d’accueil de la part des différentes
aires coutumières kanak, en direction des
communautés du Territoire; il représente
un mât de pirogue et le poteau de la grande
case où tous les habitants de la NouvelleCalédonie peuvent se retrouver.
Ce p e n d a nt, l e s p a r t i s p o l i t i q u e s
peinent à définir et à « acter ce destin commun », promis par l’accord de Nouméa :
le gel du corps électoral, surtout, divise les
Calédoniens. Jacques Lafleur est sorti de
sa quasi-retraite pour lancer un nouveau
parti en août 2006, le Rassemblement pour
la Calédonie. L’Avenir ensemble a réélu
à sa tête Harold Martin en sept. 2005; la
présidente du gouvernement, Marie-Noëlle
Théméreau, semble paralysée par un fonctionnement prévu comme collégial mais
qui ne correspond pas aux mentalités du
pays. Le gouvernement, par exemple, n’a
pas réussi à faire voter la loi de pays sur la
priorité à l’emploi local, qui constituait un
engagement fort de l’Avenir ensemble pour
les élections de 2004.
L’engagement de la France en Nouvelle -Calédonie s’est intensifié avec les
contrats de développement que le ministre
de l’Outre-mer, François Barouin, est venu
signer à Nouméa en mars 2006 : 393 millions d’euros, soit une augmentation de
11 % par rapport à la période 2000-2004.
Sous la pression de Nicolas Sarkozy,
un rapprochement entre l’Avenir ensemble et le Rassemblement pour la Calédonie
AFI 2007
dans la R épublique ( RPCR ) a eu lieu
entre Harold Martin et Pierre Frogier en
vue des prochaines élections. Il n’est pas
cependant du goût de toutes les tendances de L’Avenir ensemble. Les élections
présidentielles et législatives imposeront
des recompositions dans le paysage
politique de la Calédonie. I l va falloir
compter avec un nouveau venu, Rhéébu
Nùù, comité autochtone créé par Raphaël
Mapou sur des thèmes écologistes, monté
en puissance avec le soutien du Conseil
autochtone pour la gestion des ressources
naturelles ( CAUGERN ), le ralliement de
l’Union syndicale des travailleurs kanak et
exploités ( USTKE ) de Gérard Jodar et celui
de Rock Wamytan ( Front de libération
nationale kanak et socialiste ( FLNKS ) ) :
ce petit groupe est devenu au fil des mois
une force à laquelle on prête des arrièrepensées et des projets politiques.
L’e x - h a u t - c o m m i s s a i r e D a n i e l
Constantin a pris sa retraite en 2005.
307
ZONE PACIFIQUE
ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ
Plus que jamais, la Nouvelle-Calédonie vit
au rythme du nickel. Les records battus
par le « métal du diable » ( 33 400 US $ le
31 décembre 2006 contre 14 759 US $ la
tonne en moyenne en 2005 ) ont gonflé
les trésoreries et dopé les exportations. Les
projets métallurgiques, le boum de l’immobilier et la consommation des ménages ont
permis à ce territoire de 235 000 habitants,
d’afficher une croissance de 4,5 % et une
hausse sensible de l’emploi. Malgré les
prédictions alarmistes de certains économistes, qui craignaient une surchauffe de
l’économie, l’inflation est restée faible à
1,4 % au 31 décembre 2006 contre 2,6 %
un an auparavant.
Malgré la contestation du Rhéébu
Nùù, résolument opposé aux rejets des ef-
NOUVELLE-CALÉDONIE
Géographie
Île mélanésienne ( 10 fois la Guadeloupe, 2 fois la Corse ). Relief escarpé.
Riches gisements de nickel.
Le territoire regroupe les îles Loyauté
et l’île des Pins.
Histoire
➤ 1774 Arrivée de J. Cook dans l’île
peuplée par les Canaques ( ou Kanaks ).
➤ 1853 Rattachement à la France.
➤ 1864-1896 L’île est transformée en
pénitencier. Travaux forcés dans les
plantations et les mines de nickel.
➤ 1878 Insurrection canaque.
➤ 1884 Gouvernement civil.
➤ 1946 Statut de territoire français
d’outre-mer ( TOM ).
➤ 1984-1985 Troubles indépendantistes.
➤ 1988 Les accords de Matignon, approuvés par référendum, prévoient
l’autonomie pour 1998.
➤ 1989 Assassinat de deux chefs du
Front de libération nationale kanak
et socialiste ( FLNKS ), Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné.
➤ 1998 Les accords de Nouméa établissent un transfert progressif des
compétences de l’État au Territoire.
308
fluents de l’usine Goro Nickel dans le lagon,
la construction de l’usine métallurgique du
Sud suit son cours. Près de 4 000 personnes
– Calédoniens et Philippins – travaillent
désormais sur ce chantier qui a déjà injecté
360 millions US $ dans l’économie locale.
Après la publication, en oct. 2006, d’une
contre-expertise environnementale indépendante, une nouvelle enquête publique
sera lancée et le permis d’exploitation
devrait être délivré au second semestre
2007. Les premières livraisons de nickel
sont attendues fin 2008. En janvier 2007,
le groupe brésilien Companhia Vale do Rio
Doce ( CVRD ) a finalisé l’acquisition du canadien Inco, devenant ainsi le propriétaire
du projet calédonien Goro Nickel.
Dans le nord de la Grande terre, le
projet Koniambo avance lentement. Selon
le président du syndicat du Bâtiment et des
travaux publics de la province Nord, les appels d’offres ont déjà un an de retard. C’est
finalement le groupe anglo-suisse Xstrata
qui a racheté Falconbridge s’emparant ainsi
du projet Koniambo. Eramet, qui a perdu
en justice le massif du Koniambo en déc.
2005, reprend espoir et répète à l’envi qu’il
est prêt à se substituer à Falconbridge s’il
venait à faire défaut.
La Société des mines du Sud Pacifique
( SMSP ), actionnaire majoritaire du projet
Koniambo, a noué un partenariat stratégique avec le sud-coréen Posco, le n° 4
mondial de l’acier pour la construction,
sur le site de Kwang Yang, d’une usine
de traitement de nickel alimentée par du
minerai calédonien. Avec ce projet, dont
elle détient 5 %, la SMSP entend s’imposer
dans la cour des grands.
Le p a r t a g e d e l a r i c h e s s e e t d u
pouvoir syndical a engendré de violents
conflits à la Société Le Nickel ( SLN ), premier employeur privé du territoire, et au
port de Nouméa où l’arrivée de nouveaux
armateurs a suscité de violentes réactions.
Réseau France -Outre -mer ( RFO ) a subi
sept mois de grève en raison d’un conflit
ouver t en 2004 concernant le licencie ment pour faute grave d’un technicien
supérieur k anak que l’Union syndicale
des travailleurs k anak et des exploités
( USTKE ) défend au nom de l’emploi local.
Hors secteur maritime, la Direction du
Travail et de l’Emploi a comptabilisé en
2005, dans le secteur privé, 54 conflits de
plus d’une journée ( +38 % par rapport à
AFI 2007
NOUVELLE-CALÉDONIE
2004 ) dans 34 entreprises (- 14 % ). 33 466
journées de travail ont ainsi été perdues,
sans compter la quarantaine de conflits
qui ont bloqué le secteur minier au cours
de la même période. Les revendications
ont essentiellement porté sur les salaires
et les primes ( 35 % ), l’emploi ( 36,7 % )
et pour la première fois sont apparues des
revendications concernant les institutions
représentatives du personnel ( 5 % ).
Être kanak dans la société d’aujourd’hui :
« Je suis responsable d’un toit, pas seulement de ma famille, je suis responsable
coutumier de mon clan, je suis l’aîné. Je dois pouvoir participer pour mon clan
dignement dans les échanges coutumiers. Donc je fais mon champ, mais pas
pour mes seuls besoins personnels. Parce que je gagne de l’argent par ailleurs, je
peux acheter un tracteur et ainsi produire et participer plus. Lorsque j’accède à un
revenu, je peux participer au système de la solidarité culturelle kanak. J’utilise les
moyens de la modernité consciemment pour préserver le système traditionnel. »
Paul Néaoutyine, L’Indépendance au présent, 2006.
CULTURE
Lors du Festival de théâtre Équinoxe à
Nouméa ( oct. 2005 ) : on a pu remarquer la
reprise des Comédies Broussardes d’Ismet
Kurtovitch et plusieurs créations locales,
dont l’une a été jouée sur l’îlot Canards
( 166°26 E, 22°19 S ) par Pacifique et Cie,
Faust G, un ballet dont la chorégraphie
dialoguait avec la sonorisation du film de
Murnau proposée par le Cartoun Sardines
de Marseille et une nouvelle pièce de Pierre
Gope mettant en scène des sans domicile
fixe ( SDF ) de Nouméa, Passe, j’ai le temps. La
saison du Théâtre de l’Île a permis de revoir
une autre pièce de Pierre Gope, Les Champs
de la terre, qui évoque, pour les enfants et
leurs parents, les difficultés de la fin d’une
dictature. Cette pièce a été sélectionnée pour
le Festival off d’Avignon. Une interprétation
poétique du mythe du lézard par le biais du
théâtre d’ombres a fasciné petits et grands.
Le Centre culturel Tjibaou a proposé une
traduction-adaptation de la pièce de l’auteur
fidjien Wilsoni Hereniko, La Dernière Vierge
du Pacifique, interprétée dans une perspective burlesque. Une cer taine évolution
dans la programmation du Centre culturel
Tjibaou : si l’on a toujours les grandes expositions de sculpture et la promotion des arts
kanak, on notera un cycle de conférences et
expositions orientées sur l’histoire générale
de la Nouvelle-Calédonie avec l’exposition
Paris-Nouméa, Les Communards en NouvelleCalédonie et diverses interventions sur la
Seconde Guerre mondiale ou sur les Japonais
en Nouvelle-Calédonie.
Dans la foulée des Salons du livre de
Poindimié et de Tahiti, les pays de l’Océanie
AFI 2007
ont sélectionné divers textes, lus à la Comédie française à Paris pendant la Semaine
de l’Océanie fin janvier, permettant aux
Parisiens de se familiariser avec la vie et la
sensibilité des antipodes.
