Une Pastorale des Santons de Provence - Queloudilam

Transcription

Une Pastorale des Santons de Provence - Queloudilam
Une Pastorale des Santons de Provence
Adaptation du texte d’Yvan Audouard : Dominique Rollin et François Michel
Adaptation scénique : Françoise et Alain Desbrières
DISTRIBUTION
L’ange Boufareu
Marie
Joseph
Le bœuf
L’âne
Le meunier
Le gendarme
La Boumiane
La poissonnière
Pistachié
L’aveugle
Le berger
Roustide
Mireille
Vincent
Le ravi : acteur non chanteur
Gaspard : figurant non chanteur
Melchior : figurant non chanteur
Balthazar : figurant non chanteur
LES GROUPES
Les bergers : Le berger, 10 adultes et/ou enfants chanteurs
Les villageois : La poissonnière, Pistachié, le meunier, le ravi, l’aveugle, la Boumiane, Roustide,
Vincent, Mireille. Que Lou Di Lam + qq enfants figurants
Les anges : 6 enfants, 5 adultes
LES ACCESSOIRES
Un grand et un petit poupon emmaillotés
Un feu réel (bâtons d’alcool solide+bûchettes) ou électrique
Des lanternes fermées
Un berceau
De la paille en vrac (pour le berceau)
Des bottes de paille ou de foin (plusieurs pour sièges crèche)
Un panier avec des poissons
Des sacs de farine (1 gros, 2 petits)
LES ANIMAUX (vivants si possible)
Un âne
Un agneau ou chevreau
Un chien
Une poule de couleur claire dans une cage
LES COSTUMES (non exhaustif)
Un bonnet de nuit
Des aubes (5 adultes, 6 enfants)
6 octobre 2011
Pastorale 2011
1
Image début
Une crèche « miniature » statique, 7 personnages (petits enfants + bœuf et âne adultes), est en
place. Léger éclairage sur la crèche, salle dans la pénombre. Tous les acteurs sont stationnés
sur (à Villard) ou sous (à Méaudre) la tribune.
Entrée du public.
Sur la fin de l’entrée du public les enfants chanteurs s’installent dans le chœur de part et d’autre
de la crèche.
Le Noël des santons (Chœur en Ballades)
Dans une boîte en carton sommeillent les petits santons
Le berger, le rémouleur et l'enfant Jésus rédempteur
Le Ravi qui le vit est toujours ravi.
Les moutons en coton sont serrés au fond
Un soir alors paraît l'étoile d'or
Et tous les petits santons quittent la boîte de carton
Naïvement, dévotement, ils vont à Dieu porter leurs vœux
Et leur chant est touchant.
Noël, joyeux Noël, Noël joyeux de la Provence
Le berger comme autrefois montre le chemin aux trois Rois
Et ces Rois ont pour suivants des chameaux chargés de présents.
Leurs manteaux sont très beaux dorés au pinceau
Et ils ont le menton noirci au charbon
De grand matin j'ai vu passer leur train,
Ils traînaient leurs pauvres pieds sur les gros rochers de papier.
Naïvement dévotement ils vont à Dieu porter leurs vœux
Et leur chant est touchant.
Noël, joyeux Noël, Noël joyeux de la Provence
Pendant le chant, les villageois se placent dans la chapelle de gauche.
Noir salle, puis noir scène. Les personnages de la crèche disparaissent sauf le bœuf et l’âne.
Les bergers gagnent le fond de la salle par les bas-côtés. Les anges montent en tribune.
Boufareu entre. Lumière sur lui.
∆ texte
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Cumul
texte
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Boufareu – Moi, je suis l’ange Boufareu. Ils m’ont appelé comme ça à cause des grosses joues
que j’ai fini par attraper à force de jouer de la trompette chaque fois que le bon Dieu est content.
Et cette nuit là, jamais il n’avait été aussi content de sa vie le bon Dieu. Il allait être papa d’un
moment à l’autre. Et moi, jamais je n’avais soufflé aussi fort dans mon instrument.
Trompette
Boufareu - Je vais vous dire comment ça c’est passé, parce que, de l’endroit où j’étais, c’est tout
de même moi qui ai le mieux vu les choses. Les bergers, également. Ils étaient là les premiers,
alentour. On les entendait veiller, et chanter.
Tabortuznel : Chant du soir hongrois, en français (Chœur en Ballades)
Comme un murmure loin sur la plaine
Souffle le vent venant des montagnes
Mais auprès du grand feu, rouge braise
Tout repose dans le rêve, dans le calme.
