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SAMEDI 3 DÉCEMBRE 2016 LE PROGRÈS 10 R HÔN E POLITIQU E Remous au sein du PS lyonnai RÉGION Une fracture entre macronistes et socialistes “canal historique” existe dans le Rhône, même si la renonciation de François Hollande rebat un peu les cartes. Evidente, en revanche, la perte d’influence du parti. Rédaction du Rhône Agence de Lyon 4 rue Montrochet, 69002 Lyon Téléphone Rédaction : 04.78.14.76.00 Pub : 04.72.22.24.37 Mail [email protected] [email protected] [email protected] Web www.leprogres.fr/rhone [email protected] Facebook www.facebook.com/ Mail leprogres.lyon Twitter leprogresrhone Twitter Vous avez une info ? 0 800 07 68 43 [email protected] www.leprogres.fr «L a chasse au Macron est lancée et il y a beaucoup de rabatteurs ». Si Gérard Collomb, sénateur maire de Lyon, soutien de la première heure du candidat à la présidentielle, plaisante facilement sur le sujet, la proximité qu’il entretient avec l’homme qui s’affranchit des partis, n’amuse pas tout le monde au sein de la Fédération du PS du Rhône. A commencer par Jean-Paul Bret, entré au Parti socialiste en 1973 pour qui « la fidélité à ce que nous sommes est fondamentale ». Non seulement le maire de Villeurbanne, n’est pas gagné par la “macronite” – il verrait mieux le fondateur d’“En Marche !” « en directeur de Sciences politiques qu’en président de la République » – mais il regrette, de surcroît, un mélange des genres au niveau local. } Les partis politiques n’inspirent plus personne. Ils sont d’une tristesse à mourir. ~ Gérard Collomb, maire de Lyon « Si Macron va jusqu’au bout, il y aura un moment de vérité. David Kimelfeld ne pourra pas être d’un côté et de l’autre », soulignait, il y a peu, JeanPaul Bret. Visé, en effet, le président de la Fédération PS du Rhône. David Kimelfeld, ce très proche de Collomb, désormais désigné comme son successeur à la mairie de Lyon, est de tous les rendezvous “Macron” (lire par ailleurs). Avait-il d’ailleurs le choix vis-à-vis d’un Gérard Collomb qui a embrayé au quart de tour derrière l’ancien ministre de l’Economie et des Finances. Ainsi, David Kimelfeld, par ailleurs maire de la Croix-Rousse, participait, mercredi soir au rendez-vous des comités Macron des 1er, 2e, et 4e arrondissements, organisé sur le plateau de la Croix-Rousse. Et de se tenir stoïquement au côté de Gérard Collomb lorsque ce dernier a eu cette formule sans appel : « Les partis politiques n’inspirent plus personne. Ils sont d’une tristesse à mourir ». Le fait n’est pas nouveau. N’en déplaise à certains, voire à beaucoup, le chef de file de Lyon et de la Métropole sait s’affranchir de son camp. Ce fut déjà le cas lors des législatives de 2012 lorsque son soutien n’était pas pour le candidat du PS. S’affranchir aussi des me- n Auprès d’Emmanuel Macron, ancien ministre de l’Economie et des Finances et candidat à la pré Gérard Collomb fut le premier à se mettre “ En Marche ! ”. Archives Philippe JUSTE naces de sanction et d’exclusion récemment brandies par Jean-Christophe Cambadélis, Premier secrétaire du PS, à l’encontre des soutiens à Emmanuel Macron. Le PS lyonnais se trouve-t-il particulièrement fragilisé par les choix divergents de ses têtes d’affiche ? Pas du tout, selon David Kimelfeld pour qui « chaque militant est libre de soutenir le candidat de son choix, sur la seule question qui vaille, à savoir qui est capable de battre François Fillon ou Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. Moi, j’ai fait le mien. C’est Macron ». Macron, le messie ? « Je ne jette la pierre à personne. Tout le monde est de bonne foi, y compris Collomb et Kimelfeld. On ne peut plus fonctionner comme avant. d’ailleurs des socialistes rejoignent Macron. Ici ou là. Mais il y a nécessité à retrouver un pacte, un socle commun au-delà de l’intérieur du PS et repenser les choses en profondeur. Mitterrand avait bien réussi, en 1971, lors du congrès d’Epinay avec des courants très différents », commentait, hier soir, Jacky Darne ancien patron du PS du Rhône. « Plus rien ne se passe comme avant. C’est une faillite des partis qu’on est bien obligés de reconnaître », reconnaît, de son côté, un militant socialiste de la première heure, qui souhaite rester discret. D’autres voix s’élèvent pour relativiser ce qui est en jeu. « Beaucoup ne veulent pas d’une tempête dans un verre d’eau. Le phénomène Macron risque de faire pschitt ! », souligne un hollandais dont l’analyse des choix présidentiels de Collomb n’est pas en faveur de ce dernier. « Il a cru en Rocard, en Strauss-Kahn, en Ségolène… Ça fait beaucoup de croyances… Enfin, maintenant, il croit en Dieu et va voir le pape ! ». Reste à savoir si Macron, lui, est bien le messie. Dominique Menvielle EN CHIFFRES n le PS du Rhône La Fédération Rhône du Parti socialiste compte entre 800 et 1 000 adhérents à jour de cotisation. Elle en comptabilisait le double, il y a peu, avant d’amorcer un déclin. n “ En Marche ” Le mouvement lancé par Emmanuel Macron rassemble, dans la métropole, 4 000 adhérents (les adhésions à “ En Marche ! ” ne comprennent pas de cotisations). ACTU LYON ET RÉGION 11 nais autour du phénomène Macron «Je préfère mener ce combat que regretter de ne pas l’avoir mené» David Kimelfeld, patron du PS du Rhône didat à la présidentielle, le sénateur maire PS de Lyon Difficile en tant que patron du PS d’afficher votre soutien