Un festival célèbre la richesse et la diversité de la

Transcription

Un festival célèbre la richesse et la diversité de la
Un festival célèbre la richesse et la
diversité de la culture contemporaine
syrienne
Logo du festival Layalina
Genève
Né d’un sentiment d’urgence face à la crise syrienne, le Festival
Layalina a pour but de faire connaître la culture syrienne au-delà des
images de violence quotidienne relayées par les médias et, par la même
occasion, de soutenir les victimes du conflit. Layalina, qui signifie
« nos nuits » en arabe, se tiendra à Genève du 19 au 22 février 2015.
La démarche de Layalina est fondamentalement neutre, apolitique et non
religieuse. Le programme proposé permettra d’appréhender la richesse et
la diversité de la production culturelle contemporaine syrienne à travers
un large spectre de disciplines. La programmation comporte :
– la projection d’une douzaine de films de réalisateurs syriens, depuis
les classiques des années 80 jusqu’aux documentaires récents de
réalisateurs engagés. Plusieurs de ces films sont inédits en Suisse.
– un atelier vidéo avec des réfugiés syriens en Suisse.
– de la musique syrienne, avec le concert d’Interzone, groupe syrofrançais, une soirée DJs électro à Motel Campo et une soirée de musique
traditionnelle syrienne.
– des rencontres littéraires, sous forme de lecture spectacle et d’une
table ronde avec des auteurs syriens.
– une exposition du caricaturiste politique H. Abbas.
– deux ateliers cuisine avec des femmes réfugiées syriennes ainsi
qu’un repas syrien aux Bains des Pâquis.
Tous
site
les
détails
sont
disponibles
http://www.layalina-festival.ch/
et
sur
la
le
page
Facebook https://www.facebook.com/layalinafestival?ref=aymt_homepage_pane
l
Au niveau humanitaire, le Festival soutient l’association « Coup de
Pouce » pour la Syrie une ONG genevoise qui correspond aux valeurs de
neutralité et de solidarité défendues par l’association Layalina. Coup de
Pouce vient en aide sur le terrain à des familles syriennes victimes du
conflit
en
les
soutenant
financièrement,
indépendamment
de
leur
appartenance politique, religieuse ou communautaire.
Le festival Layalina met à disposition des réfugiés et requérants d’asile
un nombre limité de billets gratuits pour des séances de cinéma et pour
le concert de musique traditionnelle au Temple de Saint-Gervais. Pour
obtenir des billets, merci de procéder comme suit :
Envoyer un mail à [email protected]
Merci d’indiquer dans le titre/objet du mail « Billets gratuits »
Merci d’indiquer dans le mail si vous désirez l’entrée gratuite pour le
concert ou pour un film, et si c’est pour un film, quel film exactement.
Le festival Layalina
Informations:
Vous pouvez télécharger la version arabe de l’annonce ici
Logo du festival Layalina
Layalina: a festival dedicated to the diversity
of the Syrian contemporary culture
Geneva
Layalina Festival was born from a sense of urgency following the Syrian
crisis. Its main objectives are to promote aspects of Syrian culture that
go beyond the images of violence conveyed daily by the media, as well as
to support the victims of the conflict. Layalina, which means « our
nights » in Arabic will take place in Geneva from the 19th to the 22nd of
February 2015.
The innovative aspect of this multidisciplinary Festival is that it
combines artistic excellence with humanitarian endeavors. Layalina’s
approach is fundamentally neutral, apolitical and non-religious.
Our program will offer a closer view of the wealth and diversity of the
contemporary Syrian cultural production through a wide range of
disciplines. Indeed, despite the circumstances, Syrian artists have
managed to overcome censorship, war and exile, proving constant
creativity as much in the thematic than formal aspects of their works.
Layalina firmly believes in the idea that art generates privileged spaces
of exchange and dialogue. Therefore, through the diversity of disciplines
that will be represented, we aim to present complementary views on
Syria’s reality. Moreover, we wish to attract audiences from various
horizons involving the multiple actors of Geneva’s society.
