LES ÉLECTIONS MUNICIPALES AU QUÉBEC : ENJEUX ET
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LES ÉLECTIONS MUNICIPALES AU QUÉBEC : ENJEUX ET
LES ÉLECTIONS MUNICIPALES AU QUÉBEC : ENJEUX ET PERSPECTIVES Sous la direction de Sandra Breux et Laurence Bherer Les élections municipales au Québec : enjeux et perspectives Directeur de la collection : Gilles Sénécal La collection « études urbaines » accueille des travaux qui s’intéressent aux transformations que connaissent les villes et les métropoles. Ses objets sont de nature sociale, économique, historique, politique ou environnementale, sans exclure l’architecture et l’aménagement. Elle fait interférer, par exemple, aussi bien les phénomènes de globalisation et de mondialisation que l’analyse de l’action collective ou l’étude des pratiques de la vie quotidienne. Ouverte aux différentes approches et moyens d’enquête, elle vise à enrichir les connaissances et le champ théorique consacrés aux processus d’urbanisation et de métropolisation. Titres parus Geneviève Cloutier, Jean-Pierre Collin et Claire Poitras (dir.), Dix ans d’ études urbaines au Québec. Bilan et perspectives d’avenir, 2011. Gilles Sénécal, L’espace-temps métropolitain, Forme et représentations de la région de Montréal, 2011. Sous la direction de Sandra Breux et Laurence Bherer Les élections municipales au Québec : enjeux et perspectives Les Presses de l’Université Laval reçoivent chaque année du Conseil des Arts du Canada et de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec une aide financière pour l’ensemble de leur programme de publication. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition. Maquette de couverture : Danielle Motard Conception de la maquette et mise en pages : Danielle Motard ISBN 978-2-7637-9272-9 ISBN-PDF 9782763792736 ISBN-ePUB 9782763792743 © Les Presses de l’Université Laval 2011 Tous droits réservés. Imprimé au Canada Dépôt légal 3e trimestre 2011 Les Presses de l’Université Laval www.pulaval.com Toute reproduction ou diffusion en tout ou en partie de ce livre par quelque moyen que ce soit est interdite sans l’autorisation écrite des Presses de l’Université Laval. Table des matières Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Démocratie locale et élections : prémices d’une comparaison Laurence Bherer et Sandra Breux Partie 1 L’émergence de nouveaux partis politiques municipaux Chapitre I Trois-Rivières : le maire-entrepreneur et le pouvoir local . . . . 33 Serge Belley, Marc-André Lavigne, Louise Quesnel et Paul Villeneuve Chapitre 2 Les élections municipales à Sherbrooke de novembre 2009 : les municipalités, un objet toujours « ordinaire » du politique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 Caroline Patsias Chapitre 3 Fracture urbaine, legs institutionnel et nouvelles façons de faire : trois mots clés d’une lecture des élections municipales à Montréal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 Anne Latendresse et Winnie Frohn L es élections municipales au Q uébec : enjeux et perspectives Partie II VIII La figure du maire Chapitre 4 Lévis : de l’intégration politique aux ambitions de grande ville. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 Serge Belley, Louise Quesnel et Paul Villeneuve Chapitre 5 Québec 2009 : l’impact de la « fierté retrouvée » sur le pouvoir local . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145 Serge Belley, Louise Quesnel et Paul Villeneuve Chapitre 6 La figure de l’élu longueuillois : changement ou continuité ?. . 173 Sandra Breux Partie III La démocratie locale et ses spécificités Chapitre 7 L’administration du maire Tremblay à Saguenay ou le populisme fiscal à l’épreuve de la gouvernance. . . . . . . 209 Martin Simard et Gilles Bergeron Chapitre 8 Pourquoi un sixième mandat pour le maire de Laval en 2009 ? Les sources d’un monopole politique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233 Laurence Bherer Chapitre 9 Les élections municipales de 2009 à Gatineau : quel modèle de démocratie urbaine ?. . . 265 Guy Chiasson, Mario Gauthier et Caroline Andrew Titre du chapitre Chapitre 10 Les élections municipales de 2009 dans les villes moyennes du Québec : entre changement et reconduction. . . . . . . . . . . . 289 Anne Mévellec Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 311 Quel avenir pour la démocratie municipale québécoise ? Jean-Pierre Collin IX Introduction Démocratie locale et élections : prémices d’une comparaison Laurence Bherer et Sandra Breux L orsqu’en avril 2009, les médias ont fait état des liens entre l’ancien président du comité exécutif de Montréal et un important entrepreneur en construction faisant partie du regroupement d’entreprises qui a remporté le plus important contrat de l’histoire de la ville – celui sur l’installation de compteurs d’eau –, le thème des élections municipales de 2009 au Québec a été lancé : l’éthique dans la gestion des affaires publiques. Les scandales qui ont par la suite défrayé la manchette pendant plusieurs mois ont établi un lien clair entre la croissance des contrats de travaux publics municipaux, le fonctionnement de l’industrie de la construction et le financement des partis politiques locaux. Ces premières révélations ont en effet été suivies par quatre rapports du Vérificateur général de la Ville de Montréal qui dénonçaient les préférences accordées à certains entrepreneurs dans la vente d’actifs L es élections municipales au Q uébec : enjeux et perspectives 2 immobiliers ou dans l’octroi du contrat sur les compteurs d’eau (2009 a, b, c, d). Le Vérificateur insistait sur l’absence de compétition à la suite de l’attribution d’une part de plus en plus importante des travaux municipaux à un nombre relativement restreint de firmes de génie-conseil (2009d). Les rapports pointaient particulièrement la perte d’expertise de la fonction publique municipale à la suite du transfert important de contrats de construction, d’élaboration et de supervision de projets. En somme, non seulement il y aurait un déficit