sujet de dissertation sur les politiques conjoncturelles
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sujet de dissertation sur les politiques conjoncturelles
Première ES n° 8 Devoir SES Mai 2014 Dissertation Il est demandé au candidat : - de répondre à la question posée par le sujet ; - de construire une argumentation à partir d'une problématique qu'il devra élaborer ; - de mobiliser des connaissances et des informations pertinentes pour traiter le sujet, notamment celles figurant dans le dossier ; - de rédiger en utilisant le vocabulaire économique et social spécifique et approprié à la question, en organisant le développement sous la forme d'un plan cohérent qui ménage l'équilibre des parties. Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l'expression et du soin apporté à la présentation. Sujet : comment la crise des subprimes a-t-elle influencé les politiques conjoncturelles ? Document 1 Principaux indicateurs de conjoncture Taux de croissance du PIB (%) Etats-Unis Zone euro Inflation (%) Etats-Unis Zone euro Taux de chômage (% de la population active) Etats-Unis Zone euro Dette publique (% du PIB) Etats-Unis Zone euro Déficit public (% du PIB) Etats-Unis Zone euro 2007 2008 2009 2010 20111 1,9 30 - 0,3 0,4 - 3,5 - 4,3 3,0 1,8 1,5 1,6 2,9 2,1 3,8 3,3 - 0,3 0,3 1,6 1,6 3,0 2,5 4,6 7,6 5,8 7,7 9,3 9,6 9,6 10,1 9,1 9,9 62,3 66,4 71,6 70,1 95,2 79,7 94,4 85,8 100,0 88,6 - 2,9 - 0,7 - 6,3 - 2,1 - 11,3 - 6,3 - 10,6 - 6,0 - 10,1 - 4,2 1. Prévisions en septembre 2011. Depuis septembre 2011, les prévisions de croissance dans la zone euro ont été revues à la baisse. Sources : FMI et OCDE. Document 2 : Les politiques de stabilisation budgétaire et le dilemme déficit/dette La crise économique qui frappe durement l’ensemble du monde a conduit, dans tous les grands pays, à la mise en place de plans massifs de sauvetage du système financier et de plans de relance de taille importante afin de limiter l'ampleur de la récession. Si ces politiques de soutien du système économique et financier ont été le seul rempart à la crise systémique qui menaçait l’économie mondiale, elles ont néanmoins un coût. À l’impact des politiques budgétaires discrétionnaires1 s’ajoute le coût conjoncturel pour les finances publiques des stabilisateurs automatiques2 (…) qui permettent aux économies d’amortir le choc récessif. Sous ces effets cumulés, les déficits et dettes publics dans tous les pays augmentent très fortement. La reprise spontanée de la croissance et la fin progressive des plans de relance ne seront pas suffisants à court terme pour revenir à la situation budgétaire d’avant crise. Face à cette dégradation brutale des finances publiques et à des économies en convalescence à la croissance encore très incertaine, les gouvernements sont confrontés au dilemme chômage-dette. Source : S. Le Bayon, C. Mathieu, P. Monperrus-Veroni, M. Plane, C. Rifflart et D. Schweisguth, Europe, États-Unis, Japon : quelles politiques budgétaires de sortie de crise?, revue de l’OFCE janvier 2010 1. Impulsées par l’Etat 2. Variations des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques, induites par les variations de l’activité économique, et agissant en retour sur celle-ci de manière contra-cyclique. Document 3 Plans de relance et plans d’austérité en Grande-Bretagne et en France * Les plans de relance en 2008 Grande-Bretagne : Allègements fiscaux pour 15 ou 16 milliards de livres (18 à 19,2 milliards d’euros), avec une baisse de 2,5 points de la TVA, qui passe ainsi de 17,5 % à 15 %. Extension d’un abattement fiscal de 120 livres par an consenti aux contribuables les plus modestes, report du projet d’augmenter le taux de l’impôt sur les plus petites sociétés. France : Plan de soutien de 22 milliards d’euros pour aider au financement des PME, et exonération totale de la taxe professionnelle jusqu’au 1er janvier 2010 pour les