Malgré l’apparition d’une nouvelle
maison d’édition, Madrépores, Nicolas Kurtovitch a publié son premier roman, Good
Night friend, chez un éditeur de Polynésie
française; le thème en est l’accomplissement d’une vengeance par les moyens de
la magie, ici appelée « le boucan », un motif
qu’on retrouve également dans le roman
d’aventures d’Arlette Peirano, Le Gardien
de l’île noire. Mais l’événement le plus
marquant, c’est la publication du premier
roman de Déwé Gorodé, L’Épave ( Éditions
Madrépores ). Ce texte âpre aborde avec
pugnacité, énergie et désespoir les vies
détruites des victimes de relations incestueuses, marquées par la pédophilie, chez
les Kanak de la ville et des tribus rurales. Il
peut être lu en parallèle avec le témoignage
d’une jeune femme violée, battue, séquestrée par son beau-père, paru sous le titre
Soleil noir, sous le pseudonyme Bernadette
H. Cette écriture thérapeutique se veut également un message d’espoir pour toutes les
femmes victimes des mêmes sévices.
En dehors du dixième anniversaire du
Festival Femmes Funk qui s’est déroulé au
mois de septembre, on signalera la popularité
grandissante dont jouit le jeune poète kanak
Paul Wamo, dont le sourire et l’énergie ont
conquis les jeunes publics ( et les moins jeunes ) avec des poèmes scandés en slam, aussi
bien en Nouvelle-Calédonie qu’à Tahiti.
309
ZONE PACIFIQUE
POLYNÉSIE FRANÇAISE
Sandra SRAMSKI 
Université de la Polynésie française 
Maître de conférences en Sciences du langage 
[email protected]
Changement politique entre autonomistes et indépendantistes, le 13 février 2005,
une opinion publique divisée et perplexe sur l’avenir, notamment à cause de relations
houleuses entre la Polynésie française et la France.
D
POLITIQUE
epuis l’arrivée de l’Union pour la
démocratie ( UPLD ), en juin 2004,
les relations avec la métropole sont
tendues. La nomination d’Anne Boquet,
nouveau haut-commissaire de la République ( sept. 2005 ) permet d’apporter un
nouveau souffle à ces relations marquées
par une cérémonie du kava destinée à
réconcilier l’État et la Polynésie française.
Toutefois, les propos de M. Temaru au 36 e
Forum des îles du Pacifique en PapouasieNouvelle Guinée, en octobre, ternissent
ces relations. Son projet d’un passeport et
d’une monnaie communs pour le Pacifique
et sa déclaration aux
quotidiens de Tahiti
« le statut de la PF
[…] n’est qu’un bout
de papier » provo quent la réaction de
Mme Boquet : « Oscar Temaru n’est pas
mandaté pour parler
de l’indépendance
en terre étrangère.
Sa qualité de président devrait l’inciter
à plus de réserve et
de prudence lors de
ses déclarations à
l’étranger ». De leur
côté, les dirigeants
des pays membres du Forum des îles du
Pacifique ont officiellement entériné le
plan Pacifique censé tracer la voie, dans
les dix années à venir, d’une plus grande
intégration régionale, sous le signe des réformes. La création des statuts de membre
associé et d’observateur associé était très attendue par les pays et territoires français; la
Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française,
ont désormais la possibilité de demander
l’accession à l’un de ces statuts.
310
Le 13 janvier 2006, saisie de la chambre territoriale des comptes pour le budget
2006 par Mme Boquet. Plus tard, elle affirme
que le « tribunal indigène », créé le 6 mai
pour régler les problèmes fonciers suite à
l’intronisation de la grande chefferie de
Tahiti Iti ( presqu’île ) par Joinville Pomare et
l’Association Na Huiarii mata ara e Pæ, est juridiquement infondé et de nature à induire la
population en erreur : autant de désaccords
avec M. Temaru. La première visite officielle
en Polynésie de François Baroin, ministre
français de l’Outre-mer, le 30 mars, est l’occasion pour M. Temaru de proposer la mise
en place des accords
de Tahiti Nui, sur le
modèle du processus néo-calédonien.
Cette proposition
n’est pas nouvelle,
le 7 décembre 2005
le sénateur Flosse
( e x - p ré s i d e n t d e
la Polynésie française ) évoquait au
sénat une question
de référendum sur
l’indépendance sans
obtenir de réponse.
En revanche, au
moment de valider
le règlement intérieur de l’Assemblée le 29 mars, la réponse
du Conseil d’État interdisant désormais
l’utilisation d’une autre langue que le français dans les débats à l’Assemblée territoriale
creuse le fossé entre la Polynésie et l’État.
Quand l’application d’une nouvelle taxe aéroportuaire imposée par l’État est annoncée,
la Polynésie française la conteste ( 1 er juin )
et menace de boycotter le Sommet FranceOcéanie, où tous les chefs d’État du Pacifique
Sud sont conviés.
AFI 2007
POLYNÉSIE FRANÇAISE
Les relations
tendues de M. Te maru avec l’État
semblent s’amé liorer lors de son
séjour en France; il
rencontre plusieurs
personnalités. Mais
ses absences inexpliquées à l’audience
prévue avec M. Jacques Chirac le 23 juin,
ainsi qu’à la réunion de travail avec M.
Baroin et les responsables des trois collectivités françaises du Pacifique à l’Élysée,
ravivent le conflit. Finalement, le 26 juin,
M. Temaru est présent au Sommet FranceOcéanie, mais sa demande d’inscription,
dans la déclaration finale du Sommet, d’une
référence au droit à l’autodétermination
alimente le conflit : le président Chirac,
lui répond qu’une majorité de Polynésiens
ne désirent pas l’indépendance. Les liens
entre la Polynésie française et l’Europe ont
été confortés par la rencontre en novembre
2005 de M. Temaru et M. Jean-Pierre Pierard,
chargé d’affaires pour les pays et territoires
d’Outre-mer ( PTOM ) auprès de l’Union
européenne, sur les financements européens
et par la résolution, adoptée le 19 janvier à
POLYNÉSIE FRANÇAISE
Histoire
➤ 1767 Arrivée de Wallis, puis de Bougainville ( 1768 ), et de Cook ( 1769 ),
puis des missionnaires protestants
( 1797 ).
➤ 1842 Protectorat français, transformé
en Établissement français d’Océanie
( ÉFO ), puis, en 1946, en territoire
français d’outre-mer ( TOM ).
➤   1 9 7 7 Au to n o m i e d e g e s t i o n ; l e
gouverneur est remplacé par un hautcommissaire.
➤ 1984 Trois institutions spécifiques
( gouvernement, Assemblée, et Conseil
économique, social et culturel ). Les
compétences sont réparties entre l’État
et le Territoire.
➤ 1966-1996 Essais nucléaires.
➤ 1996 Compétences nouvelles accordées au Territoire.
➤ 2004 La Polynésie française devient
le premier pays d’outre-mer ( POM ) au
sein de la République française.
AFI 2007
la majorité par l’Assemblée territoriale, pour
l’introduction de l’euro en Polynésie française. La recherche des ressources économiques
de la Polynésie française et de leur exploitabilité qui permettrait l’indépendance de son
pays incite M. Temaru à se rendre dans de
nombreux pays étrangers. Ses déplacements
visent également le resserrement des liens
avec les peuples du Pacifique, comme en
Nouvelle-Zélande le 20 août pour les funérailles de la reine maorie Te Arikinui Dame
Te Aitairangikaahu.
Du côté des affaires internes, la succession de personnalités aux différents postes
bouleverse la vie politique et économique
et inquiète l’opinion publique. Ainsi, le
ministre de l’Économie et des Finances,
Emile Vanfasse, démissionne le 4 janvier
2006 remplacé par le vice-président de la
Polynésie française, Jacqui Drollet. Le 13
avril, Philip Schyle est élu président, à la
place d’Antony Geros de l’UPLD, avec 29
voix contre 28. Il s’ensuit l’élection du nouveau bureau de l’Assemblée et, le 21 avril, le
remaniement de plusieurs ministères. Puis,
le 4 août, le Conseil d’État déclare Nicole
Bouteau inéligible pour un an, Thilda Fuller
prend sa place à l’Assemblée. Les nombreuses grèves issues des affrontements entre le
gouvernement et le Groupement d’intervention Polynésie ( GIP ), créé par G. Flosse,
s’ajoutent à ce climat d’instabilité et aboutissent, le 11 janvier 2006, à la dissolution,
par M. Temaru, du GIP. Ses membres, alors
sans travail, lancent un mouvement de grève
générale assez violent que le gouvernement
stoppe le 17 janvier grâce à l’intégration de
310 d’entre eux à la fonction publique. Peu
de décisions sont prises dans ce contexte
de crise politique. Toutefois, l’emploi est au
centre des préoccupations : la révision le 11
août 2005 du Dispositif d’aide à la revalorisation du salaire minimum interprofessionnel
garanti ( SMIG ) et de l’Emploi ( DARSE ) avec
le plafond du salaire brut à 150 000 francs
CFP ( à l’exclusion de l’administration territoriale et des communes ), incite le Conseil
économique, social et culturel ( CESC ) à être
favorable ( 27 déc. ) à la réinstauration du
DARSE, mis en place par M. Flosse et annulé
par la justice administrative.
Mais la crise est profonde et les Polynésiens sont tiraillés entre autonomie et
indépendance. Ainsi, le 28 juin, veille de la
fête de l’autonomie, le Conseil des ministres
de la Polynésie française décide de rebaptiser
l’avenue Bruat, où se situe la présidence à
Papeete, en avenue Pouvana’a O’opa, et,
311
ZONE PACIFIQUE
simultanément, James Salmon, ministre de
l’Équipement, et Gilles Tefaatau, ministre
des Affaires foncières, tentent de « retirer »
la nouvelle stèle autonomiste du rond-point
du pont de l’Est ( à Papeete ), pour motif
d’emplacement illégal et dangereux. La
combinaison des types d’événements, des
lieux et des dates est chargée de symboles
et témoigne d’une volonté marquée du gouvernement Temaru d’indépendance envers
la France. Elle se poursuit avec l’absence
remarquée de M. Temaru à la célébration
de la fête nationale à Tahiti et dans les îles
le 14 juillet. La création d’une commission
d’enquête sur les conséquences des essais
nucléaires contribue aussi à opposer la
Polynésie française à l’État. Le 15 mai, M.
