L`incontinence urinaire chez les personnes âgées et les méthodes
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L`incontinence urinaire chez les personnes âgées et les méthodes
Olivette Soucy, M.Sc. inf. Infirmière clinicienne spécialisée Yves Borduas, B.Sc. Infirmier L’incontinence urinaire chez les personnes âgées et les méthodes de rééducation Direction des soins infirmiers INSTITUT UNIVERSITAIRE DE GÉRIATRIE DE MONTRÉAL TABLE DES MATIÈRES Introduction .....................................................................................................................3 Chapitre I La problématique..........................................................................4 Chapitre II Le programme de soins .................................................................7 - Chapitre III L'incontinence urinaire de la personne âgée: notions théoriques .......................................................................10 - Chapitre IV L'appareil urinaire ..................................................................11 Entreposage et évacuation de l'urine .....................................11 Entreposage et évacuation de l'urine chez la personne âgée ............................................................12 Types d'incontinence .............................................................12 Les méthodes de rééducation vésicale ........................................18 - Chapitre V Orientation du programme ......................................................8 But du programme ...................................................................8 Objectifs spécifiques................................................................8 Stratégie d'implantation ...........................................................9 Révision du programme ..........................................................9 Techniques manuelles ...........................................................20 Techniques comportementales ..............................................23 La collecte de données spécifique à l'incontinence urinaire.........................................................................................28 Le plan de soins type ...................................................................34 Bibliographie.................................................................................................................40 Annexes: Journal mictionnel Grille horaire des mictions (auto évaluation) Guide pour mesurer les liquides Médicaments associés à l'incontinence Physiothérapie pour renforcer les muscles du plancher pelvien 2 INTRODUCTION De tous les besoins de base de l'être humain, le besoin d'éliminer les déchets de l'organisme compte parmi les plus fondamentaux. Dans la classification de V. Henderson (1966), ce besoin arrive au 3e rang après ceux de respirer et de s'alimenter. Des changements causés par la maladie ou par le vieillissement du système génitourinaire provoquent divers problèmes au niveau de la production d'urine ou de l'élimination. L'incontinence, les infections, la rétention urinaire et les affections prostatiques sont des problèmes urologiques fréquents chez les personnes âgées. Le programme de soins que nous proposons traite du problème de l'incontinence qui résulte d'un mauvais contrôle de la vessie et qui touche 15 à 30 % des gens autonomes de 60 ans et plus vivant à domicile et environ 50 % des personnes âgées qui résident en institution (Buttery, 1996). Les femmes sont plus atteintes par le problème que les hommes (Waldonado, 1996; Chevalier et Morin, 1994). L'incontinence peut survenir à tout âge, chez n'importe qui. Il faut se rappeler que l'incontinence n'est pas une maladie mais le symptôme d'un dysfonctionnement de l'organisme qui peut être causé par une infection, une blessure, une maladie, un changement physique dû à l'âge, comme c'est le cas lors de l'hypertrophie de la prostate. Or, les études montrent que l'incontinence peut être traitée lorsqu'elle est connue. Dans un milieu hospitalier ou à domicile, l'infirmière, dans une perspective de continuité de soins, détecte et rapporte les problèmes vécus par la personne âgée. Dans une perspective interdisciplinaire, elle aide la personne à retrouver son indépendance dans la satisfaction de ce besoin. Ce programme de soins présente les diverses formes d'incontinence chez la personne âgée et les interventions qui peuvent être réalisées. 3 CHAPITRE I PROBLÉMATIQUE 4 Pour la personne âgée, l'élimination vésicale est une préoccupation quotidienne. Selon Buttery (1996) "ce besoin est régi par plusieurs systèmes biologiques ainsi que par des impératifs psychosocioculturels individuels. La dimension bio-physiologique s'articule autour des systèmes génito-urinaire, digestif, cardio-vasculaire, endocrinien, nerveux et musculaire. La dimension psychosocioculturelle ajoute à la complexité du besoin et en complique la satisfaction étant donné qu'elle est fortement influencée par l'héritage culturel de l'individu, les impératifs sociaux de son milieu, des considérations d'ordre psychologique et des apprentissages de toutes sortes" (p. 329). Pour la personne âgée vivant à domicile, comme pour celle vivant en institution, l'incontinence est donc vue à juste titre comme une entrave à une vie agréable. Les personnes qui osent en parler à leur médecin sont très peu nombreuses: la honte ou les tabous de toutes sortes les empêchent de le faire. Le stress, la diminution des relations sociales condamnent l'individu à une demi-réclusion. L'estime de soi et l'autonomie sont affectés par l'incapacité de contrôler l'élimination. En plus des inconvénients psychosociaux, les conséquences de l'incontinence urinaire sont multiples. Du point de vue médical, elle est souvent responsable de lésions cutanées, d'infections urinaires, de chutes qui occasionnent des fractures de toutes sortes. Du point de vue économique, l'incontinence coûte très cher tant au niveau des médicaments qu'à celui des moyens de protection tels les culottes jetables, les serviettes absorbantes, etc. La famille est également perturbée par l'incontinence urinaire. Ce problème signifie souvent d'importants changements dans la vie de tous les jours tels que la diminution ou l'arrêt des voyages, la socialisation perturbée qui peut même devenir très restreinte; la pratique religieuse espacée; la solitude, l'isolement et le rejet. L'odeur dégagée, les sièges mouillés, les tenues négligées de la personne incontinente ajoutent encore au problème et amènent les familles à précipiter l'institutionnalisation. Dans les centres de soins, elles continuent très souvent à avoir honte de certains comportements de leur proche. Une certaine forme d'agressivité peut s'installer, suivie bientôt par l'espacement et l'arrêt des visites. 