Activités Tour du Monde
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Activités Tour du Monde
Intervention et Gestion en Activités physique et sportives Département des Sciences de la Motricité Allée des Sports, 4 Bât. B-21 B-4000 LIEGE Tél.: 04/366.38.80 Fax.: 04/366.29.01 Prof. Marc CLOES: [email protected] Formation en cours de carrière Recyclage Education physique 2011-2012 (Fo 260) Vers un cours d’éducation physique qui prépare des adultes responsables de leur corps Mars 2012 Activités Tour du Monde Alexandre MOUTON & Jérôme ROBYNS 1 ACTIVITES TOUR DU MONDE I. Introduction Les origines de l’activité Bon nombre d’entre nous se souviennent de courses effrénées et jalonnées d’obstacles dans une salle de gymnastique au cours de leur scolarité. A l’heure actuelle, certains professeurs d’éducation physique organisent ce type d’activité qui met à contribution une grande partie du matériel disponible dans le hall sportif de l’école et sollicite un grand nombre d’habiletés motrices chez les élèves. Cette activité prend ses origines dans « La méthode naturelle d’éducation physique » (Hébert, 1934) qui est opposée à la gymnastique suédoise et à la spécialisation sportive. L’hébertisme consiste en un déplacement continuel de marche, course, saut, quadrupédie, grimper, équilibre, lancer, lever, défense et natation, chacun travaillant selon son propre rythme (Fédération Belge d’Hébertisme, 2010). C’est dans ce contexte que se situe le célèbre parcours Hébert, piste jalonnée d’obstacles les plus divers que l’on franchit sans arrêter de courir ou de marcher. Selon son concepteur, il est possible d’arriver à un haut degré de développement physique simplement en imitant les gestes naturels et utilitaires des hommes vivant en pleine nature et avec elle. Ainsi, le développement de leur force, de leur agilité, de leur adresse en faisaient des êtres possédant une condition physique complète, voire idéale. Plus récemment, les activités d’audace ou de parkour, également inspirées du déplacement en milieu naturel, se sont invitées dans nos classes d’éducation physique. Pour rappel, le parkour consiste à transformer des éléments du décor du milieu urbain ou rural en obstacles à franchir par des sauts et des escalades rapides et spectaculaires. Le but est de se déplacer d'un point à un autre de la manière la plus efficace possible. Cette discipline combine ainsi des éléments gymniques (sauter, rouler) à des éléments athlétiques (course d’endurance, course de haies et d’obstacles). Ce n’est donc pas une surprise si ces activités rencontrent un franc succès en milieu scolaire en raison de l’approche plus ludique des activités gymniques et athlétiques qui est envisagée. L’activité tour du monde qui est proposée dans ce recyclage a été inspirée de ces pratiques et complété par l’apport de dimensions culturelle et coopérative. Les principes de l’activité Les grands principes de l’activité tour du monde sont présentés ci-dessous : - La continuité du travail. Elle est nécessaire pour développer la résistance généralisée et en particulier le souffle en produisant une somme suffisante de travail et en utilisant au mieux le temps consacré à la leçon. - La liberté d'action. Chacun "travaille" selon son rythme et ses capacités. C'est voulu pour permettre l'individualisation des efforts, pour régler la dépense personnelle de travail et obtenir le meilleur rendement ou perfectionnement. Ce type d’organisation évite la forme de compétition traditionnellement rencontrée en sport en misant sur le progrès personnel et l’entraide entre élèves. Les aspects esthétiques dans le mouvement et d’entraide passent en effet avant la composante vitesse dans cette activité. 2 - Alternance des efforts contraires et déplacement constant. Si la leçon se poursuit sans aucun repos absolu ou inaction complète, il y a cependant des périodes de repos relatif. Ce sont les détentes qui sont obtenues par l'alternance continuelle des efforts contraires. A un effort intense succède un effort moins intense ; à un mouvement des bras succède un mouvement des jambes ; un effort en extension est suivi d'un effort en flexion. - La variété et l'attrait. Le mouvement et la combinaison d'exercices basés sur les grands mouvements fondamentaux permettent, grâce à l'imagination de l’enseignant et des élèves, de varier cette pratique à l'infini. Avec un peu d’imagination, il y a moyen de mettre en place des obstacles très drôles et peu dangereux en développant les qualités mentales d’action et d’audace des élèves. - La coopération. Le franchissement d’obstacles, lorsqu’il est pratiqué en équipe, met à contribution le soutien des uns et des autres pour surmonter ces difficultés. Les plus téméraires doivent ainsi transmettre et exploiter leurs compétences tandis que les plus faibles doivent dépasser leurs appréhensions au profit de l’équipe. - La découverte culturelle. Le tour du monde incite les élèves à se renseigner sur les différents continents qui seront traversés symboliquement durant les activités. Chaque obstacle devra correspondre à une représentation culturelle du continent et le décor planté par les élèves (déguisement, musique, etc.) contribuera à l’enrichissement des connaissances culturelles du groupe classe. - Le développement des grandes familles d’habiletés motrices fondamentales. La maîtrise d’habiletés motrices fondamentales est essentielle puisqu’elle jette les bases de la participation à une gamme élargie d’activités sportives et physiques. Un jeune qui n’a pas la chance de développer ses habiletés motrices fondamentales tend à être confronté à des difficultés et à des obstacles au moment de s’adonner à un sport ou plus simplement à des activités de la vie de tous les jours qui exigent la maîtrise d’habiletés complexes. Les habiletés abordées dans le cadre de cette formation sont présentées dans la figure 1. Figure 1 : Habiletés physiques fondamentales