Jurien de la Gravière, déclare qu’ « il n’y a
pas de conséquences catastrophiques dues
aux essais ». Mais l’Association Tamarii
Moruroa des anciens travailleurs des sites
d’expérimentation réclame le 31 mai les
dossiers médicaux de ces anciens et un suivi
sanitaire : le dossier n’est pas fermé.
ÉCONOMIE
L’adoption du principe du passage à l’euro
( 15 nov. 2005 ) par le CESC est un fait nouveau dans la vie économique et politique
de la région; elle se ferait à partir de 2009.
Sera-t-elle une solution pour développer
l’économie en contrecarrant le message
qui circule depuis l’arrivée des indépendantistes : « L’État a fermé les robinets »
et la baisse de 0,9 % par rapport à l’année
dernière du budget de l’Outre-mer voté en
novembre 2005 par l’Assemblée nationale?
Selon le haut-commissariat, l’État a versé
148,6 milliards FCFP ( 1,25 milliard € ) en
2005 à la Polynésie française, contre 150,5
milliards FCFP ( 1,26 milliard € ) en 2004.
Mais l’État participe au développement de
la Polynésie française dans divers domaines comme l’aéropor t international de
Tahiti Faa’a, le renouvellement du matériel
médical, l’éducation, les sports, en 2006.
En décembre 2005, les représentants de
la majorité gouvernementale adoptent le
budget 2006 : 137,8 milliards FCFP dont
102,8 milliards FCFP de fonctionnement et
35 milliards FCFP d’investissement. Mais ce
budget sera modifié le 3 mars à l’Assemblée
pour pallier un déficit de 2 milliards FCFP.
Le rapport 2005 de l’Institut d’émission
d’Outre -mer ( IEOM ) présenté en mars
montre un recul des investissements publics, puis en juin un léger redressement
grâce au secteur privé.
La population, elle, note la hausse du
coût de la vie. C’est d’ailleurs ce que conclut,
le 26 avril 2006, le bilan de l’Institut statistique de la Polynésie française ( ISPF ) de
l’indice de prix à la consommation 2005 : +
2,3 %. Même si certaines baisses sont annoncées, près de 2000 personnes manifestent le
1 er juin contre la vie chère. Les grèves suspendent parfois assez longtemps l’économie
du pays, notamment celles des GIP qui bloquent l’accès à la zone portuaire de Papeete,
engendrant une pénurie en hydrocarbure et
312
en gaz en 2005. En décembre, le service du
Contrôle des dépenses engagées ( CDE ) et les
pilotes d’Air Moorea sont en grève; en juin,
ce sont les employés de CEGELEC, puis les
marins et pêcheurs qui, accompagnés d’exGIP, bloquent la zone portuaire de Papeete
et déversent 500 kg de déchets de poissons
devant la présidence et l’Assemblée. En
juillet, la grève de la flottille administrative
( ex-GIP ) a bloqué le ravitaillement de l’île
de Maupiti et oblige les commerces à fermer
pour rupture de stock.
Du côté des ressources, le tourisme
est en tête, mais en baisse par rapport à
l’an dernier. Pourtant, le gouvernement
multiplie les contacts avec de nouveaux
partenaires tels que les Chinois, les Japonais, mais aussi les Australiens, les
Néo-Zélandais et les Américains. Après le
premier vol commercial Papeete-Sydney en
juillet 2005, Air Tahiti Nui ouvre la ligne
Papeete-New York-Paris le 15 avril 2006.
La société aérienne Air Tahiti desservant
les îles de la Polynésie française enregistre
une augmentation de 5 % de son activité.
La perle est une autre ressource importante : les perliculteurs ont demandé un
barème de prix pour les perles et une revalorisation de l’indemnisation des greffeurs
polynésiens le 1 er juillet 2005. Mais, le 5
juillet, lors de la 31 e vente internationale
de perles de Tahiti au Groupement d’intérêt
économique ( GIE ) Poe Rava Nui, le prix
de la perle a baissé : 1648 FCFP ( 13,8 € ) le
gramme. La recherche d’autres ressources
polynésiennes comme la pêche et l’agriculture incite M. Temaru à voyager. En
mars 2006 à Hollywood et en mai à Tokyo.
Il rencontre le ministre de la Pêche et de
l’Agriculture du Japon, tandis qu’en juillet,
trois experts japonais en agriculture, pêche
et forêt viennent en mission exploratoire.
La délégation japonaise se rend sur le site
du projet d’élevage de thons.
AFI 2007
POLYNÉSIE FRANÇAISE
SOCIÉTÉ, SPORT ET CULTURE
Selon l’Association Te Rauti o te reo ( 12
mai 2006 ) : moins de 20 % de la population parle le reo maohi ( sur les 256 200
habitants, selon le dernier recensement de
l’Institut statistique de Polynésie française au 1 er janvier 2006). Le ministre de l’Éducation propose le renforcement des langues
polynésiennes dès la maternelle. Le premier
Forum étudiants-entreprises, la lutte contre
l’illettrisme, le nouveau calendrier scolaire
sont autant de façons de prendre en compte
la jeunesse polynésienne et son avenir. Or,
le bilan de la délinquance 2005, établi en février 2006, annonce une hausse de 8,81 %,
avec toutefois une baisse de 7,7 % pour les
accidents de la route. Ce bilan fait suite à
plusieurs campagnes de sensibilisation et
de prévention sur les dangers de l’alcool
au volant, du tabagisme, des drogues ( dont
l’ice, nouvellement apparue en Polynésie
française ). Les actions du gouvernement
touchent également à la protection de
l’environnement. C’est peut-être ce qui a
incité le ministre du Développement durable, M. Handerson, à signer le 2 oct. 2005
avec Nicolas Hulot un accord engageant la
Polynésie française à participer au «  Défi
pour la Terre  », dans lequel chaque citoyen
s’engage «  à adopter des gestes bénéfiques
pour la planète  », et à lancer le 22 mai 2006
les «  Heipuni Days  » jusqu’au 10 juin. En
outre, des événements comme le Forum sur
les énergies renouvelables qui a eu lieu le
23 mai à Tahiti intéressent de plus en plus
de personnes, entreprises, collectivités ou
particuliers.
En sport, les performances en courses
de pirogue, nationales ou internationales,
sont nombreuses comme chaque année. En
Nouvelle-Zélande, le 24 mars, l’équipe de
piroguiers de Tahiti remporte les Championnats du monde de vitesse. Plusieurs surfeurs
tahitiens se qualifient pour participer à la
compétition internationale de surf « Billabong Pro Tahiti »
à Teahupoo ( presqu’île de Tahiti ), en
mai. Le surfeur tahitien Michel Bourez
devient vice-champion du monde
junior en Australie
le 4 janvier. Mais,
les surfeurs sont endeuillés par la mort
d’un des leurs, Malik Joyeux, à qui ils ont
AFI 2007
rendu un dernier hommage sur le spot de
Teahupoo le 18 déc. 2005.
La première édition du Championnat
de Tahiti des sports traditionnels, le 26 novembre 2005, permet à Heiva Potelle d’être
champion de la danse du feu. Autres performances à saluer : la délégation tahitienne
remporte cinq titres de champions de France
de tækwondo en février; Gary Zebrowsky
termine sixième en sur f sur neige aux
Jeux olympiques d’hiver à Turin en février
2006. Chez les femmes, Matana Taimana
bat le record féminin français d’apnée ( 82
m ) le 29 juillet et le 12 août elle remporte
les championnats de Polynésie, tout sexe
confondu, l’équivalent de la cinquième
performance mondiale de 121 m. Tahiti a
aussi été le théâtre d’événements sportifs internationaux quand, le 8 août 2005, Olivier
de Kersauson, inaugurant la course «  Tahiti
Nui Challenge  », reliait Sydney à Papeete à
bord de son catamaran le Geronimo.
Parmi les événements culturels, les
concerts avec des artistes locaux, comme le
groupe polynésien Te Vaka ou Tapuarii et
Sabrina Laughlin, ou avec des artistes internationaux, tels que Joe Cocker, le chanteur
et ex-tennisman français Yannick Noah
ou le groupe de reggae britannique UB 40,
ont fait salle comble avec environ 5 000
spectateurs. Les humoristes français Jamel
Debbouze et Laurent Gerra ont également
plu au public polynésien. L’artisanat de la
Polynésie française a été à l’honneur au 4e
Salon des Australes le 27 octobre 2005, au
5e Salon de la bijouterie d’art polynésien le
10 février, au Salon Made in Fenua 2006 le
6 avril, au 9 e Salon du Tifaifai ( patchwork
tahitien ) le 27 avril, au 1 er Salon de la
bijouterie à Papeete le 23 mai. La musique
et les danses se sont illustrées au Festival
de danses et d’arts traditionnels d’Océanie
française le 17 octobre 2005, au 5e concours
de chant Himene Patitifa le 4 février, aux
festivités « Tahiti belle époque » en avril.
Les arts traditionnels comme le tatouage,
ou modernes comme le film documentaire,
ont aussi leurs festivals. Par ailleurs, le
5 e Salon du livre le 18 mai participe à la
célébration de la francophonie. Les événements culturels gagnent aussi les îles avec
la création du Musée des GI’s à Bora Bora
et la découverte, le 1 er mars, de centaines
d’ancres polynésiennes à Hiva Oa ( aux
Marquises ), par les plongeurs du Groupe
de recherche en archéologie navale.
313
ZONE PACIFIQUE
VANUATU
Christian JOST 
Université Paul Verlaine - Metz 
[email protected]
avec la collaboration de Sarah MECARTNEY 
[email protected]
En multipliant les accords bilatéraux avec la France, le gouvernement se tourne vers
le bilinguisme, renforce la francophonie au travers d’une coopération accrue avec
la Nouvelle-Calédonie. Toutefois, la crise du kava a des répercussions politiques à
Port-Vila et socioéconomiques à Nouméa.
POLITIQUE
C
ette année a été marquée par un
net renforcement des liens du pays
avec la France et le territoire voisin
de la Nouvelle-Calédonie qui s’est traduit
par plusieurs visites et
signatures d’accords.
Ce nouvel élan s’inscrit dans la volonté
de Paris de concrétiser
l’amélioration des relations de la France avec
les États du Pacifique.
