Giordano Bruno - (france) - t2g theatre de gennevilliers centre
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Giordano Bruno - (france) - t2g theatre de gennevilliers centre
© Philippe Stirnweiss Francesco Filidei, Antoine Gindt, Ensemble intercontemporain Giordano Bruno [14 – 21 avril 2016] Représentations : jeudi 14, mardi 19, jeudi 21 à 19h30 / vendredi 15, lundi 18 à 20h30 Tarifs : de 7€ à 24€ Réservation : sur place ou par téléphone au 01 41 32 26 26 / du mardi au samedi de 13h à 19h ou [email protected] et en ligne sur : www.theatre2gennevilliers.com Service des relations avec le public Sophie Bernet - 01 41 32 26 27 — [email protected] Juliette Col – 01 41 32 26 18 – [email protected] Stéphanie Dufour – 01 41 32 26 21 – [email protected] Marion Gaie – 01 41 32 26 10 – [email protected] Francesco Filidei, Antoine Gindt, Ensemble intercontemporain Giordano Bruno [14 – 21 avril 2016] opéra en deux parties et douze scènes de Francesco Filidei livret de Stefano Busellato direction musicale, Peter Rundel assistant à la direction musicale, Léo Warynski (dirige les représentations des 19 et 21 avril) mise en scène, Antoine Gindt scénographie, Elise Capdenat lumière, Daniel Levy costumes, Fanny Brouste collaboration à la mise en scène et assistante, Élodie Brémaud ème dramaturgie et 2 assistante, Solène Souriau création vidéo, Tomek Jarolim accessoires, Pia de Compiègne maquillage, coiffure, Corinne Blot chef de chant, Yoan Héreau collaboration au mouvement, Stéfany Ganachaud avec GIORDANO BRUNO, Lionel Peintre (baryton) INQUISITEUR 1, Jeff Martin (ténor) INQUISITEUR 2, Ivan Ludlow (basse) PAPE CLÉMENT VIII, Guilhem Terrail (contreténor) et douze voix solistes Laura Holm, Eléonore Lemaire, soprano Johanne Cassar, Lorraine Tisserant, mezzo Charlotte Schumann, Aurélie Bouglé, alto Benjamin Aguirre Zubiri, David Tricou, ténor René Ramos Premier, Julien Clément, baryton Antoine Herrera-LópezKessel, Florent Baffi, basse Ensemble intercontemporain durée : 1h45 sans entracte opéra en italien surtitré en français Commande de T&M-Paris, Casa da Música, financée par la Ernst von Siemens Music Foundation. Avec le soutien du Réseau Varèse Production T&M-Paris Coproduction Casa da Música, Festival Musica, T2G − Théâtre de Gennevilliers centre dramatique national de création contemporaine, Théâtre de Caen, Fondazione I Teatri di Reggio Emilia Coréalisation, Ensemble intercontemporain Avec le soutien du Fonds de Création Lyrique/SACD, d’Arcadi Île-de-France Pour Giordano Bruno, Antoine Gindt a bénéficié d’une résidence de travail à l’Académie de France à Rome – Villa Médicis Le livret de Stefano Busellato est tiré des textes originaux de Giordano Bruno et d’une sélection réalisée par Nanni Ballestrini Création mondiale à la Casa da Música (Porto), le 12 septembre 2015, avec le Remix Ensemble et Raquel Camarinha (soprano) En tournée 26 avril Théâtre de Caen Giordano Bruno Opéra de libre pensée Premier opéra du compositeur italien Francesco Filidei, Giordano Bruno est mis en scène par Antoine Gindt qui retrouve le chef allemand Peter Rundel. Il réunit pas moins de seize chanteurs et dix-sept musiciens de l’Ensemble intercontemporain. Un événement lyrique, vaste collaboration européenne, consacré au philosophe hérétique et visionnaire condamné au bûcher par l’Inquisition romaine en 1600. Après sa création à Porto, Strasbourg, Reggio Emilia et Milan, il est présenté aux théâtres de Gennevilliers et de Caen en avril 2016. Giordano Bruno est signé par le libre penseur du son, Francesco Filidei, compositeur et organiste italien de 42 ans sur un livret de Stefano Busellato, enseignant-chercheur en philosophie contemporaine à l'université de Sao Paulo (Brésil), qui retrace la « passion » de Giordano Bruno. Philosophe qui développa les théories coperniciennes, imaginant un univers infini et pariant sur la transformation de la matière, adepte de la magie, se passionnant pour l’hermétisme et la cosmologie, auteur satirique volontiers blasphématoire, voyageur visionnaire chassé d’un pays à l’autre, il avait tout pour finir sur le bûcher de l’Inquisition romaine. L’opéra en deux parties et douze scènes alterne les scènes philosophiques à la chronologie du procès, la délibération, le supplice et met en scène différentes situations de foule, à Venise avec une scène de carnaval et à Rome avec la scène de l’exécution. Le metteur en scène qui a développé le projet en parfaite complicité avec le compositeur qu’il connaît bien, souligne « la puissance évocatrice de la musique qui renvoie à l’époque pré-baroque, avec des objets sonores très évocateurs ». « Outre les 4 solistes (Bruno, les 2 inquisiteurs et le Pape), le chœur est le moteur, autant musicalement que dans sa mise en scène. La solitude n’existe pas ici. Par exemple, le carnaval est presque une transe, une bacchanale. Le chœur est tour à tour une foule anonyme, les jurés, les témoins et les acteurs du supplice de Bruno ». Chacune des 12 scènes est composée autour d'une note de la gamme chromatique ; elles sont conçues comme 12 tableaux, chacun très différent de l'autre, avec une forme différente et une couleur précise. « J’ai pour nom Giordano Bruno, dit le personnage. Je fais de lettres et science profession ». Il en mourut, libre penseur condamné par l’obscurantisme. M.