La vulnérabilité de la personne cérébro-lésée, aspect
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La vulnérabilité de la personne cérébro-lésée, aspect
Trévise (Italie) - EBIS - Journée d’étude du 25 novembre 2011 - « La vulnérabilité de la personne cérébro-lésée : de la bienveillance à la maltraitance. Aspects médicaux, légaux, psychologiques, éthiques » Maître Laurence Azoux Bacrie - Docteur en Bioéthique et en Biologie - Avocate à la Cour - Médiatrice (F) La vulnérabilité de la personne cérébro-lésée, aspect bioéthique,juridique dans le droit international des droits de l’Homme. Laurence AZOUX BACRIE [1] Introduction : « La vulnérabilité est sans doute le propre de l’homme, elle apparaît en effet comme l’essence même de sa vie »[2]. Vulnérabilité et maltraitance sont souvent imbriqués dans le cadre de la discrimination. 1. La question posée nécessite une approche sociétale, et internationale. Si la maltraitance des personnes handicapées vulnérables a longtemps été un phénomène sous-estimé, voir un tabou, la vulnérabilité de la personne cérébrolésée dont l’aspect est souvent invisible, constitue un phénomène méconnu. Les personnes handicapées par leur dépendance, leur fragilité, peuvent être victimes de maltraitance dont les auteurs se trouvent souvent dans leur entourage proche. Les actes de maltraitance revêtent différentes formes : · maltraitance passive : non respect de la dignité, langage dévalorisant, abus d’autorité. · maltraitance active :violences intentionnelles , non prise en compte de la douleur, violation des droits . La plupart du temps ces faits sournois sont ignorés car les victimes handicapées n’osent pas se plaindre , il s’agit de leur consacrer du temps par le biais de la médiation. 2° La reconnaissance d’un nouvel outil, la comédiation juriste, médecin. Aujourd’hui, le besoin de médiation et de solidarité s’est accru du fait des nouveaux enjeux médicaux, la légitime montée en force des droits des patients rendent nécessaire la solidarité dans le domaine médical. L’humain est fragile et sa vulnérabilité oblige que chaque geste donné permette à cet autre,de se sentir grandi en humanité Après avoir définit la vulnérabilité et précisé ses aspects juridiques nous verrons leur mise en œuvre en France et en droit international. I Les grands principes qui régissent la protection des personnes vulnérables et cérébro-lésée victimes de discrimination : La bioéthique s’appuie sur des principes intangibles [3] · Respect de la dignité de la personne humaine, · Respect de son autonomie, de son indépendance. · Respect de son inviolabilité, respect mutuel, ne pas nuire · Principe de bienfaisance, non malfaisance · La bioéthique s’appuie sur des valeurs de justice, d’égalité et d’équité 1 Trévise (Italie) - EBIS - Journée d’étude du 25 novembre 2011 - « La vulnérabilité de la personne cérébro-lésée : de la bienveillance à la maltraitance. Aspects médicaux, légaux, psychologiques, éthiques » Maître Laurence Azoux Bacrie - Docteur en Bioéthique et en Biologie - Avocate à la Cour - Médiatrice (F) 1° Aspect éthique et juridique, des principes de bienfaisance et de nonmalfaisance [4] dans l’acte médical sont au cœur des dilemmes éthiques : · Le bien du patient a été de tout temps le principe directeur de l'action médicale et de la relation médecin-patient (cf. le Serment d'Hippocrate): Sauver la vie, surmonter le handicap, rééduquer,conseiller le patient sur sa santé, ménager son confort, écouter, être présent. · L’action médicale au bénéfice du patient est inévitablement liée à des risques, d'où le principe de non- maléficience souvent évoqué par la maxime primum non nocere (tout d'abord, ne pas nuire). · Ces deux principes sont donc le plus souvent à considérer ensemble ,ils sont associés à l'acte médical. On interprète de nombreux dilemmes éthiques comme résultant d'un conflit entre les principes de bienfaisance et d'autonomie. · Le « bien du patient » dans une situation concrète donnée. (exemple: faut-il parler avec franchise de son diagnostic à un patient dépressif atteint d'un traumatisme de la personne cérébro- lésée ?Le faire, c'est respecter son autonomie, mais la vérité fera peut-être mal, tout au moins sur le moment: quel est alors l'enjeu éthique à privilégier ? La bioéthique est en perpétuelle évolution comme la vulnérabilité d’ailleurs. 