Our program includes:
The projection of a dozen films by Syrian filmmakers, featuring works ranging
from the pioneers in the 1970’s to more recent documentaries created in the
urgency of the conflict. Several of these films are unseen in Switzerland;
A video workshop organized with Syrian refugees in Switzerland;
Syrian Music, including three concerts and a special DJ evening;
Literary encounters with a literary-show and a round table discussion with
authors;
An exhibition presenting works of the political caricaturist Hani Abbas;
Two cooking workshops animated by Syrian refugees, as well as a literary and
musical brunch
In accordance with its humanitarian endeavor, the Festival supports the
association “Coup de Pouce pour la Syrie”, an NGO founded in Geneva that
complies with Layalina’s values of neutrality and solidarity. “Coup de
Pouce” financially supports Syrian families, who are victim of the
conflict,
regardless
of
their
political,
religious
or
community
belonging.
Layalina is naturally rooted in the tradition of “Living together”, dear
to the Spirit of Geneva. The Festival will therefore host collaborations
between
artists
from
Geneva
and
Syria
and
will
encourage
the
participation of Syrian refugees, who will have the possibility to
enhance their competences. Thus, the Festival will offer a space of
encounter and exchange to populations that usually coexist without
necessarily mingling (refugees, artists and Geneva’s public). This
approach, which brings together culture and humanitarian assistance,
perpetuates the tradition of Swiss humanism, particularly in Geneva, land
of asylum and international capital of humanitarian aid.
The Layalina Festival
Des femmes migrantes exposent au
centre socioculturel Pôle Sud
Œuvre produite par l’une des
participantes de l’atelier organisé par
l’association MYRIADES.
Agenda – Lausanne
Une exposition de tableaux réalisés par des femmes migrantes dans le
cadre d’ateliers de couture mis en place par l’association MYRIADES se
tiendra du 12 au 29 mars 2014 dans les locaux du centre socioculturel
Pôle Sud à Lausanne.
MYRIADES est une association à but non lucratif qui regroupe des femmes
migrantes vivant en situation précaire. Par ses ateliers de couture
bimensuels, animés par Karin Povlakic, juriste au Service d’aide
juridique des exilés (SAJE), ces femmes ont l’occasion d’exprimer leur
ressenti de la migration au travers de tableaux confectionnés à la main
avec du tissu cousu sur toile. Plusieurs thèmes – comme les centres
d’hébergement – sont ainsi représentés avec, en filigrane, l’impact
psychologique de l’asile sur leur vie.
Le vernissage de l’exposition aura lieu le samedi 15 mars de 13h à 16h.
Gisèle
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils
Informations
Horaires d’ouverture de l’exposition :
Mardi :
Mercredi :
Jeudi :
Vendredi :
9h-12h
16h-20h
16h-20h
9h-12h
9h-12h
16h-20h
16h-18h30
Samedi :
13h-17h
Coordonnées du centre socioculturel Pôle Sud:
Pôle Sud
Av Jean-Jaques Mercier 3
1003 Lausanne
Tél : 021 311 50 46
[email protected]
Se sentir des enfants «comme les
autres» grâce au théâtre
Le théâtre Évasion. Photo: Voix d’Exils
Samedi 17 août, 30 enfants de toutes provenances sont montés sur la scène
de la Fraternité à Lausanne pour présenter un spectacle rythmé et coloré
proposé par l’association Métis’Arte, en collaboration avec le Service
Civil International (SCI). L’objectif était de démontrer la nécessité de
la tolérance et du respect des différences.
Pleine de vitalité et de fraîcheur, la prestation des enfants grimés en
personnages réels ou imaginaires a fait rire et sourire un public, lui
aussi très diversifié. A la fin du spectacle, les parents dans la salle
étaient fiers de la prestation de leurs bambins. Patrick s’est dit
content que son fils participe au spectacle organisé par le Théâtre
Évasion, dépendant du SCI. « Cela a permis à mon fils d’échanger et de
partager avec des enfants issus d’autres cultures et d’autres horizons.
Je préfère le dire ainsi, parce que je n’aime pas trop le mot «étranger».
D’ailleurs, beaucoup de Suisses sont
originaires des pays frontaliers. » Paola, une jeune participante, confie
qu’elle a été encouragée par sa maman à participer au spectacle, et
qu’elle s’est sentie «très à l’aise sur scène», entourée d’autres
enfants.
