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SAMEDI 3 DÉCEMBRE 2016 LE PROGRÈS
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R HÔN E POLITIQU E
Remous au sein du PS lyonnai
RÉGION
Une fracture entre macronistes
et socialistes “canal historique” existe
dans le Rhône, même si la renonciation de François Hollande rebat un peu
les cartes. Evidente, en revanche, la
perte d’influence du parti.
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«L
a chasse au Macron est lancée et il y a beaucoup de rabatteurs ». Si Gérard Collomb, sénateur
maire de Lyon, soutien de la première
heure du candidat à la présidentielle,
plaisante facilement sur le sujet, la
proximité qu’il entretient avec l’homme qui s’affranchit des partis, n’amuse
pas tout le monde au sein de la Fédération du PS du Rhône.
A commencer par Jean-Paul Bret, entré au Parti socialiste en 1973 pour qui
« la fidélité à ce que nous sommes est
fondamentale ». Non seulement le
maire de Villeurbanne, n’est pas gagné par la “macronite” – il verrait
mieux le fondateur d’“En Marche !”
« en directeur de Sciences politiques
qu’en président de la République » –
mais il regrette, de surcroît, un mélange des genres au niveau local.
} Les partis politiques
n’inspirent plus
personne. Ils sont
d’une tristesse
à mourir. ~
Gérard Collomb, maire de Lyon
« Si Macron va jusqu’au bout, il y aura
un moment de vérité. David Kimelfeld ne pourra pas être d’un côté et de
l’autre », soulignait, il y a peu, JeanPaul Bret.
Visé, en effet, le président de la Fédération PS du Rhône. David Kimelfeld,
ce très proche de Collomb, désormais
désigné comme son successeur à la
mairie de Lyon, est de tous les rendezvous “Macron” (lire par ailleurs).
Avait-il d’ailleurs le choix vis-à-vis d’un
Gérard Collomb qui a embrayé au
quart de tour derrière l’ancien ministre de l’Economie et des Finances.
Ainsi, David Kimelfeld, par ailleurs
maire de la Croix-Rousse, participait,
mercredi soir au rendez-vous des comités Macron des 1er, 2e, et 4e arrondissements, organisé sur le plateau de
la Croix-Rousse. Et de se tenir stoïquement au côté de Gérard Collomb lorsque ce dernier a eu cette formule sans
appel : « Les partis politiques n’inspirent plus personne. Ils sont d’une tristesse à mourir ».
Le fait n’est pas nouveau. N’en déplaise à certains, voire à beaucoup, le chef
de file de Lyon et de la Métropole sait
s’affranchir de son camp. Ce fut déjà le
cas lors des législatives de 2012 lorsque son soutien n’était pas pour le candidat du PS. S’affranchir aussi des me-
n Auprès d’Emmanuel Macron, ancien ministre de l’Economie et des Finances et candidat à la pré
Gérard Collomb fut le premier à se mettre “ En Marche ! ”. Archives Philippe JUSTE
naces de sanction et d’exclusion
récemment brandies par Jean-Christophe Cambadélis, Premier secrétaire
du PS, à l’encontre des soutiens à Emmanuel Macron.
Le PS lyonnais se trouve-t-il particulièrement fragilisé par les choix divergents de ses têtes d’affiche ? Pas du
tout, selon David Kimelfeld pour qui
« chaque militant est libre de soutenir
le candidat de son choix, sur la seule
question qui vaille, à savoir qui est capable de battre François Fillon ou Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. Moi, j’ai fait le mien. C’est
Macron ».
Macron, le messie ?
« Je ne jette la pierre à personne. Tout
le monde est de bonne foi, y compris
Collomb et Kimelfeld. On ne peut plus
fonctionner comme avant. d’ailleurs
des socialistes rejoignent Macron. Ici
ou là. Mais il y a nécessité à retrouver
un pacte, un socle commun au-delà de
l’intérieur du PS et repenser les choses
en profondeur. Mitterrand avait bien
réussi, en 1971, lors du congrès d’Epinay avec des courants très différents », commentait, hier soir, Jacky
Darne ancien patron du PS du Rhône.