2° Les grands principes concernant la vulnérabilité et la lutte contre les discriminations. Le concept de vulnérabilité apparaît dans le Rapport Belmont (Etats- Unis d’Amérique) dès 1978, [5] La vulnérabilité est à géométrie variable . On oppose la vulnérabilité universelle à individuelle la vulnérabilité relative et · la vulnérabilité à une vocation universelle : Etre de chair et de sang , la condition d’homme le rend éminemment vulnérable, l’homme n’existerait alors que par la vulnérabilité, « la possibilité d’une blessure qui ne prévoit aucune parade ». Cette vulnérabilité universelle construit notre identité et lui appartient fatalement..[6] · la vulnérabilité à une vocation relative ou la vulnérabilité particulière de quelques uns. La vulnérabilité est stigmatisée par la souffrance, la peur et la douleur, l’épreuve du désarroi. 3° La protection du malade par le droit[7] - le droit à l’égalité et principe cardinal du consentement le · La protection du malade par le droit est perçue comme l’obligation du médecin d’obtenir un consentement « libre et éclairé. » sans pression d’aucune sorte, après avoir fourni une information loyale, complète et dosée au malade ou à son représentant. Etendre l’application du 2 Trévise (Italie) - EBIS - Journée d’étude du 25 novembre 2011 - « La vulnérabilité de la personne cérébro-lésée : de la bienveillance à la maltraitance. Aspects médicaux, légaux, psychologiques, éthiques » Maître Laurence Azoux Bacrie - Docteur en Bioéthique et en Biologie - Avocate à la Cour - Médiatrice (F) consentement aux personnes cérébro-lésée, renvoie au droit à l’égalité des personnes. · Fondé sur les principes de la liberté individuelle et de la dignité de l’être humain, le traitement médical doit être dispensé dans l’intérêt du malade. [8] II La mise en œuvre de ces principes dans le cadre légal : A En France, la loi 2005-102 du II février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées . Cette loi a pris effet au Ier janvier 2006, et ses dispositions relatives aux principes de non discrimination et obligations qui en sont issues incluent la mise en place d’aménagement raisonnables en matière d’emploi , d’accès à la cité et aux biens et services ainsi que de l’intégration des enfants handicapés . Cette mise en place est à destination, tant des services publics que des prestataires et employeurs privés . La médiation constitue le moyen d’appliquer la loi sur l’égalité des droits et des chances des personnes handicapées . 1° La reconnaissance d’un nouvel outil, la comédiation juriste, médecin. La médiation est un mode de construction et de gestion du conflit par l’entremise d’un tiers qualifié et indépendant accepté par les parties . En cas de discrimination, si le demandeur prend l’attache de la HALDE devenue le défenseur des droits , le médiateur devra être accepté par l’institution. Le défenseur des droits est prévu par la loi du 29 mars 20II.[9] Toute personne s’estimant victime d’une discrimination directe ou indirecte, prohibée par la loi ou un engagement international , que l’auteur présumé de cette discrimination soit une personne privée ou publique peut saisir par courrier postal 11 rue Saint Georges 750I3 Paris. Soulignons que la loi du II février 2005 , affirme le droit à la compensation des conséquences du handicap . La compensation est un terme qu’il faut entendre en un sens très large. Elle consiste à répondre aux besoins de la personne en situation de handicap et de sa famille, qui n’ont pas à supporter les charges occasionnées par cette situation, et elle vise à assurer l’accès de l’enfant, de l’adolescent ou de l’adulte handicapé aux institutions ouvertes à l’ensemble de la population et son maintien dans un cadre ordinaire de scolarité, de travail et de vie.[10] La médiation présentera la particularité de prendre en compte la souffrance de la personne morcelée et vulnérable. Le médiateur doit permettre, non seulement de restructurer l’individu dans son handicap physique ou mental , mais aussi rétablir la communication défaillante .La finalité est de restaurer l’homme . 