5 Or, selon plusieurs auteurs, l'incontinence urinaire peut se corriger, même chez les sujets âgés (Valiquette, 1997; Burgio, Pearce, Lucco 1993). Cependant, la motivation, le statut mental, l'influence de personnes significatives, l'habileté dans les activités de la vie quotidienne sont alors en corrélation étroite avec le succès ou l'échec de la continence. Dans les unités de soins de longue durée, la prévention, le traitement ou une action compensatoire, comme garder l'individu au sec, sont également possibles. Grosshand et al. (1996), dans une étude réalisée dans une unité de gériatrie, démontre que grâce à une équipe motivée et bien formée, il a été possible d'améliorer la qualité de vie d'un groupe de personnes. 6 CHAPITRE II PROGRAMME DE SOINS 7 ORIENTATION DU PROGRAMME L'orientation donnée à ce programme prévoit qu'une élimination urinaire adaptée à sa condition s'avère pour la personne âgée un élément important de sa qualité de vie. Chaque individu devrait donc pouvoir profiter de soins ajustés à sa condition de santé. BUT DU PROGRAMME Les bénéficiaires souffrant d'incontinence urinaire recevront les soins requis par leur condition soit pour en atténuer la gravité, soit pour en contourner les principaux ennuis ou pour faire disparaître l'incontinence lorsque possible ou de vivre plus sainement avec cette difficulté lorsqu'il est impossible de la résoudre. OBJECTIFS SPÉCIFIQUES Une évaluation et un suivi strict de la situation de l'incontinence de la bénéficiaire seront pratiqués à l'admission et durant le séjour de celle-ci dans le milieu. Des interventions adaptées au type d'incontinence identifiée seront utilisées. Un enseignement adapté et des conseils judicieux seront donnés par l'infirmière à la bénéficiaire et à sa famille. L'infirmière utilisera une approche compréhensive et stimulante pour amener la bénéficiaire à adopter de nouvelles stratégies d'élimination. Une étroite collaboration interdisciplinaire sera réalisée avec les autres professionnels impliqués dans cet objectif. 8 STRATÉGIE D'IMPLANTATION Ce programme est accessible à toutes les infirmières de l'Institut oeuvrant en soins de longue durée, en réadaptation, en courte durée gériatrique, à l'hôpital de jour et au centre de jour. Il sera diffusé et expliqué à toutes les infirmières du milieu et servira comme instrument de formation et de rafraîchissement des connaissances au besoin. RÉVISION DU PROGRAMME La révision peut se faire aux trois ans. 9 CHAPITRE III L'INCONTINENCE URINAIRE DE LA PERSONNE ÂGÉE : NOTIONS THÉORIQUES 10 L'APPAREIL URINAIRE Le système urinaire est constitué des voies urinaires hautes (reins, bassinets et uretères) et des voies urinaires basses (vessie, urètre, sphincters et méat). Les voies urinaires hautes assurent la production et le transport de l'urine alors que les voies urinaires basses s'occupent de l'entreposage de l'urine et de son évacuation. ENTREPOSAGE ET ÉVACUATION DE L'URINE Tout le processus entourant la miction implique la participation des systèmes nerveux et endocrinien et une partie du système génito-urinaire qui gèrent l'entreposage de l'urine et son évacuation. Source: Maugourd-Bizien, M. F., J.M. Vetel et A. Bizien, L'incontinence urinaire des personnes âgées, MEDSI/McGraw-Hill, 1988, p. 16. 11 Le premier besoin d'uriner est ressenti lorsque 150-350 ml d'urine sont accumulés dans la vessie; généralement il est facilement inhibé. Lorsque le volume atteint 300-500 ml, le besoin impérieux d'uriner est maîtrisé uniquement par le contrôle volontaire sur le sphincter externe. ENTREPOSAGE ET ÉVACUATION DE L'URINE CHEZ LA PERSONNE ÂGÉE La production d'urine est modifiée par le vieillissement physiologique vasculaire et rénal. L'entreposage et l'évacuation sont également changés pour les mêmes raisons auxquelles s'ajoutent les changements hormonaux. En effet, les muscles de la vessie et des sphincters et ceux du périnée perdent alors une partie de leur force, de leur tonus, de leur élasticité et de leur contractilité. Ces changements provoquent une baisse de la capacité vésicale et une possibilité de résidu post-mictionnel, avec une augmentation de la fréquence des mictions normales ou impérieuses la nuit. Plusieurs facteurs peuvent influer sur l'entreposage et l'évacuation de l'urine dont l'hypertrophie bénigne de la prostate, le cancer de la prostate et l'infection urinaire. TYPES D'INCONTINENCE L'incontinence urinaire est un écoulement d'urine qui se manifeste à un moment inopportun. Selon la classification des diagnostics infirmiers ANADI, (Douenges, Moorhouse et Lefebvre, 1996) on distingue cinq types d'incontinence urinaire: l'incontinence à l'effort, l'incontinence urinaire fonctionnelle, l'incontinence par réduction du temps d'alerte, l'incontinence urinaire complète et l'incontinence réflexe. Il peut y avoir également plus d'un type d'incontinence à la fois. Il s'agit alors d'une incontinence mixte. Ce type d'incontinence se retrouve dans 30% de toutes les situations d'incontinence. L'incontinence urinaire fonctionnelle est classée parmi les incontinences mais n'en est pas une véritablement puisque la vessie fonctionne bien. Il s'agit plutôt d'un problème dû à l'environnement. 