Lorsque le vent s’apaise vers l’aube
Tinte la cloche aux toits du village
Et longtemps encore sonne, bim bam, bim bam
Sa chanson au cœur de l’homme, bim bam, bim bam.
6 octobre 2011
Pastorale 2011
2
1:05
1:50
Boufareu - C’était le 24 décembre, il faisait mistral et les habitants de Bethléem s’étaient mis au
lit de bonne heure. Et ils avaient ramené leur couverture au-dessus de leur tête pour ne pas
entendre souffler le vent. Le mistral, qui est un ami du bon Dieu, avait chassé les nuages à des
milliers de kilomètres, pour que le ciel soit tout propre et tout brillant d’étoiles pour la naissance
du petit. Ça partait d’un bon sentiment, mais ça avait baissé la température. J’avais juste mes
ailes pour me mettre à l’abri, et je commençais à me faire du mauvais sang. Je me penchais de
tous les côtés.
Enfin, je les ai aperçus, les pauvres, ils faisaient peine à voir. St Joseph marchait devant, la barbe
secouée par le mistral comme une bannière. Il essayait de couper le vent à la Ste Vierge avec ses
larges épaules.
Entrée par l’allée centrale de Marie sur un âne (ou à pieds) et Joseph avec une lanterne.
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Joseph - Quelle misère ! Pas d’argent, pas de maison, et une femme qui va accoucher en pleine
nuit…
Marie - Je n’en peux plus.
Joseph - Oh, allons, encore un petit effort ! Tiens, je vois un cabanon là, tout près.
Marie descend de l’âne. Attends, je vais te porter…
Marie - Personne ne veut de nous.
Joseph - Eh, les riches peut-être, mais ici ce sont des pauvres. Ils nous feront bien une petite
place.
Marie - Donne moi ton bras.
Joseph - Attends, là, bouge pas, nous sommes arrivés. Hé ho ! Il y a quelqu’un ? Oh, ils
dorment, les pauvres. Ça m’ennuie de les réveiller, mais je ne peux pas faire autrement. Hé ho !
Hé ho !
Boufareu - Vous avez entendu St Joseph ? Il n’y a pas plus brave que cet homme, il n’aime pas
déranger les gens, et même, quand il s’est aperçu que le cabanon était une étable, il a eu un peu
honte de déranger le bœuf et l’âne. Bien sûr, ça n’était que des bêtes, mais elles avaient travaillé
dur toute la journée et elles avaient le droit de dormir comme tout le monde.
Joseph - Heu, excusez-nous de vous déranger.
Boufareu - Le Bœuf et l’Ane, qu’on avait tirés du premier sommeil, ont failli se mettre en colère.
Mais quand ils ont vu la jolie Ste Vierge toute pâle, toute mourante, et St Joseph avec ses grosses
mains rudes et calleuses de travailleur, ils ont eu honte et sont devenus tout gentils, tout pleins
d’amitié.
L’Ane – Ne restez pas dehors !
Le Bœuf - Venez vite au chaud.
L’Ane - Vous avez de la chance, on a changé la paille, juste ce matin.
Le Bœuf - Si on avait su que vous veniez, on aurait mis un peu d’ordre.
Boufareu - St Joseph avait l’âme si simple, qu’il ne s’était pas étonné que les animaux parlent
avec l’accent. Et puis il avait trop de soucis en tête pour attacher de l’importance à ces détails
parce que, la Ste Vierge, elle, elle venait d’entrer dans les douleurs.
Joseph – Oh ! Mais c’est terrible ! Oh ! Mais qu’est-ce qu’il faut faire ? Moi, je ne sais pas.
L’Ane – Eh ! Moi non plus, je ne suis qu’un âne.
Le Bœuf - On voudrait bien pouvoir vous aider mais... on n’est bon à rien.
Joseph - Mon Dieu, donnez moi vite un coup de main ! Ah ! Avec ces deux santons, comment
voulez-vous que je m’en tire ?
Boufareu - Il était presque minuit. Je me suis approché du fenestron. Ce que j’ai vu et ce que j’ai
entendu, ça parait pas croyable, et c’est pourtant la franche vérité.
Marie s’allonge derrière une botte de paille, aidée par Joseph, pour accoucher.
6 octobre 2011
Pastorale 2011
3
Douce nuit. (Que Lou Di Lam)
Une fois bouche fermée puis :
1. Douce nuit, sainte nuit! Dans les cieux l'astre luit.
Le mystère annoncé s'accomplit.
