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UNE ROBE SUR MESURE
Délicatesse du traitement, fonctionnalisme, professionnalisme et
organisation. Tels sont les signes d’identité du centre logistique de Pronovias
à Barcelone, où a été installé un magasin moderne spécialisé dans l’une des
pièces vestimentaires les plus délicates qui soient : la robe de mariée.
L
a robe de mariée est un type de produit pour lequel
nulle précaution de traitement ne semble superflue. Un vêtement qui réclame des dizaines d’heures de
travail, de la conception à la fabrication, et pourtant ne
sera porté qu’une seule fois, voilà assurément qui exige
les plus grands soins.
Lorsqu’un article de ces caractéristiques, en provenance
d’un pays lointain, d’un autre continent, doit être reçu
puis réexpédié vers des milliers de points de vente autour du monde, la logistique devient un élément clé, non
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seulement pour la chaîne de valeur de l’objet lui-même,
mais encore pour l’image et la notoriété de l’entreprise.
Tel est le cas de Pronovias, un groupe d’entreprises spécialisées dans la fabrication de robes et d’accessoires pour
futures mariées. Rassemblées sous le parapluie du nom de
la plus connue d’entre elles, une demi-douzaine de sociétés s’emploient à faire en sorte que chaque mariée soit la
plus belle le jour de ses noces. Or, pour atteindre cet objectif, le magasin et la logistique jouent un rôle majeur.
Consolider le magasin et l’activité
Pour y parvenir, le groupe d’entreprises a construit un
centre logistique composé de deux bâtiments, dont le
plus novateur, qui fait fonction de magasin principal, a
été mis en service en décembre dernier. Pour comprendre
le rôle de cette nouvelle installation, analyser le contexte dans lequel elle a été mise au point est nécessaire.
La raison d’être de ce complexe tient à la nécessité de
rassembler sur un même site toute la production du
groupe Pronovias. Jusqu’ici, les opérations étaient assurées dans deux autres établissements, l’un ancien,
face à l’actuel, et l’autre situé à quelque distance, avec
l’inconvénient que certaines d’entre elles, notamment
la coupe, la réception et le stockage des matières premières, étaient réparties entre ces deux annexes, d’où
l’incommodité qu’une telle situation peut poser.
Lorsque s’est présentée l’opportunité d’acheter le bâtiment actuel, alors propriété d’un laboratoire de cosmétique, on en a profité pour regrouper toutes les activités
de production dans le même établissement, et pour
créer à côté un magasin afin d’avoir davantage de place
pour les vêtements. « Cette augmentation de l’espace
est en consonance avec les plans de croissance de
l’entreprise pour les trois prochaines années. L’ancien bâtiment était devenu beaucoup trop exigu pour
nous. Et puis nous voulions aussi implanter de nouvelles technologies », explique Pere Guirao, directeur
industriel de Pronovias.
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Le magasin est intégré dans l’activité de production de
la société. L’entrepôt qui a été acheté à l’entreprise de
cosmétique accueille les opérations productives et les
expéditions. Le parking se trouve au sous-sol de ce bâtiment. L’étage suivant, à un mètre sous le niveau de la
rue, est consacré aux expéditions. C’est là que prennent
place le quai de réception et la plage. On y trouve également un système de triage automatique pour vêtements
suspendus.
Robes et accessoires
Au-dessus de l’étage des expéditions, un autre niveau
est consacré au magasin d’accessoires, où l’on gère essentiellement des colis. Par accessoires, on entend
toutes les pièces complémentaires de la robe de mariée :
voiles, jupons ou lingerie, entre autres, ainsi que certains produits destinés aux boutiques, comme les supports publicitaires par exemple. Ce magasin partage l’étage avec la cantine, qui dessert à la fois l’installation
elle-même et le magasin annexe.
Le premier étage, consacré aux finitions, se trouve audessus de ce niveau. C’est là qu’arrivent les produits fabriqués, aussi bien ceux qui proviennent d’Espagne que
ceux qui sont élaborés en Chine, principal pays fournisseur du groupe Pronovias. L’étage suivant, le second, est
occupé par le service de coupe de tous les produits confectionnés en Espagne.
Le troisième et avant-dernier étage est divisé en deux activités : le magasin de matières premières, qui se charge
d’alimenter la zone de coupe du second, et une salle
polyvalente qui accueille tout ce qui concerne la conception et la création du produit. Le dernier étage abrite un
studio photographique et diverses autres activités.