2° Restaurer l’homme dans la plénitude de ses droits et assurer ainsi, la promotion de l’égalité .La mise en application des droits fondamentaux dans l’espace de médiation est un élément déterminant, le médiateur doit agir efficacement et avec énergie pour traiter des discriminations.Il devra mettre en évidence toutes les discriminations directes ou indirectes prohibées par la loi ou par un engagement international auquel la France est partie prenante, notamment, celles relatives à l’origine, le sexe , la situation de famille, 3 Trévise (Italie) - EBIS - Journée d’étude du 25 novembre 2011 - « La vulnérabilité de la personne cérébro-lésée : de la bienveillance à la maltraitance. Aspects médicaux, légaux, psychologiques, éthiques » Maître Laurence Azoux Bacrie - Docteur en Bioéthique et en Biologie - Avocate à la Cour - Médiatrice (F) l’apparence physique, l’état de santé, génétiques …..pour appliquer la loi. le handicap, les caractéristiques Le respect de la dignité humaine sous-tend le principe de non discrimination. Le droit de la discrimination est un droit nouveau.Soulignons que dans le cadre d’une médiaton, les parties pourront être assistées de leur avocat, de leur médecin, d’un expert . Exemple: Afin de clarifier le rôle du défenseur des droits ou du médiateur conventionnel , nous vous relatons le cas d’une jeune fille de I7 ans atteinte de l’ataxie de FRIEDREICH et qui souhaitait poursuivre normalement ses études avec le même potentiel de chances que ses camarades. Il s’agit d’une maladie neurologique rare, d’origine génétique, évolutive, incurable actuellement. Elle se manifeste par des troubles progressifs de l’équilibre et de la coordination des mouvements, des difficultés d’élocution, une scoliose et des pieds creux, souvent une cardiomyopathie et parfois un diabète. Les facultés intellectuelles sont intactes. L’évolution est progressive et variable d’une personne à l’autre. La prise en charge est pluridisciplinaire : neurologique, cardiologique, orthopédique, diabétique La jeune fille a une plus grande fatigabilité, un manque de précision et une lenteur d’exécution dans les mouvements. Face à ces difficultés, de nombreuses solutions existent et vont permettre aux enfants de s’intégrer correctement. Cette jeune fille a besoin pour passer son bac d’une tierce personne. Elle rencontre toute difficulté pour instaurer un dialogue avec le chef d’établissement et les enseignants qui ne comprennent pas son handicap. Sa famille n’a pas plus de succès, ils vont donc contacter le défenseur des droits ou un médiateur conventionnel . Le médiateur va donc prendre le contact avec l’enseignant référent qui fait le lien entre l’établissement scolaire et la maison départementale des personnes handicapées, mais aussi le rectorat afin de mettre en place en urgence un aménagement : à savoir la présence auprès de la jeune fille, d’un auxiliaire de vie scolaire AVS. Il pourra ainsi intervenir pour : la prise de notes et les travaux pratiques, aider aux changements de salle etc… L’AVS doit respecter la sphère privée et se tenir à l’écart. Toutes les décisions doivent être prises en concertation et en accord avec la jeune fille, en fonction de l’ évolution de son handicap. Après avoir donné l’exemple de la France évoquons la situation en Europe. B Le contenu normatif de l’exigence de non discrimination dans le droit international appliqué au handicap des personnes cérébro- lésée. L’interdiction de discrimination dans le droit européen des droits de l’homme : [11] L’égalité de traitement des personnes ayant un handicap invisible dans l’emploi et le travail peut être éclairé par la jurisprudence pertinente de la Cour Européenne des droits de l’Homme. 4 Trévise (Italie) - EBIS - Journée d’étude du 25 novembre 2011 - « La vulnérabilité de la personne cérébro-lésée : de la bienveillance à la maltraitance. Aspects médicaux, légaux, psychologiques, éthiques » Maître Laurence Azoux Bacrie - Docteur en Bioéthique et en Biologie - Avocate à la Cour - Médiatrice (F) Les textes constituant les principaux traités de défense des droits de l’Homme du Conseil de l’Europe garantissant la protection des droits de l’Homme sont les suivants : Il s’agit de la protection contre la discrimination en vertu : de la Convention européenne des droits de l’homme de I950 et de la charte sociale européenne de I961 ainsi que de la Charte sociale européenne révisée de I996, et de la convention de biomédecine du Conseil de l’Europe. · Quelle est la méthode utilisée par la CEDH dans l’examen des différences de traitement qui sont dénoncées comme discriminatoires ? Le degré de contrôle exercé par la Cour variera en fonction d’une hiérarchie largement implicite et évolutive .Par exemple les différences de traitement fondées sur les motifs « non suspects » ceux-ci étant une catégorie résiduaire qui inclut le handicap doivent avoir une justification objective et raisonnable , c’est à dire qu’il doit exister un rapport de proportionnalité entre les moyens utilisés et l’objectif poursuivi. 