de concurrence dans l’octroi de contrats publics, mais le petit nombre d’entrepreneurs qui obtiennent des contrats ne serait pas contrôlé par la fonction publique puisque les responsabilités de surveillance ont elles aussi fait l’objet de contrats répétés au même groupe d’entrepreneurs. Les allégations ne se sont pas arrêtées là puisque les médias ont également dévoilé durant la campagne électorale qu’un représentant du parti d’opposition avait lui-même eu des liens avec un des entrepreneurs en construction impliqués dans le contrat des compteurs d’eau. Ce dernier l’aurait aidé à financer sa campagne au leadership au sein de son parti. Ainsi, non seulement certaines firmes du secteur de la construction domineraient les contrats publics de la Ville de Montréal, mais elles influenceraient également fortement la vie politique puisqu’elles financent les activités politiques des candidats. Ces pratiques contreviennent aux lois sur le financement des partis politiques au Québec dont le principe général est le financement populaire des organisations partisanes1. On pourrait croire que ces questions éthiques ne touchent que Montréal puisque c’est bien le cas montréalais qui a fait la manchette pendant plusieurs mois. Or, ces différents scandales ont fait tache d’huile : l’attribution des contrats publics par plusieurs municipalités et le gouvernement du Québec a fait l’objet d’enquêtes journalistiques qui ont confirmé l’absence de concurrence. Ce contexte particulier a jeté le doute et le discrédit sur la politique municipale et provinciale au moment où les électeurs s’apprêtaient à voter dans l’ensemble des municipalités québécoises le 1er novembre 2009. 1. Il n’existe toutefois aucune précision sur le financement des campagnes de leadership. C’est le fait d’avoir obtenu l’appui d’un entrepreneur particulièrement décrié par les médias qui est ici en cause. I ntroduction Les répercussions de ces scandales à répétition sur la vie politique municipale sont encore incertaines. D’une part, peu d’enquêtes policières et gouvernementales ont abouti jusqu’à présent, si bien qu’il n’est pas encore possible de confirmer les informations journalistiques. Il faut en effet savoir que le gouvernement québécois a beaucoup hésité à intervenir. Malgré les demandes répétées (tant par les médias, par différentes personnalités connues, que par certains partis d’opposition à l’échelle provinciale et municipale) de lancer une commission d’enquête publique sur le financement des partis politiques municipaux et provinciaux et sur les pratiques de l’industrie de la construction, le gouvernement a choisi de privilégier des enquêtes policières et de rédiger un code d’éthique (le projet de loi 109 sur l’éthique et la déontologie en matière municipale toujours à l’étude au moment d’écrire ces lignes) qui s’appliquerait à l’ensemble des municipalités québécoises (et non au gouvernement québécois). D’autre part, il demeure difficile d’évaluer l’influence de ces scandales sur les résultats des élections municipales. La participation électorale moyenne est restée la même qu’en 2005 (environ 45 %) 2. L’éthique dans la gestion des affaires municipales est-elle le seul enjeu à retenir des élections municipales de 2009 ? Les auteurs de cet ouvrage pensent que malgré la gravité des allégations en cause, il s’agit là d’événements révélateurs de phénomènes plus profonds qui caractérisent la politique municipale québécoise de façon plus générale. En effet, ces élections ont confirmé certaines transformations du champ politique municipal qui étaient déjà perceptibles en 2005 : le dénigrement des partis politiques municipaux par les candidats et le refus de faire campagne, au profit de stratégies politiques axées sur des personnalités fortes. L’ancienne mairesse de Québec, Andrée Boucher, a instauré une telle pratique en 2005 : elle a en effet profité de sa notoriété dans la Vieille Capitale pour se présenter sans équipe, sans programme, sans pancarte et avec un budget de 5 000 $ (Belley et Lavigne, 2008). Bref, il y a une volonté chez plusieurs représentants municipaux de « dépolitiser » la politique municipale (Belley et Lavigne, 2008), en se réclamant de l’idéologie de l’apolitisme municipal – qui n’est qu’une autre façon de faire de 2. Pour les résultats de 2005, voir Champagne 2007. Le taux de participation électorale moyen en 2009 est évalué à 45 % (voir Lessard, 2009). 3 L es élections municipales au Q uébec : enjeux et perspectives 4 la politique toujours politisée. L’apolitisme municipal s’appuierait sur la proposition selon laquelle la vie politique municipale n’offrirait que des défis techniques politiquement neutres. Pour les élus, l’enjeu consisterait simplement à faire preuve de bonne gestion et d’efficacité dans la prestation de services, ce qui sous-entend que les valeurs n’interviennent pas dans l’arbitrage des décisions municipales (Bherer et Quesnel, 2006). S’agit-il d’une transformation durable de la politique municipale québécoise ? Quels sont les effets d’une montée de l’apolitisme municipal ? Peut-on faire le lien entre ce phénomène et d’autres caractéristiques du système municipal d’ici ou d’ailleurs ? La rareté des études systématiques sur les municipalités québécoises (Mévellec et Tremblay, 2009) fait en sorte qu’il est difficile de répondre avec certitude à ces questions. Dans un tel contexte, l’objectif de ce livre est de mieux connaître la scène politique municipale québécoise. Ce texte introductif pose les fondements d’une analyse comparative de la politique municipale en faisant état brièvement des principales connaissances sur la politique municipale nord-américaine et française et des caractéristiques de la politique municipale québécoise. Nous précisons ainsi la spécificité de la démocratie municipale nord-américaine en mettant l’accent sur le déficit informationnel qui la caractérise, résultant tant d’une couverture médiatique limitée, de la présence de partis politiques relativement peu structurés que