12 L'incontinence à l'effort Synonyme fréquemment entendu : incontinence au stress L'incontinence à l'effort est un écoulement d'urine de moins de 50 ml se produisant lorsque la pression abdominale augmente ou à cause d'une insuffisance sphinctérienne. Ce problème est particulièrement fréquent chez les femmes postménopausées ou âgées. Le résidu postmictionnel est > que 50 ml Caractéristiques mictions fréquentes (plus souvent qu'aux deux heures); fuite d'urine lorsqu'il y a augmentation de la pression abdominale (toux, éternuement, soulèvement d'un objet, changement de position). Ne survient pas la nuit; Facteurs favorisants dégénérescence des muscles et des structures du bassin associée au vieillissement; forte pression intra-abdominale (obésité); faiblesse du sphincter vésical; distension vésicale entre les mictions; faiblesse des muscles et des structures de soutien du bassin (efforts à la défécation dus à une constipation chronique); affaissement du support pelvien à la suite de nombreuses grossesses. Facteurs déclenchants augmentation de la pression intra-abdominale (toux, éternuement, soulèvement d'un objet lourd, changement de position, rire). 13 L'incontinence par réduction du temps d'alerte Synonymes fréquemment entendus : incontinence par impériosité, par vessie non inhibée, d'urgence L'incontinence par réduction du temps d'alerte est un écoulement involontaire d'urine peu après qu'une forte envie d'uriner se soit fait sentir. Le résidu postmictionnel est normal. Caractéristiques miction impérieuse; nycturie (plus de deux fois par nuit); mictions fréquentes (intervalles inférieurs à deux heures); contractions ou spasmes vésicaux. émissions abondantes (plus de 550 ml); incapacité d'arriver à temps aux toilettes; Facteurs favorisants diminution de la capacité vésicale; par irritation des récepteurs de la paroi vésicale provoquant un spasme (infection de la vessie), alcool, caféine, augmentation des liquides, augmentation de la concentration urinaire, surdistension de la vessie, après le port prolongé d'une sonde vésicale; médicaments: diurétiques, sédatifs; constipation ou fécalome; 14 L'incontinence urinaire complète Synonyme fréquemment entendu : incontinence par regorgement ou par trop-plein L'incontinence urinaire complète est un écoulement continu et imprévisible d'urine. Le résidu postmictionnel est plus que 100 ml Caractéristiques écoulement continu d'urine se produisant en goutte à goutte ou à des moments imprévisibles; nycturie; absence de sensation de plénitude périnéale ou vésicale; non-conscience de l'écoulement urinaire; incontinence réfractaire aux traitements. Facteurs favorisants: vessie atone: neuropathie inhibant la transmission du réflexe indiquant que la vessie est pleine (transmission de l'influx nerveux des terminaisons nerveuses jusqu'à la vessie); vessie autonome: dysfonctionnement neurologique provoquant le déclenchement de la miction à des moments imprévisibles (par exemple: dans le cas de sclérose en plaques); contraction indépendante du fonctionnement réflexe du détrusor (muscle vésical) à la suite d'une intervention chirurgicale. 15 Incontinence urinaire réflexe L'incontinence urinaire réflexe est un écoulement involontaire se produisant à des intervalles relativement prévisibles lorsque la vessie atteint un volume déterminé. Le résidu postmictionnel est moins que 50 ml. Caractéristiques: non-conscience du remplissage de la vessie; absence de besoin d'uriner et de la sensation de plénitude vésicale; mictions abondantes; non-perception de l'écoulement urinaire; contractions non inhibées ou spasmes de la vessie à intervalles réguliers; fréquences mictionnelles prévisibles selon la quantité d'urine dans la vessie; mictions interrompues, incomplètes ou involontaires; tonus anal normal ou accru. Facteurs favorisants: trouble neurologique (lésion médullaire empêchant la transmission des influx nerveux de la vessie au cerveau); lésion cérébrale abolissant le contrôle volontaire de la miction. L'incontinence urinaire réflexe ressemble beaucoup à l'incontinence par réduction du temps d'alerte. Elle se produit suite à des problèmes neurologiques. 16 L'incontinence urinaire fonctionnelle Synonyme fréquemment entendu : incontinence indue L'incontinence urinaire fonctionnelle est un écoulement involontaire et imprévisible d'urine. Elle n'est pas due à un problème de la vessie mais à l'environnement et à certaines situations qui entraînent une perte d'autonomie physique ou cognitive. Le résidu est normal. Caractéristiques besoin d'uriner qui s'accentue quand il y a une difficulté de trouver ou de se rendre aux toilettes; mictions abondantes. Facteurs favorisants déficits sensoriels et cognitifs (refus de tenir compte du besoin impérieux d'uriner): . trouble de la mémoire, désorientation; . problème visuel, auditif; déficit moteur: difficulté à enlever les vêtements; médication de psychotropes; barrières physiques dans l'environnement: - mobilier inadéquat - contentions - inaccessibilité des toilettes; fécalome. 17 CHAPITRE IV LES MÉTHODES DE RÉÉDUCATION VÉSICALE 18 Toutes les méthodes de rééducation agissent sur les paramètres du fonctionnement vésico-sphinctérien. Elles peuvent être manuelles, comportementales, instrumentales ou les deux dernières à la fois. Les techniques manuelles comprennent les exercices des muscles pelviens (Kegel) et l'apprentissage de la vidange vésicale. Les techniques comportementales ont pour objectif de modifier les comportements mictionnels en instaurant les mictions à heures fixes, l'entraînement vésical et le renforcement du comportement. Les techniques instrumentales utilisent l'électrostimulation. Comme elle sont pratiquées dans des centres spécialisés, la bénéficiaire qui a besoin de ces traitements doit donc les recevoir dans ces milieux. Nous ne les expliquerons donc pas. Le biofeedback est à la fois une technique comportementale et instrumentale. Le biofeedback est l'application d'une méthode comportementale dans l'apprentissage d'une réponse physiologique. Autrement dit, les séances de biofeedback vésico- sphinctériennes sont incluses dans un programme de rééducation comportementale complexe. Outre des séances de rééducation avec feed-back visuel des fonctions vésicales, sphinctériennes et abdominales, elles comprennent des entretiens visant à modifier le comportement mictionnel du patient et son comportement face au risque de fuite. Des conseils techniques et une valorisation des succès sont des éléments importants de la réussite de ce programme. Dans le cadre de ce programme, nous nous attarderons aux deux premières méthodes qui sont plus accessibles, les autres requérant des équipements sophistiqués disponibles dans les centres spécialisés. Certaines bénéficiaires, capables de participer pleinement, pourraient y être référées. 