LE VIDE - Petit Bazar

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LE VIDE - Petit Bazar
LE VIDE
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Les baleines – le mythe, la
nostalgie et la réalité
Depuis
des
milliers
d’années,
les
cétacés
sont
une
énigme
pour
l’être
humain.
Ils
jouent un rôle particulier dans beaucoup
de mythes, de contes et de légendes –
que ce soit dans la Grèce ou la Rome
antique, chez les Amerindiens du Nord
ou du Sud, chez les habitants de Sibérie
ou chez les Aborigènes d’Australie. Vifs
petits cétacés, les dauphins ont été
vénérés et admirés. Jusqu’à ce jour, les
hommes
ont
été
fascinés
par
l’intelligence, l’élégance et la rapidité
avec lesquelles ils se meuvent dans
l’eau. Les grands cétacés, pour leur part,
les ont impressionnés par leur masse
gigantesque : ils étaient et sont encore
les plus grands animaux de notre
planète.
Les cétacés se divisent en deux familles :
les baleines à fanons et les baleines à
dents. Mis à part le cachalot, tous les
grands cétacés appartiennent à la famille
des baleines à fanons. Au lieu de dents,
celles-ci ont de longues lamelles de
cornes accrochées à leur palais. C’est au
moyen de ces fanons qu’elles filtrent
l’eau et le sable des fonds marins à la
recherche de nourriture. Un sous-groupe
des baleines à fanons comprend les
quatre baleines franches : la boréale, la
naine, la noire et l’australe. Elles glissent
lentement, la gueule ouverte, filtrant
carrément l’eau pour en retenir le
moindre plancton. La baleine bleue, le
rorqual commun, le rorqual de Rudolphi,
la baleine de Bryde, la baleine à bosse et
le petit rorqual font tous partie de la
famille des baleinoptères ou rorquals. Ils
ont la particularité d’avoir une bouche
pourvue de grands plis qui leur
permettent d’agrandir considérablement
le volume de leur cavité buccale.
Lorsqu’elles sont à la recherche de
nourriture,
les
baleines
à
fanons
avancent tout simplement à travers la
masse aquatique et filtrent des tonnes
d'eau avec leur fanons pour en retenir le
plancton. A l’aide de leur langue, elles
font ressortir l’eau de leur cavité buccale
à travers le filtre des fanons dans
lesquels est surtout retenu le krill – un
crustacé de quelques centimètres de
long vivant en banc – ainsi que des
petits
poissons
ou
des
calmars.
Beaucoup de rorquals se nourrissent
essentiellement de krill. Une baleine
bleue peut en avaler des tonnes
quotidiennement.
Les cachalots, les baleines à bec, les six
petits marsouins, la grande famille des
dauphins, dont les cinq sortes de
dauphins d'eau douce, font partie du
deuxième groupe de cétacés : les
baleines à dents. Parmi les dauphins, on
compte l’orque, le béluga, le narval, le
dauphin souffleur et encore plus de 20
autres sortes. Suivant les espèces, les
baleines à dents sont pourvues de 1 (le
narval) à 200 dents (le dauphin à long
nez). Les baleines à dents se nourrissent
presque exclusivement de poissons et de
calmars. Quelques rares sortes de
dauphins mangent occasionnellement
aussi des crevettes, voire des méduses
ou des étoiles de mer. Les baleines à
dents ont développé une capacité
fantastique :
un
peu
comme
les
chauves-souris dans l’air, elles se
repèrent
dans
l’eau
grâce
à
l’écholocation. Elles émettent des ondes
sonores de haute fréquence – dits clics –
non audible pour un être humain, et
s’orientent grâce à l’écho qui leur vient
en retour. Elles peuvent ainsi se faire
une sorte “ d’image acoustique ” de leur
environnement et localiser des proies
dans l’obscurité la plus profonde. De tous
les mammifères marins, les cachalots,
mondialement connus grâce au Moby
Dick de Hermann Melville, sont les
maîtres de la plongée sous-marine : ils
peuvent descendre jusqu’à 3000 mètres
de profondeur et rester sous l’eau durant
plus de deux heures. C’est justement
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dans ces profondeurs qu’ils cherchent
leur nourriture, composée principalement
de seiches, dont l’encornet géant qui
peut mesurer plus de dix mètres de long.