1° La Convention européenne des droits de l’homme de I950 et son protocole avril 2005 · Il faut prendre en compte la valeur ajoutée du Protocole N° 12 à la CEDH, ouvert à la signature en 2000 entré en vigueur en 2005, dans la mesure où cet instrument prévoit une clause générale d’interdiction de la discrimination pour le Etats parties audit protocole · L’article 8 de la CEDH le droit au respect de la vie privée et familiale « Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale , de son domicile et de sa correspondance …»Il interdit tout examen qui constitue une ingérence injustifiée dans la vie privée. La jurisprudence de la CEDH garde cependant une marge d’appréciation, il faut souligner que l’interprétation des dispositions concerne l’obligation imposée aux employeurs de prévoir un aménagement effectif afin d’assurer que les travailleurs atteints d’un handicap puisse être recrutés et maintenus dans leur fonction à moins que cela n’impose une charge disproportionnée aux employeurs concernés.[12] Les exigences de l’article 8 peuvent avoir un rôle décisif à jouer pour contrer le risque de discrimination pratiquée à l’encontre de travailleurs handicapés afin de tenir compte des exigences en matière de santé et de sécurité, créant un obstacle à leur recrutement ou à leur maintien en fonction , lorsque la crainte est émise que leur activité professionnelle les exposerait à un risque, ou exposerait à un tel risque leurs collègues ou le public. · Interdiction de la discrimination article 14 combiné avec l’article 8 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme. La détermination de l’applicabilité de l’article 14 sur l’exigence de non discrimination Article 14 « la jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente convention doit être assurée sans distinction aucune fondée notamment sur le sexe, la race, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l’origine nationale ou sociale, l’appartenance à une minorité 5 Trévise (Italie) - EBIS - Journée d’étude du 25 novembre 2011 - « La vulnérabilité de la personne cérébro-lésée : de la bienveillance à la maltraitance. Aspects médicaux, légaux, psychologiques, éthiques » Maître Laurence Azoux Bacrie - Docteur en Bioéthique et en Biologie - Avocate à la Cour - Médiatrice (F) nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation » combiné à l’article 8 et l’article 1er du protocole N° 12 additionnel à la convention. Le handicapé cérébro-lésé peut être source d’une discrimination indirecte dans la jouissance du droit au respect de la vie privée et familiale · (Art. 14 combiné à l’article 8). Pour parvenir à cette solution protectrice des personnes handicapées, la Cour européenne des droits de l’homme a développé une argumentation remarquable à plus d’un titre, ne serait-ce que par les techniques interprétatives mobilisées à cette occasion. 2° La charte sociale Européenne revisitée en I996 · L’article 15 de la charte sociale européenne revisitée en I996 renforce le droit des personnes handicapées à l’indépendance, à l’intégration sociale et à la participation dans la vie de la communauté et d’aller au-delà d’une approche centrée sur la réhabilitation et la réinsertion sociale. Elle permettait la progression du changement de la politique en matière de handicap qui s’était développée au cours de la dernière décennie. En conséquence, il considère que l’article 15 de la CSE révisée renferme une exigence de non-discrimination. Par exemple : Exiger des systèmes d’enseignements spéciaux ou séparés et garantir un recours effectif à ceux qui se sont trouvés illégitimement exclus ou mis à l’écart ou se sont vu autrement refuser une droit effectif à l’éducation. Il convient de concilier les attentes des patients et les exigences de la santé et de la sécurité En ce qui concerne les personnes handicapées, le principe d’égalité de traitement ne fait pas obstacle au droit d’adopter, de faciliter et d’encourager des mesures appropriées à la protection de la santé et de la sécurité sur le lieu de travail visant leur insertion dans le monde du travail. Il convient d’imposer des mesures visant à créer la sécurité et des protections concernant l’aménagement effectif afin d’éviter les obstacles au recrutement ou au maintien dans leur emploi de travailleurs qui présentent certains handicaps les exposant, ou exposant d’autres travailleurs ou le grand public à un risque. [13] · Ces questions sont développées en détail dans le rapport commandité par le réseau des experts sur la discrimination fondée sur un handicap de la CE pour la commission des Communautés européennes.