-C.V. « Or voici qu’on dit désormais : puisqu’il en est ainsi, qu’il n’en soit plus ainsi. Car tout bouge, mon ami. » Bertolt Brecht, La Vie de Galilée. Il est rare – et pourtant indispensable aujourd’hui - qu’un premier opéra bénéficie, à sa création, d’un réseau de partenaires passionnés et engagés. À l’automne 2015, Giordano Bruno a été donné à Porto, Strasbourg, Reggio Emilia et Milan. Il revient ce printemps à Gennevilliers et à Caen - les solistes de l’Ensemble intercontemporain succédant à ceux du Remix Ensemble -, fortifié de ce parcours qui de loin ressemble à s’y méprendre à celui du Nolain. S’il fut un temps question d’en ajourner la production, l’engagement de tous ses partenaires a eu raison du scepticisme qui accable quelquefois les projets de création, surtout quand il s’agit de les porter haut dans leur ambition artistique et de réunir un ensemble de seize chanteurs et dix-sept musiciens. L’opéra de Francesco Filidei magnétise son sujet. Du philosophe martyre, il trace avec une verve musicale intense, la fin de vie et le caractère, emporté et iconoclaste. Tous ceux qui ont approché le spectacle, auteurs, interprètes et spectateurs confondus, ont été frappés par la vivacité de ce corps musical. Lionel Peintre lui offre une consistance, une densité qui dépasse de loin la projection littéraire ou historique. Non, Giordano Bruno n’était pas un sage philosophant au-dessus des sphères ! Il est cet esprit vivant, parmi le peuple ou voisinant la noblesse et le clergé dont il est issu. Il dérange partout où il passe, jusqu’à son procès interminable. Séducteur encombrant, provocateur incontrôlable, convaincu de la justesse de ses thèses, il formule ce qui aujourd’hui encore régit notre compréhension du monde. Il le fait par la pensée et la réflexion, non par la science comme le démontreront peu de temps après lui Galilée ou Kepler. Giordano Bruno est donc devenu, grâce à Francesco et Filidei et Stefano Busellato, un personnage d’opéra. Une de ces figures à la fois tragique et portée par une énergie dévastatrice. Il est inspirant, aujourd’hui où des sujets si similaires semblent nous questionner tous les jours. Tenir bon, c’est ce que nous apprend ce personnage, même si nous n’encouragerons personne à tenir jusqu’au bout, comme lui. Antoine Gindt Metteur en scène et directeur de T&M. © Philippe Stirnweiss Entretien avec Francesco Filidei De chair et de bois « J’ai envisagé les douze scènes de l’opéra comme des lieux de mémoire, chacune associée à une image, une couleur. » Giordano Bruno est connu comme philosophe, religieux, penseur révolutionnaire et surtout comme martyr de l’église. Pourquoi vous êtes-vous intéressé à cette figure de l’Histoire ? Stefano Busellato, le librettiste, et Nanni Balestrini1 ont été les premiers à me suggérer le personnage de Giordano Bruno. J’étais immédiatement très intéressé par la relation entre le corps et le bois. Giordano Bruno finit brûlé et j’étais fasciné par ce contact entre la chair et le bois, entre l’objet animé et l’objet inanimé. C’est quelque chose de très intense : le corps de Bruno qui devient cendres et le bûcher inanimé qui le brûle. D’une image, opposant la chair au bois, peut naître tout un opéra ? Cette image de Bruno sur le bûcher, son corps nu qui touche le bois, est au centre de l’opéra. Elle est porteuse d’une forte puissance symbolique : le corps vivant qui finit en cendres, et la mort représentée par le bois, l’objet inanimé... Ce geste est fondamental depuis le début. J’ai besoin de travailler avec des choses très intuitives et primaires. Comment s’est déroulée la collaboration entre librettiste, compositeur et metteur en scène ? Cela s’est-il passé de façon linéaire et chronologique ou bien les choses se sont-elles faites simultanément ? L’idée première, en écrivant cet opéra, était vraiment de travailler dans un contexte d’opéra comme on l’entend dans le répertoire classique. Contrairement à N.N qui s’est vraiment construit au fur et à mesure avec le librettiste2, la création de Giordano Bruno a plutôt respecté les phases progressives de l’opéra. D’un autre côté, j’ai imposé la structure globale de l’opéra, c’est-à-dire les douze scènes et le contraste entre les scènes dites de « philosophie », où l’on expose les différentes thèses de Bruno et les scènes de « procès » où l’on suit la chronologie historique, de son arrestation à son supplice. Ensuite, Stefano Busellato a écrit le livret en collaboration avec Antoine Gindt pour les questions dramaturgiques. Nous avons beaucoup discuté tous les trois à propos de l’organisation du livret. Stefano Busellato et Antoine Gindt ont beaucoup échangé pour arriver au livret tel qu’il est aujourd’hui. Pourquoi avoir imposé une structure en douze scènes, en alternant scènes de philosophie et scènes de procès ? Cela vient d’une décision musicale. Les douze scènes sont reliées entre elles par l’utilisation d’une gamme chromatique qui monte pour les scènes de philosophie, les scènes paires, alors que les scènes de procès, scènes impaires, descendent. Cela se concrétise également par la prise en charge par les voix de femmes des scènes de philosophie alors que les scènes de procès sont relayées 1 par les voix d’hommes. Dans l’opéra, chaque scène correspond à une note que je garde pendant toute la durée de la scène. Par un principe synesthésique, chaque note a sa couleur. On reste donc longtemps dans une seule tonalité, une seule ambiance. Ce système rejoint les principes mnémotechniques de Giordano Bruno qui a écrit beaucoup d’ouvrages autour de la magie et de la mémoire. Dans De umbris idearum3, par exemple, Giordano Bruno développe des méthodes afin de retrouver facilement une idée par un principe d’association avec une image. Il inventait des lieux de mémoire où on allait récupérer les