Le terme «ƒparticipeƒ» désigne un mode verbal à deux tempsƒ: un
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Le terme «ƒparticipeƒ» désigne un mode verbal à deux tempsƒ: un
M IEUX COMPRENDRE LE PARTICIPE PASSÉ Le terme « participe » désigne un mode verbal à deux temps : un présent (résumant), un passé (résumé). À tout participe correspond un infinitif (résumer) avec les différentes formes de la conjugaison (je résume, tu résumais, il résumera...). ƒ ƒ ƒ Le terme « passé » désigne un temps qui n’a qu’une forme ne se conjuguant pas et qui n’est pas marqué par une désinence de personne. Exemple : Le soleil a illuminé toute la maison (participe passé du verbe « illuminer »). ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ Le participe passé favorise la construction des temps composés : j’ai mangé, elle aura mangé, qu’ils aient mangé; il est placé, elle sera placée, qu’ils soient placés. Cependant, nous pouvons rencontrer le participe passé seul, en dehors d’un temps composé, comme s’il avait perdu tout sens verbal pour se comporter comme un adjectif. Exemple : Un crayon bien aiguisé. ƒ ƒ LES ASPECTS HISTORIQUES DU PARTICIPE PASSÉ – En ancien français, l’accord du participe passé pouvait se faire avec le complément d’objet direct, que celui-ci soit placé avant ou après le participe. – Au XIIIe siècle, l’accord du participe passé avec le complément d’objet direct placé avant le participe devenait de plus en plus constant. – Au XVIe siècle, le poète français Clément Marot enseignait à ses disciples la règle générale du participe passé. C’est lui qui a formulé, pour la première fois en 1538, notre règle actuelle des participes passés employés avec l’auxiliaire « avoir ». ƒ – 14 ƒ Au XVIIe siècle, Vaugelas soulignait, à propos de cette notion, qu’il n’y a rien de plus important ni de plus ignoré que cette dernière. Vaugelas se fera le défenseur des règles de Marot en les imposant vers 1647. La définition du participe passé C’est à cette époque que commence la codification des cas particuliers comme : « Le participe passé reste invariable lorsque le participe passé est suivi d’un infinitif construit indirectement (exemple : Il les a fait venir) ». ƒ ƒ ƒ ƒ De façon générale, l’usage consistait à garder invariable le participe passé, principalement si le participe passé était suivi d’un attribut (exemple : Ces difficultés nous ont rendu maîtres de nous-mêmes), d’un groupe prépositionnel (exemple : Les fleurs que j’ai reçu de toi), d’un sujet (exemple : Les chagrins que lui a coûté sa fille). Aujourd’hui ces exemples sont jugés incorrects et traités comme tels par les enseignants et les correcteurs. ƒ ƒ ƒ – Au XVIIIe siècle, il semblerait qu’un écart aux règles d’accord du participe passé jetait le discrédit sur son auteur. – Ce n’est qu’au XIXe siècle que les règles actuelles du participe passé se sont imposées. LES POURFENDEURS OU LES PARTISANS DE L’ACCORD DU PARTICIPE PASSÉ Le participe passé ne manque pas de soulever des passions. Pour certains auteurs, cette notion n’est qu’une vertu sociale inutile, des subtilités que des générations de grammairiens retors ont fini par imposer. Pour d’autres, elle est un art qu’il faut cultiver, une notion à assimiler, à chérir, à respecter, un précieux supplément de précision et de justesse. – Ferdinand Brunot (1900) aurait voulu laisser le participe passé invariable sinon l’accorder avec le sujet du verbe (non avec le complément d’objet direct comme la grammaire nous l’enseigne aujourd’hui lorsque celui-ci est placé avant le verbe). – Lucien Tesnière (1969) se réfère à la langue parlée courante des personnes cultivées pour tenter d’abolir les règles du participe passé. 15 M IEUX – Le ministre de l’Instruction publique de France, Georges Leygues, signait, le 31 juillet 1900, un arrêté qui permettait le non-accord du participe passé avec « avoir » dans tous les cas. Cependant, en février 1901, à la suite de l’opposition de l’Académie française, cet arrêté a été remplacé par un autre qui réduisait la tolérance à de rares cas particuliers. ƒ – COMPRENDRE LE PARTICIPE PASSÉ ƒ Dubois et Lagane (1973), Grevisse (1996), Goosse (1993), Hanse (1994) sont parmi les nombreux auteurs qui présentent le participe passé comme un ensemble de règles qu’il convient de bien acquérir. Certes, cet ouvrage ne remet pas en question les règles d’accord du participe passé. Il est préférable de s’allier à ce géant et de savoir comment l’amadouer afin de s’en faire un ami fidèle avec qui l’on peut bien vivre longtemps. LES PRÉALABLES DU PARTICIPE PASSÉ Avant de traiter du participe passé, il importe de connaître quelques notions élémentaires et préalables, sans lesquelles l’accord du participe passé deviendrait abscons, voire rébarbatif. Ces notions ne peuvent reposer sur une leçon mais bien sur une lente et longue initiation d’une série d’acquisitions successives. 