camille abbé A4.indd - Art contemporain en Languedoc

Transcription

camille abbé A4.indd - Art contemporain en Languedoc
1985
Camille Abbé Sonnet
Exposition du 14 avril 2013 au 3 novembre 2013
featuring
Apee, Julien Borel, Maxime Boutin, Jean-Baptiste.
Pour cette première exposition personnelle, Camille Abbé Sonnet nous entraine dans ses
interrogations, ses doutes, ses fantasmes pour, qu’à notre tour, nous nous interrogions
sur la pertinence de son travail, le monde de l’art ou tout simplement le nôtre.
Dans une époque qui célèbre n’importe quelle dernière star, et d’un autre côté déifie
celles qui ont disparu, dans ce monde contradictoire à plus d’un titre, comment trouver sa
place?
Abbé a choisi de nous montrer la sienne. Une place faite d’un vieux socle, mais qui soutient quelque chose de son époque, la nôtre. Dans sa façon de faire, il y a comme un «
je comprends et je respecte ce qui me précède, mais déranger ne me fait pas peur... »,
sûrement sa facette de graffeur, ou celle de pirate.
C’est souvent par l’humour, l’ironie ou bien l’impertinence qu’Abbé affirme ses convictions
et dégage du sens. Mais bien qu’il critique, il connaît tout de même sa place, on ne mord
pas la main qui nourrit mais on peut jouer avec...
Formé a l’école des Beaux Arts de Montpellier, Abbé a une solide connaissance de l’histoire de l’art du siècle écoulé. A ce socle académique, il ajoute d’autres références, le rap,
une longue fréquentation de l’univers des mangas ( BD japonaises que nous lisons «de la
dernière à la première page.»), vingt ans de pratique du dessin, et une solide expérience
de graffeur, il graffe depuis douze ans en France et à l’étranger.
Schrödinger’s cat Bois, Crayon sur papier. 2011/2013
Schrödinger’s cat est composé d’une caisse contenant une œuvre et d’un dessin A3,
encadré et accroché au mur au dessus de la caisse, représentant l’œuvre qui est dans la
caisse et sa description conceptuelle.
Dans le même esprit, trois boites différentes nous «présentent» trois pièces, œuvres de
Nicolas Lebrun (génome bassline project), de Sébastien Duranté, et enfin une collaboration de Maxime Boutin, Edouard Lecuyer et Julien Borrel (gé∞de).
«J’interroge ici le moment d’existence réel de mon travail, voir d’un travail en général, le
faire et le non faire. Comme dans l’expérience du chat de Schrödinger, l’œuvre est-elle
dans la boite? ou n’y est-elle pas? “
Shizaryuk Résine, acrylique, 2013
La sculpture représente un singe debout, légèrement accroupi d’une hauteur de 1,60m,
posée sur le sol de la salle. Cette statue est une plaie. Shizaru est le 4ème des « 3
singes de la sagesse ». On le nomme « celui qui ne fait pas de mal » ou « celui qui ne
connaît/sait pas le mal ». Ryuk est un shinigami, dieu de la mort, issu d’un manga japonais. Lorsque la statue est présentée, la quasi-totalité des pièces présentes dans la salle
sont vandalisées à la peinture jaune. Et la peinture sur les doigts du singe nous indique
qu’il est le vandale..
“Il s’agit ici de déléguer le choix de la détérioration au commissaire, directeur du musée,
galeriste qui décide de montrer cette pièce. La volonté de graffeur est mise en avant et
repose la question de la justification de la destruction dans un but de création.”
Conjugaison Huile sur toile, 2013
Cette série de peinture, représente des bâtiments dans un style un peu croquis
documentaire. Le style, l’époque des bâtiments, leur état de délabrement les
différencient mais ils sont reliés par l’abandon de leur fonction première.
Chaque toile contient la représentation d’une pièce d’un artiste différent. Cette série
questionne l’égalité de regards et de jugements sur des lieux, des époques, des
pratiques. “Qu’il s’agisse d’une usine, d’un bunker ou bien d’un château du 13ème
siècle, d’artistes contemporains ou bien de graffeurs, ne devrions nous pas les aborder
avec le même intérêt, avec le même respect? “
Avec la collaboration de Apee, Jean-Baptiste Durand, Pablo Garcia et Kopsky.
