ACNE VULGAIRE ET SOLEIL
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ACNE VULGAIRE ET SOLEIL
ACNE VULGAIRE ET SOLEIL DAVID FARHI - Service de dermatologie,hôpital Tarnier, 75006 Paris. L'acné représente 20 % des consultations en dermatologie libérale; 80 % des adolescents en sont atteints, et 40 % d'entre eux ont un traitement anti-acnéique. Le pic d'incidence survient entre 15 et 17 ans chez les filles et 17 à 18 ans chez les garçons. L'exposition solaire a des incidences pratiques sur son évolution et son traitement. L'acné est une dermatose inflammatoire androgéno-dépendante de l'appareil pilosébacé. Les facteurs étiopathogéniques potentiellement impliqués sont génétiques et environnementaux: androgènes, hyperséborrhée et obstruction folliculaire, Propionibacterium acné, tabac, stress, médicaments, cosmétiques et toxiques. Le rôle aggravant des ultraviolets (UV) est admis. Celui de l'alimentation est controversé. Évolution générale Classiquement, l'acné débute autour de la puberté et disparaît vers 20 ans. Si le soleil peut améliorer transitoirement lés lésions (jusqu'à 70 % des patients dans certaines séries) par effet antiinflammatoire des UV, une aggravation secondaire survient le plus souvent. Ainsi, la rechute sévère en automne est classique, après une brève amélioration estivale. Cette photoaggravation secon- daire pourrait s'expliquer par l'épaississement du stratum corneum sous l'effet des UV (favorisant l'obstruction des infundibulums pilosébacés) et l'oxydation du squalène (augmentant la comédogenèse). Les éventuelles cicatrices surviennent en moyenne 3 ans après le début de l'acné et sont de 2 types : atrophique (le plus souvent) ou hypertrophique, voire chéloïdienne (notamment sur peau noire). Traitement en période estivale Dans tous les cas, le traitement de l'acné doit comporter une photoprotection, en raison non seulement du rôle aggravant du soleil, mais aussi du risque de photosensibilisation lié à de nombreux antiacnéiques. En règle générale, si un traitement (local ou systémique) comportant un risque de photosensibilisation est choisi, l'administration vespérale est privilégiée, car elle diminue le risque de réaction photodéclenchée. Photoprotection externe Elle est indiquée, en période estivale, chez tout patient atteint d'acné. Elle est également indiquée en cas d'exposition occasionnelle, chez un patient sous antiacnéique photosensibilisant (trétinoïne, isotrétinoïne, cycline, peroxyde de benzoyle). La photoprotection doit avoir un indice élevé et un spectre (UVA, UVB, visible) large. I l faut toutefois connaître l'action comédogène de certains cosmétiques photoprotecteurs. Il est recommandé d'éviter le soleil entre 11 et 16 h. Traitements topiques Parmi les topiques comédolytiques, la trétinoïne et l'isotrétinoïne peuvent, rarement, entraîner une réaction phototoxique. L'adapalène est supposée moins photosensibilisante. L'extraction manuelle des comédons par le médecin est toujours utile en complément. Parmi les topiques anti-inflammatoires, le peroxyde de benzoyle peut être responsable d'une phototoxicité. Les macrolides et apparentés (érythromycine, clindamycine), non photosensibilisants, font partie des alternatives possibles. Traitements systémiques Parmi les thérapeutiques comédolytiques, l'isotrétinoïne est la principale molécule utilisée chez l'homme. Elle reste le traitement de référence des acnés sévères. La photoprotection externe est indispensable en raison de la possibilité de phototoxicité. Chez la femme, l'acétate de cyprotérone (progestatif antigonadotrope et anti-androgénique), associé à l'éthinylestradiol, est efficace dans les acnés légères à modérées et représente une bonne alternative. Parmi les thérapeutiques anti-inflammatoires, en période estivale, les macrolides (érythromycine) sont souvent préférés aux cyclines (photoallergisantes). Le zinc a une activité anti-inflammatoire moindre, mais peut être utile en relais d'une antibiothérapie systémique. Acné et photothérapie La puvathérapie aggrave l'acné. Certains auteurs ont proposé d'autres types de photothérapie. Ainsi, la photothérapie dynamique associée à l'acide 5-aminolévulinique a été utilisée, mais elle ne fait pas encore l'objet d'un consensus. Après l'été La stratégie thérapeutique anti-acnéique peut être réévaluée et l'éventail thérapeutique élargi. Une particularité: l'acné estivale L'acné aestivalis est une forme clinique inflammatoire particulièrement monomorphe d'acné. Rare, elle a le plus souvent été décrite chez des femmes de 20 à 30 ans. Elle est diagnostiquée devant une éruption estivale, photodéclenchée, faite de papules folliculaires, rose pâle, prurigineuses, de 1 à 3 mm. Elle siège sur le visage, le cou, les épaules et la poitrine. Les comédons sont typiquement absents. Sa pathogénie est inconnue. ? Que dire à vos patients • L'acné est aggravée par le soleil. • Le soleil diminue l'inflammation transitoirement, mais accroît la comédogenèse. • Les cyclines, la trétinoïne, l'isotrétinoïne et le peroxyde de benzoyle sont photosensibilisants. Leur prescription n'est pas contre-indiquée, mais doit être plus prudente en période estivale et associer : une administration vespérale de l'antiacnéique, une photoprotection externe et l'absence d'exposition solaire entre 11 et 16 h. • Les traitements non photosensibilisants comprennent les macrolides et apparentés, l'acétate de cyprotérone et le zinc.