Cet enfant sur la paille endormi,
C'est l'amour infini !
Boufareu - Et le petit est né.
Joseph le présente à la foule, déjà emmailloté, Marie s’assoit.
Il n’a pas poussé un cri, il est né avec le sourire. La Ste Vierge, elle souriait aussi. Le Bœuf, l’Ane
et St Joseph poussaient des larmes grosses comme des olives. Alors St Joseph a dit des mots
qui lui venaient du fond du cœur et que jamais personne ne lui avait appris. Et l’Ane et le Bœuf,
qui étaient encore moins savants que lui, répondaient à tour de rôle.
Joseph - Je vous salue Marie, pleine de grâce.
Le Bœuf - Le seigneur est avec vous.
L’Ane - Vous êtes bénie entre toutes les femmes.
Joseph - Et le petit Jésus, le fruit de vos entrailles, il est béni.
Le Bœuf - Ste Marie, bonne mère de Dieu,
L’Ane - Priez pour nous pauvres pêcheurs,
Joseph - Maintenant, et à l’heure de notre mort.
L’Ane, le Bœuf, Joseph - Ainsi soit-il !
1:05
5:35
Boufareu - Moi, je suis monté dans le ciel, aussi haut, aussi vite que j’ai pu, pour annoncer la
bonne nouvelle au monde ; et j’ai soufflé dans ma trompette à m’en faire péter les veines du cou.
Trompette
Plein feu dans la salle
Les anges dans nos campagnes (2 voix égales : anges depuis la tribune, puis QLDL, puis
acteurs, puis foule)
Gloria in excelsis Deo !
1. Les anges dans nos campagnes ont entonné l'hymne des cieux,
Et l'écho de nos montagnes redit ce chant mélodieux :…
2. Ils annoncent la naissance du Fils promis par Gabriel
Et pleins de reconnaissance chantent leur joie au Dieu du Ciel ! …
3. Bergers, quittez vos retraites, unissez vous à leurs concerts,
Et que vos tendres musettes fassent retentir les airs ! …
0:30
6:05
Boufareu - Alors le mistral s’est arrêté d’un coup. Je crois que j’avais réussi à le faire taire. Les
gens se sont assis sur leur lit en se frottant les yeux et en disant : « Eh ! Quès aco ? Et qu’est ce
qui nous arrive ? ». Alors mes collègues les anges, ceux qui ont la voix douce, leur ont chanté
une petite chanson pour qu’ils ne s’effrayent pas, pour qu’ils ne s’imaginent pas que c’était la fin
du monde juste le jour où le monde venait de naître.
Pâtres vaguant dans les montagnes. (Que Lou Di Lam)
1. Pâtres vaguant dans les montagnes, et qui gardez là vos troupeaux,
ou les suivez dans les campagnes, ou les menez sur les coteaux,
Accourez tous, je vous convie, pour adorer le fruit de vie (bis)
2.Quel hymne frappe nos oreilles, quelle clarté rayonne aux cieux ?
D'où viennent toutes ces merveilles ? Il faut sitôt quitter ces lieux;
Pour avertir en diligence, tous les bergers de ses hameaux,
Qu'ils viennent tous sans négligence, et laissent là tous leurs troupeaux.
3.Pâtres vaguant dans les montagnes, et qui gardez là vos troupeaux,
ou les suivez dans les campagnes, ou les menez sur les coteaux,
6 octobre 2011
Pastorale 2011
4
Accourez tous, je vous convie, pour adorer le fruit de vie. (bis)
4.L'enfantelet qui vient de naître, est fils du dieu qui règne au ciel,
Apportons lui la fleur champêtre, et quelque beau rayon de miel;
puis dans l'étable, s'il sommeille, tous devant lui courbant nos fronts,
bien doucement, sans qu'il s'éveille, nos plus beaux airs nous jouerons.
5.Pâtres vaguant dans les montagnes, et qui gardez là vos troupeaux,
ou les suivez dans les campagnes, ou les menez sur les coteaux,
Accourez tous, je vous convie, pour adorer le fruit de vie. (bis)
0;55
7:00
1:00
8:00
Boufareu - Et alors, j’ai plus su où donner de la tête, parce qu’à partir de ce moment là, les
miracles se sont succédés à une allure extraordinaire.
Le premier miracle, il est tombé sur le meunier. C’était le plus feignant de tout Bethléem. Sous
prétexte que sa femme était partie avec un Espagnol, il refusait de moudre la farine. On était en
décembre et le blé de la saison s’entassait toujours dans son grenier. Il passait ses journées à
boire du pastis, et la nuit, pour que les ailes de son moulin ne le dérangent pas, il les attachait
avec des cordes grosses comme des troncs d’arbres.