idées. J’ai envisagé les douze scènes de l’opéra comme des lieux de mémoire, chacune associée à une image, une couleur. Il faut attendre la onzième scène, la scène du bûcher, pour que l’on retrouve toutes les notes des scènes précédentes, où toutes les couleurs se mélangent, où finalement on détruit tout ce que l’on a construit. Pour moi, si il n’y a pas de destruction dans mon œuvre, on ne peut pas parler d’une musique qui veut faire de l’art. Je veux dépasser la beauté en rendant la matière agressive, pour qu’elle soit intéressante, pour qu’elle pose des questions. Le geste est très important dans votre écriture musicale ? Un geste qui est profondément lié à une recherche du son. Qu’en est-il de Giordano Bruno ? C’est vrai que l’on me fait souvent remarquer le côté « visuel » de ma musique. Pendant un temps, ma musique allait dans ce sens. Cependant, Giordano Bruno se situe dans un moment de crise à la fois personnelle et dans mon travail où je tendais vers une autre direction. D’un côté, j’écrivais une musique qui utilisait mes recherches antérieures autour du son et du geste et d’un autre côté, j’aspirais à faire autre chose. Giordano Bruno se situe clairement dans la deuxième catégorie. C’est pourquoi la gestualité de l’orchestre n’est pas essentielle dans cet opéra : je l’ai clairement séparé de ce qui se passe sur scène. C’est comme si je m’étais façonné un masque et qu’aujourd’hui j’avais besoin de l’enlever. J’ai senti que je ne pouvais plus continuer dans mon ancien système. Aujourd’hui je tends beaucoup plus vers l’abstrait, avec toujours un geste, mais plus cérébral. Si j’utilise tel instrument, telle percussion ou même des verres d’eau, c’est avant tout pour leurs sons plutôt que pour le qu’ils engendrent4. On retrouve un héritage du passé dans votre musique, notamment à travers des citations musicales bien précises ? Oui, surtout dans la deuxième partie de l’opéra lorsque la situation dramaturgique est déplacée à Rome. Par …/… Nanni Balestrini poète et écrivain italien (1935), membre de la Neoavanguardia italienne. En 1962, il a sélectionné des textes de Giordano Bruno pour la pièce Novae de infinito laudes, cantate pour solistes, chœur et orchestre de Hans Werner Henze, repris en partie dans l’opéra de Francesco Filidei. Giordano Bruno a écrit plusieurs ouvrages mnémotechniques comme De umbris idearum et Cantus circaeus en 1581, mais aussi De imaginum, signorum et idearum compositione (1590-1591). 2 Francesco Filidei utilise des tuyaux harmoniques, des rhombes, des buzzing bows, des sifflets et appeaux mais aussi des verres d’eau (scène 6) joués par les musiciens dans l’orchestre. 3 4 N.N, pour 6 voix et 6 percussions, 2007-2009, dont le livret est également écrit par Stefano Busellato. exemple, à l’arrivée du pape dans la scène 9, j’ai utilisé des cloches car la référence est immédiate, encore aujourd’hui. Comme Bruno avec ses images, les citations sont la mémoire que l’on récupère. À la Renaissance, l’Italie était un pays de riche culture musicale dont nous sommes les héritiers. Je m’inspire donc beaucoup du chant grégorien ainsi que du thème de Dies Irae, très présent dans les scènes de procès avec les inquisiteurs. Il s’agit uniquement de la musique de la Renaissance pour rappeler le contexte historique de l’opéra ? Non, dans la scène 8, par exemple, je me suis inspiré de la scène de bal dans Don Giovanni à l’Acte I et de la passacaille du Grand Macabre de Ligeti mais aussi des cantates de Bach lors de l’entrée du chœur. Ensuite il y a Tosca. La situation de la scène 10 de l’opéra, « Il sorgere del sole » (« le lever du jour »), rappelle instantanément la situation de Mario Cavaradossi qui attend son exécution imminente au Castel Sant’Angelo. Comme Mario, Giordano Bruno est seul dans sa cellule et attend la mort. Seulement, Bruno n’est pas désespéré : il méprise ses bourreaux et retrouve sa liberté en se détachant complètement de la réalité. L’opéra met en scène quatre personnages bien définis : Giordano Bruno, le Pape Clément VIII, et deux inquisiteurs. Ont-ils chacun un traitement vocal différent ? Giordano Bruno ne peut être qu’un baryton : un baryton colérique. Le Pape, contre-ténor, lui, ne chante que trois minutes. Pour moi, il incarne une telle figure sacrée qu’il fallait le préserver et le moment où il chante devait être un moment clé de l’opéra. Par contre, son air est très difficile © Philippe Stirnweiss et inspiré directement des litanies. Pour les inquisiteurs, j’ai choisi un ténor et une basse. Ce choix est directement lié à la dramaturgie. L’Inquisiteur I, le ténor, est plus léger car moins sévère avec Giordano Bruno. La basse, elle, incarnée par l’Inquisiteur II, accuse violemment Bruno et le conduit au bûcher. La fonction du chœur semble dépasser celle que nous trouvons habituellement dans les opéras du répertoire. Quelle place occupe-t-il ? Il s’agit de douze voix solistes plus que d’un chœur. Cet ensemble vocal est le personnage le plus important de l’opéra, le vrai protagoniste. J’ai voulu faire un opéra qui parle de la masse et ces voix, même si elles ne sont pas clairement identifiées, portent l’opéra du début jusqu’à la fin. Avez-vous l’impression, en écrivant votre premier opéra, de vous placer dans une forme bien définie et contraignante par ses conventions ? Oui, surtout en ce qui concerne le traitement vocal. L’opéra contemporain a essayé de trouver de nouveaux moyens de traiter la voix par rapport à l’opéra du répertoire, mais c’est très difficile. Personnellement, je l’ai vraiment utilisée comme on l’utilise