Cela s’est notamment
manifesté à l’occasion
du deuxième Sommet France -Océanie
t e n u à Pa r i s l e 2 6
juin qui a rassemblé
16 chefs d’État océaniens. À l’issue de ce
Sommet, le premier
ministre Ham Lini a
signé, avec la ministre française déléguée
à la Coopération, au
Développement et à
la Francophonie, un
document cadre de
par tenar iat por tant
sur quelque 16 millions € pour la période
2006-2010. Principalement axé sur les
domaines de l’éducation ( dont la réorganisation doit permettre un vrai bilinguisme
français-anglais de cet ancien condominium
où le français est parlé par moins de 40 %
des 220 000 habitants de l’archipel ), de
l’agriculture, considérée comme un secteur
clé du développement économique, et du
tourisme, cet accord a aussi pour objectifs
de promouvoir la diversité culturelle et la
314
francophonie, la bonne gouvernance, l’État
de droit et la sécurité et de développer la
coopération dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche. À cette
occasion, M. Ham Lini
a d’ailleurs déclaré :
« L’un de nos principaux objectifs est
de créer une société
véritablement bilingue. Il est d’ailleurs
intéressant de noter
que de plus en plus
d’anglophones de notre communauté se
mettent à apprendre
le français ».
En marge du
Sommet, le gouvernement du Vanuatu et
celui de la collectivité
française de NouvelleCalédonie ont signé
u n e co nve nti o n d e
coopération bilatérale
pour trois ans ( 20062008 ) sur un mode
décentralisé, donnant
une nouvelle impulsion à un mouvement entamé en 1993, avec
la signature d’un pacte d’amitié et de coopération. Jusqu’ici, la coopération entre la
Nouvelle-Calédonie et Vanuatu passait par la
France. La Nouvelle-Calédonie œuvrera pour
encourager les investisseurs francophones au
Vanuatu et pour aider au développement pédagogique couvrant la formation intensive
des professeurs de l’Institut technique du
Vanuatu ( ITV ), notamment pour la gestion
de sa section hôtelière.
AFI 2007
VANUATU
En août, lors de la rencontre à PortVila entre M. Ham Lini et la délégation
calédonienne, a été scellée la feuille de
route de ces nouveaux accords Vanuatu/
Nouvelle-Calédonie. Lors de la commission
mixte, un total de 12 projets pour quelque
25 millions de francs du Pacifique ( environ 220 000 € ) a été entériné au titre des
actions de coopération pour l’année 2006.
La province Sud de Nouvelle-Calédonie a,
quant à elle, décidé de financer et de s’associer à plusieurs actions éducatives, sportives
et artistiques ( cinéma ) pour un total de
32 000 €. Sur le plan judiciaire, un processus de rapprochement et d’harmonisation
des institutions judiciaires respectives doit,
à terme, faciliter les procédures concernant
entre autres les poursuites judiciaires et
l’extradition.
Fin juillet 2005, le pays a fêté ses 25
ans d’indépendance. Le premier ministre,
Ham Lini, frère du pasteur anglican Walter
Lini, considéré comme le père de l’indépendance, a invité pour ces réjouissances tous
les dirigeants océaniens.
À n o te r é g a l e m e n t , l a v i s i t e d u
premier ministre en Chine pour apaiser
les tensions nées de la reconnaissance de
Taïwan par l’ancien premier ministre Serge
Vohor, ce qui lui avait coûté son fauteuil
Histoire
VANUATU
➤ 1606 Arrivée des Portugais.
➤ 1887 Occupation des Nouvelles-Hébrides par les Français et les Anglais.
➤  1906 Condominium franco-britannique; deux hauts- commissaires
succèdent à l’administration militaire.
➤  1980 Indépendance des Nouvelles-Hébrides qui prennent le nom de
Va n u a t u , a ve c Wa l t e r L i n i c o m m e
premier ministre. Lui succèdent Donald Kalpokas ( 1991 ), Maxime Carlot
( 1991 ), Serge Vohor ( 1996 ), à nouveau
Kalpokas ( 1998 ), Barak Sope ( 1999 ) et
Edward Natapei ( 2001 ).
➤ 1999 ( mars ) Le révérend John Bani
remplace Jean-Marie Leye ( 1994-99 ) à
la présidence de la République.
➤ 2005 ( août ) Kalkot Mataskelekele est
élu 7e président de la République.
À noter
➤  Vanuatu est à la fois membre du
Commonwealth et de la Francophonie.
AFI 2007
en décembre 2004.
Sur le plan intérieur, au nom d’une
union sacrée et après des années de discorde, M. Lini tente, depuis l’an dernier,
de concrétiser un rapprochement et une
réconciliation entre le Vanuaaku Pati ( VP,
parti historique qui a mené le Vanuatu à
l’indépendance il y a 25 ans ) de l’ancien
premier ministre Edward Natapei et son
Par ti national unifié ( National United
Par t y, NUP ), créé en 1991 par Walter
Lini, alors évincé du VP et de la tête du
gouvernement après 11 années de pouvoir ininterrompu. Malgré ses efforts, le
gouvernement a connu cette année trois
remaniements ministériels faisant souvent
suite à des motions de censure. La majorité
gouvernementale, diminuée des effectifs
des Verts, était alors descendue à 34 députés
sur 52. Le dernier changement, en mars, a
conduit au départ du ministre de l’Agriculture, M. Barak Sopé, figure charismatique de
la vie politique vanuataise, ancien cadre du
VP avant qu’il ne crée sa propre formation
à la fin des années 1980, le Melanesian
Progressive Party ( MPP ).
En réponse, à la mi-mars, fut déposée
une nouvelle motion de censure reprochant
à M. Ham Lini la décision d’octroyer le monopole de l’exportation du kava à l’OCPB
qui a provoqué la colère des exportateurs
locaux et des importateurs basés en NouvelleCalédonie. Cette motion présentée par les
députés de l’opposition ( dont la principale
composante est l’Union des partis modérés,
à majorité francophone, dirigée par l’ancien
premier ministre Serge Vohor ) n’a cependant
pas abouti, du fait d’un nombre insuffisant
de voix, parmi les 52 députés.
En novembre 2005, les 20 000 électeurs de la capitale Port-Vila ont été invités
à renouveler le conseil municipal comme
suite à une décision du gouvernement de
suspendre l’équipe en place. Parmi les 177
candidats pour 14 sièges, un record dans
l’histoire de la capitale vanuataise, trois
des par tis actuellement au pouvoir au
niveau gouvernemental, dans le cadre de
la coalition actuelle ( le National United
Party, le Vanua’aku Party et les Verts ), ont
obtenu trois sièges chacun. Ces élections
municipales marquent l’arrivée en force
du parti Vert, qui n’était jusqu’ici pas représenté aux affaires de la capitale. C’est
un anglophone, Paul Avock, qui a succédé
au francophone Patrick Crowby à la tête du
conseil municipal.
Après environ deux années de vacan315
ZONE PACIFIQUE
ce du poste de chef de police du Vanuatu,
le comité de sélection du gouvernement
a choisi le lieutenant-colonel Louis Patu,
qui vient des forces mobiles paramilitaires
( Vanuatu Mobile Force ) pour diriger les
forces de l’ordre. Contrairement aux îles
Salomon et à Fidji, où c’est un Australien
qui dirige les forces de police, le Vanuatu
a privilégié un citoyen national originaire
de Santo Louis Patu, respecté à la fois par
les forces mobiles et les forces de police, qui
étaient souvent en rivalité.
ÉCONOMIE
Les investisseurs sont revenus en force en
2005 avec plus de 180 nouvelles sociétés créées pour une valeur de l’ordre de
170 millions €, selon le Conseil vanuatais
pour la promotion de l’investissement.
Les investisseurs proviennent notamment
d’Australie, de Chine et de France via la
Nouvelle-Calédonie.
En dépit d’une meilleure santé de
l’économie, la croissance démographique
( 2,7 % ) conduit toujours à plus de chômage et de précarisation en milieu urbain
et à peu d’amélioration en milieu rural où
plus de la moitié de la population vit sous
le seuil de la pauvreté, selon la Banque
asiatique de développement ( BAD ). Les
investissements privés sont toujours considérés comme les seuls moyens d’augmenter
l’offre d’emploi.
La BAD prévoit un ralentissement
du taux de croissance à 2,2 % en 2006 et
2007 après une progression assez nette à
2,5 % en 2005 contre 2,2 % en 2004, ce
qui reste un chiffre parmi les plus faibles
de la région.
L’aide de l’Union européenne ( UE ),
dans laquelle la France est le premier
contributeur, est de 20,5 millions € pour la
période 2002-2007 et pourrait augmenter
de 30 % pour atteindre 30 millions € pour
la période 2008-2013 si le pays respecte
les accords de Cotonou ( entre l’UE et les
pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique
( ACP ) ). Il s’agit notamment de la bonne
gouvernance, de la stabilité politique et du
respect des droits de l’homme. L’Agence
française de développement ( AFD ) réalise
quant à elle des infrastructures ( aéroport,
hôpitaux, etc. ) et consacre chaque année
de 3 à 4 millions € à ses interventions au
Vanuatu.
«  La guerre du kava  », comme le
titraient les journaux de Nouvelle-Calédonie a provoqué des remous au plus haut
niveau politique vanuatais, mais a aussi fait
tache d’huile en Nouvelle-Calédonie. Le
gouvernement vanuatais avait entrepris de
révoquer les licences à l’export de plusieurs
sociétés privées et de donner un monopole
au seul Vanuatu Commodities Marketing
316
Board ( VCMB, en français OCPB ), pour
l’exportation du kava. Or ces sociétés réalisaient jusqu’ici la quasi-totalité de leur
chiffre d’affaires vers la Nouvelle-Calédonie
où, ces 15 dernières années, le nombre de
nakamals ( bars à kava ) a littéralement
explosé, passant d’une dizaine au début
des années 1990 à près de 200 dans la
seule capitale Nouméa. La même volonté
a conduit le gouvernement de NouvelleCalédonie à octroyer le monopole, avec
accord du gouvernement de Vanuatu, à La
Maison du Vanuatu, sorte de mission commerciale en Nouvelle-Calédonie dirigée par
un Calédonien proche du gouvernement.