Le Meunier - Je ne sais pas ce qui me prend, mais il me semble que j’ai envie de travailler… Où
il est, ce divin petit ? Je vais lui porter un sac tout de suite… deux sacs !… non, trois !
Boufareu - Entre nous soit dit, pour le Bon Dieu, faire marcher un moulin, même sans mistral,
c’est un jeu d’enfant… Mais faire sortir du lit ce grand feignant de meunier et lui faire parcourir la
campagne avec un sac de cent kilos sur la tête et un de cinquante sous chaque bras, c’est peutêtre le plus grand miracle qu’il ait jamais fait !
Le miracle de la Boumiano et du Gendarme, et bien, il n'était pas commode à réussir... La
Boumiano, son métier, c’est de voler des poules ; le Gendarme, lui, son métier, c’est d’arrêter les
boumians. Ça faisait vingt ans qu’ils se couraient après !
Le Gendarme – Ha ha ha ha !
La Boumiano – Eh ! Oh ! Je suis sûr que vous avez envie de me remettre en liberté.
Le Gendarme – Et pourquoi que j’aurais envie de ça, hé ?
La Boumiane - Parce que moi, c’est un peu la même chose : la poule, j’ai envie de la rendre à
son propriétaire !…
Faisons réjouissance (5 anges adultes à l’unisson + percussion)
1. Faisons réjouissance, rions, chantons, dansons,
car voici la naissance que tout le monde attend
Un prince est né sur terre qui vient finir les guerres,
Et turlu turlutu, sans lui étions perdus.
Boufareu - Vous avez remarqué, mes collègues ont changé de répertoire, mais quoi qu’ils
chantent ça fait toujours le même effet. Ça réveille dans le cœur des hommes des choses qu’ils
ne soupçonnaient pas, qu’ils avaient oubliées. Même ce poltron de Pistachié, même sa femme,
la Poissonnière, ils se sont sentis soudain bizarre, comme s’ils étaient en train de changer de
peau.
La Poissonnière - J’ai des cauchemars. Le poisson que je vais leur vendre demain, ça fait plus
de huit jours que je l’ai.
Pistachié - Qu’est-ce que ça peut te faire, puisque c’est pas toi qui le manges ?
La Poissonnière – Mais…Viens voir, vite… Regarde ces rascasses : on les dirait vivantes !
Comme elles ont l’œil clair !
Pistachié - Oh ! Alors ce serait vrai que ce niston, c’est le Bon Dieu qui nous l’envoie ?
Boufareu - Les miracles de cette nuit, je vais vous en raconter d’autres. C’est qu’il y en a eu tant!
1:00
9:00
6 octobre 2011
Pastorale 2011
5
Allons ma voisine (Que Lou Di Lam)
1. Allons, ma voisine, minuit est sonné !
Vitement, qu'on s'achemine, le petit Jésus est né.
2. J'ai peur qu'on nous vole, je crains les filous,
Porter aussi mon obole me serait pourtant bien doux,
3. En voulez vous être, aimable Robin ?
Répondez par la fenêtre, car il est encor matin,
4. Je mourrais d'envie d'aller avec vous,
N'eut été la maladie qui tient au lit mon fillou,
5. Allons à la crèche, le jour est venu.
Il est temps, qu'on se dépêche vers le tout petit Jésus.
0:10
9:10
Boufareu - Et pendant ce temps, tous les habitants de Bethléem se sont rassemblés sur la
place. Ils avaient mis leurs habits du dimanche, ils avaient des cadeaux pleins les charretons, et
ils brandissaient des chandelles.
Vincent et Mireille se sauvent.
Mais la bonne nouvelle et la jolie musique n’avaient aucun effet sur Roustide. Lui, il avait mis à la
porte St Joseph et la Ste Vierge. Mais sa fille, Mireille, il n’y avait pas plus gentil, ni plus joli.
Jamais Roustide ne la donnerait à marier à un pauvre. Mais c’est que Mireille, ce soir-là, était
partie de chez elle pour ne jamais plus revenir.
1:00
10:10
Roustide – parcourant la campagne en criant « Mireille ! Mireille ! Mireille ! »
Vincent - Je ne demanderais pas mieux que de te mener devant le maire.
Mireille - Mène-moi d’abord voir ce petit bébé qui vient de naître !