d’une connaissance limitée des responsabilités des municipalités (section 1). De tels phénomènes justifient une étude plus approfondie du contexte municipal québécois, qui demeure encore relativement peu étudié, notamment au regard des traditions de recherche états-uniennes et françaises qui ont accumulé une connaissance plus grande et plus diversifiée de la vie politique locale (section 2). C’est pourquoi nous proposons de profiter de la constitution depuis les fusions municipales d’un réseau de neuf villes de plus de 100 000 habitants pour amorcer une analyse comparative de la vie politique municipale québécoise (section 3). I ntroduction Les spécificités de la démocratie municipale Quelle compréhension devrait-on avoir de la vie politique municipale québécoise ? Répondre à une telle question exige tout d’abord de s’intéresser aux spécificités de la démocratie municipale. Cutler et Matthews affirment que le contexte politique local nord-américain est marqué par un déficit informationnel important, tant en termes de quantité que de qualité de l’information : « municipal elections provide voters with less political information (i.e., information relation to issues, candidates, and the like) and the information that is provided tends not to be well organized into coherent, partisan packages » (2005 : 360). Trois raisons sont susceptibles d’expliquer ce déficit informationnel : une couverture médiatique limitée, des partis politiques relativement peu structurés et une connaissance relative des responsabilités des municipalités. Premièrement, la couverture médiatique est faible en raison de la très modeste place qu’occupent les nouvelles locales par rapport aux informations nationales et internationales. Ce faible intérêt n’est pas étranger au fait qu’il y a une difficulté logistique importante à couvrir les affaires locales. Non seulement le nombre de journalistes consacrés à ces questions dans les rédactions québécoises est restreint, mais il y a également un problème lié à la multitude des municipalités. Quelles municipalités couvrir ? Les journalistes se rabattent bien souvent sur les plus grandes villes mais même là, il leur faut également faire preuve de discernement, car dans une grande ville comme Montréal, plusieurs conseils d’arrondissement peuvent se tenir le même soir. Les journalistes affectés aux questions locales doivent donc souvent s’appuyer sur un réseau local important pour savoir où l’actualité municipale sera la plus riche. À ce problème logistique, il faut ajouter qu’en dehors des villes-centres, les médias locaux s’intéressent moins à la politique locale qu’aux nouvelles communautaires. Deuxièmement, la faible organisation des partis politiques municipaux (lorsqu’il y en a) a un impact important sur la structuration de la scène politique locale. À l’échelle municipale, les partis politiques n’ont en effet pas les moyens de mobiliser les citoyens en donnant des informations sur les politiques publiques locales (Caren, 2007). De plus, l’incertitude sur l’étiquette idéologique des partis politiques locaux rend également moins lisible la scène politique locale. Les partis politiques ne peuvent ainsi 5 L es élections municipales au Q uébec : enjeux et perspectives 6 jouer leur rôle de médiatisation de l’espace politique en lui donnant une couleur et un contenu visibles, comme c’est le cas aux autres échelons politiques. Dans plusieurs municipalités, cette situation est aggravée par l’absence de partis politiques ou par la faible pérennité des organisations partisanes. Troisièmement, les citoyens ont généralement une faible connaissance de la répartition des responsabilités politiques entre les paliers gouvernementaux. C’est encore plus vrai pour l’échelon municipal qui demeure mal connu. Cela tient au fait que les enjeux municipaux comme le déneigement, l’assainissement et la distribution de l’eau ou bien encore la cueillette des ordures ménagères sont présentés comme triviaux ou essentiellement techniques, c’est-à-dire sans valeurs politiques (Bherer, 2006). L’absence de partis politiques contribue beaucoup à dépolitiser les enjeux municipaux et à négliger certains défis qui pourraient intéresser les citoyens. Le déficit informationnel municipal structure donc de façon fondamentale le champ politique urbain. Tout d’abord, la faiblesse de la couverture médiatique et l’absence de partis politiques font en sorte qu’il est particulièrement coûteux pour le citoyen de s’informer. Qui plus est, la modeste connaissance des compétences municipales et la faible médiatisation des affaires locales (venant des médias ou des partis) suppriment toutes formes de pression sociale qui encourageraient les citoyens à aller voter. C’est ce qui permet de qualifier les élections locales de vote de « second ordre » (Cutler et Matthews, 2005 : 363). Dans un tel contexte, il est difficile pour l’électeur municipal d’évaluer la performance des candidats sortants. Comment juger si un maire sortant mérite que son mandat soit prolongé si les informations au sujet de ses politiques sont éparses et incertaines ? Cette question sur les candidats sortants est particulièrement importante car si on sait qu’ils sont généralement avantagés, peu importe le palier politique, plusieurs études indiquent qu’à l’échelle locale, c’est le faible intérêt des citoyens pour les campagnes électorales qui favorise les candidats sortants (Berry et Howell, 2007 ; Trounstine, 2010). La participation électorale tend d’ailleurs à diminuer lorsqu’un maire se présente à nouveau (Caren, 2007). Ajoutons que si les études démontrent qu’une campagne électorale dominée par des enjeux controversés contribue à politiser les élections I ntroduction municipales et à gagner l’intérêt des électeurs, ce n’est pas nécessairement suffisant pour battre des candidats sortants bien servis par une machine politique efficace (Trounstine, 2008). En somme, le déficit informationnel est bien l’enjeu au centre des choix électoraux municipaux. Le déficit