[14] Une réglementation adéquate des questionnaires et examens médicaux préalables à l’embauche a un rôle crucial de façon à éviter les barrières et les réactions injustifiées de la part des employés. 3° La« Convention pour la protection des Droits de l'Homme et de la dignité de l'être humain à l'égard des applications de la biologie et de la médecine. »[15] ou Convention sur les droits de l’Homme et la biomédecine du Conseil de l’Europe a été signée le 4 avril 1997 à Oviedo et est entrée en vigueur le 1er décembre 1999. La France l’a signée le 4 avril 1997 et le processus de ratification a été initié cette année. Le préambule de la Convention souligne que les Etats membres du Conseil de l’Europe sont « résolus à prendre, dans le domaine des applications de la 6 Trévise (Italie) - EBIS - Journée d’étude du 25 novembre 2011 - « La vulnérabilité de la personne cérébro-lésée : de la bienveillance à la maltraitance. Aspects médicaux, légaux, psychologiques, éthiques » Maître Laurence Azoux Bacrie - Docteur en Bioéthique et en Biologie - Avocate à la Cour - Médiatrice (F) biologie et de la médecine, les mesures propres à garantir la dignité de l’être humain et les droits et libertés fondamentaux de la personne ». Le texte expose ensuite les principes les plus importants en matière de protection des droits de l’Homme face à la biologie et à la médecine. L'homme a toujours été la principale préoccupation de ce texte.Humanisme et humanité sont au cœur de la convention. Cette convention appuie son phare éclairant sur des valeurs universelles plus qu'européennes à savoir protéger la dignité humaine et garantir l'intégrité de la personne humaine. Elle prévoit un certain nombre de situations concernant les personnes incapables de consentir à savoir : les mineurs, les majeurs souffrant d’un handicap mental ou d’une maladie empêchant le consentement ; les personnes souffrant d’un trouble mental grave et les situations d’urgence. · La Convention interdit toute forme de discrimination à l'encontre d'une personne en raison de son patrimoine génétique et n'autorise des tests prédictifs de maladies génétiques qu'à des fins médicales. Les dispositions générales · L’objet et la finalité de la Convention est de protéger « l’être humain dans sa dignité et son identité et garantir à toute personne, sans discrimination, le respect de son intégrité et de ses autres droits et libertés fondamentales » · Sont ensuite évoqués le principe de la primauté de l’être humain, il s’agit de l’article sur la primauté de l'être humain Cet article affirme la primauté de l'être humain sur le seul intérêt de la société ou de la science. Priorité est donnée au premier qui, en principe, doit l'emporter sur l'autre lorsqu'ils se trouvent en compétition. Information et son corollaire le consentement irradient tout le droit de la bioéthique. Il convient de citer le principe du consentement qui est au cœur de notre sujet. · Selon l’article 5, « une intervention dans le domaine de la santé ne peut être effectuée qu’après que la personne concernée y a donné son consentement libre et éclairé ». Ce texte protège les personnes capables de consentir ainsi que celle dites incapables, comme les mineurs ou les personnes ayant des troubles mentaux plus ou moins graves. Il énonce toutefois une possibilité d’exception en cas d’urgence. · Selon l’article 7, Protection des personnes souffrant d'un trouble mental« La personne qui souffre d'un trouble mental grave ne peut être soumise, sans son consentement, à une intervention ayant pour objet de traiter ce trouble que lorsque l'absence d'un tel traitement risque d'être gravement préjudiciable à sa santé et sous réserve des conditions de protection prévues par la loi comprenant des procédures de surveillance et de contrôle ainsi que des voies de recours. » 7 Trévise (Italie) - EBIS - Journée d’étude du 25 novembre 2011 - « La vulnérabilité de la personne cérébro-lésée : de la bienveillance à la maltraitance. Aspects médicaux, légaux, psychologiques, éthiques » Maître Laurence Azoux Bacrie - Docteur en Bioéthique et en Biologie - Avocate à la Cour - Médiatrice (F) 4° La Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l'homme d’octobre 2005 traite de la vulnérabilité, en tant que risque encouru par tout individu d'être lésé dans son intégrité physique et mentale, est