Promouvoir le vivre ensemble
Le théâtre Evasion. Photo: Voix d’Exils
Sous la férule des membres du Service Civil International, les enfants
âgés de 6 à 11 ans ont pu choisir le personnage qu’ils voulaient
interpréter. Une fillette a par exemple proposé Rihanna, la chanteuse
r’n’b américaine et reine du spectacle. Curieux, spontanés, les enfants
se sont prêtés au jeu sans réticence ni méfiance les uns vis-à-vis des
autres. Tous ont déclaré avoir eu davantage peur de mal interpréter leur
rôle que d’être en contact avec des enfants inconnus. Pendant la semaine
de préparation et devant le public, ils ont pu donner libre cours à leur
créativité à travers la danse, le chant, le rire et l’originalité de
leurs personnages. Promouvoir à travers le théâtre le vivre ensemble,
telle était l’ambition des organisateurs. Et, à voir le plaisir des
jeunes comédiens sur les planches, on peut dire que c’est réussi.
Pour cette soirée, l’association Métis’Arte, qui se veut être un pont
entre l’art et le social, s’est fait aider par des membres du SCI. Les
deux organisations se sont partagés les tâches en cuisine, l’accueil des
Yohana Ruffiner, coordinatrice de
l’association Métis’Arte. Photo: Voix
d’Exils
bénévoles et le transport des enfants depuis leur lieu d’habitation –
qu’ils viennent du Centre d’hébergement EVAM de Crissier ou de Lausanne –
jusqu’à la salle du Centre social protestant où avait lieu la
représentation.
Métis’Arte avait également proposé la semaine précédente une réflexion
sur les questions de la migration forcée, des sans-papiers et du racisme.
Coordinatrice du projet, Yohana Ruffiner s’explique : «Nous voulions
montrer ce que les personnes migrantes gagnent et perdent. Nous voulions
aussi dire que nous sommes toutes et tous des migrants à quelque part.»
Une Suisse multiculturelle
Né voilà deux ans, le Théâtre Évasion propose des spectacles dans dix
villes de Suisse en collaboration avec Métis’Arte. Yohana Ruffiner tire
un bilan positif de ces journées de réflexions et de spectacles: «Le
nombre des participants croît, tant du côté des requérants que des
lausannois. Il y a eu cette année plus de 30 enfants, dont la moitié
étaient des requérants d’asile, qui parlaient bien la langue française.»
L’après-midi s’est terminée par un apéro,partagé entre invités venus de
Suisse, d’Europe et même d’Afrique. De quoi donner l’image d’une Suisse
multiculturelle, loin de la polémique à propos de la migration et sur
l’asile. En ce qui concerne les enfants lausannois, l’expérience leur a
permis de mieux comprendre le monde de la migration. Les enfants
requérants, quant à eux, ont pu sortir un peu de leur bulle pour se
sentir des enfants «comme les autres.»
Dr Bomba
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils
Le musée de l’immigration à Lausanne
: 30 m2 dédiés à l’histoire de l’exil
Ernesto Ricou dans le musée de
l’immigration à Lausanne. Photo: Cédric
Dépraz
C’est en 2005 que le plus petit musée de Suisse a officiellement ouvert
ses portes. Situé dans une arrière cour de l’avenue de Tivoli à Lausanne,
le musée de l’immigration s’étend sur une surface de 30 mètres carrés. Ce
qui peut paraître dérisoire. Et pourtant ! Son fondateur, Ernesto Ricou,
a réussi le pari d’y installer une quantité remarquable d’objets, de
souvenirs et d’ouvrages traitant de la migration en Suisse et dans le
monde.
Fondé il y a maintenant 8 ans, le nombre de visiteurs du musée a maintenu
une bonne croissance qui correspond aujourd’hui à une moyenne de 600 à
700 visiteurs par année. Sachant que le musée est ouvert environ une
centaine de jours par an, cela représente une moyenne honorable de 6 à 7
visiteurs par jour ouvrable. Les curieux qui se pressent pour découvrir
les lieux se composent pour environ deux tiers
Un musée foisonnant d’objets. Photo:
Cédric Dépraz
d’écoliers et de jeunes et pour un tiers d’adultes. Bien qu’il puisse
paraître atypique, le musée fait partie de l’Association des musées en
Suisse (l’AMS) en tant que membre observateur, ainsi que de l’ICOM (The
International Concil of Museums). De ce fait, tous les départements types
d’un musée se retrouvent ici : service éducatif, services d’archives,
d’inventaires, etc. Un comité d’association, constitué de bénévoles, gère
le musée. Mais c’est son fondateur – Ernesto Ricou – qui porte en grande
partie le projet sur ses épaules. Il connaît très bien le phénomène de la
migration, car il est au centre de son parcours de vie. Fuyant le
Portugal instable des années 70, il
s’installe à Lausanne, puis à
Genève, et étudie les beaux-arts. En parallèle à ses études, il exerce la
fonction
de
professeur
d’arts
visuels
dans
différents
collèges
lausannois. C’est donc fort d’une grande expérience artistique et
pédagogique qu’il crée le musée de l’immigration.