Vêtements suspendus
Inauguré il y a peu, le magasin est une annexe du bâtiment que nous venons de décrire : on y suspend les
robes de mariée. Pour être précis, il peut en contenir
jusqu’à 80 000. Selon M. Guirao, « Il est conçu pour
nous permettre de faire face aux pics de demande qui
peuvent se produire au long de l’année, mais il doit
également être en mesure de répondre à la croissance
prévue pour les trois prochains exercices ».
L’édifice se compose d’un bâti en béton à l’intérieur duquel
prend place une structure formée de poutres et de platesformes. On évite ainsi de construire en dur pour monter les
étages, sans compter que l’aération est meilleure.
« En termes conceptuels, nos principaux impératifs
ont été qu’il entre peu de lumière naturelle dans le magasin – la couleur des pièces en stock pouvant en souffrir, en particulier celle des tissus photosensibles – et
que l’air y soit constamment renouvelé », précise le directeur industriel de Pronovias. Le produit est distribué
entre quatre étages et un demi sous-sol. Dans ce dernier,
on a installé des penderies conventionnelles statiques.
Aux étages 0 et 1, les penderies sont de type dynamique et
glissent sur des rails ; au 2e et au 3e étage, on a de nouveau utilisé des penderies statiques.
Pour desservir tout le magasin, on a donc installé un
système de rails le long desquels les penderies chargées
de vêtements se déplacent, ainsi qu’un automatisme qui
transporte les vêtements dans de grands paniers ou des
chariots, et les dispatche vers les différents étages. Ce
magasin ne communique avec l’autre bâtiment qu’au travers de l’étage 0, celui des expéditions, et du 1er étage,
celui des finitions.
Le demi sous-sol et les étages 2 et 3 sont statiques. Autrement dit, bien que les vêtements parviennent aux
zones de stockage sur des rails où se déplacent des pen-
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UNE ROBE INTERNATIONALE
L’origine de Pronovias remonte à 1922, époque où cette entreprise familiale possédait à
Barcelone un petit atelier de broderie, de dentelles et de tissu de soie. La boutique, à l’enseigne de El Suizo, était fréquentée par les futures mariées de la haute société catalane.
Les années 60 voient les débuts de la marque Pronovias; elle sera la première en Espagne
à lancer une collection de prêt-à-porter de robes de mariée et à ouvrir une boutique intégralement consacrée à ce commerce. Durant les 35 années suivantes, l’entreprise étendra ses activités en Espagne, en Europe, en Amérique Latine et en Amérique du Nord.
L’an 2000 aura représenté un jalon de plus dans l’histoire de la société, avec le début de
l’installation d’un centre logistique moderne au Prat del Llobregat (province de Barcelone). L’objet de ce centre est d’assurer le service intégral des 3 200 points de vente, dans
le monde entier, qui commercialisent les articles de l’entreprise, qu’il s’agisse de ses
propres boutiques (120), franchises ou enseignes spécialisées et multimarques. La société, qui en 2005 a enregistré un chiffre d’affaires de 126 millions d’euros, emploie 650 personnes et se taille une part de marché de 40% en Espagne, et de 5% ailleurs dans le
monde. Le groupe Pronovias rassemble plusieurs marques, telles que Pronovias, San
Patrick, La Sposa, Atelier Diagonal, White One et SP Collections, avec lesquelles collaborent de prestigieux stylistes comme, Valentino, Manuel Mota, Lorenzo Caprile ou Hannibal Laguna, entre autres.
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STATIQUE ET DYNAMIQUE
deries à roulettes, une fois arrivés à bon port, il faut les
décrocher et les suspendre à la barre statique prévue à
cet effet. Chaque rail longeant deux rangées de penderies statiques, la marchandise peut ainsi être aisément
amenée tout près de son emplacement final.
Aux étages 1 et 2, le stockage est dynamique, c’est-àdire que les rails sur lesquels roulent les penderies
servent de rayonnages, et que les vêtements suspendus
demeurent dans leur position de stockage sans avoir à
être transférés sur une autre penderie statique. À la différence de la zone statique, il n’est pas nécessaire qu’un
opérateur manipule la robe dans l’allée. Au contraire,
l’employé extrait toute une rangée de cintres et choisit
celui dont il besoin. Aussi la capacité de stockage estelle plus grande puisque les rangées peuvent être rapprochées les unes des autres.
Travailler à la commande
« Le choix d’un emplacement ou d’un système donné dépend des conditions de livraison. Dans la plupart des
cas, nous connaissons la destination du vêtement lorsqu’il entre en magasin. Nous travaillons essentiellement à la commande », explique M. Guirao. En dépit de
ce mode de travail très proche du juste-à-temps, il est
nécessaire de garder le produit en magasin quelque temps.