dans l’opéra classique, même si aujourd’hui, il peut sembler bizarre de l’utiliser de cette manière. J’ai essayé, notamment avec l’utilisation du grégorien, de garder le chant comme on chante habituellement et comme on l’enseigne dans les conservatoires, mais en le déplaçant un peu. Propos recueillis par Solène Souriau, avril 2015. © Festival Musica 2015 Entretien avec Peter Rundel Qu’est-ce qui se cache derrière ce que l’on perçoit du monde ? Giordano Bruno est le premier opéra de Francesco Filidei. Dirais-tu que cette œuvre « renouvelle » le genre de l’opéra ? Je pense que le choix du sujet – Giordano Bruno – nous raconte beaucoup du compositeur lui-même. Bien que Giordano Bruno soit une figure importante de l’Histoire européenne et plus particulièrement de l’Histoire italienne, il n’en demeure pas moins que nous pouvons nous interroger sur la raison qui pousse un jeune compositeur à écrire un opéra sur lui. Je pense qu’une de ces raisons est que la vie et la pensée de Giordano Bruno reflètent un enjeu philosophique majeur de l’Histoire de l’art européen, à savoir qu’est-ce qui se cache derrière l’apparence des choses ? derrière ce qu’on perçoit du monde ? Giordano Bruno était un penseur et, en un sens, un poète. Il incarne finalement cet enjeu, cette recherche. Et il en est mort. Donc, au-delà de la question de l’actualité – qui pourrait être la raison pour laquelle un jeune compositeur choisit d’en faire le sujet de son opéra (parler de la liberté d’expression notamment) – je pense que l’opéra traite avant tout d’une figure symbolique de la pensée européenne. Pour revenir plus précisément à ta question, je ne pense pas que Filidei ait cherché à « renouveler » le genre de l’opéra. Il me semble par contre que sa musique entretient un lien très fort avec la musique sacrée. La façon dont cet opéra est structuré est très proche de la forme de l’oratorio. Je pense que c’est la singularité et la force de la musique de Filidei. Peux-tu nous parler de la structure musicale de l’œuvre ? Elle est très stricte, en deux parties et douze scènes, et elle est organisée comme un chemin de croix. © Philippe Stirnweiss Chaque scène est associée à une note de la gamme ; il y a une alternance entre six scènes « descendantes » (qui représentent la vie de Giordano Bruno de l’arrestation au bûcher) et six scènes « ascendantes » qui expriment ses propos philosophiques. À la fin, les deux trajectoires se rejoignent à nouveau sur la note du commencement de l’opéra (Fa#). La structure musicale de l’œuvre est donc organisée en cercle. Tu as collaboré à plusieurs productions de T&M. Dirais-tu qu’il s’agit d’une façon spécifique de travailler, et pourrais-tu définir des similitudes entre ces différentes productions ? C’est ma troisième collaboration avec T&M après Massacre en 2008 et Ring Saga en 2011. Ce qui rend le travail de cette compagnie si spécial, c’est qu’Antoine Gindt réussit toujours à réunir de merveilleuses équipes, toujours très compétentes. Ce qui différencie aussi ces projets de ceux sur lesquels je travaille par ailleurs, c’est que les différentes parties de la production échangent dès le commencement du travail. Ce qui devrait être la façon habituelle de procéder, mais qui ne l’est malheureusement pas. Généralement, la collaboration entre le directeur musical et le metteur en scène s’engage tardivement. Avec T&M au contraire, j’ai toujours été impliqué dès le début du projet, et pas seulement pour des questions de casting. Pour Giordano Bruno par exemple, nous avons débuté les discussions avec Francesco et Antoine il y a deux ans maintenant, à la naissance de l’œuvre elle-même, pour parler de la partition ou de différents problèmes scéniques. C’est très plaisant pour un chef d’être impliqué dans ce genre de réflexions. Propos recueillis par Dominique Bouchot, juin 2015. Notes de Stefano Busellato Ecce homo Qu’arriva-t-il le 17 février 1600 ? Que représente un homme qui brûle vivant à l’aube de ce matin-là ? Qui était Giordano Bruno, et pourquoi s’y intéresser ? On dit qu’il est un héros de la pensée ; on dit qu’il sacrifia sa vie au nom de ses convictions ; un héros qui défia une époque et son institution la plus puissante. Et il en paya le prix, tout en sachant qu’il n’avait pas le choix, que son geste assurerait la victoire des générations futures. On dit. Mais est-ce vrai ? Lorsque nous parlons de héros et d’héroïsme, de génies ou de saints – lorsque nous parlons d’Hommes d’exception, nous les admirons, certes, mais nous les éloignons aussi. Nous créons un lieu où ranger l’inaccessible pour nous trouver des excuses, pour éviter la comparaison avec ces personnes extraordinaires et protéger notre médiocrité, nos peurs, notre mesquinerie, pour cohabiter avec nos défauts, la conscience tranquille. Giordano Bruno était un homme. C’est cela qui devrait nous inquiéter, et que nous devrions admirer, car il fit ce que nous pourrions tous faire, mais que nous ne faisons pas. Nous ne parlons pas de l’Église aujourd’hui, devenue l’ombre de ce qu’elle était, globalement inoffensive, une caricature. Ce qui nous intéresse, c’est la relation entre un homme et un système qui s’impose comme étant le seul, indiscutable, celui qui décide de l’inclusion ou de l’exclusion. Giordano Bruno ne ressemblait pas beaucoup à la statue de bronze qui aujourd’hui trône, l’air renfrogné, sur le Campo dei Fiori à Rome. Il avait « un nom bien plus long que son corps », et n’avait aucune envie de s’immoler. Seuls les fanatiques se donnent la mort pour prouver la vérité de leurs