Une nouvelle passion collective est née: le jardin!
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Une nouvelle passion collective est née: le jardin!
Spécial Jardin Une nouvelle passion collective est née: le jardin! C’est la nouvelle fièvre verte et elle touche désormais les rats des villes tout autant que les rats des champs. Créer son jardin, cultiver ses fleurs, planter ses fruits et ses légumes, observer la croissance et l’harmonie de la nature… Longtemps réservé aux habitants de la campagne, le jardinage ne cesse de conquérir de nouveaux espaces au cœur des villes: sur les balcons, sur les terrasses, dans les cours… De plus en plus branché. 32 N u m é r o 17 a v r i l – m a i 2 0 0 9 33 Spécial Jardin C Quiétude en vert. 34 e n’est plus une école de résignation et de repli sur soi, mais une aventure à empoigner à bras le corps et à vivre passionnément. Ce n’est plus le triste «Cultivons notre jardin» de Voltaire, mais le vibrant et tonitruant «Vive le jardin» d’un bon vivant comme Jean-Pierre Coffe. Le jardin a changé, le jardinage aussi. L’écologie est passée par là, bien sûr! La fin des idéologies aussi, qui renvoie à ses propres envies, ses propres intérêts, sa propre créativité. Le besoin est si fort, en fait, N u m é r o 17 qu’il s’affranchit presque de son indispensable support: le jardin. Plus besoin d’être propriétaire et de disposer d’un terrain plus ou moins vaste; le terrain pousse aujourd’hui où on ne l’attendait plus: sur les balcons, sur les terrasses, sur les fenêtres… Exigu, modeste, il compense souvent sa petite taille par un supplément d’imagination et de finesse. «Enfant, vous avez peut-être connu ce bonheur de grandir dans une maison entourée d’un jardin, demande Pierre-Alexandre Risser, la star des jardiniers-paysagistes qui a réalisé, entre autres, les jardins de ces stars de la mode que sont Kenzo, Ungaro et Azzaro. Vous y avez connu joies et émotions: celles de grimper dans le cerisier, de jouer à cache-cache en vous dissimulant dans les buissons odorants, d’observer les insectes butinant les fleurs…». La fièvre verte, remarque-t-il dans un livre superbe, «Un jardin en ville» (Editions Solar), c’est d’abord le goût de l’enfance. La douceur des souvenirs. La nostalgie des jours évanouis. C’est précisément pourquoi, reprend Pierre-Alexandre Risser, «devenu adulte et citadin, vous rêvez de recréer ce lieu idyllique. Mais comment allez-vous insuffler à ce petit bout de terre une âme, un esprit?» Prendre possession d’un lieu, l’observer, le comprendre. Puis décider de le transformer, de lui donner une nouvelle vie, de l’adapter à ses goûts. C’est la démarche créatrice par excellence, le dernier geste de liberté, peut-être, dans un univers mondialisé et stéréotypé. La démarche est tentante et elle est même irrésistible, mais elle n’est ni simple ni facile. Car le jardin comme réalité, c’est une suite interminable d’efforts et d’attentions, d’espoirs et de désillusions, de joies immenses (la fleur qui apparaît, les couleurs qui chatoient…) et de désespoirs sans nom (l’orage qui dévaste tout, les limaces qui entrent en scène, le retour imprévu du froid). «La création d’un jardin est une aventure passionnante, mais qui demande patience et sens de l’observation», prévient l’auteur. Et si c’était cette quête difficile, qui devient forcément une quête de soi, qui faisait tout le charme de l’exercice? Et si c’était cette dureté et cet insupportable défi de la nature dont les citadins ne pouvaient plus se passer? «Lecture, farniente et contemplation, voilà la vocation de votre jardin, relève Pierre-Alexandre Risser. Vous voulez que votre jardin se transforme en salle de réception pour vos dîners d’été entre amis? Le coin-repas en sera le centre de gravité. Vous pouvez aménager un véritable espace d’été, avec barbecue à proximité de la table». n François Valle La fièvre verte n’est pas près de tomber. a v r i l – m a i 2 0 0 9 35