LE LAB - Musée de la Création Franche

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LE LAB - Musée de la Création Franche
N° 43
Sommaire
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Le Lab, Pascal Rigeade
Des racines et des rêves, Bernard Chevassu
Borsetta, le magicien des perlouzes, Paul Duchein
Francis David et les « bricoleurs de l’imaginaire », Denis Lavaud
Eo Pasqualini, Dino Menozzi
Voyage à la maison de Dieu et de Julio Basanta, Bruno Montpied
Evelyne Postic et ses formulations de l’impossible à dire... , Gérard Sendrey
Musée de la Création Franche
58 avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny - 33130 Bègles
Tél. 05 56 85 81 73 - 05 56 49 34 72
Site Internet : www.musee-creationfranche.com
Directeur de la publication : Pascal Rigeade
Ont participé à ce numéro : Bernard Chevassu, Paul Duchein,
Denis Lavaud, Dino Menozzi, Bruno Montpied, Pascal Rigeade,
Gérard Sendrey
Réalisation : Service Communication de la ville de Bègles
Dépôt légal à parution
1ère de couverture : Anna Zemankova - « Ovaire », Pastel sec sur papier, 41 x 29.8 cm, 1967-68
La reproduction des textes et des photos publiés dans cette revue doit faire l’objet d’une autorisation préalable.
EDITO
Ceci n’est pas une révolution. C’est une évolution.
Dans les rêves les plus déraisonnables, elle aura pour effet que, qui que l’on soit, quel que soit son âge, sa condition, on
se rende au musée comme au concert ou au cinéma. Sans prévention, sans autocensure, sans autre frein que celui du
choix à faire dans un programme donné. Le pari est osé tant le poids du conformisme a rejeté le musée hors du champ des
loisirs populaires, qui n’ont pourtant de populaire que l’importance et l’éventail sociologique du public, mais assurément
plus les tarifs : 10€ en moyenne un ticket de cinéma, 15 € une place au théâtre, 30€ un billet de concert ; en comparaison,
il faut compter environ 7€ pour une entré au musée. D’aucuns objecteront qu’une visite au musée est autre car elle pose
une exigence particulière, dont on peut observer dans les faits que le cinéma ou le spectacle vivant en dispense. « Quand
un tableau dit quelque chose, si on ne possède pas l’écrit pour comprendre ce qui est dit dans le tableau et qu’on reste à
la simple jouissance visuelle de
couleurs étalées sur une toile, on est
aussi dans l’ordre de l’imposture. De
ce point de vue, la totale ignorance du
public pour ce qui est dit dans les
tableaux… pour cette longue histoire
spirituelle, religieuse, intellectuelle qui
s’écrit dans le monde des formes est
dramatique » affirme Jean Clair, honorable académicien au CV long comme un jour sans pain. Et bien non ! Ne lui en déplaise,
il faut s’autoriser à appréhender une visite au musée comme un loisir, une parenthèse de détente, une évasion hors du réel,
une simple expérience sensible. Il faut battre en brèche cette idée reçue de la nécessité d’un savoir préalable, portée par
l’institution, relayée par ses affidés, qui reprennent en chœur cette injonction, comme un mantra, stoppant net celles et
ceux prêts à faire le pas. Venir au musée ne saurait être seulement un pensum, mobilisant je ne sais quel prérequis nécessaire
et indispensable pour s’autoriser à en pousser la porte. Mais y venir sans bagage n’est pas non plus une injonction ;
simplement la possibilité donnée au plus grand nombre d’emprunter un autre itinéraire, de prendre une autre entrée.
Le Lab prétend servir cette intention. Il sera lancé en février 2016. Dans la forme, le Lab, ainsi nommé par anticipation du
mouvement à venir vers la Cité numérique, ambitionne de montrer combien la vie quotidienne d’un auteur pénètre son
travail, en quoi celui-ci témoigne d’une histoire personnelle immergée dans un environnement donné, dans un temps donné,
ses mœurs, ses usages, son rythme, et toutes les porosités induites entre le créateur et ce avec quoi, ceux avec qui il fait
société. Il s’agira d’un rendez-vous en trois temps : le temps d’une exposition, qui pourra prendre diverses formes,
thématique, rétrospective, carte blanche… ; le temps du partage sous forme de rencontre, spectacle vivant, projection…
en lien avec l’exposition ; le temps de l’ouverture, parole donnée à un partenaire, économique, social, universitaire, culturel…
Le lab s’emploiera à montrer en quoi et comment l’art brut et ses apparentés entrent en résonnance avec une époque,
avec notre époque, autrement que par la trivialité de la spéculation naissante sur le marché de l’art, mais dans la simplicité
de l’homme du commun à l’ouvrage.