convictions. Bruno, lui, fit tout pour éviter le jugement capital qui, contrairement à ce que l’on croit aujourd’hui, n’était pas si facilement prononcé. Avec autant d’habileté que de maladresse, autant de ruse que de naïveté, il tenta de sauver sa propre vie. Il accepta d’abjurer (scènes V et VII), et se déclara coupable tout en essayant de réaffirmer quelques fondements de sa pensée. Sa stratégie fonctionna à Venise, et il crut pouvoir faire de même à Rome. Mais son analyse imparfaite de la nouvelle situation politique, la sous-estimation de ses adversaires et une longue série de vicissitudes contribuèrent à sa condamnation. Quand Giordano Bruno comprit que le combat qu’il avait mené pendant près de huit ans d’incarcération était perdu, il n’eut pas le choix : il arrêta d’être prudent, arrangeant, il cessa les dissimulations. Il déversa alors, sans aucune hésitation, ces mots de vérité et d’injustice : « Maiori forsan cum timore sententiam in me fertis quam ego accipiam ». Ecce homo. La philosophie brunienne est l’une des branches les plus riches de la philosophie occidentale (qui a pris un autre tournant), puisant ses racines dans Héraclite, pour s’étendre jusqu’à Spinoza, Schopenhauer et Nietzsche. Mais l’histoire de Bruno est une histoire de défaite, de même que sa pensée reste reléguée à un courant mineur. Au-delà de cela, la grande entreprise de Bruno fut de vouloir changer l’ordre du discours, selon les termes de Foucault. « Ordre » est le premier mot prononcé par l’Inquisiteur I, il a le pouvoir de définir ce qu’est la liberté, d’en poser les limites restreintes ; limites non seulement de l’action, mais aussi de la pensée, des valeurs, des sensations et des émotions. (scène III, Carnaval). Extra Ecclesiam nulla salus. « Ecclesia » non pas dans le sens d’institution (car l’Église fait partie de l’Histoire, et l’Histoire passe), mais en tant que relation entre individu et société, entre acceptation et marginalité. C’est un état d’esprit, c’est une essence ; et un état d’esprit dure, il se reproduit quotidiennement. Lorsque Bruno se tord au cours de sa torture (scène VII), c’est le cri de détresse des individus qui peinent à se conformer à l’ordre établi qu’il faut entendre. C’est la violence de la censure qui crée un déséquilibre absolu de pouvoir ; elle est perpétrée par l’ordre sur l’exception, et des exceptions il y en a beaucoup, elles sont parmi nous. Nous-mêmes, nous sommes trop souvent l’instrument grâce auquel l’Ordre, désormais anonyme, s’exerce et se nourrit. La figure du Pape, bien qu’elle occupe une place musicalement très réduite, joue un rôle dramaturgique et psychologique important rien que par sa présence, non pas par son action. Le chœur occupe lui aussi une place essentielle, car il met en évidence le contraste entre la masse, insistante et écrasante, et l’individualité de Bruno, sa solitude. Bruno est l’une des meilleures incarnations du sapere aude !, référence à ce siècle des Lumières supra-historique, peu reconnu, et qui selon la définition de Kant représente « la sortie de sa minorité dont il est lui-même responsable. Minorité, c’est-à-dire incapacité de se servir de son entendement sans la direction d’autrui, minorité dont il est lui-même responsable puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement mais dans un manque de décision et de courage de s’en servir sans la direction d’autrui ». Nous sommes notre propre limite. Et Bruno haïssait la limite plus que tout. Il détestait l’acceptation passive des restrictions, l’absence de sens critique. C’était avant tout une question de caractère, qui fut la cause de ses nombreux affrontements, et le fit bannir de toutes les confessions auxquelles il adhéra. Mais c’était aussi pour des raisons philosophiques. À une époque de fermeture d’esprit et de particularismes, la pensée brunienne admit la possibilité d’un infini, de l’illimité, et l’appliqua à tout. L’univers est infini, les mondes sont infinis, la matière est infinie, la vie, les formes de vie, les différentes manières de vivre sont infinies ; nous sommes infiniment libres, sans l’appauvrissement programmatique que causent les prescriptions, libres de ne suivre que le principe infiniment humain du « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse ». La vision de Bruno est extrêmement inclusive : tout est contenu dans tout comme le disait Anaxagore, la vérité est une mosaïque interminable à laquelle chacun apporte son fragment, autant les Égyptiens que les Grecs, les hellénistes, les juifs, les chrétiens, les Pères, les hérétiques et les athées. Le divin est incommensurable, il est vertige, disproportion, il est partout, il est une glorification panthéiste. …/… On comprend alors à quel point l’incarcération jure avec une si grande ouverture (scène X, Il sorgere del sole) ; combien la conception d’un monde si varié, irrépressible, changeant, multiple et inépuisable jure avec la monotonie ritualisée et procédurale de l’Ordre dominant (scène IX, Condanna) ; comment la philosophie de Bruno jure avec les événements provoqués par celle-ci (l’alternance des scènes paires et impaires). Et quel écart existe entre la langue de Bruno et le langage de l’ordinaire, passé et présent. C’est à travers l’écriture de ses pages, la poésie, sa vision panoramique, ce souffle fortifiant et émancipateur, que nous parviennent la pensée et l’essence de Bruno. On lui cloua la langue à une tablette en bois pour l’emmener au bûcher, car elle était devenue trop libre, trop incommodante (scène XI, Rogo). Un autre frei Geist1 écrivit il y a