Vallée de la Dordogne : une expérience de décloisonnement
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Vallée de la Dordogne : une expérience de décloisonnement
▲ offices de tourisme N° 2350 – 23 mars 2016 Vallée de la Dordogne : une expérience de décloisonnement Le nouvel office de tourisme Vallée de la Dordogne fédère un territoire touristique situé sur deux départements et deux régions. Conçu comme un outil de développement, il s’appuie sur une gouvernance atypique et une stratégie soutenue par un contrat de destination. Entretien exclusif avec Yves Buisson, directeur général de l’office de tourisme. GOT : Quelle est la destination Vallée de la Dordogne ? Yves Buisson : Depuis le 1er janvier 2016, le nouvel office de tourisme Vallée de la Dordogne a pour territoire de compétence une destination touristique située sur deux départements (Lot et Corrèze), deux régions (Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées, Aquitaine/ Limousin/Poitou-Charentes) et 148 communes sur 9 communautés de communes (population DGF : 80 000 habitants). Du sudouest (Souillac) au nord-est (Saint-Privat), les points extrêmes du territoire sont situés à deux heures de route. Avec 80 sites d’activités de loisirs ou de visites dont 3 dépassant les 100 000 visiteurs annuels et 10 dépassant les 30 000 visiteurs, notre destination est l’espace de loisirs de l’agglomération de Brive. GOT : Quelle est la gouvernance du nouvel office ? Y. B. : Suite à l’étude menée en 2012 sur la création d’un office de tourisme de la Vallée de la Dordogne corrézienne, les cinq offices de tourisme communautaires corréziens (tous sous statut associatif) travaillaient ensemble depuis deux ans. Ils se sont rapprochés de nous. La gouvernance de l’office Vallée de la Dordogne en EPIC est assurée par le Syndicat mixte Pays Vallée de la Dordogne et le Syndicat mixte Vallée de la Dordogne Corrézienne. Le comité de direction compte 27 élus (15 élus lotois, 12 élus corréziens) et 20 représentants des socioprofessionnels (10 prestataires lotois, 2 10 prestataires corréziens). La quasi-parité dans le collège des élus exprime la volonté des deux territoires de se fédérer. Le président de l’office est lotois et le vice-président corrézien. Les socioprofessionnels ont été élus par leurs pairs à l’automne 2015 et désignés par les deux collectivités de tutelle. GOT : Comment avez-vous réorganisé l’office ? Y. B. : Pendant un an, à travers un comité de coordination (communautés de communes et présidents des offices associatifs corréziens, syndicat de tutelle et comité de direction de notre EPIC), les six offices de tourisme ont travaillé à la structuration du territoire. Après chaque réunion, la newsletter Info-fusion était adressée à l’ensemble des prestataires répertoriés sur les deux bases de données lotoise et corrézienne. L’office a été restructuré en cinq pôles, avec l’appui d’un cabinet spécialisé en ressources humaines, en intégrant les anciens responsables des offices corréziens à des postes clés. Le pôle conseil assure l’accueil, la gestion de la base de données et la démarche qualité. Le pôle marketing regroupe promotion, communication et commercialisation. Le pôle ingénierie territoriale optimise les financements des actions et accompagne les projets du territoire du nouvel office situé sur deux départements, deux régions et deux GAL (groupe d’action locale gérant les crédits Leader). Une personne de notre ancien office s’est spécialisée sur ce thème. Le pôle relations avec les acteurs locaux du tourisme doit permettre de conserver la proximité avec les mille prestataires sur un territoire qui a doublé. Sa responsable a créé une équipe de référents sur six filières qui seront les interlocuteurs dédiés des socioprofessionnels. Chaque filière disposera d’une newsletter mensuelle et d’un groupe fermé sur Facebook. Gérer le potentiel de compétences L’office a créé un pôle ressources humaines. La personne qui gérait les finances et les ressources humaines de l’ancien office prépare un master de DRH de manière à piloter l’équipe de trente-cinq personnes et à mettre en œuvre le plan de professionnalisation pour s’adapter aux nouveaux métiers indispensables à notre visibilité (création de contenus, accueils presse, relations avec les blogueurs…) et le plan de formation. GOT : Comment travaillez-vous ? Y. B. : L’équipe de 35 permanents à l’année et 18 saisonniers (la plupart dès Pâques) est répartie sur 9 bureaux en hiver et 16 en été. Elle se retrouve dans un éductour mensuel, alternativement en Corrèze et dans le Lot, organisé par le bureau d’information le plus proche du lieu de visite. À terme, il faudra restructurer le réseau des bureaux d’information afin d’optimiser le coût contact La Gazette Officielle du Tourisme et de concentrer les moyens humains sur les actions destinées à attirer la clientèle et à dynamiser l’économie touristique. L’objectif