informationnel résultant de la faible visibilité du champ politique municipal varie d’une municipalité à l’autre et d’un système politique à l’autre, en fonction du degré de manifestation des trois phénomènes répertoriés et de la culture politique locale. Ainsi, même si le déficit informationnel est une réalité nord-américaine, les résultats de quelques études états-uniennes sur les facteurs institutionnels qui favorisent la participation électorale permettent de penser que certaines caractéristiques de la politique municipale québécoise contribuent à atténuer les effets du déficit informationnel. Sur la base de ces études, nous pouvons faire l’hypothèse que la présence de partis politiques, l’existence d’institutions municipales qui favorisent la politisation et la tenue des élections municipales simultanées dans toute la province contribueraient à affaiblir le déficit informationnel. Qu’en est-il plus précisément ? Premièrement, contrairement aux autres provinces canadiennes, le Québec encourage explicitement la formation de partis politiques locaux depuis l’adoption de la Loi concernant les élections de 1978 dans certaines municipalités et modifiant la Loi des cités et villes. Les organisations municipales partisanes sont soumises aux principes qui prévalent pour l’échelle provinciale (à quelques détails près, voir Bherer et al., 2010), c’est-à-dire que les revenus autorisés des partis sont limités au financement populaire, complété par un soutien partiel des municipalités. Depuis cette reconnaissance, les partis politiques municipaux sont devenus une réalité de la démocratie municipale. La réorganisation municipale a renforcé ce phénomène (Belley, 2003a) : l’analyse des autorisations par le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) souligne, en effet, que le nombre de partis politiques est en nette croissance. Alors que dans les années quatre-vingt et les années quatre-vingt-dix, le nombre d’autorisations décernées varie d’une à treize par année, le passage aux années 2000 voit ce chiffre grimper de sept à 26 autorisations par année (pour des chiffres plus récents, voir le texte d’Anne Mévellec dans ce livre). Ces constats laissent penser que la scène municipale politique québécoise est une scène qui se politise de plus en plus. 7 L es élections municipales au Q uébec : enjeux et perspectives 8 Toutefois, une analyse plus poussée démontre qu’il faut rester prudent quant à la portée politique du phénomène partisan municipal : le portrait des partis politiques municipaux reconnus au Québec en 2003 dressé dans Collin et Robertson (2004) note qu’en pratique, l’idéologie de l’apolitisme domine la scène municipale et ce que l’on nomme partis politiques désigne bien souvent des équipes politiques qui se font et se défont au gré des élections et des dossiers entre les élections. De plus, plusieurs de ces coalitions se réclament d’une orientation non partisane. En effet, dans les petites et moyennes municipalités, les équipes électorales sont préférées aux organisations partisanes alors que dans les grandes municipalités, les partis politiques sont caractérisés par une forte instabilité. Leur degré d’organisation demeure faible comparativement à celui que connaissent les organisations partisanes des paliers supérieurs. Par ailleurs, la reconnaissance des partis politiques municipaux n’a pas signifié la fin des élus indépendants, phénomène bien spécifique aux municipalités en comparaison avec les autres échelons politiques. Dans un tel contexte, il y a lieu de s’interroger sur la nature des partis politiques municipaux québécois et leurs effets sur la vie politique. Malgré les bémols sur leur degré d’organisation, on peut penser qu’ils ont un effet positif, c’est-à-dire structurant, sur la scène politique municipale. Bref, même si plusieurs ne se réclament pas d’une orientation idéologique, leur seule présence permet déjà aux électeurs de catégoriser et de comprendre la vie politique de leur communauté. Pour se convaincre de l’effet des partis municipaux, il s’agit de regarder la participation électorale qui est autour de 25 % pour les grandes villes américaines (Caren, 2007) qui ne connaissent pas les partis municipaux alors qu’au Québec où le phénomène partisan existe, elle est de 45 % (voir le texte de Mévellec dans ce volume). Certes, la présence ou l’absence d’organisations partisanes ne peut suffire à expliquer entièrement cet écart, mais il y a lieu de mieux comprendre l’influence des partis politiques locaux à partir de l’exemple québécois. Deuxièmement, la forme des institutions municipales québécoises pourrait également avoir un effet insoupçonné sur les élections municipales. Le partage des pouvoirs entre l’administration et le politique au sein des institutions municipales québécoises correspond à une version modérée du modèle du conseil-gérant (city manager system). Dans sa version la I ntroduction plus stricte, ce type de partage des pouvoirs a les caractéristiques suivantes : l’élection non partisane, par l’ensemble de la population de la municipalité et non par district, d’un conseil municipal constitué d’un nombre limité de personnes ; l’élection du maire par le conseil et parmi les membres du conseil ; le regroupement des pouvoirs législatifs entre les mains du conseil ; la concentration des fonctions administratives dans la personne d’un gestionnaire responsable devant le conseil (Gravel et Petrelli, 2008). Au Québec, dans les municipalités régies par la Loi sur les cités et villes et les villes à charte (c’est-à-dire les moyennes et grandes municipalités), l’élection est partisane, selon un système de représentation territorialisée par districts électoraux, le maire est directement élu par la population, les pouvoirs législatifs appartiennent au conseil municipal alors que le pouvoir exécutif revient au maire qui partage le rôle de chef de l’administration publique avec le directeur général (celui qu’on a appelé anciennement le gérant). Fait important, le maire québécois