quelque temps : « Nous ne nous ferions pas brûler pour nos opinions ; nous ne sommes pas assez sûrs d’elles, mais nous nous ferions peut-être brûler pour le droit d’avoir et de changer nos opinions ». Les exploits d’un individu meurent s’ils ne sont pas érigés en exemple, s’ils ne sont pas perçus comme étant possibles, comme inhérents à l’être humain. Alors rapprochons-nous à nouveau de Bruno, feuilletonsle, lisons-le encore, et écoutons-le : ecce homo. Traduit de l’italien par Giulia Ricordi © Philippe Stirnweiss 1 en allemand : libre penseur Entretien avec Antoine Gindt La force de l’individu face au système T&M permet une nouvelle fois la création du premier opéra d’un compositeur d’aujourd’hui. Comment cette production se situe-t-elle dans l’histoire de T&M et quelle est la genèse du projet ? Cette production se situe dans la continuité de l’objet essentiel de T&M, qui est de commander des œuvres nouvelles à des compositeurs et surtout de les accompagner dans une première expérience lyrique ou de théâtre musical. Depuis quelques années, je prêtais attention à la musique de Francesco Filidei. En 2012, il m’a évoqué son projet de faire un opéra autour de Giordano Bruno. On a commencé à réfléchir ensemble sur la manière de monter ce projet et notamment avec quelles forces musicales. L’ensemble vocal de douze chanteurs (six hommes et six femmes) par exemple n’était pas prévu dans le projet initial de Francesco. Il y a donc eu une écriture en collaboration dès la genèse du projet, entre le compositeur, le librettiste et le metteur en scène ; comme c’est souvent le cas avec les productions de T&M ? Je crois qu’il y a eu une belle circulation. Ça a été deux ans d’échanges avec Francesco et Stefano Busellato, sans qu’on ne sache toujours d’ailleurs où l’échange produisait exactement les décisions. Il y a un certain nombre de questions qu’on s’est posé ensemble avec Francesco, pour lesquelles il a trouvé des résolutions musicales que la mise en scène va accompagner. Jusqu’à la place de l’orchestre par exemple. Mais nous maintenons le respect des positions de chacun : le livret est bien sûr écrit par Stefano, la musique par Francesco et les décisions concernant l’espace et la mise en scène ne sont pas imposées par les auteurs. La partition impose des contraintes scéniques complexes : un chœur de douze chanteurs qui représente par alternance différents points de vue, peu d’action mais plutôt l’expression d’une pensée philosophique, un espace-temps dilaté… Comment abordes-tu ces enjeux scéniques et peux-tu nous parler de la scénographie ? La scénographie inclut notamment une demie sphère qui surplombe le plateau, et qui renvoie à cette idée de corps céleste, aux questions philosophiques qui agitaient le XVIe siècle et notamment à la plus importante : la Terre est-elle le centre de l’univers ? Mais finalement, l’enjeu principal pour moi – comme je le souhaite toujours - est de donner une force au discours musical et à la musique elle-même : en l’occurrence, de créer un dispositif où le merveilleux et l’étrange trouvent leur place. Je ne veux pas faire un spectacle didactique sur Giordano Bruno, la musique de Francesco Filidei ne s’y prête pas du tout. La philosophie de Giordano Bruno s’oppose au dogmatisme religieux. Sa pensée et son histoire nous parlent-elles aussi de notre époque ? On peut s’intéresser à Giordano Bruno comme à un martyre de l’église catholique. Ou bien lui donner une portée plus universelle. Son parcours est lié à une période très précise de l’Histoire. C’était pour moi une question complexe : fallait-il transposer ? Historiciser ? Nous avons plutôt choisi de « transfigurer », c’est-à-dire de s’attacher à la dimension magique de la pensée de Giordano Bruno. Il incarne une sorte de figure universelle de la pensée libre, en contradiction avec l’ordre établi, qu’il soit religieux ou politique. Ce qui m’intéresse, c’est d’interroger la manière dont toute collectivité essaye de maintenir l’ordre ou d’établir un ordre arbitraire contre les individus. Il s’agit de la force de l’individu – dans sa singularité, sa puissance personnelle – à s’opposer au système. Et ce système n’est malheureusement pas que l’ordre établi, mais c’est aussi l’opinion publique par exemple. Il faut se rendre compte qu’au XVIe siècle, la pensée de Giordano Bruno était peu connue et n’atteignait surtout pas le peuple, qui n’avait ni l’éducation, ni la capacité de juger de sa pensée. Il y a donc un double enjeu : comment l’ordre établi, en l’occurrence l’église romaine, juge une pensée iconoclaste et considérée comme blasphématoire, et en même temps, comment l’opinion publique se positionne-t-elle face à celle-ci ? On voit combien il est difficile de lutter contre la pensée dominante. Mais je ne veux pas faire de raccourci, je mets en scène un opéra, je ne fais pas un manifeste ! Tant mieux si Giordano Bruno nous amène à réfléchir à un certain nombre de questions que nos sociétés sont en train d’affronter. Propos recueillis par Dominique Bouchot, juin 2015 Francesco Filidei, musique Francesco Filidei est diplômé du conservatoire de Florence et du CNSMD de Paris. Organiste et compositeur, il est invité par les plus importants festivals de musique contemporaine et par de nombreuses institutions ; sa musique est jouée par les orchestres de la Radio de Cologne (WDR), de Stuttgart (SWR), la RSO Wien, la ORT, la RAI, le Tokyo Philharmonic ou la Bayerischen Rundfunks et par les ensembles Musikfabrik, Linea, l’Itineraire, Intercontemporain, Les Percussions de Strasbourg, le