un élément propre à la condition humaine. · La vulnérabilité particulière, envisagée dans l’article 8 de la Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l'homme, signifie qu’il existe des individus et des groupes qui sont spécifiquement susceptibles à la violation de l'intégrité personnelle ou au manque de respect de leur autonomie ; ceci par le moyen d’exploitation, d’escroquerie, de coercition et d’indifférence dans le cadre de l’application et de l'avancement des connaissances scientifiques, de la pratique médicale et des technologies qui leur sont associées. · Les individus peuvent être particulièrement vulnérables pour plusieurs raisons : leur âge comme dans le cas des enfants, leur type de maladie comme dans le cas des maladies rares ou négligées, leur manque d'accès aux soins de santé dû au système de santé de leur pays, leur propre éducation ou la formation des médecins et des chercheurs. L’article 8 : Respect de la vulnérabilité humaine et de l’intégrité personnelle « Dans l’application et l’avancement des connaissances scientifiques, de la pratique médicale et des technologies qui leur sont associées, la vulnérabilité humaine devrait être prise en compte, les individus et les groupes particulièrement vulnérables devraient être protégés et l’intégrité des personnelles des individus concernés devrait être respectée. » Cet article exige que nous protégions les individus, les familles et les groupes vulnérables.Vulnérabilité et intégrité personnelle évoqués à l’article 8 sont liés. La déclaration enjoint les gouvernements, mais aussi les institutions publiques et privées et les individus de faire preuve d’une plus grande vigilance en matière de protection du bien être des êtres humains au regard des avancées dans le domaine de la médecine, des sciences de la vie et des technologies. L’accent est mis sur deux catégories fondamentales auxquelles s’appliquent ces responsabilités et obligations particulières : 1° Les handicaps particuliers (temporaires ou permanents) maladies et limites imposées par les étapes de la vie humaine. 2° Les déterminants sociaux politiques et environnementaux ex les catastrophes naturelles Le rôle spécifique de cet article est d’aborder le problème des vulnérabilités particulières résultant d’une incapacité personnelle, de contraintes environnementales ou de l’injustice sociale, dans des contextes tels que les soins de santé, la recherche et les technologies émergentes appliquées aux sciences biomédicales. La vulnérabilité peut résulter ou être exacerbée par un manque de moyens ou une incapacité à se protéger, comme par exemple : relations d’ordre hiérarchique (par exemple, situations où la sécurité des conditions de travail n’est pas garantie. 8 Trévise (Italie) - EBIS - Journée d’étude du 25 novembre 2011 - « La vulnérabilité de la personne cérébro-lésée : de la bienveillance à la maltraitance. Aspects médicaux, légaux, psychologiques, éthiques » Maître Laurence Azoux Bacrie - Docteur en Bioéthique et en Biologie - Avocate à la Cour - Médiatrice (F) S’agissant de la vulnérabilité dans le domaine des soins de santé,. La vulnérabilité du patient peut être encore aggravée par sa maladie : la douleur, l’inconfort ou le désir d’aller mieux peuvent obscurcir le raisonnement et le jugement. Ceci est vrai a fortiori pour les patients dont les capacités physiques ou cognitives sont sérieusement diminuées, à tel point que leur aptitude à décider par eux-mêmes est limitée voire inexistante. Dans tous les domaines des soins, le patient est dépendant, à un degré plus ou moins élevé, des compétences, de l’expertise, du jugement et de la bonne volonté du professionnel par lequel il est traité. Individuellement et Tous ces exemples aident à situer le problème de la vulnérabilité et du respect deSHS/EST/CIB-17/10/CONF.501/Rev. 2 – page 5 collectivement, les patients sont ainsi exceptionnellement vulnérables. L’article 8 attire notre attention sur ce point et enjoint les décideurs à y apporter des réponses appropriées. Une possibilité serait pour les Etats d’élaborer une charte des droits du patient contribuant à protéger ceux qui sont particulièrement vulnérables dans le contexte des soins de santé. · Les rapports du comité international de l’UNESCO : Le respect de la vulnérabilité humaine et de l’intégrité personnelle[16] face à la discrimination se trouve exposé dans les rapports du comité international de l’UNESCO : le Rapport du Comité International de Bioéthique, il