développées par l’activité tour du monde 3 En respectant ces principes fondamentaux cette formation vise donc à faire découvrir une activité innovante qui permettra au groupe classe de s’impliquer autour d’un projet commun sollicitant des savoirs disciplinaires ainsi que transversaux. II. Contenu de la séance de formation a) Echauffement L’échauffement est cardio-vasculaire, musculaire et articulaire spécifique à l’activité et est axé sur la préparation aux habiletés motrices fondamentales présentées dans la figure 1. Un « tour de salle » progressivement jalonné d’obstacles clôture cet échauffement et prépare plus spécifiquement les élèves à l’activité en leur permettant également d’explorer l’espace de pratique dans son intégralité. b) Corps de séance La formation proposée vise à apporter aux enseignants un aperçu d’un cycle d’activité tour du monde qui se déclinerait sur 5 séances de cours (10 périodes). Cependant, des adaptations à ce modèle de base seront discutées et permettront des ajustements du contenu au contexte d’enseignement de chaque participant. Dans un premier temps, l’enseignant doit assumer la responsabilité de la séance introductive du tour du monde en proposant à ses élèves un circuit inspiré d’un des cinq continents. Il utilisera les fiches pédagogiques qui sont exploitées par la suite par les élèves (figure 2). La présentation met son imagination à contribution pour donner une couleur particulière à l’activité (musique de fond, éléments de décoration, déguisement, etc.). Ce circuit doit être préparé à l’avance et pourrait faire l’objet d’une collaboration entre collègues afin de rentabiliser au mieux l’espace et le temps disponible pour la pratique (séance proposée à plusieurs classes tout au long de la journée). Figure 2 : Extrait des fiches pédagogiques du tour du monde 4 Une fois le circuit préparé et les élèves échauffés, l’enseignant propose aux élèves d’entrer dans l’activité en respectant la chronologie présentée dans la figure 3. Chaque séquence est réalisée deux fois. Lors du premier passage, le ou les élèves expérimentent les déplacements en fonction des exigences de chaque étape. Ensuite, le second passage fait l’objet d’une observation par les autres membres de la classe (pour les passages en groupe) afin de juger de la qualité de chaque prestation. L’objectif consiste à mettre l’accent dans un premier temps sur la découverte individuelle, et donc selon son propre rythme, du circuit. Ensuite, les élèves sont invités à se présenter par groupes homogènes (définis par l’enseignant) au départ du circuit pour un passage entraide qui jugera l’aptitude globale du groupe à se déplacer et surmonter les obstacles en équipe. Dans un troisième temps, c’est l’esthétique du passage collectif qui est mise en avant. Cette étape est aussi l’occasion d’exprimer une certaine originalité dans son déplacement. Enfin, un passage chronométré de l’équipe clôture l’activité par un défi collectif. Cette composante vitesse reste cependant minoritaire dans le cadre de la séance et devra systématiquement être abordée en dernier lieu pour favoriser prioritairement la qualité d’exécution. Figure 3 : Chronologie des formes d’activités du tour du monde Suite à cette première séance, l’enseignant répartit ses élèves en groupes homogènes pour les quatre séances qui suivent. Chaque groupe sera responsable, lors d’une séance, de préparer un circuit dont la thématique correspond à un continent différent des autres équipes. Chaque groupe devra compléter avant sa séance les fiches pédagogiques (figure 2) et préparer la salle en conséquence durant les premières minutes de la leçon (échauffement). Idéalement, les élèves devraient préalablement venir présenter leur projet au professeur d’éducation physique. 5 Lors de ces séances qui sont en partie organisées par un groupe d’élève, la chronologie reste la même que lors de la séance initiale avec une précision supplémentaire : c’est l’équipe organisatrice qui passe en dernier lieu lors de chaque étape du circuit. Ainsi, les autres élèves ne sont pas influencés par la prestation des organisateurs mais bénéficient tout de même d’une démonstration de ces derniers. D’autre part, cela permet également d’impliquer l’ensemble des élèves dans l’activité en faisant participer activement l’équipe organisatrice. Enfin, l’évaluation des élèves lors de ce cycle peut se décliner sous deux versants : - La prestation d’équipe lors de la participation aux circuits. Les organisateurs, assistés par l’enseignant, évaluent les prestations des participants lors de chaque étape du circuit. L’enseignant regroupe ces évaluations et les capitalise en fin de cycle ; - La prestation d’équipe lors de l’organisation du circuit. L’enseignant évalue l’aptitude de l’équipe à travailler en groupe, à proposer une activité réaliste et originale, mais aussi à organiser le circuit lors de la séance qui leur est consacrée. Une évaluation formative et individuelle en fonction de la progression de chacun peut bien entendu compléter ce programme. Au travers de ce cycle tour du monde, les élèves sont donc impliqués dans une activité qui renforce leurs habiletés motrices fondamentales tout en répondant à un des objectifs généraux de l'enseignement obligatoire défini par le décret-missions (Article 6) selon lequel il faut « Préparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de contribuer au développement d'une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux autres cultures ». III. Références • Fédération Belge d’Hébertisme. Site Internet consulté le 23/02/2012 : http://www.fbh.be • La Méthode Naturelle de Georges Hébert ou « l’école naturiste » en éducation physique (1900-1939). Staps, 2004, 63, 29-44. • Les Scouts (2000). L’hébertisme, un parcours de santé, une autre façon de faire du sport. Mon coffre à outils, Fédération Catholique des Scouts Baden-Powell de Belgique, Bruxelles. 6