a un droit de veto suspensif, c’est-à-dire que le maire a bel et bien un droit de veto mais ce droit peut être renversé si le conseil municipal adopte à nouveau la décision à la majorité absolue. Quel est le lien entre le partage des pouvoirs et les résultats électoraux ? La documentation états-unienne démontre que la forme des institutions municipales a un effet sur la participation électorale. Les municipalités qui appliquent un modèle plus strict de conseil-gérant (soit également les municipalités de type plus administratif) ont une participation électorale moins élevée que les municipalités qui ont un modèle moins rigide de conseil-gérant ou qui adoptent un système plus « politisé » (système du maire-conseil, dans sa variante faible ou forte) (Wood, 2002). Pourquoi ? Selon les explications avancées, un modèle strict de conseil-gérant amène une réduction du nombre d’élus municipaux, défavorise la formation de partis politiques et affaiblit les élus au profit du gérant, ce qui aurait pour effet de « dépolitiser » la politique municipale (Bridges, 1997). Dit autrement, « when political and executive power is concentrated in the office of the mayor and the mayor is directly elected and serves fulltime and has stagg, the mayor has more influence over policy and administrative matters, and voters will know whom to credit or blame for governmental performance » (Wood, 2002 : 220). La structure plus politique des institutions municipales québécoises pourrait ainsi également 9 L es élections municipales au Q uébec : enjeux et perspectives 10 expliquer pourquoi la participation électorale est plus élevée ici qu’aux États-Unis. Cette relation reste toutefois à établir et il serait nécessaire de mieux connaître la forme des institutions municipales québécoises car certaines municipalités disposent de caractéristiques spécifiques (par exemple, le président du comité exécutif n’est pas nécessairement le maire à Montréal, Québec et Longueuil). Troisième spécificité de la politique municipale québécoise : pour donner une plus grande visibilité aux élections municipales, le gouvernement provincial a prévu qu’à partir de 2005, non seulement les élections municipales se dérouleront la même journée, mais elles se tiendront aussi la même année. Cette réforme va dans le même sens que plusieurs études qui prouvent – notamment aux États-Unis – que la simultanéité de plusieurs élections augmente la participation électorale. Cette simultanéité touche toutefois des paliers politiques différents. Dans le cas états-unien, les campagnes électorales municipales profitent de la visibilité de la campagne présidentielle et des campagnes des états, puisqu’en allant voter pour ce dernier choix, l’électeur prend également la peine de cocher les cases du bulletin de vote qui touchent la politique municipale (Wood, 2002). Force est de constater cependant qu’au Québec, la simultanéité des élections municipales ne semble pas encore concluante puisque la participation électorale en 2005 a atteint son taux le plus bas avec une moyenne de 45 %. En 2009, le taux de participation est resté sensiblement le même. Toutefois, des analyses plus fines sont nécessaires pour faire de telles affirmations parce que le taux de participation électorale varie d’une municipalité à l’autre. On sait par exemple qu’en 2005, c’est la mobilisation électorale à Laval et à Montréal qui, en chutant entre 15 et 20 points par rapport aux élections de 2001, a fait descendre le taux de participation électorale municipale à l’échelle provinciale (Champagne, 2007 : 3). Ainsi l’accès et la diffusion de l’information ont des conséquences importantes sur la structuration du champ urbain et sur l’incitation à aller voter. Si certains phénomènes comme la présence de partis politiques municipaux ou bien encore la simultanéité des élections contribuent à limiter l’impact de ces conséquences au Québec, il n’en demeure pas moins que ce déficit informationnel a de sérieuses répercussions sur I ntroduction le domaine académique : la démocratie municipale québécoise est un champ d’études négligé au sein de la recherche contemporaine. Un intérêt relativement faible pour ce champ d’études au Québec Un survol des recherches ou des travaux universitaires réalisés sur la démocratie municipale québécoise permet de dresser deux constats. Premièrement, les études consacrées à la compréhension de la démocratie représentative locale demeurent de façon générale marginales ou du moins peu nombreuses, en comparaison avec le foisonnement d’écrits qui caractérisent les échelles provinciale et nationale. La recension des écrits qui traitent de la scène électorale locale est en effet relativement rapide. Les plus récents se sont penchés sur la répartition géographique du vote pour Andrée Boucher dans la ville de Québec (Villeneuve et al., 2007), sur l’apolitisme de la capitale nationale (Belley, 2003b ; Belley et Lavigne, 2008), sur la sociologie des élus municipaux dans quelques grandes villes (Simard, 2005, 2001, 2003 ; Bherer et al., 2008, 2010 ; Mévellec et Tremblay, 2009 ; Perreault et Breux, 2005), sur les transformations de la démocratie locale (Mévellec, 2008 ; Rivard et al., 2005) ou bien encore sur les indicateurs de participation (Breux, 2007). Mentionnons également les travaux menés par les organismes publics tels que le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire (MAMROT), du Conseil permanent de la jeunesse, du Conseil du statut de la femme3, qui contribuent à enrichir la réflexion sur le sujet notamment à partir du traitement des données électorales (Champagne, 2007, 2004 ; Champagne et Patry, 2004 ; Charette et Urgilès, 2008 ; Bourdon, 2006). Deuxièmement, si les études électorales locales sont peu nombreuses, la scène municipale est toutefois l’objet de multiples écrits. Deux thématiques ont en effet contribué à enrichir la réflexion sur cet échelon : les restructurations municipales d’une part et les questions relatives aux instances de démocratie participative d’autre part. En effet, la réforme 3. Cette liste n’est pas exhaustive. 