Aux origines du musée
Les valises: symboles de la migration
Deux éléments sont à l’origine du travail qui a amené Ernesto Ricou à
créer ce musée. Le premier concerne la prise de conscience qu’il a eue en
voyant plusieurs de ses élèves cacher leurs origines. « Tout en
m’interrogeant sur cette peur, je voulais leur expliquer qu’il ne faut
pas dissimuler ses origines, encore moins en avoir honte » nous confie-til. De là découle un travail pédagogique effectué au musée sur l’origine
des gens qui viennent le visiter. Le deuxième est une visite qu’il a
effectuée à Ellis Island aux États-Unis. C’est sur cette petite île que
furent enregistrés, triés et contrôlés les migrants qui débarquaient à
New York entre la fin du 19ème siècle et le début du 20ème. N’oublions pas
que New York s’est entièrement construite grâce à l’apport des migrants.
C’est en découvrant les conditions d’arrivée de ces personnes, l’accueil
difficile qu’on leur réservait, ainsi que le contrôle médical rude et
pénible qu’ils subissaient, que le fondateur de notre petit musée a eu
l’idée de créer quelque chose qui relate et entretienne la mémoire des
migrants. C’est alors qu’il rédigea les textes fondateurs du musée de
l’immigration.
A ces deux éléments vient s’ajouter la présence de l’écrivain suisse
Charles Ferdinand Ramuz. Présenté comme le « métronome, le maître penseur
et le philosophe du musée », cette personne incarne pour, Erneso Ricou,
l’esprit de tolérance par excellence. Selon M. Ricou, l’un de ses livres
intitulé La beauté sur la terre cristallise les tensions que nous
connaissons depuis le début de l’immigration en Suisse. D’ailleurs, la
problématique de la migration est loin d’être réglée selon M. Ricou :
« C’est une lutte quotidienne pour les nombreuses décennies à venir. Et
il faut réinventer continuellement l’acceptation. Cela a à voir avec un
problème humain fondamental : la tolérance et l’intolérance. »
Un patrimoine de la migration à découvrir
« Le triangle spirituel ». Ensemble de
noms de migrants ayant séjourné ou étant
toujours en Suisse disposés sur des
briques . Photo: Cédric Dépraz
Les premiers objets qui attirent notre attention dans le musée sont les
valises léguées par les migrants. Celles-ci contiennent des documents et
objets ayant appartenu à ces derniers, dénués de valeur commerciale mais
à haute valeur symbolique et sentimentale, comme aime à le rappeler le
maître des lieux. On y retrouve des cartes postales, des journaux sur
l’actualité locale, des passeports, permis de séjour et des photographies
de familles émigrées. Ces éléments permettent de retracer le parcours
d’une famille venue s’installer en Suisse. Ainsi, on garde une trace de
ces passages. C’est dans ce sens qu’a été construit le « triangle
spirituel » : un mur du musée où chaque brique qui le compose est
enrichie d’un nom d’une personne immigrée. Certains sont déjà partis ou
décédés, la plupart sont encore en Suisse. Mais tous savent que ce
triangle préserve leur mémoire.
Après la préservation de la mémoire des immigrés, c’est l’amélioration du
dialogue interculturel qui vient comme seconde mission que se donnent le
musée et son fondateur. A cet effet, une petite salle de classe a été
aménagée à l’étage de l’endroit. M. Ricou y dispense un cours qui passe
en revue l’immigration en Suisse de manière rapide et concise. Puis les
personnes présentes participent à des échanges ; le but étant de
valoriser l’identité, la culture et l’origine de chacun. Le professeur
rapproche cela à une « thérapie transculturelle de groupe ».
