Systèmes de management intégré Retours d`expériences et bonnes
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Systèmes de management intégré Retours d`expériences et bonnes
© ISO Management Systems, www.iso.org/ims INTERNATIONAL Systèmes de management intégré Retours d’expériences et bonnes pratiques De plus en plus d’entreprises mettent en place des systèmes de management intégrés visant à prendre en compte dans une approche globale et cohérente les différents domaines qualité, environnement, sécurité… PAR S TÉPHANE M ATHIEU Stéphane Mathieu (E-mail [email protected]) est délégué régional à l’AFNOR sud-ouest. AFNOR, 11 avenue Francis de Pressensé, 93571 Saint-Denis La Plaine Cedex, France. Tél. Fax E-mail Web + 33 1 41 62 80 00. + 33 1 49 17 90 00. [email protected] www.afnor.fr Contexte et enjeux Les enjeux économiques sont importants et plusieurs facteurs militent en faveur d’une approche globale au travers d’un système de management intégré (SMI) : – gains significatifs de productivité avec la gestion de plusieurs facettes du management de l’entreprise (qualité, environnement, hygiène et sécurité, éthique…) au travers d’un système global ; De un de de plus en plus d’entreprises expriment formellement besoin de cadre de référence et de points repères pour construire ou optimiser leur système management intégré ISO Management Systems – juillet-août 2003 39 © ISO Management Systems, www.iso.org/ims INTERNATIONAL La cartographie des processus Q/S/E chez Weyerhaeuser Cartographie des processus par Tanguy Massart, Directeur-général, Weyerhaeuser Mediland SA Weyerhaeuser Mediland, ZI, BP 50, 40110 Mourenx, France. Tél. + 33 5 58 82 59 00 La création d’un système de management intégré permet un meilleur partage de la vision de l’entreprise en même temps qu’il favorise l’intégration des nouvelles contraintes. Suivi des coûts Arbitrage Client Le management d’une entreprise demande la prise en compte d’exigences de plus en plus nombreuses et complexes : contrôle des coûts et qualité du produit bien sûr, mais aussi sécurité des travailleurs, respect de l’environnement, responsabilité sociale... Marché Suivi des ressources humaines Suivi de la sécurité et de l’environnement Comité R & D/Marketing Contrôle de gestion Relation clientèle/ Administration des ventes Rapports de visite Fabrication du produit Produit brut Fabrication produit brut/Parc à bois/Chaudière/ Pressage Stock produits bruts Produit fini Stock produits finis Finition/Ponçage/ Cerclage Co m m u n i c at i o n Prise de commande Planning Le respect de ces exigences permet d’assurer la satisfaction des diverses parties intéressées à la vie de l’entreprise et donc à la pérennité de la société. Suivi qualité/ Système de management Informatique Achat Administration Maintenance Expédition Chargement Analyse laboratoire Logistique Facturation Activité de mesure, analyse et amélioration Exemples de valeurs d’entreprises Exemple 1 Exemple 2 Écouter, comprendre et satisfaire ses clients Le client avant tout Aller au-delà des attentes de nos clients Communiquer et écouter Ie personnel et les partenaires de I’entreprise Le respect de I’individu Valoriser I’investissement de nos actionnaires et mériter leur confiance Respecter les valeurs sociales et éthiques La qualité Mettre I’homme au cœur de I’entreprise Développer et intégrer Ie principe du développement durable Le partenariat avec les fournisseurs Faire de la diversité croissante du groupe une richesse Développer la relation gagnant/gagnant avec nos fournisseurs La moralité et I’intégrité dans les affaires Respecter l’intérêt général L’importance des actionnaires Une responsabilité sociale 40 Exemple 3 ISO Management Systems – juillet-août 2003 © ISO Management Systems, www.iso.org/ims INTERNATIONAL – principe de cohérence : comment peut-on manager les performances d’une entreprise et fédérer une vision d’ensemble en se basant sur des systèmes de management séparés et indépendants ? – réduction du risque de contradiction dans le pilotage de l’entreprise : quelles seraient les conséquences de l’application d’une procédure qualité dont les effets seraient incompatibles avec une consigne sécurité ? Pour engager un système de management intégré, les choix à opérer dépendent naturellement de la stratégie de l’entreprise, de ses métiers, de son environnement et de ses parties intéressées. De nombreuses entreprises en France, en particulier dans des secteurs à risque industriel, ont déjà engagé, en interne, des systèmes de management intégré. Mais, faute de référentiel reconnu et partagé, ces démarches ont souvent été conçues de façon empirique et intuitive. Aujourd’hui, de plus en plus d’entreprises expriment formellement un besoin de cadre de référence et de points de repères pour construire ou optimiser leur système de management intégré. Ainsi, dans le cadre d’une