Vincent - Je te mènerai où tu voudras, mais entre nous soit dit, les femmes, c’est un peu difficile
à comprendre…
0:30
10:40
Boufareu - Il n'y en avait qu’un qui dormait : c’était le Ravi. Ça n’était pas parce qu’il avait le
sommeil profond, mais que ce soit le jour ou la nuit, il était jamais complètement réveillé. Le jour,
il restait à sa fenêtre, les bras en l’air, en regardant les gens, le ciel, les bêtes, les fleurs.
Le Ravi - Que le monde est joli ! C'est pas possible qu'il soit aussi joli !
Les bras levés, il vient se mêler à la foule et aperçoit un personnage triste sous un porche.
0:25
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Le Ravi - Qu'est ce que tu as, toi, à ne pas être heureux ?
L'Aveugle - Moi, je suis l'Aveugle.
Le Ravi – Mais, il faut que tu sois heureux quand même, un jour comme aujourd'hui ! Viens avec
moi, je te raconterai tout, je te dirai comment ça se passe. Et fais-moi confiance, j'ai de
l'imagination. Comme je te le dirai, moi, ce sera encore plus vrai que nature.
Il prend l'Aveugle par le bras. Les personnages « tournent en rond », et se demandent de l'un à
l'autre : « mais, où qu’il est, ce petit… ? »
Trompette
0: 50
11:10
Boufareu : Vous n'avez qu'à me suivre !
Les villageois se mettent en marche derrière Boufareu. Ils rejoignent le fond par une allée
latérale et reviennent par l’allée centrale. Les anges enfants se groupent autour de Boufareu à
son passage sous la tribune.
6 octobre 2011
Pastorale 2011
6
Y’a bien des gens (Que Lou Di Lam)
1. Y'a bien des gens qui font pèlerinage,
Y'a bien des gens qui vont à Bethléem,
J'y veux aller j'ai assez de courage
J'y veux aller si je peux cheminer.
La jambe me fait mal, boute selle, boute selle,
La jambe me fait mal boute selle à mon cheval !
2. Tous les bergers qui sont sur la montagne,
Tous les bergers ont vu un messager,
Qui a crié : mettez vous en campagne
Qui a crié : le fils de Dieu est né.
3. En ce temps là les fièvres sont mauvaises,
En ce temps là la fièvre vous abat.
J'ai enduré une fièvre quartaine
J'ai enduré mais n'en suis pas fâché.
4. Quand j'aurai vu le Fils de Dieu le Père,
Quand j'aurai vu le Sauveur attendu,
Et quand j'aurai félicité sa Mère
Et quand j'aurai fait tout ce que devais,
Je n'aurai plus de mal. Boute selle, boute selle,
Je n'aurai plus de mal boute selle à mon cheval !
Continuer le chant bouche fermée decrescendo jusqu’à l’intervention de Marie.
1:05
12:15
Boufareu - Si vous permettez, filons devant pour voir ce qui se passe dans la crèche.
Pendant qu’il parle, les anges enfants vont se placer dans le chœur. Les acteurs non chanteurs
se groupent dans la chapelle à droite du chœur (côté cour). QLDL s’arrête à mi-hauteur de l’allée
centrale.
Mais n'oubliez pas de prendre vos pardessus, parce qu'on y gèle dans cette étable ! St Joseph se
fait un mauvais sang terrible.
Marie - Ses petites mains sont toutes froides. Il a le bout du nez gelé.
Le Bœuf - Ne craignez rien ! Vous voyez, je m'allonge à côté de lui, et mon collègue aussi. Allez,
dépêche-toi ! Comme ça, il est déjà un peu protégé contre le courant d'air.
Joseph - Ah, mais ça ne suffira pas pour le réchauffer.
Le Bœuf - Et va savoir ! Nous les bêtes, pendant l'hiver, il nous pousse du poil, et on conserve le
chaud au dedans de nous. Evidemment, il vaudrait mieux une bonne cheminée avec un grand
feu de bois. Mais tout ce qu'on peut lui donner, c'est notre chaleur.
Marie - Vous êtes les plus braves, mon fils ne vous oubliera pas.
Entre le bœuf et l’âne gris (Que Lou Di Lam)
1. Entre le bœuf et l'âne gris, dors, dors, dors le petit fils,
mille anges divins, mille séraphins volent alentour de ce grand dieu d'amour. Dors!