à Macron ? « J’attendais de savoir ce que ferait le Président pour avoir une position plus claire, plus affirmée et plus transparente. De fait, la photographie des primaires à gauche est arrêtée. J’en profite pour dire que le choix de Hollande est remarquable, digne. C’est suffisamment rare pour le souligner. » Êtes-vous dans votre rôle cependant ? « Ni on oblige, ni on freine les socialistes à s’intéresser à Macron. La question, c’est qui est en capacité d’être au second tour de la présidentielle pour contrer un conservatisme de droite et l’extrême droite. C’est la seule question qui doit nous habiter et à laquelle nous devons répondre, que nous soyons socialiste ou progressiste. Chaque militant doit se la poser. J’en ai parlé au dernier conseil fédéral. » Votre réponse ? « Je considère qu’aucun des candidats socialistes n’est en mesure de rassembler de la sorte et de gagner. Macron est, selon moi, le seul capable d’y parvenir, et parce que cette voie est possible, je vais la soutenir. Désormais, j’entre dans une démarche plus n Photo Frédéric CHAMBERT active. » Si Valls gagne la primaire, par exemple, vous ne le soutiendrez pas ? « J’ai deux soucis avec Valls. D’abord, Hollande renonce considérant que son bilan ne lui permet pas de se représenter. Or, Valls, en tant que Premier ministre, va être obligé de soutenir ce bilan. Le deuxième handicap, à titre personnel, concerne ses prises de position sur la laïcité et sur la déchéance de nationalité. Son regard sur la société ne me convient pas, alors que les signes qu’avaient envoyés Macron sur ces sujets, m’avaient semblé intéressants. Concernant, Hamon et Montebourg, sur le volet économique, le repli sur soi prôné, n’est pas en prise avec la réalité. » Vis-à-vis du PS que vous représentez, ne craignez-vous pas de faire fausse route et de le payer ? « L’erreur serait de ne pas porter un regard objectif sur ce qui se passe dans nos propres partis. Il y a un échec de nos formations politiques. On se le dit entre nous. Plus personne ne va aux réunions. C’est une réalité. Il y a de la tristesse, d’ailleurs, car un parti, ce sont des hommes et des femmes. Mais il ne faut pas tomber dans l’entêtement idéologique. » Voulez-vous dire que le PS est mort ? « Non, et je ne suis pas dans la rupture avec mon parti, mais je pense qu’il doit se transformer. Il est de notre responsabilité de le dire plutôt que de rester inerte et vouloir que rien ne change. C’est Valls, d’ailleurs, qui voulait le rebaptiser. » Ne pas défendre le candidat de son parti, reste particulier. « La période est rare et particulière. Je ne renie pas mes valeurs pour autant. Macron n’est pas un conservateur de droite. On peut afficher ses convictions en respectant les militants. Aujourd’hui, je préfère mener ce combat que regretter de ne pas l’avoir mené. Après, ce qu’on me demande c’est d’être garant du fonctionnement des primaires dans la transparence et l’équité, et ce sera le cas ». Propos recueillis par D. M. A Lyon, les réunions des comités Macron rassemblent « On va affréter des bus pour aller participer au grand meeting d’“ En Marche !” à la Porte de Versailles, le 10 décembre. On ne les fera peut-être pas partir de l’hôtel de ville, mais de la Croix-Rousse par exemple », s’est amusé à préciser, Gérard Collomb, mercredi soir, au café le Chanteclair privatisé pour accueillir les soutiens d’Emmanuel Macron. « Il suffit de 10 balles chacun pour faire changer le monde » Et ils étaient nombreux, ce soir-là, comme ils l’ont été, jeudi soir, à l’occasion d’une autre réunion des comités Macron, des 3 et 6e arrondissements cette fois. En chauffeur de salle, Bruno Bonnell, référent départemental et animateur du mouvement, fait le job. Ce jour-là, 3,5 millions d’euros ont été levés pour mener campagne, explique le multi-entrepreneur qui fait vite les comptes. « Avec 115 000 marcheurs participant à hauteur de 30 €, on dépasse les 3 millions et sachant que les dons sont déductibles à 66 % des impôts, il suffit de 10 balles chacun pour faire changer le monde ». Ce soir-là, David Kimelfeld ne prendra pas la parole. Gérard Collomb parle, lui, à « ce monde qui bouge et que vous représentez. On nous dit qu’on ne peut gagner sans parti politique. Or, je suis persuadé qu’on le peut si on fait se lever un mouvement. Des réunions comme celle-ci, il y en a dans tous les territoires. Nous sommes des milliers ». Chacun est invité à convaincre, à essaimer, à se rassembler. Les témoignages se succèdent. L’envie d’autre chose et qui soit moderne, est le point commun d’un public hétéroclite. Pierre, ex-ingénieur, désor- n Du monde, mercredi soir à la Croix-Rousse, dans un café privatisé par les soutiens d’Emmanuel Macron. Photo Dominique MENVIELLE mais jeune retraité, féru de hockey sur gazon, a adhéré dès avril au discours de Macron, appréciant la France fière et ambitieuse que promeut l’ex-ministre. Une femme, chef d’entreprise a, elle, été séduite par la vision de Macron et son projet qui s’appuie sur un diagnostic contemporain et moderne. « Macron veut faire émerger des idées nouvelles, là où habituellement, on reproduit les mêmes notes à chaque campagne. Je ne crois plus du tout à ça. Le changement se fera par la base, par vous », a encore déclaré Gérard Collomb. Chacun, ce soir-là, est reparti regonflé à bloc et enclin à croire que cette fois, le changement, c’est maintenant… D. M. RHO - 1