Proposition de sujet de thèse 2016

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Proposition de sujet de thèse 2016
Proposition de sujet de thèse 2016
Titre du sujet proposé : Modélisation 3D-BIM de l’environnement et simulation
numérique : Constructibilité et application à l’étalement urbain
Laboratoire d’accueil :
IRC-ESTP, 28 avenue du Président Wilson - 94234
Cachan Cedex
Direction scientifique :
Omar DOUKARI, Enseignant-Chercheur à l’IRCESTP ([email protected], 01 78 12 30 13)
Rani El Meouche, Enseignant-Chercheur à l’IRCESTP ([email protected], 01 49 08 07
96)
Allocation de recherche :
Type : Bourse Fondation ESTP
Date de début : Septembre 2016
Mots clefs :
BIM,
SIG,
simulation
modélisation 3D
Profil du candidat :
Scientifique : Master Recherche / Ingénieur en
Informatique, Math. Appliquées ou Génie Civil
Connaissance spécifiques :
Solides compétences en programmation : la
maîtrise d’un langage de programmation (C, C++,
Java ou Python) est indispensable
Maitrise des outils de modélisation 3D très
appréciée: Unity 3D, Blinder, SketchUp, ou
JMonkeyEngine
environnementale,
Contexte et objectifs :
Au cours de ces dernières années, les administrations publiques, les villes et les entreprises ont montré
un grand intérêt dans la construction de modèles virtuels de villes en 3D, et ce pour différents usages :
la communication, la gestion des patrimoines urbains, les projets d’urbanismes, d’implantation ou de
simulations (bruit, pollution, changement climatique, inondation, étalement urbain,…), etc. [1, 2].
L’urbanisation et plus particulièrement l’étalement urbain induit des changements souvent
irréversibles. Elle impacte la biodiversité, les écosystèmes et le climat urbain, transforme les paysages,
dégrade les espaces agricoles et naturels qui se réduisent inexorablement [3, 4, 5, 6]. Le suivi et la
maîtrise de l'artificialisation des territoires représentent ainsi un enjeu important pour les collectivités
territoriales qui se trouvent confrontées aux objectifs transversaux du développement durable et à une
demande sociétale pressante en matière d’environnement.
Geographic Information System (GIS)
Building Information Model (BIM)
+
Figure 1 : Couplage GIS & BIM
La modélisation de la ville est à l’intersection de deux domaines : (i) celui de l’architecte qui modélise
un nouveau projet de bâtiment ou d’infrastructure, pour l’insérer dans un site et le construire, et
d’autre part (ii) la personne chargée de modéliser tous les éléments d’un site urbain, y compris les
bâtiments [7]. D’un côté, le monde du BIM (Building Information Modeling) voit les SIG (Système
d’Information Géographique) comme un moyen de concevoir et d’intégrer les données du BIM dans
un environnement spatial, et de l’autre côté, le BIM est considéré comme une source de données
primordiale pour la construction des environnements par les utilisateurs de SIG [8]. A notre
connaissance, il n’existe malheureusement pas, à l’heure actuelle, de normes ni d’outils permettant de
modéliser à la fois les espaces extérieur et intérieur d’un environnement urbain complet en 3D, tout en
gardant la possibilité d’avoir des maquettes numériques sémantiquement riches.
De nombreuses études faisant appel à diverses approches de modélisation et d’outils de simulation
plus ou moins complexes ont été réalisées dans le domaine de l’étalement urbain [8, 9, 10, 11, 12, 13,
14, 15, 16]. Ainsi, une multitude de modèles, présentant des caractéristiques communes ou
spécifiques, a été développée pour reconstruire spatialement les changements d’occupation et d’usage
des sols, en l’occurrence ceux résultant de l’expansion urbaine. Globalement, on peut distinguer deux
grandes familles de modèles d’expansion urbaine : les modèles économiques basés sur l’interaction
usage du sol-transport et les modèles spatiaux, plus précisément les modèles de changements
d’occupation et d’usage des sols. Une autre classification permet de distinguer deux types de modèles
de simulation : process-based versus pattern-based modèles [17]. Parmi les plus connus, on peut citer:
SLEUTH [18], UrbanSim [19], LCM [20, 21], DINAMICA [22], CLUE [23], GEOMOD [24],
MOLAND [25], CURBA [26].