Les dauphins forment la plus grande
famille de cétacés. L’orque, ou épaulard,
est le géant des dauphins. Il peut
mesurer jusqu’à neuf mètres de long et
peser quatre tonnes. Les orques migrent
dans les eaux côtières froides en groupes
familiaux qui restent ensemble durant
toute leur vie. Les nageoires, ou ailerons
dorsaux, des mâles peuvent atteindre
deux mètres de haut. Les orques vivent
de poissons, de pingouins, de phoques et
attaquent même d’autres dauphins ou
grands cétacés.
Vivre dans un cocktail de poison
Dans un futur proche, la pollution des
fleuves
et
des
mers
sera
vraisemblablement le problème principal
de tous les grands ou petits cétacés. Les
poisons déversés - comme les pesticides
ou les métaux lourds -, les déchets
radioactifs immergés depuis des années
ainsi que la pollution due au pétrole vont
avoir des conséquences dramatiques,
particulièrement pour les cétacés. En
effet, ceux-ci se trouvent à la fin de la
chaîne alimentaire et accumulent ainsi
de façon continue des poisons dans leur
corps. Les morts en masses comme celle
du dauphin souffleur en 1988, sur la côte
Est des Etats-Unis, tout comme en 1990
et 1992 dans le Golfe du Mexique ne
sont pas des cas isolés : en 1991 et
1992, ce sont des milliers de dauphins
bleu
et
blanc
qui
meurent
en
Méditerranée ; en 1994, c’est le dauphin
commun qui est touché en Mer Noire.
Fin 1995, en Méditerranée, des rorquals
communs meurent d’un virus non
identifié à ce jour. Il est probable que ce
sont
les
poisons
industriels
qui
affaiblissent le système immunitaire des
animaux : par exemple les diphényles
polychlorés (PCB, agent ignifuge dans les
transformateurs ou condensateurs par
ex.) et les pesticides comme le DDT. Il a
été constaté, depuis peu, que le
tributylétain (TBT, contenu dans les
peintures de bateaux empêchant la
fixation des algues) est des plus
dangereux pour la vie aquatique.
Depuis quelques années, les scientifiques
insistent de plus en plus sur cette
nouvelle source de dangers pour les
mers et leurs habitants : d’innombrables
substances toxiques arrivent dans les
océans par les fleuves, les précipitations
et l’air et s’y accumulent. Même à très
faible concentration, des produits nocifs
pour
l’environnement
tel
que
les
phtalates
(plastifiants
cancérigènes
comme
par
ex.
dans
le
PVC),
l’alkyphénol, les PCB et les dioxines,
attaquent le système immunitaire des
animaux et peuvent engendrer la
stérilité. Un exemple : les baleines
blanches, ou bélugas, de la Baie du St
Laurent, à la frontière orientale entre le
Canada et les Etats-Unis, sont menacés
d’extinction.
Il en va de même pour les cinq espèces
de dauphins d'eau douce dont le biotope
est fortement menacé de pollution. Le
dauphin de Chine vit uniquement dans le
Yang-tsé, le plus important fleuve
intérieur de Chine, qui est totalement
pollué. Il ne reste probablement plus que
150 à 200 bêtes en tout, ce qui fait du
dauphin de Chine un des mammifères les
plus menacés.
Dans les fleuves du bassin amazonien –
patrie du dauphin de l’Amazone – les
chercheurs d’or lavent annuellement
jusqu’à 2000 tonnes de mercure. De
plus, les immenses projets de barrages
menacent de détruire l’environnement
vital du dauphin de l’Amazone.
Que ce soit pour les petits ou pour les
grands
cétacés,
des
accords
internationaux doivent être instaurés à la
racine : une gestion de la pêche se
basant sur la prévoyance et des mesures
draconiennes contre la pollution et la
destruction de l'écosystème océanique –
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sur la qualité duquel repose finalement
toute forme de vie – sont les conditions
indispensables pour une protection
efficace des mammifères marins.
La chasse commerciale à la
baleine
– une entreprise
sanguinaire superflue
Pour la population des régions côtières,
les baleines étaient une proie importante
il y a des centaines d’années déjà. Un
cachalot échoué (Physeter catodon) ou
un
béluga
abattu
(Delphinapterus
leucas) représentait de la nourriture
durant de nombreuses semaines pour
tout un village. Dans le golfe de
Gascogne, au Nord de l'Espagne, les
Basques ont commencé à chasser la
baleine au moyen de harpons et de
petits bateaux. Durant les premiers
siècles de chasse à la baleine, alors que
de nombreuses bêtes peuplaient encore
les mers, les chasseurs se concentrèrent
sur la baleine franche noire (Eubalaena
glacialis), une lente nageuse. La chasse
était alors particulièrement atroce :
d’abord on harponnait les baleineaux,
ensuite on les tirait dans les eaux peu
profondes, puis on abattait les mères,
restées auprès de leur descendance.