nouveaux investissements des entreprises en France (coût : un milliard d’euros par an). Création d’un fonds souverain national (« Fonds stratégique d’investissement ») de 20 milliards d’euros, destiné à soutenir l’industrie du pays dans la crise et à défendre les secteurs stratégiques contre tout « prédateur » étranger. D’après L’Express, 24/11/2008. * Les plans d’austérité en 2010 Pays Grande-Bretagne : 64 milliards de livres en moins de cinq ans Dépenses Coupes dans les dépenses des ministères, baisse de 5 % des salaires des ministres, réduction des effectifs dans la fonction publique, augmentation de l’âge de la retraite, durcissement de l’accès aux allocations chômage, suppression de la prime à la naissance de chaque enfant, suppression d’aides à des organismes parapublics. France : 100 Gel des dépenses de l’Etat, non milliards d’euros remplacement d’un fonctionnaire sur en trois ans deux. Recettes Hausse de certaines taxes (TVA, taxes sur les plus-values de capitaux), hausse des cotisations employeurs, réforme de l’impôt sur le revenu, création d’une taxe bancaire. Coupes dans les niches fiscales et sociales1, création d’une taxe bancaire. 1. Exonérations fiscales et sociales dans certaines situations. D’après N. Couderc, « Des subprimes à la crise mondiale », Les Politiques économiques à l’épreuve de la crise, Les Cahiers français, n° 359, La Documentation française, novembre-décembre 2010. Document 4 : La relance de 2008-2009 suite à la crise des subprimes C'est vraiment trop injuste : le pays (les Etats-Unis) des subprimes, de tous les excès d'endettement et de toutes les dérives de la déréglementation, le pays de Lehman Brothers, de Freddie Mac et de Fannie Mae, de Bernard Madoff, d'AIG et de General Motors, devrait connaître une récession moins sévère que le Vieux Continent (l'Europe), réputé plus vertueux et plus sage. [...] Il n'y pas vraiment de mystère. Si l'économie américaine sort, comme c'est très probable, plus rapidement du trou noir que l'Europe, ce n'est pas parce qu'elle y est entrée légèrement plus tôt. C'est que la riposte économique y a été incomparablement plus massive et vigoureuse. La Réserve fédérale américaine, la Fed, a abaissé ses taux directeurs à toute allure, jusqu'à zéro pour cent, pendant que la BCE réduisait les siens au petit trot (les taux directeurs de la BCE sont depuis restés très faibles). Sur le plan budgétaire, le montant cumulé des mesures de soutien décidées aux EtatsUnis représente, selon les économistes de Natixis, 23,8 points de PIB pour les années 2008, 2009 et 2010. En Allemagne, première puissance économique de la zone euro, elles se montent à 8,8 points de PIB, en France à 7,8 points, comme en Italie. Cette timidité européenne est d'abord « idéologique ». L'Allemagne, traumatisée par le coût de la réunification et obsédée par l'assainissement de ses finances publiques, a tout fait pour empêcher une relance à tout-va sur le Vieux Continent. Berlin a même réussi à en convaincre l'Elysée, pourtant plutôt bien disposé a priori à l'égard des théories keynésiennes. [...] Les Américains, dans le même temps, se sont montrés beaucoup moins idéologues, oubliant leurs idéaux libéraux et non interventionnistes. Dépensant sans compter pour leurs banques, faisant acheter des emprunts d'Etat par la Réserve fédérale ou nationalisant General Motors. Source : Pierre-Antoine Delhommais, Le Monde, 07.06.09 Dissertation Compétence Introduire Mettre en œuvre une réponse organisée et acceptable pour répondre à la question posée par le sujet Utiliser de façon pertinente les termes du sujet pour répondre à la question posée par le sujet Mettre en œuvre des séquences argumentatives pour répondre à la question posée par le sujet Mobiliser des connaissances du programme pour répondre à la question posée par le sujet Mobiliser des informations des documents pour répondre à la