19 TECHNIQUES MANUELLES Certaines techniques dites manuelles donnent de bons résultats. Parmi celles-ci, les exercices pour renforcer les muscles pelviens sont simples, efficaces et faciles à utiliser. Exercices pour renforcer les muscles du plancher pelvien Les pertes d'urine peuvent être complètement ou partiellement causées par une déficience des muscles du plancher pelvien. Lorsque la personne rit, éternue, tousse, ou encore lorsque la vessie est trop pleine, ces muscles ne font pas leur travail de retenue et l'incontinence urinaire se produit. Les exercices pour renforcer ces muscles (appelés exercices de Kegel) sont excellents pour fournir un soutien normal au plancher pelvien (Wells, 1990). Ils aident à assurer le contrôle de la vessie et diminuer ou arrêter les fuites. Ces exercices, pour être efficaces, doivent être faits correctement au moins 50 à 100 fois par jour pendant 4 à 8 semaines. Ces exercices sont contre indiqués en présence de déficiences cognitives profondes. Ils ne présentent aucun risque et sur le plan de l’efficacité, ils permettent d’obtenir des taux de guérison ou d’amélioration. Pour l’incontinence à l’effort par exemple, un changement positif est noté dans 66 à 82% des cas (Buttery, 1996). Il faut cependant être persévérant, car il se peut que les premiers résultats prennent quelques semaines avant d’être observés. Selon Buttery (1996), les exercices de Kegel sont indiqués : pour les personnes atteintes d’incontinence urinaire à l’effort ou lorsqu’une des composantes est l’insuffisance sphinctérienne; pour les personnes présentant des lésions aux sphincters urinaires internes, tels les hommes prostatectomisés; en conjonction avec les cônes vaginaux, la rééducation vésicale, la biorétroaction, les médicaments et la chirurgie. Pour enseigner les exercices de Kegel, se servir du document « Physiothérapie pour renforcer les muscles du plancher pelvien », annexe 4. 20 L'apprentissage de la vidange vésicale Rééducation d'une personne souffrant de rétention urinaire Principe Technique associant sondages post-mictionnels et élimination vésicale par poussée abdominale. Objectif Lors de rétention chronique, maintenir le volume vésical <400 cc avec un sondage post-miction qui élimine le résidu. Supprimer un sondage grâce à l'apprentissage d'une vidange vésicale complète. Procédure à faire exécuter par la personne: Si le résidu est >400 cc, établir une stratégie mictionnelle (déterminer avec le bénéficiaire un comportement mictionnel comprenant 6 mictions obligatoires, par exemples à 8 h, 11 h, 14 h, 20 h et 23 h) en fonction des apports hydriques quotidiens, de façon à ce que le volume vésical soit <400 cc. Installer une sonde après chaque miction et après les repas. Si le résidu est <100 cc, diminuer à deux sondages par jour jusqu'à l'arrêt1. En cas d'échec avec cette technique, apprendre à vider la vessie par la manoeuvre de Valsalva2 et/ou la manoeuvre de Crédé. ♦ Manoeuvre de Valsalva Les sphincters sont volontairement relaxés et le poids des viscères, poussés par les muscles abdominaux et le diaphragme, exerce une pression permettant la vidange vésicale (difficile chez le sujet âgé). Le sujet inspire profondément puis, glotte fermée, pousse vers le bas. 1 La personne se présente aux toilettes et tente, dans le calme, d'initier sa miction en relaxant le périnée et en contractant ses muscles abdominaux. 2 En l'absence du reflux vésico-urétéral, confirmée par échographie. 21 ♦ Manoeuvre de Crédé Cette manoeuvre consiste à pousser sur les muscles abdominaux avec les deux mains l'une sur l'autre vers le bas, juste en dessous de la région ombilicale; on répète le mouvement jusqu'à ce que l'urine cesse de s'écouler (contre-indiqué dans les cas d'obstruction mécanique telle l'hyperplasie de la prostate, masse abdominale, anévrisme). L'obtention d'une vidange vésicale satisfaisante nécessite en moyenne trois semaines; ce qui est le temps nécessaire pour que le détrusor retrouve sa contractilité. En cas d'insuccès, on se tournera vers les explorations urodynamiques ou le biofeedback selon les ordonnances médicales. Sinon, on pensera à la sonde à demeure. 22 TECHNIQUES COMPORTEMENTALES Les théories comportementales reposent sur le principe que tout comportement résulte d'une interaction avec son environnement. On peut donc "modifier" un comportement en intervenant sur l'environnement. Cette action permet d'améliorer la symptomatologie sans nécessairement traiter la cause. Les mictions à heures fixes et l'entraînement vésical sont les moyens à utiliser pour changer les comportements. Mictions à heures fixes Cette méthode s'applique à modifier le comportement mictionnel antérieur en faisant uriner sur incitation et non plus d'après le besoin; ceci n'est pas une méthode de rééducation Indication Cette méthode fait partie des soins destinés aux individus incontinents lorsqu'il s'avère que c'est la seule solution possible. Il faut que la personne ait conservé la possibilité d'initier sa miction, ce qui peut s'avérer difficile dans les stades sévères de troubles cognitifs. Cette approche est plus compliquée lorsque se présente un autre problème (de mobilisation, d'incapacité de marcher, etc.). Cependant dans les stades moins sévères de la démence, inférieurs à 6 sur l'échelle de Reisberg, 1988), la démarche d'évaluation pourrait être tentée à l'admission d'une bénéficiaire incontinente. Objectif Garder l'individu au sec, non le rendre continent. Le succès prévisible est de 50 à 80 %. Toutefois, la continence n'est pas le résultat d'une rééducation mais d'un comportement de soutien ou de prévoyance du personnel. 