Les baleines du Golfe de Gascogne
étaient, et sont encore, nommées
baleines franches noires. Non seulement
elles étaient faciles à tirer, mais tout
comme
les
baleines
franches
du
Groenland, elles étaient les seules
baleines qui, étant mortes, flottaient à la
surface de l’eau, ceci en raison de la
haute teneur en graisse de leur corps.
Après avoir pratiquement exterminé les
baleines
franches,
auxquelles
appartiennent
celles
du
Golfe
de
Gascogne et du Groenland (Balaena
mysticetus), on commença à chasser des
grands cétacés plus rapides suite à
l’invention des canons lance harpons et à
l’introduction du bateau à vapeur au
milieu du 19e siècle. La nouvelle
technique mena à un vrai carnage sur les
mers du globe. Rien qu’en ce siècle, plus
de deux millions de baleines ont été
tuées.
Dans le temps, les baleines étaient
principalement
chassées
pour
leur
couche de graisse. On utilisait l’huile
provenant de leur lard pour alimenter les
lampes à huile et fabriquer le savon et la
margarine. Les chasseurs de baleines se
concentrèrent sur les grands cétacés
jusqu’au moment où ceux-ci eurent
presque disparus, puis ils se tournèrent
vers des espèces plus petites. Ainsi,
aujourd’hui, il n’existe probablement plus
que 1000 ou 2000 de ces baleines bleues
(Balaenoptera musculus) qui autrefois
peuplaient les océans. Après les baleines
bleues, on s’attaqua aux rorquals
communs
(Balaenoptera
physalus).
Autrefois, dans les mers du Sud, il y en
aurait eu un demi-million ; aujourd’hui
ils ne sont plus que quelques milliers.
Après les rorquals communs, on passa
aux rorquals de Rudolphi (Balaenoptera
borealis) et ensuite aux baleines de
Bryde (Balaenoptera edeni). C’est ainsi
que presque toutes les espèces de
grands cétacés ont été éliminées.
Aujourd’hui, il n’y a plus guère que le
petit
rorqual
(Balaenoptera
acutorostrata)
dont
la
quantité
correspond plus ou moins au stock
d’origine – du moins dans l’hémisphère
sud. En 1985, on comptait que les
grandes chasses, surtout celles des
chasseurs norvégiens, avaient réduit
environ de moitié les stocks du petit
rorqual dans l’hémisphère Nord.
La commission internationale
pêche à la baleine
de
Les chasseurs de baleines avaient déjà
constaté dans les années trente que les
baleines ne pouvaient plus être abattues
sans scrupules dans ces quantités. Afin
de “garantir une sauvegarde et une
jouissance des stocks de baleines de
manière efficace et adaptée ”, les 14
nations baleinières fondèrent, en 1948,
la commission baleinière internationale
(CBI). Si elles se sont tenues à la lettre
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en ce qui concerne la “ jouissance ”, la
“ sauvegarde ”, par contre, est restée à
la traîne. Durant les premières décennies
de la CBI, selon les données officielles,
ce ne sont pas moins de 1,7 million de
grands cétacés qui ont été tués– plus
que jamais jusqu’alors.
En 1972, les Nations Unies votèrent une
résolution qui invitait la CBI à édicter
une interdiction de chasser la baleine
durant dix ans. La CBI refusa. Au lieu de
cela, quelques espèces furent protégées
et d’autres virent leur chasse restreinte.
De surcroît, on édicta un nouveau
“ système d’exploitation ”, prétendument
meilleur. Pourtant, on dut constater très
vite que le nouveau système ne faisait
que
propager
l’extermination
des
baleines. Lorsque le désastre finit par
retenir l’attention du public mondial et
que
celui-ci
demanda
avec
une
insistance grandissante l’arrêt de la
chasse à la baleine, la CBI décida enfin,
en 1982, d’adopter une interdiction de
durée
déterminée
de
la
chasse
commerciale à la baleine. Depuis, la CBI
travaille à un nouveau “ système
d’exploitation ”
des
baleines.
L’interdiction de les chasser devrait être
levée dès que le système d’exploitation
aura été agréé.
En 1994, les associations écologiques
connurent un grand succès en matière
de sauvegarde des cétacés : la CBI
instaura une zone protégée pour les
baleines dans les eaux entourant
l’Antarctique. Cette zone maritime est le
terrain
d’alimentation
d’environ 90
pourcents des grands cétacés encore
vivant sur le globe. Même si le moratoire
de chasse à la baleine est levé, la plupart
des
grands
cétacés
sont
ainsi
juridiquement protégés.