11 L es élections municipales au Q uébec : enjeux et perspectives 12 de l’organisation territoriale des municipalités du début des années 2000 a suscité maints travaux sur l’échelle locale. Néanmoins, en dépit de leur pertinence, ces travaux ont témoigné dans la plupart des cas d’un intérêt plus prononcé pour la taille et les fonctions des nouvelles structures mises en place (Quesnel et al., 2005 ; Négrier, 2005 ; Trépanier, 2008 ; Hulbert, 2006) que pour le projet politique porté par l’échelle locale (Sancton, 2000). De même, la démocratie participative a canalisé une partie des travaux les plus récents (Gauthier et al., 2009 ; Bherer, 2005 ; Breux et al., 2004 ; Patsias et Patsias, 2009 ; Patsias, 2003 ; Hamel, 2008 ; Simard, 2003) : là encore, si la question de la nature des liens qui unissent toute structure participative à la démocratie représentative est posée (Breux, 2006 ; Bherer et Breux, 2003), peu ont examiné la scène électorale. Comment expliquer ce faible intérêt pour la démocratie représentative locale au Québec4 ? Cette moindre considération contraste avec l’effervescence de la recherche dans ce domaine en France5 et aux États-Unis6. Dans le contexte français, Sadran souligne ainsi que « “l’objet local” semble avoir définitivement conquis sa légitimité scientifique, qu’il s’est, ce faisant, enrichi de problématiques nouvelles, […] et qu’il s’est ouvert à des approches désormais incontournables comme le comparatisme, qui l’insèrent dans le “main stream” des recherches internationales » (2009 : 227). Ainsi, depuis une dizaine d’années, on recense en France plus d’une trentaine d’ouvrages ou articles scientifiques scrutant le résultat des 4. 5. 6. Ce constat se vérifie également à l’échelle du Canada. Cutler et Matthews soulignent : « In Canada there has been no municipal election study analogous to the Canadian Election Study or the much less frequent provincial studies » (2005 : 359). Les principaux écrits traitant d’un tel thème se consacrent par exemple à la répartition géographique du vote (Walks, 2007), à la gouvernance urbaine (Graham et Phillips, 1998 ; Sancton, 2008), au vote (Kushner et al., 1997 ; Siegel et al., 2001), à la démocratie urbaine (Tindal et Tindal, 2004), aux liens entre le capital social et la participation électorale (Nakhaie, 2006). Parlant de l’élu local, Faure précise que : « le premier constat concerne la forte augmentation des études consacrées (pour partie au moins) aux élus locaux depuis une quinzaine d’années » (2009 : 30). Autant dans le cas français que dans le cas américain, nous ne prétendons pas ici dresser une liste exhaustive des ouvrages récents sur ces questions. I ntroduction élections municipales, détaillant le vote des électeurs, statuant sur le devenir politique national. Ces analyses se caractérisent essentiellement par leur abondance et par leur diversité7 : on s’intéresse tantôt à une personnalité politique spécifique (Lefebvre, 2005 ; Roy, 2002), à la figure du maire (Mathiot, 2005) ou de l’élu en général (Paoletti, 2001), tantôt aux partis politiques (Perraudeau, 2004), à un enjeu spécifique (Le Goff, 2005), à un milieu particulier (Lagroye et al., 2005 ; Négrier, 2001 ; Boy et Chiche, 2002 ; Bussi et Girault, 2002 a et b ; Combeau et Nivet, 2000 ; Gréco, 2008) ou bien encore à un scrutin dans son ensemble (Dolez et Laurent, 2002 ; Farvaque et Jean, 2007 ; Haby, 2001 a et b ; Jaffré, 2002). Certes, la présence de partis politiques municipaux, affiliés aux partis politiques nationaux (Lefebvre, 2009), le parachutage d’hommes et de femmes politiques en province (Dolez et Hastings, 2003) et le cumul des mandats peuvent expliquer une telle effervescence. En dépit de cette abondance d’écrits, Lehingue dresse néanmoins le constat que les compétitions électorales sont toutefois peu traitées qu’elles « sont aussi, d’un certain point de vue “maltraitées” » et que « leur valeur n’est déductible que de l’écart […] qui les sépare des scrutins nationaux (autrement décisifs, ceux-là) » (2009 : 167). Pour les politologues français, les élections municipales constituent ainsi le parent pauvre de la science politique, constat qui a de quoi faire sourire étant donné la richesse de la production scientifique ! Plus près de nous, aux États-Unis, le constat est similaire : les recherches sont fort nombreuses, notamment depuis une dizaine d’années, et les approches sont très diverses. On étudie tant le comportement du maire (Flanagan, 2004 ; Adams, 2007) que la capacité d’innovation du conseil municipal (Ihrke et al., 2003) ou des élus locaux en général. Le leadership local (Haus et Sweeting, 2006), les campagnes électorales et leur financement sont remis en question (Krebs, 2005), l’abstention et plus largement la participation électorale sont passées au crible (Caren, 2007 ; Hajnal et 7. Plus largement, les écrits européens confirment les tendances françaises, en offrant notamment des comparaisons entre les États membres (Elcock, 2008 ; HoffmannMartinot et al., 1996) ou entre les élections européennes et les élections locales (Heath et al., 1999 ; McNeill, 2003). 