action collective menée en région Aquitaine et soutenue par la Communauté européenne, l’État (Drire) et le conseil régional, l’Afnor a développé un accord Afnor AC X 50-200 sur les Systèmes de management intégré bonnes pratiques et retours d’expériences (guide publié en janvier 2003). Présentation de l’accord AFNOR Un accord (AC) Afnor est un document normatif élaboré collectivement par des acteurs identifiés qui fournit des solutions et des recommandations. Il permet d’offrir un premier niveau de consensus sur un domaine peu stabilisé ou de promouvoir un domaine émergent comme pour le management intégré. Un accord Afnor est un document de portée nationale qui peut être élaboré à partir d’expérimentations régionales. Ce type de document normatif existe également au niveau international à l’ISO sous le nom de International Workshop Agreement (IWA). Dans le cadre de l’action collective menée en Aquitaine, l’accord Afnor AC X 50-200 vise à valoriser des expériences d’entreprises, dont MLPC Exemple de politique intégrée Q/S/E Je soussigné, Philippe X, PDG de la société Y, ai la volonte de satisfaire au maximum mes clients et de renforcer notre image de marque, tout en respectant I’environnement et en apportant au personnel des conditions de travail optimales. Pour y parvenir, je m’engage dans une démarche de management intégrant qualité, sécurité et environnement. Ainsi, j’ai nommé Monsieur Z responsable Q/S/E pour la mise en place et Ie bon suivi du système. Nous réexaminerons cette politique Q/S/E au minimum une fois par an. Mes engagements Q/S/E sont : • respecter les obligations légales et administratives applicables à tel site en matière de qualité, de sécurité et d’environnement ; • respecter, pour Ie début de I’année 2003, les exigences de la norme ISO 14001 pour I’environnement, les exigences des normes ISO 9001 version 2000 pour la qualité, OHSAS 18001 pour la sécurité ; • promouvoir I’amélioration continue en termes de qualité, sécurité et environnement ; • sensibiliser et former Ie personnel aux problèmes liés à la qualité, à la sécurité et à I’environnement ; • vérifier la compréhension, la mise en œuvre et Ie maintien de la politique qualité, sécurité, environnement, à tous les niveaux de I’entreprise ; • communiquer et collaborer avec Ie public et les autorités administratives chargées des questions environnementales et de sécurité ; • revoir régulièrement sa politique Q/S/E quant à son adéquation permanente. Mes objectifs environnement sont : • diminuer les risques de pollution et de contamination des sols et de I’eau ; • maîtriser les impacts liés à notre production de déchets industriels spéciaux (DIS) ; • maîtriser la consommation d’énergie et d’eau de forage ; • maîtriser Ie transfert de poussières et de composés organiques volatils (COV) dans I’air. Mes objectifs qualité à venir seront : • maintenir des délais de livraison parmi les meilleurs du marché ; • diminuer les risques de rupture de stock ; • améliorer la maîtrise des processus pour plus d’efficacité et pour éliminer les non-conformités ; • vérifier que les besoins et les attentes des clients soient bien perçus ; • réduire les coûts de fabrication des produits. Mes objectifs sécurité à venir seront : • réduire les risques de chutes de hauteur ; • réduire les risques de circulation ; • améliorer I’ergonomie des postes de travail ; • diminuer Ie nombre de risques mécaniques et électriques des machines. M. X., PDG ISO Management Systems – juillet-août 2003 41 © ISO Management Systems, www.iso.org/ims INTERNATIONAL Exemples de fonctions Cas 1 Directeur Q/S/E + 1 coordinateur Q/S/E + 3 correspondants Cas 2 Responsable qualité + 1 responsable environnement + 1 responsable sécurité Cas 3 Directeur Q/S/E + 1 responsable environnement + 1 responsable sécurité + 1 équipe projet Q/S/E International et Weyerhaeuser (voir encadrés) qui ont mis en place un système de management intégré qualité, environnement, sécurité… Il ne s’agit pas d’un modèle d’exigences pouvant être utilisé à des fins d’évaluation ou de certification, mais d’un recueil de recommandations présentées sous la forme de retours d’expériences, de bonnes pratiques et d’exemples. Notons que les recommandations présentées dans le paragraphe 4 du document distinguent : – d’une part, des retours d’expériences et des bonnes pratiques ; – d’autre part, des risques et des pièges à éviter. Cas 4 Les annexes constituent une partie essentielle du document puisqu’elles présentent une série d’exemples concrets (outils, supports, documents…) relatifs à des pratiques de management intégré. Responsable qualité + 1 responsable sécurité/ environnement Retours d’expériences et bonnes pratiques : morceaux choisis Cas 5 Responsable qualité/ environnement + 1 responsable sécurité Cas 6 Responsable système Q/S/E + 1 responsable opérationnel sécurité + 1 responsable