« Plus rien ne se passe comme avant.
C’est une faillite des partis qu’on est
bien obligés de reconnaître », reconnaît, de son côté, un militant socialiste
de la première heure, qui souhaite rester discret.
D’autres voix s’élèvent pour relativiser ce qui est en jeu. « Beaucoup ne
veulent pas d’une tempête dans un
verre d’eau. Le phénomène Macron
risque de faire pschitt ! », souligne un
hollandais dont l’analyse des choix
présidentiels de Collomb n’est pas en
faveur de ce dernier. « Il a cru en Rocard, en Strauss-Kahn, en Ségolène…
Ça fait beaucoup de croyances… Enfin, maintenant, il croit en Dieu et va
voir le pape ! ».
Reste à savoir si Macron, lui, est bien le
messie.
Dominique Menvielle
EN CHIFFRES
n le PS du Rhône
La Fédération Rhône du Parti
socialiste compte entre 800 et
1 000 adhérents à jour de cotisation. Elle en comptabilisait le
double, il y a peu, avant d’amorcer un déclin.
n “ En Marche ”
Le mouvement lancé par Emmanuel Macron rassemble,
dans la métropole, 4 000 adhérents (les adhésions à “ En Marche ! ” ne comprennent pas de
cotisations).
ACTU LYON ET RÉGION 11
nais autour du phénomène Macron
«Je préfère mener ce combat que regretter de ne pas l’avoir mené»
David Kimelfeld, patron du PS
du Rhône
didat à la présidentielle, le sénateur maire PS de Lyon
Difficile en tant que patron du PS
d’afficher votre soutien à Macron ?
« J’attendais de savoir ce que ferait le
Président pour avoir une position
plus claire, plus affirmée et plus transparente. De fait, la photographie des
primaires à gauche est arrêtée. J’en
profite pour dire que le choix de Hollande est remarquable, digne. C’est
suffisamment rare pour le souligner. »
Êtes-vous dans votre rôle cependant ?
« Ni on oblige, ni on freine les socialistes à s’intéresser à Macron. La question, c’est qui est en capacité d’être au
second tour de la présidentielle pour
contrer un conservatisme de droite et
l’extrême droite. C’est la seule question qui doit nous habiter et à laquelle
nous devons répondre, que nous
soyons socialiste ou progressiste.
Chaque militant doit se la poser. J’en ai
parlé au dernier conseil fédéral. »
Votre réponse ?
« Je considère qu’aucun des candidats socialistes n’est en mesure de rassembler de la sorte et de gagner. Macron est, selon moi, le seul capable d’y
parvenir, et parce que cette voie est
possible, je vais la soutenir. Désormais, j’entre dans une démarche plus
n Photo Frédéric CHAMBERT
active. »
Si Valls gagne la primaire, par exemple, vous ne le soutiendrez pas ?
« J’ai deux soucis avec Valls. D’abord,
Hollande renonce considérant que
son bilan ne lui permet pas de se représenter. Or, Valls, en tant que Premier
ministre, va être obligé de soutenir ce
bilan. Le deuxième handicap, à titre
personnel, concerne ses prises de position sur la laïcité et sur la déchéance
de nationalité. Son regard sur la société ne me convient pas, alors que les
signes qu’avaient envoyés Macron
sur ces sujets, m’avaient semblé intéressants. Concernant, Hamon et
Montebourg, sur le volet économique, le repli sur soi prôné, n’est pas en
prise avec la réalité. »
Vis-à-vis du PS que vous représentez, ne craignez-vous pas de faire
fausse route et de le payer ?