23 Pratique Il s'agit de planifier les mictions. D'après le journal mictionnel (en annexe), on définit les intervalles intermictionnels fixes (par exemple: aux heures et demie, aux deux heures). On invite le sujet à vider sa vessie ou on l'amène à la toilette environ trente minutes avant les moments habituels d'incontinence. Cette méthode exige une flexibilité dans la routine de travail de l'unité. Entraînement vésical Cette méthode tend à modifier le comportement antécédent. La capacité vésicale peut être modifiée en fonction des habitudes de surcharge qu'on lui impose. Elle nécessite la participation volontaire du sujet à qui l'on propose d'uriner et de se retenir en fonction d'un programme convenu avec les intervenants. Indications Cette méthode est indiquée pour les vessies hypoactives qui se vident mal, les incontinences incomplètes ou l'urgence mictionnelle avec pollakiurie. Objectif Restaurer le besoin d'uriner une capacité normale (entre 300 cc à 400 cc. Procédure à faire exécuter par la personne À partir du journal mictionnel, noter les intervalles entre les mictions de la journée. Respecter strictement l'intervalle intermictionnel. 24 Vider la vessie au lever le matin, à la fin de chaque intervalle intermictionnel au cours de la journée et juste avant de se coucher. Uriner selon l'horaire, non pas d'après le besoin (même s'il n'y a pas d'envie ou si l'envie est ressentie avant l'intervalle intermictionnel). Dans le cas d'une activité assez longue, réajuster le temps de l'intervalle intermictionnel d'après l'heure de la miction faite avant l'activité. Garder cet intervalle intermictionnel jusqu'au moment où il est possible de s'y conformer d'une façon confortable pendant trois jours. C'est alors que l'on rallonge l'intervalle de 30 minutes pendant trois jours, pour arriver à huit mictions par jour seulement. Dans le cas de détrusor hypocontractile (muscle vésical qui se contracte mal), cette méthode est utilisée en association avec la manoeuvre de Valsalva et les sondages post-mictionnels. On propose à la personne de ne jamais avoir un volume vésical fonctionnel supérieur à 400 cc, en programmant aussi les mictions en fonction des apports liquidiens. Lorsque la vessie est décomprimée, la sensation de besoin peut revenir spontanément (sinon on peut la "réveiller" par des lavages vésicaux à l'eau glacée et un biofeedback vésical) selon ordonnances médicales. Sinon, la personne gardera un programme de mictions à heures fixes. Dans le cas d'hyperactivité du détrusor (muscle vésical qui se contracte beaucoup), la technique consiste à prendre pour base le journal mictionnel du patient (pour évaluer la capacité vésicale fonctionnelle, c'est-à-dire le niveau de remplissage qui déclenche habituellement le besoin plus ou moins suivi de fuite). On institue donc une pollakiurie de précautions et l'on tend à augmenter les intervalles intermictionnels de 5 minutes en 5 minutes. On propose ainsi à la personne d'uriner non plus en fonction de l'urgence mais en fonction de l'heure et de tenter de se retenir un peu plus chaque fois. 25 Cette méthode est souvent employée avec les exercices de Kegel (ou le biofeedback). Chez les personnes âgées, l'irritabilité vésicale se manifeste en moyenne à moins de 100 cc. Or, l'entraînement vésical est efficace si la capacité vésicale fonctionnelle est supérieure à 200 cc. Cependant, cette activité est un excellent appoint à la rééducation du sujet âgé. Renforcement du comportement Renforcement verbal positif Il est indispensable de faire un renforcement verbal positif, féliciter la personne lors d'un comportement (miction) approprié, l'encourager et lui faire voir ses améliorations, lui rappeler le pourquoi des stratégies et lui donner "le droit d'oublier". La détente et la concentration Il est également important que la personne en situation d’apprentissage se mettre dans une atmosphère de calme et de concentration. Il peut être nécessaire de l’aider à s’organiser pour planifier ces moments et l’encourager à poursuivre. 26 CHAPITRE V LA COLLECTE DE DONNÉES LE PLAN DE SOINS TYPE 27 Évaluation gériatrique Soins infirmiers La collecte de données spécifique à l'incontinence urinaire3 1. Profil d'élimination urinaire 1.1 Habitudes antérieures: Nombre de mictions le jour: ___ la nuit :___ Volume des mictions : petit ❐ moyen ❐ grand Caractéristiques de l'urine: 1.2 Dispositifs urinaires: Jour Nuit Urinal ❐ ❐ Bassin de lit ❐ ❐ Jour Nuit Chaise d'aisance ❐ ❐ Toilette ❐ ❐ 2. Profil d'incontinence urinaire 2.1 Histoire de l'incontinence Avez-vous déjà parlé de ce problème ? oui ❐ non ❐ Est-ce qu'il vous arrive de perdre accidentellement vos urines ? oui ❐ non Est-ce que votre problème de vessie peut nuire à vos activités ? oui ❐ non ❐ Est-ce la première fois que ce problème se présente ? oui ❐ non ❐ ❐ Début: Quand ce problème a-t-il commencé ? __________________________________________ (1ère manifestations / mode d'installation du présent problème) Mode d'apparition: Soudain ❐ Graduel ❐ __________________________________________ Fréquence: Nombre d'incontinence et heures d'arrivée /24 heures ____________________________ 3 Adaptation du Programme de rééducation vésicale chez la personne âgée, Deschamps, S. et H. Couture, infirmières spécialisées en gériatrie, D.S.I., Centre hospitalier de Verdun. Permission d'utiliser accordée par les auteures, le 20 mai 1997. Soucy, O. Borduas, Y. (1998). L’incontinence urinaire chez les personnes âgées et les méthodes de rééducation. Direction des soins infirmiers, Institut universitaire de gériatrie de Montréal. 28 ❐ Volume d’urine : Jet normal ❐ Jet intermittent ❐ Quantité : Petit (<100 ml) ❐ Fuite continuelle ❐ Variable ❐ Moyen (100-250 ml) ❐ Goutte à goutte ❐ Grand (>250 ml) ❐ 2.2 Symptômes génito-urinaires associés Oui Non Oui Non Absence ou diminution de la sensation du besoin d'uriner ❐ ❐ Distension vésicale ❐ ❐ Besoin impérieux d'uriner ❐ ❐ Incapacité d’arrêter le jet d’urine pendant la miction ❐ ❐ Incapacité de se retenir ❐ ❐ Hématurie ❐ ❐ Difficulté à vider sa vessie complètement ❐ ❐ Sentir sa vessie pleine ❐ ❐ Besoin fréquent d'uriner ❐ ❐ Urines troubles ❐ ❐ Difficulté à initier la miction ❐ ❐ Écoulement fractionné ❐ ❐ Lenteur à uriner ❐ ❐ Fuite précédée d'un besoin ❐ ❐ Brulûre à la miction ❐ ❐ Fuite sans besoin ❐ ❐ Démangeaison à la miction ❐ ❐ Fuite perçue immédiatement ❐ ❐ Douleur ou inconfort à la miction ❐ ❐ Fuite découverte par l'humidité ❐ ❐ Effort nécessaire pour maintenir l'écoulement ❐ ❐ Autres: 2.3 Facteurs précipitant les pertes d'urines Toux ❐ Rire ❐ Éternuement ❐ Exercices ❐ Soins d'hygiène quotidiens ❐ Mouchage ❐ Station debout ❐ Acte sexuel ❐ Monter un escalier ❐ Temps froid ❐ En route vers la toilette ❐ Soulèvement d'un objet ❐ Changement de position ❐ Déshabillage ❐ 29 2.4 Mesures palliatives utilisées ❐ Aucune ❐ Coussinet ou serviette sanitaire (protection) ❐ Culotte d'incontinence ❐ Condom collecteur ❐ Sonde 3. Profil d'hydratation (Que buvez-vous, quelle quantité, à quelle heure?) 