Parlement wallon - Groupe PS
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Parlement wallon - Groupe PS
Parlement wallon Groupe Socialiste SECRETARIAT 081/259.572 [email protected] Rue Notre-Dame 9 5000 Namur Fax : 081/ 230.945 Question orale de la Députée Sophie Pécriaux à Madame Eliane Tillieux, Ministre de la Santé, de l’Action sociale et de l’Egalité des chances sur « la présence concomitante de victimes et d'auteurs au sein des services d'aide sociale aux justiciables » Madame la Présidente, Madame la Ministre, chers Collègues, les services d’aide sociale aux justiciables ont pour mission d’aider aussi bien les victimes d’actes délictueux que leurs auteurs. L’article 16 de l’Arrêté du Gouvernement wallon du 20 décembre 2001 portant exécution du décret du 18 juillet 2001 relatif à l’aide sociale aux justiciables stipule que « Le service dispose au moins d’une salle d’attente et de locaux de consultation adaptés aux missions. » et qu’« Une séparation est prévue entre les locaux destinés, d’une part, à l’accueil des victimes, et, d’autre part, des inculpés, condamnés et ex-détenus. » Malgré cette précaution prise en son temps par le Gouvernement wallon, des rencontres entre victimes et auteurs sont rendues possibles : dans certains services, des victimes partagent la même salle d’attente que leurs auteurs ; des services possèdent une porte d’entrée unique ; certains services ne disposent que d’un seul bureau d’accueil, ce qui implique que des rendezvous se déroulent au même endroit. Cette notion de séparation, prévue dans l'arrêté du 20 décembre 2001 reste donc relativement vague, et sans doute fort difficile à mettre en œuvre. On peut se poser la question de l’opportunité d’accueillir à la fois les victimes et les auteurs de violences au sein des mêmes locaux, la rencontre de ces justiciables pouvant être problématique, voire traumatique, pour certains d’entre eux. Mon intervention ne remet nullement en doute la nécessité de ces services, ni le professionnalisme reconnu des intervenants psycho-sociaux œuvrant dans le domaine. Par ailleurs, j'ai pu prendre connaissance d'un rapport réalisé par le Relais social de Charleroi sur les difficultés et les besoins des personnes sortant de prison. Ce rapport formule quelques recommandations à destination des autorités locales, mais aussi régionales. Madame la Ministre, pourrions-nous avoir votre avis sur l’inconfort que peut générer une présence simultanée au sein des mêmes locaux de victimes d’auteurs de violences ou autres actes délictueux ? Quelles solutions structurelles envisagez-vous afin de tenter de mettre un terme à ces situations parfois difficiles ? Avez-vous pu prendre connaissance du rapport consacré à la sortie de prison, établi par le Relais social de Charleroi ? Quelles suites comptez-vous y apporter ? Réponse Tout d'abord, permettez-moi de vous remercier pour votre question qui va me permettre de mettre en lumière un secteur de l'Action sociale qui est relativement méconnu et dont nous parlons peu. Les Services d'aide sociale aux justiciables sont au nombre de 13 en Région wallonne, hors Communauté germanophone. Sans compter les aides à l'emploi, ils occupent en moyenne deux équivalents temps plein. Leur mission est de garantir l'exercice du droit à l'aide sociale aux victimes d'infractions, mais aussi aux inculpés, aux condamnés et aux ex-détenus. La gestion de ces situations s'inscrit dans un cadre, il faut bien l'admettre, de complexité institutionnelle du pays : le Fédéral garde les prisonniers, la Communauté française apporte aux prisonniers un ensemble de services et la Région prend en charge, en plus des victimes, les détenus à leur sortie des établissements pénitentiaires. Concrètement, vu la surpopulation carcérale — ce n'est un secret pour personne -, le personnel pénitentiaire n'est pas toujours en mesure d'accueillir au sein des prisons, le personnel de différents services de la Communauté française. De ce fait, les détenus ne sont toujours en mesure non plus de préparer leur sortie de prison. J'ajoute que contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, le passage d'un univers fermé à la liberté, qui nécessite des choix et implique une responsabilité, est extrêmement difficile, voire impossible pour une partie importante d'exdétenus. Aussi, avec le Fédéral et les autres gouvernements francophones du pays, un accord de coopération est en préparation qui mettra en œuvre la loi dite « de principes » — cette loi qui avait été votée en février 2005 et qui définit les devoirs et les droits des détenus, dont celui de préparer la sortie de l'établissement pénitentiaire -. Dans l'attente de la finalisation d'un autre accord de coopération entre le fédéral et les entités fédérées, un protocole d'accord organise à titre transitoire la collaboration entre la police via l'assistance policière aux victimes, les Services d'aide sociale aux justiciables et la Justice. L'accord de coopération devrait être signé cette année encore, et les décrets d'assentiment seront proposés au Parlement wallon dans la foulée. J'en viens maintenant à vos questions. Pour accueillir leur public, et éviter toute rencontre embarrassante, la réglementation des Services d'aide sociale aux justiciables prévoit une salle d'attente et des locaux de consultation adaptés à leur mission. Concrètement, certains services disposent de salles d'attente et de locaux d'accueil dédicacés soit aux victimes, soit aux auteurs. Les services ne disposant pas de ces infrastructures ont développé des procédures — il faut être créatif — pour éviter la mise en présence d'un auteur et de sa victime. Ainsi, certains fixent des permanences pour les auteurs à des jours bien déterminés. D'autres fonctionnent sur base de prise de rendez-vous. De manière générale, les mesures de prudence sont mises en œuvre pour éviter toute rencontre inopportune. À ce jour, aucun incident n'est à déplorer. Toutefois je suis bien consciente que la situation n'est pas idéale et mon Cabinet, en concertation avec l'ensemble des services, étudie les moyens de rencontrer cette difficulté. En me posant la question du suivi du rapport établi par le Relais social de Charleroi, et concernant la prison, vous attirez l'attention sur un travail exemplaire qui débouche sur un certain nombre de propositions concrètes, propositions qui pourront être mises en oeuvre localement ou pourquoi pas, à l'échelle de la Région. Si un relais social s'est penché sur la question de la prison, c'est qu'un certain nombre de personnes libérées se retrouvent à la rue, sans ressources. Elles accroissent ainsi le nombre des sans-abri et risquent dès lors très vite de se retrouver à nouveau dans la spirale de la délinquance. J'ai donc décidé de mettre sur pied un groupe de travail auquel j'inviterai des magistrats, des représentants de Services d'aide sociale aux justiciables, des représentants de relais sociaux, des Maisons de Justice, et des acteurs de terrain. Diverses réunions préparatoires ont déjà eu lieu. Ce groupe sera chargé de me proposer des pistes pour l'accueil des personnes à leur sortie de prison. Les conclusions de ce groupe de travail seront attendues pour décembre 2010.