fournit à la fois un compte rendu théorique sur le principe du respect de l'intégrité personnelle et la nécessité de protéger ceux qui sont particulièrement vulnérables, ainsi qu'une série d'exemples pratiques. Le Comité international de bioéthique de l’UNESCO (CIB) a consacré ses deux récents Rapports aux principes du consentement (article 6 de la Déclaration) et de la responsabilité sociale et la santé (article 14). Le rapport sur l’article 8 de la Déclaration a pour objectif d’examiner l’étendue et le contenu du principe de respect de la vulnérabilité humaine et de l’intégrité personnelle. Il s’agit de son dernier rapport du CIB de l’UNESCO du 22 Juin 2011 sur le principe du au principe de respect de la vulnérabilité humaine et de l’intégrité personnelle. Il existe une relation intrinsèque entre d’un côté le respect de l’intégrité et de la dignité des personnes, et de l’autre la vulnérabilité de celles-ci. L’article 8 de la Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l’homme (2005), renforce cet engagement en le liant au respect de l’intégrité personnelle et à la nécessité de protéger les individus et les groupes vulnérables: Illustrations par un cas : Les personnes défavorisées dans les pays développés : Une femme de 24 ans, sujette aux maux de tête, consulte un médecin pour obtenir un traitement. Le premier diagnostic met en évidence la nécessité de conduire des tests de diagnostic approfondi onéreux et non couverts par l’assurance de la patiente. Dans ces conditions, ces tests ne lui sont pas 9 Trévise (Italie) - EBIS - Journée d’étude du 25 novembre 2011 - « La vulnérabilité de la personne cérébro-lésée : de la bienveillance à la maltraitance. Aspects médicaux, légaux, psychologiques, éthiques » Maître Laurence Azoux Bacrie - Docteur en Bioéthique et en Biologie - Avocate à la Cour - Médiatrice (F) proposés. Quelques mois après, un nouvel examen révèle une tumeur cérébrale à un stade avancé avec un pronostic pessimiste. · Nature de la vulnérabilité : non-accès à des tests de diagnostic ayant provoqué le retard d’un traitement vital pour la santé de la patiente. · Cause ou contexte de la vulnérabilité : des tests de diagnostic approfondi auraient permis un diagnostic rapide et peut- être un meilleur pronostic. Le système de santé n’offre cependant pas l’accès à des tests ou à des traitements que les patients ne peuvent pas payer, directement ou par le biais d’une assurance. Les patients ne sont donc pas toujours informés des possibilités techniques ou des traitements disponibles. · Mesures correctives : Ressources adéquates en matière de santé permettant de répondre aux besoins des patients quelles que soient leurs capacités financières. Une information complète devrait aussi être offerte aux patients sur les possibilités alternatives de diagnostic et de traitement. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES : 1°Renforcer le débat public au niveau international s’impose pour nous éclairer : Pour conclure, il me semble que des initiatives telles que celles qui nous réunit aujourd’hui et qui permettent de mieux faire connaître la problématique de la personne cérébro lésée au regard de la législation interne et internationale sont les bienvenues pour renforcer et permettre un dialogue entre les médecins , les juristes et les citoyens . Mais comme toujours, le dialogue implique le débat public. 2° La reconnaissance d’un nouvel outil : la comédiation juriste, médecin. Elle a pour objectif de mettre en relief les nouveaux enjeux de la fonction de médiateur dans le dispositif de lutte contre les discriminations, notamment dans le domaine de l’état de santé et du handicap de la personne cérébro-lésée . L’humain est fragile et sa vulnérabilité oblige que chaque geste donné permette à cet autre de se senti grandi en humanité. Dans le domaine sensible de la santé et du handicap, la finalité essentielle sera de restaurer la dignité de la personne vulnérable dans sa globalité. La médiation dans ce domaine particulièrement sensible doit développer le sens de l’altérité, de l’acceptation de la différence et faire prévaloir l’humanisme. [1] Avocat , docteur en bioéthique , responsable de la commission ouverte santé de l’Ordre des Avocats Paris , récent ouvrage : la Convention sur les Droits de l’Homme et la biomédecine. Hector Gros ESPIELL, Jean MICHAUD , Gérard TEBOUL ,Coordinatrice éditoriale Laurence AZOUX BACRIE ECONOMICA Nov 2009 [3] Dictionnaire de la laïcité sous la direction de