Les quatre saisons du citronnier

Les quatre saisons du citronnier
Souad Benkirane
Au Maroc, au début du XXème siècle, des fillettes sont razziées pour être
vendues ; elles deviennent esclaves, concubines ou épouses, et n’ont pas d’autre
choix que d’accepter cette vie imposée.
Souad Benkirane raconte avec pudeur et douceur l’histoire de sa Grand-mère,
arrachée une nuit à sa famille par des hommes armés.
Nous suivons Morjane dans les saisons de sa vie contrainte et ne pouvons
qu’admirer sa force tranquille et cette philosophie fataliste qui la fera résister à
tout. Jusqu’au jour où elle tentera de retrouver son identité volée grâce à un acte
de naissance.
Ce jour là, elle rencontrera une femme qui a vécu dans la même maison qu’elle,
soixante ans plus tôt, à Fès. Elles ont toutes deux partagé le lit d’un même
homme et ne pensaient pas se revoir un jour. Cette rencontre inattendue va faire
s’écouler le flot des souvenirs : l’arrachement à la famille, les amitiés et les
haines, le temps qui passe, la vie qui s’étire.
Souad Benkirane nous fait pénétrer dans des lieux habituellement fermés à tout
étranger, dressant pour nous un portrait de femme émouvant et attachant. Une
femme qui a conservé jusqu’au bout l’espoir de revoir les siens tout en acceptant
sa vie avec fatalisme et philosophie.
Construit avec des aller-retour temporels, ce premier roman connaît sans doute
quelques longueurs que le lecteur effacera, pris par la force émotionnelle et la
douceur d’un récit qui raconte, à une époque pas si lointaine, des usages violents
qui ont bouleversé de nombreuses vies de femmes.
C’est un livre attachant qui dévoile des vies insoupçonnées à nos yeux de
femmes nées de ce côté-ci de la Méditerranée qui n’avaient, pour la plupart,
jamais entendu parler de cette violence faites à des petites filles.