13 L es élections municipales au Q uébec : enjeux et perspectives 14 Lewis, 2003 ; Kelleher et Lowery, 2004 ; Bowler et al., 2001). On étudie le vote d’un groupe spécifique de la population (Douzet, 2009) ou bien encore la répartition géographique du vote (Gainsborough, 2001 ; Olivier et Ha, 2007). Si la liste des écrits est longue, Trounstine souligne cependant que « the study of local politics has been relegated to the periphery of political science and many explanations have been offered for the marginalization of the subfield » (2009 : 611). L’échelle politique locale semble donc souffrir tant en France qu’aux États-Unis d’un certain discrédit. Si les études électorales locales semblent être dévalorisées au profit notamment des élections nationales, il existe néanmoins une production scientifique propre à cette réalité politique locale. Outre les articles cités précédemment, on note, et ce, des deux côtés de l’Atlantique, la présence d’ouvrages spécifiquement consacrés à la scène électorale locale (Bidégaray et al., 2009 ; Flanagan, 2004), production qui demeure encore inexistante au Québec. Certains argueront que les contextes sont dissemblables et que le statut constitutionnel des municipalités québécoises, l’absence de liens entre les partis politiques locaux et les partis nationaux, l’absence de simultanéité des échéances électorales avec les autres paliers de gouvernement expliquent le faible intérêt de la communauté scientifique québécoise pour ce palier de gouvernement. Si de tels faits caractérisent la scène politique municipale, ils ne sauraient toutefois excuser l’intérêt très relatif des chercheurs pour ces questions. Plus encore, selon nous, tout comme le constate Trounstine aux États-Unis, « some political science scholars have come to believe that no important or interesting politics happens in cities » (2009 : 611). Mais alors qu’il existe toutefois une production scientifique dynamique aux États-Unis, et ce, en dépit de l’image peu reluisante du champ politique urbain, cette production est encore faible au Québec. Et c’est précisément ce dynamisme chez nos confrères français et américains qui a inspiré le présent ouvrage, en ayant le souci de participer au défrichement et au lancement (du moins espérons-nous) de ce champ d’études au Québec. I ntroduction L’état de la démocratie municipale au Québec : les élections municipales de 2009 L’ambition de cet ouvrage est de dresser l’état de la démocratie locale au Québec en 2009. Plus spécifiquement, l’ouvrage offre une analyse des neuf grandes villes du Québec ainsi qu’un portrait de 37 villes moyennes (dont la population est comprise entre 20 000 et 100 000 habitants). Ce choix s’explique par la réalité de l’échelle municipale québécoise. En effet, les réformes des années 2000 ont considérablement modifié le portrait de la scène locale au Québec, en créant notamment un réseau de neuf grandes villes de plus de 100 000 habitants8. Néanmoins, en dépit de leur taille, ces grandes villes sont peu nombreuses : c’est la raison pour laquelle nous avons souhaité traiter de la réalité des villes de taille plus modeste, mais qui ont également connu – au moins pour dix-huit d’entre elles – un processus de regroupement municipal au tournant des années 2000. Par ailleurs, les restructurations municipales, puis les démembrements ont fortement marqué le contexte électoral des scrutins de 2001 et de 2005. Quatre ans plus tard, les élections de 2009 apparaissent dans un contexte où le débat entourant les fusions municipales est désormais, sinon clos, du moins secondaire : le moment est donc opportun pour réaliser le portrait de la démocratie municipale au Québec9. Dresser un tel portrait pose cependant deux défis. Premièrement, comment réaliser le portrait de la scène électorale locale de municipalités fort différentes ? Pour répondre à cela, nous avons choisi d’adopter un angle d’approche commun à l’ensemble des analyses qui forment cet ouvrage. Plus précisément, il s’agit pour chacune des municipalités à l’étude d’aborder la scène électorale au moyen de ses changements ou de ses continuités. Certes, cette dichotomie est quelque peu simpliste, mais 8. 9. Précisons que la ville de Laval a toutefois été fusionnée en 1965. Il convient également de mentionner que la ville de Terrebonne vient de passer le cap des 100 000 habitants, avec 102 827 habitants au 1er juillet 2009 (André, 2010 : 1). L’entrée de la ville de Terrebonne au sein des villes de plus de 100 000 habitants étant toute récente, cette ville ne sera pas traitée dans le cadre du présent ouvrage. Ajoutons à cela que l’introduction de l’élection simultanée dans toutes les municipalités depuis 2005 offre la possibilité désormais de réaliser des analyses systématiques des scrutins. 15 L es élections municipales au Q uébec : enjeux et perspectives 16 elle est néanmoins essentielle pour comprendre les dynamiques principales à l’œuvre dans les villes à l’étude. Cette dichotomie offre également la possibilité de souligner les spécificités de chacune des municipalités ou leur unicité pour reprendre le terme de Trounstine (2009). Deuxièmement, comment aborder les élections municipales d’un point de vue méthodologique ? Un regard sur les expériences françaises et américaines permet de comprendre que nous sommes face à deux traditions différentes : la recherche française tend à être davantage qualitative tandis que les études américaines sont plus généralement quantitatives. Les études québécoises sur ce sujet sont tant qualitatives (Belley, 2003 a et b) que quantitatives (Villeneuve et al., 2007), mais leur rareté souligne qu’il y a là encore un champ à défricher, notamment en termes méthodologiques. Si nous n’avons pas voulu établir un choix entre deux façons de traiter la scène politique locale, les contraintes temporelles rencontrées ont délimité la majeure partie des choix méthodologiques effectués dans le cadre de cet ouvrage. Ajoutons à cela que les chercheurs contactés ne disposaient pas d’un financement propre dédié à la recherche que nous leur proposions. Ainsi, tous les auteurs ont disposé des bases de données électorales de 2005 et de 2009 fournies par le MAMROT ou par la municipalité à l’étude10, leur laissant la liberté de traiter ou non quantitativement les résultats. De plus, les études reposent toutes11 sur une revue de presse de la campagne électorale, généralement réalisée à partir des médias locaux. Si l’absence de données collectées sur le terrain constitue assurément une faiblesse dans l’ensemble des analyses12, il n’en demeure pas moins que dans l’objectif de déchiffrer la scène électorale locale, ces deux types d’analyse permettent d’aboutir à des résultats fort riches. Trois parties distinctes structurent cet ouvrage. La première partie rassemble trois réflexions autour de l’émergence de nouveaux partis politiques municipaux : dans quelle mesure l’arrivée d’un nouveau parti 10. 