Ces décisions ont conduit à Port-Vila au
dépôt d’une motion de censure par l’opposition et à l’éviction de M. Barak Sopé
du gouvernement.
Les gouvernements français et vanuatais ont repris leurs discussions concernant
les accords aériens qui pourraient donner
compétence internationale aux aéroports
de Santo ( Nord ) et de Tanna ( Sud de
l’archipel ), en particulier à destination du
territoire français voisin de Nouvelle-Calédonie. Après plusieurs années de travaux,
l’agrandissement de l’aéroport de Pékoa
( île d’Espiritu Santo, Nord de l’archipel ),
auquel l’AFD a appor té quelque 5 millions €, a été inauguré en août. Ces travaux
devraient aussi permettre de faire de Pékoa
un aéroport international, qui deviendrait
ainsi le second de l’archipel après celui de
la capitale, Port-Vila-Bauerfield.
La mine de manganèse de Forari
( Nord de l’île principale d’Efaté ), abandonnée au début des années 1980, a repris
son activité cette année en exportant dans
un premier temps 500 tonnes de minerai
anciennement exploité et encore accumulé
en terrils. Cette mine, qui appartenait auparavant à la compagnie française Montagnat
de Nouvelle-Calédonie, est désormais sous
la coupe d’une nouvelle entité, Vanuatu
Project Management Limited, dirigée par
un Américain, Russell Pollack. Le gouvernement de Vanuatu a donné son accord pour
une première quantité de 500 000 tonnes
qui devraient partir sur le marché amériAFI 2007
VANUATU
cain. Selon les termes de ce contrat, seuls
5 % des produits de la vente reviendront
au pays. Le gouvernement de Por t-Vila
recevra 2 %, deux autres reviendront aux
propriétaires coutumiers du site et 1 %, à la
province de Shefa ( où se trouve Forari ).
SOCIÉTÉ ET CULTURE
Vanuatu, pays le plus heureux du monde ?
L’archipel du Vanuatu s’est retrouvé cette
année en tête d’un classement mondial de
mesure de la qualité de vie et de bien-être de
la population. L’étude, réalisée par le groupe
britannique de réflexion New Economics
Foundation ( NEF, fondée en 1986 ), a compris, comme principaux critères, l’espérance
de vie et l’impact écologique de l’activité
économique. L’espérance de vie n’est cependant que de 67 ans pour les hommes et de
69 ans pour les femmes selon l’Organisation
mondiale de la santé ( OMS ) et, si l’économie est certes essentiellement agricole
et forestière et peu mécanisée, les îles ont
connu une exploitation forestière par des
compagnies étrangères qui ont saigné bien
des versants. La gentillesse et l’hospitalité
de la population et la force de la coutume
sont des traits de société qui n’adoucissent
que pour le visiteur temporaire les conditions rustiques et souvent rudes de la vie
quotidienne dans la grande majorité des
îles de l’archipel exposé en permanence aux
quatre risques naturels majeurs que connaît
la planète : cyclones, éruptions volcaniques,
séismes et tsunamis.
Après l’exposition Latitudes 2005
à l’hôtel de ville de Paris il y a quelques
mois, le sculpteur Emmanuel Watt de l’Association Nawita a été invité à représenter
le Vanuatu au 8 e symposium international
de la sculpture qui a eu lieu fin juillet 2006
à Changchun au nord-est de la Chine. L’an
passé, il avait exposé 24 ans de ses œuvres
au Centre culturel Tjibaou de NouvelleCalédonie.
L’A s s o c i a t i o n v a n u a t a i s e N a w i t a
( « poulpe » en bichlamar ) a accueilli en
octobre 2005 les artistes calédoniens du
village de Hienghène ( côte Est de l’île principale de Nouvelle-Calédonie ), regroupés
en une Association Doo Huny pour une
exposition commune, placée sous le signe
du rapprochement culturel entre les deux
pays. Artistes vanuatais et calédoniens exposent à l’espace culturel de l’ambassade
de France de la capitale.
Le second Salon international du livre
océanien ( SILO ) a eu lieu à Poindimié fin
octobre 2005.
L’Alliance française du Vanuatu a
participé à l’organisation en janvier d’une
AFI 2007
Semaine de la littérature océanienne à la Comédie française ( Paris ). Durant celle-ci, des
textes originaires de la région ont été lus par
de jeunes comédiens de cette grande maison
( poèmes de Grâce Molisa, Jacques Gédéon,
Patrick Rory, des légendes de Nabanga et
des passages de l’œuvre d’Eniwan I luk Rose
traduits par l’Alliance française ). Enfin, en
novembre, au Wan Smol Bag Théâtre, la
Compagnie théâtrale francophone de Paris
a présenté son nouveau spectacle, Contes
d’Océanie et d’Afrique.
Le francophone Daniel Lamoureux,
jusqu’ici directeur du seul lycée technique de Vanuatu, a été nommé directeur
général au ministère de l’Éducation. Le
francophone Henri Taga, député et ancien
président du Parlement, a en février été fait
officier dans l’ordre français de la Légion
d’honneur, à l’occasion d’une cérémonie
organisée à la Résidence de France. Ces
dernières années, M. Taga a été l’un des
piliers de l’Union des partis modérés ( UPM,
majoritairement francophone ), qui fut
au pouvoir entre 1991 et 1998, marquant
ainsi un retour de la francophonie dans cet
archipel avant de laisser à nouveau la place
à des partis majoritairement anglophones.
La cérémonie s’est déroulée à Port-Vila en
présence du président du Vanuatu, Kalkot
Mataskelekele, du premier ministre Ham
Lini et de nombreux parlementaires du
monde francophone ( dont le sénateur de
Nouvelle -Calédonie Simon Louekhote ),
réunis dans le cadre d’un séminaire destiné
à fédérer les élus francophones d’Océanie.
La 13 e édition de la Fête de la musique, coordonnée par l’Alliance française,
s’est déroulée non seulement à Port-Vila
où plus de 20 groupes de musiciens se
sont produits, mais également cette année
à Lakatoro sur l’île de Mallicolo, Melsisi à
Pentecôte, Lénakel à Tanna, Arep aux Banks
et Pélé à Tongoa.
Organisé par l’Université du Pacifique
Sud, avec le concours de l’Université de la
Nouvelle-Calédonie et de l’Université de la
Polynésie française, un colloque de deux
jours s’est tenu fin mai pour le 400 e anniversaire de l’expédition de Pedro Fernandez
de Quiros, juge espagnol, qui fut envoyé
aux Nouvelles-Hébrides ( Vanuatu ) en 1606
pour régler les litiges entre francophones et
317
ZONE PACIFIQUE
anglophones au sein du condominium.
Une tombe qui daterait de 3100 ans
fait toujours l’objet de fouilles archéologiques à Téouma à l’est de l’île d’Efate. Aux
ossements humains de sept personnes découverts l’an dernier s’ajoutent maintenant
les restes de 13 autres personnes dont un
crâne séparé contenu dans un pot qui ont
été mis à jour par l’équipe du professeur
Matthew Spriggs : « Ce genre de découverte
est unique au Pacifique. Le lapita du genre
est le premier au Vanuatu. Sur ce site, le
crâne n’est pas avec les autres ossements.
Cela signifie que la tête de chaque individu
fut enlevée et mise à part. Le crâne que nous
venons de découvrir dans un pot laisse penser que les origines d’ici sont d’Asie. Jadis, en
Asie orientale, à la mort d’un être humain,
on enlevait la tête et on la mettait dans un
pot avant de l’enterrer à part. »
Le don des chefs de l’île de Tanna au président Chirac
En marge de l’inauguration du Musée du Quai Branly
à Paris, le vieux chef Laukalpi de la tribu d’Enumakel,
à Tanna ( Sud Vanuatu ), a patiemment attendu, puis
rencontré le grand chef des Français, Jacques Chirac.
Sa mission : régler une dette vieille de 94 ans que
cette tribu estimait avoir envers la France. Le vieux
chef, en habit traditionnel, accompagné de son jeune
fils, a finalement rencontré le chef de l’État français
dans une des salles du nouveau musée, consacré aux
cultures indigènes premières du monde.
Dans son discours, le chef Laukalpi a tenu à
remercier le président et, à travers lui, la France, pour
une intervention qui, en mai 1912, a permis à sa tribu
Geste coutumier du chef de l’île
d’échapper à un mouvement agressif des missionnaires
de Tanna au président français
Jacques Chirac et à la France lors
britanniques presbytériens. Ces derniers avaient alors
de l’inauguration du Musée des
commencé à afficher une attitude réprobatrice envers
arts premiers
les cultures païennes des tribus locales. Les gens d’Enumakel, sentant leur culture menacée par cette vague de prosélytisme, avaient
alors demandé l’aide de l’autre puissance du condominium franco-britannique
des Nouvelles-Hébrides, qui vivait alors ses premières années : la France.
Dans un premier temps, la France avait envoyé au large de Tanna un
des bâtiments de sa marine nationale, le Kersant, basé en Nouvelle-Calédonie, pour évaluer la situation, a expliqué à Flash d’Océanie Pierre Mayaudon,
ambassadeur de France au Vanuatu. De retour à Nouméa, et après avoir tenté
une première approche de médiation sur l’île, le commandant du Kersant avait
alors rendu compte à Paris de la situation, qui avait ensuite intercédé auprès
de Londres pour rappeler les missionnaires et ainsi éviter une confrontation
qui risquait à ce stade de dégénérer en accrochages violents entre religieux
et coutumiers.
94 ans après cet incident, le chef Laukalpi a donc offert un énorme
totem, le kwerrya, fait de plumes de différentes couleurs, censées représenter
toutes les races de l’humanité. Par ce fort geste coutumier, symbolisé par cet
objet d’ordinaire utilisé à la fin de la fête coutumière du toka ( ou nekawiar )
à Tanna, qui n’a lieu qu’en quelques rares occasions, le chef entendait ainsi
remercier l’État français d’avoir, selon ses propres termes, « sauvé nos cultures
et traditions ».
Le kwerrya a été reçu par le président Chirac en personne ( accompagné
de Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies ), puis dûment enregistré
et répertorié au sein de la collection ( déjà forte de plus de 300 000 pièces ) du
Musée du Quai Branly et au sein de laquelle Vanuatu ( ex-Nouvelles-Hébrides )
est déjà dignement représenté par des masques, tambours fendus et autres
ornements en provenance de cet archipel.