environnement Cas 7 Responsable Q/S/E La mise en place d’un système de management intégré nécessite au préalable des décisions à prendre de la part de la direction. Il faut, en particulier, qu’elle se positionne par rapport aux impacts d’un système de management intégré et détermine si l’organisation actuelle de l’entreprise est « culturellement » capable d’accepter cette démarche. Les entreprises engagées dans l’action collective ont exprimé les conditions de réussite suite à leur expérience : • Une intégration ne peut se faire sans une vision globale de l’entreprise et de ses facteurs clés de réussite : il est essentiel de faire le lien avec la stratégie de l’entreprise. • L’intégration doit se faire de façon participative : elle doit permettre de mieux impliquer son personnel dans la vie de l’organisme, de situer l’importance du poste occupé par un acteur avec un rôle précis et défini dans un ou plusieurs processus de l’entreprise. Elle doit favoriser le bon sens et la conscience professionnelle des individus. • L’intégration peut être progressive et doit être évolutive. Par exemple, l’évolution d’un système de management peut être la suivante : 42 ISO Management Systems – juillet-août 2003 – intégrer les domaines sécurité et environnement ; – intégrer la qualité dans les domaines sécurité – environnement ; – intégrer dans un système unique tous les domaines du management de l’entreprise : qualité, sécurité, environnement, management des risques industriels, éthique sociale, management des ressources humaines… • Il est important de pouvoir réaliser des analyses initiales et ce, à deux niveaux : – une analyse globale de tout type de risque réalisée au niveau de l’équipe dirigeante qui englobe tous les facteurs liés aux enjeux de la société, au contexte concurrentiel, à l’environnement… – des diagnostics opérationnels qualité – sécurité – environnement séparés afin de ne rien omettre dans les trois domaines et de constater les différents liens existants, notamment pour montrer que l’intérêt de l’entreprise n’est pas uniquement lié à la satisfaction du client, mais aussi à celle du personnel (à travers la sécurité). Pour affirmer son engagement, la direction doit définir une politique prenant en compte les besoins des parties intéressées et reflétant les valeurs de l’entreprise (voir encadré Exemples de valeurs d’entreprise). Il est opportun de privilégier une politique Q/S/E (voir encadré Exemple de politique intégrée Q/S/E), mais des politiques séparées n’entravent pas la mise en place d’un système de management intégré. En termes de fonctions et d’organisation mises en place pour un système de management, plusieurs approches sont envisageables. Elles dépendent de la taille de l’entreprise, de son appartenance ou non à un groupe et de sa culture. Parmi les entreprises de l’action collective, le tableau intitulé Exemples de fonctions présente quelques cas d’organisations et de fonctions mises en place. Le tableau intitulé Exemples de responsabilités et autorités définies pour des fonctions Q/S/E précise les responsabilités et autorités mises en place dans le cas n o 1 qui est une entreprise de 45 personnes dans le domaine de la peinture. © ISO Management Systems, www.iso.org/ims INTERNATIONAL Pour faciliter la mise en place d’un système de management intégré, l’approche processus, l’une des dispositions majeures de la norme ISO 9001 version 2000 peut constituer un excellent fil conducteur. Elle n’est pas seulement une exigence normative mais est avant tout une réflexion profonde sur la raison d’être d’une entreprise, sur ses métiers et ses produits en liaison avec les besoins et attentes de ses clients et les contraintes de son environnement. Il peut être judicieux pour l’entreprise d’avoir une approche processus globale (voir encadrés sur les exemples de cartographies) en intégrant également l’écoute des besoins et attentes de l’ensemble des parties intéressées avec la prise en compte des aspects qualité, sécurité et environnement. Une intégration ne peut se faire sans une vision globale de l’entreprise et de ses facteurs clés de réussite Exemples de responsabilités et autorités définies pour des fonctions Q/S/E Directeur Q/S/E Coordinateur Q/S/E Correspondants Q/S/E • vise les documents administratifs relatifs a I’environnement (par exemple la Drire) et est en relation avec les autorités ; – assiste Ie directeur Q/S/E ; Les animateurs recherchent des éléments d’informations pour : • organise I’analyse des propositions d’actions et en coordonne les moyens ; – met en place Ie SMI ; – réalise la veille réglementaire ; • I’analyse des dysfonctionnements qualité, sécurité ; – analyse Ie contexte environnemental aux postes de travail ; • I’analyse des conditions de travail ; • rend compte à la direction du fonctionnement du système Q/S/E de façon à – crée, diffuse et modifie