Eric Vuillard
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Eric Vuillard
EricVuillard Auditorium 61, Recollettenlei 3, 9000 Gent 17/10/13 Biographie Éric Vuillard, né en 1968 à Lyon, est écrivain et cinéaste. Il est l’auteur de quatre livres, Le Chasseur (Michalon, 1999), Bois vert (Léo Scheer, 2002), Tohu (2005) et Conquistadors (2009), récompensé par le Grand prix littéraire du web 2009 et le prix Ignatius J. Reilly 2010. Il a réalisé deux films, L’homme qui marche (2007) et Mateo Falcone (2009). Il publie en 2012 deux récits chez Actes Sud, La bataille d’Occident et Congo. http://www.actes-sud.fr/contributeurs/vuillard-eric-0 Oeuvres Bibliographie • • • • • • Le Chasseur, récit, Paris, Éditions Michalon, 1999 Bois vert, poésies, Paris, Éditions Léo Scheer, 2002 Tohu, Paris, Éditions Léo Scheer, 2005 Conquistadors, roman, Paris, Éditions Léo Scheer, 2009 La Bataille d’Occident, récit, “un endroit où aller”, Arles, Éditions Actes Sud, 2012 Congo, récit, “un endroit où aller”, Arles, Éditions Actes Sud, 2012 Filmographie • • • La vie nouvelle (2002) (scénariste) L’homme qui marche (2007) (réalisateur) Mateo Falcone (2008) (réalisateur et scénariste) 1 Compte rendu La Bataille d'Occident, d'Éric Vuillard Au fil du temps historique, la succession des scènes de destruction massive, d’horreurs aux limites de l’indicible, laisse sans réponse satisfaisante les questions qu’elle soulève. Ceux qui s’obstinent à les poser sont confrontés au « trou noir de la conscience, à la terre humide de nos malheurs et à la pierre nue de nos vérités ». Cette conclusion implacable s’impose à la lucidité d’Éric Vuillard à la fin de Congo. Il ne renonce pourtant pas à s’emparer des faits du passé, pour les interroger au-delà de ce que la littérature historique ordinairement en dit. Après avoir revu, en 2009, l’épopée des conquistadors à travers le prisme de la fascination exercée par l’or et de la mélancolie de Pizarre, il impute le malheur de l’Afrique à l’ennui des grands de ce monde réunis en conférence à Berlin, en 1884, et au désir inouï du roi de Belgique Léopold II d’acquérir, à titre personnel, un État devenu le Congo. Dans un second ouvrage publié en parallèle, Vuillard repasse en accéléré le film de la Première Guerre mondiale. Il resitue les origines de La Bataille d’Occident dans l’exaltation qu’éprouve une élite pour la guerre, dans un monde « étrange et double : à la fois très ancien [...] mais aussi le monde des premiers tanks, des obusiers, des premières machines à faire mourir », où le comte von Schlieffen élabore un plan de stratégie offensive contre la France qui implique toute l’Europe. Le détail et la précision sont les armes qu’Éric Vuillard pointe contre les analyses rebattues et les clichés brouillant le regard porté sur des scènes cent fois décrites. Il accumule les mesures chiffrées dans le chapitre consacré à « la journée meurtrière de tous les temps », celle du 22 août 1914, quand 27 000 hommes ont trouvé la mort dans une même bataille. Le suivi de la trajectoire de la balle qui sort du pistolet de Raoul Villain pour atteindre Jean Jaurès en « pénétrant l’os, l’occipital peut-être, large écaille crème, reposant de ses deux petites pattes rondes sur le rachis », occupe plus de place dans la référence faite à son assassinat que l’étude de la personnalité du tribun socialiste. Est-on dans un récit historique s’appuyant sur des faits scientifiquement avérés ou dans une interprétation s’autorisant la fiction, comme le laisse entendre l’incertitude accentuée d’un « peut-être » concernant l’os de Jaurès qu’atteint la balle de Villain ? Est-on dans un essai philosophique, teinté d’ironie par certaines piques langagières, ou dans une narration enlevée, accentuant le terrible annoncé par l’ange de Rilke et rendant manifeste son origine dans l’infiniment petit d’une nature humaine à laquelle l’exercice du pouvoir n’apporte nulle grandeur ? Éric Vuillard dénonce la bêtise et le déferlement absurde de ses conséquences. À l’appui de sa démonstration, il ancre dans la mémoire du lecteur des images à la limite du soutenable : celle de paniers remplis de 1308 mains, présentés au lieutenant Fiévez, « âme véritable piétinée » qui a tout pouvoir au Congo et « aurait proféré cette règle intolérable [que] celui qui tire des coups de fusil doit, pour justifier l’emploi de ses munitions, couper les mains droites des cadavres et les amener au camp » ; l’image aussi de la petite Lizzie Van Zyl, agonisant en 1901 dans la cour d’un camp de déportation des Boers en Afrique du Sud et qui « se tient avec l’enfant d’Auschwitz dans la queue qui mène au néant. ». Il 2 évoque dans une même page le génocide arménien, la révolution russe et la bataille de la Somme pour insister sur la simultanéité des mouvements, y compris destructeurs, qui parcourent la planète. Au terme de ces deux livres décapants, intellectuellement stimulants et au langage étincelant, l’auteur retrouve l’interrogation fondamentale, celle portée par un seul mot, Dieu : « Dieu, translittération d’un mot, d’un nom, ta peau est si dure, le noyau si vide la solitude si grande, qu’aucune langue ne sait dire ! » Le Magazine littéraire, 12/06/2012 (http://www.magazine-litteraire.com/critique/fiction/bataille-occident-ericvuillard-12-06-2012-36844) 3
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Éric
Vuillard, né en 1968 à Lyon, est écrivain et cinéaste. Il vit actuellement à Rennes. Il est l’auteur de six
livres, Le Chasseur (Michalon, 1999) et aux éditions Léo Scheer : Bois
vert (2002...