318
AFI 2007
WALLIS-ET-FUTUNA
Christian JOST 
Université Paul Verlaine - Metz 
[email protected]
La crise de succession qui secouait le royaume de Wallis s’est aggravée. Les relations
restent tendues entre réformistes et conservateurs, le Lavelua est au plus mal. Le
rayonnement culturel s’accroît, malgré l’isolement extrême, surtout de Futuna qui
revendique moins de dépendance à l’égard de sa sœur Wallis.
À
POLITIQUE
Wallis, la crise de l’an passé s’est brutalement aggravée entre partisans et
adversaires du Lavelua ( roi coutumier
d’Uvéa, île principale de Wallis ). L’opposition entre clans s’est d’abord traduite par
des blocages de routes et des administrations, mais les affrontements répétés entre
réformistes et conservateurs partisans du
roi ont conduit à
des incendies de
maisons et ont fait
plusieurs blessés
graves ainsi qu’un
mor t, Sosefo Tagatamagoni, un
jeune de 21 ans,
mort en oct. sous
les coups de couteau d’un partisan
du clan royal.
Cette crise a
débuté lorsque le
Lavelua n’accepta
pas la condamnation de Tungahala,
son petit-fils, à 18
mois de prison
ferme pour homicide involontaire
après un accident
de la route, alors
qu’il était en état
d’ébriété, et qu’il
menaça d’expulsion le préfet Xavier de
Fürst et le président du tribunal en cas
d’arrestation du petit-fils. Or la majorité de
la population ne veut plus d’une « classe
intouchable » et, comme la coutume le
permet, les Aliki, familles nobles locales,
avaient engagé une procédure de destitution du Lavelua, Tomasi Kulimoetoke, qui
règne depuis 1959, et s’apprêtaient à élire
un nouveau Lavelua le 25 sept. 2005.
AFI 2007
Avec un grand déploiement de forces
et d’armes, les fidèles du Lavelua bloquèrent l’aéroport international de Hihifo et
les routes pour empêcher l’intronisation
du nouveau roi. Un détachement parvint
à atterrir et à reprendre le contrôle de la
situation permettant l’arrivée d’un médiateur nommé par la France, Louis Le Franc,
s e c r é t a i r e g é - 
néral au haut-com- 
missariat en Nouvelle-Calédonie.
En août,
l a s i t u a t i o n re s tait tendue après
l ’é c h e c d e s n é g o c i at i o n s e nt re
partisans d’un
changement de
Lavelua et conservateurs pro-Lavelua.
Le territoire n’en a
pas moins célébré
le 45 e anniversaire
de son statut de
territoire d’Outremer ( TOM ) auquel
le Lavelua n’assista
cependant pas
« pour raisons de
santé », se faisant
représenter par un
de ses ministres
traditionnels ( Kulitea ), Mikaele Tauhavili. À
cette occasion, Emeni Simete, élu en novembre président de l’Assemblée territoriale de
Wallis en remplacement d’Albert Likuvalu,
salua « la volonté du Lavelua que le territoire
reste partie de cette France qui continue de
nous aider ». Le Lavelua ne put pas plus se
rendre aux cérémonies de l’Assomption,
laissant augurer une fin de règne qui laissera
sans doute ses fidèles désemparés.
319
ZONE PACIFIQUE
La coutume voulait que le Lavelua
change tous les dix ans, mais l’État avait
tout fait pour maintenir le plus longtemps
possible le roi en titre. La santé du Lavelua,
âgé de 87 ans, qui perçoit de l’État français
une indemnité mensuelle de 660 000 francs
CFP ( 5 500 € ), fait qu’il n’est plus en mesure de gouverner; c’est sa fille Etuaneta qui
dirige le palais depuis quelques années.
En août, est arrivé un nouvel administrateur du territoire et préfet, Richard Didier,
en remplacement de Xavier de Fürst qui est
resté moins de deux ans en poste. Richard
Didier a pris ses fonctions avec « un sentiment d’humilité et de grand respect pour la
coutume locale »; il va tenter de trouver une
solution d’apaisement entre les clans.
WALLIS-ET-FUTUNA
Histoire
➤ 1767 Arrivée de l’explorateur anglais
Samuel Wallis.
➤ 1886 Protectorat français.
➤  1959 Statut de territoire français
d’outre-mer (TOM).
À noter
➤   L a re co n n a i s s a n ce d e l ’a u to r i té
coutumière des 3 Royaumes (Uvéa à
Wallis, Sigave et Alo à Futuna) confère
à ce TOM un par tage des pouvoirs
particulier.
ÉCONOMIE
Les deux rois de Futuna, le Tuigaifo du
royaume et circonscription d’Alo et le
Tuisigave de Sigave, se sont rendus en
mars à Paris pour rencontrer le ministre
d e l ’O u t re - m e r, Fr a n ç o i s B a ro i n , a f i n
d’évoquer l’isolement de leurs îles ( l’île
de Futuna et sa voisine Alofi, inhabitée ).
Xavier de Fürst a estimé que la situation
de Wallis et Futuna était préoccupante sur
le plan économique, «  dix pour cent des
emplois privés ont disparu depuis 2003
[…] Il faut se mettre au travail pour créer
des richesses propres au territoire  », notamment dans les secteurs de la pêche, de
l’agriculture ou encore de l’artisanat. À cette
occasion, d’autres projets ont été évoqués,
notamment, au plan social, un suivi de la
procédure d’évacuation sanitaire.
En 2005, la dépense de consommation des ménages a augmenté de 2,1 %
en volume, aux prix de l’année précé dente, après + 2,3 % en 2004. Le rythme
de croissance est demeuré solide malgré
u n e p ro gre s s i o n m o d é ré e d u p o u vo i r
d’achat.
Le territoire a perdu la possibilité de
bénéficier de la plus grande partie des fonds
FED ( Fonds européen de développement )
qui devaient lui être attribués sur le 6 e
FED, soit près de 666 000 €. Le territoire ne
pourra recevoir que 66 00 €, dû à « des circonstances malheureuses », « de mauvaises
communications », tentent d’expliquer les
autorités françaises. De nombreux projets
agricoles et d’infrastructures devaient être
financés par ces fonds, notamment à Futuna, l’asphaltage de la route côtière et un
grand projet de culture du taro ( tubercule
320
de consommation quasi quotidienne et
cultivé en terrasses irriguées ). À Wallis,
c’est le projet de port de pêche de Halalo,
destiné à dynamiser l’économie locale, qui
dépend des fonds de la France et de l’Europe. L’étude d’impact environnemental
est achevée et les travaux devraient commencer fin 2006, début 2007, pour un coût
total de 6 millions €.
D e s c h e fs co u t u m i e r s d e Wa l l i s,
des propriétaires terriens et des représentants de la Chambre interprofessionnelle
( chambre de commerce, CIP ) préparent un
intéressant projet de Land trust, à l’instar
de ce qui se fait à Fidji, c’est-à-dire une
communauté d’intérêt pour la conservation et la gestion durable des terres et des
ressources. La procédure envisagée pour financer ce projet, qui demande des moyens
pour coordonner la gestion des terres entre
les propriétaires et les entrepreneurs, est
d’intéresser des investisseurs par des baux
de location de terres sur 25-30 ans. La secrétaire du CIP, Noella Taofifenua, souhaite
que les Wallisiens, qui ne sont selon elle
que des spectateurs du développement de
leur île, en deviennent de véritables acteurs.
Mikaele Tauhavili, le traditionnel Kulitea
( ministre de la Communication du roi ),
confirme que ce projet est à l’étude avec
tous les chefs de clans.
Le montant du budget 2006 alloué
par la France et voté par l’Assemblée
territoriale a été de 2,86 milliards FCFP
( 24 millions € ), dont 23 millions sont destinés à couvrir les frais de fonctionnement
et d’équipement. Un autre fonds d’aide
spéciale de 500 000 € a été alloué pour des
AFI 2007
WALLIS-ET-FUTUNA
projets « sociaux » en matière de formation
et d’emploi. Les trois dernières années, le
gouvernement français a également injecté
quelque 330 millions € en «  aide exceptionnelle ». L’année prochaine, le petit 
aéroport domestique de Futuna subira une
mise à niveau, notamment par rallongement et asphaltage de sa piste, pour lui
permettre de devenir éventuellement un
aéroport international et autoriser Futuna
à bénéficier d’un rayonnement régional,
a confirmé Matignon. Les événements de
Wallis bloquant son aéroport international
et le seul accès à Futuna ont convaincu les
autorités de la nécessité de sortir Futuna de
son isolement.
SOCIÉTÉ ET CULTURE
La rentrée scolaire, prévue le 14 février, a
dû être retardée de quelques jours sur décision du préfet et avis du vice-recteur en
raison de la panne technique depuis la mijanvier du seul avion ( le Twin Otter « Ville
de Paris » de 18 places, offert il y a 20 ans
par le maire de Paris, Jacques Chirac ) qui
relie Wallis à Futuna, ce qui a empêché
les nouveaux enseignants de se rendre
sur l’île et les élèves de Futuna d’aller au
seul lycée du territoire situé sur Wallis ou
à l’université en Nouvelle-Calédonie. L’impraticabilité de certaines routes bloquées
par des chutes d’arbres et l’inondation de
bâtiments publics à la suite du passage de
la dépression tropicale Jim suivie du cyclone Vaianu début février ont également
contribué à retarder la rentrée.
Les conduc teurs de véhicules de
Futuna ont dû affronter cette année leur
premier contrôle de police routière. L’opération a été mise en place après qu’on ait
établi que 80 % des conducteurs n’avaient
jamais obtenu de permis. Les gendarmes
ont donné un avertissement aux contrevenants et les ont enjoints à suivre des cours
de code de la route deux fois par semaine,
puis à passer l’examen pour obtenir un
permis de conduire.