3.1 Liquides ingérés / 24 heures : # verres de liquides : _____________________________________________________________ (spécifiez lesquels et l'horaire de la prise) # verres de café, thé, cola : ________________________________________________________ # verres d'alcool : _______________________________________________________________ 4. Profil d'élimination intestinale Fréquence des selles / semaine : _________________ Consistance des selles : _______________ Laxatifs utilisés : ________________________________________________________________ Incontinence fécale associée : Oui ❐ Non ❐ 5. Capacités fonctionnelles Seul Avec aide Seul Avec aide Se tenir debout (équilibre) ❐ ❐ Utiliser la toilette ❐ ❐ Se lever et se recoucher ❐ ❐ Utiliser la chaise d'aisance ❐ ❐ Marcher jusqu'à la toilette ❐ ❐ Utiliser l'urinal ou le bassin ❐ ❐ S'asseoir et se lever de la chaise ❐ ❐ Soins de propreté postmiction ou après une selle ❐ ❐ Douleur à la marche ❐ ❐ 30 6. État cognitif et sensoriel Oui Non Oui Non Ouïe adéquate ou compensée ❐ ❐ Orientation dans l'espace ❐ ❐ Vision adéquate ou compensée ❐ ❐ Orientation dans le temps ❐ ❐ Compréhension ❐ ❐ Mémoire à court terme ❐ ❐ Bénéficiaire signale son besoin d'éliminer ❐ ❐ Mémoire à long terme ❐ ❐ Bénéficiaire semble savoir s'il est mouillé ❐ ❐ Bénéficiaire urine si assis sur la toilette ❐ ❐ Apraxie ❐ ❐ Agnosie (ne reconnaît pas la toilette) ❐ ❐ Oui Non Est-ce que ce problème affecte le moral ? perte d'espoir ___ dépendance ___ ❐ ❐ Perte d'espoir, dépendance, sentiment d'impuissance (ex.: résigné, a démissionné) ❐ ❐ Déni du problème / indifférence (ex.: n'est pas motivé à régler le problème, refuse l’aide ❐ ❐ Gains secondaires (ex.: désire hébergement, demande d'attention...) ❐ ❐ Situation de stress (peur, anxiété) ❐ ❐ 7. Facteurs d'ordre affectif Autres : ___________________________________________________________________________ 8. Facteurs environnementaux 8.1 Accès aux toilettes ou substituts Oui Non Oui Non Toilette proche ❐ ❐ Cloche d'appel accessible ❐ ❐ Salle de toilettes bien identifiée ❐ ❐ Urinal ou bassin accessible ❐ ❐ Hauteur adéquate du lit ❐ ❐ Ridelles du lit baissées ❐ ❐ Intimité possible lors de l'élimination ❐ ❐ Modification récente de l'environnement ❐ ❐ Accessoires de marche accessibles ❐ ❐ Routine imposée ou non ❐ ❐ 31 8.2 Aménagement des toilettes Oui Non Hauteur adéquate du siège ❐ ❐ Présence de barres d'appui ❐ Aide disponible ❐ 9. Oui Non Cloche d'appel accessible ❐ ❐ ❐ Éclairage adéquat ❐ ❐ ❐ Vêtements faciles à enlever ❐ ❐ Histoire médicale (inscrire au dossier médical) Neurologique Autres problèmes médicaux A.V.C. ❐ Neuropathie diabétique ❐ Parkinson ❐ Maladie aiguë affectant mobilité (ex.: pneumonie) ❐ Blessure colonne lombaire ❐ Dépression ❐ Alzheimer ❐ Insuffisance cardiaque ❐ Ralentissement ❐ Maladie pulmonaire obstructive chronique ou sévère ❐ Démence (Mini-mental = _____) ❐ ❐ Obésité ❐ Blessure au crâne Gynécologique Investigations et interventions médicales Rectocèle ❐ Analyse et culture d'urine ❐ Vaginite ❐ Volume résiduel ❐ Cystocèle ❐ Résidu post-mictionnel ❐ Atrophie vaginale (grossesses) ❐ Retrait récent d'une sonde vésicale ❐ Scan cérébral Arthrite (état des mains) ❐ Cystométrie ❐ ❐ Fracture ❐ Échographie prostatique ❐ Cysternographie Musculo-squelettique Infection urinaire ❐ Chirurgie pelvienne ❐ ❐ Hypertrophie prostate ❐ Chirurgie abdominale (urètre, vessie, prostate) ❐ Tumeur (rectale) ❐ Urologique (suite) Urétrite ❐ Calculs Urologique 32 ❐ 10. Diagnostic infirmier À partir de la grille de mictions et de la collecte de données, identifiez le diagnostic infirmier approprié. Incontinence urinaire à l'effort reliée à : ________________________________________________ _________________________________________________________________________________ Incontinence urinaire complète : ______________________________________________________ ________________________________________________________________________________ Incontinence urinaire par réduction du temps d'alerte reliée à: _______________________________ ________________________________________________________________________________ Incontinence urinaire réflexe : _________________________________________________________ Incontinence urinaire fonctionnelle reliée à : ______________________________________________ ________________________________________________________________________________ Évaluation faite par : __________________________________________ Infirmière Date: _______________________ 33 LE PLAN DE SOINS TYPE L’ÉLIMINATION VÉSICALE DE LA PERSONNE ÂGÉE PROBLÈMES Incontinence urinaire à l’effort (fuite d’urine moins de 50 ml) FACTEURS D'ÉTIOLOGIE Augmentation de la pression abdominale : − Toux, éternuement, soulèvement d’un objet, changement de position. OBJECTIFS La bénéficiaire demeurera continente même s’il y a augmentation de la pression abdominale ou une diminution de la pression urétrale. INTERVENTIONS − Favoriser la rééducation vésicale s’il y a une instabilité vésicale. − Lorsqu'une bénéficiaire est sous évaluation ou sous traitement d’incontinence vésicale, demander aux intervenants de toutes les disciplines de collaborer (ex. : aider la personne âgée à remplir son journal mictionnel lors d’activités de physiothérapie ou de loisirs). − Enseigner à la bénéficiaire les exercices des muscles du plancher pelvien pour accroître le tonus de ces muscles (voir annexe 4). − Établir un horaire d'exercices avec le bénéficiaire − Relâchement du périnée − Recommander d'éviter de soulever des charges trop lourdes. − Obésité − Prévoir et pallier aux effets secondaires des anti-cholinergiques et anti-spasmodiques. Soucy, O. Borduas, Y. (1998). L’incontinence urinaire chez les personnes âgées et les méthodes de rééducation. Direction des soins infirmiers, Institut universitaire de gériatrie de Montréal. 