2. Entre les roses et les lys, …
1. Entre les pastoureaux jolis, …
0:35
12:50
Boufareu - Vous me direz que le bon Dieu, il n'y avait rien de plus facile pour lui que d'envoyer le
beau temps : un 24 décembre sous ce climat, ça n'aurait étonné personne. Mais il fallait d'abord
accomplir les écritures. Dites-vous bien une fois pour toutes qu'il sait ce qu'il fait le bon Dieu. Son
petit, c'était pas un fils de famille, il fallait qu'il soit élevé à la dure, qu'il apprenne les difficultés de
la vie.
Laissez paître vos bêtes (Que Lou Di Lam)
6 octobre 2011
Pastorale 2011
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Les jeunes bergers et jeunes villageois arrivent en farandole sur le chant, ou la Picouline danse
une farandole (+ des enfants ?). Les autres acteurs vont s’installer devant la chapelle de droite
(côté cour).
1. Laissez paître vos bêtes, pastoureaux par monts et par vaux,
Laissez paître vos bêtes et allons chanter Nau.
J'ai ouï chanter le rossignol qui chantait un chant si nouveau,
Si haut, si beau, si résonneau.
Il m'y rompait la tête, tant il chantait et flageolait
A donc pris ma houlette pour aller voir Naulet.
2. Laissez paître vos bêtes, pastoureaux par monts et par vaux,
Laissez paître vos bêtes et allons chanter Nau.
Nous dîmes tous une chanson, les autres en vinrent au son,
Chacun prenant son compagnon.
Je prendrai Guillaumette, Margot tu prendras gros Guillot,
Qui prendra Péronnelle ? Ce sera Talebot.
3. Laissez paître vos bêtes Pastoureaux par monts et par vaux,
Laissez paître vos bêtes et allons chanter Nau.
Ne chantons plus, nous tardons trop. Pensons d'aller courir le trot
Viens-tu Margot ? J'attends Guillot.
J'ai rompu ma courette. Il faut remmancher mon sabot
Or tiens cette aiguillette, elle y servira trop.
4. Laissez paître vos bêtes Pastoureaux par monts et par vaux,
Laissez paître vos bêtes Et allons chanter Nau.
Le Ravi arrive dans le chœur en guidant l'Aveugle.
Le Ravi – Eh ! J’en ai vu des jolis petits nistons, mais des jolis petits nistons comme ce joli petit
niston là, je ne croyais pas que ça pouvait exister !
0:35
13:25
Boufareu - Et il avait raison ce demi-fada ! Parce que moi non plus, je n'avais pas encore vu le
petit Jésus, et ça m'en a coupé les ailes. Et tous les gens qui étaient là, ils étaient paralysés de la
surprise et de la joie. Alors ils sont tombés tous ensemble sur leurs genoux. Et les femmes, avec
leurs plus jolies voix, se sont mises à chanter.
Tout le monde, sauf les chanteuses (Dors ma colombe), se met en place dans le chœur à partir
de «Et il avait raison…» et pendant le chant qui suit.
Dors ma colombe (quelques femmes de Que Lou Di Lam depuis la chapelle de droite/côté cour)
« Dors ma colombe, dors, le soir tombe »
chante la Vierge à l'enfant Dieu.
Dors, moi je veille. Quand on sommeille
on voit s'ouvrir le grand ciel bleu.
Chantez beaux anges, bercez l'enfant
qui dans ses langes rit en rêvant.
Quand tout le monde est en place, extinction de la salle.
0:35
14:00
Boufareu - Après, il y eut un silence embarrassé. Tout le monde voulait parler, mais personne ne
savait plus que dire. Les gens se sont présentés à ce roi tout petit, en apportant leurs cadeaux.
Chacun voulait offrir ce qu’il avait de plus cher, et ça donnait de l’émotion, tout cet élan de
générosité ! Les gens se regardaient avec bienveillance… C’était assez nouveau dans le canton !
Faisons réjouissance (tous les acteurs) +/- accordéon (si Picouline) + percussion + danse
Les gens qui ne chantent pas posent leurs cadeaux
6 octobre 2011
Pastorale 2011
8
Mélodie par les soprani de QLDL
Portons tous à Marie des dindons, des poulets,
Et de la bergerie, de beaux agneaux de lait.
Choux, potenailles et raves, poix, lentilles et faves.
Et turluturlutu, pour la soupe à Jésus
Mélodie par tous les hommes
Ecoute un peu les filles, quel complot elles font :
Le sont toutes gentilles et portent pour l’enfant
Des bas, des chemisettes, bonnets, et bandelottes.
Et turluturlutu, car l’est couché tout nu.
