Le Rôle de la Suisse durant le Nazisme – 3ème partie

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Le Rôle de la Suisse durant le Nazisme – 3ème partie
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LE RÔLE DE L A
SU ISSE DU RANT
LE NAZISME
3 è m e PA RT I E
Museum am Burghof
Baslerstrasse 143
D · 79540 Lörrach
T: +49 (0)7621 919 37-0
F: +49 (0)7621 919 37-20
Heures d’ouverture:
Me-Sa 14-17h, Di 11-17h
Visites guidées:
sur inscription par
teléphone
Wilhelm Gustloff décerne
cette statuette au groupe local
nazi de Bâle à l’occasion du
10ème anniversaire du putsch
d’Hitler du 9 novembre 1923.
1.
Les groupes nazis dans le nord-ouest de la Suisse
L’influence des nazis s’étend aussi dans les territoires qui ne sont pas
occupés par les soldats du 3ème Reich. Il existe en Suisse germanophone
des sympathisants du régime nazi. Certains Allemands résidant dans
le nord-ouest de la Suisse montrent ouvertement leur affinité pour
le régime nazi. La liaison suisse du NSDAP a même un siège officiel à
Bâle au «Braunes Haus» dans la rue St. Alban-Vorstadt 12. Dans la
région de Bâle on recense parmi les nazis actifs deux cellules du parti
à Liestal et Aesch, deux associations sportives, trois groupes des Jeunesses Hitlériennes, des Jeunes Filles Allemandes et des femmes ainsi
que 17 groupes de travail sur le front.
Le NSDAP diffuse ses objectifs en Suisse au moyen de panneaux,
affiches, annonces et divers signaux. Une grande partie de la population s’inquiète de ce que les nazis suisses et allemands revendiquent
ouvertement une annexion de la Suisse au Reich allemand. Le Conseil
fédéral ne se résout pas interdire le NSDAP suisse et tous les organismes qui en dépendent par peur de peser trop fort sur les relations
germano-suisses et probablement de provoquer une attaque allemande en Suisse. L’organisation nazie n’est dissoute qu’à la fin de la
guerre le 8 mai 1945, ses locaux sont fouillés et ses biens confisqués.
Le NSDAP tente aussi de contrôler les Allemands qui vivent à
l’étranger et de les intégrer dans le parti. Le ressortissant allemand
Wilhelm Gustloff (1895-1936) qui vit en Suisse depuis 1932 et dirige
les sections locales à l’étranger est chargé de la coordination des
associations allemandes. Il n’y réussit cependant que partiellement.
La communauté allemande de Bâle refuse par exemple de devenir
membre du NSDAP. C’est pourquoi elle est dissoute en 1938. Au même
moment de sévères mesures sont prises contre le service d’entraide
de Bâle qui regroupe 500 membres et dispose de biens considérables.
Après 1940 la Suisse est prise en étau entre les fascistes italiens
et les nazis allemands. Le danger d’une invasion allemande devient
sérieux. Il apparaît clairement à la majorité des Confédérés qu’ils doivent s’équiper pour faire face à la menace fasciste et nazie. Dans un
premier temps les frontières sont fermées et suivant le principe de
neutralité armée, 450.000 hommes sont mobilisés, chargés d’abord
de surveiller les frontières et ensuite avant tout de construire les installations de défense dans les Alpes. En cas d’invasion des chars allemands, le gouvernement suisse prévoit une retraite sur Berne mais
s’attend aussi à une longue guerre partisane dans les Alpes. Les villes
frontières de Bâle et Riehen ne sont pas protégées par cette stratégie
de défense.
Parallèlement certains regroupements non officiels s’engagent
pour la protection des principes démocratiques suisses contre la
menace fasciste et nazie. Des pièces de cabaret comme «Cornichon»
ou «Le moulin à poivre», satires des faits politiques en Allemagne et
en Italie, apparaissent au profit de la défense nationale spirituelle
et intellectuelle.
Otto Pankok:
«enfant tsigane»
1948.
Avec le cycle de peintures «Veille
à la vie des Tsiganes!» de 1931-35
et 1948 Otto Pankok défend les
Tsiganes persécutés par le nazisme.
Il est interné en 1940 dans un
camp de concentration et depuis
1937 ses œuvres font partie de
l’art dégénéré.
2.
Art dégénéré en Suisse
Après la guerre, les Confédérés sont confrontés aux Alliés qui leur reprochent de ne pas avoir observé l’entière neutralité et d’avoir coopéré avec
le régime nazi. Ils auraient entre autre permis aux nazis de transporter
leur armement à travers les Alpes; des filiales de l’industrie suisse établies
en Allemagne se seraient jointes à la campagne antisémite allemande et
des banques suisses se seraient enrichies de l’or des victimes du nazisme.