Klangforum Wien, Cairn, 2E2M, Tokyo Sinfonietta, Ars Ludi, Ictus, Neue Vocalsolisten… notamment à la Philharmonie de Berlin, à celle de Cologne, à la Cité de la Musique de Paris, à la Suntory et à la Tokyo Opera House, au Theaterhaus de Vienne, à la Herkulessal de Munich, à la Tonhalle de Zurich. Après avoir obtenu la Commande du Comité de Lecture Ircam en 2005, Francesco Filidei obtient le Salzburg Music Forderpreistrager 2006, le Prix Takefu 2007, le Forderpreistrager Siemens 2009, et la Médaille UNESCO Picasso/Miró du Rostrum of Composers 2011. Il est compositeur en résidence à l’Académie Schloss Solitude en 2005, membre de la Casa de Velázquez en 2006 et 2007 et pensionnaire à la Villa Medici en 2012-13. Il a été professeur de composition à « Voix nouvelles » Royaumont, à la Iowa University, à Takefu, à l’International young composer Academy in Tchaikovsky City et à Barga INAUDITA. En 2015, il est boursier du DAAD Berlin et compositeur en résidence à l’Ensemble 2e2m. Il a remporté le prix de la critique italienne « Franco Abbiati » pour Ogni gesto d’amore pour violoncelle et orchestre et Fiori di fiori pour orchestre. En 2016 il sera professeur aux Internationale Ferienkurse für Neue Musik Darmstadt. Ses œuvres sont éditées par RaiCom. Stefano Busellato, livret Spécialisé en Sciences de la Culture à l’École Internationale de Hautes Études de Modène, titulaire d’un doctorat en Histoire de la Philosophie à l’Université de Macerata, Stefano Busellato est actuellement enseignant-chercheur en philosophie contemporaine à l’Université de São Paulo (Brésil). Il écrit, coordonne et traduit de nombreuses monographies, notamment Nietzsche e Bruno. Un incontro postumo (avec D. Morea, 1999), Ellenismo e oltre (G. Colli, 2004), Settanta volte sete (anthologie de Dieter Schlesak, 2006), Les Academica de Cicéron (F. Nietzsche, 2010), Guarigioni, rinascite e metamorfosi. Studi su Goethe, Schopenhauer e Nietzsche (S. Barbera, 2010), “Che no e sì nel capo mi tenciona”. Riflessioni sul dubbio a partire da un’immagine dantesca, (2010), Nietzsche e lo scetticismo (2012), Nietzsche a Pisa (con G. Campioni, 2013) et Schopenhauer lettore di Spinoza (2015). e Poète et auteur d’articles sur la poésie du XX siècle, il a publié des recueils lyriques comme Tutto è bene quel che finisce (2004) et Chi non muore (2012). Pour Francesco Filidei il a également écrit le livret de N.N. La morte dell’anarchico Serantini (2008), ainsi que le texte de Dormo molto amore (2013). Antoine Gindt, mise en scène Metteur en scène et producteur, il dirige T&M-Paris depuis 1997, après avoir été codirecteur de l’Atem avec Georges Aperghis (Théâtre Nanterre-Amandiers, 1992-2001). Il a commandé et produit de nombreux opéras et spectacles musicaux (Aperghis, Bianchi, Dillon, Donatoni, Dubelski, Dusapin, Filidei, Goebbels, Lorenzo, Pesson, Rivas, Sarhan...) ou contribué à des premières en France (Dusapin, Goebbels, Mitterer, Sciarrino...). Récemment, il a notamment mis en scène les créations de Giordano Bruno de Francesco Filidei à la Casa da Música de Porto (2015, repris à Strasbourg, Reggio Emilia, Milan et en avril 2016 aux Théâtres de Gennevilliers et de Caen), d’Aliados, un opéra du temps réel de Sebastian Rivas (2013, Théâtre de Gennevilliers, Festival ManiFeste) et Ring Saga (L’Anneau du Nibelung de Richard Wagner, version de Jonathan Dove et Graham Vick), spectacle en trois journées créé à la Casa da Música à Porto puis en tournée (2011, 2012). Il a également mis en scène Wanderer, post-scriptum, récital avec Ivan Ludlow et Kalina Georgieva sur des lieder de W. Rihm, H. Eisler, R. Wagner et G. Pesson (2013), Pas Si de Stefano Gervasoni (2008), Kafka-Fragmente de György Kurtág (2007), The Rake’s Progress d’Igor Stravinski (2007, 2009), Consequenza, un hommage à Luciano Berio (2006), Medea de Pascal Dusapin (2005) et Richter, un opéra documentaire de chambre de Mario Lorenzo (2003), spectacles qui ont été joués en France, en Europe et en Argentine. Auteur de nombreux articles sur les musiques d’aujourd’hui, il a dirigé un ouvrage collectif sur Georges Aperghis (Le corps musical, éditions Actes Sud, 1990). Il est par ailleurs membre fondateur puis président du Réseau Varèse de 2002 à 2015 et conseiller à la programmation au Festival Musica de Strasbourg depuis 2006. En 2009, il dirige l’Atelier Opéra en Création du Festival d’Aix-en-Provence, et en 2012 il enseigne à l’Académie Chigiana à Sienne avec le compositeur Giorgio Battistelli. En mars 2016, il met en scène l’opéra de Betsy Jolas, Iliade l’amour (Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris / Philharmonie de Paris). Peter Rundel, direction musicale Chef d’orchestre allemand, Peter Rundel s’est formé au violon avec Igor Ozim et Ramy Shevelov et à la direction d’orchestre avec Michael Gielen et Peter Eötvös. Il a par ailleurs étudié avec le compositeur Jack Brimberg. Il exerce en tant que chef d’orchestre depuis vingt ans, après avoir été violoniste à l’Ensemble Modern, avec lequel il conserve une relation privilégiée. Dans le domaine de la musique contemporaine, il développe une collaboration de longue date avec l’Ensemble Recherche, l’Ensemble Asko et le Klangforum Wien. Il est aussi régulièrement invité à diriger l’Ensemble intercontemporain et l’Ensemble Musikfabrik à Cologne. Il se produit à la tête de grandes formations orchestrales (les orchestres symphoniques des radios de Bavière, Stuttgart, Baden-Baden et Fribourg, Sarrebruck et Francfort, ainsi que l’Orchestre Symphonique de Berlin et l’Orchestre Symphonique National