34 PROBLÈMES FACTEURS D'ÉTIOLOGIE OBJECTIFS INTERVENTIONS − Féliciter les réussites des exercices de Kegel et les résultats obtenus (ceci peut prendre un mois avant d'observer les premiers résultats). Mythes et tabous − En attendant, utiliser certains moyens palliatifs comme des protecteurs hygiéniques. − Intervention palliative : Il existe dans le commerce des anneaux d’incontinence urinaire (pessaire) qui peuvent être installés vaginalement par le médecin et changés régulièrement aux deux ou trois mois par l’infirmière. Cet accessoire en comprimant l’urètre empêche les écoulements d’urine lors d’efforts. Incontinence urinaire fonctionnelle Signes de plénitude vésicale souvent non reconnus. Écoulement involontaire et imprévisible d'urine Diminution de la capacité fonctionnelle. La bénéficiaire utilisera la toilette − Instaurer les mictions à heures fixes. ou le substitut (bassin de lit, urinal) à temps. − Favoriser les méthodes de renforcement positif du comportement. (Incapacité d'atteindre à temps les toilettes). − Placer, autant que possible, la bénéficiaire dans une chambre avec salle de bains ou à proximité d'une toilette. − S'il y a incapacité fonctionnelle très grande, prévoir une chaise d'aisance près du lit, un bassin de lit ou un urinal à la portée. 35 PROBLÈMES FACTEURS D'ÉTIOLOGIE OBJECTIFS INTERVENTIONS − Laisser la cloche d'appel à proximité et répondre promptement à l'appel. − Favoriser l'utilisation de vêtements adaptés, faciles à enlever et lavables. − Conseiller des chaussures avec semelles antidérapantes, munies d'attaches en velcro. Problèmes visuels et/ou auditifs. − S’assurer qu’elle connaît l’emplacement de la toilette et qu'elle peut s'y rendre seul ou en utilisant une aide mécanique (fauteuil roulant, accessoire de marche). Obstacles environnementaux. − Dégager le passage pour se rendre à la toilette. − Laisser une veilleuse allumée, la nuit. − Placer sur la porte de la toilette, des points de repère précis que le bénéficiaire peut reconnaître. Déficits cognitifs. Baisse de vigilance ou diminution de l'attention. − La conduire à la toilette, si elle ne peut le faire seule ou lui donner le bassin de lit ou l'urinal. − Surveiller les signes d'agitation précurseurs d'une envie d'uriner. États confusionnels aigus. − Essayer d'identifier la cause de l'état confusionnel. − Aviser le médecin traitant. 36 PROBLÈMES FACTEURS D'ÉTIOLOGIE OBJECTIFS INTERVENTIONS Effets secondaires des médicaments (sédatifs, hypnotiques, analgésiques) − Identifier les médicaments pris par le bénéficiaire. Problèmes affectifs: S'il y a lieu, traiter l'état dépressif: perte d'espoir, dépendance, repli sur soi, motivation diminuée, besoin d'attention. − Stimuler la bénéficiaire à garder le contrôle de son élimination vésicale. − Écouter, encourager, apporter du soutien. − Discuter de la problématique en équipe interdisciplinaire. Incontinence urinaire complète Neuropathie. La vessie sera vidée au moyen d'une sonde ou d'un support palliatif (ex.: culotte jetable) selon un horaire pré-établi. − Vérifier avec la bénéficiaire l'horaire de ses mictions. − Établir un horaire d'élimination. − Enseigner la manoeuvre de Crédé (p. 23) − Enseigner la technique d'auto-cathétérisme, si nécessaire (Institut universitaire de gériatrie de Montréal, cahier de techniques, no 3.2.11). − Si usage permanent de sonde, recommander: d'utiliser une sonde en silicone . de bien nettoyer les pourtours de la sonde vésicale de boire des jus acidifiants (canneberge) afin d'empêcher la croissance bactérienne. 37 PROBLÈMES FACTEURS D'ÉTIOLOGIE OBJECTIFS INTERVENTIONS − Vérifier l'élimination intestinale pour déceler la présence de fécalome et procéder au traitement indiqué. − Recommander l’usage de culotte jetable absorbante ou de pad avec filet. Incontinence par réduction du temps d'alerte Diminution de la capacité vésicale suite à une pathologie. La bénéficiaire augmentera les intervalles d'élimination jusqu'à l'obtention d'un temps de 3 – 4 heures entre les mictions. − Évaluer l'élimination vésicale à l'aide du Journal mictionnel (annexe I) ou de la Grille horaire des mictions [auto-évaluation par le bénéficiaire] (annexe II). − Mettre en place un programme d'entraînement vésical (p. 25). − Établir un horaire assez fréquent car la vessie ne peut contenir qu'un petit volume d'urine au début. − Enseigner à la bénéficiaire comment se retenir et augmenter progressivement le temps entre les mictions. − Lui montrer comment se relaxer en respirant profondément pour diminuer et supprimer la première sensation urgente d'uriner. − En route pour la toilette, faire quelques exercices de Kegel. − Quand la sensation se fait sentir, attendre cinq minutes avant de se rendre à la toilette, augmenter progressivement ce temps. − Pratiquer cet exercice lorsque la toilette est à proximité. Lui demander de serrer les muscles du périnée en se levant du lit. 38 PROBLÈMES FACTEURS D'ÉTIOLOGIE OBJECTIFS INTERVENTIONS − Inciter la bénéficiaire à boire des liquides à heures fixes afin de connaître approximativement l'horaire des mictions. Incontinence urinaire réflexe. Constipation. − Alcool, café et thé. − Conseiller à la bénéficiaire de restreindre la consommation d'alcool, café et thé qui sont très irritants. Retrait d'une sonde à demeure. − Suivre la technique de retrait d'une sonde à demeure. Trouble neurologique. La bénéficiaire videra sa vessie le plus complètement possible avant d'atteindre le volume d'urine déclencheur de la miction. Surveiller le rythme d'élimination intestinale et le garder adéquat (aux 2 3 jours). − Évaluer avec la bénéficiaire son horaire et son profil d'élimination (quantité évacuée et restante). − Établir un profil d'élimination. − Amener la bénéficiaire à la toilette selon l'horaire prévu. Stimuler la miction avec un jet d'eau chaude dirigé sur le périnée ou faire couler l'eau du robinet. − Enseigner à la bénéficiaire de presser sur sa vessie pour évacuer le plus d'urine possible (manoeuvre de Crédé, p. 23). − Montrer à la bénéficiaire à faire des autocathétérismes intermittents. − Recommander de ne pas boire de liquide deux à trois heures avant le sommeil afin de réduire l'énurésie. 