question posée par le sujet Conclure Indicateurs + Amorce du sujet, centrage du sujet (définition des termes, cadre spatio-temporel, enjeux, problématique), annonce du plan Compréhension du sujet (pas de hors-sujet), existence d’un plan structuré (parties, sous-parties) répondant à la question posée par le sujet Maîtrise des différents aspects des termes du sujet (politique conjoncturelle, relance/rigueur, budgétaire/monétaire) Présence explicite d’une idée par séquence, d’argument(s) pour la défendre, d’illustration(s) : méthode AEI Présence dans l’argumentation de notions, mécanismes, références théoriques (rigueur, relance, politique budgétaire / monétaire, multiplicateur, déficit public, dette publique, Keynes, libéraux, critères de Maastricht…) Sélection et mise en œuvre des informations issues du texte, compréhension et exploitation des données chiffrées, calculs, comparaisons, tendances, périodisations… Reprise des principaux arguments, réponse à la question posée, ouverture = - TOTAL Barème /3 /2 /1 /4 /5 /4 /1 / 20 Analyse du sujet : il s’agit de s’interroger sur les politiques conjoncturelles (budgétaires et monétaires) menées par les pays développés depuis 2008, c’est-à-dire depuis la crise des subprimes et de se demander si ces politiques ont été efficaces. Plan détaillé Introduction : - entrée en matière / contextualisation : les résultats aux élections européennes mettent en avant une crise politique en Europe faisant suite à une crise économique sans précédent - définition termes clés : politiques conjoncturelles - cadre spatio-temporel : pays développés depuis 2008 - problématique : les politiques économiques mises en place après la crise des subprimes ont-elles été efficaces ? - annonce du plan : I. De la relance… / II. … à la rigueur I. Les politiques de relance mises en place en 2008-2009 ont permis de limiter les conséquences de la crise… A. La crise financière des subprimes s’est traduite par une crise économique mondiale… 1. La crise des subprimes est née aux Etats-Unis… (doc. 4) 2. … et s’est propagée à travers le monde. (doc. 1) B. … ce qui a incité les pays occidentaux à mettre en œuvre des politiques de relance en 2008-2009… 1. Des mesures budgétaires ont été prises dans les principaux pays occidentaux… (doc. 3 et 4) 2. … mais aussi des mesures monétaires mais d’ampleur différente selon les pays (doc. 4) C. … qui ont permis de limiter les conséquences négatives de la crise. 1. En 2010, la croissance repart mais aussi l’inflation… (doc. 1) 2. … cependant le chômage reste à un niveau élevé. (doc. 1) II. … mais la dérive des finances publiques a nécessité la mise en œuvre de politiques d’austérité qui risquent d’accentuer la récession. A. La reprise insuffisante a provoqué une hausse des déficits publics et une explosion de la dette publique… 1. Sous l’effet de la relance et d’une reprise insuffisante, les comptes publics se sont détériorés… (doc. 1 et 2) 2. … conduisant à une hausse de l’endettement public. (doc. 1 et 2) B. … ce qui a nécessité la mise en place de politiques de rigueur… 1. Des plans d’austérité budgétaires ont été mis en place… (doc. 3) 2. … et les marges de manœuvre de la politique monétaire ont fortement diminué. C. … qui risquent d’accentuer la récession et de dégrader un peu plus les finances publiques. 1. La plupart des pays occidentaux ne sont pas encore sortis de la crise… (doc. 1) 2. … et sont contraints par des règles strictes. (ex. : les critères de Maastricht en Europe) Conclusion : - bilan-réponse : les politiques conjoncturelles, qu’elles soient de relance ou d’austérité, n’ont pas eu les effets escomptés. Une nouvelle crise financière est possible. - ouverture : l’absence de politique concertée en Europe met en avant la nécessité d’un véritable budget à l’échelle européenne à l’instar de ce qui existe dans les Etats fédéraux comme les Etats-Unis.