1. LE SUJET Les notions du sujet et du complément d’objet direct sont importantes puisque l’accord du participe passé repose, entre autres, sur la présence du sujet et sur la place du complément d’objet direct. Le sujet peut être : – un nom. Exemple : Les enfants ont joué peu. – un pronom. Exemple : Ils sont fatigués. ƒ ƒ ƒ 16 La définition du participe passé – un infinitif. Exemple : Marcher était devenu difficile pour lui. – une proposition. Exemple : Qu’il dise la vérité m’avait paru incroyable. ƒ ƒ On identifie le sujet en posant, avant le verbe ou avant le participe passé, les questions « qui, qui est-ce qui (pour les sujets animés), qu’est-ce qui (pour les sujets inanimés)? ». ƒ ƒ Le participe passé avec « avoir » ne s’accorde jamais avec le sujet. Exemple : Elles ont mangé des fruits. ƒ ƒ ƒ En présence de l’auxiliaire « être », le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le sujet. Exemple : Elles sont parties. Si un sujet est au féminin et l’autre au masculin, le participe passé se met au masculin pluriel. Il convient alors de placer le nom masculin près du verbe. Exemple : Cette fille et ce garçon sont fatigués. ƒ ƒ ƒ ƒ 2. LE COMPLÉMENT D’OBJET DIRECT Le complément d’objet direct est le mot ou le groupe de mots qui désignent la personne ou l’objet sur lequel s’exerce l’action du sujet exprimée par le verbe. Exemple : Je mange une pomme. L’action de manger s’exerce sur la pomme. Lorsque le complément d’objet est construit sans préposition visible ou sousentendue, il est dit direct. ƒ Le complément d’objet direct peut être : – un nom. Exemple : Ils ont cassé la fenêtre. – un pronom. Exemple : Ils l’ont appelé hier. – une proposition. Exemple : Ils se sont promis qu’ils se reverront bientôt. – un infinitif. Exemple : Il aime rire. ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ On identifie le complément d’objet direct en posant les questions « quoi, qui? » après le verbe ou le participe passé. Exemple : Je mange quoi? une pomme. ƒ ƒ ƒ 17 M IEUX COMPRENDRE LE PARTICIPE PASSÉ Remarque Il est souhaitable de s’habituer à poser toujours la question « quoi? » pour identifier le complément d’objet direct, même si celui-ci se rapporte à des êtres humains que la terminologie traditionnelle identifie par « qui? »; il est plus logique de conserver ce « qui? » pour identifier le sujet. ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ Lorsque le complément d’objet direct suit le participe passé (employé avec « avoir »), le participe passé reste invariable; lorsque le complément d’objet direct précède le participe passé, ce dernier s’accorde en genre et en nombre avec le complément d’objet direct. Exemples : Ils ont acheté une belle voiture (le complément d’objet direct est après le participe passé; le participe passé reste invariable). La belle voiture qu’ils ont achetée hier est en panne (le complément d’objet direct est avant le participe passé, donc, accord du participe passé). ƒ ƒ ƒ 3. LE COMPLÉMENT D’OBJET INDIRECT – Si le complément d’objet est précédé d’une préposition comme « à, contre, de, pour », il est appelé « complément d’objet indirect ». Exemples : Il parle à son amie; il parle de son amie; elle parle contre lui; il a agi ainsi pour elle. ƒ ƒ – ƒ ƒ ƒ Pour identifier le complément d’objet indirect, on pose, selon le cas, les questions « à qui? à quoi? de qui? de quoi? contre qui? contre quoi? pour qui? pour quoi? ». Exemples : Il parle à qui? à son amie. Il parle de qui? de son amie. Elle parle contre qui? contre lui. Il a agi ainsi pour qui? pour elle. ƒ ƒ – ƒ Il est à noter que les prépositions « à » et « de » peuvent être sous-entendues, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas nécessairement présentes. C’est le cas des pronoms personnels compléments non prépositionnels où ces prépositions sont déjà incluses dans certains pronoms, en fonction de complément d’objet indirect, placés avant le verbe. Exemples : Il nous téléphone souvent (il téléphone à nous). Il leur téléphone quelquefois (il téléphone à eux). Elle lui parle (elle parle à lui). Elle te communiquera tout demain (elle communiquera à toi). ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ 18 La définition du participe passé – L’importance du complément d’objet indirect réside dans le fait que le participe passé ne s’accorde pas avec lui. Il faut donc apprendre à bien le distinguer du complément d’objet direct. Exemples : Ils leur ont parlé (Ils ont parlé à eux), alors que dans « Elle les a aidés » (Elle a aidé qui, quoi?) « les » est un complément d’objet direct placé avant le participe qui donc s’accorde. Si une personne de sexe féminin dit : « Ils m’ont aidée », « m’ » est un complément d’objet direct placé avant le participe qui s’accorde, alors que si elle dit : « Ils m’ont menti », le participe passé reste invariable parce que, dans cet exemple, le « m’ » est complément d’objet indirect (ils ont menti à moi). ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ – ƒ ƒ Il convient de ne pas confondre : ƒ a) les compléments d’objet indirect introduits par les prépositions « de, de l’, de la, du, des » (exemples : Elle doute de tout. Elle s’occupe du général et des blessés) où le complément d’objet indirect répond aux questions « de quoi?, de qui? » selon la préposition imposée par la construction du verbe auquel il se rattache). ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ avec b) les compléments d’objet direct (ayant l’apparence d’un complément indirect) commençant par les articles partitifs « de, de l’, de la, de+le = du, de+les = des » (exemple : Il mange du pain, de la salade et des galettes) où le complément d’objet direct répond à la question « quoi? »). ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ 4. LES TERMINAISONS POSSIBLES DU PARTICIPE PASSÉ – Il est impensable d’aborder les règles du participe passé si l’on hésite sur l’orthographe du passé composé des verbes au masculin singulier. Exemples : Nous avons fini, nous avons dit, nous avons pris, nous avons craint... ƒ 19 M IEUX COMPRENDRE LE PARTICIPE PASSÉ Une simple stratégie pour bien orthographier ces terminaisons muettes consiste à les imaginer au féminin, ce qui fera résonner la dernière lettre au masculin singulier. Exemples : « Pris » devient « prise », « dit » devient « dite ». ƒ – ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ Il arrive souvent que l’interférence de l’oral et de l’écrit entraîne des confusions. C’est le cas notamment de la terminaison d’un infinitif et d’un participe passé. Exemple : Il se croyait accepté (participe passé) par ses camarades, c’est pourquoi il a décidé d’accepter (infinitif ) tous leurs caprices. ƒ Pour distinguer les participes passés en « é, ée, ées, és » de l’infinitif « er », on peut les remplacer par un autre verbe dont l’infinitif se termine par « ir, oir, re »; l’infinitif et le participe passé de ce genre de verbe se prononcent de façon différente. Exemple : Il se croyait suivi par quelqu’un (ici, l’emploi de suivre serait impossible), c’est pourquoi il a décidé de suivre un autre chemin (là, l’emploi de suivi serait impossible). ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ Une autre façon de distinguer ces terminaisons qui se confondent dans la prononciation consiste à intercaler l’auxiliaire « être » entre le verbe et le participe passé. Si la phrase garde son sens, le participe passé s’accorde. Exemple : Elle se croyait « être » suivie par quelqu’un. Si la phrase n’a aucun sens, le deuxième verbe ne peut être mis au participe passé mais doit rester sous la forme de l’infinitif. Exemple : Elle a décidé de suivre un autre chemin (« Elle a décidé de (être) suiv(ie) un autre chemin » n’a aucun sens). ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ – Dans certains livres ou dictionnaires de conjugaison, le verbe que l’on cherche n’est pas nécessairement celui qui est présenté à tous les modes et à tous les temps. En effet, le Bescherelle 1, selon l’année d’édition, compte 7000 entrées qui représentent 12 000 verbes dont 88 seulement ont été retenus comme modèles conjugués, sous forme de tableaux, selon les divers modes et temps. Quiconque consulte par exemple le verbe INCLURE dans le Bescherelle, trouvera référence à CONCLURE. Cependant, la terminaison de ces deux verbes au participe passé est différente (avec « s » au masculin singulier). ƒ 20 ƒ La définition du participe passé D’où l’importance, durant la consultation des verbes, de lire, d’abord, les notes au bas de la page qui font remarquer que « INCLURE fait au participe passé inclus, incluse, incluses. [...] Donc, au masculin singulier, le participe passé de INCLURE est « inclus » alors que celui de « conclure » est « conclu ». ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ Un autre exemple : NUIRE se conjugue comme CUIRE. Cependant, alors que le participe passé au masculin singulier de « cuire » est « cuit », celui de « nuire » est « nui ». ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ 5. LES COMPLÉMENTS CIRCONSTANCIELS Il importe de savoir identifier les différents compléments circonstanciels (qui répondent, entre autres, aux questions « où, quand, pendant combien de temps, pourquoi, à cause de quoi, combien, comment, avec quoi, avec qui? » et de ne pas les confondre avec le complément d’objet direct. En effet, les compléments circonstanciels, contrairement au complément d’objet direct, n’entraînent pas l’accord du participe passé, même s’ils précèdent celui-ci. Exemples : Les 10$ que ce livre m’a coûté (« 10$ » est complément circonstanciel de prix ou de valeur qui répond à la question « combien? »). Les 100 kilos que cette valise a pesé (« 100 kilos » est complément circonstanciel de poids qui répond à la question « combien? »). ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ Il importe également de ne pas confondre le complément d’objet direct avec les compléments circonstanciels construits dans une structure directe. Exemple : Il a bu la nuit (« nuit » est complément circonstanciel de temps. On ne peut pas poser la question : « Il a bu quoi? » puisqu’on ne peut boire « la nuit » comme telle mais bien « durant la nuit »). Donc, une phrase telle que « La nuit qu’elle a bue » est non seulement incorrecte, mais aussi insensée. ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ 6. LE VERBE Le verbe est le noyau ou le moteur de la phrase. La forme de base du verbe est l’infinitif. On distingue, selon le sens, les verbes d’état et les verbes d’action. 21 M IEUX – COMPRENDRE LE PARTICIPE PASSÉ Les verbes d’état représentent, comme son nom l’indique, l’état des êtres ou des choses; il exprime une manière d’être. Les principaux verbes qui expliquent un état sont : apparaître, avoir l’air, croire, demeurer, devenir, être, paraître, passer pour, rester, s’affirmer, s’appeler, s’avérer, se faire (vieux), sembler, se montrer, se nommer, se porter, se rendre, se sentir, se trouver, tomber (malade). ƒ Il convient de savoir que ces verbes fonctionnent grammaticalement comme le verbe « être », c’est-à-dire que ces verbes entraînent l’accord généralement, en genre et en nombre, du terme (souvent un adjectif attribut) qui se rapporte au sujet. Exemples : Ils sont gentils; ils semblent gentils; elles ont paru préoccupées. ƒ ƒ ƒ Un indice qui aide à identifier ces verbes d’état : ils sont généralement suivis d’un adjectif. ƒ – Les verbes d’état n’ont jamais de complément d’objet direct. Cela veut dire qu’ils sont invariables dans les temps composés avec l’auxiliaire « avoir ». Exemple : Elles ont paru préoccupées (le participe passé du verbe d’état reste invariable alors qu’il accorde le deuxième participe passé « préoccupées » qui fonctionne comme un adjectif, et ce, au même titre que « Elles ont paru heureuses ». ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ – ƒ Le verbe d’état « avoir l’air » se comporte de différentes manières : ƒ ƒ ƒ a) s’il signifie « paraître, sembler », s’il n’est pas suivi d’un complément et s’il se rapporte à une chose, l’accord de l’adjectif ou du participe passé se fait avec le sujet. Exemple : Cette maison a l’air abandonnée. ƒ ƒ ƒ b) même s’il signifie « paraître, sembler » et même s’il se rapporte à une chose, l’accord doit se faire avec « air » lorsque « air » est suivi d’un complément. Exemple : Cette ville a l’air animé d’une foire. ƒ ƒ ƒ ƒ 22 ƒ ƒ ƒ