est de réobtenir le classement en catégorie I en fin de premier semestre (l’office garde le bénéfice de la marque Qualité TourismeTM dont toute l’équipe utilise les outils et un audit blanc sera réalisé pendant l’été 2016). Côté Lot, cinq stations classées sont en cours de renouvellement fin 2016. GOT : Quel est le processus à effectuer sur le Web ? Y. B. : L’unification des bases de données des six offices est un chantier complexe. Le SIT départemental du Lot était partagé avec tous les offices de tourisme (125 prestataires intervenaient sur la base dans le Lot et 15 personnes à l’office de tourisme). En Corrèze, le LEI n’était partagé que par 80 prestataires à l’échelle d’une région. L’outil lotois a donc été conservé. Depuis novembre 2015, les offices travaillent à l’exportation de données brutes vers notre base et à de la double saisie sur certaines activités, avec une équipe de trois Corréziens et trois Lotois organisée en binômes. Il faut qualifier cette offre par rubriques affinitaires. Le futur site Internet doit capitaliser sur les six sites actuels en intégrant leurs contenus générateurs de trafic. Un autre chantier important consiste à taguer l’offre corrézienne située dans un rayon de plus ou moins 15 minutes de chaque point d’intérêt. Il faut également déployer vers l’offre corrézienne la place de marché de l’office lancée en août 2015. Un territoire qui s’affirme GOT : Une première édition interdépartementale a été réalisée… Y. B. : Avec les ADT du Lot et de la Corrèze, l’office de tourisme a réalisé une carte touristique prenant en compte, dans ses deux versions départementales, l’intégralité de la vallée de la Dordogne. Cette mutualisation a permis de supprimer la carte éditée par l’office et son territoire sera visible dans les deux départements. Le fonds de plan et les pictogrammes sont communs et l’agence également. Sur les 150 000 exemplaires édités par le Lot, 100 000 sont financés par l’office de tourisme Vallée de la Dordogne. GOT : Quelle est la stratégie de destination ? Y. B. : L’office de tourisme a pris le seul nom pertinent commercialement, ce qui ne fait pas obstacle à la démarche contrat de destination. L’office travaille prioritairement sa clientèle nationale. La promotion à l’international est assurée en lien avec l’ADT du Lot ainsi qu’avec le CRT sur les deux Repères •B udget de l’office : 2 M€ (dotation de service public versée par les 2 syndicats mixtes : 10,50 € collectés par habitant DGF dont 8,80 € reversés à l’office, le reste étant consacré à l’investissement touristique ; taxe de séjour : 650 000 € à 700 000 € en 2016 ; partenariats : environ 200 000 €, 800 partenaires hors commerçants). • Lits marchands : Lot : 21 500, Corrèze : 10 500. Les lits marchands représentent un tiers de l’offre du territoire. 1,3 million de nuitées marchandes sur le territoire dont 1 million sur le Lot. Durée moyenne de séjour sur le territoire : 4,5 jours. •F rançais : 70 % (Midi-Pyrénées, Bretagne/Pays de la Loire, Paris, Nord - Pas-de-Calais). Clientèles étrangères : 30 % (Néerlandais, Benelux, Grande-Bretagne, Espagne, Allemagne). • Rocamadour : 1,5 million de visiteurs par an, Collonges-la-Rouge : 700 000, gouffre de Padirac : 470 000 entrées payantes en 2015. La Gazette Officielle du Tourisme Grands Sites Midi-Pyrénées Vallée de la Dordogne et Rocamadour. Le travail de conquête et de renforcement de nouveaux marchés à l’international s’effectue à travers le contrat de destination Vallée de la Dordogne et l’ensemble de ses partenaires. En 2011, nous avons lancé la marque de destination « Office de tourisme Vallée de la Dordogne ». En 2014, nous avons créé le visuel pivot « Vous êtes bien en Vallée de la Dordogne » et nous avons partagé cette marque ombrelle avec les prestataires en tant que soutien à leur communication. L’objectif est d’élargir le partage de la marque auprès des prestataires et des collectivités locales. GOT : Quels sont les bénéfices de la fusion ? Y. B. : Elle a suscité une nouvelle stratégie et une nouvelle dynamique. L’objectif de base était de faire évoluer les métiers et le personnel. L’office a trois ANT, un reporter de territoire, un chargé d’observation touristique, plusieurs personnes sont en cours de qualification sur la production de contenus et leur intégration à nos sites web. Le responsable digital va accompagner la stratégie web des socioprofessionnels. Progressivement, j’évolue vers un rôle de manager, en déléguant sur des métiers comme le marketing, l’accueil, le Web. La fusion permet de gagner en crédibilité auprès des socioprofessionnels grâce à la spécialisation des personnes sur une tâche. L’office est perçu par les entreprises locales comme un acteur contribuant à l’attractivité d’une zone rurale faiblement peuplée. ■ Office de tourisme Vallée de la Dordogne Tél. : 05 65 33 22 00 www.vallee-dordogne.com 3 ▲ offices de tourisme N° 2350 – 23 mars 2016