Tutti général
Toinot, prend ta musette, Jeannot prend ton flûtiau
Viens, dansons sur l’herbette, et sautent les sabots.
Gauthier, prend Guillaumette, Greguille, Porenette
Et turluturlutu, ce dansons tant et plus.
Le Berger pose l’agneau au pied du petit Jésus.
Le Berger - Petit Jésus… Mon troupeau, je te le donne ! Et mon chien, si tu me le demandes, je
te le donne aussi… Mais tu me le demanderas pas, hein ? tu me le demanderas pas ?…
Marie - Berger, mon fils plus tard sera berger comme toi. Il sera le berger des hommes, et les
hommes n'ont pas besoin de chien pour qu'on les garde. Ils ont besoin d'amour.
Boufareu - Les paroles de la Bonne Mère passaient nettement au-dessus de l'assemblée. Mais
le Berger, lui, les avaient comprises.
0:55
14:55
0:50
15:45
Le Ravi en levant les bras. Mon Dieu, comme c’est beau ! Comme c’est beau !
Pistachié – Oh ! Ecoute, le Ravi ! Tu commences à nous agacer, eh !
Le Ravi – Eh ! Si je t'agace, je te demande pardon.
Pistachié - Et tu parles et tu parles, et tu n'as jamais rien fait de ta vie !
Le Ravi - J'ai regardé les autres, et je les ai encouragés. Je leur ai dit qu'ils étaient beaux et
qu'ils faisaient de belles choses.
Pistachié - Et tu t'es guère fatigué !
La Poissonnière - Et tu n'as même pas apporté de cadeau !
Marie - Ne les écoute pas, Ravi. Tu as été mis sur la terre pour t'émerveiller. Tu as rempli ta
mission. Et tu auras ta récompense. Le monde sera merveilleux tant qu'il y aura des gens comme
toi, capables de s'émerveiller.
Boufareu - Dehors venait d’éclater un tintamarre terrible.
Noël de Lully avec percussion (+ trompette ?) (Hommes de Que Lou Di Lam + renforts ?)
Les mages entrent avec fracas, les regards se tournent vers le fond.
1. De bon matin j'ai rencontré le train
De trois grands rois qui allaient en voyage
De bon matin j'ai rencontré le train
De trois grands rois dessus le grand chemin
Venaient d'abord des gardes du corps
Des gens armés avec trente petits pages
Venaient d'abord des gardes du corps
Des gens armés dessus leurs justaucorps
0:15
16:00
Boufareu – Sur la percussion qui ne s’est pas arrêtée :
C’étaient les Rois Mages. A force de regarder l’étoile qui devait les conduire à Bethléem, ils
avaient tous un peu le torticolis. Ils étaient partis depuis des mois et ils avaient juste un quart
d’heure de retard à cause d’un de leurs chameaux qui traînait la jambe.
Noël de Lully (Que Lou Di Lam)
2. Puis sur un char doré de toutes parts
On voit trois rois modestes comme d'anges,
6 octobre 2011
Pastorale 2011
9
Puis sur un char doré de toutes parts
Trois rois debout parmi les étendards
L'étoile luit et les rois conduit
Par longs chemins devant une pauvre étable
L'étoile luit et les rois conduit,
Par longs chemins devant l'humble réduit
0:20
16:20
Sur la percussion :
Le Ravi - Dans les mains, il tient une urne. Ce qu’il y a dedans, je le sais pas.
L’Aveugle - Il y a de la myrrhe, c’est le parfum le plus subtil de l’Arabie.
Le Ravi - Que tu es heureux, toi, l’Aveugle, tu sens les odeurs qui n’arrivent pas jusqu’à nous …
Noël de Lully (Que Lou Di Lam)
3. Au fils de Dieu qui naquit en ce lieu
Ils viennent tous présenter leurs hommages.
Au fils de Dieu qui naquit en ce lieu
Ils viennent tous présenter leurs doux vœux.
De beaux présents, or, myrrhe et encens
Ils vont offrir au maître tant admirable
De beaux présents, or, myrrhe et encens
Ils vont offrir au bienheureux enfant.
Boufareu - Quelqu'un était entré pendant que tout le monde chantait, et personne ne s'était
aperçu de sa présence. C’était ce sans-cœur de Roustide. A Bethléem, il n’y avait que lui de
riche. Il avait des champs d’oliviers, des champs d’amandiers, et des hectares et des hectares de
pommes d’amour. Et plus il gagnait des sous, plus son cœur devenait sec. Mais, dans le cortège
des santons, il sentait petit à petit qu’il lui venait une sensation de douceur, de gentillesse, de
bonté.