« La colonne des nantis ».
Elle symbolise ceux qui ont
un avenir et un statut.
Photo: Cédric Dépraz.
Enfin, plusieurs réalisations artistiques exposées dans le musée
témoignent du parcours artistique et pédagogique de son fondateur. Deux
colonnes
représentants
des
personnages
retiennent
particulièrement
l’attention. La première symbolise les nantis : les gens qui se trouvent
à l’abri des problèmes, qui ont un passeport et donc un statut. Ils ont
ce dont ils ont besoin. Ainsi, leur tête est tournée vers l’horizon, vers
le futur. La deuxième colonne évoque l’autre catégorie de personnes,
celle des exclus. Sans passeport, aux origines pauvres et modestes, ils
n’ont pas de statut et de très mauvaises perspectives d’avenir. Ils ne
peuvent regarder vers l’horizon, ils ont la tête tournée vers le bas.
Notons qu’Ernesto Ricou est lui-même passé par ces deux statuts.
Au final, si tout cela part d’un projet modeste, la réussite n’en est pas
moins manifeste. Que ce soit par la diversité et la quantité d’objets et
de documents qu’expose le musée, ses aspects pédagogique et artistique
comme fils conducteurs, ou ses deux missions d’entretien de la mémoire et
du dialogue interculturel, ce qu’Ernesto Ricou a créé de toutes pièces et
qu’il continue à enrichir mérite l’admiration. Et bien entendu une
visite !
Cédric Dépraz
Contributeur à Voix d’Exils
Commentaire: Les oubliés de l’histoire suisse
Le parti pris d’Ernesto Ricou a cela d’intéressant qu’il raconte
justement l’histoire de ces gens que l’on oublierait, ces gens qui ont
façonné la Suisse depuis l’après-guerre et qu’aucun monument ou musée ne
garde en mémoire. Ernesto Ricou nous confie qu’il « trouve que ces gens
ont un mérite, et ce mérite c’est que quelqu’un raconte leur histoire. Il
y a une simplicité, une humilité chez ces personnes qui me touche au plus
profond de moi-même. Je ne veux pas faire de discours anti-élites, mais
je suis plus en lien avec ces gens-là et le musée de l’immigration leur
est entièrement dédié. Ainsi leur mémoire est un temps soit peu
préservée. »
N’oublions pas que la Suisse fut une terre d’émigration au 19ème siècle. A
l’époque, c’est un demi-million de suisses qui ont fui la misère et le
manque de perspectives pour aller chercher un avenir meilleur. A partir
du milieu du 20ème siècle, la tendance s’inversa. Mais peu se souviennent
de nos jours des ces émigrés. Cela devrait être pris en compte dans la
représentation que se font les Suisses des immigrés. Ils devraient garder
à l’esprit que leur ancêtres ont connu et subi les mêmes difficultés : le
déracinement, l’exil et la misère. Leur perception de la migration serait
sans aujourd’hui probablement très différente.
C.D
Infos:
Coordonnées du musée:
Musée de l’immigration
Rue Tivoli 14, 1007 Lausanne.
Horaires : Toute l’année, Mercredi de 10h à 12h et de 14h à 17h, et
Samedi de 14h à 18h.
Entré libre et gratuite.
Visites de groupe sur demande.
Renseignements : 0041(0)21 311 58 27
L’atelier artistique de l’EVAM expose
des œuvres réalisées par des migrants
à Lausanne
L’un des participants de
l’atelier artistique en
compagnie de son œuvre. Photo:
Voix d’Exils
Une rétrospective de sept années de créations artistiques réalisées par
des migrants se tient actuellement au centre administratif de
l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) à Lausanne,
jusqu’au 18 avril 2013. Elle devrait être ensuite exposée à Yverdon-lesBains le 15 juin prochain, à l’occasion de la Journée des réfugiés.
L’exposition qui égaie actuellement les couloirs du siège administratif
EVAM, sis à l’avenue de Sévelin 40 à Lausanne, rassemble des créations
réalisées dans le cadre de l’atelier artistique du Centre de formation de
l’EVAM de 2006 à 2013. Les artistes sont tous des migrants qui, s’ils
n’ont pas toujours les mots pour dire les sentiments, les émotions ou les
idées qui leur passent par la tête, peuvent les exprimer avec talent et
sensibilité par le biais de la création artistique.