11. 12. Il est à noter que, pour les élections de 2009, les données disponibles sur le site du MAMROT et celles fournies par les villes présentent parfois quelques différences, minimes (en termes de dixième de pourcentage de voix accordé à tel ou tel candidat par exemple). Cela n’invalide toutefois pas les analyses proposées dans le cadre de cet ouvrage. Sauf dans l’étude des 37 villes moyennes, menée par Mévellec. Notons toutefois que le cas de Laval, traité par Bherer, s’appuie sur des données de première main. I ntroduction politique change-t-elle la donne électorale ? Quelle est la capacité d’un nouveau parti à entrer réellement dans la course ? Dans quelle mesure la création d’un nouveau parti politique va-t-elle de pair avec la création d’une opposition ? Dans le cas de Trois-Rivières, Belley, Lavigne, Quesnel et Villeneuve soulignent l’impact du parti Force 3R et de son candidat André Carle sur la dynamique politique locale, remettant également en question l’apparition d’une véritable opposition au sein du conseil municipal. À Sherbrooke, si c’est l’apparition d’une opposition au conseil qui, en 2007, a scellé la naissance du parti politique du « Renouveau sherbrookois », la victoire de son candidat semble toutefois toute relative selon Patsias. Des interrogations similaires se posent dans le cas montréalais : Latendresse et Frohn traitent de l’arrivée d’un tiers parti dans la joute électorale tout en mettant en évidence le faible taux de participation. La deuxième partie s’intéresse à la figure du maire : dans quelle mesure le maire (tant ses caractéristiques sociologiques en tant qu’élu que sa façon de « faire de la politique ») est-il susceptible d’expliquer le résultat du scrutin de 2009 ? Existe-t-il un élu « idéal-typique » (Sadran, 2009) ? Comment peut-on aujourd’hui caractériser l’élu local ? Ces questions se posent spécifiquement dans le cas de Lévis, où comme le montrent Belley, Quesnel et Villeneuve, le scrutin de 2009 révèle une singularité : la mairesse a été élue par acclamation et son parti détient la majorité des sièges au conseil. Les auteurs tentent alors de saisir les raisons d’un appui si massif, au sein d’une ville constituée de deux zones géographiques fort distinctes. Poursuivant leurs réflexions, Belley, Quesnel et Villeneuve, ont également examiné la ville de Québec et tentent d’expliquer les raisons qui ont poussé la population à se rendre aux urnes (dans cette ville, le taux de participation est supérieur à la moyenne québécoise) alors que le renouvellement du maire Labeaume était assuré : là encore, comment expliquer un tel soutien ? Dans un même ordre d’idées, quoique optant pour une approche différente, Breux tente d’expliquer la victoire de Saint-Hilaire à Longueuil en essayant notamment de comprendre dans quelle mesure la détention d’une expérience à une échelle politique supérieure peut constituer une garantie de succès pour un candidat au poste de maire. 17 L es élections municipales au Q uébec : enjeux et perspectives 18 La dernière partie de l’ouvrage interroge la spécificité de la démocratie locale : qu’est-ce qui rend la démocratie municipale différente des autres échelons politiques ? Dans quelle mesure les municipalités sont-elles uniques ? L’analyse des villes de Saguenay, Gatineau et Laval esquisse des réponses fort différentes à ces questions. Pour Saguenay, la réélection de Jean Tremblay, en poste depuis 2001, reflète une gouvernance spécifique que Simard et Bergeron associent à la notion de populisme fiscal. Dans le cas de Laval, c’est davantage la question du degré d’imputabilité des élus dans un contexte suburbain que Bherer aborde dans son analyse de la victoire de Gilles Vaillancourt, maire de Laval depuis 1989. Pour Chiasson, Gauthier et Andrew, la ville de Gatineau et la réélection de Marc Bureau permettent de caractériser le modèle de démocratie urbaine qui s’est mis en place. Enfin, ces réflexions auraient toutefois été incomplètes si nous n’avions porté un regard sur ce que Mévellec nomme les « villes moyennes », soit celles comptant de 20 000 à 100 000 habitants, bien souvent oubliées des écrits en science politique. À partir de l’analyse – entre autres choses – du nombre de partis politiques municipaux, du taux de reconduction des candidats sortants, l’auteure aboutit à un constat relativement mitigé quant aux perspectives de changement au sein de la démocratie municipale québécoise. En conclusion, Collin complète cet aperçu en offrant une comparaison entre les données issues des analyses des neuf grandes villes. La démocratie municipale québécoise : changement ou continuité ? Le portrait des municipalités mentionnées invite à considérer les résultats avec nuance. Sadran (2009), commentant les caractéristiques de l’élu local français, souligne qu’il convient davantage de parler de changements et de continuité : c’est un constat semblable que nous permettent ici de faire les textes de cet ouvrage. Si les changements au sein de la démocratie locale sont modestes par rapport aux élections précédentes et depuis les restructurations municipales, espérons toutefois que dans le domaine académique et universitaire, les différents textes de ce livre contribueront à instaurer un changement : celui de donner aux études électorales locales une attention digne de celle que l’on prête aux autres échelles politiques. I ntroduction Références ADAMS, B.E. (2007). « Fundraising Coalitions in Open Seat Mayoral Elections », Journal of Urban Affairs, vol. 29, no 5, p. 481-499. ANDRÉ, D. (2010). La population des municipalités du Québec au 1er juillet 2009 : quelques constats. Coup d’œil sociodémographique, Québec, Institut de la statistique du Québec. ANDREW, C. (2003). « Municipal Restructuring, Urban Services, and the Potential for the Creation of Transformative Political Space », dans W. CLEMENT et L. 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