de la RAI). Sa carrière témoigne de sa grande polyvalence : il dirige des créations d’opéras à la Deutsche Oper de Berlin, Le Roi Candaule, Hänsel und Gretel et Les Noces de Figaro à la Volksoper de Vienne, mais aussi du théâtre musical contemporain (Donnerstag du cycle LICHT de Stockhausen et les premières mondiales des opéras Das Märchen (Le Conte) et La Douce d’Emmanuel Nunes). Avec T&M-Paris et le Remix Ensemble Casa da Música il dirige Massacre, opéra de Wolfgang Mitterer mis en scène par Ludovic Lagarde, et Ring Saga (L’Anneau du Nibelung de Richard Wagner, dans la version de Jonathan Dove et Graham Vick, 2011). Récemment, il a entre autre dirigé Quartett, de Luca Francesconi, aux Wiener Festwochen (2012), Prometheus de Carl Orff à la Rurhtriennale (2012), le Requiem pour un jeune poète de Bernd Alois Zimmermann à Cologne (2013), le concerto pour violoncelle de Francesco Filidei Ogni gesto d’Amore à Strasbourg (Musica 2013) ou encore De Materie de Luis Andriessen (mis en scène par Heiner Goebbels, créé à la Rurhtriennale en 2014 et repris cette année au New York Harmony Hall) et la création de Wilde, opéra d’Hector Parra à Schwetzingen (2015). En 2016, Peter Rundel dirigera la création d’Agota, de Helmut Oehring au théâtre de la Hesse de Wiesbaden ; il est également invité par la RSO Stuttgart, les Orchestres Symphoniques de la NDR et de Porto pour célébrer les 80 ans de H. Lachenmann. Depuis janvier 2005, il est le directeur musical du Remix Ensemble Casa da Música à Porto. Léo Warynski, direction musicale Directeur musical de l’Ensemble Multilatérale (depuis 2014) et de l’ensemble vocal Les Métaboles dont il est le fondateur. Léo Warynski se forme à la direction d’orchestre auprès de François- Xavier Roth au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP), ainsi qu’auprès de Pierre Cao (Arsys Bourgogne). Il assiste François-Xavier Roth, Frank Ollu ou Peter Rundel et travaille avec plusieurs ensembles comme le Remix Ensemble, l’Ensemble Modern, l’orchestre de la WDR Cologne ou l’Orchestre des Lauréats du Conservatoire de Paris. Il a notamment créé le Concertino di Aix de Francesco Filidei (2009, Festival d’Aix-en-Provence), Aliados de Sebastian Rivas avec l’Ensemble Multilatérale (2013, Théâtre de Gennevilliers/Manifeste-Ircam, mise en scène Antoine Gindt) qui est repris ensuite à Strasbourg-Festival Musica, Romaeuropa, à l’Opéra national de Lorraine et dans les théâtres de Saint-Quentin-en-Yvelines, Caen et Nîmes et Mitsou, histoire d’un chat de Claire-Mélanie Sinnhuber (2014, Strasbourg-Festival Musica, film-opéra réalisation Jean-Charles Fitoussi). Avec T&M-Paris, il a également dirigé Massacre de Wolfgang Mitterer à Vilnius avec le Gaida Ensemble (2010, mise en scène Ludovic Lagarde), Thanks to my eyes d’Oscar Bianchi avec l’Ensemble Modern à Mulhouse-Festival Musica (2012, mise en scène Joël Pommerat), Ring Saga de Richard Wagner/Jonathan Dove avec le Remix Ensemble à Reggio Emilia (2012, mise en scène Antoine Gindt). En 2016, il dirigera Multilatérale en tournée asiatique, et la création de l’opéra d’Ahmed Essyad à Strasbourg (Opéra national du Rhin / Musica 2016). Ensemble intercontemporain Créé par Pierre Boulez en 1976, l’Ensemble intercontemporain réunit 31 solistes partageant une même passion pour la musique du XX siècle à aujourd’hui. Constitués en groupe permanent, ils participent, sous la direction musicale de Matthias Pintscher, aux missions de diffusion, de transmission et de création fixées dans les statuts de l’Ensemble. En résidence à la Philharmonie de Paris, l’Ensemble se produit en France et à l’étranger où il est invité par de grands festivals internationaux. Financé par le ministère de la Culture et de la Communication, l’Ensemble reçoit également le soutien de la Ville de Paris. e Infos pratiques T2G - Théâtre de Gennevilliers Fondateur Bernard Sobel Direction Pascal Rambert 41 avenue des Grésillons 92230 Gennevilliers Standard + 33 [0]1 41 32 26 10 www.theatre2gennevilliers.com Réservation sur place ou par téléphone au +33 [0]1 41 32 26 26 du mardi au samedi de 13h à 19h télépaiement par carte bancaire Vente en ligne sur : www.theatre2gennevilliers.com Revendeurs habituels : Fnac — Carrefour 0 892 683 622 (0,34 euros/min), fnac.com, Theatreonline.com, 0 820 811 111 (prix d’une communication locale), Starter Plus, Billetreduc, Ticketac, Crous et billetteries des Universités Paris III, VII, VIII, X, Ticket Théâtre(s) Accessibilité Salles accessibles aux personnes à mobilité réduite. Navettes retour vers Paris Certains soirs, après la représentation, une navette gratuite vous raccompagne vers Paris. Arrêts desservis : Place de Clichy, Saint-Lazare, Opéra, Châtelet et République. Accès Métro Ligne [13 ] direction Asnières-Gennevilliers, Station Gabriel Péri [à 15 mn de Place de Clichy] Sortie [1] puis suivre les flèches rayées rouges et blanches de Daniel Buren Accès Bus Ligne [54] direction Gabriel Péri ; arrêt Place Voltaire Accès voiture - Depuis Paris - Porte de Clichy : Direction Clichy-centre. Tourner immédiatement à gauche après le Pont de Clichy, direction Asnières-centre, puis la première à droite, direction Place Voltaire puis encore la première à droite, avenue des Grésillons. - Depuis l’A 86, sortie n° 5 direction Asnières / Gennevilliers-centre / Gennevilliers le Luth. Parking payant gardé à proximité. Le Restaurant Au sein du T2G, ouvert avant et après le spectacle. Le Théâtre de Gennevilliers est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Gennevilliers et le Département des Hauts-de-Seine.