les documents Q/S/E ; I’examiner et à I’améliorer ; • s’assure que les exigences relatives au système Q/S/E sont établies, mises en œuvre et maintenues conformément aux normes ; – rédige Ie manuel Q/S/E, les procédures, les instructions et les enregistrements avec la participation du personnel ; • organise les veilles réglementaire et tech- – fait Ie lien entre la qualité, la sécurité et I’environnement ; nologique ; – tient à jour la documentation • assure la communication entre les difqualité, sécurité, environnement ; férents niveaux et fonctions concernant les éléments du système Q/S/E et leur – sensibilise Ie personnel à I’environefficacité ; nement ; – encourage la sensibilisation aux exi– est responsable des audits gences réglementaires, légales ainsi que internes ; celles du client à tous les niveaux de – planifie et prépare les audits I’entreprise ; internes ; – participe aux revues de direction ; – répond aux demandes externes environnementales ; – vérifie Ie manuel Q/S/E ; – réalise les audits internes ; – prend en charge Ie suivi des mesures de surveillance. – participe à la rédaction du manuel et des documents Q/S/E ; – participe aux revues de direction ; • la tenue a jour des indicateurs qualité, sécurité. Ainsi, les animateurs : • participent à I’évolution d’un projet en rapport avec les aspects Q/S/E (modification du processus, extension d’un bâtiment...) ; • animent des groupes de travail ou des réunions afin de résoudre des problèmes identifiés ou de coordonner certaines actions ; • accueillent les nouveaux employés (CDI, COD, intérimaires), les stagiaires, les entreprises extérieures pour les informer sur Ie système Q/S/E ; • participent à la rédaction du manuel et des procédures Q/S/E ; • participent aux revues de direction. – prend en charge Ie suivi des mesures de surveillance. ISO Management Systems – juillet-août 2003 43 © ISO Management Systems, www.iso.org/ims INTERNATIONAL Pour faciliter la mise en place d’un système de management intégré, l’approche processus peut constituer un excellent fil conducteur L’analyse des alors d’identifier : processus permet – les points à risque (insatisfaction client, impact significatif sur l’environnement, accidents et risques pour la santé et la sécurité des personnes) qui constitueront les principales données d’entrée pour définir des plans d’amélioration de la qualité, de l’environnement et de la sécurité ; – les compétences nécessaires pour maîtriser les processus identifiés ; – la documentation nécessaire et suffisante. Enfin, certaines entreprises ont fait le choix d’amorcer l’intégration au niveau de l’opérationnel (par exemples, instructions de travail, fiches de poste…) pour favoriser une adhésion au niveau des personnels opérateurs et pour affirmer que toute action a un impact sur la qualité, l’environnement et la sécurité. Par exemple, un fût qui tombe a un impact sur la qualité (fût cassé, temps de nettoyage), un impact sur l’environnement (déversement et pollution du sol) et un impact sur la sécurité (accident avec d’autres fenwicks, blessure du manutentionnaire qui reçoit le fût sur le pied). Parfois des entreprises font le choix de bien visualiser ce qui est directement lié aux domaines qualité, sécurité ou environnement (par exemple, différenciation des domaines par couleur). Le management intégré chez MLPC Entretien avec Pierre Marcadé, Directeur général de MLPC International, Quelles sont les conditions de réussite pour s’engager dans ce type de démarche ? MLPC International, 209 Avenue Ch. Despiau, 40370 Rion Des Landes, France. Outre la volonté affichée de la direction, le professionnalisme de chacun, la culture de l’action collective et l’absence d’appréhension de se remettre en question pour améliorer son comportement. Tél. + 33 5 58 57 06 57. Pourquoi avez-vous engagé un système de management intégré ? Mon expérience japonaise m’a convaincu que l’atteinte de l’excellence était avant tout une question de comportement, lequel ne pouvait être à géométrie variable selon qu’il s’agit de sujet à dominante sécurité, qualité ou autre. C’est pourquoi, lorsque mon responsable qualité m’a proposé de développer un système intégré, je lui ai répondu « pour moi, cela va de soi, si nous intégrons également toutes les autres procédures, notamment celles relatives au personnel, comptables et de gestion ». Quels bénéfices avez-vous pu mesurer ? L’approche processus qui a été utilisée lors de l’intégration apporte une vue synthétique de l’organisation, où chacun peut se situer et mesurer sa contribution à la bonne marche de l’entreprise. Je rajouterais que notre activité de chimiste classée Seveso est particulièrement contrôlée par l’administration et que ce système intégré facilite l’inspection annuelle de la Drire. 44 ISO Management Systems – juillet-août 2003 Remplissage des citernes sur un site de MLPC.