« À son arrivée, tout élément fait l’objet d’une assignation automatique. Tous ceux qui doivent être servis dans
les 15 jours sont assignés sur le moment aux clients correspondants et, par conséquent, aux différents routages. Ceux qui doivent rester plus longtemps sont mis
en stock », déclare le responsable industriel de Pronovias.
Le stockage dynamique est distribué par routages, il est
chaotique et utilise les étages dynamiques. La zone de
stock est celle que composent les étages statiques.
« Les robes sont envoyées vers les étages
dynamiques et statiques au moyen d’un trieur
semi-automatique »
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Une fois arrêtée la date d’expédition, il suffit, dans le cas
des vêtements de la zone dynamique, de faire avancer
chaque rangée de robes jusqu’à un trieur qui se charge de
les sélectionner client par client. Les robes suspendues
dans la zone statique, elles, doivent être de nouveau décrochées et amenées avec soin jusqu’au convoyeur dynamique général.
Contrôle de qualité et stockage
Le magasin distribue les produits dans le monde entier,
exception faite des robes confectionnées en Chine, qui
sont destinées aux États Unis et expédiées directement
sans passer par ces installations. Du modèle fabriqué
en Chine, il arrive chaque année en Espagne quelque
150 000 unités, ce qui, traduit en caisses, représente
une moyenne de 100 par jour, rangées sur palettes de
huit caisses chacune.
Lorsque le produit quitte la Chine par avion, et plus précisément HongKong, les bureaux d’Espagne reçoivent un
liste de colisage qui est introduite dans le système informatique. À l’arrivée de la marchandise en douane, une
vérification est effectuée par rapport à cette liste. Puis
une seconde vérification exhaustive de l’envoi a lieu à réception, dans les locaux de Pronovias. Grâce à cette procédure, on assure d’emblée la traçabilité du produit et,
chose très importante, on sait quand il arrivera : « Notre
délai de service standard oscille entre six et huit semaines, entre le moment où la cliente choisit la robe
dans la boutique et celui où elle la reçoit. Un suivi approprié des tendances de vente et une juste prévision de la
demande nous permettent d’opérer à court terme »,
analyse M. Guirao.
Les marchandises sont reçues à l’étage 0 du bâtiment de
production, emballées dans des caisses. On procède à
une première vérification par rapport à la liste de colisage pour confirmer que l’envoi est correct. Ensuite, le
vêtement est hissé à l’étage de finition par un convoyeur
à chaînes. Là, toutes les robes sont soumises à un rigoureux contrôle de qualité, après quoi elles sont repassées,
emballées individuellement et étiquetées.
L’opération de saisie dans le système automatique déclenche automatiquement l’assignation et, par conséquent, la classification du produit à l’issue de l’ensachage.
Cette classification préalable à l’entrée en magasin permet
de loger les robes aux endroits aménagés à cet effet.
L’envoi physique vers les étages dynamiques ou vers les
statiques s’effectue à l’aide du trieur semi-automatique
qui regroupe les robes en fonction de leur destination dans
le magasin ; la sortie des marchandises se fait par le biais
d’un convoyeur aérien (rails le long desquels se déplacent
les penderies à roulettes).
Mise en place de la marchandise
On travaille actuellement à l’installation d’un logiciel pour
la gestion informatisée du magasin ; pour l’heure, il existe
des emplacements fixes pour chaque modèle. L’opérateur
chargé du prélèvement se guide à l’aide d’un terminal mobile où les instructions lui sont envoyées par radiofréquence. Etant classé au préalable, le produit destiné à
chaque routage est extrait soit directement sur le convoyeur, soit en le passant de la penderie statique au convoyeur, puis transporté jusqu’à une zone équipée d’un trieur
automatique à 30 sorties en deux temps, c’est-à-dire que
chacune permet de préparer plus d’une commande. On
intercale des séparateurs avec la documentation du client,
et les robes sont emballées quatre par quatre.
Ce macrosac est suspendu à l’intérieur du véhicule. Lorsque
le pays destinataire est trop lointain pour qu’on puisse y envoyer les robes sur penderie, ce qui est notamment le cas du
Japon ou de l’Australie, les vêtements sont mis en caisse à
l’étage 0 du bâtiment de production, puis chargés dans le
camion. « Les commandes sont distribuées tout au long
de la semaine. Nous livrons certains pays une fois par semaine –deux fois dans le cas de l’Espagne–, d’autres tous
les 15 jours », commente P. Guirao. Lorsque la commande
est prête, la boutique en est informée, ainsi que de son contenu et de la date approximative où elle la recevra, en fonction du contrat souscrit avec l’opérateur logistique.
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