Street credibility/Art credibility
Huile sur toile, 2012
C’est un autoportrait de l’artiste en train de se tatouer. Les tatouages représentent des
œuvres d’artistes importants pour lui.
“Mon statut de nouvel arrivant, dans un monde de l’art qui a déjà tant de représentants,
n’impressionne personne, pas même moi. Comment se détacher de tous ceux qui occupent la place ? Comment m’affirmer moi-même quand je dois me référer à tant de
monde ? Pour être crédible un diplôme ne suffit pas, il faut digérer ses prédécesseurs,
les avoir compris et assimilés. Et, je dois me définir aussi face à mon autre domaine de
création, le graffiti dont, la structure sociale est complexe, et demande d’autres
références que celles de l’art contemporain. La street credibility est essentielle dans la
culture Hip-hop. La street credibility fait office de diplôme dans la rue, sans elle pas de
reconnaissance, le tatouage en fait partie.”
Sculpture on the road, Monochrome
Peinture chromée aérosol, photos contrecollées sur aluminium, 2013
La série de photos présente des objets peints en chrome.
Les objets, des supports de prédilection des graffeurs (poubelle, maison,...), par leur
peinture intégralement chromée deviennent des statues éphémères de l’espace public.
“La question de la détérioration est une nouvelle fois présente et celle de sa place dans
l’art. Car détruire, c’est parfois créer. Dans un monde de l’art qui nous abreuve de
sculpture chromées et clinquantes (Jeff Koons, Philippe Pasqua,...), le geste naturel du
graffeur de peindre en chrome prend un nouveau sens lorsque la lettre disparaît pour
laisser la place à l’objet qu’elle recouvre.”
Post mdrn Impression sur papier, 2013
MC Jean Gab’1 est un rappeur, connu pour sa virulence à l’égard de autres rappeurs, et
“jt‘emmerde” est le titre de son œuvre emblématique.
“Ce texte affiche ici une volonté post-moderniste de mon travail, de notre époque, en prenant en
compte que la définition devrait changer. Umberto Eco a fait son temps, les nouveaux poètes
viennent de la rue. Cartland ? Connais pas. Ici c’est Jean Gabin, pas l’acteur mais le MC qui
devient la référence, le « je t’aime » devient « j’t’emmerde », l’ironie est plus noire. Et le rap
devient une citation littéraire... Pslutôt que courber l’échine sous le poids de nos prédécesseurs,
mieux vaut nous redéfinir, et poser notre façon de penser, pas pour nous élever au dessus de
nos pairs, mais pour avoir notre propre voix.”
Une Piéce
Œuvre participative, papier, crayon, attaches, mobilier divers, 2013 “One piece” est un manga
japonais. C’est l’histoire la plus lue et vendue de l’histoire du Japon. C’est aussi une des plus
longues. Plus de 70 tomes à ce jour, comprenant chacun plus de 200 pages.
C’est une histoire de pirates rejetant l’autorité pour vivre leurs rêves en dépit de tout. Evidemment
rempli de bons sentiments, l’histoire met en avant la collaboration, l’entraide dans un mouvement
commun malgré des buts différents.
C’est aussi le manga le plus vendu à travers le monde, et en France. Pourtant le manga reste
considéré comme une sous-culture, la seule littérature valable étant le roman.
“Je propose ici de réécrire le conte, de transformer la BD en roman, pour poser la question de son
statut. La réécriture, pratique artistique contemporaine, devient le mode d’intellectualisation de
l’œuvre, lui confère référence et reconnaissance.
Les participants sont amenés à faire de même pour réécrire l’histoire, et prendre part aux risques
de la création, puisque la question des droits d’auteur est posée. Les éditions peuvent être dures
quand il est question de diffusion... On aborde ainsi les questions de copyright, et la création dans
l’irrévérence.”
L’Enfance de l’art
Le Vallon du Villaret
48190 Bagnols les Bains