Le Webzine Uvea-mo-Futuna, service
de nouvelles bilingues, voire parfois trilingues, sous forme de groupe de discussion
en ligne, créé en 2001 et animé par un
groupe de bénévoles, connaît un succès
croissant et permet aux communautés
wallisienne et futunienne du territoire,
de Nouvelle-Calédonie ( 20 000 résidants ),
de France et d’ailleurs, d’échanger dans
leurs langues et d’avoir des nouvelles du
territoire. Il est ainsi une précieuse source
d’informations sur ce territoire avec de
nombreux articles accessibles aux locuteurs de ces langues.
Le sculpteur et peintre Patrice Kaikilekofe a été sélectionné pour présenter
ses œuvres à « Latitudes 2005 : Terres du
Pacifique », première exposition d ’ar t
AFI 2007
contemporain océanien, organisé par
l’hôtel de ville de Paris en décembre 2005
et janvier 2006. Le groupe Wallis Mako a,
quant à lui, participé au Festival Interfolk
2005 à Kolobrzeg en Pologne.
En spor t, l’équipe de golf junior
de Wallis a remporté six médailles d’or,
deux d’argent et une de bronze au tournoi
organisé en septembre à Dumbéa, Nouvelle-Calédonie.
Bertrand Vili d’Auckland ( NouvelleZélande ) en javelot 800 m et Vitoli Tipotio
de Suresnes ( France ) en disque 2 kg ont été
tous deux médaillés de bronze de l’équipe
de France d’athlétisme aux 5 e Jeux de
la Francophonie au Niger en décembre
2005.
Patricia Gatuhau alias Tyssia, chanteuse et musicienne, grand espoir de la
chanson calédonienne, a été élue représentante de la Nouvelle - Calédonie au
concours Eurovision de la chanson et s’est
rendue en Europe pour cette occasion où
elle n’a cependant pas terminé finaliste.
Elle a également représenté la NouvelleCalédonie au Concours RFO « 9 semaines
et un jour » et a participé aux Francofolies
à La Rochelle en juillet. C’est Alexis Mata’Uli qui y a représenté le territoire de
Wallis-et-Futuna.
Le père Ghislain de Rasilly, anciennement vicaire provincial des pères maristes
à Suva, a été nommé par le pape, évêque
de Wallis-et-Futuna.
Après le Nouveau Testament, depuis
quelques années, et la Bible complète
en langue futunienne disponible depuis
2004, une nouvelle traduction de la Bible
dans la langue de Wallis est en chantier.
Mgr Calvet, archevêque de Nouméa, de
passage à Wallis au début d’août, a rencontré la commission en plein travail et
annoncé la publication dans les années
à venir d’un premier volume, Les Quatre
Évangiles et les Psaumes, puis d’un Nouveau
Testament complet et enfin de la Bible au
complet.
321
ZONE PACIFIQUE
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
Sauf indications contraires, toutes les références citées sont datées de l’année 2006.
Trois livres sont primés au Salon du livre insulaire d’Ouessant :
PINERI Riccardo, L’Île matière de Polynésie, Le Motu Éditions, 2006.
SELVA Chantal et Tauhiti NENA, L’Art en mouvement : émergence d’un art contemporain en
Polynésie, Le Motu Éditions, 2006.
VON DEN STENEN Karl, Les Marquisiens et leur art. L’ornementation primitive des mers du sud,
Le Motu Éditions, coll. Musée de Tahiti et des Îles, 2005.
NOUVELLE-CALÉDONIE
( m ) = mémoires; ( a ) = arts plastiques; ( bd = bande dessinée ); 
( j ) = littérature jeunesse; ( e ) = essai; ( r ) = roman; ( p ) = poésie
Revue Correspondances océaniennes : « Les départs » ( mai 2006 ); « L’Australie », ( octobre
2005 ).
Revue Mwà Véé :
n°49 : « Hier, aujourd’hui, Enfant et Société… rêve d’enfance, éducation coutumière,
école, citoyenneté », juillet-août-septembre 2005.
n°50 : « Du patrimoine immatériel aux archives kanak », octobre-novembre-décembre 2005.
n°51 : « Paris-Nouméa les Communards en Nouvelle-Calédonie, Île d’exil, terre d’asile »,janvier-février-mars 2006.
n° 52 : « Arts visuels les artistes s’expriment », avril-mai-juin 2006.
ANOVA Apollinaire, Calédonie d’hier, Calédonie d’aujourd’hui, Calédonie de demain ( e ),
présentation de Bernard Gasser et Hamid Mokaddem, Nouméa, Expressions/Mairie
de Moindou, 2005, 303 p.
BENSA Alban et Atéa Antoine GOROMIDO, Histoire d’une chefferie kanak ( 1740-1878 ), Le
pays de Koohnê ( Nouvelle-Calédonie ) ( e ), Paris, Éditions Karthala, 2005, 172 p.
COLLECTIF, La Nouvelle-Calédonie : colonie pénitentiaire ( 1863-1931 ), transportation déportation relégation, C.D.P. de Nouvelle-Calédonie, 2005. DVD, www.cdp.nc
DÉCAMP Florence et Olivier BALEZ, Le Cycle du Nautile, 1. Traque à Sydney ( bd ), Paris,
Éditions Bayard, 2005, 52 p.
GOPE Pierre, La Parenthèse, Nouméa, Éditions Traversées, 2005, 67 p.
GORODÉ Déwé, L’Épave ( r ), Nouméa, Éditions Madrépores, 2005, 171 p.
GUIART Jean, L’Enfer expatrié, réflexion sur la guerre dans le Pacifique Sud ( 1941-1945 ) ( e ),
Nouméa, Éditions Le Rocher-à-la-Voile et les Éditions du Cagou, 2006, 117 p.
GUIART Jean, Une clé de la société canaque, les réseaux d’identité partagée ( e ), Nouméa,
Éditions Le Rocher-à-la-Voile et les Éditions du Cagou, 2005, 204 p.
H. Bernadette, Mon soleil noir, le calvaire d’une enfant de Nouvelle-Calédonie ( m ), Nouméa,
Éditions EDIMAG, 2005, 207 p.
HOUBOUY Maléta, L’Enfant Kaori, Wanakat Kaori ( j ), ( illustration de Isabelle Goulou ),
album bilingue français/iaai, avec CD audio, Tjibaou, Grain de Sable jeunesse/Centre
culturel Tjibaou, 2005, non paginé.
IBANEZ BUENO Hélène, Art vivant, Nouvelle-Calédonie, l’art au passage du XXI e siècle ( a ),
Nouméa, Édition L’Éclectique, 2005, 176 p.
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MICHEL Louise, Légendes et chansons de gestes canaques ( 1875 ), suivi de Légendes et chants
de gestes canaques ( 1885 ) et de Civilisation, avant propos de Marie-Claude Tjibaou,
textes établis et présentés par François Bogliolo, avec la contribution de Joël Dauphiné, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2006, 238 p.
MOKADDEM Hamid, Ce souffle venu des Ancêtres… L’œuvre politique de Jean-Marie Tjibaou
( 1936-1989 ) ( e ), Nouméa, Éditions Expressions/Province nord, 2005, 411 p.
MOKADDEM Hamid, Conjoncture politique de la Nouvelle-Calédonie ( e ), Nouméa, Éditions
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NÉAOUTYINE Paul, L’Indépendance au présent ( e ), Paris, Éditions Syllepse, 2006, 189 p.
OHLEN Frédéric, La Lumière du monde ( p ), Nouméa, Grain de Sable/L’Herbier de feu,
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PEIRANO Arlette, Le Gardien de l’île noire ( r ), Nouméa, PEARL édition, 2005, 346 p.
RATZEL Nicolas, Cahiers de mes souvenirs de géomètre calédonien, 1894-1939 ( m ), deux
volumes, Société d’études historiques de Nouvelle-Calédonie, publication n° 62,
322
AFI 2007
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
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[S.A.], Yumi winim fridom, le film de l’indépendance de la République du Vanuatu en 1980, édité à
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WALLIS-ET-FUTUNA
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L’Harmattan, coll. Fac-similés océaniens, 2004.
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DVD PAL, documentaire, 75 minutes.
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AFI 2007
323
ZONE PACIFIQUE
AUSTRALIE
Peter BROWN 
Australian National University
[email protected]
U
POLITIQUE ET ÉCONOMIE
n paradoxe apparaît dans les re lations franco-australiennes :
d’une part, il y a de plus en plus
de divergences importantes et la guerre 
en Irak, où l’Australie est engagée militairement; le protocole de Kyoto que l’Australie
refuse de signer; la guerre récente au Liban 
où l’Australie a défendu la démarche israélo-américaine; les discussions au sein
de l’Organisation mondiale du commerce
( OMC ) où l’Australie accuse l’Europe,
et notamment la France, d’avoir une approche « forteresse »; enfin, et surtout,
la Convention sur la protec tion et la
promotion de la diversité des expressions
c u l t u r e l l e s à l ’ U n e s c o o ù l ’A u s t r a l i e 
( pays pourtant officiellement multiculturel )
s’est abstenue lors du vote d’octobre 2005.
Et pour tant, d’autre par t, malgré
cette américanisation de la politique australienne, les relations franco-australiennes
sont meilleures que jamais, surtout en ce
qui concerne les affaires du Pacifique Sud.
En effet, selon François Baroin, le ministre français de l’Outre-mer en visite en
Australie début mars 2006, il y a « un fort
réchauffement des relations diplomatiques
franco-australiennes. Il y a aujourd’hui à
Canberra, je dirais même, comme un besoin
de France et d’Europe… » De même, à Paris
fin juin pour le Sommet France-Océanie, le
ministre australien des Affaires étrangères,
Alexander Downer, a parlé d’une « volonté politique partagée : le renforcement
de la stabilité politique, économique et
environnementale dans la zone… S’ouvre
une page d’intense collaboration francoaustralienne ».
Les deux pays ont signé une Dé claration sur la Coopération pour la
Surveillance maritime dans le bassin Pacifique. À ce sujet, l’opération « Croix du
Sud » en 2006 a réuni 2 000 militaires en
Nouvelle-Calédonie sous commandement
australien.