39 BIBLIOGRAPHIE BURGIO, K., K. PEARCE et A. LUCCO (1993). Liberté retrouvée, l'incontinence urinaire, parlons-en ! Les Publications du Québec, 1993. BUTTERY, J. (1996). "La personne âgée et son besoin d'éliminer les déchets de l'organisme", in Lauzon, S. et E. Adam (dir.), La personne âgée et ses besoins : interventions infirmières, ERPI, ch. 8. CHEVALIER, M. et M. MORIN (1994). "L'incontinence urinaire en gériatrie", Le Clinicien, août, pp. 29-47. DESCHAMPS, S. et H. COUTURE (1995). Programme de rééducation vésicale chez la personne âgée, Direction des soins infirmiers, Centre hospitalier de Verdun, Montréal. DESCHAMPS, S. et H. COUTURE (1996). "L'incontinence urinaire chez la personne âgée : savoir déterminer le bon diagnostic infirmier", L'infirmière du Québec, sept.oct., pp. 29-37. DOENGES, M., M.F. MOORHOUSE et M. LEFEBVRE (1996). infirmiers et interventions, 3e éd., ERPI. Diagnostics GROSSHANS, C., Y. PASSADORI, M. PIEQUET, V. PFLUGLELDER, M.T. RUMMELHART et B. PETER (1996). "Incontinence urinaire en long séjour : prévention et traitement sont-ils possibles ?" La Revue de Gériatrie, février, vol. 21, no 2, pp. 91-96. GUIMOND, J. et L. VALIQUETTE (1996). "L'incontinence urinaire chez la femme : un problème délicat", Le Clinicien, novembre, pp. 94-103. HENDERSON, V. (1966). The nature of nursing, New York, McMillan. MALDONADO, M. (1996). "L'incontinence urinaire chez la femme de plus de quarante ans", L'Omnipraticien, sept. MAUGOURD-BIZIEN, M.F., J.M. VETEL et A. BIZIEN (1988). L'incontinence urinaire des personnes âgées, MEDSI/McGraw-Hill. REISBERG, B. (1988). "Functional assessment staging (FAST)", Psychopharmacology Bulletin, 24, 653-659. Traduction libre de L. Francoeur et M. Peterson, Centre hospitalier Côte-des-Neiges, Montréal, 1996. - 40 - SULAK, P., KUEHL, T. et B. SHULL (1993). "Vaginal Pessaries and their use in Pelvic Relaxation", Journal of Reproductive Medecine, 38, 12, 919-923. VALIQUETTE, L. (1997). "Incontinence urinaire et autres problèmes urologiques" in Arcand-Hébert (dir.), Précis pratique de gériatrie, Edisem, ch. 19. WELLS, T.J. (1990). "Pelvic exercice" American Journal of American Geriatrics Society, 38, 333-337. - 41 - Nous désirons remercier M. Michel Pitre et Madame Cara Tannenbaum, médecins, qui ont apporté commentaires et ajouts au document. Des mercis sincères aux membres du comité de lecture de la Direction des soins infirmiers, Mesdames Murielle Duchesneau, Marie-Marthe Ouellet qui ont revu le texte et à Louise Bourret, secrétaire, qui s'est chargé du secrétariat. Dans ce document, le genre féminin inclut le masculin. Tous les produits de la vente de ce document sont transmis à la Fondation de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal (0674291-13). © Institut universitaire de gériatrie de Montréal, 1998 Dépôt légal - 1er trimestre 1998 ISBN 2-921514-33-8 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada ANNEXES JOURNAL MICTIONNEL GRILLE HORAIRE DES MICTIONS (Auto-évaluation) GUIDE POUR MESURER LES LIQUIDES MÉDICAMENTS ASSOCIÉS À L'INCONTINENCE PHYSIOTHÉRAPIE POUR RENFORCER LES MUSCLES DU PLANCHER PELVIEN ANNEXE IV Médicaments associés à l'incontinence Cochez si la bénéficiaire prend les médicaments suivants √ Exemples Classe de médicaments • Diurétiques ─ Hydrodiuril ─ Lasix • Adrénergiques : alpha et bêta agonistes ─ Éphédrine ─ Isuprel ─ Ventolin ─ Sudafed, Ornade, Sinutab (décongestionnants) alpha antagonistes ─ Minipress • Anticholinergiques : antidépresseurs • ─ Surmontil, Sinéquan, Anafranil, Élavil, Aventyl antipsychotiques ─ Largactil, Mellaril, Haldol, Orap antiparkinsoniens ─ Kemadrin antispasmodiques ─ Bentylol, Probanthine, Ditropan antihistaminiques ─ Bénadryl antiarythmiques ─ Atropine, Rythmodan analgésiques narcotiques ─ Codéine, Démérol, Percadan, Morphine bronchodilatateurs ─ Atrovent Somnifères ANNEXE V PHYSIOTHÉRAPIE POUR RENFORCER LES MUSCLES DU PLANCHER PELVIEN4 Les pertes d'urine peuvent être complètement ou partiellement causées par une déficience des muscles du plancher pelvien. Lorsque la personne rit, éternue, tousse, ou encore lorsque la vessie est trop pleine, ces muscles ne font pas leur travail de retenue et l'incontinence urinaire se produit. Les exercices pour renforcer ces muscles (appelés exercices de Kegel) sont excellents pour fournir un soutien normal au plancher pelvien (Wells, 1990)5. Ils aident à assurer le contrôle de la vessie et diminuer ou arrêter les fuites. Ces exercices, pour être efficaces, doivent être faits correctement au moins 50 à 100 fois par jour pendant 4 à 8 semaines. COMMENT IDENTIFIER LES MUSCLES DU PLANCHER PELVIEN: Au moment d'une miction, essayez d'arrêter le jet. Identifiez les muscles que vous utilisez pour le faire. Ce sont ces mêmes muscles qu'il faut faire travailler pendant les exercices de Kegel. Refaite ce test une fois par semaine pour être bien certaine que vous faites travailler les bons muscles. Placez un doigt dans le vagin et serrez les muscles. Identifiez-les pour pouvoir les contracter. COMMENT FAIRE LES EXERCICES DE KEGEL: En station debout ou assis, serrez les muscles du plancher pelvien pendant 10 secondes. Vous devez les sentir remuer et se contracter à l'intérieur et vers le haut. Respirez normalement. Ne pas serrer l'estomac ni les fesses. Relâchez les muscles pendant 10 secondes. Répétez ces exercices (contraction et relâchement) dix fois dans la journée. Les jumeler avec des activités quotidiennes comme par exemple, lors du déjeuner, en lavant la vaisselle, en préparant le repas, en vous brossant les dents, en parlant au téléphone, chaque fois que vous franchissez une porte. 4 Adaptation des exercices de Kegel par Tannenbaum C., médecin et O. Soucy, infirmière, Institut universitaire de gériatrie de Montréal, 1998. 5 Wells, T.J. (1990). Pelvic exercice "American Journal of Geriatrics Society, 38, 333-337. À se souvenir • Faites les exercices correctement et vérifiez de temps en temps que vous utilisez les bons muscles. • Faites-les régulièrement, au moins dix fois par jour. • Ne vous découragez pas. Les muscles deviennent plus efficaces quand on les fait travailler. Vous devriez avoir les premiers résultats dans quelques semaines. Cependant, comme dans les muscles, ceux du plancher pelvien demeureront forts si vous les faites travailler régulièrement. Une fois que vous avez atteint votre but, continuez à faire les exercices. Source : Canadian Continence Foundation (1997) « Bladder Control for Women », Continence Facts.
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