Martine CERF et de Marc 10 Trévise (Italie) - EBIS - Journée d’étude du 25 novembre 2011 - « La vulnérabilité de la personne cérébro-lésée : de la bienveillance à la maltraitance. Aspects médicaux, légaux, psychologiques, éthiques » Maître Laurence Azoux Bacrie - Docteur en Bioéthique et en Biologie - Avocate à la Cour - Médiatrice (F) [5] Dans la convention sur les droits de l’homme et la biomédecine de (1997Il s’agit de la protection des personnes souffrant d'un trouble mental · dans les Lignes directrices internationales d’éthique pour la recherche biomédicale impliquant des sujets humains du Conseil des organisations internationales des sciences médicales (CIOMS) 2007 · dans la dernière version (2008) de la Déclaration d’Helsinki, qui fait spécifiquement référence à la vulnérabilité dans ses articles 9 et 17. · L’UNESCO · (Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l'homme, 1997).a reconnu l’importance du principe selon lequel les États « devraient respecter et promouvoir une solidarité active vis-à-vis des individus, des familles ou des populations particulièrement vulnérables , s’agissant des maladies ou handicaps de nature génétique .La vulnérabilité particulière est envisagée dans l’article 8 de la Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l'homme,2005 2 [6] Université de Limoges la notion de vulnérabilité de la personne physique en droit privée textes juridiques et legislatifs législatifs. Réglementation de la création et du fonctionnement des établissements médicosociaux pour enfants et adolescents handicapés Annexes XXIV, décret du 9 mars 1956 Loi n°57-1223 sur le reclassement des travailleurs handicapés 23 novembre 1957 Loi d’orientation n°75-535 en faveur des personnes handicapées 30 juin 1975 Loi n°75-536 relative aux institutions sociales et médico-sociales 30 juin 1975 Loi de décentralisation n°83-1186 1983 Loi n°87-517 en faveur de l’emploi des travailleurs handicapés 10 juillet 1987 Loi n°89-486 d’orientation sur l’éducation 10 juillet 1989 Obligation pour les établissements médico-sociaux d’actualiser leurs projets en fonction de l’évolution des besoins sociaux, des pratiques professionnelles et leur propre fonctionnement Annexes XXIV, décret n°89-789 du 27 octobre 1989 [7] Frédérique FIECHTER-BOULVARD, La notion de vulnérabilité et sa consécration par le droit, In : Vulnérabilité et droit, Le développement de la vulnérabilité et ses enjeux en droit, Colloque sous la direction et la coordination de Frédérique COHEY-CORDET, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2000, pp. 13-14. [8] Novembre 2009 « La convention sur les Droits de l’Homme et la biomédecine Analyses et commentaires » sous la direction de Hector Gros ESPIELL, Jean Michaud, Gérard TEBOUL Coordinatrice éditoriale Laurence AZOUX BACRIE aux éditions ECONOMICA page 132 Mme Thomais DOURAKI [9] Le défenseur des droits succède au Médiateur de la République , au Défenseur des enfants, à la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité HALDE et à la commission nationale de déontologie de la sécurité CNDS à compter du Ier mai 20II [10] L’article 1 stipule que la personne handicapée a droit à la compensation des conséquences de son handicap 11 Trévise (Italie) - EBIS - Journée d’étude du 25 novembre 2011 - « La vulnérabilité de la personne cérébro-lésée : de la bienveillance à la maltraitance. Aspects médicaux, légaux, psychologiques, éthiques » Maître Laurence Azoux Bacrie - Docteur en Bioéthique et en Biologie - Avocate à la Cour - Médiatrice (F) que soient l’origine et la nature de sa déficience, son âge ou son mode de vie. Cette compensation consiste à répondre à ses besoins……. [11] L’interdiction de discrimination dans le droit européen des droits de l’homme rapport thématique [12] CEDH 4ème section déc du 9 mars 2004, wretlund c Suède irrecevabilité de la requête introduite par un responsable du nettoyage d’une centrale nucléaire obligé de se soumettre à un test de consommation de drogues destiné à détecter la présence de cannabis . [13] DG Emploi et Affaires sociales O. de Schutter, enquêtes et examens médicaux d’embauche comme obstacle à l’emploi des personnes handicapées, [15] Novembre 2009 « La convention sur les Droits de l’Homme et la biomédecine Analyses et commentaires » sous la direction de Hector Gros ESPIELL, Jean Michaud, Gérard TEBOUL Coordinatrice éditoriale Laurence AZOUX BACRIE aux éditions ECONOMICA [16] Le dernier rapport du CIB de l’UNESCO du 22 Juin 2011 12