Malgré le degré de maturité de ces recherches qui ont permis d’améliorer considérablement la capacité
prédictive des modèles au cours des dernières décennies, la place de la modélisation dans le processus
de planification et de prise de décision n’en est qu’à ses débuts en raison de plusieurs limites [27].
Parmi tous les modèles dynamiques et spatialement explicites [28], ceux basés sur les automates
cellulaires sont les plus répandus pour leurs applications en milieu urbain [29, 30]. Ceci s’explique
notamment par le caractère spatialement explicite et dynamique des automates cellulaires, et par
l’intégration aisée des classifications issues des données de télédétection dans ces modèles. C’est le
cas du modèle SLEUTH dédié à la simulation dynamique de l’expansion urbaine [29, 31].
Figure 2 : Fonctionnement de SLEUTH 2D
Parmi les points forts de SLEUTH, on peut citer sa capacité à simuler quatre grandes formes
d’expansion urbaine : en continuité de l'urbain existant, par création de nouveaux centres ou foyers
urbains, par diffusion et le long des axes routiers. Cependant, son fonctionnement reste basé sur une
représentation en 2D et une simple répartition binaire de l’espace en deux classes : tache urbaine et
zones non urbanisées. De plus, SLEUTH étant actuellement un des modèles les plus complets
existants, il semble pertinent d’adapter tout particulièrement celui-ci en 3D afin d’affiner encore plus
la simulation de l’expansion urbaine, tout en facilitant le couplage du modèle avec d’autres outils de
simulation, ce qui permettrait des estimations encore plus complètes, en prenant en compte l’îlot de
chaleur urbain, le trafic, la pollution et les besoins énergétiques des bâtiments.
En ayant pris connaissance de ces points, plusieurs étapes se révèlent nécessaires pour aborder au
mieux la modélisation 3D-BIM de l’étalement urbain :
1- Adaptation du modèle SLEUTH 2D pour être facilement utilisé dans une modélisation
incrémentale, et couplé dans un système modulaire.
2- Parcellisation et développement de nouvelles routes : Faire de SLEUTH 2D un modèle 3D réaliste
nécessite le passage d’une tache urbaine homogène à des lotissements et des rues. Pour cela, on
pourrait s’inspirer des travaux réalisés dans [32].
3- Modélisation 3D de l’étalement urbain : Pour ce faire, nous pourrions nous baser sur les nouvelles
technologies utilisées dans le domaine des jeux vidéo (Unity 3D, JMonkeyEngine, etc.) ; des outils
permettant déjà de modéliser et simuler des environnements urbains et comportant donc des
fonctionnalités géométriques et physiques utiles pour ce genre d’application.
4- Développement d’un modèle paramétrique pour la modélisation des bâtiments et l’aménagement
des villes : Cela nécessite l’identification des facteurs régissant l’aménagement des villes et permettant
ainsi de choisir entre plusieurs types de bâtiments : maison détachée, maison en continu, bâtiment
détaché, bâtiment en continu, gratte-ciel, centre ancien, bâtiment industriel, etc. [33].
5- Raffinement du modèle paramétrique en y intégrant des données sur les matériaux des bâtiments,
leur résistance ou leur dégradation au cours du temps par exemple, ou même tout autre facteur
susceptible de modifier la ville ou d’apporter des indices afin de parer à d’éventuelles catastrophes. En
bref, améliorer le modèle SLEUTH 3D en un modèle SLEUTH 3D-BIM.
6- Couplage du modèle SLEUTH 3D-BIM avec d’autres outils de simulation en vue de l’estimation de
l’îlot de chaleur urbain, le trafic, la pollution et les besoins énergétiques des bâtiments.
Les résultats escomptés de cette thèse devraient faciliter, sans perte d’information sémantique,
l’intégration de l’ouvrage (bâtiment ou infrastructure) dans son environnement en vue de pouvoir
effectuer des simulations (pollution de l’air, inondation, étalement urbain, consommation énergétique,
évaluation environnementale,...) plus pertinentes, et intégrer l’ensemble des résultats (résultats de
simulation, plans de secours,...) dans la maquette numérique pour constituer un outil de représentation
3D, de mise en relation et d’aide à la décision à destination des scientifiques et des autorités en charge
de la prévention des risques par l’aménagement urbain et la gestion de crise.
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