Roustide - Mais qu'est-ce qui t'arrive, Roustide ? Tu n’es pas en colère ? Mais tu es
complètement gaga ! Allez, zou ! Mets-toi en colère !
Boufareu - Mais il restait toujours impassible, et il se sentait devenir meilleur à chaque seconde.
Et quand il a vu la Boumiano s'avancer vers le petit Jésus en balançant sa poule d'un air timide, il
n'a pas bronché.
La Boumiane - Petit Jésus, toi qui as la peau si blanche, et les cheveux si blonds. N'aie pas peur
de moi qui suis si noire de poil et presque nègre de peau : je t'ai porté cette poule.
Le Gendarme - Mais, tu es une sans-vergogne, cette poule, tu l'as volée !
Marie – Laisse-la parler, veux tu, Gendarme ?
La Boumiane - D'abord, des poules, j'en volerai plus. Et celle là, je l'ai volée à Roustide. Et des
poules, il en a à n'en savoir que faire. Tandis que vous, peuchère! vous êtes dans le besoin.
Alors j'ai pensé qu'au lieu de me la garder, je ferai mieux de vous la porter. Si vous en voulez
pas, vous pouvez toujours la vendre.
Marie - Tu as très bien parlé, Boumiane. Mais cette poule, nous ne pouvons pas l'accepter. Ce
que nous acceptons, c'est la gentillesse avec laquelle tu nous l'as offerte. Tu nous promets de ne
plus jamais voler de poule ?
La Boumiano – Eh ! Ni dindes, ni poules, ni pintades, ni pintadons ! Et pourtant, c'est bon le
pintadon bien tendre…
Marie - Boumiane !
La Boumiano - Promis, j'en volerai plus.
Marie - Alors, reprends ta poule et va la rendre à qui tu l'as prise.
Boufareu - Et alors, il s'est passé un coup de théâtre que jamais de votre vie vous avez vu de pareil.
Roustie écarte gentiment le monde.
2:35
18:55
Roustide - Tu peux la garder, je te la donne.
Boufareu - C'était la première fois que Roustide faisait un cadeau à quelqu'un. Les gens n'en
revenaient pas… Mais ce ne fut pas tout
6 octobre 2011
Pastorale 2011
1
Roustide prend la main de Mireille, et il la met dans la main de Vincent.
Roustide - Tiens, prends ma fille ! Vous vous aimez. Tu es pauvre, mais ça m’est égal, je te la
donne quand même.
0:45
19:40
Boufareu - Et il s’est immobilisé pour toujours, tenant la main de ses enfants serrée dans la
sienne. Il venait de gagner le paradis sans le faire exprès. A la suite de ce miracle-là, personne
ne dit plus rien. Et ils ne bougeront plus jusqu’à la fin des siècles. C’est le destin des santons.
Douce nuit (Que Lou Di Lam)
Paix à tous ! Gloire au ciel ! Gloire au sein maternel
Qui pour nous en ce jour de Noël enfanta le Sauveur Eternel qu’attendait Israël !
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20:00
Boufareu - Voilà. J'ai dit tout ce que j'avais à vous dire. Excusez-moi si j'étais un peu bavard,
c'est dans mon tempérament, mais je vous jure que j'ai dit la franche vérité.
Allez, adieu ! Je remonte au ciel ! Soyez heureux ; et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté !
Trompette
Boufareu sort
Il est né le divin enfant (+trompette ? refrain : QLDL, puis acteurs, puis foule ; couplets : QLDL)
1. Il est né le divin enfant, jouez hautbois, résonnez musettes.
Il est né le divin enfant, chantons tous son avènement.
2. Depuis plus de quatre mille ans, nous le promettaient les prophètes ;
Depuis plus de quatre mille ans, nous attendions cet heureux temps.
3. Ah ! Qu’il est beau ! Qu’il est charmant ! Ah ! Que ses grâces sont parfaites !
Ah ! Qu’il est beau ! Qu’il est charmant ! Qu’il est doux ce divin enfant !
4. Une étable est son logement, un peu de paille est sa couchette ;
Une étable est son logement, pour un Dieu, quel abaissement !
5. Oh Jésus ! Oh Roi tout-puissant ! Tout petit Enfant que Vous êtes ;
Oh Jésus : Oh Roi tout-puissant ! Régnez sur nous entièrement !
FIN
6 octobre 2011
Pastorale 2011
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