Patricia Uriel Sperje,
animatrice et responsable de
l’atelier de création
artistique. Photo: Voix d’Exils
Patricia Uriel Sperje, animatrice et responsable de l’atelier de création
artistique, organise deux expositions par année dans des lieux publics de
diverses communes et institutions avec la participation de bénévoles
sensibles à la problématique de l’asile. Voix d’Exils a rencontré cette
femme chaleureuse qui sait si bien transmettre sa passion créatrice.
Voix d’Exils : Quels sont les critères de sélection des élèves migrants ?
Patricia Uriel Sperje: Les prérequis à la participation sont la
motivation ainsi que la volonté d’apprendre l’utilisation de diverses
techniques liées aux beaux-arts. Les dessins représentent en quelque
sorte la porte d’entrée à l’atelier de création. C’est par ce biais que
les élèves postulent à l’atelier qui peut accueillir jusqu’à dix
participants et qui se tient deux heures par semaine pendant une année.
Quel est votre rôle en tant qu’animatrice ?
Mon travail consiste à écouter les participants lorsqu’ils me présentent
leurs projets artistiques et à les encadrer pour qu’ils puissent les
mener à bien dans les meilleures conditions.
Quelles sont les sources d’inspiration pour le choix des thèmes ?
Pour les élèves les plus expérimentés, le choix du thème est libre. Mais
les débutants ont souvent une idée très vague de ce qu’ils désirent
exprimer en peinture. C’est pourquoi, je les accompagne pour définir
ensemble une technique en fonction du matériel disponible et avec l’aide
de livres d’art pour choisir l’œuvre qui leur plaît le plus et qu’ils
vont reproduire sur une toile avec de la peinture acrylique. Ainsi, les
participants rencontrent de grands artistes peintres tels que Ferdinand
Hodler, Félix Vallotton, Giacometti ou encore Paul Klee.
On voit beaucoup de reproductions d’œuvres de peintres suisses, pour
quelle raison ?
Deux objectifs nous guident : familiariser les élèves avec des artistes
suisses; et découvrir des paysages inspirants de nos régions grâce à la
peinture.
Les œuvres sont-elles protégées par un droit de propriété après ou
pendant l’exposition ?
Les expositions n’ont aucun but lucratif. Les travaux restent la
propriété des auteurs qui ont le choix de les reprendre à la fin de
l’atelier ou de les prêter en vue d’autres événements.
Propos recueillis par :
Pastodelou et Lamin
Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils
Petit tour virtuel et commenté de l’exposition:
« Les dessins représentent en quelque
sorte la porte d’entrée à l’atelier de
création. » P. Uriel Sperje
« L’atelier de création
encourage l’expression
artistique en groupe. Ainsi, à
l’occasion de cette
rétrospective, des œuvres
collectives vous sont
présentées.
« La barque est pleine » de
Naser Ahmed originaire de
Libye » P. Uriel Sperje
« Le but est de s’approprier
des affiches politiques et
touristiques suisses datant de
1922 à nos jours pour en
détourner le message. L’artiste
utilise le collage de façon
très personnelle pour rendre
les affiches moins agressives,
plus humoristiques ou carrément
surréalistes ». P. Uriel Sperje
Découverte des paysages inspirants de
notre région par les élèves de l’atelier
artistique.
« Pour les participants plus expérimentés
dans le domaine artistique, le choix du
thème est libre. Nous vous présentons
quelques oeuvres réalisées principalement
par des migrants originaires du Tibet. »
P. Uriel Sperje
Infos :
Expositions réalisées à ce jour par l’Atelier artistique du Centre de
formation de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM):
Exposition actuelle:
– Siège administratif de l’EVAM, Av. de Sévelin 40, 1004 Lausanne, du 14
février au 16 avril 2013
Exposition à venir :
– Dans le cadre de la journée des Réfugiés à Yverdon-les-Bains le 15 juin
2013 (à confirmer)
Expositions passées :
– Commune de Renens
– Palais Fédéral à Berne
– Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) à Genève
– Commune de Chavannes
– Gymnase Intercantonal de la Broye à Payerne
– Bibliothèque Municipale de Lausanne
– Commune de Ste Croix