LE LAB
Pascal Rigeade
2
L’ARBRE
Des racines et des rêves
L'arbre a ceci de fascinant qu'il conjugue à lui seul toutes les symboliques, et ce dans toutes les cultures, symboliques qui
se doublent elles-mêmes d'une dimension esthétique que reflète à loisir, et sous les formes les plus diverses, le travail de
ceux qui envisagent de l'apprivoiser ou, du moins, se hasardent à le faire.
Gaston Bachelard comme Mircea Eliade ont mieux que quiconque mis en relief la pluralité sémantique propre à l'arbre, le
premier privilégiant sa poétique, le second sa symbolique. Pour Gaston Bachelard, l'arbre est réceptacle de l'intime : il laisse
entrevoir le "caché", nous donne à l'occasion accès à lui, l'arbre devenant alors "nid" dès qu'un rêveur y trouve refuge.1
Cette même idée d'écoute du sensible, nous la retrouvons chez Jules Supervielle, cité d'ailleurs par Gaston Bachelard,
lorsqu'il évoque ces "habitants délicats des forêts de nous-mêmes". Mircea Eliade, quant à lui, souligne le fait que l'arbre
n'est jamais adoré seulement pour lui-même, mais toujours pour ce qui, à travers lui, se "révèle".2 Cette sacralisation de
l'arbre, qu'il s'agisse de ses racines, de son tronc, de ses branches, sans pour autant se trouver parée d'une dimension
Photographie du parc d’Antoine Schiehle aujourd’hui : les arbres ont pris naturellement le relais des souches.
1 "La Poétique de l'espace", p. 98
2 "Traité d'histoire des religions", pp. 275-276.
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ALEXANDRE BORSETTA
Borsetta
« Le Magicien des perlouzes »
Il se définit lui-même comme étant le « peintre
chiffonnier », ce qui n’est pas faux bien que ce
qualificatif puisse paraître bien évidemment
dévalorisant.
Daniel, Alexandre Borsetta est né en 1956,
originaire d’Italie ou plutôt du Monténégro si l’on
recherche du côté de ses ancêtres. Il vit et travaille
à Montauban.
Très jeune, il se voyait couturier et il réalisait des
robes pour les poupées de ses sœurs. Il a fait une
formation de sténodactylo, mais se passionne très
tôt pour la calligraphie. Bien sûr, la haute couture
le fait rêver mais aussi le théâtre qui, ne voulant pas
de lui, ne répond pas à son attente… Alors, il va
se contenter de petits boulots : vendeur à la
sauvette,
bricoleur
occasionnel,
mais
essentiellement serveur dans les bistrots, les
multiples bistrots d’ici ou là. Profitant des vacances,
avec un modeste pécule, il va bourlinguer un peu
partout, de Toulouse à Paris, en Italie, avec une
priorité pour Venise, au Portugal ou encore
ailleurs…
Vers 1995, il se passionne pour la musique plus
particulièrement indienne et spécialement celle de
Alexandre Borsetta et l’une de ses œuvres.
10
ALEXANDRE BORSETTA
Perles et boutons cousus sur tissu.
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FRANCIS DAVID
Francis David et
les “Bricoleurs de l’imaginaire”
Denis Lavaud : En 1984, votre
livre Guide de l’art insolite
Nord/Pas-de-Calais, Picardie
était publié et vous exposiez
aussi vos photos des
Bricoleurs de l’imaginaire
des Pays de Loire au musée
de Laval. Quand et comment
avez-vous été amené à vous
intéresser aux créations de ces
gens ordinaires en marge du
monde de l’art ?
Francis David : Dans le courant
des années 1970, je vivais en
Eure-et-Loir
et
passais
régulièrement devant un jardin aux
Achille Grimonpont, Halluin (59), 1984
sculptures blanches en ciment qui
semblaient représenter des scènes
de crime, mais à ce moment-là je n’ai pas fait de photos. Lorsque j’y suis retourné il n’y avait plus rien et la famille m’a dit
qu’elle avait tout détruit : « C’était une honte on ne pouvait pas garder ça ». Plus tard j’ai vu une ou deux photos de ce jardin
dans le livre de Jacques Verroust.
Un peu plus loin, sur la même route, il y avait une construction ressemblant plus ou moins à une église. C’était un endroit
étrange qui avait été bâti par un ermite. Selon des témoignages, l’homme vivotait de petits travaux. Dès qu’il avait un peu
d’argent il achetait du ciment et édifiait, marche après marche, une sorte de tour que l’on gravissait par un escalier. Là, j’ai
pris des photos.
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Le sommaire de chaque numéro peut-être consulté en ligne sur le site : www.musee-creationfranche.com
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1 an = 2 numéros, 15 € offert : 1 ancien N° de Création Franche (1)
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Pour l’international 32 € pour 1 an
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Abonnement de soutien 40 €
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A l’unité, N° : .................................................................................
A retourner avec votre règlement par chèque libellé à l’ordre du « F.C.A.B.I. »
à l’adresse suivante : Musée de la Création Franche - 58 av. du Maréchal de Lattre de Tassigny - 33130 Bègles
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