La chasse à la baleine „scientifique“
Quatre ans après de début du moratoire
de 1986, pourtant, on désenchanta : le
Japon, la Norvège et l’URSS continuèrent
à chasser la baleine sans respecter
l’interdiction. L’Islande et la Corée
poursuivirent également leur chasse –
sous couvert de la science.
Dans les deux années qui suivirent, la
CBI introduisit pour la première fois des
critères qui édictaient des conditions
minimums
pour
les
soi-disant
programmes scientifiques de chasse à la
baleine. Aucun des pays exerçant la
chasse scientifique ne pouvait répondre
à ces critères. Le Japon poursuivit
malgré tout sa pêche dans les eaux de
l’Antarctique, bien qu’elles aient été
déclarées zone protégée.
En 1994, le Japon commença à élargir sa
chasse aux petits rorquals du Pacifique
Nord. En 1996, le gouvernement
japonais décide d’autoriser le tir global
de 660 baleines, soit 220 de plus que
l’année précédente. Ainsi, selon les
données officielles, ce sont 15'000
grands cétacés, voire bien plus, qui ont
été décimés par les harpons des
pêcheurs depuis l’entrée en vigueur du
moratoire.
Le Japon, la Norvège et l’Islande exigent
depuis
des
années
la
levée
de
l’interdiction et insistent pour pouvoir
reprendre la chasse commerciale à la
baleine. De nos jours, on ne s’intéresse
plus aux baleines pour leur couche de
graisse, mais pour leur viande. Surtout
au Japon, la viande de baleine est
considérée comme une vraie délicatesse
qui se paie au prix fort.
Le moratoire dédaigné
La Norvège est le seul pays qui ne
respecte pas l’interdiction mondiale de
chasser la baleine. En 1993, dédaignant
le moratoire et les décisions de la CBI,
les Norvégiens ont repris la chasse
commerciale du petit rorqual dans
l'Atlantique Nord-Est. C’est justement
cette population qui avait été de
protégée par la CBI en 1985, étant
donné qu’elle était déjà au-dessous de
54 pourcents de sa taille d’origine. Le
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responsable en est la Norvège : rien que
durant les 60 dernières années, les
pêcheurs norvégiens ont tué plus de
100'000 petits rorquals dans l'Atlantique
Nord-Est. Le gouvernement norvégien
défendit sa pêche en la déclarant
“ scientifiquement fondée ”. En 1995, on
constata que les chiffres énoncés sur les
populations avaient été calculés de
manière erronée et devaient être
corrigés. La Norvège pourtant poursuivit
sa chasse à la baleine, malgré les
protestations de la CBI. En 1999, le
gouvernement norvégien a autorisé 753
tirs de baleines.
Japonais, mais aussi les Féroïens habitants des îles Féroé, situées entre
l’Ecosse et l’Islande – nomment ce
spectacle d’abattage qu’ils organisent
chaque année devant leurs côtes :
“ tradition ”.
Mais même ceci n’est qu’un pas vers des
quotas plus élevés. Différents politiciens
norvégiens ont déclaré publiquement que
leur ambition annuelle s’élève à un quota
de 2'000 bêtes. C’est ce quota qui avait
provoqué la réduction de moitié des
populations.
Les petits cétacés meurent en masse
La situation des petits cétacés est encore
plus dramatique. Souvent inaperçue, la
pêche commerciale au dauphin pratiquée
dans de nombreux pays a entre-temps
atteint une ampleur incroyable. De part
le monde, c’est plus de 10'000 petits
cétacés qui sont tués chaque année. Les
raisons de ce massacre des dauphins,
souvent
atroce,
sont
multiples :
aujourd’hui, la plupart des grands
cétacés sont si décimés que leur chasse
n’en vaut plus la peine. De plus, le
moratoire de pêche à la baleine de la CBI
les a placés sous protection. Mais ce
moratoire n’est pas valable en ce qui
concerne les petits cétacés. Ainsi, les
pêcheurs fixent de plus en plus leur
attention sur les “ petits frères ” non
protégés.
Si nous n'avons plus le droit de pêcher
de gros cétacés, eh bien, nous en
pêcherons plus de petits. Telle est du
moins la devise qu’on pourrait prêter aux
Japonais. Les chiffres parlent pour euxmêmes : chaque année le Japon tue plus
de 15'000 dauphins et marsouins. Les
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