La politique suisse vis-à-vis des réfugiés politiques est vue elle aussi d’un
œil critique. En 1996 le gouvernement suisse réagit et met en place un
jury d’historiens indépendants. La «commission Bergier» analyse ces controverses auxquelles elle donne partiellement raison.
Un autre reproche s’adresse à certains marchands d’art et musées
suisses qui se seraient enrichis d’œuvres d’art ayant appartenu aux victimes du nazisme. Les nazis refusent les tendances stylistiques avantgardistes comme l’expressionnisme et l’impressionnisme, le dadaïsme
et le surréalisme qu’ils désignent comme dégénéré et anti-allemand.
A partir de 1937, environ 16.000 œuvres d’art moderne sont confisquées,
détruites ou vendues à l’étranger pour des sommes modiques. C’est ainsi
que plusieurs tableaux et sculptures rejoignent la collection du musée
d’art du Kunstmuseum de Bâle.
2.
La politique des réfugiés dans la Confédération
La Suisse, un pays bien épargné par la guerre et le nazisme, représente
pour beaucoup la seule possibilité de sauver leur vie. La Suisse accueille
près de 300.000 personnes durant les 12 années de terreur nazie et
leur offre un asile pour une durée plus ou moins longue. Parmi eux se
trouvent 60.000 enfants qui sont abrités dans des centres de repos
pour un temps limité. Environ 100 000 personnes sont retenues dans
des camps de travail, 55.000 sont considérées comme réfugiés civils
et 67.000 comme évadés. Tout le monde ne peut cependant pas se permettre de passer en Suisse.
Après l’appel au boycotte des magasins juifs en avril 1933 en Allemagne, la Confédération se voit confrontée à une première vague de
réfugiés. Environ 2000 personnes s’évadent en Suisse. Mais une grande
partie retourne bientôt en Allemagne avec l’espoir que la situation va
se normaliser. La police fédérale réagit rapidement et sépare les réfugiés
politiques des autres fugitifs. Parmi ces derniers se trouvent des Juifs,
des opposants au travail obligatoire, des Sinti, Yéniches et Roma ainsi
que des homosexuels. D’après les estimations des agents de l’administration ces personnes ne sont pas en danger de mort et ne doivent
donc rester que pour une courte durée en Suisse. La plupart ne peuvent
entrer en territoire suisse que s’ils peuvent prouver qu’ils y sont en transit. Ils doivent présenter un visa pour les USA, la Palestine ou d’autres
pays tiers et doivent posséder assez d’argent pour poursuivre leur voyage. A l’origine de cette politique se trouvent la peur largement répandue d’une trop massive immigration, la situation tendue sur le marché
du travail suisse et la conception antisémite des représentants dirigeants.
Après l’annexion de l’Autriche à l’empire allemand en 1938 il devient
de plus en plus difficile de se réfugier en Suisse de façon légale. Le gouvernement de Berne prend alors des mesures non officielles avec les
dirigeants du 3ème Reich et soumet aux autorités allemandes de faire
apposer un «J» rouge dans les passeports des Juifs de l’Allemagne hitlérienne. A partir du 4 octobre 1938 un visa est obligatoire pour tous les
«non ariens». Par ailleurs le 17 octobre 1939 le Conseil fédéral ordonne
le renvoi de tous les immigrés illégaux dans leur pays d’origine. Entre
20 et 25.000 personnes sont pour cette raison refoulées à la frontière
suisse et par la même occasion envoyées à une mort assurée. A plusieurs reprises des Juifs sont livrés à la Gestapo par des agents suisses
au passage de frontière Riehen – Lörrach-Stetten.
La police fédérale interdit aux cantons d’autoriser un séjour illimité
aux réfugiés et de leur délivrer des permis de travail et des papiers
d’identité. Mais les cantons ont une certaine marge de manœuvre visà-vis des ordonnances de la police fédérale comme le montre l’exemple
du canton de Bâle-Ville: depuis 1935 Fritz Brechbühl, conseiller parlementaire social-démocrate est directeur de la police cantonale. A son
époque et en comparaison des autres cantons seuls très peu de réfugiés
se tenant en ville sont ramenés à la frontière. Dans la mesure du possible les autorisations d’entrer sur le territoire sont délivrées. Mais au
début de la Seconde Guerre mondiale la police fédérale obtient de plus
en plus de compétence et la marge de manœuvre des agents de Bâle
se réduit. De 1935 à 1945 1158 Juifs poursuivis par le régime nazi trouvent
asile à Bâle.
Passeport d’August Weil
Après une menace du représentant
de la Gestapo de Lörrach, August
Weil s’enfuit avec sa famille en mai
1940 en Palestine en passant par
la république slovaque. Depuis 1938
toutes les Juives et les Juifs doivent
prendre pour deuxième nom Sarah
ou Israel et faire apposer un «J» dans
leur passeport afin de faire clairement transparaître leur origine juive.