« L’erreur serait de ne pas porter un
regard objectif sur ce qui se passe dans
nos propres partis. Il y a un échec de
nos formations politiques. On se le dit
entre nous. Plus personne ne va aux
réunions. C’est une réalité. Il y a de la
tristesse, d’ailleurs, car un parti, ce
sont des hommes et des femmes. Mais
il ne faut pas tomber dans l’entêtement idéologique. »
Voulez-vous dire que le PS est
mort ?
« Non, et je ne suis pas dans la rupture
avec mon parti, mais je pense qu’il
doit se transformer. Il est de notre responsabilité de le dire plutôt que de rester inerte et vouloir que rien ne change. C’est Valls, d’ailleurs, qui voulait le
rebaptiser. »
Ne pas défendre le candidat de son
parti, reste particulier.
« La période est rare et particulière. Je
ne renie pas mes valeurs pour autant.
Macron n’est pas un conservateur de
droite. On peut afficher ses convictions en respectant les militants.
Aujourd’hui, je préfère mener ce combat que regretter de ne pas l’avoir mené. Après, ce qu’on me demande c’est
d’être garant du fonctionnement des
primaires dans la transparence et
l’équité, et ce sera le cas ».
Propos recueillis par D. M.
A Lyon, les réunions des
comités Macron rassemblent
« On va affréter des bus pour
aller participer au grand meeting d’“ En Marche !” à la Porte de Versailles, le 10 décembre. On ne les fera peut-être
pas partir de l’hôtel de ville,
mais de la Croix-Rousse par
exemple », s’est amusé à préciser, Gérard Collomb, mercredi soir, au café le Chanteclair privatisé pour
accueillir les soutiens d’Emmanuel Macron.
« Il suffit de 10 balles
chacun pour faire
changer le monde »
Et ils étaient nombreux, ce
soir-là, comme ils l’ont été,
jeudi soir, à l’occasion d’une
autre réunion des comités
Macron, des 3 et 6e arrondissements cette fois.
En chauffeur de salle, Bruno
Bonnell, référent départemental et animateur du mouvement, fait le job. Ce jour-là,
3,5 millions d’euros ont été levés pour mener campagne,
explique le multi-entrepreneur qui fait vite les comptes.
« Avec 115 000 marcheurs
participant à hauteur de 30 €,
on dépasse les 3 millions et sachant que les dons sont déductibles à 66 % des impôts, il
suffit de 10 balles chacun
pour faire changer le monde ».
Ce soir-là, David Kimelfeld
ne prendra pas la parole. Gérard Collomb parle, lui, à « ce
monde qui bouge et que vous
représentez. On nous dit
qu’on ne peut gagner sans
parti politique. Or, je suis persuadé qu’on le peut si on fait
se lever un mouvement. Des
réunions comme celle-ci, il y
en a dans tous les territoires.
Nous sommes des milliers ».
Chacun est invité à convaincre, à essaimer, à se rassembler. Les témoignages se succèdent. L’envie d’autre chose
et qui soit moderne, est le
point commun d’un public
hétéroclite.
Pierre, ex-ingénieur, désor-
n Du monde, mercredi soir à la Croix-Rousse, dans un café privatisé par les soutiens
d’Emmanuel Macron. Photo Dominique MENVIELLE
mais jeune retraité, féru de
hockey sur gazon, a adhéré
dès avril au discours de Macron, appréciant la France
fière et ambitieuse que promeut l’ex-ministre. Une femme, chef d’entreprise a, elle,
été séduite par la vision de
Macron et son projet qui s’appuie sur un diagnostic contemporain et moderne.
« Macron veut faire émerger
des idées nouvelles, là où habituellement, on reproduit les
mêmes notes à chaque campagne. Je ne crois plus du tout
à ça. Le changement se fera
par la base, par vous », a encore déclaré Gérard Collomb.
Chacun, ce soir-là, est reparti
regonflé à bloc et enclin à
croire que cette fois, le changement, c’est maintenant…
D. M.
RHO - 1