Cette évolution est reflétée dans les
transactions commerciales : les exportations
françaises vers l’Australie dans le domaine
d e l ’é q ui p e m e nt m i l i t a i re o nt at te i nt
3,1 milliards € en 2005, en augmentation
de 18 % par rapport à 2004; les chiffres de
l’industrie aéronautique ont plus que doublé
( +103 % ) entre 2003 et 2004 et en 2005 ce
secteur représentait 28 % de l’ensemble des
ventes, devançant les marchandises ( 18 % )
et les produits pharmaceutiques ( 10 % ) qui
n’ont cessé de croître de 15 % en moyenne
par an depuis 2002. En tout, de 1999 à 2005,
les exportations françaises en Australie ont
plus que doublé, augmentant de 1,2 milliard
à près de 3 milliards €. Les 270 entreprises
françaises en Australie avec quelque 85 000
employés ont un chiffre d’affaires de 12 milliards € et l’Australie sert souvent de base
pour leurs opérations dans le bassin Asie-Pacifique. En sens inverse, en décembre 2005,
la banque australienne Macquarie Bank a
annoncé son partenariat avec la compagnie
française Eiffrage pour gérer les autoroutes
à péage Paris-Rhin-Rhône, l’investissement
de la Macquarie Bank étant de l’ordre de
2,5 milliards €.
HISTOIRE
La vieille histoire partagée entre les deux
pays a refait surface suite à la découverte
du «  jardin français  » planté en 1792 près
de Recherche Bay en Tasmanie par Félix
Delahaye, l’assistant de Labillardière, le
naturaliste de l’équipage d’Entrecasteaux.
Labillardière est l’un des fondateurs de la
botanique, la zoologie et l’ethnographie
en Australie et ses collections constituent
la base du premier catalogue général de
324
la flore australienne : le Novæ Hollandiæ
plantarum specimen. Or, en 2006, pour
le 250 e anniversaire de sa naissance, le
« jardin français » s’est transformé en site
archéologique avant d’être une sorte de
champ de bataille politique où historiens
et écologistes s’opposaient aux promoteurs
et à certains hommes politiques; le jardin
a été classé et fait dorénavant partie du
patrimoine australien protégé.
AFI 2007
AU-DELÀ DES PAYS FRANCOPHONE
CULTURE
La Pérouse, quant à lui, avait droit à une
exposition organisée à l’Art Gallery of NSW
fin 2005, Any news of La Pérouse, d’après la
dernière question qu’aurait posée Louis XVI
avant sa mort. Cette exposition, assortie de
tableaux de deux artistes françaises résidant en Australie ( Catherine K et Nathalie
Har tog-Gautier ), fait preuve encore de
l’engouement australien pour les navigateurs français des XVIII e et XIX e siècles. Le
Musée La Pérouse à Sydney est d’ailleurs
un don offert par la France pour fêter le
bicentenaire de l’Australie moderne, le 26
janvier 1988, deux cents ans exactement
après l’arrivée du navigateur français dans
la baie de Sydney.
En 2006, des gestes de donnant, donnant relient les deux pays aussi à travers une
culture autrement plus ancienne, celle des
premiers habitants de l’Australie. En effet,
c’est le Musée du Quai Branly ( Musée des
«  Arts premiers  » ) qui expose le travail de
huit artistes aborigènes, incrusté dans la
construction même du musée, sur 2 500
mètres carrés de la façade, des murs et des
plafonds de l’un de ses bâtiments. La France
donne ainsi une reconnaissance accrue, au
niveau mondial, à l’art aborigène, la plupart des artistes ayant été présents lors de
l’inauguration du musée le 20 juin. C’est
aussi à Paris que la Comédie française a
monté des pièces australiennes ( en traduction française ) dans le cadre de sa Semaine
de l’Océanie fin janvier et, au mois de mai,
l’Australie était à l’honneur au Festival du
livre de Montpellier, avec la participation
de dix écrivains australiens, après que la
Bibliothèque nationale de France ait organisé un symposium intitulé « Australie - le
nouveau monde? »
Autres expositions d’envergure : celle
des Musées des beaux-arts de New South Wales ( Sydney ) et de Victoria ( Melbourne ) qui
montent décembre 2005-mai 2006 Pissarro,
le premier impressionniste rassemblant une
centaine d’œuvres, dont une soixantaine
de tableaux et quarante dessins et gravures;
et, entre juin et octobre 2006, la National
Gallery du Victoria accueille également
l’exposition Picasso-Dora Maar qui avait
été montée au Musée Picasso à Paris plus
tôt dans l’année. Par ailleurs, le Théâtre
du Soleil d’Ariane Mnouchkine a présenté
à Melbourne ( Festival international des
arts, octobre 2005 ) son spectacle Le Dernier
Caravansérail ( Odyssées ) sur les chercheurs
d’asile à travers l’histoire, spectacle qui avait
été inspiré par le refoulement australien en
2001 de quelques centaines de boat-people
en provenance d’Asie. Également présente à
Melbourne ( et ensuite à l’Opéra de Sydney ) :
la Compagnie sénégalaise Jant-Bi avec son
spectacle Fagaala sur le génocide du Rwanda
en 1994. Les Arts Sauts sont revenus en Australie pour le Festival des arts de Sydney de
janvier 2006 pour monter leur spectacle Ola
Kala. Enfin, dans le domaine de la musique,
pour fêter le 350e anniversaire de naissance
du compositeur baroque Marin Marais, la
musicienne australienne Jennifer Eriksson,
directrice du Projet Marais, se lance le défi,
avec son trio à la viole de gambe, de jouer sur
dix ans l’œuvre complète de Marais.
L’historien Edward Duyker a publié
une biographie de François Péron, le naturaliste de l’expédition de Nicolas Baudin qui
a exploré la côte australienne au début du
XIXe siècle; par ailleurs le professeur émérite Ross Steele a sorti la deuxième édition
de son ouvrage The French Way. Keys to the
Behaviour, Attitudes and Customs of the French
( McGraw-Hill ), lancé pendant la fête French
A-Fair, Sydney 2006, tout comme l’a été My
French Connection, ouvrage de la journaliste
australienne Sheryle Bagwell concernant sa
vie en France.
NOUVELLE-ZÉLANDE
Myreille PAWLIEZ 
Professeure à l’Université Victoria de Wellington 
[email protected]
L
a Nouvelle-Zélande est privée de TV5
Monde. Depuis que la chaîne francophone est transmise en Océanie par
AFI 2007
le satellite Asiasat 3, très bas à l’horizon,
une grande partie du pays n’est plus en
mesure de la capter. Les téléspectateurs
325
ZONE PACIFIQUE
du nord du pays qui seraient susceptibles
d’y accéder doivent changer à grands frais
leur antenne parabolique.
Le s t r a p é z i s t e s a é r i e n s d e s A r t s
Sauts, la troupe de théâtre acrobatique
de Thiérrée, ainsi que les photographies
aériennes géantes de Yann Ar thus-Bertrand ( La Terre vue du ciel ) ont tout
par ticulièrement été acclamés lors du
Festival international des arts de Wellington. Le groupe sénégalais Baobab, connu
depuis les années 1970, était également
à l’affiche.
Les amateurs de peinture ont eu la
rare occasion de découvrir à Auckland et
Wellington quelques-unes des œuvres de
la collection privée Robertson ( Picasso,
Cézanne, Matisse, Bonnard, Braque, De rain, Van Dongen, Fantin-Latour, Léger,
Redon ), tandis que le monde de la musique classique a apprécié le retour du chef
d’orchestre français Yan Pascal Tortelier,
qui a dirigé sept concerts de l’Orchestre
symphonique de Nouvelle-Zélande.
Græme Allwright, connu en France
depuis les années 1960, a fait un tour de
chant dans son pays natal pour la première
fois. Son retour aux sources a été filmé par
Chantal Perrin et Arno Deplagne dans
Before I hang up my hat pour France 3 et
TVNZ.
Dans le cadre du Festival 2006 des
Belles Étrangères qui vise à promouvoir
la littérature étrangère en France, douze
auteurs néo-zélandais ont été invités pour
faire, par petits groupes, la tournée des
librairies, bibliothèques, centres culturels
et établissements scolaires en France et un
documentaire sur ces écrivains a été tourné
en Nouvelle-Zélande.
Pl u s i e u r s p u b l i c a t i o n s o n t v u l e
jour : Where Fate Beckons, biographie de
La Pérouse écr ite par John D unmore;
Sharing as Custom Provides, anthologie
bilingue de poésie de Déwé Gorodé; Une
femme du monde en Nouvelle-Zélande de
Lady Barker ( L’Harmattan ); Un poilu des
antipodes d’Adam Cutforth, ouvrage bilingue réalisé avec l’aide de l’Association
France-Nouvelle-Zélande; Le Lagon, recueil
de nouvelles de Janet Frame ( Éditions des
femmes ).
Une trentaine de pèlerins, accompagnés du cardinal Barbarin, archevêque
de Lyon, et de Mgr Riocreux, évêque de
Pontoise, ont retracé le chemin des missionnaires catholiques français du XIX e
siècle ( Mgr Pompallier, Mère Aubert ).
Chantal Perrin
Chantal Perrin a produit plusieurs documentaires remarquables montrant les liens
historiques entre la France et la Nouvelle-Zélande. Elle parvient à merveille à tisser
le passé avec le présent en incorporant les documents d’archives aux témoignages
actuels. Dans Ils sont venus du bout du monde ( 52’, France 3/TVNZ, 2003 ), elle se
souvient des soldats néo-zélandais de la Première Guerre mondiale dont la bravoure est toujours commémorée en France : les tunneliers qui creusèrent en 1916
une véritable cité souterraine dans la région d’Arras; les soldats qui libérèrent en
1918 Le Quesnoy, petite ville fortifiée au nord de la France aujourd’hui jumelée
à Cambridge dans le Waikato; et de tous les Kiwis morts
pour la France.
Dans Suzanne Aubert, une religieuse française chez les
Maoris de Nouvelle-Zélande ( 26’, France 2, 2004 ) et L’Histoire
de Suzanne Aubert ( 80’, RFO, 2006 ), elle relate l’impact qu’a
eu cette femme hors du commun à Auckland et Wellington, dans le Hawke’s Bay et à Jerusalem/Hiruharama dans
la vallée du Whanganui. Elle interroge Jessie Munro, sa
biographe, et les sœurs de la Compassion qui poursuivent
son action et viennent de faire rénover l’église et l’ancien
orphelinat de Hiruharama pour préserver l’héritage spirituel de Suzanne Aubert ( 1835-1926 ).
L’église de Hiruharama © Myreille Pawliez, 2005
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